Discours de la méthode

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    DESCARTESDISCOURS DELANETHODE~CLASSIQUES ILLUSTRES VAUBOURDOLt:E

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    DESCARTES

    jiI)ISC 0 U R S . - .DE-.. , ". ~, .

    : " . \ . - . - : < - -t~:tAMETHODE.AVEC UNB NOTICB BIOG_RAPHIQUE, UNB NOTICBPHI LOSOPHIQUE., DES NOTES EXPLICATIVES, DESDOCU.ME.NTS,DBS .QUESTIONS ET DES SUJETSDEDISSERTATION, PAR M. ROBERT DBRATHE, ~GREGB

    D~ PHILOSOPHIB- . _ , _

    . ..'.- . "'-. .~~~, ... .- _ ..

    CLASSIQU'ES ILLUSTRES V AUBOUR..DOLLELIBRAIRIE HACHETTE7':). BOULBVAllD SAINT.Gll&.MAIN. P'Aa.IS

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    NOTICE .SUR DE,SCARTES .,'. . . . . . . .:~ -~' -= ~ ':..."" ." . : r _- - ... ", -._ ;,. -.i-I ..: E - : ' - -NFANCE 'ET JEUNESSE. ,__: t~e le 31 mars 1596 au village de? ' " ' ' ; ~ . ~l~ H.aye , en T?uraine1 Rene De.~c.artesa.ppa~tenait a U:t1f5.;.. - .....farnille de petlte noblesse, dJorrgrne portevme .. De 1606

    1 1 . : r6~4 il fut I'eleve des Jesuites au college de la Fleche, puis iletuQiaJe- droit et la medecine a I'Llniversite de Poitiers a u il futF recu bachelier et licencie en droit les 9 et 10 novernbre 1616. Ses1'lkudes- terminees, il ernploya, -co~mmec'etait I'usage nlors, "Ie. te;t~,q~sa jeunesse a . voyager, a voir des cours et.~des arrnees ".'~~~e~detallde ccs voyagesne nous est pas connu, mats nous savons. 'q -U !'e n 1618 Descartes s'engagea comme volontaire dans I'armee _,;d~Mllurice de Nassau. 11n'eut pas scrupule a combattre SOllS lesordres d'un prince protestant et se 'vanta meme pl us tard d'avoir

    ~'i ..~r.. .... Ies arrnes centre I'inquisition d'Espagne.L'evenement important de cette periode pour I'evolution intel-le:etueile- de Descartes 'eSt sa rencontre :en Hollande avec Isaac13:,eeck 'man (1618). Apres .avoir terrnine ses etudes, Descartes a:ffav:~r-se une crise de scepticisme et s'est surtout interesse' aux ..scrcrlc.!es appliquees. CJeSt sous I'influcnce d'Isaac Beeckman .qu'ilreviendra aux speculations theoriques, specialement a l'etude des .1t-1e:ca,niques et de la geom etr ie .. ;;2. LA DECOUVERTE DU 10 NOVE11:BRE 1619 ET LES A.NNEES DEVOYA6 : _E9 -_ 'Le to novembre 1619 est unedate memorable dansIa viede Descartes, La rnauvaise saison amenait touj ours pour lesanriees de --ce temps-Is -unesuspensiorr des hostilites .et Descartesesretait retire dans un petit village d' Al1emagne pour Y: pass:erI'hiver. Pendant la nuit du 10 novembre r619, comme HIe note[ui-rrrerne dans. son journal, il decouvrit les fondements d'une~Scien\je admirable. Descartes ne dit pas quelle est cette science ..~M~is certains textes de Descartes permettent de supposer. qu'ildec:ouv..r i t d'abord une methode pour resoudre tous Ies problemes~de geom.etrie et que, generalisant cette decouverte, il pensa qut;eette methode pouvait s'appliqder a routes les choses susceptibles" d - 1 e t r e _ connues. IIapercut que les connaissances humaines peuvent .sededuire les unes des autres exacternent cornme Ies propositionsse deduisent les unes des- autres dans une demonstration geome -: t . f i t f . l : l t ; :Des~ lors chaque science particuliere cesse d 'etreun domaine'~,6pa!.~,mais toutes les sciencesensemble forrnent veritablement~f,'l~-C0tP~",etl=devlent.,-possible a un seul homrne, en,p~s-sant:d'un:e,-,

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    6 DISCOURS.DB LA METiIoDE., v e r i t e a une autre, de parvenir a un savoir universe], Cette decou-,verte remplit Descartes~'enthousiasme et s'ac.compagne de 1 ' 1 \ 1 - 'sieurs songes. Descartes se croit designe par Dieu pour consti-; tuer ce savoir universeI, et fait Ie vceu d' aIler en pelerinage aNotre-Dame de Lorette. X partir de ce jour, sa vocation 'philo- '.sophique est f ixee , mais au lieu de se consacrer immediatement .et entierement a son ceuvre scientifique, ilredige seulement sa __-geometrie et seremet a voyager. II voyageaainsi pendant neuf.ans j?squ'a? .jour bu, s.e sen,tan~.enfin mfrr pour realiser sondessein, ildecida de se retirer definitt vement en Hollande (automne16%8). .

    5 0 LA RETRAITB DEFINITIVE EN HOLI!,ANDE : PREPARATION BT -'.PUBLICATION DES GRANDS OUVRAGES (162.8-1649). - Descartess'ihstalle en Hol1ande pour pouvoir travailler en paix,a l'abri des -f a cneux , et peut-etre aussi des persecutions, II redige d' abord s a . .-metaphysique (1'elaboration de ses idees meta physiques remonte.done it 1629, Descartes les resumera en 1637 dans le D iscosrs -." maisatten?ra ,1641 ,pou~ en publier I'expose compIet) = .secoft~..sacre ensuite a la redaction d'un grand ouvrage de physlque,U',.Monie .O N Traiti de / f t ~Ul1liere. II y travaille plusieurs annees. et,ail moment OU l'ouvrage s'acheve, en 1633, Descartes apprend -gue Galilee a e t e condamne par l'inquisition pour avoir soutenu-le mouvement de la terre. Descartes considere ce r te veritecemme'Iiee a tou t son s YStem e : ildecide de ne pas publierson Traiteetle laisse inacheve, . :, ',Cette decision de Descartes .s'explique aisement. L'enseigne-'mentetaitalors aux mains de l'Eglise et Descartes avait I'ambitioad e voir un jour sa philosophie enseignee dans les Universites et'les ecolesvLa prudence lui conseillait done de ne pas se,poser enadversaire de l'Eglise et d'attendre un moment plus favorable

    ,. .pour publier sa physique. II va d' .ailleurs employer les anneesqui:,.vont suivre a faire connaitre ses idees , a en rendre possible Is .publication et a en assurer le s u c c e s .II n'a pas d'autre but en 163 7 lors~u'il publie " en langue vul-'gaire "Ie Discosrs de la kllthodt.11 s adresse alors au public cul-tive, lui donne un aper9u de sa philosophic et quelques echantil-Ions de ses decouvertes scientifiques. "Cette premiere tentative n'ayant pas reussi, Descartes change ..de tactique et se tourne vers Jes theologiens, parmi lesquels Ilcompte' quelques, amis, II redige en latin un expose complet de sametaphysique avec .l'espoir qu'elle r~cevra l'~pp!obation_,,-?esdodeurs de Sorbonne. Commesaphysique sededwt de sa meta- .physique, Desca~e s pens~, e n faisant approuver s a , metap~ysiq':lepar lestheologlens, assurer .le _".suc~,. d~~.$,a.philosophie tout

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    -. ~, ., > : , .entiere, Les Mlditations fIIcfflphysiqll8! paraissent en 1641. Riles.':" ,-soot dediees a la Faculte de theologie id e Paris, mais celle-ci-~n'~ccorda pas I'approbarion que Descartes avair esperee.---- - -~Cet e.ch~c ne decouragea pas Descar~~s. 11esperai tque le ?onseas finirait Rar I'emporter sur la tradition et qu'unjour vien-drait ou sa philosophie remplacerait dans l'enseignementcelled'Aristote. C'est pourquoi, en 1644, ilpublia, en latin, les Principes :J e . ' ,Ia P hi/()sophie, qui sC;>~tun expo~e scola~re deso~ sy~eme. Pourbien montrer la faussete de la philosophie scolastique, Descartes.avait 'd'abord songe a loindre a I'expose de ses principes des, extraits d'un manuel sco astique.mais, a la reflexion, ilabandonnace projetqui risquait de mecontenter inutilement les theologiens," Cependant Descartes comprit qu'il trouverait plus de parti-_.sans parmi les U honneres gens" ~ue parmi les ' dodes ", peuenclins a accueillir les Idees nouvelles. "Ce~x qui ont le mains_,..appris de tout ce qui a ete nomme [usqu'ici philosophic sont lesplus, capables- -d'apprendre la vraie", ecrit-il en 1647. dans Ia

    , P rlfa ce qui precede la traduction francaise des Princifies. II renonead e s lars a faire approuvel! immcdiaremenr sa philosophie par lestheologienset chercha plutot a la faire connaitre aux gens durnonde. C'eft dans cette intention, semble-t-il, qu'en 1647 il'fitparaitre la traduction francaise des Meaitat ioss et celle des Pris-. cip's de la Philosophil . II ecrivit pour cette derniere une impor .. ,.', "tante Prlface qui ne laisse aucun doute sur l'orientation nouvelle" d e s a pensee, En Jb49, par -u t Ie Trait! des Passions de l' a m e que -'" :,:JJescartes ecrivit sur la demande de la princesse Elisabeth avec'.. _ .laquelle 11 entretenait depuis 1643 une abondante correspon-. .dance, Cette correspondance et Ie Trait! des Pass ions contiennent.tout ceque no~s savons sur Ia morale definitive de Descartes.

    - _ 4 . VOYAGE- EN S U E D E . ET MORT DE DESCARTES. - En 1649, la._eine Christine offre a Descartes de venir a sa cour. Descarteshesite mais, finit par accepter. II tornbe malade peu apres son arri-. : ' .v e e en Suede et rneurt a Stockholm, le I1fevries 1650, a g e de cin----quante-trois ans, dix mois, onze jours, .

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    NOTICE SUR LE DISCOURS DE LA IvfETHODE- L E Discours de fa !v[ithode fut publie sans nom d'auteur, iLeyde, en 1637. En realite, ~il servait de preface a trois- traites scientifiques, I'un de rnathematiqiies, fa Geometric,et les deux autres de physique, fa Dioptrique et les Me/eores .L' ouvrage complet portait Ie titre suivant : Discours d e /0 A t f i t h - o d epour bien conduire sa raison et cbercben fa verite dans les s c i e n c e s " Plusia D iop trique, les IvIellores et fa Giomctrie, qui son! des essais de cettemethode .1. BUT DE L'OUVRAGE. - Pour comprendre le but que se pro ...

    pose Descartes en publiant le Discours de fa lvli/hode, il faut lirela sixieme partie ou Descartes expose Ies raisons qui I'ont fait, .ecnre.En 1637 Descartes a quarante et un ans. 11est depuis longtempsen possession de sa methode et de son sysreme. Son eeuvre scien-tifique est considerable : c' est pendant l'hiver 1619-1620 qu'ilinventa sa geometrie, et ses recherches en ootique sont anterieuresa 1629- II a en outre redige un traite de fa Methode (les R e g J e spour la D irection de I ' Esprit, vraisemblablernent cornposees en 1628)et une premiere ebauche de sa metaphysique (1629) .. Mais sonoeuvre est restee inedite et le Discours de la lvletbotle est le premierouvrage qu'll publie.Pendant longtemps, Descartes s'eSt abstenu de publier sesdecouvertes de peur de compromettre sa tache de savant. II n'aaucune inclination pour Ie metier de " faiseur de livres net tientplus a son repos qu'a la gloire. Sans avoir rien publie, ils'est'd'ailleurs acquis une reputation assez grande pour qu'elle luiattire des ennuis et lui devienne importune. Il fut meme sur Iepoint de prendre la resolution de ne laisser -paraitre de son vivantaucun de ses ecrits " afin, nous it-il lui-merne dans Ie Discours-,que ni Ies oppositions et controverses, auxquelles ils seraientpeut-etre sujets, ni meme la reputation telle qu'elle, qu'ils mepourraient acquerir, ne me donnassent.aucune occasion de perdreIe temps que j'ai de~sein d'employ~~ ~ m'inStr~ir~". S'instruire, .aval1cer, en.la conr:alssance. de la. verite, telle a ere ~pend~nt long-temps 1 llnlque preoccupation de Descartes et la tache a laquelleila decide de consacrer toute sa vie. " Je ne pouvais mieux, ecrit-ilI. Sixieme partie, p. 72.

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    ' . _ ~ n c ~ r ~dans .le Diseours, que d'ernployer toute rna vie a cultiver~o ~~~a_raison, et m'avancer, autant que je -pourrais, en .la connais-'_~~-2ncee la verite, suivant la methode que je m'etais prescrite. " Et il-,~:.~J()ute : " JJavais eprouve de si 'extremes contentements, depuis,,'que ['avais commence a me servir de cette methode, que je ne croyais,:>pa.,squ'on put en recevoir de plus doux, ni de plus innocents"_encette vie; et decouvrant tous 1es jours par son moyen quelques: -~,veri tes , qui .me semblaient assez importantes et communernent__igllorees des autres hommes, la satisfaction que j'en avais remplissait,,~e11ement mon esprit que tout le reste ne me touchait point. "',Cette confidence nous fait mieux comprendre la solitude volon-- taire de Descartes. Rien n'egale pour lui.les plaisirs de I'erude et il.: trouvedans la recherche de la verite une satisfaction telle qu'll:' --et _pret a lui sacrifier la richesse, 1es h0l ! -0eurs et ~eme Ia g!o i re .- --, Tant ~ue ses recherches se sont bornees aux SCiences specula-, - .tives et a Ja morale, Descartes n' a rien public. II ne veut pas, ;~prendre part aux controverses qui divisent les savants, et s'il a" form u !e quelqu s preceptes ~e mor~le,.c'est pour re~ler sa pr?pre, .conduite, II n'a nullernent, n'etant ru prince ru prophete, I'arnbition.: ',de devenir un reformateur social. Descartes ne croit d'ailleurs pas, :'R:.l'utilite 'des reformes sociales et ilpartage sur ce point Ie sce~,>ticistne de Montaigne. Si I'humanite peut un jour devenir plus, .'heureuse, ce sera grace a des inventions qui transformeront ses,conditions' rnarerielles d'existence, et Descartes, apres avoir decou-' ,vert sa: physique, crut la science capable (Ie realiser cette transfer- -,':_riiation. II avail conscience qu'une conception nouvelle de la,s'cience etait Iiee a la decouverte de sa physique. Tandis que Ies_ anciens voyaient dans la science une pure contemplation de la-'verite, entierement diStinae de la pratique des metiers, et que les'- magiciens du moyen age cherchaient vainement dans les sciences.occultes des recettes pour dominer la nature, Descartes a comprisqu~ la vraie science pouvai t conduire a des connaissances " fort, ' utiles a la vie" et que les arts pouvaient pro liter des decouvertes.:"des savants. La physique, une fois debarrassee des faux );>rincipes_ et devenue entierement mecaniste, doit servir de guide a 1Industrie. ,"et a la medecine. Ainsi Ie progres des arts depend de celui des"sciences, et I'une des fonctions de la science, c' eSt [ustement,.:__omme l'avait deja dit Bacon, et le repetera plus tard Auguste':_Comte, ,de permettre a I'homme d'agir sur la nature.'~ '. Descartes fut done persuade que sa physique pouvait etre la '"source d'une foule d'inventions bienfaisantes. Des .Iors, i1 ne~

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    - ta l detousIes hommesi ". C'e~ pourquoi i1 s'imposa la t~che-.derediger son lvlonde ou Trail' de la Lumie,.,. II avait de ja remis .son manuscrit a I'imprimeur quand survint Ia condamnation 'd eGalilee (I633~. Le mouvement de la terre faisait partie du sy~emede Descartes et ilne pouvait I'en detacher sans ruiner I 'edif icetout ehtier, Descartes s'abstint doncdepublier sa physique. Maisilne pouvait 5'agir d'une resolution definitive et Descartes con...servait l'espoir de voir un jour sa physique remplacer 'celled' Aristote qu'on enseignait touiours dans les ecoles. II cherchadone un moyen de faire connaitre son ceuvre au public et de mon-trer a ses contemporains combien il importait que ses principesfussent prefe res a ceux des anciens. Mais iIne pouvait publier sapHy:siquesans s e:xposer a des pelemiques et peut-etre meme a despersecutions, et sans do ute se serait-il resigne a laisser, comme fera..plus tard Spinoza, son ceuvre inedite; si une autre raison ne I'avaitdecide it reveler ses travaux au public. II avait besoin pour con..tinuer son ceuvre de physicien, en particulier pour ses etudes demedecine, de faire des .experiences .qui exigeaient de grossesdepenses, II se voit done contraint, s'll veut achever son ceuvrescientifique, de faire appel aux pouvoirs publics et de leur deman- -der des subsid s.Q tenir d~ I'Etat des credits elltvue de faire des'experiences, et rendre possible dans un avenir tres prochain Iapublication de sa physique, tel est Clone.le double but que Des cartes se propose en publiant le Discours de la Me/hode et quel .ques-unes de ses decouvertes scientifiques, .. - . .De 1633, date de la condamnation de Gal i1ee,a 1637, date dela publication du DisCOIlf!.S, Descartes fut partage entre le devoirde faire connaitre sa physique et: la crainte d' entrer en conflitavec l'Eglise : Ie D iscoa rs de la Methode met fin a cette longue criseInterieure, ei un grand espojr s'y exprime. C et espoir sera deeu- et, dix ans plus tard Descartes, faute de pouvoir faire les expe.. -,riences dont ila besoin pour, acnever son ceuvre scientifique,renoncera a devenir un bienfaiteur de I'Iiumanite, et, retrouvantsa solitude, se resignera a n'erudier que pour lui-meme, Dans laPreface qu'il ecrivit en 1647 pour la traduction francaise desP rincipes de Ja Pbilosopbie, ilrappelle que" pour donner aux hommes .un corps de philosophie tout entier " il~esoin de faire un grand .nombre d'experiencer;, et il ajoute non sans amertume : " Mais.voyant qu'il faudraij pour cela de grandes depenses auxqueiles.,un particulier comme moi ne saurait suffire a'il n'etait aide par Iepublic, et ne voyant pas que [e doive attendre cetteaide, je crois> ,.devoir dorenavant me contenter d'etudier pour mcninstruction" ...,1. Discours, sixieme partie, p. 69. .- ~-:

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    NOTICB. '.it-particuliere, et que la poterite m' excusera si je manque a travailleroesorinais pour elle. " . .' . . .

    . -2. VALEUR BIOGRAPHIQUE DU DISCOURS. - Le Discours efttine autobiographie. A vrai dire, Descartes ne raconte pas sa vie. Eour elle-rneme comme fera plus tard Jean-Jacques Rousseaudans les Confessions, mais iIne mentionne les evenements de sa vie.que dans la rnesure a u Us expliquent la formation de sa pensee,'C'eSt une histoire de son esprit que Descartes a eu l'intentiond'ecrire e~.le. Discours de fa Methode .s'apparente ainsi aux EssaUde Montaigne dont Descartes a sub! I'influence,Si Descartes a voulu retracer l'hiStoirede sa pensee, I'a-t-ilfait avec I'exactitude qu'on exige de I'historien P Sans rnettre e ndoute la sincerite du recit de Descartes, plusieurs critiques ontjuge qu'il n'etait point conforme a la verite historique, L'un d'eux.ecrit : " Un ecrivain qui raconte son passe peut etre de bonne foiet pourtant se duper lui-meme, oublier des faits importants,mettre entre ceux dont il se souvient un ordre facHee, reporterau passe des preoccupations plus recentes, etc. Toute autobio-graphic intellectuelle au sentimentale est sujette a de telleserreurs :on ne voit pas pourquoi Ie seul recit de Descartes enserait exempt. En realite, ce recit comporte de si nombreusesetde si graves inexactitudes que Ie premier devoir de quiconquevent connaltre Ia vraie histoire de la pensee de Descartes eSt detenir pour 110n avenu ce RU' nous en dit et d'essayer de la recons ..tituer par ses prop res mayeosl " ~ugement beaucoup trop severecontre lequel se sont eleves avec iraison d'autres historiens du: cartesianisme=. Certes, un ec~ivain qui raconte sa vie risque dese tromper, rnais ce n'eSt pas une raison pour rejeter comme fauxtous les renseignements que contient une autobiographic, ilsuffit d'en controler l'exaaitude, en se servant d'autres docu-ments. Si nous soumettons a une epreuve de ce genre Ie recitdeDescartes, pouvons-nous en concfure qu'il eSt inexatl? .Remarquons d'abord que plusieurs indications du Discoursont paru invraisernblables parce que, faute d'une informationhistorique suffisante, on en avait exagere Ie caradere extraor ..dinaire ou singulier. On a reproche a Descartes d'avoir affirmecontre .toute vraisemblance que son zele d' ecolier venait du

    a montrer que Descartes a bien dit1a verite dans le Discours. Nous tenonsa indiquer ici combien nons sommesredevables au commentaire de M. Gil-SOD, ou se trouvent reunis la plupartdes textes ou .references que nousavons utilises pour la presente Mition.

    r. G. Canteeor. La vocation 'de Des-cartes, Revue philosophique, 1923,. novembre-decembre, p. 373............ Sur-toutM, Gilson qui, dans son cornmen-~.~.-taire du DisCOUTS (E. Gilson, ReneDescartes, Discours de L a Methode.'i'exte et commentaire. Paris, 1925)et dans d'autres etudes, est parvenu

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    :,..12.:.: / : : D 1 t c 6 O i t t . v i i - ; i A . im i l o b i . . . .. ~. ' -' ..

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    - . -." '_ "'--:..'.-:'. besoin, e n v e r i t e sfugu1ierch~zutterifattt, d'une (C'sc ience a.Ii .~;:..: foiscertaine et applicable a la vie- ". Mais que trouvons-nous .:.' , ' d a n s leD uc-ours? : " J'ai e t e nourri aux lettres des mon eafance,~t '.,pour ce qu'bn me persuadait que, par leur moyen, onpouvait ".acquerir upe connaissance claire et assuree detoutcequi est.utile:'a lit vie, j'avaisun extreme desir de les apprendre " (premiere ...~partie, p. 24). Descartes se contente done d'affirmer que sesmaltrea ..~lui representaient les humanites (et non Ia science) comme une .excellente preparation a la vie. Or, cette indication estconformea ce que nous savons de l'enseignement des jesuites. Ceux~ci,.-s'inspirant de I'ideal pedagogique -de la Renaissance,.-msiftaient,.sur Ie theme, d'ailleurs banal, de I'utilite des Lettres, et voulaient ..faire de l 'eco1e une preparation a la vies, I! faut done se g~r~~r':

    de donner au exte de escartes un sens qu'il rr'a pas, etplusieurs ..indications, qui peu:vent aujourd'hui surprendre un ledeur .non ~,averti, s'e~liqt?-ent par le.milieu et'l:epoque, ~uDescartes a vecu,'. ..En second lieu, Iorsqu on cantrale Ie feat de Descartes par ~d'autres d0C'?ment~, .on s'apercoit que Descartes, dans !a plup~r;;".'~des cas-, a dit la verite. Par exemple tel 'passage du Discours, ou '.';Descartes dec la re q u e ' pepdant ses ann~es de voyage il ~mploie. : ' : : '~:de temps en temps quelques heures a resoudre des problemes de . '.':~mathematiques et d'autres difficultes qu'il pouvait, nous dit..l;:::~:{" rendre quasi semblables a celles des mathematiques ", se trouvc;,/',:{confirme par Ie Journal ,d ' Isaac Beeckman qui note que Descartes.": [oignait, comme lui, la Physique a la Mathematique .. Auti~~:.''~,~-.exempl~ : dans sa Corre !pOnd~n fe ,D~scart:es~~nn~ pour expliqu~r '_.~~.sa retraite en Hollande la meme raison qu'Il indique dans leDt&-..,sours : Ie desir d'etre tranquille etde pouvoir, sans etre importuil.~.:-~par des visites ou des polerniques, se consacrer tout entier a soil ...ceuvre philosophique. Comme ce motif e~ conforme a ce que . : : ? nou~~avons parail!eurs. du caraaer.e de Descar~es, p 0 ' : 1 r q u o i : ; : . : : ~ serait-il done un pretexte ou une raison secondaire'? Ainsl1e-~~2gcontrole critique, lorsqu'il est possible, loin d'infirmer Ie r e c a . - : . : ) ~de Descartes, le confirme et I' on peut admettre que Descartes' .~~'~a dit la verite dans Ie Discollrs. On peut seulement regretter qu', i1:~.);"l'aif fait parfois d'un!! facon trap en~eloppee ou trop .som~ai~~.,.:J'f:II est heureux d'ailleurs qu'on .puisse se fier au D isca ars de ttl':...Methode, car pour plusieurs periodes de la vie de Descartes.. eri.~::~;particulier pour les annees de college, nous n'avons pas d'autre~~. ' : : \

    _- .. . . - .. ,, ~-:.-~- : ~. - ~ ' :.. ',. '"~ - . - ' , , / -que M. Gilson a consacrees f A cette::~question dans ses Etudes s u r le , ' M e ' d e ' : ' _ " : ~ ila Pensee m ed'ievale . 'dans'14 fornUit i(J1i~: '0~du sys tems ' carlesten, Paris .. -I.93Q~~:i~(p.279a274). .".' .,,' > . , . . . .: ~ . _ ; ; ~ ~ ~ : ~ :

    1. Cantecor, article cite, p. 380.-2. Cf. E. Gilson, op . cit., p. Ior-I03. - 3. On lui a surtout reproche d'avoir.otnisde mentionner,dans Ie Discours, ..tl8a~Beecsman, - 4. voir les pages

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    ' ...~:'~ . ~- - _ " -: ~ : ' , _ : : : S 9 i J r c e .d'informatlen. Si l'on devait tenir pou r nul et non avenu;':-~.equeDescartes en dit dans le Discosr, ce serait se condamner: -i , . r i 'en lien savoir. Pou r toutes c es raisons, le DiscO lJ rsde la M lth ode' ::.: '. t~.$tepoU :r les biographes ac tue l s . de Descartes c e qu'il etait deja::~dur Baillet-, c'est-a-dire un guide.Indispensable, ....~.~-.>~;-. CoNTENt1 PHlLOSOPHIQUBDuD~sc~URS.- a) La-critiqlle til_ , .- I f ! p b i ! o s o p h i , S (ola f1 i'llle : ~ Descartes, comme tout au teu r d'une..:~.philosophie nouvelle, eS t I'adversaire de la philosophie tradition-.:..~_'~l1e.Le . D i & G o u r ~de la J yf/~ hodecontient en effet nne s~vere critique-:..:-dela philosophie scolas t ique dont Descartesne menage pas les< . ~ : : :E !a r t i san s2 Ceux - c i , on Ie sait, restaient f ide les aux principes~~:a':AtiS1:ote.Descartesonsidere ces principes comme un des prin-~, . C: ipauxobstac les a I 'av an eem e n t d es s c ien ces=,:_' . : , : : ' . ' : : Aumoment ou ilec iit le Discours , Des c a r te s e spe re que les~:~:bons esprits se detacheront facilement des principes d'Aristote.:':'~llnQurrit meme un esppir plus grand. II espere que la verite de-::;.~g~p.r.0presprincipes .sera ?fficielfement recon~ue par 1'1?tatet p~,::~:~l~Eg~e,que Ie prenuer 101 accordera les subsides dont ila besom) ' _poutses experiences et que . : la seconde fera ~ la philosoJ;>hien ou - .. ~~velIe uneplace dans I'enseignemenr. 'Le philosophe qUl, dans le. : . .~ f ? i s _ c o N r s ! signalait I'influence de la cout~lPe sur. nos croyances,~._,~:-~()~S~~maltpourtant 1~force ~e Ia tra~t1on. DlX ans plus tard,-:-~~::~~ndilverra que la philosophie scolastique a conserve tout son...:.prestige aupres des dolles et sa place dans l'enseignement, Des-" " : " ~ e s ne pourra s'empecb,.er d'exprimer son amertume et sa.~~dec~ption.Dans la Preface des Principe! ~1647)ou nous trouvons ..:c>?ooe critique aussi vive de la philosophie scolastique que dans le .. c . p i - s c o u r s , I'espoir a fait place a . la resignation. .;.'~.- Pans Ie DUfours, Descartes ne refute pas systematiquement la"'philos-ophie scolastique, IIe contente de la combattrea I'occasion,-..' Par exemple, iljoint a I'e~ose des regles de la methode une cri-: .tiquede fa logique de l'Ecole, a l'exposc de sa physique une cri-. ~:ti.quede la theorie des formes substaniielles, Ainsi les critiques.~-:.:qu'i! formule dan s Ie Dtscosr s contre la philosophie scolaStique'-:..sont dispersees S o travers tout I'ouvrsge, Mais sous toutes ces:~~.~ritiques, on retrouve un reproche fondamental : c'est queJa:__:'~rphiIosophie scolastique eSt contraire a I'esprit scientifique, carL I ~ : ~ : J : ~. Baillet, auteur de La vie de= ~ ~ ~ ~ ! J t i f . _es Cartes, Paris, 1691.- 2. Par.~:;:~."~ple, Sixiane partie, p. 74, oil;:~:',l;)~rtes fait preuve d'un veritable:.:.--~t,d polettriste. - 3. 0: Lorsqu'on. " .~-ae : ''- ~ princlpes .en philosophie,~~:-krit~Desca.rtesdana Ia Preface des. ~ .. . ". '.

    Prtncipes de la Philosophie, O J i ne peutmanquer, en les suivant, de rencontrerparfois d'autres verites ; et on ne sau ..rait mieux prouver la faussete deceuxd'Aristote qu'en disant qu'on n'a & ufaire aucun progres par leur moyen de-. puis plusieurssi~esqlltODlesasuivis ." . . , .

    . . . . - _ = . . . ._ . " - : : ",. . .:._ ..

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    14 -- - .elle .secontente de la vraisemblance etde raisons probables, alon-.- que _la-science est le domaine de Iacertitude et qu' on n'y _dolttrouver que des principes evidents et des demonstrations rigo~u. -reuses; De meme, I'enseignement que...'on donne dans lesEcoles,'a Ie defaut de former des avocats plutot

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    _NOTICa" ; . s e rappeler que Ie Di4collrsJ,la Mllhbth n'eftpas un traite dela- methode, et que dans cet ouvrage Descartes n'a pas eul'intentiond'enseigner la methode. Celle-ci, commeunrnetier, s'apprend. par .la pratique. Elle n'eSt pasuae theorie qu'il. faut .comprendre,mais une technique avec laquelle il faut se familiariser ens'exer-.".~nt a resoudre des problemes de mathernatiques. 11 faudrait., done chercher dans la GloIN/me I'explicarion des regles de- lamethode si Descartes n'avait pas rendu a dessein ce traite fortobscur. Heureusement un ouvrage posthume de Descartes, lesReg/ ,s p o u r fa Direction de I 'Espr i t , contient de longs developpementssur -Ia methode' et des -exemples plus accessibles aux lecteurs peuverses .dans Ie s ~athematique~. C' est en compar~nt les 9uatrepreceptes form~les. dans Ie Dlfcour s avec la pr~nuere pa,rue desRegles pour la Direction d e I ' E s prit qu' on peut se faire une Idee exaCtede la methode cartesienne,Au reste, dans la seconde partie du D i 4 r o u r . . r , Descartesa e t e . moins preoccupe de definir la methode que de faireconna1tr~ une concept,io~ !10uvelle de la v~rite. Pour Descartes,la connarssance mathematlque est le modele de toute connais-. ssnce vraie, et si l'on doit pratiquer les mathematiques, c'estpour accoutumer son esprit a "se repaitre de verites " et a " nese contenter point de fausses raisons " .. D'autre part, la verite'.e~~ ~on~ue s~r le type mathe1patique, Ie proba~1e se t~ouveelimine de la science, U Ceux qUi cherchent Ie droit chemin de>., '1. verite, ecrit fle cartes .dans les 'Eeg les pour la D irection de'l'Esprit, ne doivent S'Qccuper d'aucun objet dont ils ne puis ..,sent avoir une certitude egale a celle des demonstrations deI'arithrpetique et de la geometrie, ~, Certes Ie philosophe nedoit pas borner ses recfierches aux mathematiqhes, mais, que!q~e soit le domaine. de son. inv~Stigation, lnetaphysique ?uscience de la nature, Il ne doit terur compte que a e s connais-. ' s a n ce s aussi certaines et tvidentes que les demonstrations d es. .geometrest C'est en cela surtout que consiste -la reorme Intellec-. tuelle de Descartes-

    -..... 2. LA MORALE. - La troisieme partie du DiscfJIIf 'J contient...1~ m~rale "r.rovisoire'~ -d.e Descartes. L'expose du DisCIJIII"J'. ' - d t eres n et et iln'e.Stpaslndtspensable d'en chercher le eommen- ."'.taire dans d'autres ceuvres de Descartes. Cependant ilest bon deeornparer la " conclusion de. cette morale " avec I'ideal de sagesse....aue_~escartes.exposQ d~ns les d e u : c lettres (I'une au tradu6te~t,1~ut~a.Ja prmcesse ElIsabeth) qUl servent de PrCface aux p",.t i P ' ~ : . d e . la P h . j i o s o P h i e (T!aduaion franc;aise). On p e u . t . aus~i c .OQ-sul~ l~:TrfJIti M S PaSJltllISet la .c".,.,.r~ av",Ja pnaee s s e

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    --~~ : ;~ ~-;) ; { ; i j~ ~ ? ; ,~ _ t : _ < , ; " " - ~ - _ _ , ' , ' ' _ __ ":_ , '.r_ ':~--::'- j"":~:i,.~"/.~:--:,, ;- ':',, -~>~,_, :"7',"~" ' 1 J I . fCOURS-DB LA' MP:THaDB - ~_",. -\ i~_~>~;E';-~;;:r~)(:::::>,~''," ' ' '., ,'- , : ' " , , ,", _.'. -- --~:: , - , : ,~~~: , , : ) , : , : ;~~, - , ' : -.' ,-~~~~~~th (surtout la Iettre du 4 aout 16451 ) , pourse rendrecompte..'~J 'ae" la ' place qu'occupent dans la morale definitive de Descartes."

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    ". " " . : ~ . \ ~ ~ a u t e :e c e t t e . p r e ~ a ~ t i o n ,on ~ r i s q t i ~ ; : : d en e voir. dans les c e I ~ b r e s -(,~.:de~QtistrationsdeDescartes que de brillants paradoxes, '.'""" - - ": . : . E , : - ~ : _ o : 4 . .I~~ PHYSIQ uB (c in qu iem e par tie) .~ . Descartes parle beaucoup~':~,pltls.longuementdans Ie Discollrs de :s.a physique que de. s a m e t a - - .,~~?physique.Cela s'~pliq.~e. non se~leinent -e , parce- que J~.matiere.-:-"ft. phis ample, mars aUSSlparce que Descartes voulait surtout.:.-:~t#rer l'atteation de s es lecreurs sur l'importance et la nouveaute .~:-;~e.~a physi~ue .. ,Ains~Descartes pren~ soin dans, ~a cinquieme~..pa~eu Dt8(ONrsd'aJoute~ 'au sommaire des questions de phy-~s~qll:econtenues _'.dans Le Monde I'etude deraillee d'une ques- ..'. '.tionecelle du mouvement du cceur et des arteres. 11tient done a: : . ; :~.~D:trer"sur un exemple precis ce qu'est I'explication mecaniste:~::.d'unphenomene physiologi1:~. C'eft pourquoi l'on peut, d'apres,~~,>.leseul .expose du Discollrs, s e . e une idee du mecanisme cartesien .~;>~;:. .Mais ce quipeut echapper au ledeur du Diseoars, ce sont les.l iangement . Or AriSlote divise les etres .en ,deux groupes : les.}.:9l>jets manufactures .qui n' ont en, eux~memes aueun 'principe ded;~ltartgement et dont routes .Ies modifications sont dues a des:~'~~_:::Cau.sesxterieures, er lesetres naturels qui possedent un principe~ . ; : - : - J , n t e r n e de' .changement. Ainsise trouvent ranges ",dansune memei:1~:;f.i-~9rtI\e,.analogue " 8 . I' ame , forme du corps orgalllse. 'L a physique~:}.'~~.~~:., .:- . .,' . .' . , ... , ~ " : , . ~ ' ~ ~~ . ' , b , , ',..t:ro~lv~ra.,une etude detaille.ej d'lt s,~steme ca~esien~ Paris, .~P30.;::~~id~:(~ question~ dans l'ouvrage de [Deuxleme Partie, chap..Ie.);.~ etta ..{~::~.~~;:G.ilson:.$tudes'su, l e o ,.61e de la .tion qui suit est empruntee a . ce livre .?J;~:~t~!?~~: : .~tevi4e:dans t a . lo ,_ in a tiOn , .. " ( p o . IS7)F ." . . . '. . . . . .-~'~C~_~;T,:_~,,:~.r:I~~.~:- .;- .. . . . . .. .. . 2 . :

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    .~~ ... - ---_d'Arlftote .concoit done tout corps naturel comme une substancecomposee de deux elements: la forme qui explique ses proprieteset la matiere qui supporte cette forme. -

    , -J ' La metaphysique de Descartes le conduit i t une tout autre-conception de la physique. L' ame qui, pour Aristote, etait la -forme du corps organise devient dans la metaphysique carte-sienne (' une substance entierement distincte du corps" et " cloutI'essence et la nature n'est que de penser ". L'ame n'est done plusce qui anime et meut Ie corps de tout etre vivant : c'est unesubstance pensante et, seuls parmi tous les etres vivants, les errespens ants ont une arne. Descartes dissocie les notions d'ame et -d7 Avie qui dan~ la physictue .d'Aristo.te etaient _etro~tem~ntunies,L arne cesse d'etre un pnncipe de wie pour deverur uruquementpensee, Quoique chez l'homme I'arne soit unie a un corps et .puisse mouvoir ce corps, c'est une erreur defaire de I'arne un _principe qui se retrouve en tout etre vivant, et d'imaginer par-analogie des formes substantielles pour expliquer les proprietesdes corps naturels. Ceux-ci ne sont pas composes d'une forme etd'une matiere, ils ne sont que matiere. De meme les etres vivants(l'homme excepte) ne sont pas composes d'une a r n e et d'un corps,its ne sont que corps. La conception cartesienne de I' arne a done.pour consequence .d'eliminer de 1aphysi9.ue.~es notions d'a~ etde forme substantielle. D'autre part, 1a:matiere, flue les Anciens ..consideraient comme I'element irrationnel de I'univers, ..devient -'dans la physique cartesienne une realite parfaitement intelli-gible, et se confond avec I'etendue geometrique. Les sens nenous renseignent pas sur la nature (les corps. Nous ne connaissonscelle-ci qu'au moyen de deux notions claires et distinctes : celIede I' etendue geometrique et celle de mouvement (au depla-cement des parties de I'etendqe), Nous n'avons pas besoi~d'imaginer d'autres principes pour compose~ taus les corps del'univers et expliquer leurs proprietes, La physique qui, pour ..Aristote, etait I'etude de la nature definie par opposition a I'art ,devient avec Descartes I'etude de la matiere, et I'explication phy-sique doit etre entierement mecaniste, IIn'y a pas de difference .entre les regles des mecaniques et celles de la nature, comme diraDescartes dans Ie Discours. .- Aristote conceit la nature tout cntiere a l'image des etres vivants-et oppose les etres naturels aux objets manufactures.' Descartes-au contraire part de la consideration des machines fabriquees

    r par les artisans et formule I'hypothese que les ,etres naturels(y compris les etres vivants) sont analogues aux automatesconstruits par les hommes. On ne peut pas imaginer une oppo-sition plus radicale.

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    : .""'~" .,.: _.,:~,-

    ' :~ "POtJRBIEN COND.DIRE SA' RAISON ET 'CHERCHER::~:'.:.:'~.. ' - LA VERITE . DA NS 'LES. SCIENCES'. " ' - . . . . , _ . . - - . . .-. '_ : . ' f J ! I 8 f l , ~ o n s , . d _ c physique qu 'il a ch erch ees, et pa r li~ lie r~m en t l'~ xp lj&a t ffJ ii.~'.~illImOl lJ )emen fduc(ure td~1 .lI ejque s au tre s dijf tcl ll tes ql ll appa rtiennenl,4 la: ~ ; : . : l / ! . ! i P r i ! , e ,pui~~ l I s s i la djfJer~nce q H . f e n ~ '! tr f no tre' a " ' ! e et ce lie d es b ites .. _ : ,, : : ~ t - .en la dernlere, que llis, e bo se : .11 croit' lire . reql lMes pour allerpllll :: : ~ ~ >i P a n l . " e n la -recherche de la 'na ture_ 'q il'il -n ' a e f e , et quelles ra ison s I 'ontfait-.: : } : : k r i r e ~. :. ... _

    '. . _ :~~" ;_ " " : " " . - : - " ' .. -- - . : . .. .'._" .:.: ._ "-I' ~""-.--.:.' Le' bon sens est la chose du monde la mieux partagee : 'car,'">'.~~un. pease en e'tre sibien pourvu, que ceux m eme qui sont les .: :}~.pltisdifficiles _ 3 . . contenter en toute autre chose, n'ont point cou- .~'r~:;~~fum~'en desirerplus qu'ils en onr. En quoi il n'est pas vraisem-T ; { ; : : . ! > l ~ b l e .que tous s e trompent ;.mais plutot ce la temoigne q u e la. > : ' : ; ' . ; p . u i s s a n c e de bien juger, e t distinguer le vrai d'avec Ie faux, qui .:

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    ".J.-_ CONSID'ERATION:S SUR LES SCIENCES.quim'oat conduit a des considerations etdes maximes, dont j'aiforme une methode, par laquelle ilme semble que fai moyend'augmenter par degres rna connaissance, et de I'elever peu a peuau plus haut point, auquel la mediocrite de mon espritet la courteduree de rna vie lui pourront -permettre d'atteindre. Car yen a ide ja recueilli de tels fruits-, qu'encore qu'aux jugements qu,e jefais de moi-merne, je tache toujours de pencher vers Ie c o t e de la- defiance, plutot que vers celui de Ia presomption; et que, regardantd'uri rei! de philosophe les divcrses aCtions et entreprises de tous-les hommes, iln'y en ait quasi aucune qui .ne me semble vaine etinutile; je ne laisse pas de, recevoir une extreme satisfaction dupro~res .que je pense avoir ~ e j a fait en la recherche de la verite,et deconcevoir de telles esperances pour I'avenir=, que si, entreles occupations des hommes purernent hommess, il y en a queI-. qu'une qui soit solidement bonne et importante, j'ose croire quec'est celIe que j'ai choisie, . .' " '. Toutefdis ilse peut faire que je me trompe, et ce n' est Reut...'.etre qu'un peu de cnivre et de verre que je prends pour de I or etdes diamants. Je sais combien noussornmes sujets a nous rnepren-dre en ce qui nous touche, et combien aussi les jugements de nosamis nous doivent etre sus~eas, lorsqu'ils sont en notre faveur."Mais je serai bien aise de faire voir, en ce discours, quels sont leschemins que j 'ai suivis, et d'y representor rna vie commeen untableau, ann que chacun en puisse juger, et qu'apprenant du bruitcommun les opinioriaqu'on en aura, ce soit un nouveau moyende ~'intruire, que j'ajouterai a ceux dont j'ai coutume de meservir.Ainsi mon dessein n'est pas d'enseigner ici Ia methode que,chacun cloit suivre pour bien conduire sa raison, mais seulementde faire voir en quelle sorte j'ai tache de.conduire la mienne. Ceuxqui se melent de donner des preceptes, se doivent estimer plus. hab.i1e~que ceux au:cquels ils les ~onnent; et s:ils manquent en': la moindre chose, ils en sont blamables. Mais, ne proposanf..cet ecrit que comfne nne histoire, au, si vous I'aimez mieux, que. c-omme nne fable, en Iaquelle, parmi quelques exemples qu'on:~peut imiter, on en trouvera peut-etre aussi plusieurs- autres qu'on~.aura raison de ne pas suivre, ['espere qu'il sera utile a quelques- __ ~ -.u n s ,_ s an s e tr e n u is ible a persanne, et que tous me sauront gre dern a franchise. -

    ..-I._Descartes a deptds longtempsdecouvert sa Oeometrie, sa Physiquee(aa Metaphysique, "au moment ou i1"publie: Ie Discours de la lYIethode.r _ _(V~ir notice sur le Discours de la. "J.lethode). ~2. Voirsixiemepartie.-

    3. C'est-a-dire- ceux qui, sans bene-ficier de quelque extraordinaire assis- -.tance du del (voir p.26), se serventseulement de leur raison. - 4.,Danstou t le Disco'Urs plusieurs signifiebeaucoup, - .

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    ~ ~ ~ ~ ~ " . ~ D I S C O U l t S " " " " " I ' ! 1 J . l . ; ; , t { N t iM D l b /~ ; : : ~ _ -~ ~ - - f : } ~: t~- :~j~~,t c : nourri aux Iettres c l e s " 'mon enfa! lce .~t pOI:It~e 't1 jo . (: ;~,:~~ti1epersuadait que, par leur' moyen, .on pouvait acquerir ~e. : : : :::,:;:"coot:laissancelaire. et 'assuree de tout ce qui eSt utile 3 . " Ja_.v{e{.::.-: j'avais un extreme desir de les apprendre, Mais, sitot qu~~eus,~:~.-acheve tout ce cOUtS d'etudes~,~u bout. d U ' J Y ' e l on. a co~t~l~'l,(f;:..d' etre recu au rang des. doctes, Je changeai ennerement d' opmron., . Car je me trouvais ernbarrasse de tant dedoutes' et .d 'erreur$.; : : ;~. q_u'ilme se~bla~tn/a;roir.faitautreproit, en tachant ~e m'insl:ruite{',~ SIDon que j'avais decouvert de plus en plus .monlgn

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    ~ ~ ~ F ' i ? 8 t C 6 N ' s t P B p T I b ~ - q ; a : f E S ' S C 1 B N ' C E S ; . 2 lf ; : E ~ t ~ ~ : : : g : ~ ~ t t h l ~ 1 ~ ~ i ~ e ~ ~ s c i X : ~ e , t i ; : ; Q:e : I(~~0l!~>:PW .~ o8 ophie lQ o t? -n e m o y.e n d e pa rle r.,v .r ais e-n .J > lableO le nt ~ e to ute s~'th()ses, .et s e fa ir e adm ire r d es rn o in s s av an ts ; que la J_u r l sp ru - : -d~nce ;a medecine et les autres sciencesapportent deshoaneurs::.et-des,richessesa ceux guiles cultivent; et.enfin, qu'il eft bon de-7Llec~~avoi rroutesexaminees, meme les plus superstitieuses 'et les ..~':,phis"faus~es,a6.ndeconnaltre leur juste valeur et se garder d'en:'x~.tte .trompe.;. ._. .'. ."? :. : :.". Mais [e croyais avoir deja donne assez de temps aux langues,: : .~ : .~etmemeussi a Ia lecture des livres anciens, et a leurs histoires;':'~tal~rs fables. Car c'est quasi le meme de converser avec ceux" : - :Q e s ' .autressiecles, que de voyager. II est bon de savoir quelque. chose des meeurs. de divers peuples, afin de juger des notres plus::.,sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est centre':l:.POS '.modes .soit ridicule, et contre raison, ainsiqu' ont coutume...defaire ceux qui n'ont rien vu, Mais lorsqu'on emploie trop de~:_.t~mpsit .voyager, on .devient enfin etran~er en 's?n pays; et~:,.,clorsqu'onSt. trop cuneux des choses qUI se pranquaient aux~",_-)i~~lespass~s, on demeur~

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    ".avoir de diverses opinions, touchant une, m eme matiere, quisoient soutenues par des gens doCles ,sans .qu'il y en puisse avoirjamais plus d'une seule qui soit vraie, je reputais presque pourfaux tout ce qui n' etait que vraisernblable-. ' " ''" puis, pour les autres sciences, d'autant qu'elles' empruntentleurs, principes de la philosophie, je [ugeais qu'on ne 'pouvaitavoir rien bati, qui fut' solide, sur des fondements si.pen fermes.",Et ni I'honneur, ni Ie 'gain qu'elles promettent, n'etaient suffisantspout me convier ales apprendre; car je ne me sentais point, '" graces a Dieu, de condition qui m' oblige a t a faire un metier de '" Iascience, pour Ie soulagement de ma fortune; et quoique je ne:' 'fisse pas profession de mepriser la gloire en cynique, je faisaisneanmoins fort peu d'etat de celle que je rr'esperais point pouvoiracquerir qu'a faux titres. Et enfin, pour les mauvaises doctrines,'.je pensais de ja connaitre assez ce qu'elles valaient, pour n'etre.plus sujet a etre trompe, ni par les promesses d'un alchimiste,",ni par les predictions d'u,n aStroIogue, ni par les impostures d'un"mag!cien, ni par les artifices ou la vanterie d' aueun de ceux qui','fotlt profession de savoir plus qu'ils ne savent, ':' C est pourquoi, sitot 'l.ue l'age, me permit de sortir de la suje-, . tion de mes precepteurs, Je quittai entierement I'etnde des lettres.:;Et me resolvant de ne chercher plus d'autre science,' que celle,"~qui se pour~ait trouv~r en moi-merne, .ou. bien dans le gran~ liv~e -, "du monde,"]' employai le reste de rna Jeunesse a voyagers, a voir.des co.ur~ ~t des ~rm6es,..a ~req~enter des g~:r:s de,div~rses ~umeurs"et, conditions, a recueillir diverses experiences, a m'eprouver,inoi':"meme dans les rencontres que Ia fortune me proposait, etpartout a faire telle !eflexion sur les chases qui se presentaient,que j'en pusse tirer quelque profit. Car ilme semblait que jepourrais rencontrer beaucoup plus de verite, dans les raisonne ....ments 9.u~ chacun fait ~ouch~nt ~es ~ffaire~ qui .lui imp?rte,ht, et", dont I'evenement Ie doit pumr bientot apres, s'il a mal Juge, que, dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet, tou-',,'.,chant, des speculations qui ne produisent aueun effet, et qui, ne '.' lui sont d'autre consequence, sinon que peut-etre il en tirera.d'autant plus de rvanite qu' eUes seront plus eloignees du sens.',:,commun, a cause qu'il aura da employer d'autant plus d'esprit'et .~'artifice it tache! de les rendre vraisemblables. Et j'avais>-tolllours un extreme desird'apprendre a distinguer le vrai d'avec

    r

    ..i. ,Comparer avec Ie premier pre--. .cepte de la methode (p. 35) et~~;:rinarquer I'attenuation. - 2. Nou-;'c':Y,~:,~8JW.sion aux sciences occultes.,cDeSc:Qrtes les avait etudiees des Ie

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    \ : , : ; s r " . ' -

    ~ ~_ ~ ~. _ R " ;:zc ;:c.. - 0 ._~ J . __ ~ 5 ; 25f'!' z s . :~ i i ; ~ ! n ~ f ~ ~ > f < 1 ) i S C o i T R s E L . ? 1 ~ F i ( , 1 ) . p : ~ - - . ; ) 2 ; ~ ? j .. . . . -;;: .... - . . . . . .:;.~.-:~.~ .. : "T .~~ .,~.

    : _ " . J . . . . . . " . . ~ .- , ~ y ~ .: ~ - _ : ' _ J e - : f a . ~ x ~ p o u rvoir clair en mes actions, et matcher avec assurance:".: - : ' : : ~ e f i - -cette viel.- c~ '_ _ ' -_-~ - , - : : > -- : ~ - ~ < . ; _ : > 1 1St vrai que, p e n d a n t q u e j e - n e faisaisque considererIes -' - ' --mreurs ~es autres ho~mes, j: r r 'y trouvais sue r~d,e quo~. -m 'a~sur~# ' - '~-.et que J Jy remarquals quasI autant de diversite quej'avais fair "auparavant entre les opinions des philosophes. En sorte ,)que -Ie-::-.plus grand pr.olit que j'en retirais, etait que, voyant p l u s i e t ! f s < - - _chases qUI, bien qu'elles nous semblent fort extravagantes et..:ridicules, ne laissent pas d' etre cornmunement recues et approuvees .par d'autres grands peuples, j'appreqais a ne rien croire tropfer ..- , - > -mement de ce qui ne m'avait e t e persuade que par I'exemple ---et par la coutumes ; et ainsi je me delivrais peu a peu de beaucoup."-d'erreurs;' qui ~euvent oflusquerr notre lumiere ~ature}le,_ ee -nons rendre morns capables d'entendre raison. Mais apres, que .j'eus employe quelques annees- a ' etudier ainsi dans Ie livre- du".monde eta tacher .d'acquerir quelque experience, je pris unjour.:resolution d' etudier aussi. en moi-memever d' employer routes >~..~~C:ed;e:~~~~~u~::U~:s~h~~:nt~__sse jamais eloigne, ni de mon pays , nide mes livres. .' .. __,

    _ -1. Descartes ecrit de meme dans lesRegles pourla direction de l' esprit: Si- nousvoulons chercher serieusement-_Laverite, nous ne devons songer qu'a" accrottrelalumiere naturelle de notre....aison, non pour resoudre tell~ ou-:~,--telle -dlfficulte d'ecole ma i s pour._qu'enchaque circonstance de 1a vie,-~---notre-entendement montre a . notre..volon te le patti qu' elle doi t suivre , -

    2 -. SOuvenir de Montaigne (Essais, I,XXI, Des cannibales; r;XXIII, Dela coutume ; I, XLIX, Des coutumesanciennes; II, XII, Apologie de-;R~Sebond ; edition Pierre Villey, 1. I,

    p. 121, p. 137, p. 146, p: 377;t.-ti'p. 146). ~ 3. OfJusquer : obscurcir. ~~:~4. Quelques a nnees : exactement .trois".ans, de I'automne ubre a l'autonUii-:-:~6I9, date ou .Descartes se' retire -.'pour quelques mois dans un ,village -,d'Allemagne pour ( etudier en -Iul->meme ,: Mais apres ses reflexions et:-decouvertes de I'hiver 1619.1620,dont nous trouvons le recit dans--::'les deuxieme et troisieme parties .du -'Discours, Descartes ne renoncerace-.pendant pas a voyager (Cf. - p o 4 2 _ je me remis a voyager ) etvoyagera .encote pendant neuf ans. - -

    . '.

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    SECONDE'" PARTIE- _ . ". _ . - _

    : ~ . : - ~ . J ~ e t " r u . slors en Allemagne, ou l'~ccasion des ~uerresl- q~in'y:-~~ntpa$ encore finies m'avait appeIe; et comme je retournais du:'?~qur~nnement_de I'empereure vers I'armee, le commencement.de.l'hiver m~a:tt~taen un quartier ou, ne trouvant aucune conver-:~:sation3qui:me divertit, et n'ayant d'ailleurs, par bonheur, aucuns -:~Loinsnipassions qui me troublassent, [e demeurais tout Ie jour : _ e _ n f e r m e seul dans un poele, ou j'avais tout loisir de m'entretenir : - - ~ emes pensees. Entre lesquelles, I'une des premieres fut gue je _F~-~Javisaide considerer, que souvent iln "y a pas tant de perfection : . : ~ d a n s Jes onvrages composes de .plusieurs pieces, et faits de la~ \ f u . . a i i 1 :de divers . rnaitres, qu'en ceux auxquels un seul a travaille-,;-.Mnsivoit-on que les batiments qu'un seul architecte a entrepris._et acheves ont coutume d'etre plus beaux et mieux ordonnes '?que . ceux que plusieurs ont t a c ~ e de raccommoder.. en fa i san t~..servir d e vieilles murailles qui avaient e t e baties a d'autres fins.:,-~it}si ces anciennes cites,' qui , .n'ayant ~te .au comme~cement.........."or-" . .. .'.:1. ~ guerre de Trente Ans (r618-:.:_.i648).- 2. Ferdinand II, roi de Bo-~~hemet deHongrie, couron:qt a Franc- : : :--fur ten 1:619. - 3. Conoersatio :. . _ . . fr e q~en t at ion . - 4. O n a e ru qu e~:pescattes indiquait ici, sous une~.forme voilee, son. ambition de .cons-~:_~.tuera lui sen! tout Ie corps de's" " :.~ : ; : , " _ : ~ ~ " _ " . _ , . . . . ~ ' . " -

    sc iences qu'a un seul endroit, ee1uiau Descartes declare expressementqu'il ne serait pas raisonnable qu'unparticu1ier ftt dessein de Ie reformer(p. 31). D'autre part, quand i1 parte .du peu de v er ite ~contenu dans les .sciences composees des- opinions deplusieurs, Descartes oppose lei sciences .des liores aux raisonnements quepeut faire naturellement un homme.de bon sens touchant les choses q U i _'-se presentent (p. 30), exactementcomme ilavait oppose dans 1a pre-miere partie les raisonnements d'unhomme de lettres a eeux que chacunpeut faire au cours de la vie (p.27l; .C'est pourquoi, a notre avis, Ie pas-sage .ne eontient pas 1 8 confidencequ'on .croir y trouver, et tendseu- -,.Iement a justifier Ie doute m e t h a - . .dique. Descartes craint .d'etre a c c u s ede seepticisme et ilsent Je besoln de ... presenter '.avee des' menagements(voir par exemple, p. 32)' lao .resolu-tion qu'll a prise de se .dMaire detoutes Ies opinions qu'il a reeues en. sa -creance~.... -

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    " ' : " , , q u e d'etre hommes-, etqu'ilnousa fallu longtemps etre gouvernes':.>.::parnos. appetite et nos pr~ceJ?teurs, qui .e~ient souvent. contraires'..Jesuns aux autres, ,et qUI , ru les 'uns ru les autres, ne nous con-.t~eillaient peut-etre pas toujours Ie meilleur, ilest presque impos-....~,~ibleque nos jugements soient si purs, ni si solides qu'ils auraient: ' ~ ' ~ e ' ~ e ,i n ou s avions en l'usage entier de notre raison des Ie point.::denotre naissance, et que nous n'eussions jamais eteconduits, : quepar elle. ; '. . r.';~'~,"Ile~ vrai que nO':8 nevoyons point qu'?n jette par t,?rte to utes"':les maisons d'une ville, pour Ie seul dessein de les refaire d'autre.'"".~a~on, et d'en rendre les rues plus belles; mais on voit bien que'.. plusieurs font abattre les leurs pour les rebatir, et que meme suel-.:....uefois il~y sont contraints, quand elles sont en danger. de tomber.'.>~~elles-meme~ et que les fondements n'en sont pas bien fermes.. 1 ' : A l' exemple de. quai je me persuadai, qu'il n'y aurait veritablement" ' \Roint d'apparences qu'un particulier fit dessein de reformer un....'~tai, en y changeant tout des les fondements, et en le renversant.'ypour'le redresser; ni meme aussi de reformer Ie corps des sciences,. ' , ' , : ' : " o u I'ordre etabli dans les ecoles pour les enseignerj mais que,"~:po~r toutes les opinions que j'avais recues jusquesalors e n rna'.~. je ~e pouvais mieux faire que d'entreprendre, une bonne,~,.,'de. les en' oter, afin d'y en remettre par apres, ou d'autres

    . . ou bien les m e m e s , lorsque je les aurais ajuStees au.. ..eaude la raisons, Et je crus fermernent que, parce moyen,Hi;.."....~. reussirais a conduire rna vie beaucoup mieux que si je ne bAtiSr.saisque sur de vieux fondements, ,.et que je ne m'appuyasse que: : , sut Ies principes que [e m'etais laisse persuader en rna jeunesse,: :;;s~iis'avoir jamais examine. s'ils etaienf vrais. Car, bien que je,~1'~marquasse en ceci diverses difficultes, elles n'etaient point....-".~t~ois sans remede, ni comparables a celles qui se trouvent. ' . 'e~:la reformation des moindres choses qui touchent Ie public,I~"".".._".'".grands corps sont trop malaises a relever, .etant abattus, ou

    ..,&.& ....... &r~'...a retenir , etant ebranles, et -Ieur chutes ne peuvent' etre.. ' . t r e s rudes. Puiscpour leurs imperfections, s'ils en ont, commeR"'....".'~ .....seille diversite qui est entre eux suffit pour assurer que plusieurs.ont, l'usage les a sans doute fort adoucies; et meme ilen a1l2f;(;pn'd' .'p ; ou .corrige insertsiblement quantite, auxquelles on ne pout-..si bien pourvoir par prudence. Etenfin, elles sont quasi

    Descartes la premiere et, o f t . i O i ' ~ " " ' . " " ' " cause de nos erreurs sontde notre enfance (voir::'nH'c....Uit:.'iO ':de 'Za Philosopkie, premiere~~g:tI). C'estdoncprindpalement. .debarrasser des prejuges del \Wi t~eJt1 ta :nce 'qu e nous devons c une

    fois en notre vie mettre en doute .. .toutes les opinions recues. - 2. C'est-a-dire ':.ilne serait pas raisonnable. =:3. C'est-a-dire : nous devons ajuster, nos idees avec la raison comme -Iemacon ajuste des plerres .avec unnlveau,

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    : f :~~~~~*i~;: t~- .~:.~' . : ' : " $ ' ' ' ' ' . ' ~ ~ U '" . R S ' : . ' . . D ', - . E - - . : ' . . L . . A : . . . - . . ~ . . . , . _ : l . : . : . :~ . - : .: :- : : ' , .: .~ . : : .~ : ~ ;. .. . .. . . ~ :. .: . : . ; : : . ~ ,. .: . ' . ,.. .f~t~tttL/1, LV .' lv1:H,nVLJD. . ::}~.' : :"~9~;-OUrSlus 'supportables que = . se ra i t ~eurchw.g:e_mentl,:,.,.~;...~~'~.,;"d'etre _frequentes, qu'il est beau~oup rnen~eur de les suivre.q ~ e ~ ; ~ . : ~ : _.' d'entreprendre d'allerplus droit, en .grimpant au-dessus.vdea. ...< .. rochers, et descendant jusques au bas' desprecipices._" .... _ > . .. ' C'est pourquoi je ne saurais aucunement approuver ceshumeurs. .':~.. brouillonnes et Inquietes, .qui , n' etant appelees , nipar leur nais->sanee, ni par leur fortune, au maniernent desaffaires publiques;.'.. ne laissent pas d'y faife toujours, en idee, quelque nouve l le ~e{9~~'~.:.~, ..mation. Et si je pensais -qu'il y eut la moindre chose en cef:e.c#t~~:,.-;.-.par laquelle on me put . soupconner de cette folie, je serais : t tes. ',.::aucunement. A savoir, de ceux qui, se croyant plushabiles q u } i j s ' . , :n~ son~,.ne se peuve~t empecher de p~ecipiter leurs' ju gem en ts , .";;.'ru avoir assez de patience pour conduire pat ordre toutes leurs..".pensees : d'ou vient que, s'ils avaient une fois pris la Iibertede". dourer desprincipes qu'ils ont res:us, et de .s'ecarter duchemini" commun, jamais ils ne pourraient tenir Ievsentier qu'il fau~'~~prendre pour aller plus droit, et demeureraient egares toute leWf':' .vie. Puis, de ceux qui, ayant assez de raison, ou de m o d e S t i ~ ~ " . _ - ~ 7 ;..po u t juger qu' i ls sont mains capables de distinguer le vrai .d 'a . :v:e(:~~~~.Ie ~a'ux,.q~e quelq,:es. autrespar lesquels ps.peuv~nt.~~re r tf ttU its ,:" ~ :~doivent bien plutot se contenter de survre les opmions de ces-... autres, qu'en chercher eux-memes de meilleures, '. ',: .".:. , Et pour moi, j'aurais ete sans doute du nombre de ces derniers,'. ... r, On retrouve ici un echo' du con- ..sereatisme de- l\Iontaigne . (Essais,.1 . I, ch.xxm : De la coutume'et de ne changer aisement uine Ioire~e;ed. P. Villey, t. I, p. I52;p. 156). _'.. 2. Cejlendant, cette resolu-tion devientdans les Principes de la'.'Philosophii une- maxime.. generate'"'et la.condition de la recherche 'de

    _- ,.1a verite. Descartes, it est vra~,: Ia" ..presente sous une ,formeattenuee .et.'.affirme que nons ne saurions iio~s';'delivrer des prejugesde notreenfance,".({si nous n'entreprenions de d~,\!~.:'une foisen notre vie. de .tOtit6"J~;:;~.choses oil nous trouverons lettiqj:ilgr.~: ..soupcon d'incertltude (?fi1i.CJp~};:..: .3- r. ; P L A " h - h h ' I") " :.:.:

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    . . . . . . .: .~~.~: : . tt. :~, i~GLEl- bE ,LA M E THODB.. '-~ .. ' .-

    . . .' B i je ~'avais [amais e u qu'un seul maftre, ou que je n'eusse point: .su Ies differencesqui ont e t e de tout temps entre lei opinions des',~l'.lus .doa~.Mais ~~ant' appris,. des Ie college, qu:on ~ ~a~r~t.nen unaglne~ de ,SI etrange et 81peu croyable, qu'il n'ait ete cl i t_ p a r quelqu'un des philosophes; et depuis, en voyageant, ayant,'teconnu que tous ceux qui ontdes sentiments fortcontraires aux~,~6tres, ne sont pas, pour cela, barbares ni~auvages, mais que.p!u-.sieurs usent, autant ou plus que nous, de rats on ; et ayant considere, combien un meme homme, avec son meme esprit, etant nourri" des son enfance entre des Francais ou des Allemands, devient~different de ce qu'il serait, a'il avait toujours vecu entre des Chi-.:riois ou des Cannibales-; et comment; jusques aux modes de nos'.,ba.~its, la m~me chose qui nous'.a pIu ily a dix ans, et qui nous",platra peut-etre encore avant dix ans, nous semble mamtenant.extravagante et ridicule : en sorte que. c"est bien plus la coutume'.-et I'exemple qui nous persuadents, qu'aucune connaissance cer-,""taine, et que neanmoins la pluralite des voix n' est pas une preuve.. qui vallle, rien :Our les veri . tes un peu malaisees a decouvrir, . a.: cause qu'il eSt Olen plus vraisemblable qu'un homme seul les art. .rencontrees que tout un peuple : je ne pouvais choisir personne, dont. les opinions me semblassent devoir ~tre preferees a celles','desautres, et jemetrouvai comme conttaint d'entreprendre moi--.m~e de me conduire.'. . Mais, comme un homme qui marche seul et dans les tenebres,je :r;neresulus d' aller si Ientemeqt, et d'user de tant de circon-, speaion 'en. toutes choses, que, si je n'avaneais que fort peu, [e. m e .garderaia bien, au moins, de tomber. Merrie je ne voulus pointcommencer a rejeter tout a fait aucune des opinions, qui s'etaientpu glisser autrefois en rna creance sans y avoir e t e inttoduites, par Ia raison, que je n'eusse auparavant employe assez de temps a. faire Ie projet de l'ouvrage que j'entreprenais, et a chercherIa.vraiemethode pour parvenir it la connaissance de routes les choses.dont moo esprit serait capable.. J'avais un peu etudie, etant plus jeune, entre les parties de la" philosophie, a la Io~ique\ et entre les mathematiques, a l'analysedes geometres et a 1algebre, trois arts ou sciencess qui semblaient,::devoir contribuer quelque chose a mon dessein, Mais, en les.,.:examinant, je pris garde que, pour ,la logique, ses syllogismes et!',Souvenir-de Montaigne (Cf. : Essais,. livre I, ch, XXXI, Des Cannibales.,, Ed., Villey, t. I, p. 261; p. 266), -2~.Ct. Pascal :. La coutume fait nos.:'P:te.tives les plus fortes et les pius-cruesj' die incHne l:automate, qui.:'entrabie'-resprit sans qu'il y pense s

    (Pensees , section IV, ed. Brons-chvicg, p. 450). - 3. Descartes con-saere ce paragraphe Q esamlner Jesmethodes anterieures a ]a sienne: :syllogisme, analyse des anciens, 'a1~bre des modernes. - 4. C'est-a-Clire]a JOgique d'Arlstote.

    " " '.D:uc.uns. -- Discoun de Ia Methode. ., ; : , : . : , , _ ' .. 3

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    - 3 4 . :. . - ,':-' -,,, DISCOURS DB LA-- M"ETBoDB..: ~.

    , -la plupart de ses autres intruaions1 servent plutot a expliquer -a autrui les choses qu'on saits, ou meme, comme I'art de Lulles, _a parler, sans jugement, de celles qu'on ignore, qu'a les apprendre..Et bien qu'eHe contienne, eneffet, beaucoup de preceptes t re svrais et' tres Eons, ily en a toutefois tant d'autres, meles parmi,qui sont ou nuisibles au su}?erBus, qu'~l est presque a~ssi malaise,de ie~en separer, que de tirer une Diane au une Minerve horsd'un bloc de marbre qui 0est point encore ebauche. Puis, pourl'analyse des anciens' et l'algebre des modernes, outre qu'elles ne tos'etendent qu'a des rnatieres fort abstraites, et qui ne semblentdJa~cun usage, la premiere est toujours si astreinrea la conside-ration des figures, qu' elle ne peut exercer l' entendement sansfatiguer b~~uco?P l'i~agina~on'; et ,on s'est tell~ment assujetti,en la derniere, a certaines regles et a certains chiffres, qu'on ena fait un art confus et obscure, qui embarrasse l'esprit, au lieu

    I. Vraiscmblablement l'art de deve-lopper les lieux communs(ou topi-ques), et l'art d'argumenter (ou dia-lectique). - 2. Descartes resume icl, sa critique de la logique d'Aristote :Ie syllogisrne peut servir a exposer desveri tes deja connues, mais ne permetpas de decouvrir des verites nou-velles. nest une methode d'exposi-tion, mais nullement une methoded'invention. - 3. Raymond Lulle,moine franciscain (1235-1315). SonArt est une methode pour argumenteret developper des idees. - 4. L'ana-lyse des anciens est une methode de,decouverte. Elle consist - a supposerIe probleme resolu, a - deduire de cettesupposition 1a proposition anterieuredont elle depend, et a remonter ainsi

    . de proposition en proposition jusqu'aune verite deja demontree ou a unprincipe. De la le nom de methoderegressive qu'on lui donne parfois.Les geometres grecs l'emp1oyaienten raisonnant sur les figures elles-memes : c'est pourquoi Descartes luitrouve I'Inconvenlent de fatiguer_beaucoup l'imagination. La reformeeartesienne .consistcra a remplacerles lignes par 1es symboles algebri-ques qui les representent, et a liberer-ainsi la geometrie de la considerationconstante .des figures. - 5. Deuxchoses surtout faisaient de I'algebredes modemes un art confus etobscur J ,: l'emploi des nombres et

    /l'emploi de certains chiffres au carac-teres speciaux. Itemploi des- nombresavait I'inconvenient de ne _pas per-mettre de demeler.dans un produitles facteurs qui Ie composent (parexemple 40 pent etre Indifferemment '10 X 4.et 5 x 8). L'emploide earac- 'teres speciaux (les predecesseurs deDescartes desigpaient 1a racine, Iecarre et te cube soit par les lettresinitiates : R, Q, C, soit par les carae -teres cossiques : s e , ~ , l . . . ) r en -.daient les formules algebriques trescompliqqees. Descartes fait unedouble reiorme : 1 Aux nombresilsubstitue des lettres (les premieres ' ,lettres de l'alphabet, a, hi c, etc ... ,designent les quantites connues, etles dernieres, x, y, z, les quantltesinconnues). Ainsi les facteurs d'unl},{oduit restent distincts dans ceproduit meme : a X b =bo 20 Auxearacteres cossiques U substitue_ des.nombres employes comme exposants,Simplification considerable. Pours'en rendre compte, ilsuffit de com-parer l'expression d'une meme quan-tile dans Ie systeme de Descartesetdans celui de ses predecesseurs, ~-formule : x+ 4x'-7x' s'ecrivaitavant Descartes :xR, plus 4Q, moins 7Cou en earacteres cossiques :PI ~ , P4Ii, M7ct, ,(Note redigee d'apres Ch. Adam, Vi,de Descartes, p. 52 et 53).

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    n. '~: I tBGLEs DB LA METHODE .-d'une science qui Ie cultive. Ce qui fut cause que je pensai qu'ilfallait chercher quelque autre methode; qui, comprenant les., avanrages de ces trois, fut exempte de leurs defauts, Et comme la.'. multitude des lois fournit souvent des.excuses aux vices, en sorte..' qu'un Etat eSt bien mieux regIe lorsque, n'en ayant que fort pen,elles y sont fort' etroitement observees; ainsi, au lieu de ce grandnombre de preceptes .dont la logique eSt:composee, je crus quej'aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme.-. et constance resolution de ne manquer pas une seule fois ales -observer.Le premier etait de ne recevoir jamais aucune chose pour .-vraie, que je ne Ia connusse evidemment etre'-telle1: c'est-a-dire,d'eviter soigneusement la precipitation fit la prevention; et de ne-comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se pres en-.:-terait si clairement et si distinctement a mon esprit, que je n'eusseaucune occasion -de Ie mettreen doute. .. . Le second, de diviser chacune des difficultes que j'examinerais," - en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pourles mieux resoudre,Le troisieme, de conduire !Jar ordre mes pensees, en commen-~t par les objets les plus simples et les plus aises a connaitre,pour monter peu a:peu, comme par degres, jusques it la connais-"sancedes plus composes; et supposant meme de I'ordre entreceux qui ne se precedent point naturellement les uns les autres,Et Ie dernier, de faire partout des denombrements si entiers,- .et des revues si generales, que je fusse assure de ne rien omettre.Ces longues chaines de raisons, toutes simples et faciles, dontles geomettes ont coutume de se servir, pour parvenir a leursplus difficiles demonstrations, m'avaient donne occasion dem'imaginer que toutes les choses, qui peuvent tomber sous laconnaissance des hommes, s'entre-suivent en meme facon et',que, pourvu seulement qu'on s'abStienne ,d'en recevoir aucunepour vtaie qui ne le soit, et qu'on garde toujours I'ordre qu'ilfaut pour les deduire les unes des autres, i1 n'y en pent avoir de.si eloignees auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachees~ qu'on ne decouvres, Bt je ne fus pas beaucoup en peine de cher-met pat lesquelles iletait besoin de commencer : car je savais: d e ja que c'etait par les plus simples et les plus aisees a connaitre; ._...."et .considerant qu' entre taus 'ceux qui ont ci-devant recherche . la verite dans les sciences, iln'y a eu que les seuTsmathematiciens

    decouverte de la methode et des prin-cipes qui lui semble le plus diffici1eMais cette decouverte une fois faite,les progres du savoir doivent se pour--,' I. Ce preeepte etimine done de la.science Ie vraisemblable et Ieprobable.

    ~ 2. Descartes recuIe a l'infini les.;_ -;bornes du savoir bumain, C'est la

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    .----..,....-:-~~~~~~~~--::-~- . . . . . . . . . .-~----,-:""'-.,.......",...---~--::--~-. ~- .'-_ ~ ~ - / - - K : - ~ - ? : c 1 ~ 1 ) i . t c 6U i i s ' D BLAMEtHoDB.- __---- -- -:'~.. ' . - '. - ~, '.:~:~~:l~~~;e: t; f : l : :es~Te~! ' : ;~!t;~u~~-

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    , i - _ . . . . ~ , II. ~ R.ijGLBS DE LA METHODE.;;'.de l'algebre, et corrigerais touses defauts de I'une par I'autre,' ... Comme, en effet, j'ose dire que I'exade observation de cepeu:~e preceptes que ['avais choisis, me donna telle facilite a demeler::-to:u~esles q?eStio,ns aux~9uelles= ,deux scie':1cess'etendent, qu'en....deux ou trots mOIS que J employai ales examiner, ayant commence_._par Jes. plus simple,s et pl~s genera!es, e~ ~haque verite que je-. trouvais etant une regIe qU1 me servait apres a en trouver d' autres,.n~p.se~~ent.ie vins ~ bout de plusiew:s qu.e j'avais jugees autre-~fois .tres di f f i c i les , mats ilme sembla aUSSl, v e ts la fin. cue je..-pouvais det,ertniner, ...en. cell~s me~e que j'igr;orais, par "quel~ Jlloyens, et Jusques au, 11etatt possible de les resoudre. En quol,-ie ne vous paraltrai peut-etre pas etre fort vain, si VQUS considetez~que, 'y ayant qu'une verite de chaque chose, quiconque la trouve- - . e n sait autant qu'on en peut savoir; et que, par exemple, un: - - ' en fan t instruit en I'arithmetique, ayant fait une addition suivant

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    DISCOURS 'PE LA- METHODE.----_____....__-----~'l' 1ITROISIE11E PARTIE

    Et enfin, comme ce n'est pas assez, avant de commencer arebatir Ie ,logis ou on demeure, que de I'abattre, et de faire pro...vision de -rnateriaux et d'architedes, ou s'exercer soi-meme ji l"I'architedure, et outre cela d'en avoir soigneusernent trace le .dessin; mais qu'il faut aussi s'etre pourvu de quelque autre, O Uon puisse etre loge commodement pendant le temps qu'on y tra- 'vaillera; ainsi, afin que je ne demeurasse point irresolu en mes 'actions, pendant que la raison m'obli~erait de I'etre en mes juge- 'ments-, et que je ne laissasse pas de vrvre des lors Ie plus heureu-sement que je pourrais, je me formai une morale par provisions,qui ne consistait qu'en trois ou quatre maximes, dont je veuxbien vallS, faire part. .' ,La premiere etait d' obeir aux lois et aux coutumes de mon'pays,Areten~nt c?nStat?nl~nt la religion en Iaque11eDieu m'a faitIa grace d' ette mstruit des mon enfance, et me gouvernant, enI. Descartes distingue la conduitede ia vie de Ia recherche de 1averi teoLa resolution de se defaire detoutes les opinions qui ne sont pointabsolument certaines et evidentes nesaurait s'etendre a la vie pratique,saris qu'il devienne impossible d'avoirune preference, de choisir un partiet de prendre une decision. Descartestient a se reserver 1a possibilited'agir,et, pour eela, il formule quelquesmaximes destinees a regler sa COD-duite pendant 1a periode ou i1 doutede tout et ne possede encore aucuneverite. 11 met a . part ces maximes(voir p. 42), c'est-a-dire les exc1utdu doute methodique, Cette limita-tion du doute methodique suffiraita separer Descartes des sceptiquesavec lesquels ilne veut et ne doitpas~tre confondu (voir p. 42]. - 2. Pat'provision: en attendant. Les quatremaximes (qu'on appelle, generalementtnOt'a le p . ,oo iso i, ., e de Descartes) for-meat, selon Descartes lui-meme, unemorale imparfaite, qu'on peut suivrepar provision pendant qu'on n'ensalt point encore de meilleure (Pre-

    face des Principes de la Philosophie).Cette morale provisoire devait faireplace, quand le systeme serait acheve, ' .:'a 1a morale definitive, qui, presup-posant une entiere connaissance desautres sciences, est Ie dernier degre dela sagesse t. Descartes, mort prema-turement, n'a pas acheve son sys-teme et ne nous a pas Iaisse de traitesystematique de morale.vCependant,1a Correspondence avec la princess,Elisabeth et Ie Traite des Passions nouspermettent de reconstituer en partieIa morale definitive de Descartes.,-Notons seulem.ent qu'il n'y a pasnecessairemept opposition entre la "morale provisoire et 1a morale defi-.-nitive : Descartes pourra faire passerdans sa morale definitive certainesmaximes du DisCQurs exactementcomme iladmettra, apres les avoirajustees au niveau de la raison , des "pensees que Ie doutemethodique lui ';avait fait rejeter (voir p. 31). En fait; "seule la premiere maxime a un came .. ' ','tere provisoire et ne se retrouvera. "p a s dans la morale definitive. (Ct.":,,Appendice II, p . .83). ','

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    III. - REGLBS DE LA MORALE.- .~ .: .. route autre chose, suivant les opinions les plus moderees, et lesplus eloignees de I'exces, qui fussent communement recues enpratique par les mieux senses de ceux avec lesquels j'aurais avivre-, Car, commencant des lors a ne compter pour rien les"miennes propres, a cause que je les voulais remettre toutes a l'exa-men, j'etais assure de ne pouvoir mieux que d~ suivre celles des.. mieux senses. Et encore qu'il y en ait peut-etre d' aussi bien sen-s e s , parmi les Perses ou les Chinois, que parmi nous, ilme sem-plait 9u~ Ie.plus utile etait de me ~egler selo? ~eux ay~c lesquelslauraISa vrvre; et que, pour savoir quelles etaient veritablementreurs opinions, je devais plutot prendre garde a c e qu'ils prati-quaient. qu'a c e o qu'ils dis~ent; non seuleme~t a ~ause qu'en lacorru~tIon de nos mceurs ily a peu de gens qUI veuillent dire tout'. ce qu ils croient, mais aussi a cause que plusieurs I'i~norent eux-.memes; ,car l'ction de la pensee pat Iaquelle on croit une chose,etant differente de celIe par laquelle on connait qu'on la -croit,/ elles sont souvent rune sans l'autre. Et entre plusieurs opinions , 'egalemenr recues, [e ne choisissais que les plus moderees : tant acause 9ue ce sont toujours l e s , plus commodes ,pour la pratique,~t vraisemblablements les meilleures, tous ezces ayant coutume:.:.,Q:~tre:mauvais;comme aussi afin de m e 'detourner moins du vrai.~~:}chernin,n, cas que je faillisse, /que si, ayant choisi .l'un desextremes, c'eut e t e I'autre qu'il eut fallu suivre, Et, particulie-. -. rement, je mettais entre les execs toutes les .pr0t?esses par le~-quelles on retranche quelque chose de sa liberte, Non que Je desapprougasse les lois qui, pout remedier a I'inconstance desesprits faibles, permettent, lorsqu'on a quelque bon dessein, oumeme, pour la surete du commerce, quelque dessein qui n' estqu'indifferent, qu'on fasse des vreux3 ou des contrats qui obligenta y perseverer; mais a cause que je ne voyais au monde aucunechose qui demeurat toujours en meme etat, et que, pour mon par-ticulier, je me promettais de perfedionner de plus en plus mesjugements, et non point de les rendre pires, j'eusse pense com-mettre une grande faute contre Ie bon sens, si, pource que j'ap-1'IOUVaiS alors quelque chose, je me fusse oblige de la prendre

    mon propre jugement a les examiner,lorsqu'i1 serait temps... . - 2. Ladefinition eartesienne de la veriteexc1ut de la science les notions de pro-bable et de vraisemblable. Cependanton peut faire usage de ces notionsdans la vie pratique, a u ilne s'agitplus de vaquer a la recherche de laverite Jmais d'agir et d'etre heureux,- 3. Ce texte ne porte-t-il pas atteintea la dignite des voeux re1igieux?

    I.Cette.maxime deflnit le confo,misme,cartesien. Cette attitude conformistes'explique par le doute methodique,et Descartes indique lul-meme plusloin ce qu'elle comporte de provi-soire : Dieu, dit-il (p. 42)" nous ayantdonne a chacun queIque lumiere pourdiscerner Ie vrai d'avec Ie faux, jen'eusse pas eru me devoir contenterdes opinions d'autrui un seul moment,st je ne me fusse propose d'employer

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    .DISCO URSDB LAMBTHODB.. '. /.~-.,--~---~-~----------.--__.-.pout bonne enco r e apres, lorsqu'e1Ie aurait peut-etre cesse del'!tre, ou que j'aurais cesse de I'estimer telle. .Ma seconde maxime etait d'etre le plus ferme et le plus resoluen mes aaions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constam-ment les opinions les plus douteuses, Iorsque je m'y serais unefois de t e rm ine , que si elles eussent etc tres assurees. Imitant enceci l~s voy~geuts qui, se trouvant ~~ares en Aq~~lqueA foret, .ne doivent pas errer en tournoyant, tantot d'un cote, tantot .d'unautre, ni encore moins s'arreter en une place, mais marcher tou-'[ours Ie plus droit qu'ils Ee_uvent vers un m e m e c o t e , . et ne Ie'. changer' point pour de faibles raisons, encore que ce n'ait peut-etre e t e au commencement que 1~hasard seul qui les ait deter-mines a le choisir: car, par ce moyen, s'ils ne vont juStement O Uils desirenn ils arriveront a~ moins a la fin quelque part, o u vrai....semblablement i1s seront mieux que dans le milieu d'une foret .Et ainsi, les aCtions de la vie ne souffrant souvent aucun delai, ..c'e~ une ~erite tres certaine qu,:,lorsqu:il rr'est pas en notre ~ou- .._voir de discerner les plus vraies oplntons, nous devons, survreles.plus probables; et meme,.9u:encore que nous ne remarquionspoint davantage de probabilite aux unes qu'aux autres, nouadevons neanmoins nous determiner a quelques-unes, et les consi-deter apres, non plus comme douteuses, .en tant qu'elles se ral>'"portent a . la pratique, mais comme tres vraies et tres certaines,a cause que la raison qui nous y a fait determiner se trouve telle, :Et ceci fut- capable des lors de me delivrer de tous les repentirset, les remords, qUiont coutume d'agiter les consciences de ces espritsfaibles et chailcelants, qui se laissent aller inconstamment a prati-que:r, comme bonnes, Jes choses qu'ils jugent apres etre mauvaiSes .. N{a troisieme maxime etait .de tacher toujours plutot a mevaincre que Ia fortune, et it changer mes desirs

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    .. "_II ~:;_RBGLEr.DB. LA MORALE.c a r notre volonte ne se portant '~aturc~ement a desiree que les..choses que notre entendement lui represente en quelque fas:on .comme possibles, ilest certain que, Sl nous considerons tous les biens 'lui sont hors de nous commeegalement eloignes de notrepouvolr,nous n'aurons pas plusde regrets de manquer de ceuxqui semblent etre dus a . notre naissance, lorsque nous en seronsp~ves sans notre ~aute, que nou~. avons de ne .posseder pas lesroyaumes de Ia Chine ou du MeX1 ' Jue ; et qu e faisant, comme on'd i t , de necessite vertu, nous ne desirerons pas davantage d'!tresains, etant malades, au d'etre Iibres, etant en prison, que nousfaisons maintenant d'avoir des corps d'une matiere aussi peu cor-ruptible que les .diamants, ou des ailes pour voler comme lesoiseaux. Mais j'avoue qu'il est besoin d'un long exercice, etd'unemeditation souvent reiteree, pour s'accoutumer a regarder de cebiais toutes Ies choses; et je crois que c'eft ptincipalement en~.ceci que consistait le secre~ de. ces philosophes-, qui ont pu autre--f~is se souStr~re .de I'empire de l~~ortuneet, malgre les douleurs.etla ~pauvrete,disputer ~e !a felicite avec leu~sdie~. ~ar, s'o,c- -':.c u _PS J lt an s ~~~ a ~o!lslderer 1~ ~~rn~ qw .I.eur eta ient Pl7S-::Ct1~s,P a i r l~.nature, ils se persuadaieat slpattaitement que rien: ,~D. t~t:en Je~pouvo~ que leurs pensees, que cela seul6tait' suffi- ...~!if~!~r~~~~~r1:~:.plus libres, et plus heureux, qu aucun des autres hommes qui,o'ayant point cette philosophie, tant favorises de la nature .et d elafortune qu'ils puissent ~tre,ne disposent jamaisainsi de tout cequ'ils veulent.. . . .. ...&60, pour C?nclUSIOn de ~~e morale, Je m'avisai de faire une~vuesur les 4iY'e~es oc~upat1ons qu'ont les hommes en ~tte

    _Vle, pour tither a faire ~OlX de 1 a meilJeure; et sans que Je veuillen e n dire de celles des autres, je pensai que je ne l?ouvais mieuxque de continuer en celle-la meme o u je me trouvais, c'eft-a-dire,que d'empl?yer tout~ ma vie a cul~ver ma raison"7t,m'~vancer"..autant que Je pourraJ.s, en l , a connaissance de la vente, survant la.methode que je m~etaispresc.rite. J'avais eprouve de si extreme~'contentements, depuis que j'avais commence a me servir de cettem~thod'7' que je ~e croyais pas qu'0D: en pu~recevoir de plus-doux,Dl de plus innocents, en cette vie; et decouvrant tous Ies' .tours par son moyen qu~lques - y e r i t e s , qui me semblaient ass~_.lmport~tes,et ~ommu~ement 19n~tees des autres hommes, Ja . ~.satlSfaaion que J 'en avaJ.s remplissait tellement mon espnt que .,tout le r~fte ne me touchait point. Outre que les .~oif Q l'X itrie s . . . . I. .e., p M I o S O l ' J u s : les pbilosophes 8toicient~

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    DISCOURS .DE LA METHODE.precedentes n'etaient fdndees que sur Ie desseinque j'avais decontinuer a m'inStruire : car Dieu nous ayant donne a chacun,.queIque lumiere pout discerner Ie vrai d'avec Ie .faux, je rr'eussepas eru me devoir contenter des opinions d'autrui un seul moment,si je ne me fusse propose d'employer mon propre jugement ales.examiner, lorsqu'il serait temps; et je n'eusse su m'exempter de, -,scrupule, en les suivant,si je n'eusse espere de ne perdre pourcela aucune occasion d'en trouver de meilleures, en cas qu'ilyen eui, Et enfin je n'eusse su borner mes desirs, ni ~tre content,si je n'eusse sui-vi un chemin par lequel, pensant etre assure del'acquisition de toutes les connaissances dont je seraiscapable,je Ie pensais etre, par meme mpyen, de celle de tous les vrais biensqui seraient jamais en mon pouvoir-: d'autant que, notre volontene se portant a suivre illa fuir aucune chose, que selon quenotreentendement la lui represente bonne au mauvaise, ilsuffit debi~n [uger, pour bien ~aire, et de j~g~r Ie ~eux qu'O? puisse, pourfaire aussr tout son mieux, c'est-a-dire, pour acquerlr toutes lesvertus-, et ensemble tous lesautres biens, qu'on puisseacquerirjet lorsqu'on est certain que ceia est, on ne saurait manquer d'etrecontent. ,.. Apres m'etre ainsi assure de ees maximes, et les avoir misesapart, avec les verites de la foi, qui ont toujours ete les premieres -en rna creance, je jugeai que, .pour tout Ie reste de mes opinions,je pouvais Iibrement entreprendre de m'en defaire, Et d'autantque j'esperais en pouvoir mieux venit a bout, en conversant avecles Ahom,m~s, qu 'en demeurant plus, longt~mps r

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    la terre mouvante et Ie sable, pour trouver Ie roc ou I'argile, C equi me reussissait, ce me semble, assez bien, d'autant que, tachanta decouvrir la faussete ou l'incertitude des propositions que j'exa-minais, non par de faibles conjectures, mais par des raisonnementsclairs et assures, jc n'en rencontrais point de si douteuses, que jen'en tirasse toujours quelque conclusion assez certaine, quand cen' eut ete que cela meme qu' elle ne contenait rien de certain. Etcomme en abattant un vieux logis, on enreserve ordinairement ,les demolitions p0ur servir a en batir un nouveau, ainsi, en detrui-'sant toutes celles de mes opinions que je jugeais e t re mal fondeesje faisais diverses observations et acquerais plusieurs experiences,qui m' ont servi depuis a en etablir de plus certaines. Et, de plus,je continuais a m' exercer e n la methode que je m' etais prescrite;car, outre que j'avais soin de conduire generalement toutes mespensees seion ses regles, je me reservais de temps en tempsquelques' heures, que j'employais particulierement a Ia pratiqueren des difficultes Id e mathematique, au merne aussi en quelques.autres- que je pouvais rendre quasi sem15lables a celles des mathe-tnatiques, en les detachant de taus les principes des autres sciences!q~e je ne t~ouvais pas assez f~!m,es, comme vous verre~ q?e j'ai..f~t en plusieurs qui sont expliquees en ce volumee, Et amsi, sans.vrvre d'autre facon, enapparence, 'Jue ceux qw, n'ayant aucun. emploi qu'a passer une vie douce et innocente, s'etudient it sepa-rer les plaisirs des vices, et qui, pour jaw! de leur loisir sans s'en-n':lye~, usent de tous les divertissements qui soot honnetes, je nelaissais pas de pourswvre en mon dessein, et de profiter en Iaconnaissance de la verite, peut-etre plus que si je n'eusse fait quelire des livres-, ou frequenter des gens de lettres.Toutefois, ces neuf ans s'ecoulerent avant que j'eusse encore'pris aucun parti, touchant les difficultes q!:li ont coutu me d'etre 'r. disputees entre les doctes, ni commence a cliercher les fondementsd'aucune philosophie plus certaine que la vulgaires Et I'exemple.-"de plusieurs excellents esprits, qui, en ayant eu ci-devant Ie cfe~-'.._.sein, me semblaient ll'y avoir pas retissi, m'y faisait imaginer taut, de difficulte; que je n'eusse peut-etre pas encore sitot ose I'entre-prendre, si je n'eusse vu que quelques-una faisaient deja courre Ie1. Descartes fait Ici allusion a se s,recherches en optique (loi de la refrac-. .tkm; pendant l'hiver 1626-I627 Des-cartes' fit tailler 'une 'Ientille pqur.:_ verifier experimentalement cette loi)';~"et en meteorologie (en particulier,(.'~l'explication de l'arc-en-cie1). -~. Desi:,.:~~tressciences : la physique et la_'~;:>~teo~o1ogie.scolastiques. - 3. C'est-~ ' . : : - < , . , ; ' ~ . _ _ i

    a-dire dans la Dioptrique et les M e t e o -res" qui, avec la Geometrie , constituent .:Ies Essais de la methode, aUxqu~_ .. ".le Discours sert de preface. - 4. 'V O l t ,, : .. .premiere partie (p. 28) et secbnde.:,partie (p. 30). --r 5. La f1Ulgail'e.: Ia.,~ Iphilosophie scolastique. Le mot vu};f",~,~gaire n'a pas ici un sens pejomtifJ.}::::(d. ~ Vulgate). . .:\~,i~1. ~r ,. ~: ": " - . : . . ,.

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    QUATRIEME PARTIE". 'Ie ne sais si je dais vous entretenir des premieres meditationsi::.quej'y ai faires; car elles sont si metaphysiq ....es s et si peu com-.munes, qu'eIles ne seront p'eut-~tre pas au gout de tout Ie monde .'B~touteIois, af in qu'on puisse juger si les fondements que j 'ai. pris sont assez fermes, je me trouve en queIque facon contraintd'en parler. J'avais des longtemps remarque que , pour les mceurs,. it e S t . besoin quelquefois de survre des opinions qu'on sait ette:.fort incertaines, tout de meme que si elles etaient Indubitables,. ainsi qu'il a e t e dit ci-dessus; mais, pource 'lu'alors je desirais.-'.vaquer seulement a la recherche de la verite, J e pensai qu'il fal-- lait que je fisse tout Ie contrai~e~et que je. rejetas~e, comme ~bso->lumettt faux, tout ce en quol Je pourrrus lmaglner le moindre'doute3, afin de voir s'il ne resterait point, apres cela, quelque chose. :en m .a creance, qui fut entierement indubitable .. Ainsi,. a . cause-.'que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer_ : , : . ' 1 , ? ' i l n'y avait aucun~ chose qui fut telle qu'ils ~ous la font ~-< giner. Et pource qu'il y a des hommes qw se meprennent en rat ..-:.sonnant, meme touchant les plus simples matieres de geometric,"' 1. ~ quatrleme partie du Discours,'-'est un r e s u m e des Miditations meta~~tih'Ysiques, que Descartes avait ela- _ . " t l o r e e s pendant les neuf premiers.'mols -de son sejour en Hollande.,(oct. 1628-juillet 1629), mais qui ne:i-seront publiees (en latin) que quatre.~.'.. apres Ie Dis COUTS , en 1641. -..:~~ Metaphysique a chez Descartes.. uasens precis et designe, par oppo-.smon a la connaissance sensible, lesf./;;;JIOU,Onsui se coneoivent par l'enten-~f1ell'DeJltseul, Dans' une lettre a la prin-lii,~;,~oea~Elisabeth, Descartes distingue~dl.tOlS sortes de notions : IO Celles qui

    lir~i.llGD:tclairement connues par les sens :!t-");.~;-~Q41C est l'union de l'rne et du corps;

    ,~eUesqui sont connues par l'enten-~,;!~jQ.eIl1e!ltaide de l'imagination : tel1esr.~..~~-!o&..,' . les notions matbematiques,~;'~en(l'me, Ies figures et les mouve-~aUl; 3 ce11esqui exercent I'enten-_leat .:s e u . t ou pensees ]]1etaphy-. : te11eest 1& notion de l'ame.

    Dans le Dtseours (p. 50), Descartes diranon moins nettement que beaucoupne parviennent pas a concevoir clai-rement la notion d'ame parce qu' ilsn'elevent jamais leur esprit au-deladeschoses sensibles ]t. I.,a connaissancesen ..sible etant la plus ordinaire a l'homme,les notions metaphysiques exigent,pour etre comprises, un effort donttaus les hommes ne sont pas capables C'est pourquoi Descartes a hesite aparler de s a . metaphyslque dans unouvrageecrit en langue vulgaire. -3. Descartes va successivement rejetercomme fausses les connaissances sen.slbles, les demonstrations mathema-tiques, et en general toutes nos pen-sees. Cette elimination.se fait au moyend'arguments traditionnels empruntesaux sceptiques de I'antiquite, On re . .trouve chez maint auteur dUXVI8siecIeces raisOns de douter, auxquellea Des-cartes ajoute dans lea MltliIaIions. l'h.ypotheae du ma uD g6Die .

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    - .46 . , 'DISCOURS DB LA MBTHODB.et y font des paralogismes, jugeant -que j 'etais sujet a faillir, autant~lu'ucun autre, je rejetai .comme fausses toutes les raisons quej avais prises aUp'aravant pour demonstrations, Et en f in , consi-derant que routes les memes pensees, que nousavons etant eveil-les, no s peuvent aussi venir, quand nous dormons1 sans qu'il yen ait aueune, pour lars, ' lui soit vraie, je me resoliis de feindreque toutes les choses qw m' etaient jamais entrees en I'espritn' etaient non plus vraies que les illusions de mes songes. Mais,aussitot apres"je.pris gar~eque! ge?dant.que [e voulais ~si p~n-ser que tout etatt faux, ilfallait necessairement que mot, qw lepensais, fusse quelque chose. Et remarguant que cette verite :ie p e n s e , dollt je su is, etait si ferme et si assuree, que toutes les plusextravagantes suppositions des sceptiques n' etaient pas-capablesde I'ebranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule,pour Ie premier principe de la philosophie, que je cherchais,Puis, examinant avec attention ce que j'etais, et voyant que jepouvais feindre .que je n'avais aucun corps,. et qu'il n'y avaitaucun monde, ni aucun .Iieu o u .je fusse; mais que je ne pouvaispas feindre, pour cela, que je n'etais point; et qu'au contraire, de.cela meme que je pensais a douter de la verite des autres choses, Ilsuivait tres evidemment et tres certainement q e j'etaisiau lieuque, si j'eusse seulement cesse de Rns~, engore que tout Ie restede ce que j'avais jamais imagine eut ete vrai, je n'avais aucune rai-son de croire que j'eusse ete : je connus de Ii que j'etais une sub