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Dialogue du film Pépé le Moko - Je te le jure sur la tête de mon père. - Oh, qu'est-ce que tu risques, il a été guillotiné ! - T'as tort de penser à des trucs. T'as pas l'habitude. C'est ça qui te fait mal à la tête. - Garde tes salades. Et puis, lâche ton oseille. - Vous parlez comme un jardinier. T'es pas une femme, t'es un régime ! - Tu as peur pour ta peau ? - Qu'est-ce que tu veux, c'est la seule que j'aie... SECRETS DE TOURNAGE "M. Julien Duvivier a regardé ses souteneurs et ses voyous en face. Il ne les flattes pas. Son ouvrage vaut mieux que son titre crapuleux et raccrocheur. On y trouve même quelques scènes dures et violentes [...]. Si l'on entre dans le détail de ce film, on observe le soin de M. Duvivier à serrer d'aussi près que possible la vraisemblance. [...] Il me semble cependant que cette atmosphère est bien étouffée, bien morne, et que, malgré le pittoresque indigène, M. Duvivier n'a pas su échapper complètement au souvenir de la " rue sans joie " des Allemands, qui poursuit les cinéastes sous tous les climats dès qu'ils abordent les lieux de la prostitution et du crime. C'est égal, presque tout, dans Pépé le Moko, est vigoureusement mis en page." (François Vinneuil (alias Lucien Rebatet), L'Action française n°36, février 1937) " (...) Julien Duvivier trouve son originalité en sacrifiant délibérément le côté " action " au profit de la peinture d'un

Dialogue du film Pépé le Moko

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Dialogue du film Pépé le Moko

- Je te le jure sur la tête de mon père.

- Oh, qu'est-ce que tu risques, il a été guillotiné !

- T'as tort de penser à des trucs. T'as pas l'habitude. C'est ça qui te fait

mal à la tête.

- Garde tes salades. Et puis, lâche ton oseille.

- Vous parlez comme un jardinier.

T'es pas une femme, t'es un régime !

- Tu as peur pour ta peau ?

- Qu'est-ce que tu veux, c'est la seule que j'aie...

SECRETS DE TOURNAGE

"M. Julien Duvivier a regardé ses souteneurs et ses voyous en face. Il ne les

flattes pas. Son ouvrage vaut mieux que son titre crapuleux et raccrocheur. On

y trouve même quelques scènes dures et violentes [...]. Si l'on entre dans le

détail de ce film, on observe le soin de M. Duvivier à serrer d'aussi près que

possible la vraisemblance. [...] Il me semble cependant que cette atmosphère

est bien étouffée, bien morne, et que, malgré le pittoresque indigène, M.

Duvivier n'a pas su échapper complètement au souvenir de la " rue sans joie "

des Allemands, qui poursuit les cinéastes sous tous les climats dès qu'ils

abordent les lieux de la prostitution et du crime. C'est égal, presque tout, dans

Pépé le Moko, est vigoureusement mis en page." (François Vinneuil (alias Lucien

Rebatet), L'Action française n°36, février 1937) 

" (...) Julien Duvivier trouve son originalité en sacrifiant délibérément le côté "

action " au profit de la peinture d'un milieu, la casbah, et d'un personnage

d'homme traqué, se souvenant soudain de sa jeunesse et risquant sa liberté et

sa vie pour la retrouver [...]. Sans littérature, d'un rythme sûr, solide, souple, le

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drame est mené avec une belle maîtrise, fortement concentré dans le temps et

dans l'espace : pendant moins de quarante-huit heures, sur quelques arpents

de ville d'Alger. " (Cinéma 58, juillet-août 1958)

Suite et remake

En 1938, John Cromwell tourna une version américaine de Pépé le Mokointitulée

Algiers, avec Charles Boyer et Hedy Lamarr.

- En 1948, John Berry dirigea une autre version, Casbah, avec Tony Martin et

Yvonne De Carlo.

- Il y eut même une parodie faite par l'acteur italien Toto, Toto le Mok, réalisée

par Carlo Ludovico Bragaglia en 1949. 

Les lieux de tournage

La casbah d'Alger fut entièrement reconstituée en studio à Paris. Les raccords

d'extérieurs furent filmés à Marseille et à Sète. Seuls quelques plans

documentaires (utilisés au début du film) furent réellement tournés à Alger.

Julien Duvivier ne se cachera jamais, pour Pépé le Moko, d'avoir pris pour

modèle les films de gangsters américains. Max, le truand joueur de bilboquet

rappelle par exemple, dans Scarface de Howard Hawks, George Raft, le

gangster à la pièce de monnaie.

- Julien Duvivier eut beaucoup de mal à convaincre les producteurs de Pépé le

Moko d'engager Mireille Balin. Ils pensaient qu'elle manquait encore

d'expérience pour tenir un rôle d'une telle importance. Duvivier organisa donc

un rendez-vous entre les producteurs et l'actrice, qu'il maquilla et coiffa comme

la Gaby de Pépé le Moko. Ils furent convaincus et lui firent aussitôt signer son

contrat. Pépé le Moko fut son premier grand rôle.

- En interprétant Tania, la grande chanteuse Fréhel fait dans Pépé le Moko une

de ses rares apparitions au Cinéma.

- Le scénario de Pépé le Moko fut tout d'abord proposé à Jean Renoir, qui le

refusa. C'est ainsi qu'il atterrit entre les mains de Julien Duvivier.

- Pépé le Moko est adapté du roman homonyme de Pierre Ashelbe, qui travailla

le scénario avec Julien Duvivier.

- Jean Gabin et Mireille Balin eurent une liaison sur Pépé le Moko.