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Etudes de Sociologie Electorale by Charles Morazé; R.B. Mac-Callum; Gabriel Le Bras; Pierre George; Initiation aux Recherches de Géographie Electorale by François Goguel; Colloque de Sociologie Electorale by M. André Siegfried Review by: Armand Cuvillier Cahiers Internationaux de Sociologie, Vol. 5 (1948), pp. 176-179 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40688679 . Accessed: 18/06/2014 08:24 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers Internationaux de Sociologie. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.184 on Wed, 18 Jun 2014 08:24:11 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Etudes de Sociologie Electorale by Charles Morazé; R.B. Mac-Callum; Gabriel Le Bras; PierreGeorge; Initiation aux Recherches de Géographie Electorale by François Goguel; Colloque deSociologie Electorale by M. André SiegfriedReview by: Armand CuvillierCahiers Internationaux de Sociologie, Vol. 5 (1948), pp. 176-179Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40688679 .

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COMPTES RENDUS

A) Cahiers de la Fondation Nationale des Sciences Politiques : Charles Morazé, R.B. Mac-Callum, Gabriel Le Bras, Pierre George : Etudes de Sociologie Electorale, Armand Colin (1947). - B) Centre d'Etudes Supérieures de Sociologie : François Goguel : Initiation aux Recherches de Géographie Electorale, Centre de Docum. universitaire (1947). - C) Cen- tre d'Etudes Scientifiques de la Politique intérieure : Col- loque de Sociologie Electorale, tenu sous la présidence de M. André Siegfried, éd. Domat-Montchrestien (1948).

Géographie électorale ou Sociologie électorale? L'hésitation dans la termi- nologie révèle, me semble-t-il quelque flottement dans la conception même de ces études, par ailleurs si intéressantes, si passionnantes même, sur l'opi- nion politique manifestée par les votes dans les élections.

Les uns, se maintenant dans un empirisme prudent, veulent une des- cription, une investigation minutieuse, dont les résultats soient exprimés par des cartes aussi détaillées, aussi complètes que possible : ce sont les « géographes ». Les autres ne se contentent pas de constater, mais veulent expliquer : c L'intérêt, écrit M. Le Bras (A, 44), ne consiste pas à dresser un tableau; il est au chapitre des causes, dans l'explication rationnelle d'unités surprenantes ou de contrastes violents » * ceux-là sont les « socio- logues ». Et je sais bien qu'il n'y a pas d'opposition absolue entre le« deux points de vue. Les inductions de la sociologie doivent s'appuyer sur des investigations précises et étendues, et c'est avec raison que l'on prêche aujourd'hui l'abandon des vues trop systématiques, le retour au concret, l'utilisation des enquêtes, etc.

A cet égard, les trois volumes mentionnés ci-dessus contiennent d'excel- lents conseils, d'autant plus précieux qu'ils émanent d'hommes qui, comme on dit, ont mis la main à la pâte. Spécialiste averti de ces questions, M. Goguel se livre à une analyse très serrée des conditions de l'enquête tant en milieu rural qu'en milieu urbain. Son exposé enlèvera certainement à tous ceux qui, désirent entrer dans cette voie, la tentation de simplifier à outrance. Il est assurément de tous le plus complet. M. Morazé (A, 7) nous donne des conseils de méthode plus larges et qu'on ne peut vraiment qu'approuver : « II n'est pas bon de généraliser trop vite. » (A, 19.) Nous nous en doutions, mais la question est de savoir où commence le « trop ». « Toute revue doit être générale », ajoute-t-il en mettant ce truisme sur le compte de Descartes, ce qui - soit dit entre parenthèses - laissera per-

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plexes les philosophes qui attribuent généralement à la quatrième règle du Discours un sens un peu plus profond. Et puis « ne rien omettre », dans l'ordre du concret (c'est de l'abstrait que parlait Descartes), c'est tree bien en principe, mais, en fait, cela va à l'infini.

La carte électorale n'est déjà pas facile à dresser fidèlement. Il faut « tout représenter » et tout représenter « concrètement », nous dit-on (A, 15). Mais comment représenter certaines contingences qui jouent cependant, nous dit-on aussi, un rôle important dans la détermination de la répartition des voix, telles que l'influence de telle ou telle personnalité en vue (A, 62; B, 13, 64; C, 12, etc.) ou encore une action entreprise par le clergé, comme la prédication d'une mission (B, 61)? Et puis, il ne suffit pas d'observer l'état présent. Je rappellerais volontiers la règle, posée par Simiand à propos des faits économiques, mais qui vaut de façon générale, de la nécessité d'étudier « le phénomène se produisant ». M. Le Bras, dans son exposé sur Géographie électorale et géographie religieuse, nous le rappelle opportuné- ment : une unité électorale, un canton par exemple, si l'on prend pour cadre le canton, n'est pas née d'hier, elle a un passé : « Les anciennes divisions administratives et ecclésiastiques; les lieux illustrés par la Ré- forme ou la Révolution; les sites des châteaux-forts et des monastères; s'i! se peut, le dessin des anciennes terres ecclésiastiques et du partage des biens nationaux éclaireront des traits de la psychologie présente (A, 62). » Ajoutons encore le passé électoral lui-même : M. Goguel le fait observer : « Ce sont les élections elles-mêmes qui finissent par déterminer le sens des élections (Β, β). » Par exemple, dans telle circonscription, il n'y a pas eu depuis longtemps de candidat de telle tendance; le fait que les électeurs de cette tendance n'ont pas eu l'occasion de l'exprimer finit par lui nuire.

Je ne dis pas cela, on s'en doute, pour critiquer le procédé cartographique. Puisque géographie il y a, il faut bien qu'il y ait cartographie, et je recon- nais que rien n'est plus suggestif parfois, plus éclairant pour l'esprit que la comparaison de deux cartes bien faites. Mais, d'abord, qu'on veuille bien se rendre compte de l'immensité du travail à entreprendre. C'est encore M. Le Bras qui nous en avertit : la carte électorale et la carte religieuse ne suffisent pas; outre, bien entendu, les cartes physiques, géologiques, écono- miques, les cartes du « paysage » en un mot, il faut y joindre des cartes de l'émigration et de l'immigration, des voies et moyens de communica- tion, etc. Et cela successivement à toutes les échelles : région, circonscrip- tion, canton, commune (A, 53). D'autre part, la technique de la cartographie est ici chose délicate. La dernière séance du Colloque tenu au Centre d'études scientifiques de la Politique intérieure les 10 et 11 avril 1948 a été consacrée à ces problèmes, très techniques, mais d'importance capitale. Emploi de la teinte de fonds, substitution à la teinte uniforme de points de différentes grosseurs ou de différentes couleurs, question de savoir s'il faut prendre pour cadre l'arrondissement, le canton ou la commune, si l'on doit tenir compte de la répartition des suffrages, etc., tous ces problèmes y ont été examinés et, comme le reconnaissait déjà M. Goguel (B, 1), la solu- tion n'en est pas encore au point. Or, d'une mauvaise représentation, peut résulter une mauvaise interprétation. Enfin il peut arriver que le résultat de la confrontation des cartes soit décevant : en Vendée, on constate que les pays granitiques votent à droite; dans les Cévennes, c'est l'inverse.

Tout ceci nous montre qu'ici comme partout en sociologie, l'empirisme ne suffit pas. Au reste, tout le monde est d'accord sur ce point : constater, décrire, ce n'est pas tout; il faut expliquer, il faut chercher le pourquoi (A, 12, 44, etc.). La sociologie électorale est « une science à ses débuts » (A, 2), mais c'est une science. Or une science n'est jamais de pure investi- gation. Elle exige interprétations, hypothèses, idées directrices. Et c'est bien ce que nous montre M. Goguel, à propos du dernier exemple cité, lorsqu'il nous explique (B, 18) que, dans les Cévennes, les terrains anciens sont de

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hautes vallées où &e soot réfugiés jadis les protestants. Rappelons encore une fois Simiand : pas d'idées sans faits, mais pas non plus dé faits sans idées.

Tout le monde s'est trouvé d'accord pour rendre hommage à cette œuvre magistrale de M. André Siegfried, le Tableau politique de la France de l'Ouest qui, dès 1913, a ouvert la voie nouvelle : André Siegfried a été vraiment le pionnier de la sociologie électorale (encore qu'il ne faille pas oublier certain chapitre de Seignobos, dans son histoire de la Révolution de 1848, sur « la distribution des partis en France », dont M. Goguel nous fait souvenir avec raison). Mais André Siegfried était parti d'une hypothèse, que certains semblent lui reprocher aujourd'hui, mais qu'il avait tirée d'une intuition due à sa riche et vivante expérience personnelle. C'est ce qui avait rendu son travail si fécond, si fertile en suggestions. Comme le dit excellem- ment M. Le Bras, « avant tout, pour comprendre chacune des cartes et leurs relations, il convient de connaître la terre et les hommes. Jamais le chiffre et le trait ne représenteront l'homme vivant ». Ce qui importe au premier chef, c'est l'expérience concrète et « la sympathie pour le. vivant ». Au reste, qu'on le veuille ou non, - et c'est bien là le danger de l'empirisme, - les présuppositions s'introduisent forcément dès qu'on cherche à interpréter les faits; et même les plus prudents n'en sont pas exempts : ainsi M. Morazé, critiquant comme trop simple l'hypothèse de M. Siegfried qui ramène tout à l'opposition de deux tempéraments politiques, la droite et la gauche, se hâte de lui en substituer une autre : « l'opposition des civilisations rurales et urbaines » (A, 18).

Quant aux hypothèses directrices, il faut savoir gré à M. Labrouss? d'en avoir, dans le premier entretien (C, 7), dressé le tableau. Il distingue deux grands types d'explication : Io explication par la structure sociale (distinction des structures en repos et des structures de mouvement); 2° explication par les circonstances locales ou générales, et il pose à ce sujet les deux règles suivantes : non-proportionnalité des conséquences poli- tiques à l'ampleur du facteur économique, et existence de deux catégories d'électeurs : les fixes ou « croyants » et d'autre part les « flottants » ; et la discussion a montré par la suite l'importance, souvent décisive, des déplacements de ces « flottants ».

Il est bien remarquable que la mieux réussie incontestablement de toutes ces études soit celle qui ne craint pas d'énoncer dès le début son hypo- thèse directrice, à savoir L'Etude des conditions économiques et sociales de la vie politique dans la commune de Bourg-la-Reine (A, 67), par M. Pierre George. « L'hypothèse de travail choisie, déclare l'auteur dès ses premières lignes, est que l'ensemble des facteurs déterminants des opinions politiques du plus grand nombre émane de la condition économique et sociale des citoyens. » M. Pierre George s'attache donc à étudier d'abord cette condition économique et sociale des électeurs dans la commune considérée. Cette étude qui a dû exiger un gros travail d'équipe, porte sur la composition professionnelle de la population, sur les principaux types d'habitat de la localité et confronte leur répartition géographique avec fa répartition des suffrages dans l'ensemble et selon les sections de vote. Le tout est résumé en six cartes et plusieurs diagrammes fort suggestifs. L'auteur présente modestement cette étude comme simplement « préliminaire ». Mais, ainsi que l'a fait observer M. Goguel, les conclusions qui s'en dégagent dépassent peut-être celles qu'a formulées M. Pierre George lui-même. Il en résulte en effet d'une part qu'il y a une correspondance frappante entre le pourcen- tage des voix d'extrême-gauche (communistes, socialistes et radicaux de gauche) et le pourcentage global des ouvriers et des fonctionnaires; d'autre part, qu'il existe un ensemble d'électeurs qui, tout en ayant à peu près ie même niveau de vie que les ouvriers, refusent de se qualifier tels et se déclarent « employés ». Il y a là, remarque avec raison M. Goguel (C, 86) un fait dont il faut tenir grand compte : c'est l'indice d'une mentalité

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particulière qui, bien qu'il s'agisse de gens qui sont indiscutablement des salariés, « n'est pas à proprement parler la mentalité du salarié au sens précis du ternie ».

Tant il est vrai que, si l'empirisme ne paie pas, les faits sont capables au contraire de fournir une réponse précise à qui sait leur poser une ques- tion de façon pertinente.

Paris. Armand Cuvillier.

Eugène Dupréel : Sociologie Générale (Université Libre de Bruxelles; travaux de la Faculté de Philosophie et Lettres,), Paris, Presses Universitaires, 1948.

Il ne s'agit pas d'un manuel de sociologie mais de l'exposé par M. Du- préel de sa théorie personnelle sur l'explication des phénomènes de la vie en société; le livre ne contient d'ailleurs aucune référence bibliographique sinon des renvois aux autres ouvrages de l'auteur.

La notion fondamentale dans le domaine sociologique, c'est pour lui la rapport social, dont il a déjà donné, en 1912, une très bonne analyse dans son livre ainsi intitulé. Il en reprend aujourd'hui les grandes lignes en y ajoutant des développements nouveaux. « Un rapport social existe entre deux individus lorsque Pexistenoe ou l'activité de l'un influe sur les acte» ou sur les états psychologiques de l'autre. » On distingue les rapports sociaux positifs et les rapports sociaux négatifs, c'est-à-dire les rapports d'accord ou d'association et les rapports d'opposition ou d'antagonismes. Tous les rapports sociaux sont plus ou moins complémentaires d'autres rapports sociaux. Ceci introduit une deuxième notion fondamentale, celle de groupe social, collection d'individus unis entre eux et distingués des autres individus par des rapports sociaux positifs et complémentaires. Dès lors la Sociologie peut se définir « science des groupements sociaux » et son objet « la structure des associations, leur évolution probable, leurs carac- tères communs et leurs différences ». Parmi les groupements sociaux, les uns se veulent extérieurs aux autres, de même nature ou hétérogènes, les autres s'interpénétrent par des membres communs. Il existe ainsi une coor- dination et une subordination entre groupes, d'où la troisième notion fonda- mentale, celle de symbiose sociale exprimant « l'ordre relatif et partiel qui se découvre dans la vie de notre espèce ». Tout groupe social est pourvu de la capacité d'exercer quelque influence sur ses membres, sur les autres groupes, sur les individus; tout individu est doué du même pouvoir - que Dupréel appelle force sociale. De l'inégalité des forces sociales et de l'effort vers leur plus égale répartition, résultent les phénomènes de hiérarchie sociale : classement des individus, ordonnance des groupes, sentiments des valeurs reconnues par les individus et par les groupes. L'étude de ces phéno- mènes constitue une partie de la psychologie sociale dont l'autre partie serait l'étude des instincts sociaux ou paléosociologie.

La force sociale apparaît toujours sous l'une ou l'autre des formes sui- vantes ou comme résultante de leurs combinaisons : contrainte : recours à l'emploi de la force physique ou matérielle, persuasion : influence par l'établissement d'un accord de volontés, échange : action réciproque par avantages complémentaires ou concessions mutuelles - d'où la classifica- tion des groupes en groupe à base de force, groupes d'opinion ou de croyances, associations à but lucratif.

A l'aide de ces notions qui s'emboîtent les unes dans les autres en une architecture géométrique impressionnante, Dupréel a construit une socio-

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