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EDITO - Consulat du Burkina Faso de Nice · le rêve du Sultan permis à l’association de répondre à son attente : ... générations de se retrouver aussi le soir dans ce lieu

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Le PuitsLatitudes Partage Sept. 2013

Le 15 juillet dernier, les évêques du Burkina Faso publiaient une lettre pastorale particulièrement intéressante sur la situation du pays. Je voudrais, à leur suite, citer quelques chiffres qui parlent plus que tous les discours : En 30 ans, le niveau de connais-sance due à l’alphabétisation a doublé pour atteindre 32 % en 2012, avec une scolarisation pour les 15-24 ans de 33% pour les femmes et 47 % pour les hommes. La population est de plus en plus jeune ( 59% ont moins de 20 ans ) et « la pauvreté des masses lancinantes » atteint 43% de la population, accentuant la fracture sociale...Notre association ne peut bien sûr résoudre un problème qui relève aussi de questions plus structurelles… néanmoins, elle ne peut se résoudre à un constat déprimant d’impuissance ; c’est dans cet esprit qu’elle soutient des familles (dont je connais la situation) en payant des frais de scolarités ; pour elles, envoyer un enfant à l’école relève de l’impossible. La scolarisation est bien évidemment un des enjeux majeurs pour le développement du pays. Deux options s’ouvraient à nous : soit soutenir le maximum d’enfants jusqu’à l’obtention du BEPC, ( ce qui présente l’avantage de scolariser beaucoup d’enfants à peu de frais…Or, si le BEPC ouvre à la poursuite des études, il ne permet pas l’accès à un travail ; de plus, une fois le diplôme obtenu, l’enfant aura du mal à retourner travailler aux

EDITOpar le Père Philippe le Pivain

champs, alors qu’il aura le plus souvent quitté le village pour aller en ville à partir de la 6°…et goûté à autre chose ! ), soit, et c’est notre choix, privilégier le suivi de chaque enfant jusqu’à l’obtention d’une formation qualifiante professionnellement (en général BAC plus 2 ou 3) ; les métiers de santé ou d’éducation offrent de réelles possibilités et sont en première ligne pour le développement du pays. Dans un contexte culturel où le collectif passe avant l’individu, nous misons ainsi sur le long terme de façon réaliste : une fois obtenu un travail, c’est ainsi toute une famille qui, par le soutien d’une personne, trouve une source de revenu pour scolariser une bonne partie de la famille ! Dans ce numéro du puits les exemples de Natacha et Benjamin vous en donnent l’illustration.■

BOBO - INFOles poules de Natacha et les cultures de Benjamin

Il y a quelque temps alors que nous demandions à Natacha de se présenter, voici ce qu’elle nous écrivait (il ne s’agit ici que d’extraits) : « Je suis issue d’une famille qui a eu par la grâce de Dieu deux enfants dont un garçon et une fille. Je suis orpheline de père depuis l’âge de quatre ans. Après mes études primaires, j’ai suivi une formation religieuse dans le but de consacrer ma vie au service du Seigneur par la vie religieuse. J’ai ainsi effectué cinq ans de formation, trois ans en France et 2 ans à Rome chez les Travailleuses Mission-naires de l’Immaculée. Puisque les chemins de Dieu sont insondables, j’ai quitté cette vie religieuse …j’ai opté de chercher à me former dans un domaine bien précis telle la santé humaine ou la santé animale afin de pouvoir subvenir à mes besoins dans le cas où le Seigneur me réserverait une autre vocation qui n’est pas la vie religieuse. Par un test, j’ai réussi à entrer dans une école de l’élevage et de la santé animale. »Depuis, Natacha a fini sa formation de façon brillante puisqu’à l’issue de ces deux années d’études conclues par un stage elle a terminé 6° sur 70 avec une moyenne de 16,37. Afin de parfaire sa formation de manière concrète et pour être plus opérationnelle elle a voulu refaire un nouveau stage qu’elle vient de terminer.Restait la question de pouvoir commencer à travailler, réaliser son projet d’élevage de poules pondeuses (un moyen simple qui permet d’acquérir rapidement une autonomie financière pourvu qu’on ait les compétences). Elle n’a aucun moyen financier et aucune perspective dans ce domaine. Un don reçu pour cette intention a

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Un sultan avait rêvé qu’il perdait toutes ses dents. Dès son réveil, il demanda à

un spécialiste le sens de son rêve.

« Oh !, Quel malheur ! » s’écria celui-ci. Chaque dent perdue représente la

perte de l’un des vôtres ! »

« Quoi, espèce de petit voyou ! » , cria le sultan absolument furieux :

« Qu’oses-tu me dire là ? Allez, déguerpis ! »

Et il donna l’ordre suivant : « Cinquante coups de bâton pour cet impertinent ! »

On fit venir un autre interprète et on le présenta au sultan.

Après avoir écouté le récit du rêve, il s’écria : « Quelle chance ! Quel bonheur !

Notre Seigneur survivra à tous les siens ! » Le visage du sultan s’éclaira alors :

je te remercie, mon ami. Accompagne tout de suite mon trésorier et dis-lui de te

donner cinquante pièces d’or ! »

Alors qu’ils marchaient ensemble, le trésorier lui dit : « Mais tu n’as pas

analysé le rêve du sultan autrement que le premier interprète ! » L’homme

intelligent répondit avec un sourire malin :

« Souviens-toi, on peut dire beaucoup de choses ; cela dépend seulement de la

façon dont on les dit ! »

D’après « petites histoires grandes vérités », père Ernest ILBOUDO,

Ouagadougou.

HUMEUR - HUMOURle rêve du Sultan

permis à l’association de répondre à son attente : Natacha peut désormais se lancer et nul doute que le sérieux qu’elle a su montrer portera là aussi des fruits. C’est dans la région d’Orodara (à 60 km à l’ouest de Bobo Dioulasso) qu’elle s’installe sur un terrain qu’on met à sa disposition.

Les cultures de Benjamin

Benjamin va terminer sa formation dans l’agriculture fin octobre. Comme chacun l’imagine, il est primordial que des jeunes s’investissent dans ce domaine et nous sommes d’autant plus heureux de pouvoir l’épauler dans son projet. Son courrier ( extraits) du 14 mai reflète bien sa détermination et sa reconnaissance :« Seul le seigneur pourra vous récompenser;qu’il vous garde dans son amour éternel et vous donne beaucoup de santé afin que vous puissiez continuer vos oeuvre de charité a tout ceux qui sont en besoin et selon vos moyens.Voici quelques résultats de mon année académique:...les totaux mon donnés une moyenne de 15.24 sur 20 ( 30% de la moyenne annuelle). ... J’ai pu également validé l’examen avec une moyenne de 12.96 qui compte aussi 30%. Donc c’est la soutenance qui reste pour qu’on boucle l’année,c’est après les stages qu’on va bientôt commencer en début juin et qui prendra fin le 30 septembre. La soutenance aura lieu vers mi- octobre et la sortie est programmée pour le 26 octobre 2013... Mon Père je vous laisse sur ses lignes tout en vous demandant de transmettre mes salutations à vos partenaires! Maman vous salut ainsi que Rosine et les Jumeaux! »

Lors de notre voyage au Burkina, nous avons été accueillis par les habitants de Léguéma, village si cher au cœur du père le Pivain qu’il est devenu « son village ». L’école comprend 6 salles dans chacune desquelles se réunissent une bonne centaine d’enfants. Nous y avons passé un moment émouvant et joyeux. C’est un lieu d’étude mais aussi de rencontres et d’échanges pour tous après la fin des cours. Or dès que la nuit tombe, vers 18 h, il n’était plus possible de s’y réunir par manque de lumière. Le seul investissement d’un système d’éclairage de 3 classes alimenté par 3 panneaux solaires permet maintenant aux enfants d’étudier tout à leur aise et aux autres générations de se retrouver aussi le soir dans ce lieu de construction du savoir, au centre de la vie du village. Fiat lux !!!

ACTIONSdes panneaux solaires pour l’école de Léguéma

Latitudes Partage, 767 chemin de la garrigue, 83300, Draguignan

tél: 04 94 68 50 67 [email protected]

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Après la visite de la vieille mosquée édifiée voilà plus d’un siècle, construite en banco ( pisé fait de terre argileuse mélangée à de la paille ), au minaret en forme de pain de sucre hérissé de pieux en bois, nous rencontrons Régina, tout sourire devant son échoppe de boissons de marques ou « maison » ( l’association l’a aidée à monter son commerce ). Elle nous présente son frère, étudiant à l’école normale, que nous décidons alors de soutenir au regard de son travail et de sa motivation. Arrivés au centre André Dupont, nous recevons un accueil très chaleureux tant de l’encadrement que des élèves, futures couturières : temps d’écoute, échanges fructueux, repas de « gala » partagé avec les sœurs de la communauté sont autant de moments riches qui nous confortent dans notre soutien : chaque année, l’association offre aux élèves diplômées une machine à coudre, outil indispensable pour travailler à la maison et leur donner plus d’indépendance et d’autonomie. La journée se clôture par une messe pleine d’entrain et de ferveur présidée par le père le Pivain au sanctuaire notre Dame de Salette, chantée en Dioula par une assemblée fort nombreuse pour un soir de semaine. Reposés malgré la température de la nuit élevée, rendez-vous ce matin à la crèche ELIEL que nous aidons depuis plusieurs mois ; travaux de toiture, de peinture, pavage de la cour donnent à ce lieu une image nette pour recevoir la vingtaine d’enfants confiés au quotidien. Mais l’objectif social ne représente plus une réalité, ce qui nous oblige à transférer nos actions à d’autres priorités, d’autant que cet après-midi, nous rencontrons plusieurs familles fort nécessiteuses.Dans ces quartiers, la misère est prégnante : cabanons et masures éboulés à cause des pluies, manque de nourriture, enfants épileptiques, absence de travail rémunéré, nous vivons des moments intenses d’échanges et d’émotion. Ces familles, fortes de demeurer ensemble, parfois désemparées, toujours confrontées à tellement de problèmes et de drames, nous renvoient à de grandes leçons de dignité, de foi et d’espérance, car, même si, ici, tout est réuni pour sombrer corps et âme, ces foyers restent debout, unis et solidaires : quel exemple !Aujourd’hui, journée à Léguéma, village agricole à 15 km de Bobo où le nouveau forage a vu le jour il y a 2 ans. Conséquence directe : le change-ment de la vie des femmes, contraintes jusque là de parcourir plusieurs kilomètres avec des bassines de 30 litres d’eau et plus sur la tête ! Reçus par le chef et son conseil et après avoir honoré le rituel d’accueil ( palabres, eau de l’étranger...), nous visitons le bourg de 4000 âmes où cohabitent dans le meilleur esprit chrétiens et musulmans, établis par quartiers et se rendant mutuellement services et assistance. Cette rencontre intense avec maîtres et enfants a débouché sur le financement de panneaux solaires. Le dispensaire voisin fonctionne déjà avec ce procédé. Le rituel de départ se prolonge comme il se doit : le père demande la route à un membre du conseil qui le transmet à un autre qui le transmet à son tour au chef du village...qui décide! Retour à Bobo et réunion CCB chez Césaire autour d’une centaine de fidèles réunis dans la cour de sa maison. Ces réunions de Communautés Chrétiennes de Base se déclinent autour de temps de prière et de partage à partir d’un texte d’Evangile et constituent un moment privilégié dans une authentique relation spirituelle. A l’issue du repas fraternel plus élaboré qu’à l’ordinaire, nous rentrons émerveillés par tout ce que nous avons découvert et vécu depuis notre arrivée.Départ tôt pour Banfora au sud-ouest en direction de la Côte d’Ivoire: journée touristique. Immenses champs de canne à sucre, superbes cascades dévalant des falaises où coule la Comoé formant les chutes de Takalédougou, ces paysages grandioses nous ramènent à la magie de ce continent. Baobabs, tecks, manguiers, allées de vieux caïcédrats entourent les fameux dômes, avant-poste des pics de Sindou. Spectacle hallucinant de sculp-tures monumentales façonnées dans la roche par les vents et les pluies. Arrivés au sommet d’un pic, la vue ensorcelante et énigmatique rappelle le film « Out of Africa » au charme irrésistible et tout en séduction.Fourbus mais ravis, nous nous dirigeons pour la soirée chez les sœurs de l’annonciation au bout d’une piste que le père Philippe maitrise au volant tel un guide aguerri et rompu aux secrets de cette nature si enivrante mais parfois hostile... (à suivre)

IMPRESSIONSpar Bruno Cassiere

Latitudes Partage, 767 chemin de la garrigue, 83300, Draguignan

tél: 04 94 68 50 67 [email protected]