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DU FRONT COMMUN UNIVERSITAIRE POUR LE SALUT DE LA NATION A L’UNIVERSITAIRE AUX MULTIPLES FRONTS POUR LA SURVIE Analyse diachronique de la métamorphose de l’idéologie nationaliste de l’universitaire en République Démocratique du Congo - De 1960 à 2000 - Jean-Pierre TSHIPAMBA DIKAMBA MUWALA () I N T R O D U C T I O N Dans la vie d’une institution, comme pour celle d’une personne, les repères chronologiques marquent les points importants d’une ascension ou d’une chute, et constituent ipso facto le temps d’arrêt pour faire le bilan au regard des impératifs qui ont milité en faveur du lancement de cette institution. Le Conseil pour le Développement de la Recherches en Sciences Sociales en Afrique ( CODESRIA ), institution scientifique de haute portée internationale, ne pouvait pas se dérober à cette stratégique règle d’évaluation en suspendant le vol du temps pour organiser les manifestations du 30 ème anniversaire de son existence. Véritable arbre à palabre scientifique sur l’arène intellectuelle africaine, le CODESRIA mérite tous nos hommages et nos félicitations que nous formulons à l’endroit de ses dirigeants d’hier et d’aujourd’hui, non seulement pour avoir surmonté des difficultés inhérentes à la croissance de toute institution jusqu’à ce jour mais aussi pour l’occasion historique qu’il nous donne en ce jour mémorable de nous exprimer devant cette auguste assemblée à laquelle nous présentons toutes nos civilités au nom du Réseau Congolais de Défense et de promotion des Droits Humains et Libertés Académiques ( RECODELAC ) que nous représentons à cette tribune. Le thème central de cette conférence, à savoir « INTELLECTUELS, NATIONALISME ET IDEAL PAN-AFRICAIN » nous a fortement interpellés parce qu’il rejoint la réflexion qui a toujours secoué notre for intérieur en tant qu’observateur des événements pré-indépendances et post-indépendances qui jalonnent l’histoire de la République Démocratique du Congo, notre pays, et dans lesquels l’intellectuel mieux encore l’universitaire a été toujours aux premières loges. Aujourd’hui que la République Démocratique du Congo traverse une crise multiforme dont le bout du tunnel est difficilement perceptible, quel est le rôle joué par l’universitaire congolais sur l’échiquier national et quelle est l’image réelle que la société congolaise se fait de son intellectuel universitaire ? Ce questionnement répond aux « refrains » devenus aujourd’hui populaires à Kinshasa chaque fois que les soubresauts conjoncturels basculent notre vécu quotidien, refrains que nous avons entendus lors de nos enquêtes menées au cours de ces cinq dernières années sur différents thèmes ( culture de la paix, libertés académiques, résolution des conflits, etc.) et refrains () Historien, enseignant à l’Institut Pédagogique National de Kinshasa et militant-défenseur des Droits de l’Homme. Il est actuellement Président du Réseau Congolais de Défense et de Promotion des Droits humains et Libertés Académiques (RECODELAC), une ONG de Droits de l’Homme, opérationnelle en milieux universitaires congolais depuis 1996.

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de l’universitaire en République Démocratique du Congo - De 1960 à 2000 -

Jean-Pierre TSHIPAMBA DIKAMBA MUWALA (∗)

I N T R O D U C T I O N

Dans la vie d’une institution, comme pour celle d’une personne, les repères chronologiques marquent les points importants d’une ascension ou d’une chute, et constituent ipso facto le temps d’arrêt pour faire le bilan au regard des impératifs qui ont milité en faveur du lancement de cette institution. Le Conseil pour le Développement de la Recherches en Sciences Sociales en Afrique ( CODESRIA ), institution scientifique de haute portée internationale, ne pouvait pas se dérober à cette stratégique règle d’évaluation en suspendant le vol du temps pour organiser les manifestations du 30ème anniversaire de son existence. Véritable arbre à palabre scientifique sur l’arène intellectuelle africaine, le CODESRIA mérite tous nos hommages et nos félicitations que nous formulons à l’endroit de ses dirigeants d’hier et d’aujourd’hui, non seulement pour avoir surmonté des difficultés inhérentes à la croissance de toute institution jusqu’à ce jour mais aussi pour l’occasion historique qu’il nous donne en ce jour mémorable de nous exprimer devant cette auguste assemblée à laquelle nous présentons toutes nos civilités au nom du Réseau Congolais de Défense et de promotion des Droits Humains et Libertés Académiques ( RECODELAC ) que nous représentons à cette tribune.

Le thème central de cette conférence, à savoir « INTELLECTUELS, NATIONALISME ET IDEAL PAN-AFRICAIN » nous a fortement interpellés parce qu’il rejoint la réflexion qui a toujours secoué notre for intérieur en tant qu’observateur des événements pré-indépendances et post-indépendances qui jalonnent l’histoire de la République Démocratique du Congo, notre pays, et dans lesquels l’intellectuel mieux encore l’universitaire a été toujours aux premières loges. Aujourd’hui que la République Démocratique du Congo traverse une crise multiforme dont le bout du tunnel est difficilement perceptible, quel est le rôle joué par l’universitaire congolais sur l’échiquier national et quelle est l’image réelle que la société congolaise se fait de son intellectuel universitaire ? Ce questionnement répond aux « refrains » devenus aujourd’hui populaires à Kinshasa chaque fois que les soubresauts conjoncturels basculent notre vécu quotidien, refrains que nous avons entendus lors de nos enquêtes menées au cours de ces cinq dernières années sur différents thèmes ( culture de la paix, libertés académiques, résolution des conflits, etc.) et refrains

(∗) Historien, enseignant à l’Institut Pédagogique National de Kinshasa et militant-défenseur des Droits de

l’Homme. Il est actuellement Président du Réseau Congolais de Défense et de Promotion des Droits humains et Libertés Académiques (RECODELAC), une ONG de Droits de l’Homme, opérationnelle en milieux universitaires congolais depuis 1996.

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pleins de sarcasmes et d’opprobre lancés à l’endroit des universitaires par nos compatriotes. Ils se résument en ceci en langue lingala parlée dans la capitale congolaise : « Bino bato botanga ! » (littéralement : « c’est à vous qu’incombe la faute, vous qui avez étudié ! ». Ou encore : « Bino nde bato boteka mboka » (« c’est vous qui avez vendu le pays aux étrangers ». Ce sont ces reproches au quotidien qu’avec amertume nos compatriotes lancent à l’intellectuel, qui nous ont largement inspiré au point d’arriver à interroger l’histoire nationale et y cerner notre sujet du jour dont la formulation est la suivante : « DU FRONT COMMUN UNIVERSITAIRE POUR LE SALUT DE LA NATION A L’UNIVERSITAIRE AUX MULTIPLES FRONTS POUR LA SURVIE. Analyse diachronique de l’idéologie nationaliste de l’universitaire congolais en République Démocratique du Congo. (De 1960 à 2000 ).

Dans le souci de faire passer notre message à ce rendez-vous scientifique du donner et du recevoir, nous privilégions dans le traitement ce sujet, sans prétendre détenir le monopole en la matière, une approche globale et diachronique, basée sur la maïeutique, sans toutefois recourir aux méandres conceptuelles de son auteur. Cette démarche nous a permis d’abord de nous interroger sur notre propre identité intellectuelle et ensuite de faire un essai d’analyse à travers les différentes périodes sur lesquelles s’étalent l’histoire nationale. Notre préoccupation majeure est de dégager chaque fois l’apport de l’universitaire congolais, son implication nationaliste et son œuvre au devenir de la nation face aux exigences démocratiques de sa société, depuis l’aube de l’indépendance jusqu’à la seconde guerre de libération de la RDC, qui finalement introduit à la transition politique qui vient de démarrer au pays. Les résultats des enquêtes menées dans les institutions universitaires et hors de ces dernières sur l’image de l’universitaire congolais, révèlent ce dernier à la fois comme un modèle au cœur du combat nationaliste et comme le premier accusé dans l’effondrement de la nation. Ces résultats ont permis d’interroger les grands théoriciens sur la mission exacte de l’université et de l’universitaire au cœur de la société dans cette ère de la mondialisation. Nous traiterons notre sujet en trois articulations: primo, durant la période coloniale et post-coloniale ou l’engagement universitaire pour la cause de la nation ( 1952 à 1969 ) ; secundo, l’universitaire, comme moule solidificateur et béquille pensante de la dictature pour la période post-coloniale (1969 à 1990 ) et tertio, la période de l’extrême gachis ( mieux défini en langue lingala par cette expression vivante « ebeba, tokobongisa lobi » (à traduire : « détruisons tout, nous reconstruirons demain !» et de survie universitaire ( 1990 à 2000 ). Enfin, nous accorderons , comme dit ci-haut, la parole aux penseurs et théoriciens pour connaître leur point de vue sur l’université et avant de nous appesantir sur la thérapeutique appropriée à administrer à l’université congolaise pour que ses acteurs et ses « produits » puissent reconquérir la confiance de nos compatriotes et se refaire l’image de marque en R.D.C.

I. PREMIERE PERIODE ( 1952-1969 )

a) Première épisode : De l’engagement de l’universitaire pour le salut de la nation.

Le vent de la décolonisation qui souffle entre 1952 et 1958 imprima une vitesse frénétique aux différentes phases de revendication, du reste justifiée, de l’indépendance nationale. Bien que se comptant sur les bouts des doigts, la formation universitaire étant à ses débuts, les universitaires congolais furent de tous les fronts. Encore étudiants, on les vit actifs, attentifs et accompagnant la rédaction le 1er juillet 1956 , de concert avec d’autres intellectuels, du « Manifeste de conscience africaine », document détonateur de la revendication d’une société congolaise nouvelle, libre, juste et ouverte à tous, prélude à

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l’accession à la souveraineté nationale. Ils seront également présents au lancement , une année plus tard, soit en 1957, du Contre-Manifeste de l’ABAKO(1), un des partis politiques qui est né à la veille des premières élections démocratiques dans les premières communes urbaines des villes congolaises de Léopoldville, Jadoville, Luluabourg, Stanleyville, Elisabethville, Coquilathville et autres.

On les verra tour à tour élaborer des discours politiques de nouveaux leaders politiques, contribuer à l’organisation des meetings politiques en décembre 1958, (par exemple le meeting du MNC, tenu par son leader Patrice Emery Lumumba de retour de la conférence Panafricaine d’Accra ; meeting au cours duquel il fut question de la reconnaissance et de la jouissance des droits politiques des congolais. Les douloureux et sanglants événements qui surviennent en janvier 1959 (où plus de deux cents congolais furent fauchés par des balles des colonisateurs qui interdisaient la tenue d’un meeting de l’ABAKO) furent les détonateurs de la faillite brutale du régime colonial et durcirent davantage le nationalisme congolais.(2)

Désormais, cette poignée d’universitaires congolais va être associée à toutes les actions qui accéléreront l’accession du pays à la souveraineté nationale. Dans la série, nous citerons le cas du Congrès de Luluabourg qui réunit tous les partis politiques congolais du 9 au 12 avril 1959 avec pour but la constitution d’un gouvernement autochtone en janvier 1961 ; et la Table Ronde de Bruxelles (du 20 janvier au 20 février 1960) qui fixa l’indépendance du pays au Jeudi 30 Juin 1960.

A travers tous ces événements, la présence des jeunes universitaires congolais fut permanente et leur nationalisme ne souffrent d’aucune faille pour l’acquisition de l’indépendance nationale qui se fit du reste à l’arrachée, contrairement au plan du Professeur Van Bilsen qui la projetait pour 30 ans plus tard.(3)

L’hymne national congolais fut entonné le Jeudi 30 Juin 1960 dans la salle de banquet du Palais de la Nation à Kinshasa par les congolais libres, parmi lesquels on nota la présence des universitaires congolais nationalistes satisfaits du résultat de leur participation à la lutte acharnée menée pour libérer le pays du joug colonial.

A travers cette chanson patriotique et aux côtés d’autres nationalistes engagés et unis, cette poignée d’universitaires congolais s’engagèrent résolument à défendre le pays et à œuvrer pour sa promotion en entonnant ces bouts de phrases aussi mémorables qu’engageantes tels que : « Dressons son front, longtemps courbé et pour de bon prenons le plus bel élan dans la paix », avant de jurer ceci la main sur le cœur au travers de cet « hymne sacré » devant Dieu et devant cette libre et jeune nation en ce jour de rupture historique: « Nous peuplerons ton sol et nous assurerons ta grandeur ».

Cet exemple d’engagement pour servir la nation congolaise jusqu’à l’épuisement de leurs efforts, exprimé par les premiers universitaires, créa des émules dans le reste de la jeune nation congolaise.

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b) Deuxième épisode : Du nationalisme de l’universitaire comme exemple d’engagement pour la jeunesse congolaise.

La démonstration d’engagement et de nationalisme des jeunes universitaires à l’aube

de l’indépendance fut accueillie avec une grande satisfaction par la population qui voyait en ces « oiseaux rares », et à juste titre, un noyau de défenseurs de la nation, véritables promoteurs de son développement et de la justice distributive dans cette nouvelle nation congolaise.

L’universitaire congolais de cette période forçait l’admiration de tous et était dorénavant un modèle pour les jeunes scolarisés et non scolarisés tant par son savoir que par son comportement exemplaire ; modèle partout où il était appelé pour prêter main forte(4) ou encore assumer des responsabilités sociales, administratives ou politiques.

Une sorte de frénésie gagna toute la société congolaise au point où la préoccupation majeure de chaque famille même d’analphabètes ou des semi-lettrés cantonnée aux fins fonds des villages, était de posséder au moins un universitaire parmi les enfants de la famille. Il fallait à tout prix contribuer au développement du Congo Indépendant avec au moins un enfant universitaire . Avoir un fils ou une fille universitaire était une référence et un motif de fierté légitime. Le séjour d’un universitaire dans un village était considéré comme un grand événement et accueilli par des salves par le Chef du village et de la famille. L’universitaire nationaliste, espoir de la jeune nation, ne pouvait pas passer inaperçu en vacance avec son képi perlé, sa veste classique, et son français châtié ! Il suscitait l’admiration et le respect de tous. Il était l’espoir fondé de la nation. Avoir un fiancé universitaire pour toute jeune fille était un idéal, et un rêve à cajoler. C’était une garantie d’une future vie conjugale déjà assurée !

Dans cet ordre d’idées, la famille élargie était à tout instant prête à consentir d’énormes sacrifices allant jusqu’à hypothéquer ce qu’elle avait de plus cher, en l’occurrence son patrimoine foncier ou son cheptel, pourvu qu’à l’issue de ces efforts collectifs et des privations un universitaire « naisse » en famille et rayonne sur celle-ci de ses bienfaits et surtout sur l’ensemble de la société, à l’instar d’autres universitaires ci-haut cités, par son savoir, son savoir-faire, son savoir-être et son nationalisme.

Respectueux dès le départ, admirateur intéressé et observateur de ces jeunes universitaires détenteurs du savoir et du nationalisme, Mobutu, alors Colonel, n’hésita pas à de faire appel à ces derniers au soir du 14 Septembre 1960 pour « mettre fin aux querelles politiciennes et remettre le pays sur les rails »(5), réalisant ainsi et subrepticement son premier et éphémère coup d’Etat, en neutralisant toutes les institutions politiques centrales démocratiquement mises en place dans le pays.

Le Collège des Commissaires Généraux, organe de gouvernement de stransition, composé en majorité de jeunes universitaires et auquel fut confié par un décret loi constitutionnel, l’exercice du pouvoir législatif et exécutif, se montra à la hauteur des espoirs fondés sur lui jusqu’au 9 février 1961(6), avant de laisser la place à un autre gouvernement bicéphale des politiciens (l’un à Léopoldville et l’autre à Stanleyville)(7) qui replongea le pays dans la crise.

Une fois de plus, allant à la rescousse des politiciens, les universitaires s’illustrèrent par l’initiation du processus de réconciliation sous l’égide des parlementaires, lequel donna

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lieu, à l’Université Lovanium de Kinshasa , à un gouvernement monocéphale d’union nationale en date du 2 août 1961(8). Chaque fois qu’une crise gouvernementale s’annonçait, les universitaires étaient au chevet du jeune Congo malade pour apporter une theurapetique appropriée à la circonstance. Cette disponibilité à laquelle s’associaient les compétences et l’intérêt à trouver rapidement les solutions appropriées aux problèmes de portée nationale, firent des universitaires pendant la première république d’incontournables compatriotes nationalistes sur lesquels il fallait compter pour le développement de la jeune nation.

En effet, attiré une fois de plus par le miel du pouvoir qu’il tenait à confisquer à tout prix pour lui seul en sa qualité d’agent de la CIA à cette période de la guerre froide, et surtout revigoré par leur antérieure prestation teintée d’un nationalisme éprouvé, le Colonel Mobutu, prétextant de « mettre fin une fois pour toute aux désordres politiciens et à la rébellion »(9), n’hésita pas de faire de nouveau appel aux universitaires nationalistes lors de son mémorable et sinistre second coup du 24 novembre 1965. Il était question, pour Mobutu, de se servir du certificat de virginité politique de ces oiseaux rares, dotés d’une compétence encore rare à ce moment et d’un nationalisme convaincant asseoir sa dictature et mettre le pays sous une coupe réglée. II. Deuxième période (1965-1990) : L’universitaire comme moule solidificateur et

béquille pensante de la dictature.

Le second appel lancé aux universitaires par le Colonel Mobutu, devenu Lieutenant Général par la suite de son coup d’Etat, procède à la fois de l’admiration et du stratagème du rusé dictateur lui-même : admiration pour leur savoir, leur engagement et leur disponibilité à servir la jeune nation d’une part et d’autre part stratagème comme mécanisme consistant à surveiller dans sa cour ces jeunes loups dont le « savoir » inquiétait et constituait à la fois un couteau à double tranchant et un faisceau de précieux renseignements pour la survie ou la chute de son régime. Le fait que ces jeunes universitaires avaient déjà goûté à la manne du pouvoir lors de son coup d’Etat de septembre 1960 n’était pas étranger à cette façon de voir la suite des événements.

En effet, le retour des universitaires nationalistes aux affaires n’allait pas s’opérer comme auparavant. Cette fois-ci, il fallait de leur part tout mettre en œuvre pour mériter davantage de la confiance renouvelée en eux par le régime militaire. C’est alors que les universitaires réputés nationalistes allaient rivaliser de zèle en mettant leur précieux bagage intellectuel au service du mal qui allait ronger progressivement le pays.

Le clientélisme, le népotisme, l’éthnicisme et le tribalisme conçus par ces

universitaires, têtes pensantes du pouvoir, comme modes d’allégeance à la dictature, finiront par avoir raison de leur nationalisme de départ et de leur méritocratie, admirés par leurs compatriotes au seuil de l’indépendance !

Dans cette course compétitive pour s’attirer les bonnes grâces du pouvoir, seule la

capacité conceptuelle de mettre au point des scénarios de consolidation et de pérennisation du pouvoir dictatorial encore à ses débuts allait être l’unique critère d’appréciation(10). Le nationalisme des universitaires qui était désormais sur une corde raide, devrait d’abord et avant tout être au service du premier patriote Mobutu, « nationaliste » de référence qui seul (sic !) et à l’avant-plan était jugé penser du bien pour le développement de la jeune nation !

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Les universitaires allaient servir de moutons de panurge dans cette triste besogne au cours de près de quatre vingt fois de remaniements ministériels des gouvernements mobutistes dès l’aube du 24 novembre 1965 jusqu’au soir du 17 mai 1997, période où à plusieurs reprises ils seront appelés aux affaires.

A présent levons un pan de la tumultueuse page de l’histoire dictatoriale en RDC ;

page à plusieurs facettes où le savoir universitaire a desservi son nationalisme original pour faire le lit du pouvoir tyrannique « mobutiste » avant de se renfermer sur son nationalisme de survie au soir de la gloire du Maréchal Mobutu

a) Premier scénario : L’universitaire nationaliste entre la dictature et le « pouvoir traditionnel universitaire »

Parmi les préoccupations prioritaires de la dictature naissante figurait en bonne et due

place celle qui consistait à mettre au pas toutes les institutions universitaires jugées trop indépendantes et qui se constituaient encore comme des « états » dans l’Etat, au nom du sacro-saint principe de la liberté académique.

C’est justement cette dernière qui dans les traditions universitaires de par le monde, favorise toute institution universitaire à accomplir sa mission qui consiste non seulement en l’approfondissement et ou la vulgarisation des connaissances mais surtout la création, le développement de la recherche scientifique, l’innovation et l’invention(11). En effet, le syndrome du « pouvoir universitaire » issu lui-même de la liberté de pensée, de la loi de la contradiction , de l’entrechoquement des idées et de la lutte, unique moteur du mouvement et du progrès, caractéristiques essentielles des institutions universitaires,(12) apparaissait aux yeux de Mobutu et de ses courtisans universitaires comme un permanent et réel danger déstabilisateur de leur « imperium » auquel il fallait à tout prix mettre fin si pas contrôler efficacement.

Un prétexte événementiel pour confisquer la liberté académique et mettre désormais l’ensemble des institutions universitaires sous la botte de la dictature (considérées selon les tenants du « pouvoir fort » comme des foyers de propagande du communisme à cette période de la guerre froide où notre pays était un poste avancé du capitalisme en Afrique centrale) allait se produire en 1969 à l’Université Lovanium de Kinshasa, d’obédience catholique, fondée en 1954 et première université congolaise.

Réclamant l’amélioration des conditions de travail qui ne cessent de se détériorer depuis la prise du pouvoir du Colonel Mobutu en date du 24 novembre 1965, les étudiants de l’Université Lovanium organisèrent une marche pacifique sur la ville de Kinshasa sous la supervision de leur syndicat appelé « Union Générale des Etudiants Congolais » ( UGEC, en sigle ). Cette marche fut sauvagement réprimée, faisant une centaine d’étudiants tués, d’autres arrêtés et l’UGEC, qui avait déjà été infiltrée par d’autres universitaires « éclaireurs » du pouvoir, fut interdite et dissoute. Quelques jours après, l’Université fut fermée et tous les étudiants enrôlés dans l’armée où ils iront subir durant une année le lavage idéologique de cerveau et les leçons de « civisme » axées sur l’allégeance au pouvoir fort en place.

A l’issue de cette triste et mémorable manifestation, les « éclaireurs » furent gratifiés

avec des nominations au sein des services de renseignements et de la police politique pour

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leur « nationalisme » pour avoir dénoncé les organisateurs de ladite manifestation, qualifiée d’agents à la solde du communisme !

Outre les étudiants arrêtés et expulsés de l’université, une vague de déchéance allait

engloutir certains enseignants dont les enseignements étaient jugés trop subversifs et proches du communisme. La voie de l’exil était désormais ouverte pour les uns et pour les autres les séances de leurs enseignements allaient désormais se dérouler sous haute surveillance contrairement aux fondements de la liberté académique ! Ces troubles dont l’Université Lovanium venait d’être le théâtre furent une occasion tant attendue par le pouvoir militaire de mettre en place toutes les stratégies de consolidation de ses assises tyranniques et museler les institutions universitaires sur toute l’étendue du pays.

Les cerveaux des universitaires nationalistes furent mis à rude épreuve. Il leur fallait

inventer un scénario pour réduire le « pouvoir traditionnel universitaire » comme souligné ci– haut(13); et mettre au point des reformes de nature à mettre sous la coupe ces institutions qui jouissaient jusque-là des droits et libertés académiques jugées fortes et étendues ! Voilà également le moment venu de supprimer certains avantages et en réduire d’autres, notamment le budget de l’éducation nationale qui représentait 25 % du budget global.(14).

Prétextant d’effacer la référence à des appartenances idéologiques diverses, de

supprimer les inégalités socio-académiques et mettre l’accent sur le caractère national de trois universités d’alors(15) le Bureau Politique du Mouvement Populaire de la Révolution (M.P.R.), parti-Etat , convoqua en date du 6 juin 1971 une commission de réformes des programmes d’études de l’enseignement supérieur. Le premier congrès des professeurs dits nationalistes de l’enseignement supérieur et universitaire siégea du 27 au 31 juillet à Kinshasa et l’ensemble de leurs travaux furent sanctionnés par une ordonnance-loi n° 71 / 075 du 6 août 1971 du Général Mobutu créant l’Université Nationale du Zaïre ( UNAZA ). Aux termes de cette ordonnance-loi, modifiée par celle n° 72 / 002 du 12 janvier 1972, l’UNAZA est un établissement public d’enseignement supérieur et de recherche scientifique englobant les 3 anciennes universités (devenues des campus) et des 27 instituts d’enseignement supérieur technique et pédagogique.

En scrutant de près ces réformes , on s’aperçoit qu’elles ont été motivées par la

préoccupation d’ordre politique consistant à éloigner certaines facultés dites « chaudes » à Lubumbashi où elles allaient fonctionner à l’ex-université officielle de Lubumbashi, située entre deux camps militaires, à savoir le camp des para-commandos de choc de Kibembe et celui de la police militaire Mutombo. Les événements qui allaient suivre, notamment les massacres des étudiants de l’Université de Lubumbashi vers 1990 ont été favorisés notamment par la situation géographique de cette dernière université. Les facultés dites « patriotes » devaient rester à Kinshasa. Etaient qualifiées de « chaudes », les facultés qui forment les réactionnaires et les penseurs , supposés être des investigateurs des troubles de l’Université Lovanium en juin 1969. Parmi ces facultés « chaudes », nous citerons la faculté de sciences sociales, politiques et administratives et la faculté de lettres, philosophie et histoire ; tandis que les facultés « patriotes » étaient les facultés de droit (censés réprimer les crimes et rééduquer les subversifs) et des sciences économiques (pourvoyeuses des experts de développement dont le pays a tellement besoin )!

Cette discrimination allait être poussée à outrance même dans l’octroi de la bourse

d’études une année après la création de l’UNAZA où les universitaires-nationalistes parvinrent à convaincre le décideur d’instaurer deux types de bourses d’études, l’une dite

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« partielle », destinée aux étudiants en lettres et sciences humaines et l’autre « complète » pour les étudiants des facultés dites scientifiques (16). Les bénéficiaires d’une bourse complète assimilés aux étudiants des facultés « patriotes » sont de futurs cadres dont le pays a tellement besoin pour son développement total dont l’échéance était fixée à l’année 1980, d’après le mot d’ordre du Général Mobutu ; tandis que la bourse partielle revenait aux étudiants des facultés des lettres et des sciences humaines dites « chaudes » , jugés réactionnaires et quasi inutiles au devenir de la nation ! Une année plus tard une autre mesure impopulaire de tendance à barrer la route aux plus méritants parmi les jeunes fut prise par le bureau politique du M.P.R. qui institua le système de quotas à l’UNAZA, oubliant que l’accès à l’enseignement supérieur sur base des critères objectifs était la voie rassurante d’ offrir de meilleures opportunités d’emploi et de revenu aux étudiants défavorisés réduisant ainsi les inégalités (17). Cette mesure étouffa la méritocratie pour laisser la place à la « médiocratie » dans les institutions universitaires du pays , étant entendu que les critères objectifs et compétitifs de recrutement des étudiants n’étaient pas applicables aux candidats émanant des provinces jugées être en retard de formation universitaire ! Et pour contourner cette mesure, les systèmes de recommandation et d’«onomastique révolutionnaire » virent le jour en milieux universitaires et scolaires du pays. Ils consistaient, pour le premier, à obtenir une recommandation auprès d’un cadre nationaliste du même bureau politique ou de la haute hiérarchie du M.P.R., Parti-Etat pour être inscrit sans peine à l’UNAZA(18); et pour le second, il était question de changer l’orthographe de son nom au sortir de l’enseignement secondaire en vue de se faire passer pour un originaire d’une province dite « en retard », et l’inscription à l’UNAZA était obtenue ! Comme on le voit, la foire était ouverte dans les institutions universitaires où quelques années plus tard le pouvoir tyrannique installera les comités de la jeunesse du Parti-Etat pour surveiller des cadres « tièdes et réactionnaires », parmi les enseignants et les étudiants. Cette situation influera de manière négative sur la bonne gouvernance des institutions universitaires, à la tête desquelles allaient désormais trôner les universitaires nationalistes. b) Deuxième scénario : L’universitaire nationaliste et la gouvernance de l’institution

universitaire.

Parmi les résultats issus du premier congrès des professeurs nationalistes de nature à renforcer la dictature dans des institutions universitaires, figure en premier lieu la création de l’UNAZA, comme nous l’avons signalé plus haut, qui désormais regroupe les trois anciennes universités dorénavant devenues des campus et vingt-sept instituts supérieurs pédagogiques et techniques.

Désormais, les autorités académiques ne feront plus l’objet d’élection par leurs pairs, comme il a été le cas auparavant dans la plupart d’institutions universitaires. Au sein de l’UNAZA, elles seront à présent nommées, outre leurs diplômes, pour leur nationalisme et surtout pour leur militantisme et leur allégeance au Parti-Etat et son Président fondateur, le Général Mobutu. Nommées par ce dernier, elles avaient logiquement à lui rendre compte de leur gestion au travers de la hiérarchie du Parti-Etat mis en place par le bureau politique, ce qui donna la voie libre à l’arbitraire, à la mauvaise gouvernance et aux violations des droits et libertés académiques au sein des institutions universitaires congolaises. Cette situation demeure inchangée au sein de ces dernières jusqu’aujourd’hui !

De toute évidence, les universitaires nommés aux différents postes par la dictature, ont joué un rôle dévastateur de premier plan dans le renforcement du pouvoir totalitaire de

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Mobutu au point de devenir, (surtout pour les institutions universitaires) des « homo homini lupus » pour leurs collègues, restés encore accrochés fidèlement aux chaires de leurs enseignements.

A cela s’ajoute la création et l’inscription au programme des premiers graduats d’un

cours de « Civisme et Développement » prétendument introduit dans les programmes par nécessité urgente de fournir de l’éducation civique et politique et aiguiser le sens du nationalisme de tous les étudiants, futurs responsables des divers secteurs du pays(19). Ce nouveau cours aux objectifs panégyriques sur la personne du dictateur et de son œuvre devrait être confié aux professeurs nationalistes et chantres du mobutisme qui devraient de temps en temps être rétribués pour leur nationalisme, selon le bureau politique du MPR(20)

Dans cette atmosphère anti-pédagogique, la voix d’un étudiant militant et informateur de la police politique du M.P.R. était plus prépondérante que celle d’un enseignant compétent et jugé « tiède » vis-à-vis des activités du Parti Etat ! Les rares avantages encore en vigueur et reconnus aux institutions universitaires furent supprimés : bourses d’études, restauration , pour les étudiants, congé sabbatique, salaires consistants et réguliers pour les enseignants. Ces gestionnaires nationalistes versèrent dans la mauvaise gouvernance de ces institutions, caractérisée par la gabegie financière et les interventions intempestives dans le secteur académique ! La qualité qui constitue un critère d’appréciation, de dynamisme de toute institution universitaire dans l’accomplissement de ses fonctions(21) s’est totalement érodée et a été relégué à l’arrière plan pendant toute la période de dictature en R.D.C. Les détournements de maigres salaires des enseignants irrégulièrement payés et des frais de fonctionnement, qui du reste ont totalement tari aujourd’hui, étaient monnaie courante. Les engagements et les inscriptions sur base ethno-tribale au mépris des normes académiques en la matière au point de créer (avec le concours du pouvoir dictatorial) des milices au sein des homes des étudiants, disposant même d’arsenaux militaires sur les campus universitaires, n’étaient pas de nature à jeter des fleurs sur les universitaires nationalistes dont les mérites ont été vantées aux premières heures de l’indépendance de la R.D.C.

Devant cette période infectée où la santé du M.P.R., Parti-Etat, passe avant la santé

intellectuelle dans les institutions universitaires, les réflexes de survie prirent le dessus dans l’agenda quotidien de l’universitaire nationaliste et militant ! Voyons maintenant l’Universitaire nationaliste dans son rôle managérial à travers le gâchis qui s’ensuivra et les réflexes de survie qu’il engendrera pour se maintenir. III. Troisième période ( 1990–2000 ) : Le gâchis et la survie universitaire.

a) Premier Acte : L’universitaire et la gestion de l’entreprise publique.

Les universitaires nationalistes devenus nombreux sur le marché d’emploi, se constituèrent en bloc selon leurs écoles de provenance académique. Quatre principales écoles se distinguèrent : française, belge, américaine et congolaise. Ceux qui avaient étudié à l’étranger dédaignaient les diplômés nationaux qui à leur tour se livraient aussi un combat sans merci ! Même leurs idéologies d’importation n’étaient pas en reste ! Les marxistes, plus que les communistes et les détenteurs de théories capitalistes prétendaient être mieux placés pour sortir le pays de multiples crises économiques dans lesquelles ils s’enlisait davantage. Seuls, les intérêts égoïstes pour la survie primaient !

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Dans cette atmosphère de coups et des contre-coups, démontrant les lassitudes du pouvoir dictatorial, le nationalisme original des universitaires qui mettait l’intérêt de la nation avant toute autre considération s’émoussait de plus en plus. Et chaque fois qu’un remaniement ministériel était fait les universitaires rangés désormais en clan idéologique fêtaient le triomphe de leur idéologie et la protection de leurs intérêts par les nominations d’un de leurs camarades idéologiques. Tous les coups étaient permis, pourvu que l’on se maintienne à côté de la dictature !

A côté des universitaires ministres nationalistes, il y a lieu de signaler une autre

catégorie d’universitaires aux affaires. Il s’agit des universitaires managers de grandes sociétés publiques au sein desquelles les engagements aux postes juteux étaient dorénavant et exclusivement réservés aux ressortissants de leurs tribus si elles ne sont pas recommandés par la haute sphère dictatoriale, peu importe leurs compétences ! C’est justement dans cette atmosphère de lutte pour la survie que toute nomination d’un universitaire nationaliste à la tête d’une société publique était saluée par sa tribu comme une bouée de sauvetage en cette période de grave crise économique et de famine paralysante et généralisée!

La misère qui allait suivre au sein de toute la société intellectuelle, renforcée par les

effets pervers du programme d’ajustement structurel imposé par les organismes du Bretton Woods gangrena davantage l’élan patriotique des universitaires congolais pour céder la place au nationalisme de survie et d’envie caractérisé par des détournements spectaculaires des deniers publics par les universitaires gestionnaires. A titre d’exemple, la gestion des entreprises géantes de l’économie congolaise comme la GECAMINES, la S.N.C.C. la SNEL, et la REGIDESO(22) par des universitaires nationalistes a été fortement calamiteuse et a été décriée par tous les congolais. Le principe quasi consacré de « ôte-toi de là que je m’y mettes » mêlé aux crocs-en-jambe mis en place par des universitaires dans la gestion de ces entreprises a pris en otages les populations congolaises, secouées par une crise économico-sociale multiforme de leur pays, pourtant réputé riche en sol et sous-sol ! Les enquêtes initiées et menées par le RECODELAC sur la place et le rôle de l’universitaire dans la gestion de la res publica ont été assez révélatrices ! Elles ont démontré que l’universitaire congolais est aujourd’hui mis sur la sellette en tant que cause primaire de la débâcle économique de la nation. En effet, sur 1000 personnes interrogées à Kinshasa en 1995 pour connaître la place et le rôle dans la gestion des affaires publiques congolaises (institutions universitaires, entreprises publiques etc.) :

- 80% des enquêtés pensent que la crise économique et le renforcement de la dictature sont l’œuvre des universitaires corrompus et égoïstes ;

- 75% croient que les universitaires congolais n’ont pas joué leur rôle en tant que

« phares » pour le développement de la nation et ont déçu tous les espoirs fondés à juste titre sur eux par les congolais à la veille de l’indépendance, ce qui justifie leur cri de déception « BINO BATO BOTANGA » (23) ;

- 70% estiment que la vie est devenue intenable parce que les universitaires et les

membres de leurs tribus se sont accaparés de tous les postes juteux dans presque toutes les entreprises publiques, ne laissant aucune possibilité d’embauche ou d’épanouissement professionnel à d’autres catégories de compatriotes ;

- 65% demeurent très pessimistes quant à la reprise de l’économie congolaise, étant

donné que la grande partie du patrimoine national a été déjà aliéné aux étrangers par

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les universitaires et le dictateur Mobutu(24). D’où le refrain : « BINO NDE BATO BOTEKA MBOKA »(25)

La guerre dite de libération déclenchée à partir de l’Est du pays par d’autres congolais

de l’extérieur en majorité universitaires et se réclamant aussi « nationalistes », en mal de patience et s’estimant être exclus des affaires nationales accéléra la chute de la dictature qui emporta dans l’au-delà toute l’image de marque de l’universitaire nationaliste devenu « universitaire de survie », chantre de l’ethno-tribalo-clanisme.

Dans des institutions universitaires sinistrées où le salaire de misère fixé par l’universitaire ministre pour l’universitaire enseignant avoisine difficilement les 50$US ; la recherche fondamentale ou appliquée, également sinistrée, répond aussi à la triste prophétie du dictateur Mobutu au crépuscule de son règne devant un parterre de journalistes de la Radio Africa n°1 basée à Libreville (Gabon) et en séjour à Gbadolite, son fief, selon laquelle « je dirige ce pays par défi , car après moi c’est le déluge ! » b) Deuxième Acte : L’universitaire nationaliste face a son enseignement supérieur.

L’image de l’universitaire congolais, aujourd’hui en quête de la démocratisation de son pays, est à refaire ; et la confiance au sein de la société congolaise est à reconquérir, pour pouvoir envisager un avenir serein et prometteur pour la nation congolaise qui a tant investi pour sa formation. Le développement et le progrès d’une nation sont proportionnels à la mesure et au degré des acquis scientifiques de cette nation. Par ces moyens, sa grandeur est continuellement en croissance, le bien-être et la prospérité de son peuple assurés jour après jour(26).

C’est justement cette option qui a échappé à l’universitaire une fois aux affaires. Les institutions universitaires ont été totalement sinistrées et la recherche, pourtant base fondamentale du développement de la nation, reléguée à l’arrière-plan. Certains laboratoires et bibliothèques éléments essentiels d’une excellente recherche et indice d’évaluation de la santé scientifique de toute institution universitaire(27) ont été pillés par l’universitaire lui-même(28).

Aujourd’hui, davantage demain, l’universitaire congolais doit prendre à cœur ses

devoirs fondamentaux vis-à-vis de la nation, tels que les devoirs de la justice (surtout distributive), de jugement équitable, d’objectivité scientifique, le devoir de respect des lois républicaines et les textes réglementaires, le respect de la dignité humaine et le respect du bien commun.

En cette période de transition vers la démocratie qui sous-tend celle de l’Etat de Droit

en R.D.C. force est de reconnaître que l’universitaire congolais dont le nationalisme s’est terni est abandonné à lui-même et demeure dans l’incapacité de jouer son rôle. Face à la sublimation et à la noblesse de la mission qui lui est assignée par la société, les pouvoirs publics ont des devoirs à accomplir vis-à-vis de lui c’est-à-dire principalement celui de le mettre dans des conditions favorables à l’exercice de ses fonctions d’enseignant, de formateur, de chercheur et de serviteur de la nation. Autrement dit l’université, considérée à juste titre à travers le monde comme un moteur principal de l’évolution de la société(29), doit être doté des infrastructures prestigieuses et l’universitaire doit bénéficier d’un salaire décent et régulier le mettant à l’abri des besoins mêmes primaires ! Des instruments juridiques

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conséquents et mis à jour contrastant avec l’obsolescence de plusieurs textes de lois et règlements qui régissent encore l’enseignement supérieur aujourd’hui doivent être créés !

Bien que la loi-cadre n° 86/005 du 22 Septembre 1986 de l’enseignement national en son article 4 détermine les sponsors et les appuis de cet enseignement(30), l’universitaire accroché à sa chaire est, aujourd’hui comme durant la période de la dictature, totalement paupérisé, clochardisé et marginalisé. Aucune des conditions parmi les précitées n’a été remplie et l’enseignement est en péril grave tandis que son état de régression scientifique est fort avancé. Nous en voudrons pour preuve le phénomène de sa « dollarisation » qui a provoqué une inversion terrible et dangereuse des valeurs universitaires, entre autres, la suppression des frais de fonctionnement et la ruine des facultés et départements, laboratoires et bibliothèques et leur remplacement par la bureaucratie administrative et financière, source de la gabegie financière, du détournement éhonté d’argent et de coups bas entre les gestionnaires des frais d’études et le personnel enseignant(31). Signalons ici que le RECODELAC avait dénoncé et condamné, dès le début la « dollarisation » de l’enseignement, le paiement des enseignants par les recettes issus des frais d’études supporté par les parents d’étudiants. Aujourd’hui, le système est quasi bloqué, les parents paralysés, la déperdition scolaire à son paroxysme et le laxisme moral s’installent en milieux universitaires. Le paradoxe le plus criant qu’il faut signaler ici en passant est que l’universitaire ministre d’hier est revenu aujourd’hui à l’université non seulement y rejoindre son collègue enseignant, objet des brimades pendant la dictature, en reprenant sa charge-horaire mais aussi se contenter du salaire de misère qu’il lui avait imposé alors qu’il était aux affaires ! Un autre paradoxe et non des moindres est qu’aujourd’hui l’universitaire enseignant, avec son salaire de misère, est devenu incapable d’assurer la scolarité de sa progéniture alors que dans cette « université de masse » où il enseigne toute sa vie, il y décerne des parchemins universitaires aux enfants d’autrui à la fin de très longues et perturbées années académiques, allant de 12 à 20 mois ! L’unique rallonge salariale de cet assidu universitaire formateur consiste en la vente des syllabus, difficilement achetés, par imposition aux étudiants dont la plupart proviennent des milieux et des familles très démunis !

Ainsi donc, l’université est plongée dans une crise sans précédent, son avenir même

est hypothéqué. L’échec de la société entraîne la culpabilité de l’université et par ricochet de l’universitaire. C’est un défi lancé à l’élite universitaire !

IV. La voix des autres face à la crise universitaire.

De 25% du budget global prévu en 1969 pour l’Education Nationale dans l’ensemble

du budget de la République Démocratique du Congo, pour ne prendre que cet exemple parmi tant d’autres(32), il ne reste aujourd’hui que 0,05% pour l’éducation nationale alors que le Sénégal par exemple réserve, à ce jour, à l’éducation 28% de l’enveloppe globale du budget ordinaire de l’Etat(33)

Dans ce profond sinistre que connaît actuellement la R.D.C., le secteur de l’éducation

national a été le plus touché. Et du nationalisme collectif des universitaires gestionnaires de ces institutions universitaires, il ne reste que l’égoïsme et la lutte pour la survie d’eux-mêmes, de leur famille restreinte, de leur tribu et de leur clan. Si l’Afrique qui est également sinistrée, pense une certaine opinion universitaire congolaise, est à réinventer ou à recréer, la RDC doit l’être dans ses moindres détails. Alors, quelle serait la part de l’Université dans cette recréation ? Et surtout quelle université à recréer dans cette R.D.C. à recréer ? Bien entendu,

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comme l’a souligné Frederico Mayor, alors Directeur Général de l’UNESCO au cours d’un congrès international tenu à Caracas en avril 1991, il s’agit « d’une université de qualité, c’est-à-dire d’une université d’élite, qui ne se contente pas de décerner des titres académiques souvent vides de contenu. D’une université vigilante, capable de voir au-delà du présent, vouée à la critique objective et à la quête de nouvelles voies vers un avenir meilleur. D’une université proposant de nouveaux contenus axés sur le civisme, la participation et l’apprentissage de la paix ; Enfin, une université luttant contre les déséquilibres économiques et sociaux inacceptables et les excès de la société de consommation, oeuvrant en somme pour la liberté, la dignité et la démocratie »(34). Effectivement, poser une telle question équivaudrait à remettre en scelle le rôle et la mission même de l’universitaire congolais tels que définis par la loi cadre de l’enseignement, à savoir l’acquisition des connaissances et leur adaptation aux réalités locales. Bien avant cela et en véritables précurseurs, voici ce que pensent également divers présidents et professeurs africains à propos de l’Université africaine (propos repris par un des experts africains lors d’une réunion tenue dans cette même ville (Dakar) en 1991(35) : « Le rôle de l’Université à l’égard du développement national fait aujourd’hui l’objet de nombreuse discussions en Afrique. L’histoire montre qu’immédiatement après l’indépendance, la plupart des pays africains ont voulu établir au moins une université nationale (…). Toute université digne de ce nom est censée exercer un haut degré d’objectivité dans la recherche de la vérité et du progrès de la connaissance. Ils considèrent que la fonction première d’une université consiste à contribuer à la résolution des problèmes sociaux par une action concrète et réaliste en s’attaquant aux problèmes de l’ignorance, de la faim, de la pauvreté, de la maladie et des conditions de vie misérables qui hantent les pays africains ».

Poursuivant sur la même lancée, Cabal pense que « l’université, dans l’Afrique

moderne, est donc tenue d’avoir une conscience sociale et de se sentir concernée par le développement et l’identification du pays. Créer une Université africaine, poursuit-il, implique entre autre choses : un ordre de priorités et la détermination de son apport à l’identification du pays ; l’adaptation des programmes d’études et la mise au point de nouveaux programmes ; la création de programmes de perfectionnement professionnel, la définition des responsabilités en matière d’éducation permanente ; enfin le développement de la recherche »(36).

Emboîtant le pas aux autres Yusufu estime quant à lui que le rôle d’une université

authentiquement africaine répond aux objectifs suivants : poursuite , promotion et diffusion des connaissances ; recherche ; perfectionnement de la main-d’œuvre ; avancement social et modernisation économique ; promotion de l’unité intercontinentale et entente sur le plan international(37). Et Ki-zerbo de renchérir : « l’Université africaine doit être une source d’imagination et d’innovation »(38) pour la société à laquelle, ajoute Keneth Kaunda, « elle doit demeurer liée pour avoir sa raison d’être et dont elle fait partie intégrante »(39).

Et pour que l’université accomplisse de manière optimale sa mission, une attention

particulière de la société doit être focalisée sur la gestion de son personnel. Les professeurs et les chercheurs doivent être encouragés par des salaires et de primes susceptibles de les motiver à poursuivre plus avant la réflexion et la recherche (…) en vue de favoriser les ajustements et les progrès socio-économiques appropriés. Outre les outils de travail dont ils ont besoin au quotidien tels que le matériel d’enseignement, les livres et les ouvrages de référence, ils doivent oeuvrer dans un cadre de travail pourvu d’équipements de laboratoires, de bibliothèques et bénéficiant des fonds de recherche(40). Dans cet ordre d’idées leur métier doit être exercé dans le climat de liberté, qui leur est reconnu, d’enseigner et d’entreprendre

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des recherches, de critiquer, d’imaginer et de contribuer personnellement aux progrès de la connaissance. Il en est ainsi depuis les origines de l’Université et il en devrait en être ainsi aujourd’hui et surtout demain, car l’autonomie se fonde sur la force du savoir et la liberté de pensée(41).

L’universitaire congolais clochardisé par la dictature à laquelle il a pourtant donné le

meilleur de lui-même, s’accroche aujourd’hui plus que hier à sa survie, et son nationalisme soumis à dures épreuves dues à l’incertitude des lendemains s’est émoussé. Il faut recréer l’université en R.D.C. et remettre l’universitaire au travail, car le risque d’être mis hors course dans cette ère hautement compétitive de la mondialisation est très grand .

A ce propos Jamil Salmi insistant sur le rôle primordial de l’université pense que

l’Afrique et d’ autres pays en transition courent le risque d’être davantage marginalisés dans une économie mondiale hautement concurrentielle car leurs systèmes d’enseignement supérieur ne sont pas (…) préparés à tirer parti de la production et de la mise en œuvre du savoir. Poursuivrant sa réflexion, il recommande à tout Etat-responsable de mettre en place un cadre propice encourageant les établissements d’enseignement supérieur à être plus novateurs et plus sensibles aux besoins d’une économie globale et compétitive du savoir, et aussi plus adaptés aux conditions changeantes du marché du travail, du capital humain de haut niveau(42) C’est justement cette politique prévisionnelle et manageriale de l’enseignement supérieur qui a fait cruellement défaut en République Démocratique du Congo.

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C O N C L U S I O N

Le rôle des intellectuels universitaires dans l’avenir et le devenir d’une nation est indéniable. Nous l’avons démontré en analysant l’exemple du nationalisme positif des intellectuels et des universitaires congolais qui à l’unisson ont conjugué leur effort pour libérer la R.D.C. du joug colonial et l‘ont conduite à sa souveraineté nationale. L’engagement de l’universitaire aux côtés d’autres intellectuels pour le décollage de la R.D.C. à l’aube de l’indépendance a servi de modèle à la nation toute entière, à tel point que possèder un universitaire dans la famille était devenu un credo à cette période d’après l’indépendance, tant l’abnégation, la volonté, l’acuité et le nationalisme de l’universitaire suscitaient l’admiration de tous.

Envoyer son fils à l’université était un objectif prioritaire. Mais la suite des événements allait présenter une autre face cachée de l’universitaire ! A partir du moment où l’acquis universitaire fut mis au service d’un tyran, et que l’universitaire lui-même accepta de jouer ce rôle en mettant sa prestation à contribution pour asseoir la dictature, la crise de confiance s’installa et l’économie du pays entonna son requiem, allant de crises en crises au point que la mission même de l’universitaire commence à être mis en doute par la société congolaise dans sa grande majorité .Les résultats des enquêtes menées modestement et laborieusement par le RECODELAC constituent des références fiables parmi tant d’autres sur le terrain .

Dans la mégestion du pays pendant plus de trente ans, l’universitaire fut traité de

complice avec le dictateur qui , coincé par moments dans ses échecs cuisants et dévastateurs dus à sa mégalomanie insatiable, n’hésitait pas paradoxalement à attribuer tous ces déboires à ce même universitaire qui lui servait servilement au quotidien, oubliant que ce dernier ne détenait pas le dernier mot au sein de l’appareil de l’Etat.

Comme nous l’avons démontré, le plus grand ouvrage de la dictature en R.D.C. fut la

destruction de l’université, contraignant l’universitaire à opter pour de basses besognes pouvant assurer sa survie et atrophiant davantage son sens d’engagement et d’excellence académiques dans l’exercice de son métier de formateur et de chercheur à l’université.

Au fait, l’université, par sa vocation et sa mission est un modèle ayant une double

mission de développer et de transmettre un savoir et des valeurs universelles, et en même temps de contribuer au développement culturel, économique et social de la société qu’elle sert et qui la supporte. Dès lors, contribuer au développement de la société suppose une protection et une promotion de l’université à laquelle revient la sublime tâche et fonction de préparer les meilleurs candidats à leur rôle de décideurs de la société.

Que reste-t-il aujourd’hui à l’universitaire congolais qui s’est associé à la dictature

pour détruire, se détruire au point de se démunir quasi totalement ? Quelles que soient les difficultés et les crises auxquelles les universités doivent faire face, elles ne refusent pas de regarder l’avenir, a reconnu en 1987, Federico Mayer, ancien Directeur Général de l’UNESCO. Créer une autre Université en R.D.C. c’est créer un autre type d’universitaires enclins à remettre courageusement son pays dans la dynamique universelle qu’apporte la mondialisation. C’est sur cette note d’optimisme pour l’avenir de l’université et l’universitaire congolais que nous terminons notre mot et vous remercions de votre attention soutenue !

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N O T E S

1 ABAKO , Association des Bakongo. C’est une association culturelle des ressortissants de l’ethnie Kongo,

originaire de la province du Bas-Congo vivant à l’époque à Léopoldville (Kinshasa actuel), et qui se mua en parti politique en 1950 avec comme leader Joseph KASA VUBU, premier Chef de l’Etat congolais.

2 Petite encyclopédie africaine et malgache. République démocratique du Congo, 1964 , p.22. 3 Idem , p. 23. 4 Cas de mobilisation pour prendre la relève des enseignants expatriés appelés A.T.G. dont les contrats venaient d’être résiliés en 1967. 5 R. et M. CORNEVIN, Histoire d’Afrique. Des origines à nos jours. Payot , Paris, 1964 , p. 374. 6 Petite encyclopédie africaine et malgache. République démocratique du Congo , 1964 , p. 24. 7 Ibidem. 8 Ibidem. 9 MOBUTU S.S., Mobutu. Dignité pour l’Afrique, éd. ALBIN MICHEL, Paris, 1989, pp. 49-56. 10 R . et M. CORNEVIN,op.cit. , p.340. 11 ALFONSO BORRERO CABAL , L’université aujourd’hui , Paris, éd. UNESCO, 1995, p. XXII 12 J.P. TSHIPAMBA DIKAMBA ,( sous la direction de ), Guide de résolution pacifique des conflits et médiation en milieux universitaires congolais, éd. du RECODELAC , Kinshasa , 2002 , p.16. 13 Cfr Supra. 14 T. VERHEUST, « L’enseignement en République du Zaïre » in Les Cahiers du CEDAF , n°1, 1974 , p.5. 15 Il existait à cette époque en R.D.C, trois universités notamment l’Université Lovanium de Kinshasa

d’obédience catholique, fondée en 1954 ; l’université officielle du Congo, appartenant à l’Etat, créée en 1956 à Lubumbashi et l’Université Libre du Congo, d’inspiration protestante fondée en 1963 à Kisangani. A côté de ces trois universités, fonctionnaient également 27 instituts supérieurs pédagogiques et techniques.

16 Parmi les facultés dites scientifiques nous citerons : la polytechnique, l’agronomie, la médecine humaine et

vétérinaire, la pharmacie et les sciences. Sont assimilables à cette catégorie les facultés et instituts à finalité propre d’enseignement, les instituts à finalité d’enseignement, les instituts techniques et la propédeutique sciences. Les facultés des lettres et des sciences humaines constituaient une catégorie qualifiée de budgétivore pour le Trésor public ! Cfr T.VERHEUST,op.cit.,p.20.

17 G. BRETON et M. LAMBERT ( sous la direction de ), Globalisation et universités : nouvel espace,

nouveaux acteurs , éd. UNESCO, Paris, 2003 , p.57. 18 IPO ABELELA , « Expression de la tribalité dans le milieu urbain du Zaïre : considérations socio –

linguistiques » in Les Nouvelles Rationalités Africaines , Vol. 3 , n° 11 , Avril 1988 , p.388. 19 P. NGOMA BINDA , « La formation civique et politique comme préalable de la démocratie » in La

démocratie en Afrique , Actes du Colloque de l’A.P.P.M./Zaïre ( 14 – 16 déc. 1990 ), Kinshasa – Zaïre, p. 107. 20 Cette option a été reconfirmée et même renforcée dix ans plus tard en 1982 par l’ « Institut Makanda

Kabobi », école du M.P.R., Parti-Etat, qui a cru nécessaire de placer cet enseignement sous son autorité directe ! Un séminaire qui sera organisé un an plus tard à l’intention des titulaires de ce cours fixera les objectifs de ce cours et rendra obligatoire l’apprentissage de l’idéologie et les enseignements du mobutisme, doctrine du « Guide suprême ». Voir à ce propos P. NGOMA BINDA, op. cit. , p. 108.

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21 ALFONSO BORRERO CABAL , op.cit. , p. 54. 22 La Générale des Carrières et des Mines (GECAMINES° ,la Société Nationale d’Electricité (SNEL) et la Régie

de distribution d’Eau ( REGIDESO ) sont des entreprises phares de l’économie congolaise qui ont toujours été dirigées en grande partie de leur importance par des universitaires proches du pouvoir dictatorial. Aujourd’hui, elles sont toutes tombées quasi en faillite, bien que celle-ci ne soit jamais pas déclarée officiellement en R.D.C.avant ou après Mobutu !

23 Cfr Supra. 24 Résultats des enquêtes menées par le RECODELAC en milieux urbains de Kinshasa en avril 1995 sur les

thèmes « Place et rôle de l’universitaire dans la gestion de la res publica au Zaïre » et sur « L’universitaire, la gestion et la culture de la paix dans les institutions universitaires » en janvier 2000 ( inédits ).

25 Cfr Supra. 26 J.P. TSHIPAMBA DIKAMBA (sous la direction de ), op. cit. , p. 27. 27 J. BODELLE et G. NICOLAON, Les universités américaines .Dynamisme et traditions, Nouveaux Horizons,

éd . Technique & Documentation – Lavoisier , Paris, 1985, p. 177. 28 J.P. TSHIPAMBA DIKAMBA (sous la direction de ), op .cit., p. 28. 29 Idem , p. 31. 30 La loi-cadre de l’enseignement national cité ci-haut dans le texte dispose dans son article 4 ceci : « L’Etat, les

personnes morales et les structures garantissent le développement l’épanouissement des aptitudes intellectuelles, physiques et professionnelles . »

31 J.P. TSHIPAMBA DIKAMBA ( sous la direction de ), op.cit., p. 32. 32 T. VERHEUST, op.cit., p. 5. 33 ABDOULAYE DIAGNE et GAYE DAFFE , Le financement de l’éducation au Sénégal ,éd. du

CODESRIA Dakar, 2001, p. 42. 34 FEDERICO MAYOR cité par ALFONSO BORRERO CABAL ,op. cit., p. xxii. 35 Propos de NYERERE , KAMBA et NGENO repris par ALFONSO BORRERO C.,op.cit , p. 29. 36 Ibidem. 37 YUSUFU cité par ALFONSO BORRERO CABAL , op.cit., p. 30. 38 Idem , p. 39. 39 ISHUMI cité par ALFONSO BORRERO CABAL , op.cit., p. 16. 40 Ibidem. 41 ALFONSO BORRERO CABAL , op. cit ,pp 57 – 58. 42 JAMIL SALMI, « Construction des société du savoir : nouveaux défis pour l’enseignement supérieur »cité

par G.BRETON et M.LAMBERT( sous la direction de ), op.cit. , p. 56.

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B I B L I O G R A P H I E

I. OUVRAGES ET REVUES

1. ABDOULAYE DIAGNE & Alii : Le financement de l’éducation au Sénégal, CODESRIA, Dakar, 1996, 232 p

2. BODELLE, J, et NICOLAON, G., Les universités américaines, dynamisme et tradition, Nouveaux Horizons, Paris, 1985, 331 p.

3. BORRERO CABAL, A., L’Université aujourd’hui, UNESCO, Paris, 1995, 257 p 4. BRETON, G., et LAMBERT, M., (sous la direction de), Globalisation et Universités,

nouvel espace, nouveaux acteurs, UNESCO, Paris, 1985, 264 p 5. CALAME, P., La démocratie en miettes. Pour une révolution de la gouvernance,

Descartes & Cie, Paris, 2003, 324p. 6. MAMADOU DIOUF et MAHMOOD MANDANI (sous la direction de), Liberté académique

en Afrique, CODESRIA, Dakar, 1994, 400 p. 7. MAUGENEST, D. et POUGOUE, P.G. (sous la direction de), Droits de l’homme en Afrique

Centrale, Actes du colloque de Yaoundé (9-11 Novembre 1994), Presses de l’UCAC – Karthala, Yaoundé, 1996, 283 p.

8. NGOMA BINDA, P., La formation civique et politique comme préalable de la démocratie” in La démocratie en Afrique, Actes du colloque de l’Académique des Professeurs pour la paix mondiale, (Kinshasa, 14 – 16 Décembre 1990), Presses Africaines pour la Paix, Kinshasa, pp 105-127

9. NICOLAI, H. et Alii, L’espace zaïrois, hommes et milieux, CEDAF, Bruxelles, 1996, 599p

10. TSHIPAMBA DIKAMBA, J.P. (sous la direction de) Guide de Résolution Pacifique des Conflits et Médiation en Milieux Universitaires congolais, RECODELAC, Kinshasa, 2002, 100 p.

II. PERIODIQUES

11. Les Cahiers du CEDAF, n° 1 (1974), Série 1, Bruxelles, 47 p III. RAPPORTS

12. L’enseignement supérieur au XXIè siècle. Vision et action. Rapport de la conférence Mondiale sur l’enseignement supérieur (5 – 9 Octobre 1998), UNESCO, Paris, 147 p

13. La culture et la paix en milieux universitaires, Rapport du Séminaire organisé par le RECODELAC, du 16 au 19 Novembre 1998, I.P.N., Kinshasa, 50 p (inédit)

14. La gestion et la gouvernance des institutions universitaires en R.D.C., Rapport d’enquête du RECODELAC, 1999, 30 p (inédit).

15. La place de l’universitaire dans l’ère de démocratisation de la R.D.C., Rapport d’enquête du RECODELAC, Kinshasa, 2001, 30 p (inédit).

IV. BULLETINS

16. Bulletin du CODESRIA (série de numéros). 17. PAX ACADEMICA, trimestriel publié par le RECODELAC.