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Dossier pédagogique SAISON 2013 I 2014

Dossier pédagogique saison 2013 i 2014

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Dossier pédagogique saison 2013 i 2014

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SOMMAIRE

note d’intention P. 4

Éric Lacascade joue collectif P. 5HuguEs LE tannEuR

De l’Homme des bois à l’oncle Vania P. 7FRançoisE MoRVan

Résumé P. 9

oncle Vania, un monde dans une éprouvette P. 10ViRgiL tanasE

un siècle de Vania P. 13giLLEs Costaz

L’univers tchekhovien P. 15

Chronologie a. tchekhov P. 16

Dans la tête du metteur en scène P. 22• RÉFÉREnCE à La CaPtation ViDÉo Du sPECtaCLE• ConsiDÉRation iMPoRtantE• REMaRquEs gÉnÉRaLEs. notEs DE MisE En sCènE

Éric Lacascade P. 35

Les comédiens P. 36

tournée / rencontre / à lire / à voir P. 39

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ANTON TCHEKHOV I ÉRIC LACASCADEOncle Vania CRÉation 2014

La difficulté d’accepter son attachement aux choses, aux êtres. De s’acceptersoi-même. ainsi chez tchekhov va la famille, ainsi va le monde.

Le monde de tchekhov passionne Éric Lacascade. Régulièrement il revient vers ses bourgeois des villes mal àl’aise dans leur propriété de campagne, héritage dont ils ne peuvent se passer, sinon lorsque, ruinés, ils doi-vent vendre – voir La Cerisaie – et c’est alors comme une mort. Ici, Vania aime et garde sa forêt. Mais, commetout personnage de Tchekhov, il vit à côté de ses désirs. Il ment et se ment, consciemment, avec une inébran-lable sincérité. Avant tout il se voudrait capable d’être aimé, de donner du bonheur. L’exigence de ces êtres, leurlucidité, leurs élans, leurs regrets, voilà ce qui entraîne Lacascade vers eux, toujours en lutte avec eux-mêmes,dépendants d’un groupe plus ou moins familial, uni au point d’en devenir étouffant. Portrait d’une humanitédont il tient à montrer les rêves et la fragilité. Et la dureté, en reliant Oncle Vania à sa première version, plusrude, L’Homme des bois, écrite près de dix ans auparavant, en 1889.

Colette Godard

D’APRÈS Oncle Vania ET L’Homme des bois

D’APRÈS LA TRADUCTION D’andré Markowicz & FrançoiseMorvan PUBLIÉE AUX ÉDITIONS BABEL ACTES-SUD

ADAPTATION & MISE EN SCÈNE Éric LacascadeCOLLABORATION ARTISTIQUE Daria Lippi, Éric DidrySCÉNOGRAPHIE Emmanuel ClolusLUMIÈRES Philippe BerthoméCOSTUMES Marguerite BordatSON Marc BretonnièreASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE noémie Rosenblatt

PRoDuCtion DÉLÉguÉE Théâtre national de Bretagne – RennesCoPRoDuCtion Compagnie Lacascade – Théâtre de la Ville-Paris –Maison de la Culture de Bourges.Eric Lacascade est artiste associé au Théâtre national deBretagne – Rennes.

Création au TNB – Rennes du 18 février au 1er mars 2014.

AVEC

Jérôme Bidaux ASTROV

Jean Boissery ORLOVSKI

arnaud Chéron FÉDOR

arnaud Churin (DU 5 AU 16 MARS) OU Philippe Frécon (DU 18 AU 22 MARS) TÉLÉGUINE

alain d’Haeyer VANIA

stéphane E. Jais JELTOUKHINE

ambre Kahan ELÉNA

Millaray Lobos garcia SONIA

Jean-Baptiste Malartre SÉRÉBRIAKOV

Maud Rayer MARIA VASSILIEVNA

Laure Werckmann YOULIA

SAVOIR AIMER

© B. Enguerrand

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ÉRIC LACASCADE JOUE COLLECTIFavec Oncle Vania, l’Homme des bois, le metteur en scène, directeurde l’École du théâtre national de Bretagne à Rennes, revient à tchekhov, un de ses auteurs favoris.

Éric Lacascade aime être sur scène avec ses comé-diens. Quand on l’interroge sur ce besoin de se situerà la fois à l’extérieur et sur le plateau, il se comparesouvent à un capitaine d’équipe de football à l’œuvresur le terrain avec les joueurs. L’image peut surpren-dre tant il est peu courant de mettre en parallèle lethéâtre et le sport. Cependant, quiconque a assisté àun spectacle monté par Éric Lacascade a pu faire ceconstat d’une présence particulière, au milieu desacteurs, de ce personnage légèrement à part tout enétant au cœur de la représentation – non plus dans lapeau du metteur en scène mais en quelque sorte danscelle du meneur de jeu. Ce double positionnement aquelque chose de remarquable car, en observant ÉricLacascade évoluer dans des pièces comme Ivanov, LaMouette ou Platonov, on voit simultanément l’acteuret l’homme. L’homme, c’est-à-dire le metteur en scène.

Cette présence singulière dans l’action de celui donton sait qu’il en est aussi le regard extérieur – onpourrait aussi bien dire l’ordonnateur – produit uneffet étrange. Toujours droit sans pour autant êtreraide, son port dégage une énergie discrète. Il est làun peu à la manière d’un agent secret, un person-nage trouble ; ou au contraire, à la façon d’un angegardien plus rassurant. Éric Lacascade n’est sansdoute pas le seul metteur en scène à jouer aux côtésde ses comédiens, mais dans son cas sa présence luiconfère un double rôle d’acteur et d’observateur d’au-tant plus important que ce positionnement influesur le comportement général de ceux qui participentau spectacle. Pour Éric Lacascade, jouer un person-nage ne consiste pas tant à l’incarner qu’à contribuerà un mouvement d’ensemble. Ce qu’il met en scèneconsiste d’abord en une dynamique de groupe. C’estlà qu’on retrouve la métaphore du sport d’équipe ; lacirculation, les accélérations, les passes et autreséchanges se retrouvent sur cet autre terrain qu’est leplateau. Si Éric Lacascade monte si bien le théâtrede tchekhov, c’est parce que selon lui, l’acteur parti-cipe toujours d’un ensemble et donc existe en inter-action avec les autres acteurs. D’où l’importance, pource chef de bande, d’un théâtre de troupe basé surune complicité qui ne se contente pas d’aventures

éphémères, même si réussies, mais se poursuit sur ladurée.Après avoir un peu délaissé son auteur fétiche qu’estTchekhov pour monter notamment Hedda Gablerd’Ibsen, avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre, ouLes Barbares et Les Estivants de Gorki, Éric Lacascadey revient aujourd’hui avec Oncle Vania. Ce retour àun auteur qu’il a si bien servi jusque dans la Courd’honneur du palais des Papes à Avignon, en 2002avec Platonov, est incontestablement un événementimportant. Dès ses premiers pas en duo à la tête duBallatum Théâtre, avec son compagnon de routeGuy Alloucherie, le parcours d’Éric Lacascade s’esttoujours déroulé sous le signe d’une grande cohé-rence. Avec lui chaque nouvelle création est le fruitde ses expériences précédentes. Ainsi, pendant dix,ans l’aventure du Ballatum s’est nourrie des folies duGrand Magic Circus ou du Living Theatre. Un théâ-tre explosif, insolent qui fait feu de tout bois. Aupoint qu’on pourrait voir dans les premières créa-tions en solo de Lacascade une forme d’assagisse-ment quand il s’agit en réalité d’une nouvelle orien-tation. Il monte notamment une Phèdre de Racineintense et frémissante dont tous les rôles sont inter-prétés par des comédiennes. Sa fréquentation assi-due du Polonais Jerzy Grotowski, auquel il rendrégulièrement visite jusqu’à sa mort en 1999, l’en-courage à poursuivre sa quête d’un théâtre qui neconsiste pas seulement à mettre en scène des textesmais à construire des formes suffisamment origi-nales et stimulantes pour les faire entendre diffé-remment. Ivanov est sa première incursion dansl’univers de Tchekhov. La pièce s’ouvre sur My SweetLord de George Harrisson. Ce qui pourrait ressem-bler à un contresens ou à une facilité contribue aucontraire à installer l’atmosphère aigre-douce danslaquelle se débat le héros. Cette approche intuitivefera aussi le succès de La Mouette, de Platonov et deLa Cerisaie. « Une analyse trop poussée qui met lecœur à nu aurait enlevé à Tchekhov ce léger brouillardpoétique qui lui est propre », écrit Stanislavski.Monter Tchekhov est une affaire de doigté, un travailde précision où il est indispensable de trouver labonne mesure pour maintenir ensemble un subtil

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Depuis de nombreuses années j’explore régulièrement l’œuvre de Tchekhov. Elle est une source à laquelle jereviens régulièrement. Il est vrai que ce fut mon premier amour d’auteur, et qu’un premier amour vousmarque à jamais. Au fil du temps, au fil de ces rendez-vous, je me suis senti en empathie, en symbiose avecles personnages – plus que des personnages nous dirions des gens – et les situations qui les traversent :Ivanov, Les Trois Sœurs, puis La Mouette et Platonov.

Aujourd’hui Vania, l’Homme des bois. Incontournable.Tchekhov peint ici un microcosme familial étouffant, et cela me plaît. Son portrait d’une bourgeoisie mi-campagnarde, mi-intellectuelle en train de sombrer me parle. Je crois à cette fin du monde-là.Les plaintes et les pleurs de Vania sur sa jeunesse envolée m’attirent aussi. Et la noirceur d’Astrov. De mêmeque ces histoires d’amour sans espoir, ces histoires d’amitié sans pitié. Et la vie qu’on dit ratée aussi. Et cetécart entre ce que l’on croit être, ou pouvoir devenir, et ce que l’on est, à la fin. La violence des propos et dessentiments, leur faiblesse, le peu d’exigence des êtres envers eux-mêmes, leur clairvoyance et leur exhibition-nisme, et pourtant leur incapacité à agir ou à évoluer.Dieu sait pourtant qu’ils luttent !Ce constat nous bouleverse, car avant la résignation mentale ou physique ces hommes et ces femmes lut-tent. Au bord de l’abîme, maladroitement, dans tous les sens, pour eux et contre les autres, pour les autreset contre eux-mêmes, ils luttent.C’est cette confrontation que je vais montrer.Ce déferlement d’humanité, ce bouillonnement des passions qui se mêlent et s’entrechoquent sur scène,nous sont d’un coup renvoyés en pleine figure et là, c’est avec nous-mêmes que nous avons à faire.Tchekhov a écrit une première version d’Oncle Vania qui s’appelle L’Homme des bois. Il m’a semblé tentantde réunir ces deux textes en un seul, pour la première fois.

Éric Lacascade

NOTE D’INTENTION

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Lorsque, pour la première fois, en 1995, nous avonstraduit L’Homme des bois, nous avons ressenti unegrande tendresse pour cette pièce, généralement consi-dérée comme le brouillon d’Oncle Vania, ou plutôtcomme une version manquée dont le seul intérêt étaitd’éclairer la genèse d’un chef-d’œuvre. Puis, le tempspassant, quelques metteurs en scène nous ont avouéleur prédilection pour L’Homme des bois et, aprèsavoir travaillé avec Claire Lasne Darcueil, nous avonsdécidé de donner une nouvelle version de cette tra-duction, en tenant compte des corrections que nousavions apportées entre-temps au texte d’Oncle Vania. Au fil des années, nous avons aussi constaté com-bien les versions originales des pièces de Tchekhov,telles qu’il les avait déposées à la censure, nous sem-blaient plus riches et plus fines que les versions défi-nitives, revues selon les directives de Stanislavski, etnous avons pris l’habitude de donner tout à la fois laversion première, d’après le manuscrit de censure, etla version académique publiée par Tchekhov. Dans lecas de L’Homme des bois, nous avons découvert, nonsans surprise, qu’il existait également un texte sousle texte ; si la version avant remaniements n’avait ja -mais été traduite, ni même, du reste publiée en tantque telle en Russie, elle était si profondément diffé-rente de la version revue et corrigée que nous avonsvu émerger une nouvelle pièce en la traduisant.

Objet de toutes les critiques, ce malheureux Hommedes bois avait été d’abord été écrit dans une sorted’euphorie. En 1889, Tchekhov, alors dans la périodela plus heureuse de sa vie, était rasséréné par le suc-cès d’lvanov (joué dans sa deuxième version) et deses pièces en un acte. Il se mit à écrire Le Tragédienmalgré lui et La Noce, qui devaient compter d’embléeau nombre de ses plus grands succès, tout en travail-lant à bâtons rompus à cette pièce jeune et neuve, une« grande comédie-roman » aux personnages « ab so -lument nouveaux ».L’Homme des bois, dans sa première version, franchitle barrage de la censure le 10 octobre, mais fut refusépar le Théâtre Alexandrinsky de Saint-Pétersbourg,deux lecteurs et metteurs en scène de renom, Lenski etNémirovitch-Dantchenko, allant jusqu’à inciter Tchekhovà renoncer au théâtre pour se consacrer à ses nou-velles : la plupart des personnes auxquelles Tchekhovavait soumis le manuscrit se répandirent en cri-tiques, les uns disant que le titre ne convenait pascar l’Homme des bois n’était pas le personnage prin-cipal, les autres que le suicide de Voïnistski ne se jus-tifiait pas et d’autres encore que l’auteur ignorait lesrègles du théâtre et que, de toute façon, le sujet traitéétait un sujet de roman.Cependant, dès novembre, le théâtre Abramova deMoscou l’ayant acceptée, à l’instigation du metteuren scène, N. N. Solovtsov, Tchekhov entreprit de revoirla pièce en urgence : la première devait avoir lieu le27 décembre. Les trois premiers actes de la deuxièmeversion furent remis le 20 décembre et, le 25 décem-bre, Solovtsov en était encore à demander à Tchekhovd’apporter le quatrième acte lorsqu’il viendrait assis-ter à la répétition du jour. La première eut lieu à la dateprévue, mais les acteurs n’étaient pas prêts, la périodene convenait pas car on attendait pour les fêtes unecomédie légère, et les acteurs du théâtre Korch, à quiTchekhov s’était aussi adressé, étaient venus sifflerla pièce pour se venger. Ainsi l’échec fut-il parfait.

Certains critiques affirnent que Tchekhov entrepritde remanier L’Homme des bois dès 1890, d’autres as -surent qu’il ne le fit qu’en 1896, l’échec étant tropdouloureux. Ce que nous savons de manière certaine

DE L’HOMME DES BOIS À L’ONCLE VANIAAVANT-PROPOS DE L’HOMME DES BOIS, FRANÇOISE MORVAN

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réseau de forces sous-jacentes en se gardant de toutexcès. Oncle Vania est sous-titré Scènes de la vie decampagne en quatre actes. Certains commentateursdisent de cette pièce qu’elle a la densité d’un roman.Tchekhov lui-même, déçu par le mauvais accueil dupublic lors des premières représentations de LaMouette, a d’abord pensé en faire un récit. Au cœurd’un été étouffant, Oncle Vania saisit un moment à lafois ramassé et extrêmement dense dans l’existencede quelques personnages. La présence d’une joliefemme venue de la ville fait monter la tension. Vaniaet son ami, le docteur Astrof, s’éprennent de la belleElena Andréevna, épouse du tyrannique professeurSérébriakov. Malade, celui-ci a décidé de se retirerdans son domaine, dont Vania s’occupe tant bienque mal avec Sonia, sa nièce, fille d’un premiermariage du professeur. Tchekhov a d’abord écrit unepremière version de la pièce intitulée L’Homme desbois. Pour cette mise en scène, Éric Lacascade achoisi d’utiliser les deux textes pour n’en faire qu’un.Dans ce microcosme où le quotidien s’organise enfonction du rythme des saisons, avec de temps àautre quelques rasades de vodka pour se réchaufferun peu le cœur, on vit au gré de ses rêveries pourpasser la mélancolie. « Lorsqu’on n’a pas de vie véri-table, on la remplace par des mirages », répliqueVania à sa nièce qui lui reproche d’avoir trop bu. Enquelques traits, Tchekhov laisse monter peu à peuune tension d’abord discrète jusqu’à ce qu’elle par-vienne à ébullition. Les élans du cœur, les rêves, lesespoirs les plus fous soulevés par la beauté d’Elenaatteignent un paroxysme pour s’effondrer et laisserplace à la résignation. Avec, à la fin de la pièce, lesmots de Sonia dont la vérité résonne avec une telleforce après tout ce qui s’est passé qu’ils sont absolu-ment bouleversants. Ce drame minuscule etimmense, Éric Lacascade le voit comme celui d’unehumanité en crise où, malgré leur lucidité, les hérosn’ont au fond d’autre choix que de continuer à vivre,même si c’est en se résignant.

Hugues Le tanneur

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RÉSUMÉ

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est qu’en 1896 le texte d’Oncle Vania était prêt pourla publication. Cependant, Tchekhov ne devait en au -toriser quelques représentations en province que deuxans après, et la manière dont il s’exprime à ce sujetmontre à quel point il restait sceptique : « Vous, vousêtes attaché au théâtre, écrivait-il alors à Souvorine,et, moi, je m’en éloigne – de plus en plus, visiblement –et je le regrette, parce que le théâtre, jadis, m’a donnébeaucoup de bonnes choses (sans compter que ça rap-porte ; cet hiver, on a joué mes pièces comme jamaisauparavant, même Oncle Vania a été joué). Avant, jen’avais pas de plus grand plaisir que d’être au théâtre ;maintenant, j’ai toujours l’impression qu’on va crier“au feu !” au poulailler. Et, les acteurs je ne les aimepas. Mes écritures pour le théâtre ont tout gâché. » Ce -pendant Oncle Vania connut rapidement un succèstriomphal et Némirovitch-Dantchenko lui-même futle premier à demander le droit de la monter.Tchekhov refusa toujours que L’Homme des boisfigure dans ses œuvres complètes. Et, cependant, ilse trouva d’entrée de jeu des spectateurs qui le dé -plorèrent : « J’ai relu attentivement Oncle Vania, écri-vit ainsi A. I. Ouroussov à Tchekhov, et je dois dire avectristesse qu’à mon avis vous avez abîmé L’Homme desbois. Vous l’avez rapetissé, réduit à une esquisse, défi-guré. Vous aviez un magnifique personnage de fripouillecomique : il a disparu ; or, vous avez besoin de lui pourla symétrie intérieure, et puis, les chenapans de ce cali-bre, avec leurs plumes riches et brillantes, vous les réus-sissez toujours particulièrement bien. Dans la pièce, ilcomptait beaucoup, il apportait une petite note comique.Deuxième péché, et, d’après moi, péché bien plus grave :le changement de l’intrigue. Le suicide du troisièmeacte et la scène nocturne au bord de la rivière, en pre-nant le thé au quatrième, le retour de la femme chez ledocteur (sic) – tout cela était plus nouveau, plus auda-cieux, plus intéressant que la fin actuelle. Quand, cetété, je racontais cela aux Français, c’est justement celaqui les sidérait : le héros est mort, et la vie continue. Lesacteurs auxquels j’ai parlé sont du même avis. Bien sûr,Vania aussi est bien, mieux que tout ce qui s’écrit actuellement, mais L’Homme des bois était mieux, et ce seraitbien que vous donniez l’autorisation de le monter. »Le vœu d’Ouroussov finit par être exaucé, quoique bientardivement, et, en France, L’Homme des bois fut tra-duit en 1958 par Arthur Adamov, sous le titre L’Espritdes bois, puis par Georges Perros et Génia Cannac,sous le titre Le Sauvage.

[…] Pour passer de L’Homme des bois, comédie, àOncle Vania, scènes de la vie à la campagne, Tchekhovs’est livré à un prodigieux travail de resserrement, maisaussi de fractionnement et de réorganisation: il a sup -

primé des personnages, condensé des motifs, effacéle tragique (puisque Voïnitski ne se suicide plus) etrenoncé simultanément à ce qui faisait de L’Hommedes bois une comédie, supprimant aussi, avec l’éton-nant quatrième acte, la cocasserie, la fin heureuse, etle mouvement d’expansion qui portait l’ensemble.On a observé que, pour la première fois, en rédigeantOncle Vania, il avait renoncé à la division en scènespour adopter une division par tableaux, incluant diversmouvements dans une même unité. Il y a là un ré -sultat très concret de ce travail de synthèse, et l’on enverrait une autre expression dans l’importance don-née au motif de la carte, ou plutôt du « cartogramme »,que peint L’Homme des bois : c’est le seul motif qui,loin d’être réduit, se développe et occupe désormaisune place centrale. On pourrait dire que la carte exprimele travail même de Tchekhov, cette vue globale d’unensemble qui, en raison de cette perception synthé-tique, peut être dé sormais traité selon une esthé-tique toute différente1.Dans le sous-titre Scènes de la vie à la campagne, outrel’allusion au théâtre de Tourguéniev 2, c’est peut-êtresurtout le mot « scène » qui importe, et précisémentau moment où Tchekhov commence à travailler partableaux, par unités ayant leur cohérence interne, etnon par ensembles construits selon la dynamiqued’une action. Tous les éléments superflus sont sup-primés, l’ensemble s’épure et s’immobilise : on seraittenté de dire qu’il y a là le passage d’une pièce jeune,joyeuse, un peu fouillis, à une pièce de la maturité,plus fine, mieux maîtrisée, et ce serait sans doutejuste, mais on aurait grand tort d’y voir le passaged’un travail inabouti à un chef-d’œuvre accompli dansson ultime, unique, perfection. Les éléments ont étérepris, disposés autrement, selon les règles d’uneesthétique nouvelle, mais ils auraient pu être reprisde dix façons différentes et donner autant de pièceségalement intéressantes : ce que le passage de L’Hommedes bois à Oncle Vania a de plus riche et de plus cap-tivant, c’est ce jeu de kaléidoscope.

Avant-propos L’Homme des bois, Éd.Acte Sud, col. Babel, 2009

1 On trouverait une esquisse de cette perception dans la réplique, tout à fait incongrue, elle aussi, de Diadine(scène 6 de l’acte l) : « C’est à présent qu’il serait intéressantde regarder cette table à vol d’oiseau… » Le fait que à vol d’oiseau soit en français dans le texte lui donneune place extérieure, en dehors – ce que rappelle, peut-être aussi, un peu plus tard, l’image de l’épervier qui tourne dans le ciel et qui regarde, au sens propre, à vol d’oiseau.2 Qu’on pense à sa « comédie en cinq actes » Un mois à lacampagne.

Le vieux professeur sérébriakov est venu se reti-rer à la campagne, dans la maison de sa pre-mière épouse. Cette arrivée perturbe la vie pai-sible de sonia, la fille du professeur, et d’oncleVania, qui à eux deux exploitent tant bien quemal le domaine.

D’autant que l’attention des proches, y compriscelle de Vania, se cristallise bientôt sur Eléna, laseconde et très désirable épouse. Dans un der-nier sursaut pour combattre la peur de ne pasvivre vraiment, les personnages tentent d’aimer,de haïr, de tuer.Dans l’immense maison, par un chaud après-midi d’été, suivi d’une nuit d’orage, se croisentet se toisent les destins des personnages sus-pendus entre l’illusion de leurs désirs et la soli-tude implacable de leurs existences s. Dans undernier sursaut pour combattre la peur de s’êtretrompé, de ne pas avoir vécu pleinement, cha-cun tente d’aimer, de haïr, de détruire.Dans un texte crépusculaire, tchekhov est au

plus près des thèmes qui font la beauté deson œuvre. Dans le terrain vague entre la

fin d’un monde et le commencementincertain d’un autre, l’histoire nous

parle du temps, des change-ments inexorables, de la fin des

illusions, de la grandeur et dela faiblesse des hommes,

en identifiant le vide dechacun à la perte

symbolique de cettemaison-mère.

© B. Enguerrand

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Tchekhov n’invente rien. Comment oserait-il ? « Lesgrands écrivains, écrit-il à son ami Souvorine, vontquelque part et vous invitent à les suivre. Vous sentez,pas seulement par l’esprit, mais par tout votre être,qu’ils ont un but… » Tchekhov n’est pas de ceux-là. Ilappartient à une génération médiocre : «Nous n’avonspas de politique, nous ne croyons pas à la révolution,nous n’avons pas de Dieu, nous n’avons pas peur des fan -tômes et, en ce qui me concerne, je n’ai même pas peurde la mort ou d’être aveugle. Celui qui ne veut rien, n’es-père rien et ne craint rien ne peut pas être un artiste… »Lui, qui écrit parce que ses « balivernes », rappor-tent davantage que sa médecine, s’interdit de tricher.Tchekhov se considère comme « un chimiste » : ilobserve les phénomènes et les décrit.Il met dans une éprouvette des caractères et note lesréactions. Ce qui lui vaut des déconvenues : il ins-talle des personnages réels – qui se reconnaissent –dans des situations inattendues ; ils accomplissentalors des gestes pas toujours glorieux, qu’ils refusentd’assumer, et reprochent à l’auteur de leur prêter desattitudes que leur épargnent la prudence et lamédiocrité de leur vie ordinaire.Un des oncles de Tchekhov lui en a voulu pendantdes années, son bon ami Levitan a failli le provoqueren duel et l’histoire de Lika Mizinova ressemble tel-lement à celle de Nina Zaretchnaïa de La Mouettequ’à la lecture de la pièce, les comédiens du Théâtred’Art de Moscou étaient gênés.Onde Vania ne fait pas exception. Certains ont crureconnaître dans le vieux professeur Sérébriakov lemeilleur ami de Tchekhov : Alexei Souvorine. Ils onttort : après le suicide de sa première femme, ce petit-fils de serf, devenu un des hommes les plus riches etles plus influents de Russie, s’est remarié avec une

femme beaucoup plus jeune. Mais quel rapport y a-t-il entre cet individu intelligent et sombre, « d’uneénergie diabolique » et le personnage de Tchekhov?Pourtant, les problèmes d’un couple si singulier parla différence d’âge sont pris sur le vif. En août 1888,Tchekhov est chez les Souvorine, dans leur villa deFéodossia, en Crimée. Les deux amis se promènent,prennent des bains de mer et discutent littérature.Ils envisagent d’écrire ensemble une pièce de théâtreoù il serait question d’un vieux professeur d’histoirede l’art et de sa ravissante jeune femme qui séduitd’instinct sans oser aimer. Est-ce un hasard s’il yavait à Féodossia, parmi les invités, le fameux pein-tre septuagénaire Ivan Aïvazovsky et sa très jeunefemme, « une créature de conte de fées »?Et puis, Tchekhov a passé le mois de juillet à Louka,chez les Lintvariev, une famille de nobles appauvris.Rendue presque aveugle par une tumeur au cerveau,leur fille aînée, Zenaïda, qui a fait des études demédecine, attend la mort avec sérénité et soigne lespauvres avec l’aide de sa sœur, Éléna, médecin aussi,dont Tchekhov admire la charité. Laide, elle s’estrésignée à rester vieille fille.La ressemblance avec Sonia, la nièce de Vania, estsaisissante. Les Lintvariev ont deux fils. L’aîné, exclude l’université pour ses activités politiques, mène lavie paisible des propriétaires terriens. Son frère, bonpianiste, voudrait appliquer sur son domaine lesprincipes de Tolstoï. Ils rêvent d’une vie meilleuresans rien entreprendre. «Quel être bizarre que le Russe,s’exclame Tchekhov. Comme un crible qui ne retien-drait rien. Dans sa jeunesse, il remplit son âme de toutce qu’il rencontre dont il ne reste, après trente ans,qu’un fatras grisâtre […]. La Russie est un pays de gensambitieux mais paresseux. » Oui, Vania pouvait être

ONCLE VANIA, UN MONDE DANS UNE ÉPROUVETTEPAR VIRGIL TANASE IN L’AVANT-SCÈNE THÉÂTRE, N° 1266, 2009

après des études à l’institut de théâtre de Bucarest, Virgil tanase quitte la Roumanie,son pays natal, quand son roman se voit censuré dès la publication. il obtient en France un doctorat de sémiologie de la mise en scène sous la direction de Roland Barthes. Metteur en scène, écrivain et traducteur – de tchekhov, entre autres – il est l’auteur d’une récente biographie de l’écrivain russe parue chez gallimard (coll. Folio biographies). il revient ici sur les circonstances de l’écriture d’Oncle Vania, véritable peinture de la société de son temps.

un Schopenhauer ou un Dostoïevski, mais, la tren-taine passée, il ressemble aux fils Lintvariev. Commeson ami Astrov, il est résigné à mener une vie insi-gnifiante, accomplissant consciencieusement leurdevoir, mais laissant à d’autres le pouvoir de réaliserleurs rêves.Les personnages de cette Russie en mutation, de cetteRussie qui veut être européenne sans se satisfaire durationalisme occidental, ces personnages sont là. Ilne reste qu’à les réunir dans l’éprouvette d’une pièce,et à les faire réagir.Souvorine abandonne le projet. Tchekhov le reprendl’année suivante, étonné par cette « comédie-roman »qui ne ressemble à rien. Il renonce. Il faut l’obstina-tion du comédien Pavel Svobodine, qui espère unrôle, pour que Tchekhov finisse Le Génie de la forêt.Svobodine est déçu. Il propose quand même la pièceau Théâtre Alexandrinsky de Saint-Pétersbourg, quila refuse : il n’y a pas d’action et les dialogues sontplats. Pour sortir Tchekhov de ses éternelles difficul-tés financières, le directeur du Théâtre Abramov luiavait versé une avance. Il demande la pièce qui ne luicoûte rien. La première a lieu le 27 novembre 1889.La critique est mauvaise, et le spectacle est arrêtéaprès quelques représentations.Tchekhov abandonne la littérature : il quitte Moscoupour un an, traverse dans des conditions épouvantablesla Sibérie et consacre plusieurs mois à une enquêteconcernant les conditions de vie des bagnards de l’îlede Sakhaline.Sept ans plus tard, Tchekhov est de nouveau chezSouvorine, en Crimée. Un télégramme lui apprendque La Mouette a eu le visa de la censure et qu’ellesera jouée à Saint-Pétersbourg.

Ravi, il voudrait écrire une nouvelle pièce. Il reprendLe Génie de la forêt et du 15 août au 15 septembre1896, il en fait Oncle Vania. La première de La Mouetteest un désastre : la pièce est sifflée, la critique parti-culièrement méprisante. Tchekhov ne veut plus en -tendre parler de théâtre : «Même si je vis cent ans, jen’écrirai plus jamais de pièces. Je suis un auteur dra-matique nul ».Oncle Vania se joue en province, parce que Tchekhova besoin de rentrées d’argent, mais il refuse sa pièceaux grands théâtres. Vladimir Nemirovitch-Dant chen -ko insiste. Il a des atouts : il dirige le nouveau Théâtred’Art de Moscou où le travail de Stanislavski avec lescomédiens fait des miracles ; sa Mouette avait ravi lepublic populaire et rempli les caisses. Après la fin dela saison, les acteurs jouent dans un théâtre vide LaMouette pour Tchekhov, de passage à Moscou. Il y adans le jeu une vérité qui le séduit. Il y a dans la dis-tribution Olga Knipper qui deviendra sa femme.Nemirovitch-Dantchenko a l’accord de Tchekhov.La première d’Oncle Vania a lieu le 26 octobre 1899.La critique trouve la pièce mal construite et pleined’invraisemblances. Tchekhov acquiesce : cette pièceest « vieillotte, déjà passée de mode et mal écrite ». Lepublic payant lui fait un triomphe.Sur scène rien ne se passe, c’est vrai. Mais ces gensaussi ridicules et médiocres que nous affrontent,comme nous, les démons cachés derrière les appa-rences sociales, économiques ou politiques : letemps, la mort, l’incapacité de notre intelligence àtrouver un sens au monde.L’énormité de l’ennemi donne de la grandeur à notredéfaite, et le désastre est encourageant : notre souf-france rachète nos défaillances. Oui, le public ne s’estpas trompé.

Théâtre d’Art de Moscou / MKhAT créé en 1897

Oncle Vania, acte IV au Théâtre d’Art de Moscou

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UN SIÈCLE DE VANIAPAR GILLES COSTAZ IN L’AVANT-SCÈNE THÉÂTRE, N° 1266, 2009

Depuis la création d’Oncle Vania au Théâtre d’Art àMoscou par Constantin Stanislavski (qui y jouaitAstrov, et c’était en 1899), on est souvent resté dansla continuité d’un jeu nourri de réalisme et guidé parla recherche des émotions les plus secrètes. Les his-toires du théâtre n’ont pas retenu grand-chose desspec tacles tirés de tchekhov pendant la premièremoitié du XXe siècle. Peu de Vania visibles dans lesannales de cette période qui n’a pourtant pas été indif -férente à Tchekhov. Même les créations de GeorgesPitoëff qui a été, en son temps, le plus grand passeurdes œuvres de l’auteur de La Cerisaie, sont peu étu-diées et relatées.Pourtant Pitoëff a monté et joué Oncle Vania au Vieux- Colombier, en 1921. Faute de documents, on citera ceque ce grand artiste disait dans une conférence surla mise en scène en 1925, citée dans le catalogue del’exposition Le Cartel, à la Bibliothèque nationale, en1987 : « Ce qui reste d’éternel dans la poésie déjà légen-daire de Tchekhov n’a pas besoin pour prendre formescénique de l’appareil réaliste de Stanislavski qui, il y avingt ans, faisait valoir un tourment alors présent etqui est devenu pour nous passé. Le troisième acte duJardin des cerises [ndlr : Pitoëff parle évidemmentde la pièce qu’on appelle généralement La Cerisaie],dans la mise en scène de Stanislavski, qui restera pourmoi l’exemple de la perfection réaliste, m’a transportéd’émotion lors de la création du Jardin à Moscou, etm’a bouleversé d’étonnement par son inutilité quandj’ai revu ce même acte il y a deux ans avec les mêmesacteurs et dans la même représentation. » Ainsi Pitoëffsut, lui, se défaire de l’héritage stanislavskien et sonfils, Sacha, qui reprit le répertoire de Tchekhov à Parisdans les années 1950, continua dans cette direction oùl’on s’abstrait du décor et de l’exactitude du contexte.Après la Seconde Guerre mondiale, Tchekhov devient

l’un des auteurs les plus aimés de la décentralisationthéâtrale.L’Oncle Vania marquant de ces années-là, c’est celuique Jean Dasté joue à la Comédie de Saint-Étiennedans une mise en scène de Gabriel Monnet. Le grandpionnier du théâtre populaire s’en souviendra ainsidans son livre Jean Dasté, qui êtes-vous ? (La Manu -facture, 1987) : « Pour un comédien, essayer de vivreun rôle dans une pièce de Tchekhov est passionnant. Sepénétrer du personnage dans toute sa complexité, sesincertitudes, ses faiblesses, son angoisse, son humeur,son « attente » d'« un repos ». Ce repos est « l 'inconnu »pour Tchekhov. Certains meurent d’une sorte d’asphyxieintérieure. Peu s’épanouissent. Tous attendent quelquechose. Lorsque j’ai fait connaissance avec Beckett enregardant et en écoutant En attendant Godot, j’aipensé à Tchekhov. Les comédiens qui l’aiment et lejouent le disent : ne rien imposer, laisser vivre et laplante grandit. On pénètre dans la forêt, on est heureuxde s’y perdre. »Depuis, les belles interprétations de Vania se sont suc-cédé, mais dans des visions qui n’ont pas été nou-velles et décisives. En 1985, la Comédie-Fran çaise adonné la pièce à l’extérieur de Paris, au ThéâtreGérard-Philipe de Saint-Denis dans une mise enscène de Félix Prader : belles prestations de FrançoisChaumette et Alain Pralon, dans une mise en formeassez sage. En 1995, à la Cartoucherie, MauriceBenicou joue Vania d’une manière poignante et sanspathos, mais la mise en scène de Robert Cantarellapèche par sa sécheresse. En 1997, à Hébertot, PatriceKerbrat dirige un beau lot d’acteurs : Gérard Desartheen Vania, Mathilde Seigner, Jacques François,Samuel Labarthe… Il y a une jolie musique inté-rieure, tandis que Desarthe tente une représentationplus dure du personnage qui peut déconcerter.

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LETTRE DE MAXIME GORKI À ANTON TCHEKHOV NOV. 1898

J’ai vu ces jours-ci Oncle Vania – j’ai vu et j’ai pleuré comme une bonne femme, même si je suisloin d’être un homme nerveux, je suis rentré abasourdi, chaviré par votre pièce, je vous ai écrit unelongue lettre et – je l’ai déchirée. Pas moyen d’écrire bien, clairement ce que cette pièce vous faitnaître dans l’âme, mais je sentais cela en regardant vos personnages : c’était comme si on mesciait en deux avec une vieille scie. Les dents vous coupent directement le cœur, et le cœur seserre sous ses allées et venues, il crie, il se débat Pour moi, c’est une chose terrifiante. Votre OncleVania est une forme absolument nouvelle dans l’art dramatique, un marteau avec lequel vouscognez sur les crânes vides du public. [… ]Dans le dernier acte de Vania, quand le docteur, après une longue pause, parle de la chaleur qu’ildoit faire en Afrique – je me suis mis à trembler d’enthousiasme devant votre talent, et à tremblerde peur pour les gens, pour notre vie misérable, incolore. Quel drôle de coup – et comme il estprécis – vous avez frappé là !Votre déclaration selon laquelle vous n’avez plus envie d’écrire pour le théâtre m’oblige à vous direquelques mots sur la façon dont le public qui vous comprend considère vos pièces. On dit, parexemple, que Oncle Vania et La Mouette sontl une nouvelle forme d’art dramatique dans laquellele réalisme s’élève à la hauteur d’un symbole porté par l’émotion et profondément pensé.Je trouve qu’ils ont raison de dire cela. En écoutant votre pièce, je pensais à la vie qu’on sacrifiaune idole, à l’irruption de la beauté dans la vie miséreuse des gens et à beaucoup d’autres chosesgraves, fondamentales.

Anton Tchekhov et Maxime Gorki © D.R.

De stanislavski à Louis Malle, de Pitoëff à Julie Brochen, Oncle Vania s’est prêté à toutes les esthétiques, à tous les regards, éclairant chaque fois l’époque à laquelle on l’a monté… Retour sur cent ans de mises en scène.

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En 2001, à la Manufacture de Nancy, Charles Tord -jman réunit François Clavier, Évelyne lstria, IsabelleSadoyan et Serge Maggiani (nous ne la citons quepour mémoire, n’ayant pas vu cette mise en scène,comme nous citerons la mise en scène collective dela troupe des Possédés au Théâtre de la Bastille, en2009). En 2004, Yves Beaunesne confie le rôle àRoland Bertin, escorté de Nathalie Richard, mais lespectacle se perd, du moins lors des toutes pre-mières représentations, dans le trop grand espace duThéâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines.Tout récemment, à l’hiver 2008-2009, ClaudiaStavisky oppose Didier Bénureau (Vania) et PhilippeTorreton (Astrov) dans sa mise en scène des Boufffesdu Nord : la composition de Bénureau vise seule-ment à banaliser le personnage, à le rendre plusquotidien et plus proche des gens d’aujourd’hui. Lamise en scène la plus passionnante aura été, ces der-nières décennies, celle qu’a effectuée Julie Brochenau Théâtre de l’Aquarium et à la Cartoucherie deVincennes en 2002. La scène est dédoublée, c’est undouble théâtre avec une scène haute, une scènebasse, des marches, des fauteuils rouges.

Il y a là François Lori quet, qui joue Vania, JeanneBalibar, Pierre Cassignard, Bruce Myers, NathalieNerval… C’est d’une émotion folle, et aussi d’unegrande drôlerie – de ce fameux rire aux bord deslarmes. Les acteurs chantent des chansons russes. Cespectacle cristallin, qui a été filmé par la chaîne detélévision Arte, restera dans les mémoires.Il y eut aussi un très étonnant spectacle tiré de Vaniasous le titre Espia a una mujer que se mata par lemetteur en scène argentin Daniel Veronese, présentéà Avignon et à Bobigny en 2007 et 2008 : l’actionétait transposée de nos jours, concentrée dans unecuisine, jouée par des comédiens presque collés lesuns aux autres. Et on ne peut oublier le film queLouis Malle tourna à New York en 1994, Vanya, 42e

Rue : des acteurs (Wallace Shawn incarne Vania)répètent la pièce de Tchekhov dans un théâtre désaf-fecté de la 42e Rue. Le film relie Tchekhov à la vieaméricaine, la fiction à la vie, la scène aux coulisses,ouvrant encore à la pièce de nouvelles perspectives…

tchekhov est sans doute l’écrivain russe le plus pro-fondément et le plus spontanément apprécié à l’étran-ger. Tolstoï et Dostoïevski ont des rugosités naturellesqui déconcertent ou que l’on ignore, des violences quiinquiètent le lecteur européen.Le monde de Tchekhov, avec ses proportions réduites,ses contours légers, ses teintes sourdes, et ses réso-nances étouffées, passe au contraire les frontières avecune étonnante facilité. Le succès de la prose de Tche -khov, dans les pays anglo-saxons, de son théâtre enFrance, où il ne s’écoule pas une saison sans que plu-sieurs de ses pièces soient jouées, est saisissant. Celane signifie nullement que cette œuvre soit cosmopoliteou perçue comme telle. Sa charge d’exotisme demeureconsidérable, essentielle. Mais Tchekhov offre un exo -tisme russe particulièrement accessible, d’un reliefmesuré et poli. Cette âme russe, aux amplitudes demarée, auprès de laquelle l’Europe ira chercher undernier vertige romantique, il l’incarne sous des for -mes familières : les habitudes craintives et gour-mandes des petits fonctionnaires, la nostalgie velléi-taire des professions libérales en province, des per-sonnages à lorgnon et à barbiche aux redingotes unpeu fripées, les songeries d’éternels étudiants, souf-freteux, la mélancolie des propriétés déclinantes etappauvries, celle des changements de garnisons loin -taines et les soupirs au fond des jardins de cam-pagne, les châles noirs de grandes jeunes filles auxtraits tirés, les conversations languissantes sur lesterrasses des datchas où chacun suit le fil de ses rêvesdéçus, les dames au regard triste promenant leur petitchien le long des quais moroses.Tchekhov est d’abord le témoin d’une certaine époquede la vie russe dont il restitue les types, les décors etles humeurs avec la plus grande minutie. La foule deses personnages, multipliée par le nombre et l’exiguïtéde ses récits, est une forme de concurrence à l’état civil,un miroir promené le long des datchas engourdies.Vingt ans d’histoire russe, l’étrange période où, aprèstrop de déceptions et d’échecs, le temps semblait s’êtrearrêté et chacun, enfermé dans la médiocrité de seshabitudes et l’amertume morose de ses déboires, trouvelà sa chronique intégrale, le portrait de son âme, aussifouillé que celui de son visage.

Car l’univers s’y déroule savamment selon deux plans:un fond de personnages où domine le pittoresque exté-rieur, caractéristique, un défilé de croquis de mœursconcis et aigu, où sont passées en revue toutes lescouches de la société russe, du paysan misérable auprofesseur d’université, chacune dotée de son cos-tume, de ses manières, de son parler ; et sur le devantde la scène, comme en surimpression, comme ces gran -des figures de coin qui barrent et contemplent lespaysages de Nesterov, un protagoniste introverti etsolitaire détaille le mécanisme d’une précoce usureintérieure et de cette démission morale qui mine sour -dement toute la société qui l’entoure.Cet étrange isolement mental du premier rôle tchék-hovien, assez lucide pour juger, mais impuissant àrien changer, séparé de ceux qu’il côtoie par un cruelravin d’indifférence ou de répulsion, muré dans cesmornes monologues désabusés, figure la projectionagrandie et dépouillée du mal dont, plus ou moinsconsciemment, souffre une génération entière. Peud’époques ont trouvé, en littérature, d’analyste aussicomplet, et aussi subtil. Tchekhov est un exceptionnelpeintre de la réalité, d’une réalité précise. À la di ffé -rence de la plupart des classiques russes, dont l’universrepose sur des idéologies préconçues qui infléchissentou déforment délibérément leur peinture, Tchekhovne manifeste jamais des idées a priori sur le mal, laresponsabilité, le juste et l’injuste, le péché ou l’idéal.Rien ni personne, dans son œuvre, ne fait figure deporte-parole, les propos à thèse ont toujours unesignification légèrement parodique.L’approbation ou la condamnation demeure toujoursambiguë, savamment réfractée. On ne sait jamais trèsbien ce que pense Tchekhov de la manière dont lemonde est fait, comme on le sait de Tolstoï ou Dos -toïevski. Tout au plus, lui fait-on crédit d’une indul-gence souriante et générale. « Il comprenait tout »,dira Gorki. Cet aspect de Tchekhov en fait donc unexemple privilégié de littérature affranchie, autonome,évoluant à l’écart des doctrines, des passions d’idéeset de leurs outrances. L’équivoque tchekhovienne illus-tre bien cette distance de principes entre l’expressionlittéraire et l’expression philosophique si passionné-ment discutée dans la tradition russe.

L’UNIVERS TCHEKHOVIEN CLAUDE FRIOUX IN LA PLÉIADE, INTRODUCTION

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1881

• Début de la publicationdes Textes bigarréssous des pseudonymesvariés dont Tchekhontedans de petites revuespuis dans le quotidien Le Journal de Petersbourg.

• Assassinat d’Alexandre II ;Alexandre III, Tsar de Russie (atmosphère de répression).• Le populisme se détachede l’action révolutionnaire.• Gratuité de l’enseigne-ment primaire en France.

• FAuRé: Ballades• nIETzschE: Gai Savoir(1881-1887), Aurore• FLAuBERT:Bouvard et Pécuchet• VERLAInE : Sagesse• huysMAns: En ménage• IBsEn: Les Revenants

• Mort deMoussoRGsKI.• Expansion brillante de lalittérature Russe: œuvre deDosToïEVsKI et celle deTouRGuEnIEVsont achevées.• ToLsToï, osTRoVsKI,LEsKoV, sALTyKoV-chTchEDRInE continuentd’élargir leur audience.

ANTON Evénements Vie des arts Vie artistiqueTCHEKHOV politiques et économiques et sciences humaines et théâtrale

hors Russie en Russie

1884

• Premiers symptômes du mal qui l’emportera, la tuberculose.• Fin des études médicalesà l’université de Moscou. Est médecin à Vozkresensk,puis à zvenigorod.• se lie avec le milieu litté raire, en particulier avec Guiliarovski et Korolenko.Publie son premier recueil:Les Contes de Melpomène.

• PLEKhAnoV:Nos différences.• Loi Waldeck-Rousseauautorisant les grèves en France.• Mise au point par Pasteurdu vaccin contre la rage.

• sEuRAT : La Grande Jatte• huysMAns: À rebours• BEcq DEFouquIéREs: L’Art de la mise en scène.• VERLAInE: Jadis et naguère• zoLA : La Joie de vivre• IBsEn:Le Canard Sauvage

1885

• De 1885 à 1887 : la famille passe ses étés,près de Vozkresensk.• Rencontre le peintrepaysagiste Isaac Levitan.

• Première agitationouvrière en Russie(la première grande grèveéclate à orekhovo-zouiévo).• Daimler et Benz :l’automobile à pétrole.

• VAn GoGh:Les Mangeurs de pommede terre.• Mort de VIcToR huGo.• zoLA : Germinal• MAuPAssAnT: Bel ami

• Le peintre LEVITAndevient un ami intime et assidu de la famille de l’écrivain Tchekhov.

1882

• Platonov est refusé par le théâtre Marly.• Sur la grand-route est interdit par la censure.

• Triple Alliance entre l’Allemagne,l’Autriche et l’Italie.• Koch:bacille de la tuberculose.

• zoLA : Pot-Bouille• MAuPAssAnT:Mademoiselle Fifi•  huysMAns: A vau-l’eau• IBsEn:Un Ennemi du peuple

• naissance desTRAVInsKI.

1886

• collaboration avecl’éditeur du quotidienLe Temps nouveau,Alexis souvorine.• écrit des nouvelles :Le Chagrin, La Sorcière,Agafia• Félicitations de Grigorovith aprèsla publication de Messepour l’âme de Marie

• Alphonse XIII, roid’Espagne : régence deMarie-christine.

• nIETzschE: Par delà lebien et le mal• RIMBAuD:Les Illuminations• zoLA : L’Œuvre• VERhAEREn: Les Moines• sTRInDBERG:La Chambre Rouge• IBsEn: Rosmersholm• FEyDEAu:Tailleur pour dames.

1860

• 17 janvier. naissance à Taganrog (sur la merd’Azov. au sud de la Russie) de AntonPavlovith Tchekhov, fils de Pavel EgorovitchTchekhov, épicier.• Anton a deux frèresainés, Alexandre et nicolas. Il aura encoredeux frères Ivan et Michel,et une sœur Marie.

• Rattachement de l’Italiecentrale, puis de l’Italie du sud au Piémont. niceet la savoie réunies à la France.• Traité franco-britanniquede libre-échange.• Berthelot :chimie organiquefondée sur la synthèse.

• GEoRGE ELIoT :Le Moulin sur la Floss• BAuDELAIRE :Les Paradis artificiels• LABIchE:Le Voyage de M. Perrichon

• osTRoVsKI : L’Orage

1876

• Le père fait faillite, quitte Taganrog, s’installe à Moscou.• Anton et Ivan restentà Taganrog, sont élèves

au lycée.• Anton devient répétiteur.Il compose son premierdrame Sans père(manuscrit égaré)et fréquente le théâtre de Taganrog.

• Invention du téléphonepar Grey et Bell.

• REnoIR :Le Moulin de la Galette,La Balançoire• MAnET :Portrait de Mallarmé• WAGnER ouvre un théâtreà Bayreuth• MALLARMé:L’Après-Midi d’un faune

1877

• Premier voyage à Moscou.• Premiers petits textes,Des miettes, confiés à son frère Alexandre.

• Guerre russo-turco-roumaine.La Roumanie doit céder la Bessarabie.• Invention du phonographe par Edison.

• DEGAs: café-concertdes Ambassadeurs.• BRAhMs: IIe Symphonie.• zoLA : L’Assommoir• huGo: Les Dernièresséries de la Légende des siècles (1877-1883),L'Art d’être grand-père

• TchAïKoVsKI :Francesca da Rimini• Mort de nEKRAssoV

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hors Russie en Russie

1879

• Anton passe l’examen de maturité et s’installe à Moscou.• s’inscrit à la faculté de médecine.

• naissance de staline.• Mac-Mahon démissionne,Jules Grévy lui succède.• La Duplice (Alliance austro-allemande).• Guerre du Pacifique(chili, Bolivie, Pérou).• PAsTEuR:Principe du vaccin.

• IBsEn:La Maison de poupée• zoLA : Nana

1880

• Parution en mars d’une première nouvelledans un magazine humoristique,La Libellule.

• Instruction primaireobligatoire en Angleterre.

• RoDIn commence :La Porte de l’Enfer• nIETzschE:Le Voyageur et son ombre• MAuPAssAnT:Boule de Suif

• DosToïEVsKI :Les Frères Karamazov

CHRONOLOGIE ANTON TCHEKHOV & SON ÉPOQUE→

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1918

1892

• Publication deLa Sauteuse et de Chambre d 'hôpital N° 6.• Met fin à sa collaborationavec Temps nouveau.• Achète en Russie centrale, un domaine,Mélikhovo.• occupe des fonctionsaux zemtovo local.

• cézAnnE:Les Joueurs de cartes• REnoIR :Jeunes Filles au piano• hAuPTMAnn:Les Tisserands• IBsEn:Solness le constructeur

• À la 12e « ExpositionPériodique de la sociétédes Amateurs d’Arts deMoscou », LEVITAnexpose ses paysages : Au bord de la rivière,Crépuscule, Journée d’été.• GoRKI : première publication dans la presselocale, Makar Tchoudra.

1893

• Fréquente Lika Mizinova,qu’il ne se résout pas à épouser et en qui on a vu un modèle possiblepour nina dans La Mouette.• écrit L’Histoire d’un homme inconnu,très critiqué par Temps nouveau.

• Alliance franco-russe.• AI. De Dion et Bouton :voiture à essence.

• Mort de MAuPAssAnT.• couRTELInE :Messieurs les Ronds de Cuirs.

• Mort de TchAïKoVsKI.• BounInE :Nouvelles du Pays.

1894

• Passe une partie de l’année à l’étranger(Trieste, Venise, Milan…).• Atteint de Tuberculose, se rend en crimée pour se soigner.• Publie Le Violon de Rothschild.

• Mort d’Alexandre Ill.nicolas Il, tsar de Russie,maintient un régime autocratique.• casimir-Perier : Présidentde la République française.• Début de l’affaire Dreyfus.

• TouLousE-LAuTREc:Yvette Guilbert saluant lepublic• DEBussy: Prélude àl’après-midi d’un faune• KIPLInG:Le Livre de la jungle

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hors Russie en Russie

1895

• 1re version de La Mouette• Voyage à Poliana.• Rencontre Tolstoï• Parution deL’Île de Sakhaline

• Félix Faure, président de la République française.• Fondation de la c.G.T.• Roentgen : les rayons X.• Les frères Lumière : 1re projection cinématographique.

• RoDIn :Les Bourgeois de Calais• VERhAEREn:Les ViIles tentaculaires

• BounInErencontre TchEKhoV.• GoRKI : publication deTchelkache dans le Journalde Saint-Pétersbourg.• ToLsToï : La Puissancedes ténèbres.• souVoRInE obtient l’autorisation de mettre enscène La Puissance desténèbres de ToLsToï.

1896

• Parution de La Maison à mezzanine.• échec retentissant de La Mouettesur la scène du ThéâtreAlexandrinsky• Fait la connaissance de stanislavski.

• Accord austro-russe sur les Balkans.• Les chinois accordent à la Russie la concessiondu chemin de fer trans-mandchourien.

• TouLousE-LAuTREc:Elles• DVoRáK: Symphonie du Nouveau monde• VALéRy: La Soirée avec Monsieur Teste• FEyDEAu: Le Dindon• IBsEn:Jean-Gabriel Borkman

À l’Exposition nationaledes Arts et Métiers à nijni-novgorod. LEVITAn expose : Mars,Fougères dans la forêt.

1887

• Première grande piècedonnée à Moscou au théâ-tre de Korch, lvanov.

• carnot, président de laRépublique française.

• VAn GoGh:Le Père Tanguy• nIETzschE:Généalogie de la morale• MAuPAssAnT: Le Horla• AnToInE fonde à Parisle Théâtre libre.• sTRInDBERG: Plaidoyerd’un fou, Le Père

• naissance du peintreMARc chAGALL.

1888

• écrit le récit poétique,La Steppe,puis L’Anniversaire.

• 1er emprunt russe à Paris.• Guillaume Il, empereurd’Allemagne.

• sEuRAT : Les Poseuses• GAuGuIn :Le Christ Jaune• MAuPAssAnT: Sur l’eau• zoLA : Le Rêve• IBsEn:La Dame de la mer• sTRInDBERG composeMademoiselle Julie

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hors Russie en Russie

1889

• Publie Une morne histoire.• Mort de son frère nicolas.• Voyage dans le sud àyalta et odessa.• Première représentationde L’Esprit des bois(1re version de L’Oncle Vania).• Admission à la sociétédes auteurs dramatiques.

• Fondation de laDeuxième Internationale.• Grèves en Angleterre, enAllemagne et en France.• Exposition universelle àParis, inauguration de latour Eiffel.

• VAn GoGh:L’Autoportrait à l’oreillecoupée• GAuGuIn : Autoportrait• VERLAInE :Parallèlement• hAuPTMAnn:Le Lever du soleil• MAETERLIncK:Les Serres chaudes

1890

• Voyage à traversla sibérie jusqu’àsakhaline, île des déportés. Visite les camps de forçats.• écrit pour Le Temps nouveau,ses Lettres de Sibérie.

• Démission de Bismarck.• suffrage universelinstitué en Espagne.

• TouLousE-LAuTREc:La Danse au Moulin-Rouge• sTRAuss:Mort et Transfiguration• zoLA : La Bête humaine• IBsEn: Hedda Gabler• MæTERLIncK: L’intruse• sTRInDBERG:Créanciers• cLAuDEL : Tête d’or

1891

• Voyage à l’étranger :Vienne, Venise, Florence,Rome, naples et Paris.• Publication du roman,Duel.• Lutte contre la famine,soigne gratuitement les paysans les plus pauvres.

• Terrible famine enRussie.• Début de la construction

du Transsibérien.

• sEuRAT : Le Cirque• de 1891 à 1893, zoLAtermine Les RougonMacquart : L’Argent,La Débâcle, Le DocteurPascale

• Le peintre LEVITAnest élu membre de la « société des ExpositionsAmbulantes ».• ToLsToï :Les Fruits de l’instruction

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2120

1902

• Démissionne de l’Académie pour protester contre l’éviction de Gorki.• Parution de L’Évêque.

• Troubles paysans en ukraine et dans la pro vince de saratov.• Attentats organisés par les socialistes révolutionnaires russes.• Lénine : que faire?

• Fondation de l’AcadémieGoncourt.• Meliès tourne Le Voyagedans la Iune• GAuGuIn :Cavaliers sur la plage• DEBussy:Pelléas et Mélisande• sTRInDBERG: LeSonge

1903

• Travaille une nouvellepièce, La Cerisaie.

• scission du 2e congrèsdu P.o.s.D.R entreBolcheviks et Mencheviks.• Guerre de Rostov en Russie (meeting de masse,première grande expressionde conscience ouvrière).• Révolution serbe PierreKarageorgevitch, roi de serbie.• 1er vol des frères Wright.• Pavlov : réflexes condi-tionnés.

• PIcAsso:Buveurs d’absinthe• huysMAns: L’Oblat• hAuPTMAnn: Rose Bernd• RoMAIn RoLLAnDpublieLe Théâtre du peuple.

1904

• 17 janvier, première de La Cerisaie.• Mai, détérioration de son état de santé,il part avec sa femme en Allemagne et meurt à Badenweiler le 2 juillet.• Est enterré à Moscoule 9 juillet au cimetière du Monastère des Vierges.

• Guerre russo-japonaise.• Accord colonial franco-anglais.• séparation de l’état et de l' Êglise en France.

• RoDIn : Le Penseur• RoMAIn RoLLAnD:Jean-Christophe• FREuD: Psychopathologiede la vie quotidienne• Premier succès d’IsadoraDuncan à Paris.• Grand succès du RoiLear au théâtre Antoine àParis.• G. Fuchs:Le Théâtre de l’avenir

• MEyERhoLD fonde « la compa gnie du Drame nouveau ».• KoMIssARJEVsKAïAquitte le Théâtre Alexandre• V. BRJusoz écrit Une véritéinutile (n° 4 du Monde de l’Art)contre le natura lisme scénique.• GoRKI commence à écrirepour le théâtre sous l’impulsionde TchEKhoV: Les PetitsBourgeois et Les Bas-Fonds.

• scRIABInE : QuatrièmeSonate, Poèmes tragiques.• création de la revue LaVoix nouvelle qui regroupeles philosophes et les écri-vains du Monde de l’Art,abandonnée aux seulsplasticiens.

• KoMIssARJEVsKAïAcrée son théâtre dramatiqueà saint-Pétersbourg et joueLes Estivants de GoRKI.• 17 jan. : La Cerisaie(par le Théâtre d’Art),• 19 oct. : Ivanov(par le Théâtre d’Art).• 21 déc. : Les Miniatures(Chirurgie, Malveillance, leSous-officier Latrique) parle Théâtre d’Art.

ANTON Evénements Vie des arts Vie artistiqueTCHEKHOV politiques et économiques et sciences humaines et théâtrale

hors Russie en Russie

1897

• Le 21 mars son états’aggrave. Entre en clinique, Tolstoïlui rend visite.• Publication du long récit,Les Paysans.• Repart à l’étranger(Paris, Biarritz) où il écritLe Pétchénègue.• suit les péripéties del’affaire Dreyfus.

• Entente austro-russe.• 2 millions d’ouvriers en Russie (prolétariatimportant : grave problèmesocial).• Voyage du présidentFélix Faure en Russie.• Becquerel : travaux sur la radioactivité.• Marconi : la T.s.F.• Le moteur Diesel.

• GIDE :Les Nourritures terrestres• MALLARMé: Divagations• sTRInDBERG: Inferno,écrit en français.• ouverture du théâtreAntoine à Paris.• RosTAnD:Cyrano de Bergerac

• 1er congrès desProfessionnels de la scèneà Moscou.• 22 juin : rencontre de V. néMIRoVITch-DAnTchEnKo et c. sTAnIsLAVsKIau Bazar slave à Moscou :la création du Théâtre d’Artest décidée.• GoRKI :Malva, Gens d’autrefois.

1898

• Fondation du Théâtred’Art de Moscou parstanislavski etnémirovitch-Dantchenko.némirovitch-Dantchenkodemande à Tchekhov l’autorisation de monter LaMouette, triomphe.• Lie connaissance avecl’actrice olga Knipper quideviendra sa femme.

• Premier congrès du P.o.s.D.R. (Partiouvrier social-Démocratede Russie) à Minsk.• Lénine fonde le Parti social ouvrier.• construction d’une flottede guerre allemande.• zola : J’accuse.• Pierre et Marie curie :le Radium.

• FAuRé:Pelléas et Mélisande• huysMAns:La Cathédrale• LuGné-PoE: premièreexpérience de théâtre au cirque (Mesure pour me sure au nouveaucirque à Paris).• hAuPTMAnn:Le Voiturier Henschel.

• création de la revue du Mondede l’Art animé par Diaghilev etBenois (1re génération du «sym-bolisme » russe, étroite liaisonavec l’art occidental).• ouverture du nouveau Théâtre à l’initiative d’A. Lenskij,pour jeunes acteurs (filiale desThéâtres impériaux).• 14 octobre: Tsar FédorIoannvitch de ToLsToï par leThéâtre d’Art.

1899

• Vend ses droits d’auteurà l’éditeur A. F. Marx.• Lie connaissance avecGorki, Bounine, Kouprine.• Première représentationd’Oncle Vania.• La Dame au petit chien :Premier tome des œuvres complètes éditées chez Marx.• s’installe définitivement à yalta.

• Lénine :Le Développement du capitalisme en Russie.• E. Loubet, président de la République française.• Révisiondu procès Dreyfus.

• RAVEL : Pavane pourune infante défunte.• APPIA publie à Munich, DieMusik und die Inscenierung.• sTRInDBERG:La Danse de mort.• zoLA publie les 2 premiersde ses Quatre Evangiles :Fécondité (1899), Travail (1901), Vérité (1903)• FEyDEAu:La Dame de chez Maxim

• DIAGhILEV organise à saint-Pétersbourgune exposition internationalede peinture comportant beaucoup d’impressionnistesfrançais.• naissance de nABoKoV.• ToLsToï : Résurrection.• GoRKI : Vingt-sixhommes et une fille.• 26 octobre : Oncle Vania(par le Théâtre d’Art).

ANTON Evénements Vie des arts Vie artistiqueTCHEKHOV politiques et économiques et sciences humaines et théâtrale

hors Russie en Russie

1901

• Premièredes Trois Sœurs.• Mariage avec olga Knipper.

• Edouard VII roi d’Angleterre.• Théodore Roosevelt,président des états-unis.

1900

• Est élu membre de l’Académie.• Parution deDans un ravin.• Le Théâtre d’Art joue à Yalta.• Travaille sur une nouvellepièce, Les Trois Sœurs.

• Premier numéro de l’Iskra(journal dont l’objectif essen-tiel était l’élaboration du programme du parti)rédigé par Plekhanov et Lénine.• Mort de Lavrov, l’un desprincipaux représentantsdu populisme en Russie.• Paris : Expo. Internationale.• Métropolitain de Paris.

• FAuRé: Prométhée• FREuD:La Science des rêves• PéGuy fonde LesCahiers de la Quinzaine• Première mise en scèned’E. G. craig en Angleterre(Didon et Enée)• RosTAnD: L’Aiglon

• Mort du peintre LEVITAn.• RIMsKI-KoRsAKoV:Le Tsar Saltan• 24 septembre : La Belledes neiges d’osTRoVsKI(par le Théâtre d’Art).

• Mort de TouLousE-LAuTREc.• Th. MAnn:Les Buddenbrooks

• 31 janvier : Les Trois Sœurs (par le Théâtre d’Art).

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DANS LA TÊTE DU METTEUR EN SCÈNENOTES D’ÉRIC LACASCADE SUR LA PIÈCE Extrait du dossier du tnB-centre européen théâtral et chorégraphique.

En VERt → Référence à la captation vidéo du spectacle Oncle Vaniacréé en Lituanie en 2008.

En RougE→ Considération importante

En BLEu→ Remarques générales. notes de mise en scène

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oncle Vania / aCtE i.

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ÉRIC LACASCADE

Éric Lacascade est né à Lille ; il étudie le droit et se forme,en même temps à tous les métiers du théâtre au Prato, sallealternative lilloise ou il fait la rencontre de Guy Alloucherieavec lequel il co-fonde le Ballatum Théâtre en 1983. Leursactivités se situent autour de l’improvisation, le travail col-lectif de troupe, la danse contemporaine. Ils sont invités qua-tre années à Théâtre en Mai dirigé par François Le Pillouëret Marie-Odile Wald.

Ils sont nommés ensemble à la tête du Centre DramatiqueNational de Normandie à Caen en 1997 ; Guy Alloucheriere prend sa liberté ; Lacascade élabore un répertoireautour d’une équipe de comédiens fidèles avec lesquels ilprésente ses spectacles en France (TNS, Odéon, Festivald’Avignon…) et sur les scènes européennes. En 2000, il crée Ivanov (accueilli au TNB en octobre 2000),La Mouette et Cercle de famille pour Trois Sœurs de Tche -khov dans un même lieu Avignonnais.

En 2002, il met en scènePlatonovdans la Cour d’Hon - neur du Palais des Pa pes,re programmé l’année sui-vante (mais c’est l’année del’annulation du Festival liéeà la crise des intermittentsdu spectacle). Il revient danscette même cour en 2006pour la création des Barbaresde Maxime Gorki. À l’Odéon,il monte Ivanovde Tchekhoven 1999, Hedda Gabler (2004,avec Isabelle Huppert). Ilexplore également des voiesplus expérimentales, dirigeNorah Krief dans deux spec -tacles mu sicaux (Les Sonnetsde Shakespeare et La Têteailleurs)…

À Caen, il expérimente pendant six ans une école d’ap-prentis pour une vingtaine de jeunes artistes au contact demaîtres successifs, complétée par un dispositif d’insertionappelé Laboratoire d’imaginaire social. Il quitte la directiondu CDN de Caen en 2007. Il met en place un laboratoiresur Oncle Vania, d’après Oncle Vania et l’Homme des boisde Tchekhov, avec la compagnie d’Oskaras Korsounovasprésenté dans le cadre de Vilnius, capitale européenne dela culture en 2009. Il met en scène au TNB Les Estivants deGorki en 2010, Le Tartuffe de Molière créé au Théâtre Vidy-Lausanne (2011 et tournée en 2011 et 2012).

Il est artiste associé au Théâtre national de Bretagne-Rennesdepuis septembre 2011. Après le départ de Stanislas Nordey, il est devenu le res pon -sable pédagogique de l’école supérieure d’art dramatiquedu TNB à partir de septembre 2012.

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Goethals ; L’O De Là… et Le Cabaret de la Saint-Urbain,mises en scène de Gilles Defacque; Roméo et Julietted’après William Shakespeare, mise en scène de DavidBobée. Il joue sous la direction de Pierre Foviau dansDans la solitude des champs de coton de Bernard-MarieKoltès, Plus loin que loin de Zinnie Harris, Richard IIId’après William Shakespeare, Gagarin Way de GregoryBurke. Il met en scène et joue dans En attendant Godot deSamuel Beckett, Un artiste de la faim de Kafa, La Polkades saisons.Avec Éric Lacasacde, il joue dans Ivanov, La Mouette etPlatonov de Tchekhov, et dans Les Barbares de Gorki.

STÉPHANE E.

JAISstéphane E. Jais suit le tra-vail d’Éric Lacascade depuisde nombreuses années. Il ajoué sous sa direction dansFrôler les pylônes, Ivanov,La Mouette, Cercle defamille pour trois Sœurs,

Platonov, Les Barbares, Les Estivants, Tartuffe…

AMBRE

KAHANambre Kahan est née àAvignon, en 1985, où elle com-mence le théâtre aux ateliersdu Chêne Noir. Elle pour-suit sa formation à Paris auconservatoire du 8e arrondis -sement, puis à l’école dépar -

tementale de Théâtre à Corbeille-Essonne, et à l’écoleClaude Matthieu. Elle travaille avec Anatoli Vassiliev dansla création de Thérèse Philosophe à l’Odéon en 2007, etparticipe à la création Le Temps des gitans de Kusturica àl’Opéra Bastille, fait l’assistanat d’Adrien Dupuis- Hepner surVariations sur la mort de Jon Fosse avant d’intégrer l’écoledu Théâtre National de Bretagne. En parallèle, elle se formeau chant lyrique et pratique le violon depuis l’âge de cinqans. Get Out Of My Garden est sa première mise enscène, création en 2011 au Théâtre National de Bretagne.Elle joue en 2012, dans Nouer la corde du pendu avec lesdents d’un cheval mort, mise en scène de Tristan Rothutet Simon Gauchet. La même année, elle joue dans Living !d’après Julian Beck et Judith Malina, mise en scèneStanislas Nordey, au festival Mettre en Scène au TNB. Elle

est seule en scène dans une comédie musicaleculinaireBaba, mise en scène de Delphine Bailleul ; joue dans Chefd’œuvre de Lollike, mise en scène de Simon Delétang auThéâtre des Ateliers à Lyon. Elle met en scène une propo-sition dans le cadre des Sujets à Vif pour le festivald’Avignon 2013.

MILLARAY

LOBOS GARCIAMillaray Lobos garcia estissue de l’école de théâtre del’uni versité du Chili. Elle suitégalement des études thé -oriques d’art ; travaille au

Théâtre national du Chili avec différents metteurs en scènetels que Rodrigo Perez, Ramon Griffero, Veronica Garcia-Huidbro. Dans un cadre universitaire, elle participe à deslaboratoires de recherche avec Fernando Gonzalez,Alfredo Castro et Éric Lacascade.Très liée à la nouvelle génération de dramaturges chiliens,elle joue à plusieurs reprises aux Festivals DramaturgiaNacional, Dramaturgia Corta et Monologos de la Ciudad.En France, elle participe en 1999 à l’atelier sur « La Mouette »dirigé par Éric Lacascade et en 2001 intègre le Conser -vatoire national supérieur de Paris comme que stagiaireétrangère. Elle joue sous la direction d’Éric Lacascade dansPlatonov de Tchekhov, Les Barbares puis Les Estivants deGorki, tartuffe de Molière. Elle joue aussi dans La vie estun rêve de Pedro Calderon de la Barça, mis en scène parGalin Stoev.

JEAN-BAPTISTE

MALARTRE Jean-Baptiste Malartre –sociétaire de la Comédie-Française – intègre en 1968l’école de Pierre Debaucheau Théâtre des Amandiersde Nanterre. Il rentre à cetteépoque dans la classe

d’Antoine Vitez. Il rejoint le 15 février 1991 la troupe de laComédie-Française, engagé par Jacques Lassalle, commeinterprète du répertoire classique, moderne et contempo-rain. Il fait ses débuts dans La Fausse Suivante deMarivaux mise en scène par Jacques Lassalle (1991), LaNuit de l’iguane de Tennessee Williams, mise en scène par

JÉRÔME

BIDAUXJérôme Bidaux suit sa for-mation au conservatoire na -tional de la région de Lille. Authéâtre, il travaille avec GillesGleizes, Simone Amouyal,Gilles Defacque au Théâtredu Prato et participe à un

chantier organisé par l’Académie Expérimen tale du Théâtreintitulé De la parole au chant sous la direction de FaridPaya. En 1995, il collabore avec l’équipe du Workcenterde Jerzy Grotowski. Au Ballatum Théâtre on a pu le voirdans On s’aimait trop pour se voir tous les jours, Ennui denoces, Les Trois Sœurs, mises en scène de Guy Allou che -rie et Éric Lacascade. Avec le Panta Théâtre, il joue dansL’Idiot, Les Démons et Richard III, mises en scène de GuyDelamotte. Il travaille régulièrement sous la direction d’ÉricLacascade : De la vie, Frôler les pylônes, Ivanov,Platonov, Les Estivants, Tartuffe.Il a travaillé avec François Rancillac, Adel Akim, M. Korout -chkine et a récemment participé au David Bobée Hamletmisen scène par David Bobée.

ARNAUD

CHERON arnaud Cheron son expéri-ence de la scène passe parl’in terprétation, le chant, larégie, la technique de l’é-clairage. Il a joué sous ladirection d’Éric Lacascadeen 2002 dans Platonov de

Tchekhov, Les Barbares de Gorki en 2006, créés dans laCour d’Honneur à Avignon, Les Estivants de Gorki, créa-tion au Théâtre National de Bretagne/Rennes en janvier2010, Tartuffe de Molière, créé à Vidy-Lausanne en2011/2012. Il a tenu le rôle de Pylade, dans la pièceéponyme de Pasolini, dirigée par Lazare Gousseau. Il a jouédans Hamlet avec David Bobée. Il a dirigé plusieurs pièces,notamment une adaptation d’Un fils de notre temps, deÖdön von Horváth, et Encore plus demain, d’après les textesd’Isabelle Pinçon, créés au Théâtre de la Passerelle àLimoges. Il a interprété, depuis 1991, des textes de Marivaux,Antonin Artaud, Vincent Van Gogh, Shakespeare, Mar -guerite Duras, Lewis Carroll, Fernando Pessoa, Tchekhov,DAF de Sade, Henri Miller, Kurt Schwitters…

ARNAUD

CHURIN arnaud Churin est issu duConservatoire national supé -rieur d’art dramatique de Paris.Au Théâtre il est dirigé parOlivier Py dans La Farce DesDindons, La Femme Canon,Les Aventures de Paco

Goliard ; Éric Vigner dans La Maison d’osde Roland Dubillardet Le Régiment de Sambre et Meuse ; Pierre Guillois dansLa Princesse Courageuse de Stanislas Witkiewicz, Roméoet Juliette de Shakespeare; Stuart Seide dans La Tragédiedu Docteur Faustus de Chris topher Marlowe, La Tragédiede Macbeth de Shakespeare; Bruno Bayen dans Qu’uneTranche de Pain de Rainer-Werner Fassbinder ; Jean-Marie Patte dans Titre Provisoire ; Michel Didym dans LeMiracle de Georgie Schwajda ; Laurent Laffargue dansSauvés d’Edward Bond et Le Songe d’une nuit d’été deShakespeare; Alain Ollivier dans Toute Nudité sera Châtiéede Nelson Rodrigues ; Jean Boillot dans Le Balcon de JeanGenet; Bérangère Jannelle dans Ajax de Sophocle; BernardLevy dans Bérénice de Jean Racine ; Olivier Balazuc dansL’Ombre amoureuse, Laurent Guttman dans Pornographiede Simon Stephens. Sous la direction d’Éric Lacascade, iljoue dans La Mouette et Platonov de Tchekhov, et dansLes Barbares de Gorki, Tartuffe de Molière.Il a mis en scène Le Jeu du Veuf d’Olivier Py; L’Ours Nor mand,Fernand Léger, textes de Fernand Léger et Dora Vallier ;Pas Vu (à la télévision), création utilisant une émission DesChiffres et des Lettres de janvier 1979 et des textes d’EdgarMorin et de Boris Cyrulnik ; Œdipe de Sénèque ; Fragmentsd’un discours amoureux.Au cinéma, il joue dans les films Rémy Duchemin, MarieHelia, Bertrand Tavernier, Diane Bertrand, Dante Desarthe,Patrice Lecomte, Éric Atlan, Claire Denis, Olivier Assayas,Xavier Giannoli…

ALAIN

D’HAEYERalain D’Haeyer joue dans LaDouble Inconstance de Ma -ri vaux, mise en scène de GuyAlloucherie, Les Mains d’Ed -wige au moment de la nais -sance de Wajdi Mouawad,mise en scène de Vincent

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Brigitte Jaques-Wajeman, et Le Mariage de Figaro, mis enscène par Antoine Vitez (1992). Il est interprète égalementdans Le Bal masqué de Lermontov, mis en scène par Ana -toli Vassiliev (1992) ; Chat en poche de Georges Feydeau,mis en scène par Muriel Mayette (1998) ; Ruy Blas de VictorHugo (2001), et Britannicus de Racine (2005), tous deuxmis en scène par Brigitte Jaques-Wajeman. Plus récem-ment il participe à la nouvelle production de Cyrano deBergerac d’Edmond Rostand (2008), mis en scène par DenisPodalydès, ainsi qu’à la création de L’Ordinaire de MichelVinaver, mis en scène par l’auteur et par Gilone Brun.S’il mène une carrière importante au sein de la Comédie-Française, il a aussi activement collaboré au dehors de cettemaison, auprès notamment d’Antoine Vitez, avec qui il tra-vaillera de 1970 à 1974 au Théâtre des Quartiers d’Ivry ;avec Patrice Chéreau pour Lear d’Edward Bond, au TNPde Villeurbanne (1975) ; Claude Régy, Eden cinémad’après Marguerite Duras (1977) ; Bernard Sobel, Coriolande Shakespeare au Théâtre de Gennevilliers (1983) ; suiv-ent encore d’autres collaborations auprès d’Alain Françon,d’André Engel, et Jacques Lassalle.Au cinéma, Jean-Baptiste Malartre tourne sous la directionde Sophie Filières, Alix de La Porte, Olivier Assayas, LucasBelvaux.

MAUD RAYER Maud Rayer a commencésa carrière dans le théâtrecomme comédienne et tra -gé dienne. Elle a joué no tam -ment sous la direction, deGeorges Wilson, Jean Anouilh,Roger Planchon, Jean-LucLagarce, Giorgio Strelher,

Pierre Négre, John Strasberg, Jöel Jouanneau, VincentDussart. Elle a travaillé sous la direction d’Éric Lacascadedans Les Barbares de Gorki.À la télévision, elle a joué, entre autre, dans La vie deMolière de Marcel Camus, Sarah Bernhardt d’Abder Isker,Virginia Woolf de Régis Milcent, La Petite Fille dans lestournesols de Bernard Férie, L’Allée du Roi de Nina Compa -nez, Deux femmes à Paris de Caroline Huppert et dansdes séries comme Maguy, Marc et Sophie, la Crim’, LeChâteau des oliviers. Au cinéma, elle a joué notammentdans Peau d’Âne de Jacques Demy, L’Américain deMarcel Bozzufi, Tapage Nocturne de Catherine Breillat, LePull-over rouge de Michel Drach, Le sang des autres deClaude Chabrol, Un long dimanche de fiançailles deJean Pierre Jeunet, Ici-Bas de Jean Pierre Denis.

LAURE WERCKMANNLaure Werckmann fait sesdébuts au Théâtre duPeuple de Bussang(Vosges). Elle y travailledans des mises en scènesde Philippe Berling, entreautre dans Peer Gyntd’Ibsen au côté d’Éric Ruf.À la suite à cette rencontre,elle intègre la Compagnied’Edvin(e), collectif d’ac-

teurs dirigé par Éric Ruf, et participe aux créations : DuDésavantage du Vent et Les belles endormies du bordde scène, créées au Centre dramatique de Lorient avantdes tournées en France. Elle continue de jouer dans desmises en scène de Philippe Berling et travaille égalementavec Gilles Bouillon, Guy Delamotte, Jean-Luc Falbriard,Philippe Lebas… tant sur le répertoire classique que con-temporain. Au cinéma, elle travaille sous la direction dePascale Ferrand, Elisabet Gustafson, Dominik Moll. Elle joue sous la direction d’Éric Lacascade dans LesEstivants de Gorki et tartuffe de Molière

JEAN

BOISSERY Il quitte la Nouvelle-Calé -donie pour étudier l’histoire, laphil o sophie, le mandarin, l’an - glais, l’espagnol et l’italien, suitéga lement une formation mu -sicale et est reçu au Conser -vatoire national supérieur d’Artdramatique de Paris.

Il intègre en tant que comédien la compagnie Renaud/Barraultde 1975 à 1977. Ensuite, il travaille auprès de John Dexterequus d’Anne Delbée, La Ville de Claudel, d’Éric Rohmer LaPetite Catherine de Heilbron. En 1983, il travaille pour la pre-mière fois avec le Ballatum théâtre (Guy Alloucherie, ÉricLacascade) dans Babylone Future, puis dans un cycle Tche -khov (cour d’honneur Avignon 02/03), puis dans Les Barbareset Les Estivants de Gorki. Il travaille plusieurs fois avec AdelHakim et aussi avec Serge Noyelle. Il collabore avec ArnaudChurin sur une adaptation d’Œdipe d’après Sénèque.En tant que metteur en scène, il monte Chanson de sac etde corde de P. Fructus, Jeannot le Berger de J.C Bernard,opéra pour enfants, ainsi que Pizza point chaud de P.Fructus, Le Grand Chariot de Jacky Viallon, et Ceux quidonnent de Frédéric Sabrou. Au cinéma, il a travaillé entreautre avec Fr. Cassenti, J. Jaeckin, E. Rohmer…

26 au 29 mars Théâtre national de Bordeaux Aquitaine 2 au 4 avril Brest, Le Quartz 9 au 18 avril Lille, Théâtre du Nord 6 et 7 mai Douai, L’Hippodrome 14 au 16 mai Maison de la Culture de Bourges

autouR D'onCLE VaniaDiManCHE 16 MaRs Rencontre avec Éric Lacascade et l'équipe artistique à l'issue de la représentation de 15 H.

INSCRIVEZ VOUS À LA RENCONTRE www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER ET INSCRIPTIONS)

TOURNÉE 2014

RENCONTRE PUBLIC

À LIRE / À VOIR

• Oncle Vania, Anton Tchekhov – ACTES SUD, COL. BABEL 1994• L’Homme des bois – ACTES SUD, COL. BABEL 2009

• Littératures 2, Gogol, Tourguéniev, Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov, Gorkide Vladimir Nabokov – ÉD. FAYARD

• Tchekhov d’Henry Troyat – ÉD. FLAMMARION 1984

• Conseils à un écrivain, Anton Tchekhov, Anatolia – ÉD. DU ROCHER 2004

• Lexi, Théâtre de la Colline – L’ARCHE ÉDITEUR, 2005

• Vanya, 42e Rue de Louis Malle, 1995 - DVD

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»« Prenez ma vie et mon amour : où dois-je les mettre, que puis-je en faire ?

anton tchekhov, Oncle Vania