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DG/94/39Original anglais

ORGANISATION DES NATIONS UNIESPOUR L'EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE

Discoursde

M. Federico Mayor

Directeur généralde

l'Organisation des Nations Uniespour l'éducation, la science et la culture

(UNESCO)

à la première Conférence mondiale sur l'apprentissage permanent

L'apprentissage permanent pour le XXIe siècle

Rome, 30 novembre 1994

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DG/94/39

Monsieur le Président de l'Initiative européenne pour l'éducation permanente, Monsieur le Vice-Chancelier de l'Université John Moores de Liverpool, Monsieur le Directeur du Conseilaméricain de l'éducation, Chers Collègues, Mesdames et Messieurs,

Voici plus de trois siècles, dans une Europe encore mal remise des déchirements politico-religieuxde la guerre de 30 ans, un homme d'Europe centrale réfugié à Amsterdam a rédigé l'une des plusfortes apologies de l'éducation permanente jamais écrites. Dans "La pampaedia", au chapitreintitulé "Panscolie", Jan Amos Comenius écrivait ceci:

"De même que le monde entier est, pour tout le genre humain, une école, du commencementà la fin des temps, de même l'âge de chaque homme est son école depuis le berceau jusqu'à latombe. Il ne suffit donc plus de dire avec Sénèque "Il n'est jamais trop tard pour apprendre";il faut dire plutôt: "Chaque âge est destiné à apprendre, et les mêmes bornes sont imposées àl'homme pour la vie et pour l'apprentissage. Disons mieux: la mort elle-même ne termine pasla vie humaine. Quiconque est né homme est appelé à aller au-delà, tout droit dans l'éternité,qui est une sorte d'université céleste. Par conséquent, tout ce qui précède n'est que le chemin,la préparation, l'atelier, l'école élémentaire."

Si la métaphysique de l'éducation qu'expose Comenius peut paraître un peu trop radicale àcertains, sa philosophie de l'éducation permanente est de plus en plus largement partagée.

Pendant deux siècles, à la question de savoir ce que devrait être l'apprentissage et où il devrait sefaire, nous avons répondu essentiellement en termes d'enseignement formel. Aujourd'hui, larévolution de l'information et le nouveau modèle techno-économique qu'elle implique nous incitent- et même nous obligent - à repenser la signification de l'éducation et le rôle et la forme qu'elle doitassumer à l'aube du XXIe siècle.

Nous abordons une ère nouvelle où le monde de l'éducation subit des transformations profondes. Sile passage initial par l'école demeure un aspect essentiel de l'éducation, celle-ci est en train des'élargir et de se diversifier et reflète un souci beaucoup plus poussé de la qualité de l'apprentissage.En même temps, on constate au sein de la population adulte une demande de plus en plus forted'éducation permanente qui touche à tous les domaines de l'expérience: le travail, la vie civile etprivée. Dès le début des années 70, la Commission Faure réunie par l'UNESCO avait su discernercette tendance. Présentant le rapport de la Commission Apprendre à être, Edgar Faure écrivait: "Ils'agit non plus d'acquérir, de façon ponctuelle, des connaissances définitives, mais de se préparer àélaborer, tout au long de la vie, un savoir en constante évolution et d"'apprendre à être". Le Club deRome a repris ce thème à la fin de la décennie dans On ne finit pas d'apprendre en le rattachant à laproblématique du changement

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global. Aujourd'hui le processus atteint un seuil critique, et la nécessité de repenser l'éducation entermes d'apprentissage permanent s'impose de jour en jour davantage.

La révolution de l'information joue évidemment un rôle essentiel dans ce processus. Dans unmonde où les ordinateurs voient leur vitesse de calcul doubler (ou leur prix diminuer de moitié)tous les deux ans, et où le volume des connaissances scientifiques connaît une croissanceexponentielle, la vitesse avec laquelle le savoir se périme et l'importance d'un apprentissagepermanent augmentent proportionnellement. Dans le secteur des puces électroniques par exemple,on estime que 20 % des connaissances d'un ingénieur deviennent dépassées chaque année et unegrande firme électronique a calculé que chaque dollar dépensé en formation rapportait 30 dollars engains de productivité dans les trois années suivantes. Les nouvelles règles de l'économie font quepour gagner sa vie, il faut désormais passer sa vie à apprendre.

Parallèlement, les progrès des technologies de l'information et de la communication remettent enquestion le monopole du savoir traditionnellement détenu par les systèmes formels d'éducation. Lemonde de l'éducation est, de plus en plus, un monde sans murs ni frontières. Le progrès scientifiqueet le développement économique font que - du moins dans les régions les plus prospères du globe -les gens vivent plus longtemps et ont davantage de loisirs pour profiter de ces possibilités élargiesd'apprentissage. Nous nous acheminons rapidement vers un univers de "sociétés éducatives"fondées sur la notion d'apprentissage permanent. La tenue de cette première conférence mondialetémoigne de cette tendance.

L'importance de l'apprentissage permanent s'impose un peu partout. En Europe, la politique del'Union européenne en matière de ressources économiques et humaines est désormais étroitementliée à cette idée et le Parlement européen envisage de proclamer 1996 Année européenne del'éducation permanente. Même constatation au niveau régional: chez moi en Catalogne, parexemple, le gouvernement de la Généralité a fait du développement du potentiel humain sapremière priorité et s'est doté d'une stratégie interministérielle spéciale pour l'éducation des adultes.Dans l'ensemble de l'Europe, on assiste à un développement rapide des programmes d'éducationpermanente pour adultes, avec la création dans de nombreux pays de systèmes d'éducation ouvertset le développement d'un vaste réseau d'initiatives par des associations d'éducation des adultesregroupant près d'un million de formateurs et qui touchent plus de 40.000 millions de personneschaque année. Dans de nombreux pays, plus d'un tiers de la population adulte participe à desactivités d'apprentissage - que ce soit sur le lieu de travail, dans les établissements publics, au seind'associations volontaires ou par le biais de l'éducation à distance.

Les mêmes tendances se manifestent dans d'autres régions du monde. Au Japon, les autoritésappliquent depuis quatre ans une nouvelle politique nationale d'apprentissage continu qui intègrel'éducation des adultes ou "éducation sociale" et la formation continue dans une perspectiveglobale, et des conseils intersectoriels sur l'éducation permanente ont été spécialement mis en placedans toutes les régions. Cette initiative fait suite à une refonte globale du système d'enseignementjaponais inspirée du rapport de la Commission Faure - exemple instructif de l'impact des activitésdites "intangibles" de coopération intellectuelle.

De même, de nombreux pays d'Europe centrale et orientale - les trois Etats baltes, la Républiquetchèque, la Hongrie, la Slovaquie et la Slovénie - ont entrepris ou envisagent d'adopter denouvelles politiques d'éducation des adultes et d'éducation permanente pour faciliter le passage à ladémocratie. On constate des tendances similaires dans les pays d'Asie en voie de développementaccéléré et dans les régions les plus industrialisées d'Afrique et d'Amérique latine. En Afrique duSud par exemple, le gouvernement démocratique récemment élu a décidé d'associer tous lespartenaires sociaux à la transformation du système éducatif. Le

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programme national de reconstruction et de développement propose une double stratégieimpliquant un élargissement des services d'éducation de base associé au développement desressources humaines par le biais de l'éducation et de la formation des adultes.

Cette tendance à l'éducation permanente est pratiquement universelle. Partout, les transformationssociales exigent de l'individu une participation accrue, la capacité d'innover et de résoudre desproblèmes, d'apprendre et de continuer à apprendre. Bien au-delà du simple problème du travail, ils'agit de créer une société éducative capable de répondre à toute la gamme des défis associés auprogrès scientifique et technique et d'abord à celui qui consiste à vivre en paix dans un mondepluriculturel, dans le respect de la démocratie, de la tolérance et de la justice.

Etant donné que plus de 80 % de ceux qui formeront la population adulte de l'an 2000 ont déjàquitté l'école, il faut transcender les schémas d'éducation traditionnels si l'on veut répondre à cesexigences et aspirations nouvelles. Nous devons apprendre à discerner et développer lespossibilités d'apprentissage qui existent dans l'environnement de travail et dans toutes lescirconstances de la vie. Personne ne doit plus pouvoir se plaindre d'avoir raté dans sa jeunesse letrain de l'éducation. Toute politique de l'éducation doit prévoir une série ininterrompue de "trainsde rattrapage" et d'aiguillages permettant à chacun, à tout âge, de se recycler, de développer sonpotentiel intellectuel et humain et de libérer la créativité indispensable pour s'adapter auxbouleversements planétaires dans des domaines comme l'environnement, la population, l'emploi etla communication et saisir la possibilité de passer d'une culture immémoriale de la guerre à uneculture de la paix.

En élaborant sa Stratégie à moyen terme pour les années 1996 à 2001, l'UNESCO a voulu faire del'éducation permanente l'axe de son action en faveur du développement durable; mais, précisionessentielle, il s'agit de l'éducation permanente pour tous. On estime que le monde compteaujourd'hui quelque 900 millions d'analphabètes. Entre le quart et le tiers de la population adultemondiale, dont une majorité de femmes, ne savent ni lire ni écrire et n'ont pas accès à la plusrudimentaire des technologies de l'information, le texte imprimé. Quelque 130 millions d'enfantsn'ont tout simplement pas accès à l'enseignement primaire et des millions d'autres abandonnentl'école après seulement un ou deux ans. Selon le Rapport mondial sur l'éducation de l'UNESCO,l'espérance de vie scolaire d'une petite Nigérienne est de 1,4 an seulement contre 16,5 années pourune habitante du Canada. Et malheureusement, nos enquêtes sur l'éducation et la science montrentque les écarts et les inégalités entre riches et pauvres en matière d'éducation et d'accès àl'information se sont creusés de façon alarmante au cours de la dernière décennie.

La promotion de l'éducation permanente doit s'insérer dans un contexte plus large, c'est-à-direglobal. Il ne s'agit de rien moins que de répondre à la totalité des demandes insatisfaites dans ledomaine de l'éducation, et ceci à l'échelle mondiale. Sinon, on risque, en ignorant la misère et lafrustration qu' engendre le manque d'éducation de base, d'aggraver les problèmes qui nousassaillent déjà: pauvreté, maladie, croissance démographique, dégradation de l'environnement,migrations incontrôlées et conflits ethniques.

L'UNESCO participe activement - avec le PNUD, la Banque mondiale, l'UNICEF, le FNUAP etses autres partenaires extérieurs au système des Nations Unies - à la mise en oeuvre de la Stratégiemondiale d'éducation pour tous adoptée par la communauté internationale à Jomtien en 1990. Suiteà la réunion au sommet de neuf pays à forte population à New Delhi en décembre 1993, elle metl'accent sur les pays qui connaissent des difficultés aiguës en matière d'éducation et qui détiennentla clé du problème global de l'analphabétisme et des insuffisances en matière d'éducation. Il s'agitessentiellement de mettre en oeuvre une éducation émancipatrice, adaptée aux besoins despopulations concernées, associée aux activités de

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postalphabétisation et d'éducation non formelle et utilisant des stratégies diversifiées pour atteindreles exclus. Plusieurs gouvernements ont déjà pris des engagements importants dans le cadre de ceteffort visant à répondre aux besoins fondamentaux d'apprentissage à l'échelle mondiale. A laConférence de New Delhi, par exemple, l'Inde s'est engagée à porter de 3,6 % à 6 % de son PNB lemontant des crédits qu'elle consacre à l'éducation. Cela dit, il reste encore énormément à faire, àl'échelle mondiale - en particulier par le biais de l'aide internationale pour promouvoir l'éducationde base pour tous comme fondement de l'apprentissage permanent pour tous dans le cadre nonseulement d'une économie, mais aussi d'une communauté planétaire.

Bien entendu, il y a des exclus de l'éducation non seulement dans les pays en développement maisaussi au coeur du monde industrialisé. La nouvelle économie à forte intensité de savoir et cesorganisations à haute technicité que bon nombre d'entre vous s'efforcent de promouvoir, entraînentparfois de spectaculaires réductions de la main-d'oeuvre, et risquent trop souvent de contribuer àgrossir les rangs des exclus types de l'éducation permanente - personnel des petites entreprises,secteur informel, retraités d'office, jeunes sans emploi, réfugiés, émigrés, chômeurs de longuedurée. Les gouvernements doivent agir pour que ce potentiel humain ne soit plus gaspillé. Enmême temps, les entreprises commerciales ont le devoir - comme c'est d'ailleurs leur intérêt -d'aider à résoudre les problèmes dont leur volonté de compétitivité est en partie responsable. Lasolution au problème des exclus de l'éducation - du point de vue économique aussi bien que social -passe par davantage d'éducation dans une perspective élargie. Comme le soulignait le rapportrécent de la Commission internationale sur la paix et l'alimentation, dont l'UNESCO est fièred'avoir encouragé les travaux: "la volonté nationale de relever le niveau minimal et moyen et laqualité de l'éducation peut constituer à moyen terme un facteur considérable de création d'emplois".L'apprentissage permanent devrait devenir l'une des priorités politiques de tous les gouvernements,supposant la mise en oeuvre de stratégies et de moyens technologiques divers.

Les nouvelles technologies de l'information n'ont pas seulement accru la demande d'éducationpermanente: elles ont multiplié de façon spectaculaire les moyens d'y faire accéder ceux qui en ontbesoin, quand et comme ils le souhaitent. Le CD-ROM, les systèmes interactifs multimédia, laradio-télédiffusion par satellite, les réseaux informatiques, les autoroutes de l'information et lesapplications des images virtuelles - toutes ces technologies nouvelles ou prospectives ouvrent desperspectives fantastiques s'agissant de promouvoir l'éducation permanente et d'apporter enfin uneréponse à ces défis auxquels j'ai fait allusion. Particulièrement stimulantes apparaissent lesimplications pédagogiques de ces technologies nouvelles, la possibilité de permettre à chacun devivre jusqu'à son dernier souffle l'aventure de l'éducation, d'opérer une mutation qui fasse quel'éducation devienne "éducréation" afin, pour paraphraser Bernard Shaw, que l'éducation soitpoursuite du savoir par l'homme plutôt que l'inverse.

Toutefois, nous devons procéder sur cette voie prometteuse avec réalisme et circonspection. Cen'est pas encore demain que le système des autoroutes informatiques aura la même densité que leréseau de petites routes et de pistes qui desservent les quelque 600.000 villages du monde quiattendent toujours d'être électrifiés. N'oublions pas que les inégalités en matière d'accès àl'éducation coïncident avec celles relatives à l'information et aux technologies nouvelles et qu'il fautcombattre toutes ces inégalités ensemble. Là encore, c'est grâce aux technologies appropriées - quine sont pas nécessairement les plus récentes - que nous serons les mieux à même d'atteindre lespauvres, les isolés et les marginaux. Ces technologies ne pourront devenir efficaces que si ellessont intégrées - ce qui n'ira pas sans frais - dans les structures et pratiques d'enseignementexistantes. Alors seulement, l'exploration illimitée des possibilités de l'électronique et l'accès sansrestriction à la connaissance universelle cesseront d'être un rêve et commenceront à devenir uneréalité.

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La technologie en soi n'est d'ailleurs pas une panacée pour tous les maux dont souffre l'éducation.Encore faut-il s'assurer que le médium dont on dispose véhicule un message approprié. A l'heureactuelle, un cinquième seulement du marché mondial des logiciels, d'une valeur de 60 millions dedollars, est consacré à l'éducation. Nous devons veiller à ce que le village planétaire décrit parMcLuhan soit un village où nous ayons envie de vivre. Nous devons veiller aussi à ce que cetteglobalisation ne soit pas le prétexte d'une invasion culturelle par le biais de la technologie ou d'unconformisme qui tuerait la pluralité d'expression. Enfin, n'oublions jamais que le véritable savoirrepose toujours sur l'autodiscipline et que le principal vecteur de l'apprentissage demeure - commetoutes les recherches le prouvent - encore et toujours l'être humain.

Cela dit, l'UNESCO - avec sa longue expérience de développement des technologies éducativesdans ses Etats membres - entend bien exploiter pleinement les immenses possibilités destechnologies de l'information et de la communication pour développer ses activités en faveur del'éducation permanente pour tous.

L'effort principal à ce stade consiste naturellement à répondre aux besoins en matière de formationdes Etats membres en développement, et en particulier des plus nécessiteux. En 1990, laConférence mondiale de Jomtien sur l'éducation pour tous plaidait en faveur d'une "vision élargie"qui transcende les systèmes classiques de formation pour répondre aux besoins en matièred'éducation fondamentale. Dans le même esprit, le Sommet des neuf "géants" réunis en décembre1993 à New Delhi a ultérieurement lancé une "initiative conjointe en faveur de l'éducation àdistance" d'une ampleur sans précédent. La même année, un Forum de réflexion ad hoc sur le rôlede l'UNESCO dans la dernière décennie du XXe siècle, auquel participaient de nombreuses etéminentes personnalités scientifiques et culturelles, proposait la création d'un système mondiald'éducation ouverte, Apprendre sans frontières, et invitait l'UNESCO "à concevoir un moyen quipermette à tous, partout dans le monde, d'avoir accès à toutes les formes et à tous les niveauxd'éducation, dans la perspective d'une éducation permanente instaurant un continuum entrel'enseignement primaire universel et les formes plus avancées d'éducation".

Il est encore trop tôt pour exposer de façon détaillée nos activités dans ce domaine; je mecontenterai d'indiquer que le projet Apprendre sans frontières est déjà sur les rails et que nousréfléchissons activement à ses implications qui sont d'une portée considérable, en cherchant àidentifier et contacter d'éventuels partenaires publics et privés et en étudiant les modalitésd'intégration du projet dans le cadre plus large du programme de l'UNESCO . Un lien évident estcelui qui pourrait s'instaurer avec les mécanismes du programme UNITWIN/chaires UNESCO,dont l'objectif est de promouvoir les échanges au niveau de l'enseignement supérieur et d'accélérerle transfert de connaissances. Dans la même perspective, l'UNESCO va intensifier, par le biais deson Institut de l'éducation de Hambourg, ses activités de recherche et développement dans ledomaine de l'éducation des adultes et préparera pour 1997 une Conférence internationale surl'éducation des adultes, à laquelle vous serez invités à apporter vos contributions.

Enfin, il est une dernière initiative de l'UNESCO que je voudrais mentionner dans ce contexte: lacréation de la Commission internationale sur l'éducation pour le XXIe siècle présidée par M.Jacques Delors, qui a lui-même tant fait depuis plus d'une décennie pour élargir notre vision del'éducation. Le rapport que la Commission doit rendre l'année prochaine aura pour thème principal:"Quel genre d'éducation faudra-t-il demain, pour quel genre de société", et fera notammentréférence au rôle des nouvelles techniques de l'information. Nous pensons que ce rapport, commele Rapport de la Commission Edgar Faure avant lui, constituera un document précieux pouralimenter les réflexions au niveau international et au sein des Etats membres, même si laCommission a déjà fait remarquer que l'éducation ne

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constitue que l'une des réponses aux défis du XXIe siècle et que, pour être efficace, elle doits'inscrire dans une dynamique économique, sociale et culturelle beaucoup plus large.

Mesdames et Messieurs,

Je me réjouis d'avoir pu partager avec vous ces réflexions et vous faire part de quelques-unes despréoccupations de l'UNESCO en matière d'éducation permanente. Qu'elle se réunisse à Rome est lameilleure garantie de la qualité des débats de cette conférence. L'Italie possède en effet, en matièrede créativité et d'imagination - conditions indispensables de l'effort de mobilisation qui s'impose -,une tradition unique et profondément enracinée. Il est grand temps de renouer avec la vision d'unLéonard de Vinci et de nous rappeler que ce monde est un navire dont les passagers, avant d'êtreriches ou pauvres, noirs ou blancs, jeunes ou vieux sont d'abord des êtres humains voguant tousvers la même destination.

Je tiens à féliciter les organisateurs de cette conférence de leur contribution à l'effort nécessairepour repenser l'éducation et promouvoir le développement des ressources humaines. J'espère queles actions prévues pour le développement ultérieur de l'éducation permanente en tant que conceptde survie pour le XXIe siècle se concrétiseront. L'UNESCO est et sera toujours disposée àcoopérer aux efforts dans ce sens. Les grands défis et problèmes auxquels le monde est confrontémais aussi la notion de citoyenneté mondiale qui se dessine et l'éclosion de nouvelles formes dedémocratie exigent la multiplication et la poursuite de ce type d'activités et de partenariats.

L'apprentissage est un outil, un instrument stratégique sans lequel il ne saurait y avoir nidéveloppement humain viable, ni autosuffisance. Mais l'apprentissage est aussi un droit, celui pourchaque homme et chaque femme d'être un citoyen actif et créatif. Plus essentiellement encore,l'apprentissage est une joie qui donne à chacun de nous le sentiment de sa liberté, de sa dignité etde la maîtrise de son destin. Quand on l'a éprouvée une fois, cette joie d'apprendre devient lemoteur d'une quête qui dure toute la vie et qui, associée au sentiment de solidarité, donne sonvéritable sens à l'existence humaine.

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