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Médecine d'Afrique Noire : 1991, 38 (11) d’origine diverses dont la qualité bactériologique n’est pas garantie. C’est ainsi qu’il a été constaté dans les statis- tiques des différents centres de santé urbains un taux très élevé de diarrhées infantiles dans les quartiers ne disposant pas d’eau courante. II - OBJECTIFS 1 - Apprécier le degré de la pollution bactériologique de ces eaux qui sont consommées par la majeure partie de la population de Bangui. 2 - Proposer une méghode de traitement simple, efficace et accessible à tous pour obtenir une eau saine. III - MATERIEL ET METHODES Echantillon Nous avons choisi des quartiers représentatifs de la popu- lation de Bangui par la densité, la différence d'altitude et l'éloignement par rapport au fleuve (Oubangui). La répar- tition des puits dans les quartiers a été également retenue (1 puits dessert 7 à 10 habitations.). La source, lorsqu'elle existe, peut alimenter tout un quartier, surtout en période de saison sèche où les sources d'approvisionnement en eau sont très limitées. Tenant compte des différents critéères, nous avons choisi les quartiers suivants : - Malimaka (5ème arrondissement) situé à 350 m d'altitude, - Gobongo (8ème arrondissement) situé à 450 d'altitude. Prélévements Les prélévements ont été conduits selon la technique décrite par l'OMS. Le matériel de prélévement est composé d'un flacon stérilisé au laboratoire, auquel on fixe au corps QUALITE BACTERIOLOGIQUE DE L’EAU DES PUITS, DES SOURCES ET DES FORAGES DANS LA VILLE DE BANGUI : Premiers Résultats et Perspectives. F. MOKOFIO*, J. RENAUDET, C. OPANDY, G. BASTARD, J. ABEYE, Mme M.L. YETE, J. TOUABE, L. GONDAO et Mme J.A. VOHITO * Laboratoire National de Biologie Clinique et de Santé Publique BP 1426 - BANGUI - R.C.A. I - INTRODUCTION L’objet de notre présente étude, qui est une contribution à la politique des soins de santé primaires qui vient d’être instaurée en République Centrafricaine dans la visée de la “Santé pour tous d’ici à l’an 2000”, est de nous intéresser à la qualité bactériologique de l’eau des puits, des sources et des forages. En effet, dans une ville comme Bangui, capitale peuplée de 450 000 h, à peine 25 % de cette population consomme de l’eau distribuée par la Société Nationale des Eaux (SNE) ; autrement dit, les 75 % restants s’approvisionnent en eau RESUME Des prélèvements d’eau de plusieurs puits effectués dans deux quartiers représentatifs de la ville de Bangui ont montré, pour la plupart, une importante pollution bactérienne d’origine fécale. La chloration de l’eau au niveau familial est recommandée en atten- dant l’extension du réseau public de canalisation d’eau potable. MOTS-CLES : Eau de puits - Contamination fécale - Centrafrique. SUMMARY Water samplings from several domestic wells in two representative districts of the city of Bangui showed in most cases high fecal indicator bacteria. The water chlorination in homes is encouraged until the implementation of the piped water distribution system. K e y s - Words : Well water - Fecal contamination - Centralafrican Republic.

eau de pluie à bangui

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caractéristiques bactériologiques

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  • Mdecine d'Afrique Noire : 1991, 38 (11)

    dorigine diverses dont la qualit bactriologique nest pasgarantie. Cest ainsi quil a t constat dans les statis-tiques des diffrents centres de sant urbains un taux trslev de diarrhes infantiles dans les quartiers ne disposantpas deau courante.

    II - OBJECTIFS

    1 - Apprcier le degr de la pollution bactriologique de ces eaux qui sont consommes par la majeure partie de la population de Bangui.

    2 - Proposer une mghode de traitement simple, efficace et accessible tous pour obtenir une eau saine.

    III - MATERIEL ET METHODES

    Echantillon

    Nous avons choisi des quartiers reprsentatifs de la popu-lation de Bangui par la densit, la diffrence d'altitude etl'loignement par rapport au fleuve (Oubangui). La rpar-tition des puits dans les quartiers a t galement retenue(1 puits dessert 7 10 habitations.). La source, lorsqu'elleexiste, peut alimenter tout un quartier, surtout en priode desaison sche o les sources d'approvisionnement en eausont trs limites.

    Tenant compte des diffrents critres, nous avons choisiles quartiers suivants :- Malimaka (5me arrondissement) situ 350 m d'altitude,- Gobongo (8me arrondissement) situ 450 d'altitude.

    Prlvements

    Les prlvements ont t conduits selon la techniquedcrite par l'OMS. Le matriel de prlvement est composd'un flacon strilis au laboratoire, auquel on fixe au corps

    QUALITE BACTERIOLOGIQUE DE LEAU DES PUITS, DES SOURCES ET DES FORAGES

    DANS LA VILLE DE BANGUI :Premiers Rsultats et Perspectives.

    F. MOKOFIO*, J. RENAUDET, C. OPANDY, G. BASTARD, J. ABEYE, Mme M.L. YETE, J. TOUABE, L. GONDAO et Mme J.A. VOHITO

    * Laboratoire National de Biologie Clinique et de Sant Publique BP 1426 - BANGUI - R.C.A.

    I - INTRODUCTION

    Lobjet de notre prsente tude, qui est une contribution la politique des soins de sant primaires qui vient dtreinstaure en Rpublique Centrafricaine dans la vise de laSant pour tous dici lan 2000, est de nous intresser la qualit bactriologique de leau des puits, des sources etdes forages.

    En effet, dans une ville comme Bangui, capitale peuple de450 000 h, peine 25 % de cette population consomme deleau distribue par la Socit Nationale des Eaux (SNE) ;autrement dit, les 75 % restants sapprovisionnent en eau

    RESUME

    Des prlvements deau de plusieurs puits eff e c t u sdans deux quartiers reprsentatifs de la ville deBangui ont montr, pour la plupart, une import a n t epollution bactrienne dorigine fcale. La chlorationde leau au niveau familial est recommande en atten-dant lextension du rseau public de canalisationdeau potable.

    MOTS-CLES : Eau de puits - Contamination fcale -Centrafrique.

    SUMMARY

    Water samplings from several domestic wells in tworepresentative districts of the city of Bangui showed inmost cases high fecal indicator bacteria. The waterchlorination in homes is encouraged until theimplementation of the piped water distributionsystem.

    K e y s - Words : Well water - Fecal contamination -Centralafrican Republic.

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    une masse pour faciliter la descente dans le puits et augoulot une ficelle dont la longueur dpend de la profondeurdu puits.

    - Matriel et ractifs :* membrane filtrante (filtre Milipore de 0,45 micron de

    diamtre),* milieux d'isolement :

    ENDO (coliformes totaux - Escherichia coli)Cocossel (streptocoques fcaux)TSN (Clostridium sulfito-rducteur).

    Mthode

    Filtration de 100 ml de l'eau analyser sur membrane fil-trante puis culture sur les diffrents milieux slectifs,incubation 37C et 44C pendant 24 48 h. Aprs lecture,identification suivant les caractres biochimiques.

    IV - RESULTATS

    Presque tous les puits sont souills par les germes fcaux etla pollution est d'autant plus importante que le quartier estsitu basse altitude (Tableaux I et II).L'eau des sources prleve directement la sortie prsenteune bonne qualit bactriologique (Tableau II).Les puits privs et les forages bien entretenus prsentent engnral un faible taux de pollution (Tableau II).

    V - ESSAIS DE TRAITEMENT AL'HYPOCHLORITE (Eau de Javel)

    Nous avons prfr la solution d'hypochlorite aux autresproduits du commerce (hydroclonazone, permanganate depotassium) pour la facilit d'utilisation, son pouvoirantiseptique lev et son cot relativement faible.

    Ainsi, 1 sachet d'hypochlorite de 250 ml cote 600 F CFAet permet le traitement de 6000 l d'eau alors qu'une bote de100 comprims d'hydroclonazone cote 950 F CFA et netraite que 100 l d'eau.

    Au niveau du laboratoire

    La chloration de l'eau se fait raison de 2 gouttes/l et ladure de contact est d'environ 1 h, permettant de strilisertous les prlvements recueillis.Au niveau du puits

    Le traitement direct des puits ne donne pas de bonsrsultats :- difficult d'apprcier le volume d'eau en raison des varia-

    tions saisonnires,- cot du traitement trs lev (gaspillage de ractifs),- risque permanent de pollution exogne (eaux d'coule-

    ment des pluies, infiltration des latrines) ne garantissant pas l'efficacit du traitement.

    F. MOKOFIO, J. RENAUDET, C. OPANDY, G. BASTARD, J. ABEYE, Mme M.L. YETE, J. TOUABE, L. GONDAO et Mme J.A. VOHITO

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    Tableau I : Rsultats partiels des analyses bactriologiques de l'eau des Puits (P) dans le quartier de Malimaka (350 ml d'altitude)

    Origine Profondeur Ph Nombre de Germes/100 ml d'eau Interprtationdes

    (eau) en m Coliformes Escherichia Streptocoques Clostridium Rsultats

    P1 10 m (environ) 6 > 100 50 22 5 ENP

    P2 " 5,5 > 100 22 10 3 ENP

    P3 " 6 > 100 20 20 10 ENP

    P4 " 6 > 100 50 50 13 ENP

    P5 " 6 >100 20 10 10 ENP

    P6 " 6 50 10 5 3 ENP

    Lgende ENP = Eau Non PotableEBQB = Eau de Bonne Qualit Bactriologique

  • Mdecine d'Afrique Noire : 1991, 38 (11)

    TABLEAU II - Rsultats partiels des analyses de l'eau des Puits (P), Sources (S) et Forages (F) dans le Quartier de Gobongo (450 m d'altitude)

    QUALITE BACTERIOLOGIQUE DE L'EAU DES PUITS, DES SOURCES ET DES FORAGES DANS LA VILLE DE BANGUI

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    Origine Profondeur Ph Nombre de Germes/100 ml d'eau Interprtationdes

    (eau) en m Coliformes Escherichia Streptocoques Clostridium RsultatsTotaux

    P1 20 m (environ) 6 50 20 0 10 ENP

    P2 " 6 16 4 15 3 ENP

    P3 " 6 50 10 20 7 ENP

    P4 " 5,5 2 0 0 0 ENP

    P5 " 6 30 10 5 2 ENP

    S6 - a 5,5 20 10 7 1 ENP

    S6 - b 5,5 1 0 0 0 EBQP

    S7 - a 5,5 50 20 10 5 ENP

    S7 - b 5,5 2 0 0 0 EBQP

    F8 50 m 6 0 0 0 0 EBQP

    LgendeS a = eau de source prleve dans le bassin de recueilS b = prlvement effectu directement la sortie de la sourceENP = Eau Non Potable EBQB = Eau de Bonne Qualit Bactriologique

    V - CONCLUSION

    En conclusion, on peut insister sur :- La ncessit d'apprendre la population traiter l'eau l'chelle familiale par l'utilisation d'hypochlorite l'aide

    d'un compte-gouttes.

    - La necessit de planifier l'extension du rseau de laSocit Nationale des Eaux dans le cadre d'une politiqueglobale d'assainissement.

    BIBLIOGRAPHIE

    1 - ALLE M.Information et ducation pour la sant.Communication au Sminaire National sur la problmatique de sant etperspective de Sant pour tous en l'an 2000. BANGUI, 20-25 juin 1988.Ministre de la Sant Publique et des Affaires Sociales Bangui(Centrafrique), Document 12 pages.2 - DIRECTION GENERALE DE LA SOCIETE DES EAUXApprovisionnement en eau potable en milieu urbain et en zone ruruale.Communication au Sminaire national sur la problmatique de sant etperspective de sant pour tous en l'an 2000. BANGUI, 20-25 juin 1988.Ministre de la Sant Publique et des Affaires Sociales Bangui

    (Centrafrique), Document 20 pages.3 - OUAOBOTE J.M.Analyse microbiologique de l'eau du robinet par la mthode classique dunombre le plus probable.Rapport de stage. Institut de Technologie alimentaire - Dakar. Nov. 1987,47 pages.4 - TEKENZE M.Contrle de qualit de l'eau de consommation de la ville de Bangui. Mmoire de fin d'tudes pour l'obtension du Diplome de Te c h n i c i e nsuprieur de Sant. Facult de Sciences de la Sant Bangui (Centrafrique)Nov. 1987