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Difference dans la qualite de logement: Immigrants et non-immigrants a Montreal, Toronto et Vancouver Xavier Leloup Institut National de la Recherche Scient~que Nong Zhu Institut National de la Recherche Scientifique Le Canada a connu, au cours des dernikres ddcennies, une importante augmentation de sa population immigrante. Cette augmentation ne s' est pas produite sans ten- sions ni questionnements quant h la forme que devaient prendre les institutions de la socidtd d'accueil. Une partie de la rdponse institutionnelle a dtd apportde par l" adoption d'une politique du multiculturalisme en 1971 et par la constitutionnali- sation des droits fondamentaux et individuels. Le Canada a ainsi enregistrd un cer- tain succOs quant h l'adaptation de la ddmocratie Iib6rale h cet afflux de nouveaux arrivants, la gestion de Ia diversitd et l'dmergence d' une identitd inclusive commune. Ce succks reste cependant ?zdvaluer sur le plan de Ia Iutte contre la discrimination et les in(galitds. Cette dvaluation a ddj?z~td entamde dans le domaine de l'emploi, mais reste h poursuivre dans celui du logement. C'est ce que cet article propose en procddant h une analyse de la ddcomposition des dcarts de la qualitd de logement en- tre non-immigrants et immigrants pour trois rdgions mdtropolitaines du Canada. La qualitd de logement est mesurde par Ie nombre moyen de pi~ces par personne et est mise en relation avec des variables socioddmographiques, sociodconomiques et caractdrisant l'immigration. Les rdsultats indiquent une convergence entre les trois grandes mdtropoles canadiennes et soulignent clairement l'existence d' une diffdrence dans la qualit( de logement entre non-immigrants et immigrants. The immigrant population in Canada has risen substantially during the last decades. This increase has produced some tension and raised questions about the in- stitutional arrangements of the host society. In response to these tensions and ques- tions, the government of Canada adopted a policy of multiculturalism in 1971 and promoted the constitutionalization of human rights through the Canadian Charter of Rights and Freedoms, This response was successful in terms of the evolution of the liberal democracy in Canada, the management of diversity and the building of an inclusive identity. However, it remains to be evaluated in relation to the strug- gle against discrimination and inequalities. While the response has already been Mots-cl4fs/Key words: Immigration; Logement/Housing; Ddcomposition des 6carts; Discrim- ination/Decomposition of difference; Canada. 2006byTransaction Publishers. All rights reserved./Tous &oRs r6serv6s. ISSN: 1488-3473 JIMI/RIMI Volume 7 Number/num6ro 2 (Spring/printemps 2006):133-166

Différence dans la qualité de logement: Immigrants et non-immigrants à Montréal Toronto et Vancouver

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Xavier Leloup Institut National de la Recherche Scient~que

Nong Zhu Institut National de la Recherche Scientifique

Le Canada a connu, au cours des dernikres ddcennies, une importante augmentation de sa population immigrante. Cette augmentation ne s' est pas produite sans ten- sions ni questionnements quant h la forme que devaient prendre les institutions de la socidtd d'accueil. Une partie de la rdponse institutionnelle a dtd apportde par l" adoption d'une politique du multiculturalisme en 1971 et par la constitutionnali- sation des droits fondamentaux et individuels. Le Canada a ainsi enregistrd un cer- tain succOs quant h l' adaptation de la ddmocratie Iib6rale h cet afflux de nouveaux arrivants, la gestion de Ia diversitd et l'dmergence d' une identitd inclusive commune. Ce succks reste cependant ?z dvaluer sur le plan de Ia Iutte contre la discrimination et les in(galitds. Cette dvaluation a ddj?z ~td entamde dans le domaine de l'emploi, mais reste h poursuivre dans celui du logement. C'est ce que cet article propose en procddant h une analyse de la ddcomposition des dcarts de la qualitd de logement en- tre non-immigrants et immigrants pour trois rdgions mdtropolitaines du Canada. La qualitd de logement est mesurde par Ie nombre moyen de pi~ces par personne et est mise en relation avec des variables socioddmographiques, sociodconomiques et caractdrisant l'immigration. Les rdsultats indiquent une convergence entre les trois grandes mdtropoles canadiennes et soulignent clairement l' existence d' une diffdrence dans la qualit( de logement entre non-immigrants et immigrants.

The immigrant population in Canada has risen substantially during the last decades. This increase has produced some tension and raised questions about the in- stitutional arrangements of the host society. In response to these tensions and ques- tions, the government of Canada adopted a policy of multiculturalism in 1971 and promoted the constitutionalization of human rights through the Canadian Charter of Rights and Freedoms, This response was successful in terms of the evolution of the liberal democracy in Canada, the management of diversity and the building of an inclusive identity. However, it remains to be evaluated in relation to the strug- gle against discrimination and inequalities. While the response has already been

Mots-cl4fs/Key words: Immigration; Logement/Housing; Ddcomposition des 6carts; Discrim- ination/Decomposition of difference; Canada.

�9 2006 byTransaction Publishers. All rights reserved./Tous &oRs r6serv6s. ISSN: 1488-3473

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evaluated in regard to employment, no evaluation has been undertaken regarding housing. This article tackles this issue through the decomposition of differences in the quality of housing for immigrants and non-immigrants in three metropolitan areas. The quality of housing is measured by the number of rooms per capita and is studied in relation to several variables to estimate the difference between popula- tions. The results show a convergence in the situation in the three metropolitan areas and clearly reveal a difference in the quality of housing for immzgrants and non-immigrants.

Introduction

Les pays qui accueillent actuellement des immigrants et des r6fugi6s en grand hombre se transforment, parfois h un rythme acc616r6, en des so- ci6t6s diversifi6es d 'un point de vue ethnique. La politique du multicultur- alisme et l'adoption par le gouvernement f~d6ral et les provinces de chartes garantissant les droits fondamentaux, ainsi que diverses dispositions 16- gales visant l'6galit6 dans les domaines de l'emploi, la non-discrimination dans les m6dias ou l'acc6s ~ la citoyennetG sont une partie de la r6ponse avanc6e par le Canada et ses provinces pour favoriser l'int6gration sociale et la bonne gestion de la diversit6. Le Canada reconna~t ainsi la diversit~ cul- turelle comme un des traits de l'unit6 et de l'identit~ nationales (Mc Andrew, 1994), et le mod61e d'appartenance et de citoyennet6 valoris6 repose sur une conception inclusive de la nation et de la soci6t6, qui vise ~ garantir les droits et libert6s individuels (Kymlicka, 2003).

Cette conception de la nation ne peut cependant ~tre id6alis6e. D'une part, certains juristes critiquent l'ordre 16gal que la constitutionnalisation des droits de la personne 6tablit entre les minorit6s et les groupes, ainsi qu'entre certains droits. Certains groupes font l'objet d'une 6num6ration explicite et re~oivent des protections sp6cifiques, alors que d'autres ne sont pas mentionn6s et ne font l'objet que de protections g6n6rales. Dans le m~me ordre d'id6e, certains droits sont consid6r6s inali6nables--la libert0 de conviction, par exemple--alors que d'autres sont inclus dans des sec- tions moins contraignantes des chartes--les droits 6conomiques et soci- aux, en particulier--et doivent faire l'objet d 'un travail 16gislatif compl~- mentaire pour ~tre promulgu6s de mani6re efficace (Kallen, 1990). D'autre part, s'il n'est pas possible de remettre en cause la volont6 du Canada de prot6ger les droits fondarnentaux, cette volont6 n'est pas totalement ind6pendante des al6as politiques et des choix pos6s par les gouverne- ments. Ainsi, d6s 1983, un gouvernement fra~chement 61u de la Colombie- Britannique annule le Code provincial des droits de l 'homme et supprime la Commission charg6e de le faire respecter. Plus r6cemment, en 1995, le

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DIFFERENCE DANS LA QUALITE DE LOGEMENT

m6me 6v6nement s'est reproduit en Alberta et en Ontario fi la suite de l'ar- riv6e au pouvoir de gouvernements soucieux de r6duire la taille de la fonc- tion publique et d'assainir les finances provinciales (Hucker, 1997).

Les 6v6nements pr6c6dents restent cependant des fairs isol6s li6s ~ des conjonctures politiques particuli6res. Sur un plan plus g6n6ral, la perti- nence de l'adaptation effectu6e par le Canada ~ la diversit6 ethnique s'i- dentifie ~ un registre politique identitaire et normatif guidant les liens entre les institutions publiques et les individus afin d'6viter toute discrimination dans les relations entre l't~tat et le citoyen. Elle se situe aussi au niveau de l'int6gration sociale, par la valorisation de l'6galit6 et de la participation de toutes et tous ~ la soci6t6, et par la lutte contre le racisme et la discrimina- tion. Ce dernier registre, qui se r6fbre au r61e social de l'l~tat, apparak, ~ ce jour, moins valoris6 que le pr6cddent, sauf dans le domaine de l'emploi off plusieurs lois et programmes d'6galit6 ont 6t6 promulgu6s, rant ~ Fatten- tion des femmes que des personnes handicap6es ou des minoritds visibles (Potvin & Latraverse, 2004).

Mais le domaine de l'emploi n'est pas le seul off des pratiques discrim- inatoires peuvent intervenir. Le secteur du logement est 6galement r6g- ulibrement cit6, m6me s'il n'a pas fait l'objet d'autant d'attention (Novac, Darden, Hulchanski, & S6guin, 2002). C'est pour cette raison que nous pro- posons, dans ce texte, de revenir sur cette question en appliquant, aux dif- f6rences entre la qualit6 de logement des immigrants et des non-immigrants, la technique de d6composition des 6carts (Oaxaca & Ransom, 1994) large- ment utilis6e dans le domaine de l'emploi. U6tude portera sur les trois grandes r6gions m6tropolitaines du Canada--Toronto, Vancouver et Mon- tr6al--puisqu'elles constituent le lieu d'installation privil6gi6 des immi- grants au Canada. La premi6re section pr6cisera la signification que nous attribuons aux termes d'int6gration et de diff6rence. Elle donnera 6gale- ment quelques indications sur les sources possibles de la diff6rence entre non-immigrants et immigrants dans le domaine du logement. La deux- i6me section pr6sentera les m6thodes statistiques et les donn6es utilis6es. La troisi6me section reprend enfin l 'ensemble des r6sultats et leur discus- sion. Uarticle se termine par une br6ve conclusion.

Int6grat ion et diff6rence

Intdgration et diffdrence : br~oes ddfinitions Dans les lignes pr6c6dentes, nous avons fait r6f6rence au concept d'int6- gration, dont la polys6mie des usages rend la d6finition d61icate. Si, en pre-

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mitre analyse, il convient d'admettre qu'il est impossible de concevoir ce concept comme les probl6mes d'int6gration d'un groupe << ~ la soci6t6 ,> ou comme un @at << de la soci6t6 dans son ensemble >>, il n 'en reste pas moins que l'interrogation sur comment << faire soci6t6 >> continue ~ se poser, en particulier ~ l'~re de l'individualisme d6mocratique (Schnapper, 2001). I1 convient d'affirmer aussi que, si l'int6gration s'apparente plus hun proces- sus historique qu'~ un 6tat absolu, elle emprunte aujourd'hui des formes vari6es. Elle implique en effet une multiplicit6 de registres par lesquels les individus participent fi la vie sociale et dont la correspondance ne se fait pas de mani6re automatique, un individu pouvant ~tre ~ int6gr6 >> selon un registre de la vie sociale--le travail, la famille, l'6cole, par exemple--mais pas selon les autres. Et c'est peut-Stre dans cette asym@rie que r6side les tensions et les difficult6s fi << faire soci6t6 >> que certaines analystes d6sig- nent volontiers par des expressions se r6f~rant ~ la << crise du lien social >>, h 1% exclusion >> ou ~ la <~ perte de la coh6sion sociale ,> (Putnam, 1999). Ils se r6f~rent d~s lors h une image unifi6e et ordonn6e de la soci6t6 qu'ils con- sid~rent au travers d'un prisme particulier, celui d'un fige d'or aujourd'hui %volu et qu'il s'agirait de r@ablir, alors que ces expressions dissimulent le plus souvent une contradiction entre le discours d'6galit6 tenu dans la so- ci6t6 lib6rale, les promesses et aspirations qu'il nourrit, et son imparfaite actualisation dans la r6alit6 quotidienne @ant donn6 l'in6gale r6partition des richesses et des ressources (Touraine, 1991).

La notion d'int6gration que nous proposons se veut une tentative de conceptualisation de cette contradiction qui passe par l'adoption d'une perspective socio6conomique. L'intOgration est d6s lors atteinte lorsque la r6partition entre individus des moyens disponibles au sein d'une so- ci6t6--ressources, biens et services--se fair selon les normes en vigueur au sein de cette soci6t6, en respecte le fonctionnement attendu et aboutit une situation off la participation active de toutes et tous est possible. Le premier 616ment important g souligner est que cette d6finition porte sur le fonctionnement du syst~me social, c'est-g-dire sur les normes qui l'orien- tent, pas sur ses finalit6s, qui sont, au moins ~ ce stade de l'analyse, con- sid6r6es comme donn6es. Elle s'inspire ensuite d'un ensemble de travaux sur la d6privation relative (relative deprivation) qui font de la pauvret6 un 616ment relatif, fonction de la soci6t6 et du moment historique, ses effets sociaux et symboliques @ant 6galement variables (Townsend, 1993). Ces th6ories de la pauvret6 supposent, par ailleurs, l'existence d'un niveau minimum de moyens et de ressources au-dessous duquel les indMdus ou les groupes n'ont plus la capacit6--sociale et symbolique--de participer pleinement h la soci6t6, les privations subies les 61oignant trop des stan-

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dards moyens de l 'ensemble de la population. Enfin, le fonctionnement social de la soci6t6 est 5 consid6rer ~ une 6chelle macro-sociale, dont les principales caract6ristiques sont, pour le Canada, l '6conomie de march6, la d6mocratie lib6rale et la protection des droits individuels.

Le dernier 616ment de la d6finition nous permet alors de mieux com- prendre ce que nous entendons par diff6rence. Elle d6signe un 6cart ou une d6viation par rapport au fonctionnement attendu du syst6me social s'il 6tait ~lid6, de mani6re parfaite, par les normes prescrites, telles que le m6rite individuel, l'6galit6 des chances et l'absence de discrimination.

Les sources de la diffdrence I1 est 6galement opportun de pr6ciser quelles sont les sources possibles de la diff6rence, c'est-~-dire les 616ments qui peuvent expliquer les 6carts ou les d6viations par rapport au fonctionnement attendu du syst6me social. Nous cherchons surtout 5 clarifier ici les diff6rences qui pourraient 6merger dans le champ du logement entre populations non-immigrantes et immi- grantes.

Un premier ensemble de diff6rences se rapporte ~ des 616ments n6gat- ifs. Les populations immigrantes ne disposent pas de la m6me habilet6 que les non-immigrants 5 se mouvoir sur le march6 du logement du fait de leur m6connaissance du cadre institutionnel et des r6gles coutumi6res. De ce fait m6me, elles n 'ont pas acc6s h t 'ensemble de l'information disponibte pour orienter de mani6re efficiente leurs choix r6sidentiels, et elles 6prou- vent parfois des difficult6s ~ convertir les gains effectu6s sur le march6 du travail en position r6sidentielle avantageuse (Haan, 2005; Ray & Moore, 1991; Skaburskis, 1996). Cette difficult6 ~ rentabiliser ses gains peut 6gale- ment provenir de processus de mise ~t distance et de discrimination. Le lo- gement n'est pas un bien comme les autres, puisqu'il r6pond ~ une fonc- tion d'utilit6 qui int6gre des 616ments du milieu r6sidentiel dans lequel il s'ins6re (Kremarik, 1999; Peters, 2002). Certaines populations, souvent mi- noris6es et dont la proximit6 est jug6e moins d6sirable par la majorit6, peu- vent ainsi se retrouver rel6gu6es dans des espaces r6sidentiels moins at- trayants et se voir refuser l'acc~s ~ une position r6sidentielle plus enviable et convoit6e (Murdie, 1998, 2004; Ray, 1999). Les pratiques de discrimina- tion sont, dans ce cas, au cceur de la diff6rence en niant le fonctionnement social 6tabli par la d6mocratie lib6rale, celui qui conf6re un droit ~ l'6galit6 de traitement indiffOrent en principe aux particularit6s individuelles autres que celles reli6es au m6rite et ~ la performance individuels.

Cette source de la diff6rence a 6t6 clairement identifi6e par des 6tudes ant6rieures en ce qui conceme le fonctionnement du march6 du travail

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canadien : les immigrants, en particulier ceux appartenant ~ certaines mi- norit6s visibles, mais pas uniquement , connaissant un sort d6favorable comp6tences professionnelles et caract6ristiques sociod6mographiques 6gales (Pendakur & Pendakur, 1996; Swidinsky & Swidinsky, 2002). De plus, des travaux r6cents soulignent le ralentissement de la progression des gains des immigrants sur le march6 du travail alors que leur niveau de sco- larit6 et leur exp6rience professionnelle ant6rieure s'accroissent pour les cohortes les plus r6centes (Akbari, 1999; Aydemir & Skuterud, 2004; Bor- jas, 1987; Frenette & Morissette, 2003; Picot & Hou, 2003; Reitz, 2001).

Dans le domaine du logement, l'existence de pratiques discrimina- toires semble 6galement av6r6e ~ l'6gard des immigrants et, plus globale- ment, ~ l'6gard des individus dont la situation d 'emploi est devenue pr6- caire du fait de la restructuration de l '6conomie nationale (CDPDJ, 2003). Un bilan r6cent sur la question souligne ainsi que les 6tapes et les proces- sus de la discrimination sont tr6s certainement multiples et recouvrent des formes directes ou syst6miques, comme les politiques bancaires r6gissant l'acc6s au cr6dit ou les motifs, en apparence neutres, invoqu6s par les pro- pri6taires pour 6carter de la location certaines populations (Novac et al., 2002). Les processus de discrimination peuvent ainsi s'actualiser dans une relation interpersonnetle ou, au contraire, 6tre le produit de dispositifs en apparence neutres. Dans le premier cas, la discrimination est directe. Dans le second, elle est qualifi6e de syst6mique ou d'indirecte (Potvin & Latra- verse, 2004).

Pour les identifier, plusieurs enqu6tes par testing ou audit ont 6t6 men6es au Canada des ann6es 1950 ~ la fin des ann6es 1980 (Garon, 1988). Paral- 161ement ~ la m6thode pr6c6dente, une seconde voie a 6t6 largement ex- plor6e dans la foul6e des travaux men6s en psychologie sociale sur les prOjug6s et les rapports intergroupes, ceux-ci s 'appuyant sur des enqu6tes de victimisation portant sur la perception de la discrimination par les indi- vidus (Dion, 2001). R6cemment, cette seconde voie a connu des d6veloppe- ments int6ressants, plusieurs 6tudes sur les trajectoires r6sidentielles des immigrants combinant des 6chelles de perception de la discrimination des 616ments objectifs, ce qui permet d'6viter en partie le biais subjectif in- troduit par les m6thodes pr6c6dentes (Chambon, Hulchanski, Murdie, & Teixeira, 1997; Murdie, 2003; Murdie & Teixeira, 2003; Owusu, 1999). Ces travaux confirment dans l 'ensemble les constats produits sur la discrimi- nation en emploi, les populations immigrantes et les minorit6s visibles rapportant des cas de discrimination plus ou moins explicites sur le march6 du logement, avec comme cons6quence une d6gradation de leurs condi- tions de logement et de la qualit6 des quartiers dans lesquels ils r6sident

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DIFFERENCE DANS LA OUALITE DE LOGEMENT

(Langlois & Kitchen, 2001; Ley & Smith, 1997, 2000; Smith, 2004). Cepen- dant, ces constats sont encore peu mis en relation avec des 6tudes cher- chant ~ mesurer ~ l'aide des recensements la discrimination syst6mique l'aeuvre sur le march6 du logement. La pr6sente 6tude vise pr6cis6ment combler en partie ce manque.

Les sources pr6c6dentes de la diff6rence peuvent 8tre consid6r6es comme n6gatives parce que les pratiques qui les supportent contrevien- nent, m6me si elles le font de manibre indirecte et dissimul6e, aux droits formels garantis par la d6mocratie lib6rale. I1 est cependant aussi possi- ble d'envisager des sources positives de la diff6rence, m6me si elles ont encore peu fait l'objet d'6tudes. S'il n 'est pas infond6 de consid6rer le lo- gement comme un besoin de base au Canada, il n 'est pas non plus im- possible qu'une fois ce besoin de base combl6, des groupes et des popu- lations actualisent des fonctions d'utilit6 diff6rentes (Skaburskis, 1996). Ainsi, pour les immigrants, la fonction d'utilit6 des revenus peut incor- porer un investissement dans le pays d'origine ou une aide financibre ~ la parent6. La diff6rence correspond alors ~ une libert6 r6elle ou substantielle, le fait de restreindre la consommation en logement 6tant d61ib6r6ment choisi.

M6thodologie et donn6es

Notre analyse se concentre sur un seul 616ment de la qualit6 de logement, soit le nombre de pi6ces par personne. Nous avons pr6f6r6 retenir cette variable pour son caract6re objectif et num6rique plut6t que d'autres disponibles dans le recensement, telle que l'6tat du logement, par exem- ple. Notre analyse se compose de deux parties : (1) les d6terminants de la qualit6 de logement et (2) les sources de la diff6rence entre immigrants et non-immigrants.

Dans un premier temps, nous effectuons des r6gressions, ~ l'aide du mod61e MCO (moindres carr6s ordinaires), pour identifier les d6terminants de la qualit6 de logement mesur6e par le nombre de pi6ces par personne.

Dans un deuxi6me temps, sur la base des estimations foumies par les r6gressions, nous analysons la diff6rence de qualit6 de logement entre im- migrants et nondmmigrants, ainsi que les sources de cette diff6rence. Pour cela, nous utilisons la m6thode de d6composition des 6carts (Blinder, 1973; Oaxaca, 1973; Oaxaca & Ransom, 1994). Cette m6thode a 6t6 largement appliqu6e ~ l'analyse de la diff6rence de revenu entre divers groupes. Nous l'6tendons ici ~ l'analyse de la qualit6 de logement des immigrants.

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Formellement, nous prenons le nombre de pi6ces par personne comme mesure de la qualit6 de logement, et supposons que ce nombre d6pend de la situation socio6conomique, et que cette derni~re est essentiellement d6termin6e par des attributs individuels et familiaux. Nous avons deux r6gimes de qualit6 de logement:

Y0,i = fl0X0,i + 80,i pour les non-immigrants O)

Yl,i = f l lX l , i + 81,i p o u r les immigrants (2)

off yo, iet Yl,i sont respectivement le nombre de pi6ces par personne chez les non-immigrants et chez les immigrants ; X0,i et Xl,i sont des vecteurs qui reprennent respectivement les caract6ristiques individuelles de ces deux groupes. En fait, nous pouvons consid6rer les coefficients, fi0 et ill, comme le rendement des attributs individuels sur le march6 du logement.

Apr6s avoir estim6 (1) et (2), nous obtenons :

Y0,i = 80X0,i pour les non-immigrants (3)

Yl,i z 81Xl,i p o u r les immigrants (4)

En calculant la moyenne dans chaque groupe, nous avons :

~0 - ~1 = 90 - ~1 = 8 2 0 - 8 1 X l (5)

off 90 et 91 sont les moyennes du nombre de pi6ces par personne observ6 pour les deux groupes.

L'6cart de nombre de pi6ces par personne entre les deux groupes peut 6tre d6compos6 sous la forme suivante :

90 - 91 = 80(:~0 - ~ 1 ) + (80 - d~)Xl (6)

La diff6rence de qualit6 de logement entre non-immigrants et immigrants est ainsi d6compos6e en deux parties : (i) la partie due ~ la diff6rence d'at- tributs entre non-immigrants et immigrants, fi0(X0 - X1), et (ii) la pattie due ~ la diff6rence de rendement des attributs individuels, caus6e par la discrimination du march6 du logement et d'autres facteurs inobservables, ( 8 0 - 8~)~1 .

De plus, avec les r6sultats des 6quations (3) et (4), nous pouvons analyser la contribution de chaque variable ind6pendante ~ la diff6rence

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DIFFERENCE DANS LA QUALITE DE LOGEMENT

entre non-immigrants et immigrants. Soient X = {&}~ le vecteur des vari- ables explicatives, et fi = {fik}~ le vecteur des coefficients estim6s. La dif- f6rence entre deux groupes (5) peut s'6crire sous la forme:

K K

/)o - ~ = }?o - / ) ~ = fioX~o - fi~X~ = ~ (fio, k:fo, k - fi~,;:h,k) = ~ P ; ( Y o - ~?*) (7)

o h Pk = (fioS:o,k - fil,kYq,k)/(fJo -- ~h) repr6sente (en pourcentage) la contribu- tion de ia variable xk ~ la diff6rence entre non-immigrants et immigrants.

En dernier lieu, si nous supposons que la qualit6 de logement des non- immigrants suit une fonction sans diff6rence, nous pouvons 6tudier la situation entre non-immigrants et immigrants dans une structure non- discriminatoire. Plus pr6cis6ment, nous appliquons l'6quation de qualit6 de logement des non-immigrants aux caract6ristiques des immigrants et simulons pour chaque immigrant un nombre de pi6ces par personne, ~[:

Yi' = fioXl,i pour les immigrants (8)

Ensuite, nous pouvons calculer la diff4rence entre non-immigrants et im- migrants ~ partir de (3) et (8):

K K

=a0ix0-x ) = = (9)

o f t P,~ = fio, k (Y'O,k -- ~21,k)/(fJO -- fJ~). Les P~ nous permettent d'analyser la contribution de chaque variable xk en ]'absence de diff6rence entre non- immigrants et immigrants.

Deux points concemant cette m6thode m6ritent d'etre mentionn6s. Premi~rement, nous utilisons le nombre de pi6ces par personne pour mesurer la qualit6 de logement. Cependant, cette demi6re n'est pas com- pl~tement mesur~e par cet indicateur. Certains autres facteurs, par exem- pie l'environnement, les facilit6s de transport, le type de maison ou d ' immeu- ble, la pr6f6rence individuelle, reflbtent 6galement la qualit~ de logement. Pour cette raison, le nombre de pi~ces par personne n'est qu'une mesure relative de la qualit6 de logement {1]. Deuxi~mement, il est possible que certains immigrants ne maximalisent pas leur utilit6 individuelle en at- t-ribuant totalement leur revenu ~ la qualit6 de logement, comme mentionn6 plus haut. Dans ce cas, ils pourraient accepter volontairement une condi- tion de ]ogement plus modeste. Ainsi, la diff6rence entre les param~tres des 6quations (1) et (2) rnesure effectivement toutes les parties qui ne peu-

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vent pas 6tre expliqu6es par la difference des attributs individuels, que leurs sources soient positives ou n~gatives. Les r~sultats ci-dessous doivent donc 6tre analys~s avec precaution.

La pr6sente ~tude s'appuie sur les fichiers de microdonn~es ~ grande diffusion (FMGD) des recensements de 1996 et 2001 pour les particuliers. Ces deux bases de donn~es reprennent respectivement des donn~es fond~es sur un ~chantillon de 2,8 % et 2,7 % de la population recens~e. Ces bases de donn~es nous offrent des renseignements sur les caract~ristiques d~mographiques, sociales et ~conomiques de la population canadienne l'~chelle nationale. Dans le cadre de la pr6sente ~tude, la population d'in- t~r~t se limite aux personnes fig~es de 20 ~ 65 ans. Cette r~duction de la population totale vise ~ ~viter d'introduire dans l'analyse des biais li~s ~ la structure par fige qui est particuli~re h la population immigrante. En effet, par d~finition, cette population ne se renouvelle que par la migration, et pas par la f~condit~ ; elle compte donc moins de jeunes et d'enfants. En re- tenant les personnes fig~es de 20 ~ 65 ans, nous att~nuons en pattie l'~cart qui peut exister entre la distribution par ~ges des non-immigrants et des immigrants.

Au niveau des variables explicatives du module, nous introduisons d'abord des caract~ristiques d~mographiques telles que le sexe et l'fige. Ensuite, nous introduisons des variables mesurant le capital humain : le niveau d'~ducation et l'habilet~ linguistique. Le niveau d'~ducation est mesur~ par le nombre total d'ann~es d'~tudes, qui est class~ en trois cate- gories : 0-13 ann6es (r~f~rence), 14-17 ann~es et 18 ann~es ou plus. L'ha- bilet~ linguistique est mesur~e par la connaissance des langues officielles, qui est regroup~e en quatre categories : anglais seulement, fran~ais seule- ment, anglais et fran~ais, ni anglais ni fran~ais (r~f~rence). Nous intro- duisons deux variables caract6risant le statut d'emploi : le fait de d6tenir un emploi et celui d'etre travailleur autonome. Nous supposons que ces deux variables jouent positivement sur la qualit~ de logement. Enfin, nous con- tr61ons le genre de m~nage, qui est regroup~ en sept cat6gories : les m~- nages non familiaux (r~f6rence), les couples actuellement marius sans en- rants, les couples actuellement marius avec enfants, les couples en union libre sans enfants, les couples en union libre avec enfants, les familles monoparentales et les m~nages multifamiliaux.

Par ailleurs, dans les r~gressions portant uniquement sur les immi- grants, nous introduisons des variables muettes indiquant la r~gion de naissance des immigrants et l 'ann~e d'immigration, afin d'~tudier les differences entre les groupes ethniques et entre anciens et nouveaux immigrants.

142 ,lournal of International Migration and Integration

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DIFFt2RENCE DANS LA OUALFFE DE LOGEMENT

Le tableau i fournit la description des donn6es pour les trois r6gions m6tropolitaines retenues. Au niveau du taux de propri6t6, les immigrants sont proportionnellement moins souvent propri6taires de leur logement que les non-immigrants ; l'6cart entre les deux populations est toutefois relativement faible. Le niveau du taux de propri6t6 et l'6cart entre les deux populations varient 6galement entre r6gions m6tropolitaines. Le taux de propri6t6 est le plus 61ev6 5Toronto et le plus faible ~ Montr6al, Vancouver occupant une position interm6diaire. I1 est 6galement opportun de sig- naler que ies immigrants y sont proportionnellement plus propri6taires que les non-immigrants. La distribution du nombre de pi6ces par personne indique que les non-immigrants b6n6ficient en moyenne d'un nombre de pi6ces sup6rieur aux immigrants. I1 existe 6galement des diff6rences en- tre les trois r6gions m6tropolitaines. Toronto et Vancouver pr6sentent des profils relativement semblables alors qu'fi Montr6al les particuliers dis- posent d'un nombre de pi6ces moyen sup6rieur. Ces diff6rentes informa- tions sur le logement confirment des r6gularit6s historiques souvent ob- serv6es, Montr6al pr6sentant une situation qui se d6marque des deux autres grandes m6tropoles canadiennes, le taux de propri6t6 y 6rant in- f6rieur alors que les logements y sont en moyenne de taille sup6rieure (Choko, 1998).

Les caract6ristiques sociod6mographiques des deux populations m6ri- tent 6galement que l'on s'y attarde. D'une part, l'fige moyen confirme le fair que la population immigrante est plus ~g6e que la population non-im- migrante, et cela, pour les trois r6gions m6tropolitaines, m6me si l'6cart entre les deux populations n'est pas trbs 61ev6. D'autre part, le niveau de scolarit6 des immigrants par rapport aux non-immigrants constitue une autre caract6ristique importante, puisqu'elle d6termine en partie le capital humain des individus. Sur ce plan, non-immigrants et immigrants ne sem- blent passe distinguer.Toutefois, lorsque l'on d6taille les donn6es pour les trois r6gions m6tropolitaines, Toronto se d6marque des deux autres par un niveau de scolarit6 sup6rieur pour les non-immigrants. Cette sp6cificit6 de Toronto s'explique sans doute en partie par la proportion 61ev6e d'immi- grants qu'elle accueille depuis plusieurs d6cennies, ce qui accrolt la diver- sit6 interne de sa population, et par le fait que l'6conomie de cette ville con- centre de nombreuses entreprises et activit6s dans le domaine des services sup6rieurs, ce qui se traduit par une structure d'emplois qualifi6e (Ley, 1999). Soulignons 6galement que le niveau de scolarit6 des immigrants augmente au sein des cohortes les plus r6centes, confirmant les obser- vations produites par des travaux ant6rieurs (Aydemir & Skuterud, 2004; Reitz, 2001).

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DIFFERENCE DANS LA QOAL1TE DE LOGEMENT

R6sultats et d i scuss ions

Estimations de la qualitd de logement Le nombre de pi6ces par personne a 6t6 estim6 ~ partir des donn6es indi- viduelles de 1996 et 2001 pour les trois r6gions m6tropolitaines. Les r6sul- tats de l'estimation sont pr6sent6s dans le tableau 2.

Ufige accroit le nombre de pi6ces par personne. Cette relation con- dense fi la fois l'effet de l'accession ~un logement de meilleure qualit6 avec l'~ge et le fait que la taille du m6nage a tendance/t se r6duire au fil du pas- sage d'une 6tape ~ l'autre du cycle de vie. Le genre de m6nage a 6galement un effet sur le nombre de pi6ces par personne, celui-ci approximant la taille des m6nages. Plus la taille des m6nages s'accroit, plus le nombre de pi6ces par personne diminue. Les variables li6es/~ la position sociale intervien- nent clans la d6termination de la qualit6 de logement, comme l'indiquent d'autres enquires men6es au Canada, la qualit6 de logement et de voisi- nage ayant tendance/~ progresser avec le niveau de revenu (Peters, 2002). La maitrise des langues officielles a ainsi un r61e positif sur le nombre de pi6ces par personne, cet effet 6tant constant dans le temps et plus impor- tant pour les individus se d6clarant bilingues. De m6me, l'emploi et le tra- vail autonome ont un effet positif quant ~ la taille relative du logement. En revanche, le rendement du capital humain appara~t diff6renci6, puisque le nombre d'ann6es d'6tudes b6n6ficie moins aux immigrants qu'aux non- immigrants.

Les variables reli6es /~ l'immigration ont 6galement un effet sur la qualit6 de logement. Les individus originaires de certaines r6gions de nais- sance apparaissent en effet p6nalis6s par rapport ~ la population non- immigrante. I1 s'agit par exemple des individus en provenance de l'Asie occidentale et centrale ou du Moyen-Orient, de l'Asie m6ridionale, des Philippines ou du Vietnam, de l'Afrique orientale ou d'autres pays d'Afrique, de l'Am6rique centrale ou du Sud ou des Caralbes et Bermudes. Uann6e d'immigration produit 6galement un impact sur la qualit6 de logement, les immigrants semblant r6duire l'6cart avec les non-immigrants au fil de l'al- longement de la p6riode d'installation.

D&omposition des dcarts Les estimations individuelles effectudes ci-dessus nous permettent de d6- composer les 6carts observ6s entre non-immigrants et immigrants quant la qualit6 de logement, le mod61e tenant compte de l 'ensemble des vari- ables introduites dans les r6gressions. Les tableaux 3 et 4 pr6sentent l 'ensemble des r6sultats pour 1996 et 2001, le premier tableau les distin-

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guant selon le sexe, le deuxi6me pour les trois r6gions m6tropolitaines. Les 6carts sont mesur6s par deux indicateurs. Le premier, appel6 ratio, est le r6- sultat du rapport entre le nombre moyen de pi6ces par personne pour les non-immigrants et pour les immigrants : plus il est 61ev6, plus l'6cart est important et l'avantage des non-immigrants important. Le deuxi6me est un pourcentage qui exprime la part non expliqu6e de l'6cart : plus il s'ac- crok--il n 'y a pas de maximum--plus la part inexpliqu6e ou inobserv6e de l'6cart entre immigrants et non-immigrants est importante, Toutefois, si l'interpr6tation de ce second indicateur est simple d 'un point de vue em- pirique, la prudence s'impose lorsque l'on passe au niveau de l'explication th6orique. En effet, si la part inexpliqu6e de l'6cart est souvent consid6r6e comme donnant une bonne approximation de la discrimination, elle peut 6galement ~tre la cons6quence de variables inobserv6es, telles que, comme nous l'avons d6j~ pr6cis6, la connaissance du fonctionnement du march6 du logement, l'6tat du march6 du logement, la densit6 et la composition du r6seau social. Cependant, plusieurs travaux soulignent l'existence de processus d'insertion positifs pour plusieurs villes canadiennes, lesquels entra~nent souvent des effets positifs sur ces variables, ce qui permet aux immigrants de d6velopper des strat6gies d'6tablissement (Murdie, 2003; Ray, 1998; Renaud & Fortin, 2004). Autrement dit, les immigrants sere- blent 6tre en mesure de mobiliser plusieurs ressources lorsqu'ils s'instal- lent au Canada, tant au niveau individuel, 6tant donn6 le niveau plut6t 61ev6 de capital humain dont ils disposent, en particulier les immigrants r6cents en moyenne tr6s scolaris6s, qu'au niveau collectif par l'entremise de r6seaux d'6changes et de solidarit6. I1 s'agit alors d'6tre attentif aux 6ventuels facteurs qui pourraient ralentir leur int6gration ~ la soci6t6 d'ac- cueil en rendant difficile, h ressources 6gales, la transformation de ces res- sources en positions sociales et r6sidentielles avantageuses, ou au moins comparables ~ celles des non-immigrants.

Les r6sultats du tableau 3 indiquent d'abord que la part inexpliqu6e des 6carts entre les deux populations a diminu6 pour I'ensemble des trois r6gions m6tropolitaines entre 1996 et 2001, tant pour les hommes que pour les femmes, alors que le ratio entre les deux populations est rest6 sta- ble et ~ l'avantage des non-immigrants. Cette tendance globale masque cependant des diff6rences entre les trois r6gions m6tropolitaines. Alors que la part inexpliqu6e de l'6cart a eu tendance ~ se r6duire 5 Toronto et Vancouver, elle a augment6 ~ Montr6al entre 1996 et 2001, en particulier pour les femmes. Ces r6sultats confirment la tendance r6cemment enreg- istr6e dans cette ville quant 5 un accroissement de l'6cart dans les condi- tions de logement des non-immigrants et des immigrants, en particulier

154 ,lournal oflnternationaI Migration and Integration

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DIFFERENCE DANS LA QUALITE DE LOGEMENT

ceux arriv6s r6cemment. Alors que les immigrations anciennes ont connu une insertion r6sidentielle relativement favorable (McNicoll, 1993), il sem- ble de plus en plus 6vident que les nouveaux venus rencontrent des diffi- cult6s accrues pour acc6der 5 la propri6t6 et pour b6n6ficier de conditions de logement comparables 5 celles des non-immigrants (Haan, 2005; S6guin, Rose, & Mongeau, 2003). Cette 6volution a encore peu fait l'objet de tenta- rives d'explication. I1 est cependant possible de relever plusieurs facteurs qui ont pu y contribuer. Le march6 du logement montr6alais a enregistr6 de profondes transformations 5 partir du milieu des ann6es 1990, les taux d'inoccupation chutant drastiquement et les prix et les loyers ayant ten- dance ~ augmenter [21. Les sources de l'immigration se sont 6galement di- versifi6es au cours des trois derni6res d6cennies (Germain, 1997), accrois- sant la diversit6 ethnique de la population et les d6fis d'adaptation que cette 6volution suppose dans le domaine du logement (Ledoyen, 2004). Enfin, une croissance 6conomique soutenue a entrMn6 la demande de lo- gements fi la hausse et accru le niveau de la concurrence entre m6nages sur le march6 r6sidentiel priv6 (Thibodeau, 2003). Ces diff6rents facteurs peu- vent avoir accru les sources n6gatives de la diff6rence dans les m6canismes d'allocation des ressources sur le march6 du logement, les m6nages immi- grants s'y heurtant fi des barribres plus importantes que par le pass6 dans un contexte o6 le d6s6quilibre entre la demande et l'offre de logement p6- nalise les m6nages les plus faibles ou mal ins6r6s aux r6seaux sociaux lo- caux, dont les immigrants r6cents font souvent partie (PRI, 2005).

La comparaison entre sexes indique que les 6carts inexpliqu6s sem- blent plus importants au sein de la population masculine. Les 6carts vari- ent cependant entre r6gions m6tropolitaines. Ainsi, Montr6al apparait clairement comme la ville or) les 6carts entre sexes sont les plus importants et les plus stables dans le temps, Vancouver comme celle o~l les 6carts entre sexes se sont r6duits entre les deux p6riodes d'observation, et Toronto comme celle oh les 6carts entre sexes se sont accrus. I1 existe peu d'en- qu6tes qui expliqueraient la diff6rence observ6e entre hommes et femmes, ou pourquoi celle-ci est plus importante fi Montr6al. N6anmoins, il est possible d'avancer l'hypoth6se que cette diff6rence est en partie reli6e au diff6rentiel d'esp6rance de vie entre les deux sexes : les femmes vivant plus longtemps que les hommes, elles connaissent 6galement un taux de veu- vage plus 61ev6, ce qui est le cas pour la population immigrante au Canada (d'apr6s les microdonn6es, 9,2 % des femmes immigrantes sont veuves en 2001 pour seulement 2,0 % de veufs chez les hommes), et occupent sans doute plus souvent seules leur logement. Toutefois, comme l'analyse con- trhle l'fige, le genre de m6nage--mais pas la situation familiale des r6pon-

Revue de l ' integration et de la migrat ion internationale 155

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dants ~ laque]le est li6e la cat6gorie du veuvage--des attributs individuels li6s ~ l '6ducation et au niveau socio6conomique, il est 6galement possible d'avancer l 'hypoth6se qu'il existe un effet propre au sexe sur la qualit6 de logement en relation avec des pr6jug6s ou attitudes n6gatives ~ l'6gard de l ' immigration masculine ou, plus globalement, des hommes sur le march6 du logement (Murdie, 2002, 2003). Les taux de difference observ6s selon la r6gion de naissance en 2001 renforcent cette hypoth6se. En effet, lorsque l 'on compare les femmes et les hommes selon leur r6gion de naissance, les r6sultats montrent que les hommes dont l'origine laisse supposer qu'ils appart iennent 6galement ~ une minorit6 visible enregistrent des taux de difference significativement plus 61ev6s que les femmes de la m~me orig- ine. I1 n'est en revanche pas simple d'expliciter la particularit6 montr6alaise ; une piste d'explication se trouve peut-6tre au niveau de la composition de sa population immigrante, avec une large proportion de celle-ci provenant de r6gions dont les taux de diff6rence sont 61ev6s.

Pour avancer sur cette derni6re question, il s'agit de comparer les trois r6gions m6tropolitaines entre elles. C'est ce que permet de faire le tableau 4 qui reprend les r6sultats de la d6composition des 6carts pour les trois r6- gions m6tropolitaines en 1996 et 2001 selon la r6gion de naissance et Fan- n6e d'immigration. Au regard des r6sultats, il semble que l 'on puisse parler d 'une certaine convergence des trois situations entre les deux recense- ments, les parts inexpliqu6es des 6carts dans la qualit6 de logement entre non-immigrants et immigrants se rapprochant en 2001 pour les trois r6- gions m6tropolitaines, alors que Toronto et Vancouver pr6sentaient des taux de diff6rence sup6rieurs ~ Montr6al en 1996. Quant aux ratios, pour Toronto et Vancouver l 'on enregistre des r6sultats tr6s proches, alors que le ratio est plus faible ~ Montr6al.

Au niveau de l'6volution dans le temps selon la r6gion de naissance compar6e ~ la population non-immigrante, Toronto pr6sente le profil le plus stable, alors que Vancouver enregistre un glissement des taux de dif- f6rence les plus 61ev6s des populations originaires de diff6rentes r6gions de l'Asie par rapport ~ celles originaires de diff6rentes r6gions de l'Afrique. Montr6al est caract6ris6e, pour sa part, par des taux 61ev6s de diff6rence pour les populations africaines, taux qui se maintiennent entre les deux recense- ments, et par une dispersion de la diff6rence totale entre non-immigrants et immigrants sur un hombre accru d'origines en 2001. Quant ~ la structure de la diff6rence selon la r6gion de naissance, les trois r6gions m6tropolitaines partagent de nombreuses ressemblances. Ainsi, dans les trois villes, ce sont les populations originaires d'Afrique orientale et d'autres pays d'Afrique, d'Am6rique centrale ou du Sud ou des Caral~es et Bermudes, des Philip-

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DIFFERENCE DANS LA QUALFFE DE LOGEMENT

pines, de l'Asie occidentale et centrale ou du Moyen-Orient, ainsi que de diff6rents pays de l'Asie du Sud et du Sud-Est, qui vivent la diff6rence la plus importante avec les non-immigrants quant ~ la qualit6 de logement.

En ce qui concerne l'ann6e d'immigration, les r6sultats que nous obtenons ne sont pas aussi clairs que ceux que nous obtenions lors de l'es- timation du nombre de pi6ces par personne--cf, tableau 2, signalons toute- fois que ce dernier tableau incluait les indMdus dont l'immigration 6tait an- t6rieure 51986; il n'a pas 6t6 possible d'en faire autant pour le tableau 4, les r6sultats obtenus apparaissant en effet aberrants et ininterpr6tables en rai- son de la taille r6duite de ces populations. Les r6sultats du tableau 4 in- diquent l'existence de variation d'une ann6e ~ l'autre dans la diff6rence entre immigrants et non-immigrants, l'6volution totale allant cependant vers une r6duction de la part inexpliqu6e de la qualit6 de logement au fur et 5 mesure que s'allonge la p6riode d'installation dans l 'une des trois grandes m6tropoles canadiennes. Pour rendre cette tendance plus lisible, le graphique i reprend les r6sultats du tableau 4 pour l'ann6e d'immigration. I1 montre bien qu'il existe des variations significatives d'une cohorte l'autre d'immigrants, les plus anciennes semblant cependant plus favoris6s que les plus r6centes, en particulier 5 Montr6al oh les immigrants r6cents semblent connaitre les 6volutions les plus n6gatives du ph6nom6ne.

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Les 6carts entre groupes d'fige permettent 6galement d'identifier un effet sur la qualit6 de logement des immigrants. U6cart entre non-immi- grants et immigrants a tendance 5 se r6duire avec l'g~ge. Notons cependant que cet effet est plus marqu6 au sein de la population f6minine que de la population masculine, confirmant une interaction possible entre l'$ge et le sexe quant 5 la qualit6 de logement. La tendance 5 la r6duction de l'6cart dans la qualit6 de logement traduit aussi une relation possible entre l'al- longement de la p6riode de r6sidence des immigrants et l'am61ioration de leurs conditions de logement, les immigrants accumulant du capital hu- main, des informations pratiques sur le fonctionnement du march6 du lo- gement et des ressources financi6res.

Au total, il semble que la qualit6 de logement des immigrants soit in- fluenc6e par plusieurs facteurs. De toute 6vidence, la r6gion de naissance des immigrants a un impact sur la diff6rence dans la qualit6 de logement par rapport ~ l 'ensemble de la population, les immigrants originaires de certaines r6gions du monde, telles que l'Afrique, une partie de l'Asie du Sud et du Sud-Est, l'Am6rique centrale et du Sud ou les Carai"oes et Ber- mudes, ainsi que de l'Asie centrale et orientale ou du Moyen-Orient, appa- raissent plus expos6s 5 la diff6rence que les autres immigrants originaires d'autres r6gions, comme l'Europe ou l'Am6rique du Nord dont les ressor- tissants connaissent au contraire un sort favorable quant 5 la qualit6 de logement par rapport aux non-immigrants. La qualit6 de logement se hi6rarchise alors le long d'une ligne de partage ethnique, tout comme l'ac- c6s/~ l'emploi et les gains socio6conomiques reli6s au travail (Pendakur & Pendakur, 1996; Swidinsky & Swidinsky, 2002). De toute 6vidence aussi, l'6volution du march6 du logement a un effet sur l'acc6s 5 un logement de qualit6 pour les nouveaux arrivants. La r6duction des 6carts entre Montr6al et les deux autres grandes m6tropoles canadiennes qui accueillent actuelle- ment de nombreux immigrants et les tendances enregistr6es pour la vari- able de l'ann6e d'immigration en sont de bons indicateurs. Montr6al a en effet connu une 6volution significative de son march6 du logement, l'ex- ception qu'il repr6sentait en termes de taux d'inoccupation---comparative- ment tr6s 61ev6s--et de prix--relativement bas--s 'estompant. Montr6al enregistre 6galement une augmentation significative du taux de diff6rence pour les cohortes les plus r6centes d'immigrants, alors que les 6tudes disponibles sur l'insertion 6conomique des nouveaux arrivants concluent 5 leur r6ussite dans ce domaine (Godin, 2004; Renaud et al., 2001). Les nou- veaux arrivants 6prouvent alors vraisemblablement des difficult6s accrues 5 transformer leurs gains 6conomiques en positions r6sidentielles avan-

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DIFFERENCE DANS LA QUALITE DE LOGEMENT

tageuses en raison des changements enregistr6s sur le march~ du loge- ment ou de barri~res devenues plus difficiles ~ ffanchir pour y acceder.

Sources de la diffdrence En derni~re analyse, il reste ~ identifier quelles sont les sources de la dif- f6rence entre immigrants et non-immigrants, soit les avantages et les d6savantages que les uns et les autres ont par rapport h la qualit6 des loge- ments qu'ils occupent.

Pour ce faire, nous avons produit une analyse qui, en repartant des es- timations individuelles, d6compose les sources de la diff6rence dans deux situations : la premiere en tenant compte de celle-ci--c'est-~-dire les ren- dements diff6rents des attributs individuels sur le march6 du logement pour les immigrants et les non-immigrants--e t la deuxi~me en l'61udant-- c'est-~-dire en simulant ~ partir de l'6quation pour les non-immigrants le rendement attendu des attributs individuels des immigrants. Les r6sultats sont repris dans le tableau 5.

Lorsque nous nous reportons ~ la partie gauche du tableau, c'est-h- dire en pr6sence de diff6rence entre les deux populations, la premiere con- statation est que les non-immigrants poss~dent un large avantage par rapport aux immigrants, du seul fait d'Stre n6s au Canada, puisque l'effet constant est important, du moins en 1996. L'effet constant se r6duit en 2001 et devient m~me n6gatif pour les femmes. Autrement dit, ce r6sultat signifie que la situation initiale, c'est-~-dire le fair d'8tre n6 au Canada, peu importe la valeur des autres attributs individuels, fournit un avantage pour les non-immigrants. La deuxibme constatation que nous pouvons faire est que l'~ge offre un avantage aux immigrants par rapport aux non-immi- grants, le r6sultat de la d6composition 6rant n6gatif. Les immigrants com- posent en effet une population en moyenne plus ~g6e que celle des non- immigrants, ce qui lui permet 6ventuellement d'avoir accumul6 de l'6pargne, de l'exp6rience professionnelle et des contacts sociaux. Ces diff6rents 616- ments peuvent ensuite 8tre investis par les individus afin d'acc6der ~ un lo- gement de meilleure qualit6, sans oublier que l'insertion r~sidentielle des m6nages--acc~s h la propri6t6, am61ioration des conditions de logement � 9 fait en g6n6ral parall~lement aux 6tapes du cycle de vie (Clark & Dieleman, 1996; Dieleman, 2001). La troisi~me constatation que nous pou- vons faire h partir de la pattie gauche du tableau est que, malgr6 un niveau d'6ducation relativement comparable aux non-immigrants (voir tableau 1), les immigrants enregistrent un 16get d6savantage par rapport h ce facteur. Cette situation s'explique sans doute par le diff6rentiel de rendement de

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l'6ducation sup6rieure entre immigrants et non-immigrants, soit en raison d'une discrimination dont les premiers seraient victimes, soit ~ cause d'un degr6 insuffisant de transfert de leurs comp6tences entre leur pays d'orig- ine et la soci6t6 d'accueil. Au niveau du rendement du capital humain, en- core, la makrise des langues officielles et le fait de d6tenir un emploi ap- paraissent 6galement comme des facteurs qui expliquent une partie de la diff6rence entre non-immigrants et immigrants. I1 semble bien alors que c'est la transformation du capital humain d6tenu par les immigrants en positions r6sidentielles avantageuses qui pose probl6me. Enfin, le genre de m6nage constitue 6galement un facteur pour lequel les immigrants connaissent un d6savantage quant a la qualit6 de logement qu'ils peuvent atteindre.

La partie droite du tableau 5 montre, en l'absence de diff6rence entre les deux populations (c'est-~-dire lorsque l'on applique ~ l'ensemble des particuliers le r6gime de qualit6 de logement des non-immigrants), que les immigrants continuent ~ ~tre p6nalis6s sur le march6 du logement suivant certains attributs. Soulignons premi6rement que l'application du r6gime de logement des non-immigrants aux immigrants r6duit l'6cart absolu dans la qualit6 de logement entre les deux populations, les ratios diminu- ant significativement de la pattie gauche h la partie droite du tableau. Deuxi6mement, cette diff6rence dans la qualit6 de logement provient prin- cipalement de la variation qui existe dans les genres de m6nages entre les deux populations. Troisi6mement, l'emploi joue 6galement un r61e dans la constitution d'une diff6rence entre les deux populations, le fair de d6tenir un emploi 6tant un attribut qui d6savantage les immigrants. Quatri6me- ment, l'~ge constitue un avantage pour les immigrants, alors que la scolar- it6 procure seulement un tr6s faible avantage ~ l'immigration masculine.

En un mot, si l'on supprime la diff6rence entre les deux populations en leur appliquant h toutes les deux l'6quation de qualit6 de logement des non-immigrants, les immigrants seraient 16g6rement d6favoris6s--les ratios se rapprochent en effet de l 'unit6--quant au nombre de pi6ces par per- sonne auquel ils peuvent pr6tendre, et cela, principalement en raison du genre de m6nage auquel ils appartiennent et de leur propension sup6rieure

6tre sans emploi. I1 s'agit aussi cependant de nuancer ces r6sultats : les variations enregistr6es plus haut pour l'ann6e d'immigration montrent en effet que le niveau de scolarit6 a eu tendance ~ s'accroltre parmi les immi- grants r6cents. Uimpact n6gatif de celui-ci se r6duit donc fortement et il peut au contraire constitu6 aujourd'hui une source de la diff6rence. De m6me, le genre de m6nage peut 6galement 6tre reli6 5 la r6gion d'origine des immigrants, les structures familiales et les modes d'habitat pouvant varier d'une population ~ l'autre en raison de facteurs culturels sp6cifiques.

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Enfin, les r6sultats que nous obtenons confirment le fait que l'acc6s fi l 'em- ploi continue fi occuper une place importante dans l'insertion r6sidentielle des individus et des m6nages.

Conclusion

Les r6sultats de l'6tude indiquent qu'il existe une diff6rence dans la qualit6 de logement entre non-immigrants et immigrants dans les trois grandes r6gions m6tropolitaines du Canada, l'immigration constituant un d6sa- vantage pour les individus dans l'accession au logement. Cette premi6re constatation vient confirmer la pertinence d'un cadre th6orique oh l'int6- gration et la diff6rence sont pens6es comme des processus dialectiques et non en tant qu'6tats absolus. Les variations dans le rendement du niveau d'6ducation entre populations semblent confirmer les observations r6al- is6es pour le march6 du travail; les immigrants semblant 6prouver des dif- ficult6s fi transformer leur capital humain en positions socioprofession- nelles et r6sidentielles avantageuses.

Si la diff6rence entre immigrants et non-immigrants semble av6r6e, il n'est pas 6vident d 'en identifier les sources avec certitude. Cependant, il est vraisemblable, en consid6rant les r6sultats obtenus, qu'une partie de la diff6rence est due fi des difficult6s d'int6gration caus6es, pour une partie de la population migrante, par des processus de discrimination dont elle est victime sur le march6 du logement. C'est ce qui explique la structure des 6carts observ6s entre les diff6rentes r6gions d'origine, les taux de diff6rence s'accroissant avec la distance culturelle ou l 'appartenance des populations immigrantes fi une minorit6 visible. Aces premi6res causes s'ajoutent un ensemble de consid6rations propres aux circonstances sociales et person- nelles qui entourent le processus d'immigration, les situations v6cues dans les pays de d6part et d'arriv6e, ainsi que les motifs qui ont pouss6 les indi- vidus fi immigrer. Notons toutefois que seuls les immigrants europ6ens et nord-am6ricains connaissent une situation plus favorable que les non-im- migrants quant fi la qualit6 de logement, tousles autres groupes, quelles que soient leurs caract6ristiques, apparaissant d6savantag6s. Mais cette re- marque ne doit pas occulter non plus le fait qu'une partie de la diff6rence peut 6tre caus6e par une source positive, les immigrants choisissant de r6- duire leur consommation en logement pour la reporter sur une autre pr6f6rence. Enfin, il est clair 6galement que l'intensit6 de la diff6rence entre les trois r6gions m6tropolitaines semble se r6duire, le rapprochement de Montr6al des deux autres grandes m6tropoles expliquant cette conver- gence des situations.

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DIFFERENCE DANS LA QUALITE DE LOGEMENT

U6tude de la diff6rence dans la qualit6 de logement entre immigrants et non-immigrants soul6ve, en dernier lieu, des interrogations sur la ca- pacit6 des politiques de gestion de la diversit6 et du multiculturalisme h combattre les processus de discrimination et les in6galit6s sociales qui en r6sultent. Si le mod61e d'int6gration propos6 par le Canada est sans con- teste novateur et semble produire des r6sultats positifs lorsqu'il s'agit de susciter un sentiment d'appartenance politique et identitaire, il semble en- core manquer actuellement sa cible dans le registre de la lutte contre les in- 6galit6s, dont les politiques sociales et de logement constituent des outils importants et qui demandent encore ~ 6tre d6velopp6s. I1 s'agira donc d'6tre attentif h ces 616ments ~ l'avenir, la conjoncture tendue sur les march6s du logement des grandes m6tropoles ayant pour cons6quence d'accroitre les 6carts entre immigrants et non-immigrants. U6volution en- registr6e pour Montr6al entre 1996 et 2001 confirme cette tendance. I1 s'a- gira 6galement de promouvoir le d6veloppement d'enqu~tes sp6cifiques sur les conditions de logement des m6nages canadiens, lequel fait toujours d6faut ~ l'heure actuelle. Ce type d'enqu~tes devrait permettre fi la fois de mieux mesurer la qualit6 de logement en offrant une panoplie plus 6ten- due d'indicateurs et de mieux comprendre la diffdrence observ6e entre im- migrants et non-immigrants. En l'absence de celles-ci, il est en effet encore difficile, fi ce stade des recherches, de pr6ciser les processus qui s'opposent

l'int6gration, et que nous avons choisi de regrouper sous le terme neutre de diff6rence plut6t que de parler d'exclusion ou de discrimination.

R6f6rences bibl iographiques

Remerc i emen t s

Les auteurs t iennent ~i remercier les deux 6valuateurs anonymes pour leurs conseils et remarques. Ils nous ont permis de revoir la premi6re version de ce texte pour y apporter des am61iorations sig- nificatives.

Notes

1. Le nombre de pi6ces par personne peut paraitre un crit6re restrictif pour mesurer la qualit6 de logement. Nous sommes conscients de cette limite et c'est pour cette raison que nous le con- sid6rons comme un crit6re relatif de la qualit6 de logement. Nous convenons qu'il serait tr6s cer- tainement utile de tenir compte d'autres crit6res, tels que 1'6tat g6n6ral du logement, le type de lo- gement, la date de construction ou la surpopulation. Toutefois, en ce qui concerne le premier crit6re, il d6pend tr6s largement de l'appr6ciation subjective que les individus portent sur leur lo- gement. Il n 'est pas alors ais6 de distinguer ce que ce type d'indicateur mesure. L'appr6ciation que les individus portent sur leur logement peut en effet ~tre fortement influenc6e par leur trajectoire r6sidentielle ou par les comparaisons qu'ils 6tablissent avec leursproches ou leurs voisins. L'6tat du logement saisit alors moins l'6tat intrins6que de l 'habitat que l'e'cart r6el ou perCu qui peut exis- ter dans les conditions de logement des m6nages. En ce qui concerne les autres crit6res, les don-

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n6es disponibles au moment de la r6daction de notre 6tude ne nous permettaient pas de les utiliser. En effet, ils sont repris dans les fichiers de microdonn6es du recensement pour les m6- nages. Malheureusement, les informations obtenues aupr6s de Statistique Canada indiquent que le fichier des m6nages pour le recensement de 2001 sera seulement disponible en f6vrier 2006. Notons 6galement que le type de construction est tr6s certainement une variable importantepour la comparaison de la qualit6 de logement entre les villes, la structure du cadre b~ti variant de l 'une

l'autre. Sa manipulation n'est cependant pas sans risques, l~tant donn6 le d6coupage retenu par Statistique Canada, elle est en effet peu adapt6e 5 la r6alit6 montr6alaise et les efforts qui ont 6t6 entrepris r6cemment pour corriger cette anomalie ne se sont pas encore av6r6s concluants (5 ce sujet, voir : Statistique Canada, Logements, mdnages et co~ts d'habitation. Rapport technique du recensement de 2001, Num6ro 92-382-XIF au catalogue, Ottawa). Malgr6 ces limites, nous comp- tons bienpoursuivre nos travaux sur la qualit6 de logernent des immigrants en utilisant les fichiers de microdonn6es du recensementpour les m6nages, une fois que celui de 2001 aura 6t6 rendu disponible par Statistique Canada. Enfin, le crit6re que nous avons retenu ne prend pas en consid- 6ration i 'environnement urbain dans l'6valuation de la qualit6 de logement. Il ne nous 6tait cependant pas possible d'6valuer celui-ci a partir des microdonn6es, le recensement canadien ne comportant par ailleurs pas de questions sur la perception du quartier de r6sidence ou sur la qual- it6 des services/~ proximit6. L'int6gration de ces facteurs ~ l'analyse suppose le recours a des bases de donn6es plus d6taill6es au niveau de leur d6coupage g6ographique et 5. des techniques d'analyse spatiale. Le recours ~ ces techniques d6passe cependant le cadre de ce texte et, ~ l'avenir, des efforts seront entrepris ~ l'aide d'autres bases de donn6es pour mieux documenter cette di- mension de la qualit6 de logement.

2. Ces commentaires reposent sur les donn6esproduites par la SCHL : SCHL, L'observateur du logement au Canada--Tableau de synthbse, SCHL, Ottawa, 2004 (cette brochure est disponible en ligne sur le site de la SCHL : http:/lwww.cmhc-schl.gc.ca/fr/index.cfm).

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