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Imagerie de la Femme (2012) 22, 92—99 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com MISE AU POINT Échographie du sein : pièges à éviter Breast sonography: Pitfalls to avoid Luc Cambier Société d’imagerie de la Porte-des-Flandres, 55, rue du Général-Leclerc, 59480 La Bassée, France Disponible sur Internet le 20 juin 2012 MOTS CLÉS Échographie du sein ; Pièges ; Technique Résumé Les progrès techniques ont fait de l’échographie le meilleur examen complémentaire à la mammographie, dans la recherche des petits cancers mais aussi dans le diagnostic initial d’une anomalie clinique. De nombreux éléments peuvent cependant induire l’opérateur en erreur et conduire à négliger une lésion maligne ou, à l’inverse, à opérer inutilement pour une pathologie bénigne. S’ils ne peuvent tous être évités, ces pièges doivent être connus. Les problèmes techniques sont fréquents et doivent être limités par la qualité du matériel utilisé et la technique d’exploration : sonde de fréquence élevée, exploration systématique des différents territoires, balayages croisés, corrélation avec la clinique et la mammographie. Certains apports de la technique, comme l’imagerie composite, sont utiles mais ont aussi leurs inconvénients propres. D’autres pièges sont liés au sein lui-même (volume important, dystrophie kystique, antécédents chirurgicaux) ou aux caractéristiques propres de la lésion (carcinome mucineux, carcinome lobulaire), et sont plus difficiles à déjouer. L’expérience de l’opérateur est un élément essentiel dans l’interprétation des images qui ne sont qu’une traduction lointaine de la réalité anatomique. Enfin, il ne faut pas oublier que la meilleure échographie est celle dont l’indication a été posée avec discernement, dans le cadre des indications reconnues comme utiles ou indispensables, en fonction de l’âge de la patiente et de la pathologie suspectée. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Breast sonography; Pitfalls; Misdiagnosis Summary Breast ultrasound is a mandatory tool in breast imaging. Breast ultrasound is an adjunct tool to mammography for breast lesion characterization but also for breast cancer detection in dense breast. Various factors may induce sonographer to false images or false diag- noses, and pitfall for malignant lesions may be known by the sonographer. Technical problems are common and may be reduced by High-quality ultrasound devices. An adequate technical scanning is required: High-frequency probe, systematic breast scanning, correlation with mam- mogram and clinical findings. Some tools such as compound imaging are also useful. Other pitfalls linked to breast anatomy (large breast, fibrocystic disease, surgical scar. . .) or lesion characteristics (colloid carcinoma, lobular carcinoma. . .) can occur. Operator experience is critical. © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Adresse e-mail : [email protected] 1776-9817/$ see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2012.05.003

Échographie du sein : pièges à éviter

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magerie de la Femme (2012) 22, 92—99

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

ISE AU POINT

chographie du sein : pièges à éviter

reast sonography: Pitfalls to avoid

Luc Cambier

Société d’imagerie de la Porte-des-Flandres, 55, rue du Général-Leclerc, 59480 La Bassée,France

Disponible sur Internet le 20 juin 2012

MOTS CLÉSÉchographie du sein ;Pièges ;Technique

Résumé Les progrès techniques ont fait de l’échographie le meilleur examen complémentaireà la mammographie, dans la recherche des petits cancers mais aussi dans le diagnostic initiald’une anomalie clinique. De nombreux éléments peuvent cependant induire l’opérateur enerreur et conduire à négliger une lésion maligne ou, à l’inverse, à opérer inutilement pour

une pathologie bénigne. S’ils ne peuvent tous être évités, ces pièges doivent être connus. Les problèmes techniques sont

utilisé et la technique d’explordes différents territoires, balayaCertains apports de la techniqueinconvénients propres. D’autres pkystique, antécédents chirurgicmucineux, carcinome lobulaire)est un élément essentiel dans l’inde la réalité anatomique. Enfin,dont l’indication a été posée avecutiles ou indispensables, en fonc© 2012 Elsevier Masson SAS. Tou

KEYWORDSBreast sonography;Pitfalls;Misdiagnosis

Summary Breast ultrasound isadjunct tool to mammography

detection in dense breast. Variounoses, and pitfall for malignant

are common and may be reducescanning is required: High-frequemogram and clinical findings. Spitfalls linked to breast anatomcharacteristics (colloid carcinomcritical.© 2012 Elsevier Masson SAS. All

Adresse e-mail : [email protected]

776-9817/$ — see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droitsttp://dx.doi.org/10.1016/j.femme.2012.05.003

fréquents et doivent être limités par la qualité du matérielation : sonde de fréquence élevée, exploration systématiqueges croisés, corrélation avec la clinique et la mammographie., comme l’imagerie composite, sont utiles mais ont aussi leursièges sont liés au sein lui-même (volume important, dystrophie

aux) ou aux caractéristiques propres de la lésion (carcinome, et sont plus difficiles à déjouer. L’expérience de l’opérateurterprétation des images qui ne sont qu’une traduction lointaine

il ne faut pas oublier que la meilleure échographie est celle discernement, dans le cadre des indications reconnues commetion de l’âge de la patiente et de la pathologie suspectée.s droits réservés.

a mandatory tool in breast imaging. Breast ultrasound is anfor breast lesion characterization but also for breast cancers factors may induce sonographer to false images or false diag-lesions may be known by the sonographer. Technical problemsd by High-quality ultrasound devices. An adequate technicalncy probe, systematic breast scanning, correlation with mam-

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réservés.

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Échographie du sein : pièges à éviter

Introduction

L’échographie mammaire s’est progressivement affirméecomme la meilleure exploration complémentaire à la mam-mographie, chaque fois que celle-ci manifeste ses limitesen termes de détection et/ou de caractérisation d’une ano-malie. Elle permet souvent de détecter une image suspectedans un sein apparaissant dense en mammographie, ou depréciser la nature kystique ou solide d’une opacité ou d’uneimage nodulaire observée en mammographie.

Malgré l’évolution technologique des machines etl’expérience du radiologiste, l’image ultrasonore observéesur l’écran n’est qu’une représentation lointaine de la réa-lité anatomique, et de nombreux pièges peuvent induire desfaux négatifs (cancer non repéré ou non identifié comme tel)ou des faux positifs (anomalie bénigne inutilement explorée,ponctionnée ou opérée).

Ces pièges peuvent être liés à la technique (élaborationet traitement de l’image), à l’insuffisance de l’exploration,à des particularités anatomiques du sein, aux caractéris-tiques histologiques de la lésion, à une mauvaise corrélationavec la clinique et la mammographie, à une mauvaise inter-prétation des images, et parfois à une mauvaise indicationde l’échographie.

Les pièges d’origine technique

L’échographie mammaire est un examen performant, àcondition de lui accorder les meilleures conditions tech-niques possibles ; elle ne se réalise donc pas sur un matériel« léger », voire bas de gamme ou périmé, installé dans uncoin de la salle de mammographie. L’utilisation d’une sondelinéaire de haute fréquence et de qualité sur une machineperformante est indispensable pour bénéficier d’une hauterésolution spatiale, d’une échelle de gris étendue, de pos-sibilités de traitement de l’image, et enfin d’un Dopplercouleur ou énergie pour l’évaluation de la vascularisationdes lésions.

La courbe de gain

Un réglage automatique est généralement disponible,permettant d’homogénéiser le gain entre surface et profon-deur ; dans certains cas cependant, il convient de l’ajustermanuellement pour ne pas méconnaître les anomalies pro-fondes, ou, au contraire, remplir d’échos une structurekystique par excès de gain. Le gain général doit être ajustéde facon à ne pas vider d’échos une structure solide hypo-échogène, avec le risque de la considérer comme kystique.À l’inverse, les kystes typiques ne doivent pas se remplird’écho, sauf s’ils sont de très petite taille (moins de 4 mm)ou s’ils siègent en profondeur (plus de 4 à 5 cm) [1].

Les traitements d’images

Les traitements numériques sont nombreux et diffèrentselon les fabricants. À partir du réglage de base installé àl’origine, il ne faut pas hésiter à mémoriser un ou plusieursréglages personnels qui pourront être rappelés instanta-nément ; on pourra ainsi éviter les extrêmes, privilégianttrop la résolution spatiale (aux dépends de l’échostructure)ou l’étalement des gris (aux dépends de la résolution)(Fig. 1a—c). Les images composites spatiales obtenues parcombinaison de plusieurs tirs obliques, sont d’un grandapport pour l’étude des contours des nodules ou kystes. Elles

Figure 1. a : traitement privilégiant la résolution spatiale maisavec une échostructure pauvre, spéculaire ; b : bon compromis réso-lution/échostructure ; c : gamme de gris étendue mais avec pertedes détails : image « molle ».

peuvent cependant induire des faux positifs en masquant lerenforcement postérieur des petits kystes, les ombres acous-tiques latérales des nodules solides bénins, voire l’ombreacoustique postérieure d’un carcinome. Il ne faut pas hési-ter à désactiver temporairement cette fonction, même si laqualité d’image semble alors moins bonne à l’écran (Fig. 2a,b).

La propagation des ultrasons

Le faisceau n’a pas une géométrie parfaite, et il estfacilement perturbé par les milieux traversés, qui dif-fèrent du milieu homogène idéal supposé par la machine.Les différences de célérité des ultrasons, les réflexionset réfractions diverses conduisent à des déformations ou

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Figure 3. a : échos de réverbération dans une formation pure-ment liquidienne ; b : échos retardataires dans une prothèse, sousun pli (épanchement).

igure 2. a : image composite « compound » d’un petit car-inome, détaillant les contours mais masquant l’absorptioncoustique ; b : suppression du traitement : l’absorption du faisceaust mieux visible.

rtefacts de l’image qui doivent être pris en compte : échose répétition, échos retardataires, distorsions et absorptionomplète. Certains de ces artefacts peuvent être réduitsar l’utilisation de l’imagerie composite. Il faut cependante méfier de ne pas les interpréter comme des structureséelles, et en particulier dans les formations liquidiennes quieuvent alors paraître solides (Fig. 3a, b). En présence d’une

mbre acoustique complète, on recherchera la présence’un écho initial intense traduisant une calcification (ouxceptionnellement de l’air) ; la confrontation avec la mam-ographie facilite évidemment l’interprétation (nombre,

opographie et taille des calcifications) (Fig. 4).La focalisation du faisceau ultrasonore ne peut être par-

aite en raison des phénomènes physiques mis en jeu, avecivergence rapide du faisceau qui dégrade l’image ; la zonee focalisation optimale est toujours indiquée sur l’écrant surtout, elle est peut être ajustée par l’opérateur (dansertaines limites). Il importe de veiller à placer cette zonee meilleure focalisation à la profondeur de l’anomalie exa-inée avant de conclure sur son échostructure ou sur ses

ontours ; une focalisation incorrecte est responsable d’unffet de volume partiel qui peut créer des échos dans unyste ou fausser le niveau des échos dans une structureolide (Fig. 5a, b).

e Doppler énergie

e Doppler énergie est très utile pour rechercher une vas-ularisation, en faveur de la nature solide d’une lésion.l est cependant très sensible au moindre mouvement, enarticulier au contact d’interfaces intenses ; une parfaite

Figure 4. Réflexion totale du faisceau avec ombre acoustique surune grosse calcification.

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Les anomalies juxtaposées

Échographie du sein : pièges à éviter

Figure 5. a : la focalisation n’est correcte que pour lesecond kyste (tête de flèche) ; b : le volume partiel détériorel’échostructure et les contours des deux autres images.

immobilité du sein et de la sonde doit être assurée avantd’interpréter l’image. Par ailleurs, l’absence de signal Dop-pler ne préjuge en rien de la nature liquide ou solide de lalésion observée. Il n’y a pas de concordance entre la vas-cularisation observée (ou absente) et la nature bénigne oumaligne de la lésion [2].

L’imagerie 3D

Disponible sur certains matériels, l’imagerie 3D n’a pas faitla preuve de son intérêt dans la détection ou la caractéri-sation des anomalies mammaires ; une série de 150 massessolides explorées, dont 60 malignes, n’objectivait pas dedifférence significative dans les scores diagnostiques entrel’examen en 2D ou en 3D [3]. Une autre étude desmêmes auteurs, sur 91 masses dont 30 malignes, arrivait àla même conclusion sur l’imagerie harmonique par rapportà l’imagerie classique [4].

L’exploration insuffisante ou incomplète

L’examen non orienté

En présence de seins denses, nécessitant une étude échogra-phique complémentaire, l’examen n’est pas orienté et peutconduire à des faux négatifs, la totalité du volume mam-maire n’étant pas explorée ; cela est particulièrement vrailorsque le sein est volumineux et/ou ptosé. Il faut donc êtresystématique dans l’exploration des quadrants, du prolonge-ment axillaire et de la région rétro-aréolaire, en n’hésitantpas à obliquer successivement la patiente d’un côté et del’autre afin d’étaler le sein.

Le nombre important d’examens échographiquescomplémentaires à la mammographie dans le cas de seinsdenses, peut amener à une proportion importante de fauxpositifs, sur des variantes du normal (lobules graisseux,crêtes de Duret, ectasies échogènes) ou sur des formationsbénignes de présentation atypique. Le taux de détectiondes carcinomes n’est pas négligeable, surtout chez lesfemmes à risque, mais peut conduire à des faux positifsdans 6 à 10 % des cas [5].

L’effet d’éblouissement

Une lésion volumineuse ou évidente ayant été détectée,elle monopolise l’attention et amène à négliger une autre

Figure 6. a : gros hamartome évident ; b : petit carcinome adja-cent, plus profondément situé.

anomalie de voisinage ou à distance ; il convient donc de nepas s’arrêter à la découverte d’une image anormale, maisde poursuivre l’exploration systématique avant de conclure.Cette erreur peut intéresser à la fois la mammographieet l’échographie et retarder significativement le diagnos-tic.

Ce piège est comparable au précédent, et une lésionmaligne au contact d’une anomalie bénigne peut engen-drer apparemment une seule image, en échographiecomme en mammographie ; parfois même, le diagnosticde bénignité est conforté par une ponction dirigée quiintéresse la formation bénigne, seule identifiée (Fig. 6a,b).

La non-concordancemammographie-échographie

Une image typiquement bénigne (kyste) est observée enéchographie et attribuée à tort à une anomalie mammo-graphique et/ou clinique pourtant plus suspecte, amenantà négliger celle-ci. Les différences de localisation entre lamammographie et l’échographie sont fréquentes, la pre-mière étant réalisée en station verticale, avec un seincomprimé de face ou en oblique, alors que la secondes’effectue en décubitus dorsal ou oblique, en appuyant lasonde sur le sein. En cas de doute persistant, il peut êtreréalisé un cliché de mammographie complémentaire avecun repère cutané mis en place sous échographie en regardde l’anomalie.

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’absence de corrélation avec laammographie

’échographie ne doit pas être détachée de la mammo-raphie et l’opérateur doit être informé des résultats deelle-ci et l’avoir interprétée ou réinterprétée lui-même si’exploration ultrasonore est réalisée de facon différée. Unenomalie suspecte en mammographie ne doit pas être négli-ée à cause d’une échographie normale ou d’aspect bénin2].

es mesures incorrectes

ors de la surveillance d’une anomalie connue, lesesures des trois axes constituent un élément majeur’appréciation ; des mesures mal réalisées aboutissent àes conclusions erronées sur la stabilité ou l’augmentatione volume d’une lésion. Les recommandations de l’ACRnsistent sur la nécessité de présenter, sur l’image enre-istrée, les trois dimensions de la lésion sur deux plans deoupe perpendiculaires, dont l’un passe par son plus grandxe.

Lors de la surveillance d’une chimiothérapie néoadju-ante, les mesures sont parfois difficiles à réaliser de faconomparative d’un examen à l’autre, surtout en cas de chan-ement d’opérateur, et peuvent nuire à l’évaluation de laéponse tumorale. La morphologie variable des lésions sousraitement peut aggraver les erreurs de mesure [5] ; la fia-ilité de ces mesures reste donc limitée.

es particularités anatomiques

e volume du sein

omme signalé précédemment, le sein volumineux consti-ue un sérieux handicap à une exploration complète duarenchyme mammaire avec une sonde qui mesure environ

cm de long. Si la distance sonde-paroi thoracique dépasse cm, on risque aussi de négliger les anomalies profondesui sont perdues dans les échos distaux ou le bruit de fond

û à l’amplification du signal. Une exploration systématiqueuadrant par quadrant est donc indispensable mais particu-ièrement malaisée. Il est important de placer la patiente enblique vers la droite et vers la gauche en étalant au mieuxa glande sous la sonde.

e sein dystrophique

arfois dense, hétérogène, avec des zones d’absorptioncoustique multiples, il peut induire des faux positifs (faussembre acoustique) ou des faux négatifs par masquagees structures sous-jacentes ; c’est un problème difficile àésoudre, même en multipliant les angles d’incidence de laonde par rapport aux anomalies suspectées. La présence deystes augmente encore la difficulté (Fig. 7a—c).

es kystes multiples et/ou volumineux

a présence de nombreux kystes juxtaposés, surtout s’ilsont de grande taille, n’autorise plus une bonne étude destructures sous-jacentes en raison de l’important renforce-ent postérieur généré. Un petit nodule suspect au milieues kystes peut facilement être méconnu. Un petit kysterofondément situé derrière un kyste volumineux peut êtreris pour un nodule solide car il se remplit d’échos (Fig. 8).

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igure 7. Nombreuses zones hypoéchogènes et absorbantes danses seins dystrophiques.

a ponction des kystes les plus volumineux peut parfois’avérer utile pour l’analyse du reste de la glande.

a région rétromamelonnaire

a région rétromamelonnaire est toujours difficile à bienxplorer par inclinaison de la sonde, et le risque est grande ne pas le faire systématiquement et correctement, or il’agit d’une localisation qui peut également être mal éva-uée en mammographie. Il faut s’astreindre à des balayagesécurrents à partir du bord de l’aréole, sur toute sa péri-hérie, au besoin en augmentant nettement l’amplification,ette zone s’avérant absorbante.

es prothèses mammaires

es prothèses mammaires génèrent des difficultés pour laéalisation et la lecture de la mammographie, mais aussi

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Échographie du sein : pièges à éviter 97

Figure 8. Petit kyste postérieur paraissant solide car artificielle-ment échogène.

pour l’exploration correcte de la glande en échographie.Si la prothèse est rétropectorale, la gène est minime, laglande étant bien dégagée ; il n’en est pas de même pourles prothèses rétroglandulaires qui refoulent le parenchymeen surface et en périphérie. Pour les prothèses de recons-truction, les phénomènes cicatriciels superficiels peuvent enimposer pour une récidive locale.

Les cicatrices

Le plus souvent évidentes à l’inspection préalable, lescicatrices peuvent parfois être plus discrètes, comme lescicatrices para-aréolaires, et être responsables d’ombresacoustiques troublantes. Le pivotement du plan de coupedoit permettre de constater une grande variation de taille

et d’aspect en fonction de l’axe de la cicatrice et confir-mer l’absence de formation solide suspecte. Il faut prendregarde à la composante profonde d’une cicatrice, correspon-dant à la zone d’exérèse, et qui peut siéger nettement àdistance du point d’entrée cutané.

Les caractéristiques histologiques

Si les pièges précédents sont connus et doivent être systéma-tiquement envisagés, ceux qui sont liés aux caractéristiqueshistologiques de la lésion sont infiniment variables d’unepatiente à l’autre. Même la distinction échographique entreliquide et solide n’est pas toujours aisée, entre les kystesatypiques, échogènes ou à paroi épaisse, et les carcinomesronds, quasi anéchogènes ou avec renforcement postérieur.

Histologie bénigne

Lésions kystiques atypiquesDès que l’image s’éloigne de celle du kyste typique, le doutepeut s’installer et conduire à des prélèvements inutiles ;le kyste simple peut comporter quelques échos internesmobiles en cours d’examen, surtout aux fréquences élevées,ou parfois un sédiment déclive. La présence d’un matériel

Figure 9. a : kyste atypique avec échos internes pseudo-solides ;b : kyste atypique renfermant un authentique papillome.

échogène plus important doit faire envisager la possibilitéd’une lésion solide intra-kystique : on cherchera la mobilitédes échos, un éventuel signal Doppler interne. Les échos derépétition et le renforcement postérieur sont mieux évaluésen utilisant ou en supprimant le traitement composite spa-tial [1]. Un contenu épais peut être total ou partiel, simulantalors une structure solide. Si le doute persiste, la ponctiondirigée est une option simple et rapide pour éviter un fauxnégatif (Fig. 9a, b).

Une paroi épaisse (plus de 0,5 mm) constitue selonBerg et al. [6] un critère de décision pour la réalisa-tion d’une ponction dirigée sous échoscopie ; de même encas d’épaississement localisé ou de cloisons intrakystiquesépaisses.

Lésions solides bénignes atypiquesLe fibroadénome typique, régulier, homogène, ovalaire,parallèle à la peau, peut bénéficier d’une simple sur-veillance [7] avec une très faible probabilité de faux négatif.Le moindre écart par rapport aux critères de bénignité doitconduire à la microbiopsie, en raison de la possibilité d’uncancer rond, tant en mammographie qu’en échographie :lobulations multiples, échostructure inhomogène, modifica-tions de l’environnement immédiat et orientation du grandaxe (Fig. 10).

L’hamartome (fibroadénolipome) peut générer en écho-graphie des images complexes, hétérogènes, avec des zonesabsorbantes, en rapport avec sa structure histologique hété-rogène. Cependant, le diagnostic en est souvent facileà affirmer en mammographie, en recherchant les zoneslipomateuses à l’intérieur de la lésion ; celles-ci peuventmanquer ou être mal visibles dans les formes très fibreuses,qui se rapprochent alors du fibroadénome.

La cytostéatonécroseQu’elle soit consécutive à un traumatisme ou à une gestechirurgical, son évolution dans le temps et ses nombreusesvariantes sont responsables d’une large panoplie d’images

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igure 10. Faux fibroadénome : carcinome rond, très hypoécho-ène, inhomogène, mais régulier.

ui peuvent apparaître suspectes, surtout dans le cadre dea surveillance après traitement d’un cancer. Le principaliège est ici de négliger l’image radiologique qui permetresque toujours un diagnostic formel, sauf dans le cas plusare d’une présentation pseudotumorale, stellaire :

les niveaux eau/graisse sont responsables de faussesimages solides [8] ;la paroi peut être épaisse ou irrégulière en coursd’évolution ;la présence d’une ombre acoustique est fréquente, sur-tout après apparition de calcifications dans la paroi dufoyer (Fig. 11a, b) ;en fonction de l’anamnèse, et de l’évolution habituellede cette cytostéatonécrose, il faut savoir attendre etconfirmer le diagnostic par la corrélation mammographie-échographie.

igure 11. a : cytostéatonécrose à contenu très hétérogène ; b :ytostéatonécrose de forme kystique à paroi localement épaisse.

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igure 12. a : carcinome colloïde en mammographie : noduleégulier ; b : en échographie : formation solide, régulière, avecmbres latérales et renforcement.

istologie maligne

’image typique de référence du carcinome canalaire

nfiltrant, très hypoéchogène, hétérogène, mal limitée,vec halo hyperéchogène périphérique est bien connue,ais souvent incomplète, et certains types histologiqueseuvent donner en échographie comme en mammographie,’aspect quasiment typique d’une formation solide bénignefibroadénome), voire même d’une formation franchementiquidienne. En dehors des carcinomes canalaires infiltrantse présentation ronde, les histologies les plus trompeusesont le carcinome colloïde ou mucineux, et le carcinomeobulaire infiltrant ; le premier peut mimer une formationénigne, le second est à l’origine de nombreuses discor-ances entre clinique, mammographie et échographie.

e carcinome colloïde (ou mucineux)a faible cellularité de la tumeur et l’abondance du mucus,vec une bonne limitation périphérique, sont responsables’images échographiques de type bénin, peu échogènes etomogènes, parfois d’aspect kystique. Le contexte cliniquet radiologique (âge, apparition récente de l’anomalie,ensité radiologique élevée et mauvais renforcement pos-érieur), doivent attirer l’attention et conduire à réaliseres microbiopsies sous échoscopie (Fig. 12a, b). Des nodulesien limités en échographie peuvent aussi être observés danses carcinomes médullaires.

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Échographie du sein : pièges à éviter

Le carcinome lobulaire infiltrantIl s’agit d’une forme parfois difficile à détecter ou à carac-tériser en raison des discordances entre la clinique et lesexplorations radiologiques, la lésion pouvant être très éten-due mais sans véritable formation nodulaire. Si l’anomalieest suspecte à la palpation ou à la mammographie, uneéchographie qui ne démontre que quelques remaniementshétérogènes ne doit pas faire abandonner la recherche d’unehistologie maligne. La ponction doit être réalisée avec latechnique d’imagerie la plus parlante [2,9].

Les pièges en fonction des indications

Dans les indications reconnues (anomalie palpable avecmammographie normale, anomalies mammographiquesinfracliniques, sein inflammatoire), le risque principal est derassurer la patiente avec un examen échographique normalou apparemment bénin. Tout doit être fait pour démontrerla bénignité de l’anomalie constatée, et sa correspon-dance avec la formation palpée ou l’image radiologique. Lemoindre doute doit conduire à réaliser une ponction dirigée,technique simple, rapide et fiable [5].

La prudence est de mise pour les indications moinsformelles (surveillance thérapeutique, post-thérapeutique,recherche de multifocalité), pour lesquelles les erreurs parexcès ou par défaut peuvent être importantes : mauvaiseévaluation de la réponse, phénomènes cicatriciels trom-peurs, diagnostic par excès de petites anomalies bénignes,voire de structures normales.

Le sein inflammatoire est aussi une source de pièges car,en dehors de l’abcès typique, il peut être difficile de tran-

cher entre carcinome à présentation inflammatoire et lésioninflammatoire bénigne, devant une image hypoéchogène,hétérogène, mal limitée et vascularisé en Doppler énergie.Si l’anomalie persiste après quelques jours de traitementmédical bien suivi, le recours à la microbiopsie devientindispensable, car l’échographie ne permet pas d’exclurel’existence d’un carcinome [2].

Reste le problème des seins denses en mammographiede dépistage, pour lesquels on est tenté de réaliser uneéchographie complémentaire ; si celle-ci peut amener àdécouvrir quelques cancers supplémentaires, le risque defaux négatif par manque d’exhaustivité de l’explorationest important. Par ailleurs, les faux positifs, de 6 à 10 %viennent augmenter le nombre des explorations inutiles.L’échographie n’est toujours pas un instrument de dépistagedu cancer du sein [10].

Bien poser une indication d’échographie reste lameilleure protection contre les pièges éventuels.

Conclusions

Les pièges en échographie mammaires sont nombreux maisconnus pour la plupart, et peuvent souvent être maîtriséspar une technique rigoureuse avec un matériel performant.

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D’autres pièges rarissimes ou imprévisibles sont possibleset constituent les limites de la technique échographique.Lorsqu’un doute persiste sur une image atypique, le recoursà la microbiopsie dirigée reste souvent le meilleur choix pourun diagnostic histologique formel.

Pour limiter l’incidence des pièges en échographie dusein, on rappellera les recommandations de l’ACR :• identification précise de l’examen : nom, prénom, date,

site, opérateur ;• échographe performant avec une sonde linéaire de plus

de 7MHz ;• ajustement de la focale en fonction de la lésion ;• ajustement du gain pour une parfaite distinction

solide/liquide ;• examen en décubitus dorsal puis en oblique, bras levés ;• annotations sur l’image : côté, quadrant, orientation de

la sonde (pictogramme) ;• mesure des anomalies selon trois axes, avec une image de

référence sans mesure.

Déclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-tion avec cet article.

Références

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