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Breve communication
Encephalomyelite aigue disseminee associee a une infectionau virus de l’hepatite virale A chez l’adulte
Acute disseminated encephalomyelitis associated withhepatitis A virus infection
B. El Moutawakil *, M. Bourezgui, M.A. Rafai, M. Sibai, F.Z. Boulaajaj,F. Moutaouakil, H. Otmani, I. Slassi
Service de neurologie-explorations fonctionnelles, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
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i n f o a r t i c l e
Historique de l’article :
Recu le 20 fevrier 2007
Recu sous la forme revisee le
10 septembre 2007
Accepte le 25 septembre 2007
Disponible sur Internet le
3 aout 2008
Mots cles :
Hepatite virale A
Encephalomyelite aigue
disseminee
Keywords:
Viral hepatitis A
Acute disseminated
encephalomyelitis
r e s u m e
Introduction. – Le virus de l’hepatite A peut donner lieu a des manifestations severes et
inhabituelles, notamment neurologiques.
Observation. – Nous rapportons l’observation d’un homme, age de 44 ans, qui presenta de
facon subaigue, dans un contexte d’ictere et d’asthenie, une tetraparesie spastique, une
atteinte proprioceptive et des nerfs craniens. Le bilan biologique trouva comme seule
anomalie une cytolyse hepatique et la presence d’IgM et d’IgG specifiques du virus de
l’hepatite virale A (HVA). L’IRM et l’etude du liquide cephalorachidien etaient normales. Une
corticotherapie en bolus, puis par voie orale, fut instauree sans amelioration clinique. Le
patient deceda huit mois apres le debut de la maladie.
Discussion. – Une encephalomyelite aigue disseminee fut suspectee chez ce patient. Des cas
d’encephalomyelite aigue disseminee ont ete decrits suite a cette infection ou a une
vaccination anti-HVA, en particulier chez l’enfant.
# 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.
a b s t r a c t
Introduction. – Hepatitis virus A (HVA) infection is usually a benign infection, but it can lead
to severe manifestations and neurological symptoms.
Case report. – We report the case of a 44-year-old man who was admitted for pyramidal
tetraparesis, loss of proprioceptive sensitivity and cranial nerve involvement. He had
developed concomitally jaundice and fatigue. Brain MRI and cerebrospinal fluid examina-
tion were normal. Blood tests revealed elevated serum transaminase and anti-hepatitis A
virus (IgM and IgG) levels. Acute disseminated encephalomyelitis (ADEM) was diagnosed
and the patient was treated with high dose intravenous then oral corticosteroid therapy.
The clinical condition continued to deteriorate and the patient died at eight months.
Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com
* Auteur correspondant. 9, rue Ahmed-Naciri, quartier Palmier, Casablanca, Maroc.Adresse e-mail : [email protected] (B. El Moutawakil).
0035-3787/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.doi:10.1016/j.neurol.2007.09.003
Discussion. – ADEM is exceptionally associated with HVA infection or after vaccination for
hepatitis A. Other neurological complications, including either peripheral or central nervous
system, are reported. The clinical presentation and the outcome of our patient are atypical.
# 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.
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1. Introduction
L’infection par le virus de l’hepatite A (HVA) est tres frequente
et generalement benigne. Elle est asymptomatique neuf fois
sur dix. Rarement, dans 0,1 % des cas, la situation peut etre
plus severe realisant une hepatite fulminante parfois fatale.
Elle realise parfois des tableaux inhabituels avec des mani-
festations extrahepatiques dont certaines neurologiques.
C’est ainsi que sont decrits des cas d’encephalomyelite aigue
disseminee (Emad), de nevrite optique retrobulbaire, de
polyradiculonevrite. . .
Il nous a paru interessant de rapporter le cas d’un patient
admis en neurologie dans un tableau d’encephalite avec
comme seul element anormal dans son bilan une positivite de
la serologie de l’hepatite virale A.
2. Observation
2.1. Cas no 89/2004
Un homme, age de 44 ans, droitier, sans antecedent
pathologique particulier, fut hospitalise le 10 aout 2004 pour
l’apparition en quelques jours d’un deficit moteur des quatre
membres, de troubles de la deglutition et de l’elocution.
L’installation fut rapidement progressive et faite d’un deficit
des membres inferieurs avec douleurs intenses et paresthe-
sies a type de brulures et de fourmillements evoluant dans un
contexte d’asthenie. Quelques jours apres apparurent une
dysphagie avec fausses routes et des troubles de l’elocution
evoluant vers une anarthrie. Le deficit moteur s’etendit en
quelques jours aux membres superieurs confinant le patient
au lit. Il n’y avait ni troubles de la conscience, ni signes
d’hypertension intracranienne, ni manifestations epilepti-
ques, ni troubles sphincteriens, ni syndrome febrile.
A l’admission, le patient etait en bon etat general,
apyretique, conscient ; la marche etait impossible ; il existait
une tetraparesie spastique, des reflexes osteotendineux vifs et
une hypoesthesie vibratoire aux quatre membres. L’examen
des nerfs craniens montrait une atteinte du douzieme a
gauche et du neuvieme a droite. Le fond d’œil etait normal. Le
reste de l’examen trouvait un subictere cutaneomuqueux avec
lesions de grattage sans hepatomegalie ni splenomegalie.
Le scanner X cerebral et l’IRM encephalique realises 12
jours apres l’admission etaient normaux. Le liquide cephalo-
rachidien (LCR) etait normal a deux reprises. L’hemogramme,
la vitesse de sedimentation, la proteine C reactive et l’electro-
phorese des proteines seriques etaient normaux, les enzymes
hepatiques etaient elevees avec ASAT a 136 UI/L, ALAT a
221 UI/L et la gamma-GT a 336 UI/L, le taux de prothrombine
etait normal, alors que le taux de bilirubine etait a la limite de
la normale (25 mg/L). L’ammoniemie etait legerement elevee a
335 mg/L. L’echographie abdominale montrait une discrete
steatose hepatique. Le bilan etiologique comporta un bilan
immunologique (AAN, Anticorps anti-ADN, FR) qui fut negatif,
une recherche de tuberculose egalement negative (IDR,
radiographie pulmonaire, BK tubage et crachats), et des
serologies VHB, VHC, HIV, EBV et CMV negatives. Par ailleurs,
la serologie HVA etait positive dans le sang, avec presence
d’IgM, mais restait negative dans le LCR. L’EEG montrait un
ralentissement du rythme de fond sans elements paroxysti-
ques ni signes d’encephalopathie. L’EMG etait aussi normal.
Devant la probabilite d’une encephalite post-infectieuse
liee au virus de l’hepatite A, une corticotherapie fut initiee par
bolus de methylprednisolone a raison d’1 g/j pendant trois
jours relayee par la voie orale a la dose de 1 mg/kg par jour
pendant une duree de six semaines, puis degression pour une
duree totale de trois mois, associee a un traitement sympto-
matique de la douleur et de la spasticite.
Le patient deceda a son domicile au bout de huit mois
d’evolution sans amelioration et sans qu’un examen post-
mortem n’ait pu etre realise.
3. Discussion
L’hepatite virale A est une affection benigne tres frequente,
survenant essentiellement dans l’enfance et souvent asymp-
tomatique. Lorsqu’elle est symptomatique, elle se manifeste
par un syndrome pseudogrippal, un syndrome dyspeptique et
un ictere. Cependant, des hepatites fulminantes ont ete
decrites. L’atteinte neurologique au cours de cette affection
est exceptionnelle. Elle a egalement ete observee apres
vaccination contre l’hepatite A (George, & Benonis, 2003;
Hubber, Kappos, Fukr, Wetzl, & Steck, 1999).
L’association chez ce patient d’une asthenie et d’un ictere,
ainsi que la positivite des serologies HVA (Ig G et Ig M) sont en
faveur d’une infection recente a ce virus. Son implication dans
la symptomatologie neurologique est plus discutable.
Il est admis actuellement que le virus de l’hepatite A peut
eventuellement se compliquer de manifestations neurologi-
ques centrales ou peripheriques. Celles-ci peuvent faire suite a
des lesions induites par le virus lui-meme ou etre dues a un
mecanisme immunoallergique, expliquant egalement les cas
rapportes apres vaccination (Breuer, Morali, Finkelstein, &
Halevy, 2001; Huseyin, Buket, Omer, & Buyukavci, 2004; Apak
et al., 1999).
Parmi les atteintes nerveuses peripheriques, la complica-
tion la plus frequemment rapportee est le syndrome de
Guillain-Barre (Johnston, Schwartz, & Wansbrough-Janes,
1981; Breuer et al., 2001). Johnston et al. (1981) ont rapporte
une serie de huit cas. La serologie HVA etait positive dans le
sang chez tous les patients pour les IgM et dans le LCR des
deux cas ou elle fut realisee. Une observation de neuropathie
motrice axonale aigue (a ete rapportee par Hubber et al.
(1999).
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L’atteinte nerveuse centrale est plus rare. L’Emad peut se
voir dans les suites d’une infection liee au virus de l’hepatite A
ou d’une vaccination contre le VHA. A notre connaissance,
trois cas ont ete rapportes dans la litterature (Johnston et al.,
1981; Hubber et al., 1999; Huseyin et al., 2004). Il faut egalement
citer une observation de syndrome de Devic associe a une
hepatite virale A (Jouhadi et al., 2004).
Chez ce patient, le diagnostic d’Emad fut evoque. Clini-
quement, l’Emad se manifeste par l’installation rapide d’une
atteinte multifocale du systeme nerveux central, accompa-
gnee de cephalees, fievre, troubles du comportement, altera-
tion de la vigilance. Ce tableau se constitue apres une phase
prodromale de quelques jours ou semaines caracterisee par
les signes de l’infection declenchante ou de la vaccination
(Gout, 2002). L’imagerie est habituellement evocatrice, l’IRM
encephalique montrant des lesions en hypersignal T2 multi-
focales, disseminees floconneuses et du meme age. Realisee
precocement, l’IRM peut toutefois etre normale (Murray,
Apetauerova, & Scammell, 2000). Le LCR, qui etait normal
chez ce patient, peut l’etre aussi dans d’authentiques Emad
(Johnston et al., 1981; Tenembaum, Chamoles, & Fejerman,
2002), sinon il peut montrer un discrete pleiocytose et/ou une
legere augmentation de la proteinorachie. La serologie de
l’HVA etait negative dans le LCR de ce patient, comme dans les
cas decrits par Hubber et al. (1999) et Huseyin et al. (2004).
Le traitement par corticoıdes a fortes doses est habituelle-
ment preconise dans les EMAD, mais la reponse est aleatoire. Le
patient d’Alehan, Kahvea, Uslu, Yildirim, & Yilmaz (2004),
malgre l’instauration precoce du traitement, a succombe apres
20 jours d’evolution. Dans les observations Hubber et al. (1999)
et Hubber et al. (1999), une amelioration aussi bien clinique que
radiologique fut rapportee. Chez ce patient, la corticotherapie
en bolus suivie de la prise orale n’a pas ete efficace.
r e f e r e n c e s
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