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LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Dimanche 13 août 2006 El Watan LIVRÉ À LA PRÉDATION ET À LA CLOCHARDISATION JSK-CS Sfax ce soir au 5 Juillet 3 3 2 2 Pages LIGUE DES CHAMPION P. 25 N° 4788 - Seizième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 ¤ . USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com TERRORISME Cinq militaires blessés à Bouira C’est au tour du lieudit Sellal, entre Kadiria et Aomar, d’être la cible d’une série d’attentats à la bombe. Ces bombes ont été actionnées à distance. Le bilan fait état de cinq militaires et un garde communal blessés. Tous les six ont été évacués vers l’hôpital de Lakhdaria. Aucun, selon nos sources, ne présente de blessures graves. Ce qui, en revanche, inquiète, ce sont les capacités de nuisance qui semblent demeurées intactes des terroristes alors que l’on ne cesse de prôner les vertus d’une politique de réconciliation nationale et de minimiser l’importance des groupes de criminels qui activent encore au maquis. (Suite page 6) Ali D. ALGÉRIE TÉLÉCOM Les travailleurs se solidarisent avec leur PDG Suite à l'incarcération de Brahim Ouarets, PDG d'Algérie Télécom, à la prison d'El Harrach, une journée de protestation a été observée, hier, par les travailleurs d'AT au niveau de la direction générale de l'entreprise ainsi qu'aux différentes agences commerciales (Actel) à travers la wilaya d'Alger. «C'est une journée de protestation et de mobilisation, organisée suite à l'emprisonnement du PDG. C'est aussi un appel lancé au président de la République, qui est le premier magistrat du pays, pour libérer ce haut cadre considéré par les travailleurs de l'entreprise comme étant honnête et intègre», a déclaré M. Mahmoudi, secrétaire général de la section syndicale au niveau de la direction générale d'AT. (Suite page 6) Lamine B. CHASSÉ-CROISÉ DES TOURISTES AOÛTIENS Le port d’Oran vit un ballet ma- rin incessant des touristes émigrés dans un chassé- croisé aoûtien entre bateau en partance et navi- re en provenance. Pp. 19, 20, 22 et 23 été 2006 LE FORTGOURAYA RÉCLAME JUSTICE Le lieu, destination favorite de milliers de visiteurs, est livré aux parasites et à la clochardisation Le classement du site tarde à venir. Béjaïa De notre bureau L e fort Gouraya qui, dans l'en- tendement commun, se confond avec le marabout de la sainte patronne de la ville de Béjaïa, est livré à la prédation et à la clochardisation. Le phéno- mène est d'autant plus voyant en ces moments où la ville se retrouve la destination de plu- sieurs milliers de visiteurs qui confluent majoritairement, voire inévitablement, vers ce repère premier de la cité qui, comble du paradoxe, attend toujours la procédure de classement comme patrimoine national. (Suite page 7) Mourad Slimani Le massacre continue Le massacre continue ENQUÊTE PHOTO : DR OFFENSIVE ISRAÉLIENNE DE GRANDE ENVERGURE AU SUD-LIBAN Lire en pages 2, 3 et 4 PHOTO : AFP

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LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Dimanche 13 août 2006

ElWatan

LIVRÉ À LA PRÉDATION ET À LA CLOCHARDISATION

JSK-CS Sfax ce soir au 5 Juillet 3322

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LLIIGGUUEE DDEESS CCHHAAMMPPIIOONN

P. 25

N° 4788 - Seizième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 ¤ . USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com

TTEERRRROORRIISSMMEE

Cinq militairesblessés à BouiraC’est au tour du lieudit Sellal,entre Kadiria et Aomar, d’êtrela cible d’une série d’attentatsà la bombe. Ces bombes ontété actionnées à distance. Lebilan fait état de cinqmilitaires et un gardecommunal blessés. Tous lessix ont été évacués versl’hôpital de Lakhdaria. Aucun,selon nos sources, ne présentede blessures graves. Ce qui, enrevanche, inquiète, ce sont lescapacités de nuisance quisemblent demeurées intactesdes terroristes alors que l’onne cesse de prôner les vertusd’une politique deréconciliation nationale et deminimiser l’importance desgroupes de criminels quiactivent encore au maquis.(Suite page 6) Ali D.

AALLGGÉÉRRIIEE TTÉÉLLÉÉCCOOMM

Les travailleursse solidarisentavec leur PDGSuite à l'incarcération de BrahimOuarets, PDG d'Algérie Télécom,à la prison d'El Harrach, unejournée de protestation a étéobservée, hier, par lestravailleurs d'AT au niveau de la direction générale del'entreprise ainsi qu'auxdifférentes agencescommerciales (Actel) à travers la wilaya d'Alger. «C'est unejournée de protestation et demobilisation, organisée suite àl'emprisonnement du PDG. C'estaussi un appel lancé auprésident de la République, quiest le premier magistrat du pays,pour libérer ce haut cadreconsidéré par les travailleurs del'entreprise comme étanthonnête et intègre», a déclaréM. Mahmoudi, secrétairegénéral de la section syndicaleau niveau de la directiongénérale d'AT. (Suite page 6) Lamine B.

CHASSÉ-CROISÉDES TOURISTESAOÛTIENSLe port d’Oranvit un ballet ma-rin incessant des touristes émigrésdans un chassé-croisé aoûtienentre bateau enpartance et navi-re en provenance.

Pp. 19, 20, 22 et 23

été 2006

LE FORT GOURAYA RÉCLAME JUSTICE● Le lieu, destination favorite de milliers de visiteurs, est livré auxparasites et à la clochardisation ● Le classement du site tarde à venir.

BéjaïaDe notre bureau

L e fort Gouraya qui, dans l'en-t e n d e m e n t c o m m u n , s e

confond avec le marabout de lasainte patronne de la ville deBéjaïa, est livré à la prédation età la clochardisation. Le phéno-mène est d'autant plus voyant en

ces moments où la ville seretrouve la destination de plu-sieurs milliers de visiteurs quiconfluent majoritairement, voireinévitablement, vers ce repèrepremier de la cité qui, comble du paradoxe, attend toujours laprocédure de classement commepatrimoine national. (Suite page 7) Mourad Slimani

Le massacrecontinue

Le massacrecontinue

EENNQQUUÊÊTTEE

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DR

OFFENSIVE ISRAÉLIENNE DE GRANDE ENVERGURE AU SUD-LIBAN

Lire en pages 2, 3 et 4

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AFP

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E N Q U Ê T E

LIVRÉ À LA PRÉDATION ET À LA CLOCHARDISATION

Le fort Gouraya réclame justiceSuite de la page 1

es longues décennies d'aban-don l'ont déjà fortement dépré-cié et seule l'évocation vapo-reuse de la sainte continueencore à forcer l'indulgence duregard chez ceux nombreux quiperpétuent sinon le rite du pèle-rinage, du moins l'ascension

qui les mène assouvir leur curiosité ou simple-ment profiter de la vue imprenable qu'offre le si-te juché sur le point le plus haut du mont Gou-raya, à quelque 672 m d'altitude, sur la ville quiétale ses pénates en dessous, quelques mètresseulement au-dessus du niveau de la mer.Les dons et oboles déposés, en espèces ou en na-ture, sur les lieux par les visiteurs, pas nécessai-rement par inclination au rituel de la ouaâda,parce que devenant plus conséquents en ce mo-ment de grandes affluences, aiguisent des appé-tits et attirent les convoitises de personnes gri-mées oukils ou intermédiaire inspirés entre leprofane et l'esprit de la sainte patronne. Le malfait ne se limite malheureusement pas aux sé-quences grossières de la duperie, mais débordedepuis peu, pour carrément mettre les lieux his-toriques aux centres d'enjeux qui peuvent coûterdes dégradations irréversibles. Pour ainsi délo-ger un concurrent, parmi la faune des pseudo-élus à faire le commerce en détail de la baraka,l'on n'hésite pas ainsi à détruire sa «niche» ou cequi tient lieu de périmètre d'activité, sans s'en-combrer du moindre souci pour l'intégrité déjàtrès entamée du site. Un site que toutes les insti-

tutions revendiquent, mais qu'aucune en fin decompte ne prend la responsabilité de préserverpour des histoires alambiquées de textes juri-diques. La dernière trouvaille revient à l'APC de Béjaïadont le premier responsable, moyennant un do-cument pour le moins curieux autorise une habi-tuée des lieux qui y officie comme légataire decertains dons spirituels de la sainte à «entretenirbénévolement le fort».

LES AUTORITÉS DÉMISSIONNAIRESDe quoi ulcérer la direction du Parc nationale deGouraya (PNG), qui a signifié une oppositionferme à la démarche. «Le fort Gouraya, qui estun monument historique devenu le symbole denotre région, ne peut être confié à une personnephysique pour assurer son entretien», avait sim-plement répondu la direction du PNG, s'obli-geant à souligner une évidence élémentaire quisemble ne pas être à la portée de la collectivitélocale. Les rédacteurs de la réponse ont cru bon,par ailleurs, rappeler la mauvaise expérience vé-cue avec une association, dont la dénominationse donne l'ambition de préserver et de promou-voir le patrimoine culturel de la région.L'association est, en effet, un autre acteur au rôleambigu qui vient brouiller encore plus la situa-tion. La relation entre les deux parties restent surun contentieux qui a vu la direction du PNG in-tenter un procès à l'association qui a engagé destravaux de réfection sur le site sans autorisationet sans égard à la nature historique du fort en in-troduisant des matériaux de construction sortisde la briqueterie d'à côté. Chose que démententformellement les représentants de l'association,en rappelant que la justice a débouté le plaignantsur l'affaire. La situation de no man's land juri-dique du site a même autorisé les membres del'association à tendre une tirelire aux nom-breuses bonnes volonté que l'ascension mènesur les lieux pour les besoins de restauration dufort. Une collecte de fonds en somme qui, jus-qu'à preuve du contraire, est soumise à une ré-glementation stricte. Enfin, il a rappelé la mesu-re prise par les précédents staffs communaux defermer le fort, via un arrêté qui n'a pas été annuléofficiellement jusqu'à ce jour et d'entreprendreune opération de restauration qui met à contri-bution la municipalité, la circonscription ar-chéologique et un bureau d'études spécialisé.«Suite à cela, nous nous sommes retrouvés seulsà gérer les charlatans qui exerçaient leur activi-té sur place sans toutefois donner une suiteconcrète au contenu de l'arrêté municipal enquestion», note avec amertume le directeur duPNG.

IMPUISSANCESur le sujet, les responsables de la circonscrip-tion archéologique n'ont d'autres pouvoirs quede laisser échapper des mots d'affliction tant toutélan d'intervention reste ligoté par des anachro-nismes juridiques qui condamnent l'institution à

l'impuissance. Au demeurant, l'on apprendraque la circonscription, dont le staff est réduit àfaire le guide pour les visiteurs sporadiques dumusée Bordj Moussa, n'a plus que deux mois àvivre avant de se transformer en segment dépen-dant de la direction de la culture. «Le sort auquelest livré le fort Gouraya nous scandalise et il estdifficile de comprendre les renoncements quimaintiennent le site hors classement, commebien d'autres sites d'ailleurs», lâche M. Righi,responsable de la circonscription. En sus du fortGouraya, les forts Lemercier, la Tour Doriac, lefort Sidi Abdelkader…, autant de jalons dans lecircuit culturel et touristique local dont foisonneles prospectus et dépliant fringants des institu-tions ne sont pas classés. L'on apprendra qu'uneffort de reprise en main a été engagé en 2000avec la participation des acteurs locaux concer-nés. La direction de la culture devait même, viaune commission de classement locale, trans-mettre un dossier sur la question au niveau duministère de tutelle. Un dossier trop maigre pourdéclencher la procédure escomptée, révèlent desindiscrétions. Le directeur par intérim de la direction de la cul-ture au niveau de la wilaya (l'administration estsans responsable depuis une année), qui avouene pas être au courant de l'autorisation délivréepar l'APC, nous apprend quant à lui que l'étudeengagée vient de s'achever cette année et com-prend des aspects liés à l'exploitation du site surle plan touristique. D'ici à ce que le projet soit re-tenu par les plans de développement sectoriels,puisque c'est le circuit de financement prévupour le projet, - ce qui n'est pas nécessairementacquis - bien des pans de murs se seront encoreécroulés au fort et de nouveaux esclandres au-ront terni l'image d'une destination embléma-tique de l'ancienne capitale des Hammadites quiest bien en position de quérir la aânaya (protec-tion) de la sainte patronne pour repousser les as-sauts des bâtisseurs de ruines, pour reprendre lemot d’un poète, et cesser d'être gérée comme unvulgaire parking gardé. M. S.

L

Yemma Gouraya,personnagehistorique ? La superposition des symboles et constituantsidentitaires de nombreux monuments de laville de Béjaïa est telle que les contradictionsfrappent toutes les données recueillies sur lesujet jusqu'ici. Il est vrai également que lestravaux effectués sur le propos ont tropsouvent manqué de souffle ou de profondeuret ne se sont que très rarement donnél'objectif et les moyens de tirer un maximumde certitudes. Tout ou presque reste donc àexplorer.Le jeune architecte Malek Aït Hamouda, quiest à Béjaïa depuis quelques mois pour unethèse sur le fort Gouraya, défend convaincuque le retranchement militaire, point de vigiestratégique, n'est pas espagnol comme il a étédit et soutenu jusqu'à présent. «Des preuvesmatérielles existent et attestent l'originefrançaise de la construction», affirme M. AïtHamouda. Sur un autre plan, et là le jeunearchitecte introduit un élément inédit dans lesujet, une série de constations convergent àaccréditer la thèse selon laquelle YemmaGouraya a bel et bien existé. «Ce serait unefemme qui a participé activement à larésistance contre l'invasion espagnole au XVIe

siècle», soutient-il. L'existence de ce qui paraîtbien être un tombeau et une koubba sont deséléments évoqués pour soutenir la thèse. Lalégende touffue de Yemma Gouraya, rapportéepar des versions diverses, allant de l'inspiréaux plus débridé, reste une grande énigme.L'existence d'un personnage réel, auteur defaits historiques plus ou moins précis, auraitthéoriquement orienté l'imaginaire collectifvers des récits consensuels, comme c'est lecas pour les saints patrons d'autres régions dupays. Les ruptures nombreuses dans leschaînes de transmissions entre les époques etles générations peuvent peut-être expliquer,en partie seulement, la profusion desvariantes qui continue à conférer à la saintel'aura qu’est la sienne. L'architecteenthousiaste, promet de faire connaître lesdétails de ses «découvertes», lors d'uneexposition programmée durant le mois deseptembre prochain. Mourad S.

«C'est la fauteaux autorités !»Djamel Ould Ali, secrétaire général de l'associationpour la Sauvegarde et la promotion du patrimoineculturel de Béjaïa, dément que son associationtient en ce moment une caisse au fort pourrecueillir les dons des visiteurs. La caisse existepourtant bel et bien et porte mention l'attribuant àl'association. «A moins que des gens utilisent lenom de l'association pour récolter de l'argent…»,lâche-t-il, en affirmant qu'aucun sous n'a été entout cas transmis à la caisse courante del'association. «Nous avons certes tenu une boîtedans le temps, pour avoir de quoi financerquelques travaux que nous avons effectués surplace et payer les permanents que l'association,moyennent convention avec l'APC en 2002, avaitplacé sur les lieux.» Une formule curieuse tout demême. Des membres de l'associationéchapperaient-ils au contrôle ? «Possible», répondnotre interlocuteur en soutenant n'avoir pas remisle pied au fort depuis deux mois par crainte d'être«agressé». «Parce que nous voulons mettre finaux pratiques occultes dans l'enceinte, nous noussommes fait des ennemis, qui ne lésinent pas sur lavindicte.» Le secrétaire général soutient quel'engagement de l'association, qui «n'a bénéficiéd'aucune subvention depuis sa création en 1995»,

a permis la réhabilitation de la citerne ancienne(également appelé le puits) et quelques autrestravaux destinés à l'hygiène des lieux. Un effortcontrarié, se plaint-il encore, par les ruadessystématiques des «charlatans» qui voyaient enl'action de l'association un danger pour leurcommerce. «Des dizaines de plaintes ont étédéposées contre des personnes bien déterminées,dont l'une a été même prise en photo en flagrantdélit de destruction sur les parois de la citerne. Demême pour le feu qui a ciblé un local que nousavons aménagé en bureau sur le site. Aucune suitejusqu'à présent.» Une guerre ouverte en somme.Enfin, l'association rejette la responsabilité del'affreux micmac qui caractérise la situation au fortGouraya sur les autorités. «Aucun responsable auniveau des institutions locales ne peut dire qu'il nesavait pas. Nous les avons tous alertés et depuisdes années, souvent au risque d'avoir affaire auxagressions physiques des charlatans», tempête M.Ould Ali. M. S.

Projets contrariés La mise en valeur du fort et des autres attractions,qui forment son environnement, au-delà des soucisliés à leur classement et à leur vocation, reste, entreautres, coincée dans des considérations relatives àla nature des investissements à mettre en placedans le Parc national de Gouraya . Les «puristes»,ou ceux qui se présentent comme tels, arc-boutéssur les principes rigides de la préservation de lanature, ne veulent pas entendre parler de structurestouristiques dans le parc et surtout pas de cetéléphérique qui, en 1998, avait été évoqué pourrelier la ville à la montagne, malgré l'accord accordépar le PNG. L'association pour la sauvegarde et lapromotion du patrimoine culturel de Béjaïas'enorgueillit d'avoir mené campagne contre nonseulement le projet mais aussi son principe. L'aireprotégée, qui forme un prolongement naturel auterritoire urbain, abrite aujourd'hui quelquesbicoques improvisées qui offrent des gaufrettes etdes cigarettes aux visiteurs, avec comme attractiondes toboggans rouillés pour enfants à vous lézarderles flancs. Le transport sur les lieux est, quant à lui,disponible au petit bonheur la chance puisqueaucune ligne régulière ou saisonnière n'est assuréesur la destination. Un débat fastidieux et biaisétouche également les moyens d'assainir et depréserver le site du fort Gouraya. La tâche passe-t-elle par l'exclusion de la dimension mystique deslieux ? L'option qui paraît pour le moins légère,compte tenu de l'ancrage profond du mythe deYemma Gouraya dans la mémoire collective, estcelle de certains acteurs qui ne veulent promouvoirde la destination que ses aspects touristiques encataloguant le reste dans le registre des pratiquesoccultes. D'autres repères mythiques de la régiondonnent pourtant la preuve que la perpétuation dela longue tradition spirituelle n'est pas antinomiqueavec l'intégration des aspects «séculiers». A moinsque les enjeux soient ailleurs et qu'ils se déclinenten termes d'intérêt. M. S.

PRÈS D’UN SIÈCLE D'ABANDON

L e travail effectué par l'architecte Malek Aït Hamouda comble beaucoup de blanc dans l'histoire dufort Gouraya. L'homme, qui attribue la construction de la citadelle à l'armée coloniale française,

soutient que les lieux ont cessé d'être occupés dès 1849, mais son entretien a été assuré jusqu'en 1930,date à laquelle il fut complètement abandonné. La présence des unités militaires françaises n'a pas empêché le rituel du pèlerinage, antérieur à laconstruction du fort, de s'effectuer à partir de 1850 jusqu'au déclenchement de la guerre de libérationen 1954. Suivant une longue tradition, les clés de la citadelle, confondue donc avec le marabout de lasainte Yemma Gouraya, ont été confiées à une famille de Béjaïa, légataire consensuels des préroga-tives d'oukil, chargé de la perception des offrandes et de l'entretien du marabout ou mqam. Les premières formes du pillage, soutient encore notre interlocuteur, ont commencé à l'indépendanceaggravant des dégradations déjà survenues auparavant. N'échappèrent au pillage qu'un ancien maga-sin de poudre parce que ayant été confondu avec la Koubba de la sainte et un four à pain, qui aujour-d'hui encore constitue le cœur du site et reçoit le gros des visiteurs. Un pan de l'édifice qui, parailleurs, avait le précieux avantage de posséder une porte plus ou moins intacte et une clef pour êtrefermée. Depuis, des oukils à l'engagement, et à la conviction inégale, ont eu à revendiquer le privilèged'avoir vu Yemma Gouraya en rêve et d'en avoir reçu la mission de veiller sur le monument. La lignée,constituée d'à peine quelques maillons, est quelque peu rompue à partir des années 1980, où desconflits sordides ont commencé à prendre formes, dont beaucoup ont nécessité l'intervention de lagendarmerie. L'apparition d'une association, qui s'est donné pour ambition de sauvegarder et de réha-biliter le fort, semble avoir beaucoup plus compliqué la situation, malgré quelques efforts louables en-trepris pour réparer et consolider des parties qui menaçaient ruine. Une chronologie qui est, en som-me, trahie par le creux, la démission historique des institutions locales et nationales. Aujourd'hui, lesite renferme un danger réel sur les visiteurs avec des pans de murs menaçant de s'écrouler. M. S.

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