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ENZO TRAVERSO La révolution, le désir et la mémoire Editions Léo Scheer | Lignes 2001/1 - n° 4 pages 171 à 178 ISSN 0988-5226 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-lignes1-2001-1-page-171.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- « Enzo Traverso » La révolution, le désir et la mémoire, Lignes, 2001/1 n° 4, p. 171-178. DOI : 10.3917/lignes1.004.0171 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Editions Léo Scheer. © Editions Léo Scheer. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 78.250.14.88 - 20/03/2015 06h23. © Editions Léo Scheer Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 78.250.14.88 - 20/03/2015 06h23. © Editions Léo Scheer

E. Traverso - révolution, désir, mémoire

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ENZO TRAVERSOLa révolution, le désir et la mémoire Editions Léo Scheer | Lignes 2001/1 - n° 4pages 171 à 178

ISSN 0988-5226

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-lignes1-2001-1-page-171.htm

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Pour citer cet article :

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- « Enzo Traverso » La révolution, le désir et la mémoire,

Lignes, 2001/1 n° 4, p. 171-178. DOI : 10.3917/lignes1.004.0171

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Enzo Traverso

LA RÉVOLUTION,LE DÉSIR ET LA MÉMOIRE

Le désir de révolution ? La question est presqueindécente à une époque où le rêve le plus audacieux dela gauche gouvernementale est celui de permettre auxsalariés d’être rémunérés en stock-options. Il fautl’anachronisme fécond d’une revue comme Lignespour la poser. Ce désir, je crois l’avoir rencontré, enavoir fait l’expérience. La question m’oblige à com-mencer par un petit exercice d’ego-histoire. Je me suisformé, intellectuellement et politiquement, dansl’atmosphère survoltée de l’Italie des années soixante-dix. Je lisais régulièrement un quotidien, Il Manifesto,qui avait forgé une idée dans laquelle nous étions nom-breux à nous reconnaître : le « besoin de commu-nisme ». La révolution était désirée consciemment par

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une génération et conçue inconsciemment, spontané-ment, dans les actes, par beaucoup de monde comme àportée de la main, sans rien de chimérique. Elle appa-raissait comme une perspective concrète, pour laquelleil valait la peine de se battre. Il y avait une tension« électrique » qui imprégnait l’air qu’on respirait et quinous donnait le sentiment que rien ne pouvait resterdans l’état, que tout devait changer radicalement. Ledésir de révolution était le ciment d’une contre-sociétébigarrée et éclectique, jeune pour l’essentiel, danslaquelle coexistaient les bolcheviks les plus austères etles libertaires les plus épicuriens. Il y avait certes unepartie considérable d’illusion, mais aussi une grandegénérosité et, j’en reste convaincu, un réalisme plusnoble que celui qui animait, à la même époque, unegauche paniquée devant un mouvement qui rejetait sesappareils. Après tout, la révolution n’était pas le syn-drome romantique d’une génération mais une donnéeincontournable du contexte international : c’étaientbien des révolutions qui avaient eu lieu ou étaient entrain de se dérouler en Tchécoslovaquie, en Bolivie, auChili, au Vietnam et, tout près de nous, au Portugal. Ledéfi adressé au pouvoir, la contestation des hiérarchieset des rapports sociaux dominants, les pratiques « sub-versives » traversaient en profondeur la société dans sonensemble. Le souvenir qui me reste des cortèges ouvriersqui sillonnaient les rues de Turin, la ville de la Fiat, en1973-1974, ne correspond guère à ce qu’on définiraitaujourd’hui comme une « initiative citoyenne », il me faitplutôt penser à ce que Blanqui appelait les « instructionspour une prise d’armes ». C’est alors que je me suisforgé la conviction que ce monde n’est pas le seul pos-sible et que ses barrières sociales, politiques, institu-

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tionnelles, ses contraintes psychiques ne sont ni natu-relles, ni inéluctables, ni infranchissables. Bref, s’il m’estdifficile de définir le désir de révolution, je n’ai pas dedoute qu’il ait façonné mon existence.

Puis le contexte a changé, ces révolutions ont étédéfaites ou ont mal tourné, et le désir qui les avait por-tées et qui s’était diffusé, par grandes vagues, sur unelarge partie de cette planète, s’est largement évaporé.Vue d’Europe occidentale, la révolution apparaissaitdésormais comme quelque chose de lointain ; j’en ai eula sensation très nette, presque physique, un jour dejuillet 1979, à Berlin, lorsque j’ai lu dans la presse queles sandinistes avaient pris le pouvoir à Managua. Cettenouvelle m’avait mis dans un état extraordinaire d’exci-tation que personne ne partageait autour de moi ; cen’était plus, en Europe, qu’un fait divers, presque unnon-événement. Le désir de révolution était désormaisà contre-courant : la révolution n’avait rien d’imagi-naire, sauf qu’elle avait lieu ailleurs. Ceux qui conti-nuaient à la désirer vivaient, de façon surréaliste, uneréalité profondément contaminée par le rêve, dans unecondition existentielle qui rappelait la « non-contempo-ranéité » d’Ernst Bloch. Mais c’était aussi un garde-founécessaire pour ne pas sombrer dans la vision domi-nante de la révolution comme synonyme d’obscuran-tisme religieux (l’Iran) ou de génocide (le Cambodge).Le temps n’était plus au mouvement mais à la réflexion :la critique des armes devait faire place aux armes de lacritique. Et ce travail n’est pas terminé. C’est alors quej’ai vraiment appris que ce siècle de guerres et de révo-lutions a été aussi le siècle de la barbarie, et que si ledésir est indispensable, il ne suffit ni à faire une révolu-tion ni à la sauver. Je reformulerai le problème à l’aide

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de deux catégories de Reinhart Koselleck : si on consi-dère la révolution comme un processus, le désir en estl’« horizon d’attente » ; si on la considère comme unévénement, il en est l’acmé et se confond avec son« champ d’expérience ». L’horizon est une ligne quisépare la terre du ciel et qui s’éloigne au fur et à mesurequ’on essaie de s’en approcher ; la révolution est unequête permanente, toujours recommencée. Le désirparticipe de sa mémoire qui fait revivre, à chaque révo-lution, celles du passé. En tant qu’événement, la révolu-tion est une « furie », nous dit Arno J. Mayer, que rienne peut arrêter ; le processus qui la précède est fait depréparation méthodique, de mémoire souterraine, deréflexion critique, d’engagement désintéressé.

Depuis une bonne vingtaine d’années, ce désirsemble avoir disparu en Europe occidentale. Dans unmonde qui a pris la forme d’un univers marchand tenta-culaire, il a été chloroformé, anesthésié, réifié, vidé desubstance. Le creux de la vague a été atteint lors dubicentenaire de 1789, lorsque tout était devenu « révolu-tionnaire », des nouveaux modèles de voitures auxchaînes hi-fi et aux réfrigérateurs, et où les révolutions,les vraies, étaient sommées, pour être reconnues commetelles, d’inscrire le marché et le capitalisme au cœur deleurs revendications. La réification de ce « désir » – c’estune banalité de le dire – est celle du Che qui nousregarde, infiniment triste, entouré de tours Eiffel et degondoles en miniature, dans les kiosques à souvenirs descapitales du monde entier. Mais il faut lire ce phénomèneavec les lunettes de Kracauer, pas avec celles d’Adorno.Cet effort permanent de réification des images et dessymboles de la révolution indique qu’elle continued’habiter le présent, de hanter l’univers mental de nos

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contemporains. Le fait que la fantasmagorie marchandesoit obligé d’inclure la révolution dans son arsenald’icônes et de mythes, révèle à coup sûr qu’elle demeureun des « rêves les yeux ouverts de la société ». Quoiqueanesthésié et réifié, son désir n’a pas été tué. Cela neserait possible que dans un monde orwellien, c’est-à-dire dans un monde sans conflit, sans pluralisme et sanspolitique, bref dans un monde non plus humain. Doncle désir de révolution n’a pas été anéanti, il a seulementquitté la scène, occulté par un décor clinquant (etpresque toujours trompeur). Croire ce désir éteint, c’estconsidérer la révolution impossible, la cataloguer parmiles archaïsmes du XXe siècle, l’archiver comme « le passéd’une illusion » au nom d’une véritable illusion et d’unesupercherie, celles d’une humanité réconciliée dans lasociété marchande et résignée aux joies du libéralisme« réellement existant », avec ses inégalités, ses hiérar-chies, ses exclusions, son arrogance.

Or une caractéristique des révolutions est précisé-ment celle de surprendre, d’éclater quand on ne lesattend pas. Tout le monde sait que, en avril 1968, laFrance « s’ennuyait ». Les révolutions se surprennentelles-mêmes, c’est souvent cette surprise qui leur donneun air insouciant, léger, moqueur, qui leur donne le goûtd’un bonheur inattendu. Le « désir » qui les accompagnetémoigne de cet étonnement, de cet instant éphémère oùl’ancien ordre vacille, où tout paraît possible, où refairele monde ne semble pas une entreprise titanesque mais lachose la plus naturelle qui soit, comme un acte créateurauquel chacun est appelé à participer, comme si la pesan-teur des contraintes et des formes de dominations quiparaissait jusqu’à hier inattaquable pouvait maintenantêtre d’un seul coup balayée. Le désir de révolution est un

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désir de libération et de bonheur : voilà ce que HannahArendt n’a pas compris dans son malheureux Essai sur larévolution, mais qui relève de l’évidence pour tous ceuxqui font les révolutions. Les révolutions ne se fontjamais seulement pour le pain mais aussi « pour lesroses », comme nous le rappelle Ken Loach dans un beaufilm consacré à la lutte de classe.

La révolution assouvit aussi un désir de mémoire.L’historien Isaac Deutscher en a donné une définitiondans laquelle il est possible, me semble-t-il, d’inscrireson « désir » : « La Révolution, écrit-il, est ce moment,bref mais chargé de sens, où les humbles et les opprimésont enfin leur mot à dire, et ce moment rachète des sièclesd’oppression. » Walter Benjamin a écrit, à propos desrévolutions du XIXe siècle, qu’elles étaient porteusesd’« images de désir » (Wunschbilder) renvoyant à unpassé ancestral : « Dans le rêve où chaque époque sereprésente en images l’époque suivante, celle-ci apparaîtmélangée d’éléments venus de l’histoire primitive, c’est-à-dire d’une société sans classes. » C’est précisément dansce sens qu’elles sont, selon les mots de Deutscher, desruptures de l’Histoire qui « rachètent des siècles d’op-pression ». Ce désir d’émancipation et de justice, derachat de la mémoire des vaincus – on pourrait mêmedire de « rédemption », en termes de théologie politique– se décline dans une étonnante variété de formes. Lesbarricades de 1848, qui avaient suscité le respect et l’ad-miration hostile d’un ennemi comme Tocqueville, luifaisant comprendre que les classes laborieuses savaientse battre. La dignité des opprimés qui se forge dans lalutte, illustrée par les images de toutes les révolutions, dela Commune de Paris au soulèvement zapatiste dans leMexique de nos jours. La fraternité jouissive d’une com-

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munauté d’égaux découverte par Orwell à Barcelone, en1936, où toutes les hiérarchies sociales avaient été sup-primées, où personne ne disait plus « Señor » ni « Don »,où le vouvoiement avait été banni et où tout le mondes’appelait « Camarade ». Le plaisir de la révolte, de lasubversion, de l’humour qui traversait les cortèges deMai 68. Et aussi la mélancolie, pourrait-on ajouter avecDaniel Bensaïd, des révolutions qui portent le fardeaudes défaites subies et le pressentiment du danger qui lesguette, une mélancolie qui a laissé des traces dans cer-tains portraits d’Emiliano Zapata, de Rosa Luxemburg,de Che Guevara, et qui a trouvé une forme littérairedans l’autobiographie de Victor Serge ou dans les der-niers écrits de Walter Benjamin.

Dans un magnifique ouvrage intitulé Le Spleencontre l’oubli, Dolf Oehler a montré jusqu’à quel pointla culture française du second Empire fut hantée par lamémoire de Juin 1848, dans une société qui avait essayéd’exorciser par tous les moyens le souvenir de cetterévolte, où elle était devenue presque innommable.Nous assistons aujourd’hui à quelque chose d’analogue.Non pas que la révolution soit frappée par la censure oule silence, mais elle est criminalisée dans toutes ses mani-festations, automatiquement ramenées à la catégorie du« communisme » et ainsi archivées au chapitre totalitairede l’histoire du XXe siècle. La révolution est assimilée à laTerreur et la Terreur réduite à l’accomplissement cohé-rent d’une idéologie criminelle. Cette opération nemanque pas d’efficacité, ce qui explique la nécessité de lacombattre, mais je ne la crois ni réalisée ni durable. Pasplus, en tout cas, que les tentatives d’écraser les révolu-tions (et les sociétés qui en ont accouché) en les érigeanten doctrine d’État. Toute révolution authentique est

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indissociable du désir de liberté, et toute l’histoire duXXe siècle prouve, de Petrograd à La Havane, que c’esten étouffant leur dimension libertaire que les révolu-tions meurent ou se pervertissent. Voilà le grand défi dusiècle qui s’ouvre : comment préserver ce désir de libertépar, dans et après la révolution.

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