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Équipe IETO – centre de recherche Inserm – observatoire MAVIE – juillet 2016

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Observatoire MAVIE :

Les accidents de la vie courante en France.

Sommaire

I. Définition ................................................................................................................................................. 1

II. Historique ................................................................................................................................................ 2

III. Chiffres clés .............................................................................................................................................. 4

IV. Les grands mécanismes d’AcVC................................................................................................................. 4

a. Quels types d’accidents ? ..................................................................................................................... 4

b. Les enfants : population à risque n°1 .................................................................................................... 5

c. Les personnes âgées : population fragilisée .......................................................................................... 6

V. Un pilier essentiel : la prévention .............................................................................................................. 6

VI. Sources & liens utiles ................................................................................................................................ 7

I. Définition Les accidents de la vie courante (« AcVC ») sont classiquement définis comme correspondants à l’ensemble des

traumatismes non intentionnels, exceptés les accidents de la route et du travail. On entend par « traumatisme »

un évènement causé par un élément extérieur et ponctuel : la chaleur dans le cas d'une brûlure, une énergie

mécanique dans le cas d'une collision avec un objet... Les autres évènements de santé ne sont donc pas

considérés comme des traumatismes ; par conséquent, un infarctus, les conséquences physiques d’une maladie

chronique, une crise d’asthme ou d’allergie, ne sont pas des accidents de la vie courante.

Les mécanismes, les circonstances et les conséquences des AcVC sont particulièrement hétérogènes et

diversifiés. Ces traumatismes présentent cependant des facteurs récurrents et pourraient, pour la plupart, être

évités. Si les enfants et les personnes âgées sont particulièrement sujets à ces traumatismes, c’est en réalité tous

les âges qui sont concernés, hommes et femmes confondus.

La définition des accidents de la vie courante mérite d’être précisée, car de cette définition peut dépendre les

champs d’investigation des études scientifiques, la précision des politiques de santé publique, ou encore la

participation adéquate à des programmes de recherche internationaux sur le sujet (à l’étranger on parle plutôt

de traumatismes que d’accidents ; les AcVC étant traduits par « home and leisure injuries » chez les anglo-

saxons).1

« Traumatisme » : "Les traumatismes sont causés par une exposition aiguë à des agents physiques tels que énergie mécanique, chaleur,

électricité, agents chimiques, radiations ionisantes, qui interagissent avec le corps dans des quantités ou des taux excédant le seuil de

tolérance humaine. Dans certains cas (par exemple la noyade ou le gel), les traumatismes proviennent du manque soudain d'un élément

essentiel tel que l'oxygène ou la chaleur". Organisation Mondiale de la Santé - OMS

« Non intentionnel » : qui n’a pas été délibérément causé (≠ des traumatismes intentionnels : suicides et tentatives de suicide, agressions et

violences, faits de guerre…).

1 Livre Blanc Prévenir les accidents de la vie courante. Commission de la Sécurité des Consommateurs, Institut National de la Consommation, MACIF Prévention, 2008.

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II. Historique C’est à partir des années 1990 que la question des accidents de la vie courante commence à prendre de

l’importance dans les politiques de surveillance et de santé de la population. À l’époque, quelques enquêtes

ponctuelles apportent un premier éclairage sur ces traumatismes, mais il faudra attendre le début des années

2000 pour une prise en charge à la hauteur de cet enjeu de santé publique. L’enquête EHLASS (European Home

and Leisure Accident Surveillance System) qui alimente alors le système européen IDB (Injury Data Base) passe,

pour sa composante française, sous la responsabilité de l’InVS, qui la refond en Enquête EPAC (Enquête

permanente sur les accidents de la vie courante)2. Depuis les années 2000, le système EPAC recueille de manière

exhaustive les AcVC ayant été pris en charge par le service des urgences d’une dizaine d’hôpitaux volontaires.

Publiées chaque année, ces enquêtes offrent une vision descriptive de ces traumatismes (données

sociodémographiques des victimes, caractéristiques de l’accident et produit impliqué, prise en charge des

soins…), et sont, pour certaines, le socle des politiques de prévention actuelles. La couverture géographique

d’EPAC ne permet cependant pas d’obtenir une représentativité totale de ses résultats à l’échelle nationale.

Notons aussi que cette étude ne recueille pas de données sur les accidents n’entrainant pas de recours aux

urgences ni sur les facteurs favorisants ou prévenants ces accidents.

En parallèle, l’InVS réalise ponctuellement, seul ou avec d’autres institutions, des enquêtes sur des thématiques

plus spécifiques : enquêtes Noyade triennales, enquête Défenestration, enquêtes en environnement scolaire…

Un certain nombre d’organismes, publics ou privés, produisent aussi des données plus thématiques et

parcellaires :

- Le CépiDC (Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès) comptabilise les AcVC ayant causé

directement un décès ;

- Le SNOSM (Système national d’observation de la sécurité en montagne) et l’association Médecins de

Montagne recensent les interventions réalisées par les services de secours en montagne ;

- Le Baromètre Santé annuel de l’INPES inclut un volet « accidents » ;

- La CSC (Commission de la sécurité des consommateurs) recueille les informations sur les dangers

présentés par des produits ou des services ;

- D’autres professionnels, comme les Pompiers, certaines mutuelles d’assurances, contribuent aussi

ponctuellement au recueil de données.

L’ensemble de ces travaux ont permis de dresser un portrait concret de l’ampleur de ces AcVC (voir chiffres clés)

et d’apporter un éclairage médiatique et politique à cet enjeu de santé publique majeur.

En 2004, la loi relative à la politique de santé publique présente, parmi ses 100 objectifs, les trois cibles

suivantes3 :

- Réduction de 50% de la mortalité par accidents de la vie courante des enfants de moins de 14 ans d'ici

à 2008.

- Réduction de 25% du nombre de personnes de plus de 65 ans ayant fait une chute dans l'année d'ici à

2008.

- Réduction de 30 % de la mortalité par intoxication par le monoxyde de carbone.

Concernant les enfants, une étude menée par l’InVS en 2011 montre une diminution de 11% du taux de mortalité

par accident de la vie courante ; réduction bien en deçà des objectifs portés par la loi4.

2 Enquête permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC). Institut de veille sanitaire. 3 Loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique. 4 Mortalité par accident de la vie courante en France métropolitaine, 2000-2008. Y. Barry et al., InVS 2011.

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La création d’un laboratoire dédié « à la mise en place d’un système d’information complet sur les AcVC » est

par la suite envisagée mais n’aboutit pas, faute de financement et de coopération interministérielle5.

En 2007, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes)

et la DGS (Direction générale de la santé) mettent en place un « Plan national de prévention des accidents de la

vie courante ». Ce plan semble plus orienté sur la prévention envers les citoyens, que sur le recueil d’informations

sur ces traumatismes.

En 2008, le forum « Prévenir les accidents de la vie courante » rassemble un certain nombre d’acteurs de la

prévention : associations de consommateurs, institutions publiques, fédérations de professionnels, acteurs de la

société civile. La CSC (Commission de la sécurité des consommateurs), l’INC (Institut national de la

consommation) et Macif Prévention, à travers la publication d’un Livre Blanc6, résument alors les conclusions et

préconisations de ces experts. Ce document, qui se veut garant des bases « d’une politique de prévention des

accidents de la vie courante au plus près des citoyens » est alors remis aux ministères concernés. Un portail grand

public d’information et de prévention, Stop aux accidents quotidiens, est par la suite créé afin de « fédérer

l’ensemble des informations et initiatives émanant des acteurs de la prévention des accidents de la vie courante

et de les mettre à la disposition du grand public et des autres acteurs concernés » (ce portail n’est plus mis à jour

actuellement).

Un an après cette initiative, un bilan « Le livre blanc, un an après... » est publié par les trois protagonistes

principaux du forum7. Si certaines mesures préconisées ont reçu un écho dans les politiques publiques (comme

la mise en sécurité du logement des personnes âgées dans le Plan de développement des services à la personne,

la législation autour des Détecteurs Avertisseurs Autonomes de Fumée - DAAF), les auteurs soulignent que la

reconnaissance des AcVC comme grande cause nationale est nécessaire afin de les ancrer de manière pérenne

et visible dans les politiques globales des ministères, organismes ou associations concernées. Dès 2010, le

collectif CLAC (Collectif inter associatif de Lutte contre les Accidents de la vie Courante) réitère régulièrement

cette candidature ; sans succès jusqu’à présent8.

Une des préconisations portée par les experts du Livre Blanc consistait à renforcer la recherche en épidémiologie

sur ces accidents, car « disposer de statistiques, de données épidémiologiques, permet d’orienter les politiques

de prévention »9. En 2008, l’équipe IETO du centre de recherche INSERM U1219, investit le champ de la

prévention et de la prise en charge des traumatismes10. Sollicitée par Calyxis11 (Pôle d’expertise du risque), les

deux entités s’associent et conçoivent l’observatoire MAVIE, première étude longitudinale et d’envergure

nationale sur les AcVC. Cette étude se veut complémentaire d’EPAC de l’InVS, et collecte pour la première fois

des données très complètes sur les facteurs des accidents. Sa méthodologie repose sur un large recueil

d’informations déclarées ou observées avant l’accident, telles que l’environnement domestique, les habitudes

et le mode de vie des victimes, leur état de santé…, permettant une analyse fine des facteurs de risque associés

à la survenue et à la gravité de ces accidents. Les données recueillies permettront, dans un second temps, de

formuler des préconisations et de mettre en place des programmes d’intervention et de prévention innovants.

5 Livre Blanc Prévenir les accidents de la vie courante. Commission de la Sécurité des Consommateurs, Institut National de la Consommation, MACIF Prévention, 2008 (p.102). 6 Livre Blanc Prévenir les accidents de la vie courante. Commission de la Sécurité des Consommateurs, Institut National de la Consommation, MACIF Prévention, 2008. 7 Prévenir les accidents de la vie courante : actes du Forum 2009. Commission de la Sécurité des Consommateurs, Institut National de la Consommation, MACIF Prévention, 2009. 8 Collectif CLAC 9 Livre Blanc Prévenir les accidents de la vie courante. Commission de la Sécurité des Consommateurs, Institut National de la Consommation, MACIF Prévention, 2008 (p.106). 10 Équipe Inserm IETO Prévention et prise en charge des traumatismes. 11 Calyxis, Pôle d’expertise du risque.

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III. Chiffres clés L’ensemble de ces études menées depuis les années 2000 a permis de mesurer l’ampleur de ces traumatismes

en France et de dégager les chiffres clés suivants.

- Les accidents de la vie courante sont responsables de 20 000 décès par an, dont 250 enfants de moins

de 15 ans (c’est 5 fois plus que les victimes de la route).

- Ce sont, chaque année, 11 millions de blessés, dont 5 millions de recours aux urgences hospitalières

(1 800 000 enfants).

- Chaque jour, ce sont près de 15 000 recours aux urgences hospitalières des suites d’un accident de la

vie courante.

- Une personne sur cinq est victime d’un accident de la vie courante, chaque année.

- Les accidents de la vie courante sont la 3ème cause de mortalité en France, derrière les cancers et les

maladies de l’appareil circulatoire et cérébrovasculaire).

IV. Les grands mécanismes d’AcVC Parmi la diversité des circonstances et des mécanismes à l’origine des AcVC, certaines causes restent

majoritaires, et certaines populations particulièrement à risque. Les chutes, les suffocations, les noyades, les

intoxications et les brûlures sont les principaux mécanismes à l’origine des blessures et des décès. Les jeunes

enfants sont particulièrement vulnérables ; les accidents de la vie courante étant la première cause de décès

chez les moins de 14 ans. Les personnes âgées sont elles aussi fragilisées face à ces risques : elles représentent

une part majoritaire dans le décompte des décès par AcVC.

a. Quels types d’accidents ?

Tous âges confondus, les hommes sont plus souvent touchés par les accidents de la vie courante que les femmes ;

la tendance s’inversant cependant à partir de 55 ans12. De même, le risque d’accident diminue progressivement

avec l’âge, sauf chez les femmes seniors. Il n’existe pour le moment pas de recueil spécifique pour les AcVC chez

les personnes en situation de handicap (seules des données sur les déficiences en tant que conséquences d’un

AcVC existent). Les premiers résultats de l’observatoire MAVIE montrent que les volontaires déclarant un

handicap moteur ou psychique sont beaucoup plus fréquemment sujets aux AcVC par rapport à la moyenne de

la population13. De manière générale, les accidents de la vie courante surviennent principalement dans l’habitat ;

on parle d’accidents domestiques.

Chaque année, ce sont plus de 200 000 personnes qui sont victimes d’un accident causé par le feu ou la chaleur.

Les enfants de moins de 5 ans représentent un quart des victimes de brûlure, que ce soit des suites d’un incendie

ou d’un contact avec une substance chaude. Les incendies surviennent le plus souvent la nuit au domicile, avec

un départ de feu dans les chambres ou le séjour. Ils sont à l’origine de l’essentiel des décès (presque 500 décès

par an), par brûlure ou par inhalation des fumées toxiques. Le mauvais aménagement des installations

électriques (surcharge de multiprises, installations vétustes…), l’absence de protection autour des feux de

cheminée ou la méconnaissance des comportements à adopter face à un départ de feu, amène l’estimation

qu’un français sur trois sera victime d’un incendie au cours de sa vie14. La loi relative à l’installation obligatoire,

depuis 2015, de Détecteurs Avertisseurs Autonomes de Fumée (DAAF) dans les logements, devrait faire diminuer

12 Enquête permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC). Résultats 2010 en France métropolitaine. Pédrono G, Bouilly M, Thélot B. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2016. 13 Résultats préliminaires de l’observatoire MAVIE, juillet 2015. 14 Livre Blanc Prévenir les accidents de la vie courante. Commission de la Sécurité des Consommateurs, Institut National de la Consommation, MACIF Prévention, 2008 (p.118).

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le nombre de victimes. Les brûlures par contact avec une substance chaude surviennent, quant à elles, plutôt le

jour, dans la cuisine ou le jardin du domicile. Ces accidents génèrent la majorité des blessés ; 11 000 personnes

étant hospitalisées chaque année. Les études et les recueils de données concernant les accidents causés par le

feu ou la chaleur sont assez rares et les chiffres de la mortalité sont probablement sous-estimés.

Les activités de sport sont à l’origine de 20 % des accidents de la vie courante, ce qui en fait l’activité la plus

accidentogène, devant les activités domestiques et les activités de loisirs… Qu’ils soient enfants ou jeunes

adultes, ce sont les hommes qui sont majoritairement victimes de ces accidents lors de leur pratique sportive

occasionnelle ou régulière. Le football engendre le plus grand nombre de victimes, touchées principalement aux

membres inférieurs. Face à ce constat, l’InVS et le Ministère de la Jeunesse et des Sports ont signé, en 2005, une

convention visant à collecter un maximum de données sur ces accidents lors de la pratique sportive15. Les

industriels du sport et équipementiers, ainsi que les fédérations sportives ont, pour certain, un rôle effectif dans

la prévention de ces risques.

Chaque été, 500 personnes décèdent des suites d’une noyade accidentelle. Si la majorité de ces noyades se

produisent en mer, ce sont celles survenant dans les plans ou cours d’eau qui sont les plus mortelles (un tiers des

noyades accidentelles étant suivi d’un décès). Chez les moins de 15 ans, la noyade est ainsi la première cause de

décès par accident de la vie courante, principalement à cause d’un défaut de surveillance par un tiers16. Les plus

de 45 ans représentent aussi une population particulièrement à risque : la sous-estimation d’un souci de santé

ou une surestimation des conditions physiques étant souvent à l’origine de ces accidents. Les jeunes adultes

prennent pour leur part des risques lors de baignades en zones interdites ou lors de consommation d’alcool.

Depuis 2006, l’obligation d’équiper d’un dispositif de sécurité (barrières, couvertures, abris et/ou alarme) les

piscines des particuliers a fait diminuer le taux de noyades accidentelles dans la sphère privée (même nombre

de victimes pour une augmentation significative du nombre de piscines).

b. Les enfants : population à risque n°1

Il convient de noter que les études sur les enfants concernent les moins de 15 ans, ce qui correspond à la limite

de prise en charge des urgences pédiatriques. Cette tranche d’âge est la plus sensible face aux accidents de la

vie courante : le taux d’accident chez les moins de 15 ans est deux fois plus grand que celui des adultes ; ces

accidents du quotidien étant la première cause de décès des enfants. Les capacités motrices et sensorielles

(notamment visuelles) immatures et en développement, la curiosité accrue dans un environnement à échelle

adulte, la mauvaise perception du danger, sont autant de facteurs augmentant les risques d’accident.

Le mécanisme d’accident le plus fréquent chez les enfants (près de 60% des cas) est la chute (de la table à langer,

de leur propre hauteur, suite à une défenestration…), à l’origine d’une majorité de blessures (contusions,

hématomes…) ; le traumatisme crânien en étant le risque le plus grave. Globalement, près de la moitié des AcVC

surviennent dans l’habitat, au moment des activités de jeu et de loisir. Dans près de deux cas sur trois, ces

accidents sont bénins et ne nécessitent pas de prise en charge médicale ou hospitalière.

Quasiment un cas sur deux d’intoxication accidentelle, tout âge confondu, survient chez les plus jeunes enfants

(moins de 4 ans). Cette tranche d’âge est aussi particulièrement victime de brûlures involontaires,

majoritairement causées par un contact avec une source de chaleur. 20 % des décès chez ces très jeunes enfants

sont dus aux accidents de la vie courante ; 80 % se déroulant au domicile.

Jusqu’à 6 ans, les blessures engendrées par ces traumatismes sont principalement des commotions ou des plaies.

La noyade, en piscine privée principalement, ou lors du bain, est un évènement particulièrement fréquent chez

ces jeunes enfants.

Chez les plus de 10 ans, on recense un grand nombre d’accidents dans les aires de sports et de jeux ; accidents à

l’origine d’entorses ou de fractures. Dans le cas des accidents de sports, les garçons sont plus à risque que les

filles.

15 Enquête Pratique sportive des français – Insep/Ministère des sports 16 Rapport de surveillance NOYADES 2012 - InVS (2013)

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Dans le cadre de l’environnement scolaire, l’enquête BAOBAC recense, depuis 1996, « les accidents corporels

dont sont victimes les élèves lors de leurs activités scolaires »17. Chaque année, les établissements volontaires,

maternelles, élémentaires et collèges, saisissent environ 60 000 dossiers. Ce suivi a notamment permis de

montrer que les élèves de sixième sont les plus touchés par ces accidents en environnement scolaire (5 000 cas

par an), lors des cours d’EPS principalement, puis dans la cours de récréation.

Les accidents de la vie courante causant la majorité des décès chez les moins de 15 ans sont les noyades, les

suffocations, les brûlures puis les chutes. Chaque année, 250 enfants sont victimes d’une défenestration (10 %

des chutes seraient mortelles, 40% laisseraient des séquelles permanentes). Entre 2000 et 2008, on observe une

diminution de la mortalité des enfants suite aux AcVC : - 39 % pour les noyades et - 23 % pour les suffocations18.

Les campagnes de sensibilisation, les règlementations autour des produits et des jeux à destination de ce jeune

public et l’obligation d’équiper d’un dispositif de sécurité les piscines privées, sont autant de mesures de

prévention qui portent leurs fruits.

c. Les personnes âgées : population fragilisée

Les personnes de plus de 65 ans représentent une population particulièrement vulnérable face aux accidents du

quotidien ; les femmes étant plus souvent touchées que les hommes. Ces accidents surviennent dans plus de

60% des cas dans l’habitat, leur prise en charge hospitalière augmentant avec l’âge (principalement pour cause

de fracture des membres inférieurs).

Les chutes représentent à elles seules plus de 80 % des accidents de la vie courante de cette tranche d’âge ; et

un quart des morts violentes en France. L’InVS estime ainsi que, chaque année, 450 000 seniors chutent ; 10 000

d’entre eux décèderont de suites de ce traumatisme. Les experts s’accordent à dire que ces accidents sont

d’origine multifactorielle ; leur prévention doit ainsi se porter sur plusieurs aspects : réaménagement de

l’environnement domestique (enlever les obstacles, augmenter l’éclairage, faciliter l’accès aux objets…),

augmentation de l’activité physique, réadaptation des traitements médicamenteux19.

Autre cause de décès chez les seniors : la suffocation, principalement lors de la prise des repas. 80 % des décès

par suffocation concernent ainsi les plus de 65 ans ; la prévention autour de ce traumatisme étant cependant,

majoritairement orientée sur les risques pour les jeunes enfants.

Enfin, la moitié des décès par intoxication surviennent chez cette tranche d’âge ; le mésusage des médicaments

en étant la cause principale.

L’évolution démographique Française, avec l’augmentation prévisible de la part des plus de 65 ans dans la

population, va induire une augmentation des victimes d’accidents de la vie courante chez les seniors. Des

mesures politiques ont d’ores et déjà été mises en place afin de prévenir ces risques par des stratégies

préventives et de favoriser le maintien à domicile en toute sécurité (loi relative à la politique de santé publique

(2004), plan national Bien Vieillir (2007-2009)20…). Mais beaucoup reste à faire pour permettre au plus âgés de

vieillir en sécurité.

V. Un pilier essentiel : la prévention Entre 2000 et 2008, le taux de mortalité par accident de la vie courante aurait diminué de 2,8 % en moyenne

chaque année. Cette tendance est particulièrement observée chez les enfants de moins de 15 ans, et varie pour

chacun des principaux mécanismes d’accident. Ainsi, la mortalité suite à une chute ou à une noyade a baissée

17 Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement. 18 Mortalité par accident de la vie courante en France métropolitaine, 2000-2008. Y. Barry et al., InVS 2011. 19 Prévention des chutes chez les personnes âgées à domicile. Réseau francophone de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité. INPES, 2005. 20 Plan national « Bien vieillir » 2007-2009.

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d’environ 3 % par an, celle des suffocations d’environ 2 %, quand la mortalité liée au feu ou aux intoxications est

restée stable21.

Les mesures de prévention, plutôt ponctuelles jusqu’à présent (piscines, chute des personnes âgées, DAAF…)

semblent donc porter leurs fruits de manière spécifique. Les experts du Livre Blanc et les différents acteurs

publics et privés concernés par la question des accidents de la vie courante soulignent la difficulté à mettre en

place une action globale et pérenne au vue de la diversité et de l’hétérogénéité des accidents de la vie courante.

Ils préconisent une politique de prévention ciblée sur trois champs d’action :

- Recueil de données épidémiologiques approfondies (aller plus loin que la description annuelle faite par

l’InVS, avec une analyse des circonstances des accidents, des caractéristiques des victimes et une

évaluation de l’efficacité des mesures de prévention mises en place) ;

- Sécurisation des produits et de l’environnement du consommateur ;

- Information des citoyens par des campagnes de prévention répétées et des actions de proximité ; la

perception des risques d’AcVC étant encore trop faible. La formation aux gestes de premiers secours

pourrait compléter les efforts de prévention (l’adoption des gestes qui sauvent ayant été portée grande

cause nationale en 2016).

Pour atteindre ces objectifs ils souhaitent la définition d’une entité ministérielle de coordination et l’apport de

moyens financiers et de communication, à l’image de ce qui est mis en place depuis quelques années sur les

accidents de la route.

Les données le montrent : les accidents de la vie courante ont des conséquences plutôt sévères sur la santé et la

vie des Français. Du point de vue du système de santé et de leur prise en charge, c’est un véritable fardeau au

sein d’une population vieillissante. Les accidents de la vie courante, fléau finalement assez méconnu des citoyens,

sont un véritable enjeu de santé publique.

VI. Sources & liens utiles Enquête permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC). Résultats 2010 en France métropolitaine. Pédrono G, Bouilly M, Thélot B. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2016.

Livre Blanc Prévenir les accidents de la vie courante. Commission de la Sécurité des Consommateurs, Institut National de la Consommation, MACIF Prévention, 2008.

Mortalité par accident de la vie courante en France métropolitaine, 2000-2008. Y. Barry, L. Lasbeur, B. Thélot : Institut de veille sanitaire ; 2011.

- Collectif inter associatif de Lutte contre les Accidents de la vie Courante.

- Le portail de la prévention des accidents de la vie courante.

- Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement.

- Loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique.

- Équipe Inserm Prévention et prise en charge des traumatismes (IETO), en charge de l’observatoire MAVIE.

- Calyxis, Pôle d’expertise du risque, en charge de l’observatoire MAVIE.

- Résultats intermédiaires de l’observatoire MAVIE.

21 Mortalité par accident de la vie courante en France métropolitaine, 2000-2008. Y. Barry et al., InVS 2011.