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DG/96/11Original anglais

ORGANISATION DES NATIONS UNIESPOUR L'EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE

Allocutionde

M. Federico Mayor

Directeur généralde

l'Organisation des Nations Uniespour l'éducation, la science et la culture

(UNESCO)

à l'ouverture de la Conférence mondiale sur l'alphabétisationtenue en 1996 à l'International Literacy Institute

Université de Pennsylvanie, Philadelphie, 13 mars 1996

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DG/96/11

Madame le Recteur de l'Université de Pennsylvanie, Mesdames et Messieurs les représentantsdu Département de l'éducation des Etats-Unis, Monsieur Provost, Monsieur le Président duComité consultatif de l'Institut pour l'éducation de Hambourg, Monsieur le Directeur du Centrenational pour l'alphabétisation des adultes, Monsieur Wadi Haddad, secrétaire exécutif de laConférence mondiale sur l'éducation pour tous, Chers collègues, Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui à l'occasion de l'ouverture de la Conférencemondiale sur l'alphabétisation, qui est par elle-même un événement majeur et représente unélément important de la préparation de la cinquième Conférence internationale sur l'éducationdes adultes, qui doit avoir lieu à Hambourg en juillet 1997.

Il y a dix-huit mois, j'étais ici pour inaugurer l'International Literacy Institute (ILI), qui est -vous le savez - associé à l'UNESCO. Aujourd'hui, l'ILI est déjà une institution dynamique quifait un travail très utile et promet beaucoup pour l'avenir.

Lorsque le professeur Wagner m'a invité à prendre la parole à cette conférence, j'ai accepté avecgrand plaisir et enthousiasme, pour deux raisons. Premièrement, l'alphabétisation est l'un desfacteurs les plus cruciaux du développement des civilisations comme de la vie de chaque êtrehumain. C'est pourquoi combattre l'analphabétisme est la priorité la plus élevée de l'UNESCO.Deuxièmement, je suis ravi qu'une université aussi renommée que celle de Pennsylvanieaccueille une conférence mondiale sur l'alphabétisation. Cela répond à une attente del'UNESCO. Mon objectif en établissant un partenariat avec l'Université de Pennsylvanie est trèssimple. Je voulais voir un véritable partage des connaissances dans ce domaine essentiel entredes établissements de pays industrialisés et de pays en développement. Je tiens à profiter decette occasion pour féliciter l'Université de Pennsylvanie et l'ILI de leur initiative. J'espère qued'autres universités des Etats-Unis et d'autres régions du monde suivront cet exemple ets'attacheront à réfléchir à la question complexe de l'alphabétisation, qui ne se réduit pas à cellede l'acquisition des compétences nécessaires à la lecture, à l'écriture et au calcul.

Lorsqu'on pense à l'alphabétisation, il ne faut jamais oublier que les connaissances et lesréflexions non écrites des analphabètes peuvent être très utiles à ceux qui ne le sont pas.Comme l'a dit un jour un Africain éminent à l'UNESCO: "En Afrique, lorsqu'un vieil hommemeurt, une bibliothèque disparaît". Le patrimoine oral du monde constitue un immense trésoroù nous pouvons tous puiser des perspectives et des valeurs. Le monde développé est peut êtreriche de biens matériels, mais les cultures orales sont souvent plus riches en spiritualité.

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Les universités américaines ont une longue tradition de collaboration avec les communautéslocales pour trouver des solutions concrètes à des problèmes pressants. L'histoire des LandGrant Colleges (établissements du premier cycle du supérieur créés grâce à des donationsfoncières de l'Etat fédéral) le montre bien. Pourtant, l'analphabétisme pose aujourd'hui unproblème sérieux jusqu'aux Etats-Unis. On estime qu'environ un adulte sur cinq est illettré. Prèsde 20 % des jeunes et des adultes n'ont pas accès à la langue écrite, chérie par les pèresfondateurs de la nation et dans laquelle ils ont rédigé leur célèbre déclaration sur la libertéhumaine. Ce problème exige des mesures correctives et les grandes universités américaines ontbeaucoup à apporter à cette action.

Le programme de votre conférence révèle que ses organisateurs sont préoccupés par deuxgrandes questions: le statut de l'alphabétisation dans le monde actuel et le type d'alphabétisationdont aura besoin le monde de demain. Le temps qui m'est imparti ne me permet pas d'en parlerlonguement. Je voudrais toutefois vous faire part de certaines réflexions et attentes inhérentes àune perspective internationale.

Pour ce qui est du statut de l'alphabétisation dans le monde, comme Wadi Haddad l'a déjà faitobserver, les nouvelles sont bonnes. De 1980 à 1995, le nombre d'adultes alphabètes est passéde deux à trois milliards. Dans les années 50, lorsque l'UNESCO a commencé à recueillirsystématiquement des statistiques sur l'alphabétisation, seuls trois adultes sur cinq savaient lireet écrire. D'ici à l'an 2000, l'UNESCO estime que quatre adultes sur cinq en seront capables.

En même temps, le nombre d'hommes et de femmes analphabètes de quinze ans et plus alégèrement augmenté, de 871 millions en 1980 à 885 millions en 1995. Cela s'explique par lefait que si beaucoup plus d'enfants sont scolarisés, la durée moyenne de vie a augmenté, alorsque le taux de croissance de la population de nombreux pays en développement est si élevé queles écoles manquent sérieusement de capacités d'accueil.

Les analphabètes, nous le savons, ne constituent pas un échantillon aléatoire dans la société. Ilssont très majoritairement pauvres et exclus des systèmes d'éducation et de protection sociale.Parmi eux, on compte également plus de femmes que d'hommes, plus de filles que de garçons.Près des deux tiers des adultes analphabètes du monde sont des femmes, et le nombre de fillesen âge d'aller à l'école primaire qui ne sont pas scolarisées est estimé à 130 millions. Mais ce quiest plus préoccupant encore, c'est que dans beaucoup de pays, en particulier les moins avancés -les PMA- dont le nombre a malheureusement beaucoup augmenté en 1995 en passant à 48, leseffectifs de l'enseignement primaire sont en baisse du fait de l'insuffisance des ressources.

Dès sa création il y a cinquante ans, l'UNESCO a considéré l'alphabétisation comme unepriorité majeure. Nous n'avons pas cessé de nous employer avec nos Etats membres àsensibiliser le monde entier à ce problème et à mieux maîtriser, fonctionnellement ettechniquement, les moyens de la promouvoir.

Ces dix dernières années ont marqué un tournant de l'action que l'UNESCO mène enpermanence pour en faire l'une des priorités de ses Etats membres - car, en dernière analyse,c'est seulement au niveau national qu'une solution interviendra. 1990 a été proclamé Annéeinternationale de l'alphabétisation par l'Assemblée générale des Nations Unies à la suite d'uneinitiative de la Conférence générale de l'UNESCO. Celle-ci a ensuite élaboré un Plan d'action

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couvrant toute la décennie, jusqu'à l'an 2000, et privilégiant en particulier l'éducation des filleset des femmes et les besoins des PMA où le problème de l'analphabétisme est le plus aigu.

C'est également en 1990 qu'a eu lieu à Jomtien (Thaïlande) la Conférence mondiale surl'éducation pour tous. Quatre grandes organisations des Nations Unies - l'UNESCO, l'UNICEF,le PNUD et la Banque mondiale, rejoints ensuite par le FNUAP- se sont alliées pourpromouvoir l'idée universelle de "l'éducation pour tous", enfants comme adultes. L'objectifprimordial de la conférence était de faire figurer l'éducation au nombre des priorités des plansde développement national et international. La Banque mondiale elle-même a annoncé qu'ellemettait à la disposition de cette action un budget annuel d'un milliard de dollars, ce qui aconstitué un virage très important.

En décembre 1993, dans le cadre du suivi de cette conférence, j'ai pris en collaboration avec leregretté et inoubliable James Grant, directeur de l'UNICEF, et Mme Nafis Sadik du FNUAP,l'initiative de réunir un Sommet des neuf pays en développement les plus peuplés du monde: leBangladesh, le Brésil, la Chine, l'Egypte, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, le Nigéria et lePakistan. Ces pays comptent plus de 70 % des analphabètes du globe âgés de 15 à 60 ans, etleur population représente plus de 50 % de la population mondiale. Le Sommet a débouché surune Déclaration dans laquelle les chefs d'Etat se sont engagés à augmenter substantiellement,d'ici à l'an 2000, les ressources qu'ils investissent dans l'éducation, notamment celle des filles etdes femmes.

Six pour cent du PNB, tel est le chiffre "magique" que nous avons proposé aux chefs d'Etat etde gouvernement signataires de l'accord de Jomtien. Et je puis vous annoncer avec joie quel'Inde, qui consacre actuellement environ 3,5 % de son PNB à l'éducation, a entrepris - et cettedécision est largement à mettre au crédit du Premier ministre, Narashima Rao - de porter cepourcentage à 6 % d'ici à l'an 2000. Une bonne nouvelle que d'autres pays ont égalementannoncée. Le Sommet, qui a ajouté l'expression clé d'éducation permanente à l'énoncé de sesobjectifs, a donc permis de faire un grand pas sur la voie d'un monde alphabétisé.

L'Afrique demeure, vous le savez, la principale priorité. En 1985, la Conférence générale del'UNESCO a créé le programme "Priorité Afrique", qui a mis particulièrement l'accent surl'enseignement à distance, les droits des femmes, l'éducation spéciale, l'enseignement supérieuret l'informatique comme base d'un développement durable du continent africain. En 1991,l'Afrique est devenue la priorité de tous les programmes de l'UNESCO. Et finalement, enfévrier 1995, nous avons décidé d'organiser une grande réunion intitulée "Audience Afrique"pour écouter ce que les Africains avaient à dire de leurs propres besoins. Trop souvent, eneffet, nous avons essayé d'imposer notre propre vision, nos propres modèles de développementà ce continent. Grâce à cette réunion, nous savons de quoi l'Afrique elle-même croit avoirbesoin.

Puisque je suis aujourd'hui en Amérique, permettez-moi de rendre un hommage particulier àtous les Américains qui n'ont cessé de soutenir la mission de l'UNESCO dans tous ses domainesde compétence - tous les décideurs, les enseignants, les parents et les associations qui ont rendupossible, dans des circonstances très difficiles, l'évolution positive que nous constatonsaujourd'hui et qui continuera, j'en suis sûr, de porter des fruits d'ici à la fin du siècle. En ce quiconcerne l'alphabétisation, nous avons une dette particulière envers l'Association internationalepour la lecture, qui contribue généreusement à financer le prix international d'alphabétisation del'UNESCO depuis dix-sept ans.

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Mesdames et Messieurs,

Une question s'impose: avons-nous réellement réussi à faire de l'éducation de base et de sesdeux composantes - l'enseignement primaire et l'alphabétisation - une priorité dudéveloppement international et national ? La réponse est incontestablement oui. Toutes lesgrandes conférences mondiales organisées après Jomtien - la Conférence des Nations Unies surl'environnement et le développement à Rio de Janeiro en 1992, la Conférence mondiale sur lesdroits de l'homme à Vienne en 1993, la Conférence mondiale sur la population et ledéveloppement au Caire en 1994, la Conférence mondiale pour le développement social àCopenhague en mars 1995 et la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing ennovembre 1995 - ont souligné l'importance de l'éducation en tant que fondement d'undéveloppement social et économique durable, en particulier dans les zones rurales. De même,lors de la dernière Conférence générale de l'UNESCO, ses 184 Etats membres ont tous rappeléqu'ils étaient convaincus que l'éducation est la clé de la démocratie, du développement et de lapaix. J'en suis moi aussi persuadé car il ne peut y avoir de démocratie sans citoyens informés,de développement sans connaissance ni savoir-faire, et de paix sans véritable dialogue.

Sur le plan régional, les ministres africains de l'éducation ont proclamé 1996 Année del'éducation pour l'Afrique et . mis l'alphabétisation en tête de leurs programmes. LesConférences des ministres de l'éducation et des ministres chargés de la planification économiqued'Asie et des pays arabes, qui ont eu lieu à Kuala Lumpur en 1993 et au Caire en 1994, ontréaffirmé leur engagement envers l'éducation de base pour tous.

En mai prochain, tous les ministres de l'éducation d'Amérique latine et des Caraïbes vont seréunir à Kingston (Jamaïque). De telles rencontres des responsables sont très importantes pourla métamorphose dont le monde actuel a tant besoin. Et je suis sûr que la réunion de Kingstontirera parti des débats d'une conférence comme celle-ci.

J'aimerais maintenant passer au deuxième grand thème de votre conférence: le typed'alphabétisation dont aura besoin le monde de demain. Les grands défis auxquels notre planèteest confrontée aujourd'hui ne peuvent être surmontés de façon satisfaisante sans éducation,notamment l'alphabétisation des adultes et des jeunes ainsi que des enfants non scolarisés. Nousdevons repenser les politiques et les stratégies d'alphabétisation dans les pays développéscomme en développement. Mais cette réflexion doit nécessairement s'inscrire dans le cadregénéral de la réforme de l'ensemble des systèmes éducatifs.

L'un des obstacles majeurs au développement de l'alphabétisation et des programmesd'éducation des adultes, dans les pays aussi bien en développement que développés, est la placeprépondérante que presque toutes les sociétés continuent d'accorder à l'éducation formelle audétriment de l'éducation informelle et non formelle, particulièrement en qui concerne les besoinsd'apprentissage des jeunes non scolarisés et des adultes pour qui l'enseignement formel estinaccessible ou inadapté. Afin de faciliter l'accès de tous à l'apprentissage, l'UNESCO a lancé en1994 le programme "Apprendre sans frontières" destiné à des groupes qui n'étaient pas touchésauparavant. Ce programme est fondé sur le principe de l'utilisation de tous les moyenspossibles, innovateurs et traditionnels, et de toutes les technologies, des plus simples aux plussophistiquées, pour inclure les exclus de l'éducation qui sont majoritairement des fillettes et desfemmes. Je m'empresse d'ajouter qu'il ne s'agit en aucune manière de renforcer l'éducation nonformelle et informelle au détriment de l'éducation formelle, mais de développer les trois modesd'enseignement et de les harmoniser en tant qu'éléments d'égale importance dans le cadre d'unapprentissage permanent dont le but primordial doit être de répondre

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efficacement aux besoins de chaque groupe d'âge en la matière. La Commission internationalesur l'éducation pour le XXIe siècle, couramment appelée la "Commission Delors", mise sur pieden 1993 par l'UNESCO, vient juste de publier une synthèse préliminaire de son rapport, quisouligne la nécessité d'élargir le concept de l'apprentissage permanent défini par la CommissionFaure en 1972: "Le concept d'éducation tout au long de la vie nous paraît devoir s'imposer,avec ses atouts de flexibilité, de diversité et d'accessibilité dans le temps et dans l'espace. C'estl'idée d'éducation permanente qui doit être à la fois repensée et élargie."

Je crois que c'est l'enseignement supérieur qui doit être le plus radicalement transformé - et c'estpourquoi j'ai l'intention de réunir une Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur avantla fin du siècle. Il doit cesser d'être le bastion des privilégiés et devenir pour le peuple un moyend'actualiser en permanence ses connaissances une source d'innovation et d'anticipation dans unmonde qui change de plus en plus vite.

Nous ne devons pas oublier que la lutte pour l'alphabétisation est en même temps un combatpour le développement social et économique, la justice, l'égalité, le respect des culturestraditionnelles et la reconnaissance de la dignité de chaque être humain. C'est la portée de cetteambition qui rend cette lutte si difficile mais si nécessaire.

Je voudrais - d'autant plus que je suis Catalan - ajouter à cela une plaidoirie vigoureuse enfaveur de l'éducation dans la langue maternelle. Nos systèmes éducatifs doivent êtremultilingues pour tenir compte du caractère pluriculturel et multiethnique de la plupart dessociétés modernes. Il-faut qu'il en soit ainsi dès le début du processus éducatif puisquel'apprentissage des langues ne pose aucun problème aux enfants alors qu'il en soulève pour lesadultes. Nous devons veiller à ce que l'éducation soit au coeur même de la vie quotidienne.

Je ne doute pas que votre conférence réussira à donner une nouvelle dimension au débat surl'alphabétisation, non seulement en théorie mais aussi en pratique. Nous devons repenser nospropres stratégies, rechercher les moyens d'aider nos Etats membres à traiter l'alphabétisationcomme l'instrument qui maximise les capacités intellectuelles et productives des êtres humains.Cette aspiration a d'évidentes implications pour la collecte et l'analyse des données, pour lafaçon dont nous planifions et conduisons les programmes d'alphabétisation et, surtout, pour lesliens entre l'alphabétisation et la participation, la citoyenneté et la capacité d'exprimer librementses vues et ses choix. L'analphabétisme, c'est le silence. La démocratie passe par un dialogue oùtoutes les voix se font entendre.

Des politiques et des stratégies plus efficaces exigent un effort national et internationalcommun. Il va sans dire que les premiers responsables de la promotion de l'alphabétisation sontles autorités nationales en collaboration avec toutes sortes d'acteurs de la société. Sur le planinternational, trois actions spécifiques sont indispensables: (a) soutenir le dynamisme généré parl'Année internationale de l'alphabétisation et l'alliance de Jomtien; (b) renforcer le réseauinternational d'institutions engagées dans la recherche, l'évaluation et la formation afin que lesresponsables des politiques et les praticiens puissent s'appuyer sur des sources de conseil etd'information fiables; (c) renforcer les activités des ONG sur les plans national, régional etinternational.

Les pays développés comme en développement devraient consolider d'urgence lesinfrastructures d'alphabétisation en tant que première phase d'un processus d'apprentissagepermanent. Le principe cardinal est d'associer toutes les communautés et tous les participantsconcernés. Les programmes d'alphabétisation sont trop souvent dissociés des éléments qui sont

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au centre du système éducatif et des actions globales de développement. Ils reposentfréquemment sur des connaissances insuffisantes et peu fiables. La plupart des responsables deces programmes manquent de formation professionnelle et travaillent dans des conditionsdifficiles. Souvent fixé et mis en forme par un organisme central, le contenu des programmesn'est pas adapté aux collectivités et aux groupes auxquels il est destiné. Les méthodesd'enseignement sont trop souvent calquées sur celles de l'école primaire. L'application destechnologies éducatives modernes à l'alphabétisation est l'exception plutôt que la règle.

En un mot, les pratiques les plus courantes dans l'enseignement tendent à diminuer l'efficacitéde l'éducation des adultes. La plupart des sociétés ont une méfiance profondément enracinée àl'égard de tout apprentissage extérieur au système traditionnel. L'UNESCO est convaincue quel'enseignement formel et l'éducation non formelle devraient être solidement liés pour le bien detous et dans l'intérêt du développement social, économique et culturel durable.

En conclusion, permettez-moi de vous assurer que l'UNESCO est persuadée que cetteconférence apportera une contribution originale et importante au débat sur l'alphabétisationqu'elle a lancé il y a cinquante ans et qui va se poursuivre encore plus vigoureusement dans lesannées à venir. L'alphabétisation n'est pas la seule réponse au fléau du sous-développement etde la misère rurale et urbaine. Mais les politiques et les stratégies destinées à réduire la pauvretéet à promouvoir le développement ne seront fructueuses que si on aide tous les individus àmaîtriser les compétences de base de l'éducation et à devenir intellectuellement autonomes. Ilfaut que nous imaginions l'avenir auquel nos sociétés devraient accéder et que nousdéterminions comment l'alphabétisation et une éducation de qualité peuvent contribuer àatteindre ce but. Comme je l'ai dit dans une allocution prononcée à l'Université de l'Iowa ennovembre 1994, cela implique que nous transcendions les limites de notre vie quotidienne et denos préoccupations immédiates dans l'intérêt des hommes, des femmes et des enfants du mondeentier. Cela implique surtout un plus grand souci des autres et un meilleur sens du partage,l'élimination des inégalités qui défigurent actuellement notre planète et la reconnaissance du faitque notre monde et ses habitants sont uns dans leur diversité.

Je souhaite un plein succès à votre conférence.

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