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DP — On the ruins of the pizzeria

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Dossier de presse pour l'exposition de Muriel Rodolosse au centre d'art du château des Adhémar.

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EXPOSITION MONOGRAPHIQUE DE MURIEL RODOLOSSE

SAMEDI 18 JANVIER — 30 MARS 2014 CENTRE D’ART CONTEMPORAIN CHÂTEAU DES ADHÉMAR

VERNISSAGE SAMEDI 18 JANVIER 2014 11H — 18HVISITE DE L’EXPOSITION PAR L’ARTISTE À 11H

FINISSAGESAMEDI 29 MARSRENCONTRE PUBLIQUE DE L’ARTISTE À 15HAVEC TIMOTHÉE CHAILLOUCRITIQUE D’ART ET COMMISSAIRE INDÉPENDANT

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN CHÂTEAU DES ADHÉMAR 26200 MONTÉLIMAR TÉL 04 75 00 62 30

OUVERTURE TOUS LES JOURS SAUF LE MARDI 10H-12H30 ET 14H-18H

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EXPOSITIONS PERSONNELLES(SÉLECTION)

2014Sans socle ni double fond, Centre d’art contemporain Maison des arts Georges Pompidou, Cajarc 12 avril — 6 juin 2014

On the ruins of the pizzeria, CAC Château des Adhémar, Montélimar

2013At the corner of my mind in the Park, La mauvaise réputation, librairie-galerie, Bordeaux

2011x degrés de déplacement, Frac Aquitaine, BordeauxPadwork, Musée Calbet, Grisolles

2010Versteckt just around the corner, Rudi-Dutschke-Strasse 18, BerlinSi tendre just around the corner, Centre Jules-Ferry, BergeracPrivate Mécanique, Appelboom, résidence d’art sonore, La Pommerie, Saint-Sétiers

2009Under the bridge, Maison des arts, Grand-Quevilly

2007Ancora !, Centre d’art contemporain Chapelle Saint-Jacques, Saint-GaudensGalerie Guislain - États d’Art, Paris

2005Librairie du Musée des Abattoirs, ToulouseActivation d’une Permissive, Centro histórico, Zaragoza

2002Éco-graphie d’une île, espace immersif sur l’Île verte, PlassacGalerie Guislain - États d’Art, Paris

2001 Mars Gallery, Chicago

2000 Galerie Dargent Reboul, Avignon

1999 Lakeside Gallery, Artists in residence program, Lakeside

EXPOSITIONS COLLECTIVES(SÉLECTION)

2013Artistes en campagne ! Collections du Frac Aquitaine, Musée de la Chalosse,Montfort-en-Chalosse

Muriel Rodolosse et Josué Rauscher, Fondation Albert Gleizes, Moly-Sabata, Sablons

L’inventaire,La Tour du pin, Château de Virieu Palais du Parlement, Grenoble

2012Drawing Room 012, Aperto, Montpellier

Chronique curiosités, Villa Noailles, Hyères, commissariat Joël Riff

Louyétu? Centre d’art contemporainMaison des arts Georges Pompidou, Cajarc

2010Quand je serais petite, Musée des beaux-arts de Calais

2009Archist, galerie des Grands bains douches de la plaine, MarseilleLa Tannerie, Barjols

2008Caprice des jeux, Frac Aquitaine, BordeauxInstallation Ancora !, Orangerie du Jardin du Luxembourg, Paris

2007 Flux 2, parcours d’art contemporain en vallée du Lot, Maisons Daura, Saint-Cirq-LapopieMutations dans le jardin, installation in situ, Jardin du Luxembourg, ParisDressing room, bbb centre régional d’initiatives pour l’art contemporain, ToulouseStock en Stock, Aperto, Montpellier

CATALOGUESPUBLICATIONS

2014L’inventaire, Muriel Rodolosse et Josué Rauscher, suivi éditorial Joël Riff, co-édition Moly-Sabata et conseil général de l’isère sortie février 2014 à Grenoble

Cahier de dessins, édition Marguerite Waknine, sortie juin 2014

2011 Muriel Rodolosse Catalogue monographique bilingue, édition Frac Aquitaine

2009Muriel Rodolosse Livre d’artiste, édition Marguerite Waknine

PRESSE

2011Le Monde magazine N°101, article d’Emmanuelle Lequeux, p.52

Le parcours des arts N°27, article de Yann Le Chevalier, p.63

DDAA, Documents d’artistes en AquitaineMagali Lesauvage

2010Artpress N°367, couverture et article Une œuvre masquée d’Anne Dagbert, p 52/55

La Belle Revue, 2010, La Pommerie par Magali Lesauvage, P22 et p23 2008 Artpress N° 348, p. 89 et 90, Caprice des jeux, article Didier Arnaudet

MURIEL RODOLOSSEVIT ET TRAVAILLE À BORDEAUX

dda-aquitaine.org/fr/muriel-rodolosse/www.frac-aquitaine.net/x-degres-de-deplacement-muriel-rodolosse

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01AT THE CORNER OF MY MIND A VIEW OF THE PARK IN FRONT OF PODGARIC, PEINTURE SOUS PLEXIGLAS, 200 CM X 270 CM, 2013

02 NÉOARCO DEI FILENIPEINTURE SOUS PLEXIGLAS, 30 X 25 CM, 2013

03LE JEU DES PETITS SOLDATS DU PELOTON D’EXÉCUTIONPEINTURE SOUS PLEXIGLAS, 30 X 24 CM, 2013

04 PALMIERS OXYMORIQUESPEINTURE SOUS PLEXIGLAS, 30 X 25 CM, 2013

05 MAKLJEN MEMORIALPEINTURE SOUS PLEXIGLAS, 25 X 30 CM, 2013

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02 NÉOARCO DEI FILENIInauguré par Mussolini en 1937, cet arc de triomphe de style fasciste fut détruit après la prise du pouvoir par le colonnel Kadhafi en 1969, l’artiste imagine que dans la dérive dystopique, on puisse reconstruire un tel bâtiment sans se soucier de sa charge mémorielle et historique

03 LE JEU DES PETITS SOLDATS DU PELOTON D’EXÉCUTIONIci, elle invente un jeu ambigüe où des figurants se prêtent à un simulacre d’exécution.

04PALMIERS OXYMORIQUES Il s’agit d’une figure d’opposition qui réunit le cliché du rêve exotique avec la perte de la couleur et le feux d’artifice.

05MAKLJEN MEMORIALCe monument des blessés se situe à Makljen en Bosnie Herzégovine, l’artiste a supposé que le concepteur du ParK a ordonné la reconstruction à l’identique de la ruine. Cela pose la question de l’absurdité d’un tel acte.

C’est avec Muriel Rodolosse, peintre, et une pro-position spécifique pour le lieu que le centre d’art contemporain du château des Adhémar ouvre la saison 2014.

Ainsi, On the ruins of the pizzeria est une exposi-tion composée de tableaux et de dessins inédits, d’œuvres requestionnées, au sein de laquelle l’ar-tiste convie à s’immerger totalement. Pour cela, elle requiert notre implication spatiale et tempo-relle pour nous faire entrer littéralement dans un parcours dystopique, jalonné de volumes.

Plaçant la question du déplacement au cœur de sa pratique et par le choix d’un support précis – pein-ture sous Plexiglas - et le renversement du geste pictural et de l’image qu’il impose, elle initie un rapprochement entre l’artiste et le regardeur. Elle propose de penser l’exposition comme un médium qui interroge l’accrochage, le point de vue, la mobi-lité du regardeur dans un rapport à la narration. « Je pars toujours de l’analyse des espaces afin d’y inscrire une exposition qui interpelle le lieu mais aussi le déplacement des regardeurs. » (MR, jan-vier 2014)

Orchestrées au sein de quatre espaces, les œuvres résonnent avec l’histoire du château, ancien logis seigneurial devenu prison, en adéquation avec le fil blanc voulu par l’artiste : partir de la figure du parc, topographie de l’enfermement. En s’inspirant du roman de Bruce Bégout Le ParK, qui décrit une société imaginaire organisée hors d’accès possible au bonheur, elle invente des paysages aux archi-tectures inquiétantes, ouvre des espaces d’encla-vement humains dans lesquels se déplacent des personnages froidement anonymes.

« Ainsi, le concepteur du ParK a-t-il rassemblé en un seul parc toutes ses formes possibles. Le ParK associe une réserve animale à un parc d’attraction, un camp de concentration à une technopole, une foire aux plaisirs à un cantonnement de réfugiés, un cimetière à un Kindergarten, un jardin zoolo-gique à une maison de retraite, un arboretum à une prison. Il les combine, joint tel caractère à tel autre, mélange les genres, confond les bâtiments, agrège les populations, intervertit les rôles. »

Ainsi le parcours débute au rez-de-chaussée : le visiteur découvre un grand tableau A view of the ParK in front of Podgaric dans lequel elle sonde, s’immisce, explore les lieux, comme par exemple « le cabinet des utopies perdues » ou « la neuro-architecture »...

ON THE RUINS OF THE PIZZERIA

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07IL Y AURA UNE FINENCRE DE CHINE ET LAVIS SUR PAPIER AQUARELLE, 400 X 300 CM, 2014

06 LES CHAISES VOLANTESENCRE DE CHINE SUR PAPIER AQUARELLE, 400 X 450 CM, 2014

08INSTALLATION GEOCLOUDSLOGGIA, TABLEAUX RECTO-VERSO SUPENDUS 100 X 100CM, PEINTURE SOUS PLEXIGLAS, 2014

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Il se poursuit au premier étage. Une peinture monumentale, On the ruins of the Pizzeria, compo-sée de quinze parties, couvre la totalité du mur du fond. Muriel Rodolosse est partie de l’idée fiction-nelle qu’un curateur aurait décidé de prendre un champ de ruines comme lieu d’investigation. Ce tableau-exposition ouvre l’espace sur une exposi-tion fictive, un lieu dans un lieu, un espace dans un espace, une peinture dans une peinture.

Dans la loggia, Geoclouds est une installation de quatre tableaux recto-verso, suspendus, qui bouchent l’espace tout en l’ouvrant sur une surréalité.

En redescendant dans la grande salle du logis seigneurial, le titre générique On the ruins of the Pizzeria se dévoile sur la fin de la pérégrination et seize tableaux blancs et noirs se regroupent sur une cimaise formant un corner. Agglutinés, et mis en tension avec le titre, ils préfigurent une vision du ParK. Renvoyant à des références historiques, à une dimension totalitaire, tel cet arc de triomphe de style fasciste, inauguré en 1937 par Mussolini et détruit après la prise du pouvoir par le colonel Kadhafi en 1969, ces tableaux font l’objet, par l’ar-tiste, d’une ré appropriation et font figure de docu-ments argumentant les attractions du ParK. Ainsi avec Le jeu des petits soldats du peloton d’exécution, Muriel Rodolosse invente un jeu où les figurants se prêtent à un simulacre d’exécution.

La chapelle Saint-Pierre accueille l’ultime ins-tallation  : six grands dessins descendent le long des murs et s’enroulent sur le sol. Ils s’inscrivent dans le parcours comme une finalité pleinement matérialisée par le titre générique Il y aura une fin, annonce qui peut laisser présager que tout un chacun peut élire sa condition.

A travers cette exposition, Muriel Rodolosse nous dévoile un ensemble important d’œuvres qui sont autant d’axes de développement inscrits dans sa pratique. Confronté à des logiques de spatialité, et de spatialisation, son travail se nourrit d’écrits, de littérature, et d’histoires réelles qui cultivent le terrain de questionnements afférents à cette dis-cipline qu’est la peinture aujourd’hui.

HÉLÈNE LALLIERCOMMISSAIRE DE L’EXPOSITION

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07ON THE RUINS OF THE PIZZERIA (DÉTAIL)TABLEAU-EXPOSITION DE 520 X 700 CM, EN 15 ÉLÉMENTS JUXTAPOSÉS, PEINTURE SOUS PLEXIGLAS, 2014, PRODUCTION CAC CHÂTEAU DES ADHÉMAR

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On the ruins of the pizzeria, 2014, est à la fois le titre de l’exposition personnelle de Muriel Rodolosse au centre d’art contemporain Château Adhémar et celui de ce tableau monumental de 5 ,20 x 7 m qui est la représentation d’une exposition fictive. Les éléments d’architecture qui sont représentés sont un re-souvenir du centre d’art contemporain la Chapelle Saint-Jacques à Saint-Gaudens où l’artiste a déjà exposé.

L’œuvre offre au regard une vue partielle de la nef avec suffisamment de recul pour en apprécier les dimensions et une partie de son architecture. Une peinture imposante est accrochée sur la cimaise frontale. Elle la recouvre entièrement. Une autre peinture est exposée sur le quart inférieur de la cimaise latérale gauche.

Un couple, traité avec un effet trompe l’œil accentué, est posté devant la grande peinture qui donne à voir les ruines calcinées d’une pizzeria. Et c’est là où le scénario se corse, car les décombres noircis par les flammes ont été retenus pour servir de décor à une exposition. On distingue un mur clair, au centre de la composition, sur lequel semble accrochée une œuvre en deux dimensions, ce panneau publicitaire vierge et blanc évoquant la toile du peintre ou la cimaise, le caisson d’une enseigne lumineuse renvoyant à la caisse américaine ou à l’encadrement d’une œuvre, ces trois volumes miniatures installés au sol derrière les barrières sur la partie inférieure droite de la peinture.

Si cet ensemble de pièces reste volontaire-ment peu identifiable et son statut indéterminé, sa mise en scène, quant à elle, est plus explicite.

Le restaurant italien n’existe plus et les ruines sont temporaires. Nous ne sommes ici ni « avant », ni tout à fait « après ». Et c’est dans cet entre-deux, cet état intermédiaire que se déroule l’exposition. Comme si la ruine et elle seule réunissait les conditions sine qua non pour accueillir cette expérience.

On retrouve dans On the ruins of the pizzeria ce qui caractérise la recherche actuelle de l’artiste : un espace mental complexe, une architecture anguleuse qui entretient des rapports avec la sculpture, la volonté d’inscrire son travail en lien avec les caractéristiques de l’endroit où il est montré et cette façon de mettre en abyme le propos général au sein de l’espace fini du tableau : la peinture dans la peinture, l’espace dans l’espace, l’exposition dans l’exposition, etc.

Sa monumentalité et sa construction invitent à s’interroger en tant que spectateur sur la manière de se positionner dans l’espace, d’où regarder et sur ce que l’on regarde vraiment. La mise en abyme des sujets et la dimension du tableau à l’échelle du lieu qui l’accueille entrainent une perte des repères et créent ce déplacement entre le dedans de l’œuvre et son dehors. On the ruins of the pizzeria déborde de ses limites et confond les lieux et le statut des œuvres. Elle met au travail de façon réflexive le contexte, l’accrochage, l’espace, la peinture, la sculpture, l’installation et l’exposition.

CYRIL VERGÈSJANVIER 2014

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— Timothée Chaillou — Muriel, est-ce l’histoire du Château des Adhémar ou plus particulièrement sa structure archi-tecturale qui vous a inspiré ?

— Muriel Rodolosse — Le château des Adhémar présente un appareillage austère de pierres de taille, avec des pla-fonds de poutres apparentes, un sol en tomettes, une loggia et une chapelle. Il a été un logis seigneurial avant de devenir une prison. Il m’est apparu essentiel de pen-ser un projet spécifique, cohérent pour ce lieu, en tenant compte de son histoire et de sa topographie. En général, c’est ma façon de procéder, je pars toujours de l’analyse des espaces afin d’y inscrire une exposition qui ques-tionne le lieu mais aussi le déplacement des regardeurs.

— TC — Si vous « questionnez » le lieu, que vous a-t-il ensei-gné ?

— MR — Le centre d’art contemporain qu’accueille le châ-teau des Adhémar propose deux lieux d’expositions, le palais médiéval avec deux salles et une loggia et la cha-pelle romane. Il impose un parcours en plusieurs étapes. Dans ce lieu patrimonial, j’ai souhaité inscrire une pro-position dystopique, car cela résonnait avec son histoire. J’ai pensé une exposition globale intitulée On the ruins of the pizzeria, dans laquelle la topographie du centre d’art m’a amené à problématiser chacun des quatre espaces.

— TC — On the ruins of the pizzeria, votre titre évoque la fin d’une nourriture bas de gamme et l’une des plus connues. Que naitra t-il sur ces ruines fumantes ?

— MR — On the ruins of the pizzeria est à la fois le titre de l’exposition et le titre du tableau monumental présenté au premier étage du logis seigneurial.

Il représente un tableau-exposition qui joue de la perte des repères, de l’homothétie des espaces, il confond les lieux et le statut des œuvres. Il s’agit d’une exposition fictive dans un autre lieu qui est le centre d’art contem-porain la Chapelle Saint-Jacques à Saint-Gaudens. Je suis partie de l’idée fictionnelle qu’un hypothétique com-missaire d’exposition aurait découvert les décombres d’une pizzeria brûlée et aurait souhaité y installer une exposition d’art contemporain. J’ai choisi le mot ruins car en anglais sa signification est plus large qu’en français. Avant, du temps de l’existence de la pizzeria, la dimen-sion artistique était asphyxiée, sa destruction permet la possibilité d’une lecture artistique du site. L’exposition sur ces décombres, n’a ni passé, ni futur, elle n’existe que maintenant dans ce temps sans devenir.

— TC — À l’entrée de votre exposition nous voyons un grand tableau intitulé A view of the ParK in front of Podga-ric. Le parc est, dans le titre, central bien qu’il occupe une petite place dans votre tableau, à l’inverse d’un bâtiment et des structures métalliques. Le titre du tableau place aussi la sculpture de Dušan Džamonja comme un élé-ment central.

— MR — L’idée de ce tableau a surgi suite à la lecture du livre Le ParK de Bruce Bégout. Ce récit dystopique peint une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur, une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre uto-pie. L’auteur entend mettre en garde contre les consé-quences néfastes d’une idéologie. Mais il n’apporte pas les traces des documents, le récit est philosophique. À travers ce tableau, j’explore une vision argumentée de références.

Aux Adhémar, avec un projet spécifique composé de tableaux inédits et d’œuvres requestionnées, Muriel Rodolosse offre une immersion totale dans sa peinture. Pour cela, elle requiert l’implication spatiale et tem-porelle du spectateur qui doit entrer littéralement dans un parcours dystopique, jalonné de volumes et de peintures, espaces de repli ou hallucinations.

ENTRETIEN AVEC TIMOTHÉE CHAILLOU

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La perte de sens, le mélange des genres, tout est pos-sible et pourtant nous sommes dans un espace d’encla-vement ; une fausse reconstruction du mémorial croate de Podgaric côtoie des multiples de Bertrand Lavier, des architectures inquiétantes forment un parc d’attraction, la réplique du quadrige de la porte de Brandebourg fait de l’histoire un divertissement.

— TC — Ensuite nous faisons face à une installation de volumes blancs déstructurés portant un ensemble de 16 tableaux de petits formats, qui « se posent comme des documents qui alimentent la dystopie de la proposition générique ». Qu’en est-il de cette dystopie que l’on trouve dans l’ensemble de votre exposition ?

— MR — La dystopie s’oppose à l’utopie : au lieu de repré-senter un monde parfait, la dystopie en propose un des pires qui puisse être envisagé. Ainsi, le concepteur du ParK a-t-il rassemblé en un seul parc toutes ses formes possibles. L’histoire du château des Adhémar, de par sa structure architecturale et des diverses fonctions de l’édifice peut résonner avec une proposition dystopique. Je le développe dans les quatre espaces impartis, avec à l’entrée la vision plutôt festive du Park, puis une cimaise en forme de corner avec des œuvres plus sombres, à l’étage le tableau On the ruins of the pizzeria, qui éloigne la relation directe au document pour l’enfermer dans un espace : le lieu dans le lieu, l’exposition dans l’expo-sition, la peinture dans la peinture. Dans la loggia, l’ins-tallation Geoclouds pourrait permettre la fuite à travers les ouvertures mais le paysage de nuages géométriques nous ramène à une inquiétante contingence. Et dans la chapelle Saint-Pierre, une installation de grands lavis à l’encre de chine, Il y aura une fin, clôture l’exposition.

— TC — Dans The Send of an Ending, Frank Kermode écrit que l’engouement pour l’Apocalypse entre « en consonance avec notre besoin plus naïf de fiction », que pour donner du sens à l’existence, nous avons besoin « d’harmonies fic-tives avec les origines et les fins. La « Fin » au sens noble, telle que nous l’imaginons, reflétera nos attentes irréduc-tiblement intermédiaires », puisque nous naissons « au beau milieu des choses ».

Le chaos, la décadence, contiennent des espoirs du renouveau. Qu’est-ce qui peut nous donner plus de sens, face au temps, que de faire concorder notre propre dis-parition avec l’annihilation de toutes choses ?

— MR — La pensée de la Fin suscite une intensification de la recherche de signes, d’indices, d’interprétations. L’imagi-naire occidental est imprégné de cette vision qui se pré-sente souvent comme un chronotope de la Fin. L’activité artistique, elle, pose une problématique qui n’a pas pour objet de convaincre.

— TC — Vous mixez des éléments visuels qui le sont rare-ment dans notre réalité. Vos peintures sont des bras-sages de fragments de couleurs et de motifs pluriels. Ces collages de différents éléments évoquent la cacophonie du flux de la vie productive et les associations d’idées.

— MR — Le collage est exceptionnel dans mon travail, il a été nécessaire dans le tableau A view of the Park in front of Podgaric parce que je souhaitais une narration qui parle des contenus des différents espaces comme « le cabinet des utopies perdues » ou « le pavillon des solitaires ». Cette exposition me permet d’introduire la référence et le document dans ma peinture. Jusqu’ici je photo-graphiais mes sujets, une volonté de ne pas extraire des images du flux.

— TC — Vos peintures sont-elles un « éloge » de la diversité ou de la contagion ?

— MR — L’exposition m’intéresse en tant que médium dans sa relation à la peinture et parfois au dessin. Je lui donne une forme qui l’articule. Elle n’est pas tout à fait une scénographie ni tout à fait une installation. Je me sens concernée par la diversité, la porosité, la no-Taxinomie sans en faire « l’éloge ».

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— TC — Vous pensez-vous proche de ce que dit Keith Tyson : « Le monde auquel je me confronte est une dynamique complexe, mutante, accélérée ; et si je suis « honnête » de quelque manière que ce soit alors mon art doit reflé-ter cela, et essayer de résister à un héritage moderniste encore prévalant, qui recherche une forme ou un style signifiant et reproductible. »

— MR — Il m’est important de pouvoir développer un pro-pos à travers mon activité et de lui donner une forme par une exposition. Je ne cherche pas à être honnête ni à faire de la « résistance », ni de « la belle peinture ». Je cherche du sens dans le travail pictural que je réalise. Je n’ai jamais peint sur toile, car ce support a une texture et une souplesse qu’elle m’impose. Je préfère œuvrer sur une surface plus neutre. Au début je peignais sur bois, plus rigide, puis depuis 1996 je peins derrière du Plexiglas. Cela inverse la conception classique et perspectiviste de l’espace. Je ne me sens pas concernée par une recherche stylistique. Le fait d’être passée de l’autre côté du plan zéro me donne certaines libertés qui m’intéressent.

— TC — J’aimerais que vous reveniez là-dessus, pour définir plus précisément ce que vous avanciez : « Depuis que je peins, mon souci majeur est d’être le plus possible dans la peinture. D’éliminer les artifices et de penser en quoi la peinture est au-delà de l’objet. » D’être dans la peinture nous plonge dans sa matière même, les motifs dispa-raissent. Eliminer les artifices est, à mes yeux, impos-sible dans toute production d’artefact et toute peinture est aussi un ready-made, un objet voire un bas relief (la couleur et la toile étant des ready-mades, comme le note Olivier Mosset).

— MR — La question de la toile m’intéresse mais elle ne me concerne pas. Les artifices dont je parle sont le cadre ou l’encadrement ou la signature, un subterfuge identi-taire, des artifices qui se placent comme des accessoires. Je ne les ai jamais intégrés dans ma peinture. Et en 2007, lorsque j’ai peint mon premier tableau monumental, j’ai réalisé que je pouvais être dans un tel format car je n’avais jamais cédé à l’objet « cadre » qui circonscrit.

Le tableau est un objet qui amène une objectivité du toucher et la peinture est de l’ordre de la visualité. C’est comme pour les livres, l’objet-livre se différencie de la littérature, l’accrochage de l’exposition, le volume de la sculpture. La poïétique mise en jeu dans mon travail se pose comme un geste pictural qu’il ne faut pas confondre avec la question moderniste du style.

— TC — Vous produisez de nombreux tableaux de grands formats. Pensez-vous comme Barnett Newman, à uti-liser ces grands formats pour renforcer leur caractère intime ?

— MR — Je n’ai pas le sentiment d’être davantage dans le champ de la peinture lorsque je peins des grands formats, comme je n’ai pas l’impression de faire du spectaculaire à travers la monumentalité, ni d’être dans une plus grande intimité. Le premier, Ancora ! produit en 2007 par la Cha-pelle Saint-Jacques est de l’ordre de l’intime, puis le deu-xième haaa…Dada ! 2009 est comme une image mentale, au-delà de tout format. Le troisième x degrés de déplace-ment, 2011, intègre le médium exposition, l’espace du lieu d’exposition devient champ pictural, et le quatrième, On the ruins of the pizzeria, 2014, est un tableau-exposition qui peut nous demander de nous interroger sur ce qui fait œuvre.

— TC — Comme Olivier Mosset ou Rirkrit Tiravanija vous présentez des cimaises vides qui deviennent sculptures. De votre côté, est-ce suite à une réflexion sur la cimaise comme podium vertical, comme une forme liée à l’his-toire du monochrome ?

— MR — La cimaise est un outil pour l’exposition comme le tableau peut l’être pour la peinture. Elle n’est pas une sculpture, je la convoque dans son statut de cimaise. Elle a pris la forme d’un podium dans l’exposition x degrés de déplacement, il était davantage pensé comme un prati-cable, il offrait au regardeur l’expérience d’un autre point de vue sur le tableau présenté.

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Dans la mise en exposition de On the ruins of the pizze-ria, quatre cimaises blanches sont installées sur le mur gauche de la salle afin de conduire le regard vers le tableau présenté sur le mur du fond. La première plate est accro-chée au mur, comme pourrait l’être un écran vide, la deu-xième a une épaisseur de 7 cm comme pourrait l’avoir un tableau à peindre, la troisième ferme une ouverture en haut du mur, la quatrième est une cimaise posée au sol de 40 cm d’épaisseur. Ces surfaces et volumes blancs se placent en tant que négation du matièrisme de l’appa-reillage du mur de pierre et de son potentiel de sensualité séductive, ils permettent une mise au plan différentielle, leur surface unie et blanche lutte avec le prestige du mur. Je place la question du monochrome ailleurs. Ici ces cimaises neutralisent l’espace et guident le regard dans un dispositif qui a une certaine tension baroque.

— TC — Pouvez-vous nous parler de la construction for-melle de Geoclouds et de la formulation de son sujet ?

— MR — Il s’agit d’une installation dans la loggia de quatre tableaux suspendus, présentant chacun une peinture recto-verso. Cette pièce donne vue, grâce à un système de cinq baies vitrées sur la ville et largement sur le ciel. J’ai souhaité apporté une respiration dans l’exposition avec cette installation. Elle est comme un espace dans un espace. Chaque peinture représente une géométrisa-tion de formes de nuages sur un fond couleur et matière nuage, l’intérieur et l’extérieur se répondent. Cependant une certaine surréalité s’en dégage.

TIMOTHÉE CHAILLOU, JANVIER 2014

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2014Muriel Rodolosse, On the ruins of the pizzeriaSu-Mei TseBill Culbert« La Belle Echappée »

2013Mehdi Meddaci, En attendantGuillaume BijlMat Collishaw, La vie de châteauGlenda León, Bruit bleu

2012Emmanuel Giraud, Ivresses vénitiennesGuillaume Bardet, L’usage des joursOlga Kisseleva, Crossing flowEmmanuel Régent, Sortir de son lit en parlant d’une rivière (trilogie)Marie Hendriks, Adhemarie Show

2011Victoria Klotz, Le ravissement des loupsAnn Veronica Janssens, Dans la poussière du soleilBetty Bui, Un mo[nu]ment à partagerEric Rondepierre, Alba, lai, reverdie

2010Julien Prévieux, Le Dilemme du prisonnierPierre Malphettes, Paysage avec chute d’eauDelphine Balley, L’album de familleYan Pei Ming, Les enfants de Montélimar

2009J.L. Elzéard, M. Lefebvre, S. Duby, X. Veilhan, J.F. Gavoty, ReconnaissancesLoris CecchiniYvan Salomone, Tout est ici retrouvéDelphine Gigoux Martin, Ce que j’aimais...G. Grand, B. Seror, Sound Time Material

2008C. Hesse / G. Romier, S. Lautru, Duchesse VanilleJohn Armleder, Par ailleursLilian BourgeatChristine Rebet

2007Eoin Mc HughLe Gentil Garçon, Le futur est derrière nous car on ne le voit pas venirMarie-José Burki, Horizons of a worldEtienne Bossut, Des illusions

2006A. Abramov, A. Jalut, A. PétrelBernhard RüdigerDavid Renaud, OutlandPhilippe Durand

2005D. Balley, C. Langan, C. Laquet, S. NavaTadashi Kawamata, Détours des toursFrançoise Quardon, Honeymoon tearsPierre David, La chambre des garçons

2004V. Litzler, A. Ovize, N. PracheSarkis, L’homme qui essayait d’attraper la lumièreAdam AdachStéphane Calais

2003Krijn de KooningFelice VariniJean-Luc Moulène, ŒuvresDamien Beguet, Micro entreprise

2002Danielle Jacqui, Celle qui peintDaniel Buren, De la cabane aux châteauxYvan Fayard, PeinturesPatrick Tosani, Les paradoxes de l’image

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN CHÂTEAU DES ADHÉMAR

DOUZE ANS D’EXPOSITIONS

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ACCÈS

Située entre Valence et Orange, dans la Vallée du Rhône, la ville de Montélimar se situe à 150 km au sud de Lyon, 50 km au sud de Valence et 80 km au nord d’Avignon.

Le château des Adhémar se trouve sur les hauteurs du centre ville, à proximité de la chapelle des Carmes. Vous pouvez y accéder en voiture ou à pied (10 minutes depuis la gare, l’espace Saint-Martin et l’office de tourisme).

Par la routeEn venant du sud :Autoroute A7, Sortie 18 Montélimar Sud puis suivre direction Montélimar centre.

En venant du nord :Autoroute A7, Sortie 17 Montélimar Nord puis suivre direction Montélimar centre.

Suivre indications « cimetière » vers le « château des Adhémar ».

Coordonnées GPS : N : 44.56 / E : 4.755

DATES ET HORAIRES D’OUVERTURE

Exposition du 18 janvier au 30 mars 2014

Tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h sauf le mardi

Visites commentées de l’exposition sur rendez-vous

Renseignements visites groupes : 04 75 91 83 64

TARIFS

Plein tarif 4 €Tarif réduit 3 €Gratuité pour les - de 18 ans

Tarifs scolairesVisite : 30 € forfait par classe

Pass expo : 40 € forfait annuel par classe

Sésame : gratuité pour les écoles primaires de la Communauté d’Agglomération de Montélimar

INFORMATIONS PRATIQUES

Château des AdhémarCentre d’art contemporain24 rue du Château26200 Montélimar

T. 04 75 00 62 [email protected]://chateaux.ladrome.fr

Direction des Châteaux de la DrômeChrystèle Burgard, Florent Turello

Responsable du centre d’art contemporain Hélène Lallier

Le château départemental des Adhémar - centre d’art contemporain bénéficie du soutien du Ministère de la Culture (DRAC Rhône-Alpes) et de la Région Rhône-Alpes.

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