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récompense | actualités 5 OptionBio | Lundi 24 octobre 2011 | n° 461 Prix Nobel de médecine : Jules Hoffman, un Français qui se défend bien ! S ouvent, la plus grande distinc- tion scientifique française, la médaille d’or du CNRS est considérée comme « l’antichambre » du Prix Nobel. Le biologiste Jules A. Hoffmann auquel a été remis le prestigieux prix français s’apprê- tait de fait à recevoir une nouvelle récompense quelques jours plus tard. Le prix Shaw, considéré depuis 2004 comme le « Prix Nobel asiati- que » devait en effet lui être remis très prochainement. Cependant, celui qui assurait lors de la cérémo- nie organisée autour de la médaille d’or du CNRS recevoir « tous ces prix avec beaucoup d’humilité » est salué par une distinction bien plus célèbre encore : le Prix Nobel de médecine. Hoffman : un joli conte pour la biologie française Sans doute, Jules Hoffmann, né en 1941 au Luxembourg, a-t-il pensé une nouvelle fois aux discussions qui, dans sa jeunesse, l’opposaient à son père qui désapprouvait le départ du jeune passionné d’insecte vers la France et ses laboratoires de biologie. Peut-être songe-t-il également à l’article qu’il publia alors, à l’âge de 17 ans (dans l’espoir d’amadouer la réticence pater- nelle) dans « Les Archives grand-duca- les des sciences » et qui déjà portait sur les insectes. Un petit sourire enfin doit l’étreindre au souvenir de ce confrère de l’Académie des sciences qui lorsqu’il accéda à la vice-présidence de cette institution en 2006 lui lança : « Quoi tu travailles sur les insectes ? Mais qu’est-ce qu’on peut faire à part développer les insecticides ? ». Gène Toll Des insecticides peut-être, mais plus certainement des découvertes fonda- mentales sur le système immunitaire inné des drosophiles. « Personne ne faisait ce type d’études au plan mondial à la fin des années 1980 » a souligné le biologiste lors de la remise du prix du CNRS. Une lacune que Jules Hoffman va savoir réparer avec brio : en 1996, ce pionnier met en évidence avec son équipe, à laquelle il ne manque jamais de rendre hommage, l’existence chez la drosophile de récepteurs Toll à certains champignons et bactéries, travaux qui lui valent aujourd’hui d’être distingué par le Comité Nobel. Jules A. Hoffmann partage ce prix avec deux autres spécialistes de l’immunologie : l’américain Bruce A. Beutler et le Canadien Ralph Marvin Steinnam. Âgé de 54 ans, le généti- cien Bruce A. Beutler a conduit des travaux parallèles à ceux du biolo- giste français en mettant en évi- dence en 1998 le fait que les souris résistantes aux lipopolysaccharides présentaient une mutation généti- que semblable à celle du gène Toll chez certaines drosophiles. Enfin, le Canadien Ralph Marvin Steinman né au Canada en 1943 a révolutionné l’immunologie dès son plus jeune âge. C’est en effet en 1973 qu’il a découvert un nouveau type de cellu- les : les cellules dendritiques et leur importance dans le système immuni- taire. Pour le comité Nobel, ces trois chercheurs qui recevront leur prix le 10 décembre ont « révolutionné notre compréhension du système immunitaire en découvrant les prin- cipes clés de son activation ». | AURÉLIE HAROCHE © www.jim.fr Note de la rédaction Professeur d’immunologie à la Rockefeller University de New York, Ralph M. Steinman est décédé 3 jours avant que le nom des lauréats ne soit dévoilé. À titre exceptionnel, l’Académie n’a pas renoncé à lui attribuer ce prix Nobel de médecine. Pour en savoir plus www.elsevier.com/wps/find/intro. cws_home/2011nobelprizes Jules A. Hoffman, | Bruce A. Beutler, Ralph M. Steinman.

Diagnostic de la coqueluche: Détection génique recommandée

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5OptionBio | Lundi 24 octobre 2011 | n° 461

Prix Nobel de médecine : Jules Hoffman, un Français qui se défend bien !

Souvent, la plus grande distinc-tion scientifique française, la médaille d’or du CNRS est

considérée comme « l’antichambre » du Prix Nobel. Le biologiste Jules A. Hoffmann auquel a été remis le prestigieux prix français s’apprê-tait de fait à recevoir une nouvelle récompense quelques jours plus tard. Le prix Shaw, considéré depuis 2004 comme le « Prix Nobel asiati-que » devait en effet lui être remis très prochainement. Cependant, celui qui assurait lors de la cérémo-nie organisée autour de la médaille d’or du CNRS recevoir « tous ces prix avec beaucoup d’humilité » est salué par une distinction bien plus célèbre encore : le Prix Nobel de médecine.

Hoffman : un joli conte pour la biologie françaiseSans doute, Jules Hoffmann, né en 1941 au Luxembourg, a-t-il pensé une nouvelle fois aux discussions qui, dans sa jeunesse, l’opposaient à son père qui désapprouvait le départ du jeune passionné d’insecte vers la France et ses laboratoires de biologie. Peut-être songe-t-il également à l’article qu’il

publia alors, à l’âge de 17 ans (dans l’espoir d’amadouer la réticence pater-nelle) dans « Les Archives grand-duca-les des sciences » et qui déjà portait sur les insectes. Un petit sourire enfin doit l’étreindre au souvenir de ce confrère de l’Académie des sciences qui lorsqu’il accéda à la vice-présidence de cette institution en 2006 lui lança : « Quoi tu travailles sur les insectes ? Mais qu’est-ce qu’on peut faire à part développer les insecticides ? ».

Gène TollDes insecticides peut-être, mais plus certainement des découvertes fonda-mentales sur le système immunitaire inné des drosophiles. « Personne ne faisait ce type d’études au plan mondial à la fin des années 1980 » a souligné le biologiste lors de la remise du prix du CNRS. Une lacune que Jules Hoffman va savoir réparer avec brio : en 1996, ce pionnier met en évidence avec son équipe, à laquelle il ne manque jamais de rendre hommage, l’existence chez la drosophile de récepteurs Toll à certains champignons et bactéries, travaux qui lui valent aujourd’hui d’être distingué par le Comité Nobel.

Jules A. Hoffmann partage ce prix avec deux autres spécialistes de l’immunologie : l’américain Bruce A. Beutler et le Canadien Ralph Marvin Steinnam. Âgé de 54 ans, le généti-cien Bruce A. Beutler a conduit des travaux parallèles à ceux du biolo-giste français en mettant en évi-dence en 1998 le fait que les souris résistantes aux lipopolysaccharides présentaient une mutation généti-que semblable à celle du gène Toll chez certaines drosophiles. Enfin, le Canadien Ralph Marvin Steinman né au Canada en 1943 a révolutionné l’immunologie dès son plus jeune âge. C’est en effet en 1973 qu’il a découvert un nouveau type de cellu-les : les cellules dendritiques et leur importance dans le système immuni-taire. Pour le comité Nobel, ces trois chercheurs qui recevront leur prix le 10 décembre ont « révolutionné notre compréhension du système immunitaire en découvrant les prin-cipes clés de son activation ». |

AURÉLIE HAROCHE

© www.jim.fr

Note de la rédactionProfesseur d’immunologie à la Rockefeller University de New York, Ralph M. Steinman est décédé 3 jours avant que le nom des lauréats ne soit dévoilé. À titre exceptionnel, l’Académie n’a pas renoncé à lui attribuer ce prix Nobel de médecine.

Pour en savoir plusw w w . e l s e v i e r . c o m / w p s / f i n d / i n t r o .cws_home/2011nobelprizes

Jules A. Hoffman, |Bruce A. Beutler, Ralph M. Steinman.