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18 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MAI 2008 - N°402 Relation entre infarctus et diabète Les individus ayant un diabète sans patho- logie coronarienne connue ont un risque d’infarctus et un taux de mortalité similaires aux patients non diabétiques ayant quant à eux des antécédents de maladie cardiaque. Globalement, les patients diabétiques ont un risque plus élevé d’infarctus du myocarde que les patients non diabétiques. Mais peu de choses sont encore réel- lement connues au sujet de l’incidence et des facteurs de risque de survenue d’un dia- bète chez les patients ayant eu un infarctus du myocarde. Afin de mieux préciser ce point, une étude vient d’être réalisée par une équipe de chercheurs américains et italiens à partir de données recueillies chez plus de 8 000 patients ayant eu un infarctus dans les trois mois précé- dents, et indemnes de diabète. Les inci- dences de survenue d’un diabète (glycémie à jeun > 7mmol/L) ou d’une anomalie de la glycémie à jeun (glycémie entre 6,1 et 7 mmol/L) ont été mesurées à différents stades de cette étude : à 6 mois, 1, 1,5, 2,5 et 3,5 années. Différents paramètres ont été pris en compte comme l’indice de masse corporelle, les habitudes alimentaires, la prise éventuelle de médicaments et enfin les facteurs de risque de survenue d’un diabète. Parmi l’ensemble de ces patients, 12 % ont développé un diabète au cours des trois années de suivi. En effet, par rapport à une population sans antécédent pathologique, les patients victi- mes d’un infarctus récent ont des fréquences de survenue d’anomalies de la glycémie à jeun quinze fois plus élevées et un risque de diabète multiplié par un facteur 8. Ces résultats montrent donc que l’infarctus du myocarde peut être considéré comme un risque du pré-diabète. L’arrêt du tabac, la prévention de la prise de poids et une alimentation de type méditerranéen permettent néanmoins de réduire ce risque de manière significative Il est donc indispensable de renfor- cer les conseils donnés aux patients ayant eu un infarctus, conseils sur leur alimentation et autres éléments de leur mode de vie, afin de prévenir d’autres complica- tions ultérieures. Mozaffarian D., Marfisi R., Lancet 370 (2007) 667-675 Le choc septique est une altération gra- ve de l’état général, on peut l’observer chez des patients atteints d’infections bactériennes généralisées. Le processus mis en jeu est complexe et traduit une dérégulation (une hyper-activation) de la réponse inflammatoire consécutive à l’accumulation des antigènes bactériens dans l’organisme, tel le lipopolysaccharide (LPS) des bactéries à Gram négatif. Les cellules de l’inflammation, monocytes et macrophages notamment, répondent à la présence de ces super-antigènes en produisant des médiateurs solubles dotés d’un fort pouvoir inflammatoire, au rang desquels figurent notamment l’IL 1 et le TNF . Ces médiateurs agissent par voie autocrine, induisant eux-mêmes la production tardive d’une troisième cyto- kine : la protéine HMGB1, qui entretient et amplifie la réponse inflammatoire de façon anormale. L’action de la HMGB1 est assez étendue puisqu’elle touche autant les monocytes/macrophages que les cellu- les endothéliales, les cellules dendritiques, les cellules musculaires lisses… La prise en charge thérapeutique des patients atteints de choc septique est com- plexe. L’administration d’inhibiteurs du TNF , longtemps proposée, n’est efficace que dans les phases très précoces de la maladie. Dans les phases plus tardives en revanche, la HMGB1 semble être une cible de choix. Ainsi, des expériences menées sur la souris montrent que des anticorps dirigés contre la HMGB1 ont la capacité de bloquer la progression de la maladie dans une fenêtre temporelle dans laquelle les inhibiteurs thérapeutiques du TNF ne sont plus actifs. En 2005, des auteurs chinois avaient montré les vertus thérapeutiques du thé vert, des expériences très préliminaires suggérant en effet que les feuilles de thé vert (Camellia sinensis) contenaient une ou plusieurs molécules capables de bloquer la sécrétion de la protéine HMGB1 par des macrophages exposés au LPS (Xiaotian Chen et coll., Medical hypotheses). La même équipe démontre aujourd’hui que cette propriété est due principalement à des composés polyphénoliques abon- dants, appelés catéchines, auxquels de nombreuses vertus bénéfiques ont déjà été prêtées : action préventive contre l’athéro- sclérose, prévention du cancer, du stress oxydatif… Les auteurs sont notamment parvenus à sauver des souris exposées à un choc septique expérimental en leur administrant par voie intra-péritonéale l’une des catéchines majeure du thé vert : l’épigallocatéchine-3-gallate. Li W., Ashok M., Li J., Yang H., Sama A.E. et al., PLoS ONE 2(11) e1153 doi:10.1371/journal. pone.0001153 (2007) Du thé vert pour traiter le choc septique ? « L’infactus du myocarde peut être considéré comme un risque de pré- diabète, qu’on peut réduire par des conseils d’hygiène de vie aux patients » L’épigallocatéchine- 3-gallate, catéchine du thé vert, efficace en intra-péritonéal

Du thé vert pour traiter le choc septique ?

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Page 1: Du thé vert pour traiter le choc septique ?

18 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MAI 2008 - N°402

Relation entre infarctus et diabèteLes individus ayant un diabète sans patho-logie coronarienne connue ont un risque d’infarctus et un taux de mortalité similaires aux patients non diabétiques ayant quant à eux des antécédents de maladie cardiaque. Globalement, les patients diabétiques ont un risque plus élevé d’infarctus du myocarde que les patients non diabétiques. Mais peu de choses sont encore réel-lement connues au sujet de l’incidence et des facteurs de risque de survenue d’un dia-bète chez les patients ayant eu un infarctus du myocarde.

Afin de mieux préciser ce point, une étude vient d’être réalisée par une équipe de chercheurs américains et italiens à partir de données recueillies chez plus de 8 000 patients ayant eu un infarctus dans les trois mois précé-dents, et indemnes de diabète. Les inci-dences de survenue d’un diabète (glycémie à jeun > 7mmol/L) ou d’une anomalie de

la glycémie à jeun (glycémie entre 6,1 et 7 mmol/L) ont été mesurées à différents stades de cette étude : à 6 mois, 1, 1,5, 2,5 et 3,5 années.

Différents paramètres ont été pris en compte comme l’indice de masse corporelle, les habitudes alimentaires, la prise éventuelle de

médicaments et enfin les facteurs de risque de survenue d’un diabète. Parmi l’ensemble de ces patients, 12 % ont développé un diabète au cours des trois années de suivi. En effet, par rapport à une population sans antécédent pathologique, les patients victi-

mes d’un infarctus récent ont des fréquences de survenue d’anomalies de la glycémie à jeun quinze fois plus élevées et un risque de diabète multiplié par un facteur 8.

Ces résultats montrent donc que l’infarctus du myocarde peut être considéré comme un risque du pré-diabète. L’arrêt du tabac,

la prévention de la prise de poids et une alimentation de type méditerranéen permettent néanmoins de réduire ce risque de manière significative Il est donc indispensable de renfor-cer les conseils donnés aux patients ayant eu un infarctus, conseils sur leur alimentation et autres éléments de leur mode

de vie, afin de prévenir d’autres complica-tions ultérieures. ■■

Mozaffarian D., Marfisi R., Lancet 370 (2007) 667-675

Le choc septique est une altération gra-ve de l’état général, on peut l’observer chez des patients atteints d’infections bactériennes généralisées. Le processus mis en jeu est complexe et traduit une dérégulation (une hyper-activation) de la réponse inflammatoire consécutive à l’accumulation des antigènes bactériens dans l’organisme, tel le lipopolysaccharide (LPS) des bactéries à Gram négatif. Les cellules de l’inflammation, monocytes et macrophages notamment, répondent à la présence de ces super-antigènes en produisant des médiateurs solubles dotés d’un fort pouvoir inflammatoire, au rang desquels figurent notamment l’IL 1 et le TNF . Ces médiateurs agissent par voie autocrine, induisant eux-mêmes la production tardive d’une troisième cyto-kine : la protéine HMGB1, qui entretient et amplifie la réponse inflammatoire de façon anormale. L’action de la HMGB1 est assez étendue puisqu’elle touche autant les monocytes/macrophages que les cellu-les endothéliales, les cellules dendritiques, les cellules musculaires lisses…

La prise en charge thérapeutique des patients atteints de choc septique est com-plexe. L’administration d’inhibiteurs du TNF , longtemps proposée, n’est efficace que dans les phases très précoces de la maladie. Dans les phases plus tardives en revanche, la HMGB1 semble être une cible de choix. Ainsi, des expériences menées

sur la souris montrent que des anticorps dirigés contre la HMGB1 ont la capacité de bloquer la progression de la maladie dans une fenêtre temporelle dans laquelle les inhibiteurs thérapeutiques du TNF ne sont plus actifs.

En 2005, des auteurs chinois avaient montré les vertus thérapeutiques du thé

vert, des expériences très préliminaires suggérant en effet que les feuilles de thé vert (Camellia sinensis) contenaient une ou plusieurs molécules capables de bloquer la sécrétion de la protéine HMGB1 par des macrophages exposés au LPS (Xiaotian Chen et coll., Medical hypotheses). La même équipe démontre aujourd’hui que cette propriété est due principalement à des composés polyphénoliques abon-dants, appelés catéchines, auxquels de nombreuses vertus bénéfiques ont déjà été prêtées : action préventive contre l’athéro-sclérose, prévention du cancer, du stress oxydatif… Les auteurs sont notamment parvenus à sauver des souris exposées à un choc septique expérimental en leur administrant par voie intra-péritonéale l’une des catéchines majeure du thé vert : l’épigallocatéchine-3-gallate. ■■

Li W., Ashok M., Li J., Yang H., Sama A.E. et al., PLoS ONE 2(11) e1153 doi:10.1371/journal.pone.0001153 (2007)

Du thé vert pour traiter le choc septique ?

« L’infactus du myocarde peut être considéré comme un risque de pré-diabète, qu’on peut réduire par des conseils d’hygiène de vie aux patients »

L’épigallocatéchine- 3-gallate, catéchine du thé vert, efficace en intra-péritonéal