Episode 4 - Lattentat

7/23/2019 Episode 4 - Lattentat

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Chroniques de Geyerra

Episode IV - L’Attentat



Quelques heures s’étaient écoulées depuis l’ajournement de la séance du conseil de Geyen et sur la terrasse arrière du palais royal Lys, assise sur une petite chaise d’osier, regardait

Kermac tourner en rond devant elle. Son collègue ne tenait pas en place depuis la fin de la

réunion, visiblement troublé par la tournure prise par les évènements. Il parla comme pour lui-même réexposant les problèmes pour au moins la dixième fois.

- Deux émissaires pour protéger une des plus grandes villes de Geyerra durant la tenue

d’un évènement d’envergure planétaire, le tout pendant une semaine. Deux émissaires

pour protéger la famille royale et toute la classe noble de Geyen d’éventuels attentats contre la vie de ceux-ci par la ligue de Soresh. Ce n’était pas assez difficile ainsi ?

Fallait-il vraiment que la reine choisisse ce moment précis pour perdre tout semblant de sanité ?

Lys n’avait aucune idée comment aider ou rassurer Kermac, la seule chose certaine était que

cette première mission officielle en tant qu’émissaire n’allait pas être de tout repos.

- Kermac, si je ne m’abuse, nous avons toujours quelques jours avant que les assassins que

Kalya a apperçu à Karnavelle n’arrive à Geyen. Le mot d’ordre d’ici là devrait

probablement être de solidifier les défenses de la ville et d’en arriver à un plan précis avec Valerio et la garde royale afin de garder un oeil sur tous les membres de la famille

royale et de leur entourage.- Comment pouvons-nous surveiller toute la famille royale alors que la reine envoie son

fils à l’extérieur de la ville sans escorte ? La seconde où le prince franchira les portes de

la ville, les espions de la ligue de Soresh le sauront, il ne passera pas une nuit à l’extérieur avant d’être assassiné.

Kermac avait raison et Lys le savait très bien. La ligue avait clairement des agents déjà en place

dans la capitale et il serait très dur de faire quoi que ce soit en étant assuré de passer incognito.

Les yeux de la jeune émissaire se posèrent sur le reflet du soleil couchant miroitant sur le lac

devant elle. Une des servante du palais lui avait raconté un peu plus tôt que ce lac en était un artificiel qui avait été creusé en rempli à main il y a trois générations de celà pour le roi Yrïn qui

était, semblait-it, un grand amateur de pêche. Yrïn avait perdu l’usage de ses jambes au combat lors de la dernière grande guerre contre le royaume de Kel’thir. Le roi ne pouvait plus quitter le

palais royal pour aller pêcher dans les eaux de la mer divine et c’est sa femme, la reine Deenara,

qui fit creuser le lac et l’ensemança de différentes espèces de poissons afin que son mari puisse continuer à pêcher sans avoir à quitter la ville.



Les pensées de Lys fûrent intérrompues par Kermac qui semblait graduellement reprendre ses esprits.

- Lys, je dois aller rejoindre Valerio sur les remparts pour débuter l’inspection de ceux-ci. J’aimerais bien si tu pouvais aller faire un tour dans le quartier nord de la ville, près de

l’endroit où le garde de la capitale a été assassiné cette semaine. Mêle-toi aux gens, observe, pose des questions. Peut-être réussira-tu à trouver des indices nous aidant à

déterminer où se terrent les espions de la ligue dans la capitale.

- Certainement. Quand nous rejoignons-nous ?- Je prendrai la direction de la tour de garde sud avec Valerio à la tombée de la nuit, nous

t’y attendrons avant de revenir au palais.- Compris, à plus tard Kermac.

Lys pris la direction du petit pont séparant la cours arrière du palais de l’entrée principale lorsque

Kermac l’interpella à nouveau.

- Oh et Lys.. Fais attention à toi.

- Toi aussi Kermac.

***

Après près de deux heures passées à arpenter les rues du quartier nord et converser avec

quelques-uns des citadins et vendeurs qu’elle croisait sur son chemin, Lys comprit que derrière la

beauté et la majestuosité de la grande place publique de Geyen ainsi que du palais royal se cachait une autre facette à la capitale. Le quartier nord était salle, sombre et les personnes y

habitant étaient de toute évidence très pauvres. Certaines des plus petites allées entre les rues l’effrayaient même elle, une émissaire de Garusha. Trouver un espion ou un assassin dans cet

endroit n’allait définitivement pas être aisé. Ici, tout le monde semblait avoir quelque chose à cacher.

Le soleil avait déjà disparu depuis un bon moment, mais Lys décida de rester un peu plus longtemps. Dans ce genre de quartier, les rues devenaient plus animées avec la tombée de la nuit.

Les lumières s’allumaient aux fenêtres des tavernes et auberges, les rires de la clientèle ainsi que les bruits de choppes frappant les unes contre les autres se faisaient entendre depuis la rue.

Je

parie que ce genre d’endroit est idéal pour écouter les ragôts et trouver de l’information une fois

que l’acool commence à couler à flots, pensa Lys.

L’émissaire suivit donc son instinct et entra dans la première taverne qu’elle croisa. L’établissement, nommé

La Botte Joviale , semblait légèrement plus propre et mieux fréquenté



que certains des autres qu’elle avait croisés lors de sa promenade dans le quartier. Dès qu’elle entra le vacarme intérieur la pris par surprise. La taverne était bondée, Lys ne voyait aucune table

libre sur l’étage principale et la mezzanine semblait aussi pleine. La tavernier, tout en sueur,

emplissait les choppes à une vitesse surhumaine alors qu’un de ses employés roulait des barils vides sur le sol, les remplaçant aussitôt par des pleins. Lys fut soudainement prise par une

profonde envie de quitter les lieux et d’aller rejoindre Kermac et Valerio à la tour de garde lorsqu’elle fut interpellée.

- Lys ! Hola ici, en haut.

La jeune femme porta son regard vers la mezzanine et vit le prince Nathan, près de la balustrade, qui lui faisant des grands signes de bras. Le prince n’avait définitevement pas l’air très sobre. Ne

pouvant pas simplement l’ignorer, Lys lui fit un petit signe de la main puis se dirigea vers les

escaliers afin de monter à l’étage le rejoindre. Ce dernier se réassit à la table du coin près du mur,

il était visiblement seul.

- Viens, viens, assieds-toi !



Lys pris la chaise opposée au prince, face au mur.

- Quel bon vent amène une émissaire dans une taverne du quartier le plus pauvre de la

capitale ?- Je pourrais facilement poser la même question au prince du royaume.

- Prince ? Suis-je encore prince ? Je n’en suis même plus sûr après la petite scène de notre bienchérie altesse cet arpès-midi.

- Je suis désolé pour ce qui vous est arrivé, je ne vous connaît peut-être pas, mais la

réaction de la reine m’a semblé un peu… extrême.

Nathan poussa un petit rire puis engloutit le reste de sa choppe avant de faire signe à la serveuse de lui en apporter une autre.

- Extrême pourrait être le deuxième nom de ma sainte mère. Mais aussi folle puisse-t-elle

être, je savais bien que ce jour allait arriver tôt ou tard, je suis peut-être un prince en titre, mais je ne me suis jamais vraiment senti comme tel. Je n’ai pas la nobilité et la droiture de ma soeur… Changement de sujet, si j’ai bien compris, c’est votre première réelle

mission d’émissaire aujourd’hui ? Je suis désolé que cette scène de ménage aie été votre

première impression de la famille royale.- En fait j’étais un peu nerveuse de rencontrer de la royauté pour la première fois, c’est

presque rassurant de voir que vous avez votre lot de problèmes comme n’importe quelle autre famille.

Le prince éclata de rire.

- Vraiment ? Si c’est des problèmes que vous recherchez, le palais royal de Geyen ne cessera jamais de vous satisfaire!

- À ce point ?- Ce qu’il faut comprendre, c’est que ma mère aime les gens, elle aime Geyen comme si

chacun de ses citoyens était son enfant, mais elle se met beaucoup trop de pression sur les

épaules. Lorsque mon père, le roi, a perdu la vie il y a maintenant cinq ans de celà, elle s’est retrouvée avec un fardeau incroyable sur les épaules. Ma soeur était à peine assez

vieille pour s’occuper d’elle-même et je n’étais pas intéressé par les affaires de la cour. Ma mère s’est donc retrouvée dirigeante du plus grand royaume de Geyerra et mère de

famille. Les choses auraient pu être moins graves si elle avait accepté de l’aide, mais elle

est beaucoup trop fière pour celà. Elle préfère dormir deux ou trois heures par nuit et sombrer tranquillement dans la folie. J’aime ma mère, mais je me doute que tôt ou tard

ses agissements et ses décisions méneront le royaume à sa perte... ou à sa propre perte.



- Ça vous attriste vraiment ? Même après qu’elle vous aie renié et exilé plus tôt aujourd’hui ?

- Ce qui m’arrive, je l’ai pleinement mérité. Quitter la capitale est probablement la

meilleure chose qui puisse m’arriver à ce moment de ma vie. Qui sait, peut-être pourrais-je même finalement apprendre à être un prince…

Malgré le discours du prince qui se voulait optimiste, Lys ne sentait aucun espoir ni aucune joie

dans sa voix. Le regard de celui-ci était comme assombri d’un voile. Il tourna d’ailleurs les yeux

et regarda plus bas vers le plancher principal de la taverne. Lys se tourna vers la même direction et suivi son regard. Il portait vers une petite banquette dans une alcôve à la gauche de la porte

d’entrée. Deux hommes vêtus de noir étaient assis côte à côte et discutaient à voix basse. Il n’y avait aucune nourriture ni boisson devant eux, ce que Lys trouva plutôt louche à cette heure de la

soirée. Elle se retourna vers le prince juste à temps pour le voir se lever.

- Ma chère Lys, il me fût un plaisir d’avoir cette petite conversation, mais je dois retourner au palais royal. Je dois commencer à préparer mes choses pour quitter la ville.

Le prince paraissait soudainement encore plus préoccupé. La serveuse arriva avec la bière qu’il

avait commandé quelques minutes plus tôt. Nathan la prit, l’avala d’un trait et laissa une dizaine de pièce dans les mains de la serveuse avant de se diriger vers les escaliers. Lys eut une soudaine

impression qu’elle pouvait en apprendre plus du prince.

- Puis-je me permettre de vous accompagner jusqu’au palais. Je retourne justement dans

cette direction aussi.- Oui très certainement. Je peux me sentir choyé d’avoir l’escorte d’une émissaire pour

rentrer.

Nathan sourit à Lys puis lui fit signe de passer devant. Ils sortirent de l’auberge puis marchèrent dans la pénombre du quartier nord de la capitale en direction du palais.

***Valerio et Kremac gravirent les dernières marches menant au sommet du bastion

sud-ouest de la grande muraille de Geyen. C’était le quatrième et dernier bastion que Kermac avait demandé à inspecter ce soir. Jusqu’à présent, l’émissaire était relativement satisfait de l’état

des défenses de la ville. Certes certains des canons et catapultes sur les remparts n’avaient pas

été utilisés depuis un bon moment, mais ils semblaient généralement en bon état. Il y avait également assez de munitions pour endurer un siège d’au moins un mois ou deux. Valerio

s’avança vers la pointe du bastion et pointa en direction d’un canon, celui-ci beaucoup plus grand



que tous ceux que Kermac avait vu jusqu’à présent ce soir. Il avait déjà vu ce genre d’engin, mais pas depuis au moins une centaine d’années.

- Une salamandre ? Où diable avez vous été chercher celà ?- Une expédition de mineur dans la région de Bonavista l’a trouvé au sommet d’une

ancienne tour de guet abandonné à la frontière de Val’Damos.- Donc vous l’avez volé ?

- Volé est un grand mot, nous l’avons trouvé. Il n’y avait clairement aucun signe que les

armées de Val’Damos avaient été dans cette région depuis quelques décénnies.

Comment les Val’Damiens avaient-ils pu laisser un artefact d’une telle rareté et d’une valeur

inestimable sans protection dans un endroit aussi reculé ?

- Valerio, dites-moi que vous comprenez la puissance de ce genre d’objet. Un simple de

ces canons pourrait décimer une armée entière en quelques minutes !- C’est bien la raison pour laquelle la reine nous a ordonné de le ramener à la capitale.

Cette salamandre est l’as dans notre manche et le moyen le plus sûr de terminer une

éventuelle attaque contre la capitale le plus promptement possible et avec le moins de

victimes possible.- Le moins de victime pour vous peut-être… Je ne voudrais pas être de l’autre côté de

l’enceinte lorsque ce genre d’engin sera activé.

Kermac était vraiment soucieux de revoir une salamandre ici, en plein coeur de la capitale de

Geyen. Ces canons arcaniques n’avaient pas été utilisés depuis les dernières grandes guerres et avec raison. À la base du canon se retouvaient sept petites fentes de formes circulaires. Dans

chacun de ces orifices devait être placé un cristal d’arcanium, la principale source d’énergie de Geyerra. Une fois les sept cristaux en place et la salamandre activée, le catalyseur du canon tire

l’énergie des cristaux progressivement jusqu’à ce qu’ils soient complètement draînés. Une fois le catalyseur à puissance maximale, l’opérateur du canon n’a qu’à enfoncer le marteau se trouvant à

l’extrémité sécuritaire de la salamandre sur le catalyseur. Lorsque celui-ci est détruit, il relâche

toute l’énergie accumulé en ligne droite vers la bouche du canon.Kermac avait des souvenirs vivides de petit villages fermiers être désintégrés d’un seul coup par

une charge de salamandre. Lors du dernier conseil de Geyerra un vote avait d’ailleurs eu lieu sur l'interdiction de ce type d’armes dans l’éventualité d’une prochaine guerre. La motion avait été

refusée par huit des onze provinces de Geyerra et n’avait donc pas été adoptée. Mais si je me

souviens bien, Geyen était l’une des trois provinces ayant voté en faveur de bannir ce genre

d’arme.

- Avez-vous amassé assez d’arcanium pour activer le canon ?



- Les derniers rapports mon confirmés que nous avons présentement quinze cristaux sous la main. C’est donc assez pour tirer la salamandre à deux reprises. Nous tentons d’en

amasser plus, mais le tout doit se faire relativement secrètement, nous ne voudrions pas

que les autres royaumes apprennent que Geyen est activement à la recherche de grandes quantités d’arcanium.

Déjà assez pour tirer deux fois! J’aimerais bien me dire que je pourrai convaincre la reine de ne

pas l’utiliser, mais je crois que ce sera mission impossible présentement.

- Valerio, si tu me permets la demande, j’aimerais que toi et tes hommes cessiez de toucher à la salamandre pendant quelques jours. J’aimerais bien que Rhael’gazor vienne

personnellement lui jeter un petit coup d’oeil. Un malfonctionnement dans ce genre d’outil pourrait avoir des conséquences désastreuses comme vous le savez et mon maître

est fort probablement une des personnes les plus compétentes pour inspecter ce canon.



- Soit, comme tu le veux Kermac. À mois qu’une armée ne cogne aux portes de la capitale et que la reine m’ordonne de l’utiliser, je verrai à ce que personne n’y touche dans les

prochains jours.

- Merci Valerio. Allons, il se fait tard, nous devrions retourner vers la tour de garde.

Les deux hommes quittèrent le bastion et descendirent à l’étage médian du rempart. Ils tournérent sur leur droite et se mirent à marcher vers le sud. Les torches aux murs n’étaient pas

allumés, mais la lune, presque pleine, éclairait leur passage à travers les meurtrières de la

muraille. Valerio brisa le silence.

- Avons nous un plan pour protéger la reine ? Nous n’en avons pas beaucoup discuté ce soir.

- Je ne suis pas certain encore. Toi ou moi devrons être en sa présence en tout temps et

l’autre probablement avec la princesse. Tu devras choisir les hommes en lesquels tu as le

plus confiance pour assurer la protection de la ville aux endroits névralgiques.- Pour ce qui est de la princesse, elle sera bien entourée. Elle s’est enrôlée dans la garde de

la ville il y a près de six mois de celà, elle a déjà gradué au stade de sous-capitaine. Elle

sera probablement en permanence avec son bataillon.

- La princesse Catherine est dans l’armée ?- Oui, c’était ce qu’elle disait, elle croyait que c’était la meilleure façon pour elle pour

défendre les intérêts des citoyens de la capitale.- Et la reine a accepté ?

- Tu n’es peut-être pas venu à Geyen à l’époque Kermac, mais la reine Sierra n’es pas née

de sang noble. Elle était une pauvre paysanne dans sa jeunesse et est arrivée à la capitale vers la fin de son adolescence pour s’enrôler dans les armées de Geyen. Elle fut même la

première femme à occuper le poste de général de district. Elle était de garde au palais royal lors d’une cérémonie d’assermentation lorsqu’elle a rencontré le prince, son défunt

mari, pour la première. Elle a quitté l’armée pour se marier et éventuellement devenir reine. Son altesse a peut-être ses défauts, mais c’est une femme d’action qui est toujours

prête à se mettre le nez là où ça chauffe pour défendre ses pairs. Je crois qu’elle est fière

que sa fille suive son exemple.

Kermac se rendit compte que malgré les centaines d’années qu’il avait passé à servir les Gardiens et Geyerra, il y avait un grand nombre de choses qu’il ne savait pas.

- Je ne connaissais pas cette histoire. Ça explique en partie la réaction de la reine cet après-midi.



- C’est le défi de travailler avec la reine, être capable de comprendre et accepter sa volonté de vouloir aider les gens tout en s’assurant de convenablement faire ton travail et la

garder en sécurité.

Au mois la reine sait se défendre, ou savait se défendre, elle n’a clairement plus la même force

physique qu’elle avait dans sa jeunesse.

Arrivé au pied du rempart, près de la porte sud de la ville, Kermac entendit un cri de femme

venant de l’ouest dans une allée menant vers les grands escaliers et la section portuaire de la capitale. Valerio avait entendu aussi.

- Qu’est-ce que c’est que celà ?

- Quelqu’un est en danger, ça provient de la grande bâtisse en briques rouges là-bas au sud

de la rue des artisans.

- C’est l’ancienne forge de la ville. Kermac ce bâtiment est condamné depuis près de cinquante ans, personne n’y habite.

- Eh bien clairement quelqu’un a décidé de s’y aventurer ce soir. Dépêche-toi.

Kermac et Valerio partirent au pas de course et arrivèrent devant l’ancienne forge en quelques secondes. Ils virent rapidement que le cri était effectivement venu de cet endroit. Les panneaux

de bois cloués qui condamnaient la porte principale de la bâtisse avaient été passés à la hache et pendaient de chaque côté de celle-ci. Kermac jeta un coup d’oeil dans l’ouverture de la porte et

vit que le hall donnait sur un long couloir, on pouvait apercevoir la lueur d’une flamme venant de

l’autre bout. Il se retourna vers Valerio.

- Il y a des gens à l’intérieur. Laisse-moi passer premier, ne fais pas de bruit.

Valerio acquiesça et suivit l’émissaire dans le hall de la forge. Des barils rempli d’un liquide noirci et des vieilles boîtes défoncées faisaient la haie d’honneur de chaque côté du couloir

principale. Les deux hommes approchaient de la grande salle d’où provenait la lumière, mais

aucun son ne se faisait entendre. Kermac ralentit le pas et fit signe à Valerio d’arrêter. Il procéda à l’intérieur de la salle.

Kermac se retrouvait à l’entrée d’une forge semblable à toutes les autres qu’il avait vu dans sa

vie. D’immenses bassins longeaient le mur opposé de la pièce, des caisses d’épées, de lances et

de haches usées ou non-terminées, des enclumes des soufflets. Les deux torches sur pied à chaque extrémité de la pièce était allumées. Les établis de bois étaient presque vide, bref rien de

suspicieux si ce n’était du corps sur le sol en plein centre de la pièce. Kermac s’avança avec



précaution et vit qu’il s’agissait d’une femme. Elle baignait dans une mare de sang, la gorge tranchée chirurgicalement. Trop tard pour l’aider..

- Valerio, tu peux venir. Il n’y a personne d’autre je crois.

La capitaine de la garde royale pénétra dans la pièce et se jeta en direction du corps de la femme dès qu’il le vit.

- Par les Gardiens, qui a fait ça ?

Il releva la tête et regarda nerveusement dans toutes les directions avant de rejeter son regard sur Kermac.

- Les torches sont allumés, les assassins étaient ici ! Où sont-ils ?

- Peu importe leurs intentions, ils ont fait vite, je ne sens pas la présence de personne d’autre ici.

- Nous n’avons vu personne sortir de la forge.

- Par l’avant, il doit certainement y avoir d’autres sorties à cet endroit.

- Non Kermac, j’ai déjà fait un milion de rondes de gardes dans ce quartier, il n’y a aucune autre issue à cette forge mis-à-part la porte principale. L’endroit était utilisé comme abri

fortifié pendant les dernières guerre puisqu’il n’y avait qu’une entrée à garder.

Kermac ne comprenait pas. Il ferma les yeux et se concentra du mieux qu’il pouvait, mais ne

sentit toujours aucune autre présence dans les environs.

Il doit y avoir une autre issue, c’est impossible. Mais… quoi… qu’est-ce que c’est que ça ? Des signes de vie apparaissaient

soudainement dans toutes les directions. Comment ? Comment est-ce que je ne les ai pas senti

avant ? Il rouvrit les yeux.

- Valerio attention, ils arrivent !

- Qui…

Au même moment cinq hommes, arbalètes en mains, pénétrèrent dans la pièce depuis la porte

que Valerio et Kermac venaient d’utiliser. À l’autre extrémité de la pièce, près de l’autre torche, une porte de pierre coulissa laissant entrer sis autres hommes. Tous étaient de noir vêtus et

portaient le masque. La ligue de Soresh !

Valerio et Kermac étaient dos à dos au centre de la pièce alors que les assassins refermaient les

deux issues de la pièce. Quelques secondes plus tard, l’émissaire de Garusha et le capitaine de la garde royale de Geyen faisaient face à onze arbalètes tendues dans leur direction.



***

Le prince Nathan de Geyen et Lys arrivaient en vu du palais royal. La lune, maintenant haute dans le ciel éclairait de façon majestueuesement les vitraux des grandes tours de celui-ci.

- Cette ville est vraiment magnifique lorsque l’on prend le temps de l’observer…

Le prince s’arrêta et regarda l’émissaire. Lys se rendit compte qu’elle avait probablement encore son habituel sourire naïf. Ressaisis-toi Lys, tu est une émissaire de Garusha, pas une touriste.

Elle regarda le prince de Geyen et pour la première fois réalisa à quel point il était beau. La lumière de la lune réflétait dans ses yeux gris et donnait un reflet bleuté à ses cheveux d’ébènes.

Il pourrait être le prince le plus aimé et respecté de l’histoire de Geyen s’il se préoccupait un

plus de sa personne.

- Qu’y a-t-il dame Lys ? Vous semblez rêveuse.- Rien… Je songeait simplement à ma soirée. J’espérais trouver un peu plus d’indices

quant à la présence de la ligue de Soresh dans la capitale.

- Ces gens sont passés maître dans l’art de ne pas se faire voir. Il faudra plus qu’une balade dans le quartier nord pour les débusquer. Vous y arriverez, j’en suis certain. Cependant,

les gens louches, ce n’est pas ce qui manque dans la capitale, ça complique légèrement les choses.

Lys se souvint soudainement des deux hommes mystérieux de la taverne et de la raison pour laquelle elle avait demandé à accompagner le prince.

- Dites-moi Nathan, vous sembliez quelque peu troublé un peu plus tôt à l’auberge avant

de quitter. Avez-vous vu ou entendu quelque chose qui vous aurait dérangé ?

Le prince reprit son air sombre et se remit à marcher en direction du palais. Il répondit à Lys sans

la regarder.

- Si je vous répond, pouvez-vous me promettre de ne pas en parler à la reine ?- Oui, sans problème. Vous pouvez me faire confiance.

- Les deux hommes en noir près de la porte de la taverne, j’ai eu affaire à eux plus tôt

aujourd’hui. Je cherchais à me procurer des… de la marchandise et un de mes contacts dans la basse-ville m’a référé à ces hommes pour mes besoins.

- Quelle marchandise ?



- Ce n’est pas important. Bref je me suis rendu dans une petite résidence dans la basse-ville, mais quand j’y suis arrivé, ils m’ont dit qu’il n’avait pas ce que je désirais

avec eux et que l’on devait se rendre à un autre endroit. Je l’ai ai suivi jusqu’à l’ancienne

forge de la ville. Cet endroit a été barricadé il y bien des années, bien avant que je ne sois né, mais lorsque nous y sommes arrivé la porte d’entrée avait été défoncée à la hache.

Ces deux hommes m’ont dit que toute leur marchandise se trouvait à l’intérieur. Ils m’ont demandé de les suivre, j’ai refusé et leur ai dit que j’allais attendre à l’entrée.

- Et puis ?

- Ils m’ont dit qu’ils ne faisaient aucune affaire à l’extérieur, que c’est leur politique. J’ai alors décliné leur offre et je suis parti. Je les ai recroisé un peu plus tard à la place

publique, je croyais alors que c’était un hasard, mais en les revoyant à nouveauà la taverne plus tôt… Je crois qu’ils me suivent.

Lys était soudainement furieuse envers le prince.

- Pourquoi ne m’avez-vous rien dit ? Vous savez que votre vie est en danger, nous vous l’avons dit cet après-midi ! Ces hommes sont fort probablement des espions de la ligue de

Soresh...

- Entre vous et moi Lys, je n’en ai pas grand chose à faire que ma vie soit en danger. Je quitte la capitale dans deux jours et serai à une semaine de monture d’ici sous peu. Si je

dois mourir d’ici-là soit, personne ne va me pleurer.- Ne pensez-vous vraiment qu’à vous-même ? Ces hommes sont les mêmes hommes qui

veulent saboter le conseil de Geyerra, tuer votre mère et votre soeur et qui sait qui d’autre

à la capitale. Peut-être travaillent-ils de pair avec les responsables de l’assassinat de deux émissaires et avec ceux qui souhaiteraient déclencher une nouvelle guerre à travers tout le

continent ! Vous auriez réellement dû me dire tout celà avant…

Autant Lys était-elle furieuse envers le prince, elle l’était également envers elle-même. Elle venait de perdre une chance en or de débusquer la ligue dans la capitale et elle le savait très bien.

Elle tenta de se calmer.

- Où est cette forge dans laquelle les hommes ont tenté de vous faire entrer plus tôt

aujourd’hui ? Il s’agit peut-être d’un de leur repaire dans la capitale, j’irai investiguer l’endroit avec Kermac.

- À l’entrée de l’allée des artisans dans la basse-ville. Vous ne pouvez pas la manquer,

c’est à deux minutes de marche à l’ouest de la tour de garde sud.- La tour sud ? C’est l’endroit où Kermac et Valerio sont présentement.

Merde alors, s’ils entrent dans cette forge sans savoir qu’il s’agit d’un repaire de la ligue...



- Nathan je dois vous quitter,je dois m’assurer que Kermac n’est pas en danger.

- Certainement Lys. Désolé si je vous ai mis dans le pétrin, ce n’était pas mon intention.

- J’espère simplement que rien n’est arrivé à personne.

Lys se tourna pour partir.

- Lys… Merci pour la soirée. J’espère vous revoir avant mon départ.

- Je serai au palais demain. Rentrez vite. Même si vous ne semblez pas particulièrement tenir à votre vie, je me sentirais personnellement un peu mieux si vous ne mourriez pas ce

soir.

Lys partit aussitôt au pas de course en direction de la vieille forge.

***

Les assassins avaient maintenant encerclé Kermac et Valerio, les menaçant toujours de

leurs armes. Kermac n’avait aucune idée quel était le but de cet attentat. Sont-ils ici pour le

capitaine des gardes ou pour moi ? La ligue est-elle déjà alerté à la présence d’émissaire dans

la capitale ? Par Garusha.. Lys est peut-être également traquée présentement. Je n,aurais jamais

dû la laisser seule pour sa première mission.

Ces pensées ne servaient à rien présentement. Kermac tenta de gagner un peu de temps.

- Quelle est la raison de cette attaque ?

Un des assassins face à Kermac s’avança plus près de lui.

- Je ne sais pas qui vous êtes, mais j’ai le malheur de vous annoncer que vous allez mourir

ici ce soir. Nous sommes ici pour le capitaine Valerio, mais la ligue de Soresh a un

historique de ne pas laisser de témoins survivre. Vous comprendrez que c’est notre réputation qui est en jeu.

Parfait, ils ne savent pas qui je suis. Ils ne seront pas préparé à affronter un émissaire. Kermac

pointa vers le corps sur le sol.

- Qui est cette femme alors ? Un autre malheureux témoin ?

- Non son nom est… Quel est son nom déjà ?



Il s’était retourné vers un de ses confrères.

- Nadia.

- Ah oui Nadia. Non elle n’est pas un témoin, simplement une diversion. Nous avions besoin d’une petite ruse pour attirer la capitaine de la garde royale ici ce soir. Mais ne

vous inquiétez pas, ce n’est pas quelqu’un d’important, une simple pute déniché au bordel local. Nous nous sommes assuré qu’elle meure heureuse.

Les assassins se mirent à ricanner en unison. Kermac était dégoûté.

- Vous êtes des monstres, vous allez payer pour vos crimes !- C’est plutôt le contraire, nous allons être payé pour nos crimes. Sauf pour ce que nous

avons fait à Nadia, ça c’était du bénévolat.

- Pourquoi faites-vous celà, vous pensez réellement que de tuer le capitaine des gardes est

assez pour saboter le conseil de Geyerra ? Vous sous-estimez grandement la reine Sierra.- La reine sera morte avant le début du conseil, la même chose vaut pour la princesse et le

prince. La capitale entière sera entre les mains de la ligue sous peu, il n’y aura pas de

conseil de Geyerra.



Kermac ne comprenait pas. Les assassins que Kalya avait apperçu à Karnavelle ne pouvait définitivement pas déjà être à la capitale. Ces hommes-ci étaient de simples sbires de la ligue et ne devaient pas être dans la confidence de la liste de noms des cibles de la ligue.

Il y aura

d’autres moments pour se poser ces questions.

- Assez discuter maintenant. Hommes, tuez ces deux imbéciles !

Au même moment dix arbalètes décochèrent simultanément, une nuée de carreaux se dirigeant

vers les deux victimes. Kermac eut à peine le temps de lever les bras et conjurer une sphère

d’énergie violette qui l’entoura, de même que Valerio. Les projectiles vinrent percuter le dôme de protection et tombèrent sur le sol.

- Quoi ? C’est un émissaire ! Tirez à nouveau.

Les hommes rechargèrent et tirèrent encore les une après les autres en vain, les carreaux étant tous interceptés par le champs de protection de Kermac. L’émissaire ne pouvait rien faire tant



qu’il devait maintenir le sortilège. Je dois trouver un instant pour passer à l’offensive. Il tourna la tête vers Valerio et vit que l’homme était figé par la peur, contemplant la mort se diriger vers

lui à répétition arrêtée par le petit écran de protection qui l’entourait.

- Valerio, je ne pourrai pas garder le bouclier indéfiniment. Quand je vais le demander,

projète-toi sur le sol, je vais laisser tomber l’écran de protection et tenter de les neutraliser le plus rapidement que je puisse.

Valerio reprit ses esprits et dégaina son épée.

- Je te fais confiance Kermac, tu ne m’as jamais laissé tomber jusqu’à présent.

Kermac porta une attention particulière aux assaillants. La première nuée de carreaux étaient

venues avec un synchronisme parfait, mais chaque assassin rechargeait à une vitesse différente.

Il ne suffisait que de trouver le moment parfait pour passer à l’attaque. L’émissaire tourna sur lui même, les mains toujours levées vers le haut, se concentrant sur tous les mouvements des



assassins. Le plus rapide des tireurs était à cours de carreaux et se baissa pour ramasser ceux tombés à ses pieds.

- Valerio, maintenant.

Le capitaine des gardes se jeta sur le sol et au même moment Kermac baissa les bras, se retournant brusquement vers les trois hommes qui avaient déjà rechargé leur arbalète puis lança

des missiles magiques promptement dans leur direction. Les missiles les frappérent en plein torse

et les hommes tombèrent sur le sol. Kermac sauta vers le mur de rapproché de la pièce puis déchargea une vague de missiles qui partirent en sifflant vers chacun des autres assassins.

En moins de cinq secondes, les dix assassins gisaient sur le sol, morts. Seul leur leader avait eu le

temps de se jetter derrière l’enclume près du bassin le plus loin de Kermac. Le missile magique

lui étant destiné avait percuté l’enclume et celle-ci avait frappé le sol provoquant un bruit

métallique qui fit écho dans toute la forge. Kermac tira un autre missile en direction de l’assassin à l’instant où celui-ci décochait un nouveau projectile de son arbalète. Le leader des assassins n’eut pas le temps de voir qu’il avait touché sa cible, il tomba raide mort sur le sol.

Kermac entendit le gémissement de douleur de Valerio et se tourna dans sa direction. Le capitaine des gardes avait pris le carreau en plein cou, le sang giclait par spasme.

- Valerio, non !

Kermac arracha sa chemise et se propulsa vers le capitaine entourant le cou de celui-ci avec la chemise. Le tissu devint entièrement imbibé de sang presque instantanément. Valerio fixait

Kermac intensément, la bouche ouverte tentant de parler. Aucun mot ne sortit de sa bouche, seulement du sang. Ses yeux se voilèrent et la mort le prit.

- KERMAC !

Kermac se retourna subitement et eu à peine le temps de voir la dague à quelques centimètres de son visage lorsqu’un éclair bleu l’aveugla. Il se sentit pris d’un froid intense et soudain puis

tomba sur le dos.

- Kermac. Kermac, est-ce que tu vas ?

Kermac ne comprenait rien de ce qui venait de se produire. Il leva le regard et vit Lys qui

s’avançait dans sa direction. Sur sa droite, un des assassins qu’il croyait avoir tué plus tôt gisait, maintenant certainement mort, la poitrine transpercée d’un pic de glace d’un mètre de long.



- Tu… Tu m’as sauvé la vie Lys.- Tu sembles avoir fait du bon travail avant que j’arrive.

- N… Non

Lys prit un air interrogateur puis elle vit le corps de Valerio sur le sol.

- Oh non…

Kermac regarda Lys s’asseoir sur le sol, l’air visiblement troublé. Cette mission commence très mal…

- Lys j’ai un sentiment profond que nous avons affaire à plus qu’une simple ligue

d’assassin ici. Nous devrons tous redoubler de précaution dans les prochaines semaines.

- Je sais. Le prince, sans le savoir, a été en contact avec des assassins de la ligue

aujourd’hui. S’il n’avait pas eu un aussi bon jugement il serait mort également à l’heure qu’il est.

- Je dois rentrer au palais avertir la reine. Peux-tu apporter les corps de Valerio et de la

femme au temple le plus rapidement possible. Tente de ne pas te faire voir, nous ne

voulons pas que la peur ou la panique commence à s’installer de la population.- Certainement.

- Oh et Lys… Comment as-tu sû ?- Le prince m’a dirigé vers cet endroit. Dès que je suis arrivée à proximité j’ai aussitôt

ressenti ta détresse, j’ai fait du plus vite que j’ai pu.

- Tu as bien fait Lys, très bien fait.



Lys tendit la main à Kermac qui se releva. Il jeta un dernier regard vers l’homme qu’il avait considéré comme un ami et comprit pourquoi Rhael’gazor lui avait toujours conseillé de ne pas se faire d’amis sur Geyerra. Tôt ou tard, ils sont tous destinés à mourir…

Kermac laissa Lys s’occuper des morts et partit annoncer la grave nouvelle à la reine.

***

Deux jours après les évènements de la vieille forge, Rhael’gazor avait rejoint Kermac et

Lys dans la salle du conseil du palais royal pour une mise-à-jour des récents évènements. Kermac, même s’il ne n’admettrait pas, était bien heureux de voir son confrère et mentor venir

leur donner un coup de main après tout ce qui était arrivé ici dans les derniers jours.

La reine avait pris la mort de Valerio comme un coup de massue en plein visage et n’était pas

sortie de ses appartements depuis que Kermac lui eut annoncé la nouvelle. Pendant ce temps, la princesse Catherine s’occupait des fonctions officielles de la cour et avait également pris la



responsabilité de trouver un nouveau capitaine pour la garde royale. Le prince, lui, avait terminer ses préparatifs et devait quitter pour Bénédicte la journée même.

Lys, quant à elle, avait arpenté la capitale sans cesse depuis l’avant-veille afin de tenter de retracer les deux hommes de la ligue de Soresh qu’elle avait apperçu à la taverne le soir de

l’attentat contre Valerio. Ses recherches avaient été sans succès malheureusement.

Rhael’gazor s’assit au côté de Kermac et fixa longuement les deux émissaires avant de prendre la

parole.

- Kermac, Lys, en premier lieu je tiens à vous remercier pour votre travail des derniers jours même si je sais que ça n’a pas été facile pour vous. J’ai également reçu une bonne

nouvelle d’Ayoub à Alta-Malorka, le cercle des anciens Astraanis a accepté de dépêcher

cinq de leurs membres à Geyen immédiatement, ils arriveront sous-peu avec Ayoub et

pourront aider Kermac à préparer la capitale pour le temps restant avant le conseil de Geyerra.

Kermac poussa un soupir de soulagement, l’aide des Astraanis allait certainement s’avérer

indispensable dans les prochains jours.

- Et dites-moi maître, avez-vous eu des nouvelles de Kalya?- Rien pour l’instant malheureusement. Elle est dans le région nord de Kel’thir

présentement à investiguer les villages entourant la cité militaire de Dhjerba, mais aucun

indice en lien avec la mort de l’émissaire de Cerberus jusqu’à présent.

Rhael’gazor se tourna alors vers Lys qui attendait toujours ses directives.

- L’attentat dont ont été victimes Kermac et Valerio il y a deux jours nous prouve une chose et c’est que la ligue de Soresh est déjà en mode attaque et est prête à tout pour

éliminer ses cibles avant le début du conseil. Le royaume de Geyen n’est certes qu’un des

douze territoires politiques de Geyerra, mais il est la pierre d’assise de l’alliance nord du continent et la seule force militaire de respect empêchant Kel’thir de se lancer dans un

effort de guerre digne de ce nom. Si les membres de la famille royale sont éliminés par la ligue, une période de chaos pourrait bien s’installer dans la capitale provoquant une

fenêtre d’opportunité parfaite pour une invasion Kel’thirienne en territoire Geyéeen.,.

Nous ne pouvons permettre que ce genre de situation se produise. Advenant que Kermac et Ayoub échouent dans leur mission de protéger la reine et la princesse, le prince Nathan

sera la seule personne à pouvoir prendre le trône et diriger les armées de Geyen. Pour cette raison, l’exil du prince par la reine est quasiment une bonne nouvelle pour nous, il



sera plus difficile pour la ligue de les éliminer tous en même temps s’ils sont séparés. Cependant, malgré les ordres de la reine, nous ne pouvons pas laisser le prince voyager

seul jusqu’à Bénédicte, il s’agit de près d’une semaine de route pendant laquelle il sera

extrêmement vulnérable. Lys, je veux que tu accompagnes le prince jusqu’à Bénédicte et que tu y restes avec lui jusqu’à ce que nous ayons réussi à éteindre la menace qui pèse sur

le reste de la famille royale.

Lys sembla un peu surprise par la décision de Rhael’gazor.

- N’allez-vous pas vous attirer la colère de la reine en me confiant cette mission ?

- Probablement, si elle le savait. Je vais dire à la reine qu’Ayoub vient ici pour te remplacer et que je t’envoie sur une autre mission pour combattre la ligue de Soresh. Pour s’assurer

de ne pas attirer l’attention cependant, tu ne dois pas partir avec le prince, ni le mettre au

courant de nos intentions. Retourne à la Vigile et au coucher du soleil tu te téléporteras au

village de Nieve à quelques kilomètres d’ici, ce sera fort probablement l’endroit où le prince s’arrêtera pour sa première nuit sur la route. Tu le rejoindra à ce moment et lui expliquera la raison de ta présence.

Lys acquiesca. Kermac la regarda n’étant pas trop certain encore si c’était Ayoub et lui à la capitale qui aurait la tâche la plus compliquée dans les prochains jours ou bien Lys, seule sur la

route, gardant un prince traqué par la ligue de Soresh. Une chose était certaine, Lys avait déjà fait de bons contacts avec le prince et serait probablement la meilleure émissaire pour cette mission

particulière.

Rhael’gazor annonça ensuite qu’il allait retourner à la Vigile et tenter de contacter Kalya pour la

mettre au courant des plus récents développements dans la capitale. Une fois qu’il leur eût souhaité bonne chance et qu’il eût quitté, Kermac alla donner ses derniers mots d’encouragement

à Lys pour la mission qui l’attendait.

- Ne te laisse pas berner par cette mission qui puisse sembler comme du gardiennage, tu as

vu ce dont la ligue est capable et il est certain qu’ils tenteront par tous les moyens de retrouver et d’éliminer le prince.

- Je sais. Ne t’inquiètes pas, je n’ai aucune intention de vous décevoir. Allez, bonne chance Kermac.

- Toi aussi.

Lys toucha le cristal de téléportation à sa ceinture puis disparut dans un éclat de lumière blanche.

Kermac la regarda se volatiliser devant lui avec une étrange impression qu’il n’allait pas la revoir de sitôt.

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Episode 4 - Lattentat