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ÉTUDES SUR L'ORIGINE ET LA FORMATION DE L'ALPHABET GREC Author(s): François Lenormant Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 16 (Juillet à Décembre 1867), pp. 273-278 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734578 . Accessed: 21/05/2014 06:19 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.157 on Wed, 21 May 2014 06:19:24 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

ÉTUDES SUR L'ORIGINE ET LA FORMATION DE L'ALPHABET GREC

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ÉTUDES SUR L'ORIGINE ET LA FORMATION DE L'ALPHABET GRECAuthor(s): François LenormantSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 16 (Juillet à Décembre 1867), pp. 273-278Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734578 .

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ÉTUDES

SUR

L'ORIGINE ET TA FORMATION

DE L'ALPHABET GREC

Parmi les dérivés de l'alphabet phénicien il n'en est pas de plus important que l'alphabet grec, devenu d'un côté l'écriture et comme le véhicule de la plus grande civilisation du monde antique, et en même temps la souche d'un nombre très-considérable d'autres alpha- bets, en Asie Mineure et en Italie. C'est précisément l'intérêt et l'im- portance du sujet qui nous ont décidé à détacher de noire travail d'ensemble sur la propagation de l'écriture alphabétique, inventée par les Chananéens, dans l'ancien monde, la partie relative à l'al- phabet grec et à la publier séparément, le volume de notre ouvrage qui la contiendra ne pouvant pas être imprimé avant deux ans pour le moins.

La connaissance des époques primitives de l'écriture grecque a fait depuis trente ans d'immenses progrès, qui l'ont complètement renou- velée. On peut aujourd'hui déterminer la manière dont elle s'est formée, l'état où elle se trouvait après la première adaptation de l'alphabet des Phéniciens à l'idiome des Hellènes, el l'histoire de ses variations paléographiques dans les différentes parties de la Grèce jusqu'au temps de sa constitution définitive et de son unification. C'est ce que nous avons tenté de faire, après Franz, M. Mommsen et M. Kirchoff, en nous aidant des travaux de ces éminents érudits et en y ajoutant nos observations personnelles.

Dans un mémoire spécial, nous nous sommes efforcé d'établir l'his- toire et la date des principaux établissements phéniciens dans la

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274 BEVUE ARCHÉOLOGIQUE. Grèce et de démontrer la part considérable de traditions authentiques et positivement historiques que renferme la légende de Cadmus, le héros auquel on attribuait le plus généralement dans l'antiquité l'in- troduction de l'écriture alphabétique parmi les populations primitives do la Grèce. Ce mémoire, inséré dans les Annales de philosophie chrétienne, année 1867, est comme un travail préparatoire à la pré- sente étude; aussi nous permettra-t-on d'y renvoyer le lecteur.

PREMIÈRE PARTIE.

l'alphabet cadméen.

I

Si, à défaut de monuments positifs, on cherchait, d'après les vrai- semblances historiques, à fixer la contrée grecque où la tradition de l'alphabet primitif, encore presque phénicien, a dû se conserver le plus longtemps intacte, on désignerait tout d'abord l'île de Théra. C'est là que la population phénicienne demeura le plus tard, et, lors même que la colonie spartiate et minyenne conduite par Théras, fils d'Autésion, y eut introduit l'élément dorien, qui devint bientôt do- minant, l'origine cadméenne de la race royale installée avec cette colonie maintint dans une mesuro assez considérable les premiers habitants, graduellement confondus dans la masse des nouveaux colons.

En répondant ainsi on se trouve d'accord avec les faits ; car, s'il est des inscriptions qui, par la forme antique de leurs lettres, leur res- semblance avec celles des Phéniciens, par les habitudes graphiques qu'elles révèlent, répondent d'une manière assez exacte à l'idée que l'on peut se faire de l'écriture primitive appelée par les Grecs eux- mêmes cadméenne (xaSjwfta ypá[xaaTa), ce sont celles qui ont été découvertes, tracées sur de grands blocs de lave ou sur la paroi des rochers, dans les très-anciennes nécropoles de Mésa-Youno et d'Exo- mytidans l'ile deSanlorin, ainsi que dans l'Ile de'Thérasia.

Vingt ont été d'abord copiées par M. le baron Prokesch von Osten et ont fourni le sujet d'une importante dissertation de M. Bœckh, insérée dans les Mémoires de l'Académie de Berlin (1). Franz, dans

(1) 1846, p. M- toi.

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ÉTUDES SUR L'ORIGINE DE L'ALPHABET GREC. 275

ses Elementa epigraphicèsGtdecae (1), les a reproduites avec un nou- veau commentaire* La plus importante de toutes, transportée à Athènes par les soins de Ross dans le musée du Temple de Thésée, a été insérée par M. Rhizo Rhangabé daná son recueil A' Antiquités helléniques (2), où on en trouvera un très-bon fac-similé. Le même savant a publié une autre inscription du même genre (3), «mais sa copie en est défectueuse et il nous a été donné de la rectifier d'après l'original. Ross, de son côté, a fait connaître encore trois monuments de l'épigraphie primitive de Théra (4). Dans sa remar- quable Etude sur l'histoire de l'alphabet grec à laquelle nou? aurons l'occasion de nous référer si souvent, M. KirchoiT a résumé briève- ment, et de la manière la plus complète, toutes les observations paléo- gra-pluques auxquelles les inscriptions de Théra connues en 1863 pouvaient donner lieu (5).

Depuis lors, M. Michaelis a enrichi cette classe si importante de monuments par la publication de deux nouveaux (6). Enfin nous- même, dans l'exploration approfondie de l'antique Théra et des îles adjacentes que nous avons faite en 1866, nous avons été assez heureux pour recueillir encore les copies de seize inscripiions du même genre qui avaient échappé aux recherches de nos prédécesseurs (7), ce qui porte, pour le moment, le nombre total à quarante-deux.

Tout le monde s'accorde à reconnaître dans ces inscriptions les plus anciens monuments de l'écriture grecque qui soient parvenus jusqu'à nous (8). Mais il est assez difficile d'en fixer la date avec exactitude.

(2) T. I, p. 11, n° 1. (3) Ibid. y n° 2. - *E<py]{ji. àpx-, n° 437. - Le Bas, Voyage en Grèce, Inscriptions,

pl. V, n° 6. (4) Io Inscr. grœc. ined fase. 2, n°199« T&yr''l àp}(., rt° 429. - Rhangabé,

Ant . hellén n° 3. - Le Bas, Voyage en Grèce , Inscriptions, pl. V, n° 7. 2° Inscr . grœc. ined ., fase. 2. n° 201. - • Rhangabé, Ant . hellén ., n°355. 3° Bul/et. de l'inst. arch., 1842, p. 173# - Rheinisches Museum , 1843, p. 443. -

Le Bas, Voyage en Grèce , Inscriptions, pl. V, n°12. (5) Mémoires de l'Académie de Berlin pour 1863, p. 156-161. '6) Ann. de l'Inst. orc/i., t. XXXVI, pl. R, nos 3 et 4» - J'ai rapporté une copie

de la première , plus exacte en quelques points. (7) Ces copies parattront prochainement dans le Rheinisches Museum für Philo-

logie . (8) L'opinion que nous adoptons ici, considérant les inscriptions de Théra comme

donnant une idée très-exacte de l'alphabet primitif des Grecs, tel qu'il fut combiné immédiatement après la communication de l'écriture par les Phéniciens, a été déjà proposée par Franz, Elem . epigr. grœc ., p. 15-17.

(1) P. 51-57. -

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276 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

Les arguments sur lesquels M. Bœckh s'était appuyé pour faire dater une des êpitaphes découvertes par M. de Prokesch du temps des guerres médiques et une autre de la XL* Olympiade environ, doivent être, M. Kirchofï l'a déjà jugé avant nous, laissés de côté, malgré l'immense autorité du maître qui les avait produits, car ils n'ont qu'une base fragile et ne supportent pas un examen approfondi. Le seul fait certain aux yeux de M. Kirchoff est que les inscrip- tions de Théra, d'après l'état d'alphabet qu'elles révèlent, sont anté- rieures aux inscriptions d'Ibsamboul, dont nous aurons à parler un peu plus tard, et que ces dernières remontent à la date précise de la XLVII" Olympiade.

Cette observation fort juste s'applique même aux plus récentes parmi les êpitaphes de Théra, c'est-à-dire à celles dont l'écriture se dirige de gauche à droite, comme les nM 2, 3, 4, 7, 14 et 16 de M. Bœckh. Mais si nous devons en placer ainsi l'exécution avant la XLVII" Olympiade, il faut se reporter encore plus haut pour celles, comme les n°" 1, 5, 8, 12, 13 et 19, dont la disposition boustrophède révèle un âge antérieur, et bien plus haut encore pour celles que l'on a tracées dans le sens même des écritures orientales, de droite à gauche, comme les n0' 6, H, 15, 17 et 18 de M. Bœckh et la plus grande partie des nôtres. Quelques-unes de ces dernières ne seraient peut-être pas, il est vrai, décisives à citer, car, dans le temps où l'on traçait en boustrophède les inscriptions de plusieurs lignes, celles qui n'en comptaient qu'une seule étaient écrites le plus souvent de de droite à gauche. Mais il n'y a pas moyen de contester l'antiquité tout à fait supérieure de l'inscription suivante, composée de deux lignes, toutes les deux dirigées comme en phénicien,

/V IOTA7A93

'Etoxy<xto? Inoisi (1), et de cette autre dont les lettres font, au premier abord, l'illusion d'être purement chanéennes :

(1) Bœckh et Franz, n° 6.

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ÉTUDES SDR L'ORIGINE DE L'ALPHABET GREC. 277

Aoipteúç (1). Enfin, en étudiant avec une attention toute particulière, pendant plusieurs journées, les deux nécropoles de Mésa-Youno et d'Exomyti, où ont été trouvées les inscriptions primitives de Théra, nous avons la preuve et la conviction qu'une partie des tombeaux de ces nécropoles, parmi ceux dont les épitaphes sont tracées de droite à gauche, devaient, d'après leur disposition, d'après les diverses par- ticularités qu'ils présentent et d'après les objets qu'on y a trouvés, Cire rapportés à l'époque qui suivit presque immédiatement l'établis- sement des Doriens dans l'ile (2). • Nous croyons donc pouvoir fixer approximativement l'âge des ins- criptions de Théra, dans le ixe siècle avant notre ère et la première moitié du vme pour les plus anciennes, du milieu du vuie siècle au milieu du vu* pour celles de date intermédiaire, enfin entre la xxxe et la XLV Olympiade, c'est-à-dire dans la seconde moitié du vnc siècle pour les plus récentes. Cette manière de voir place encore l'exé- cution des plus anciennes plusieurs siècles après le premier établis- sement des Phéniciens à Théra et la colonie cadméenne de la Béotie, deux événements dont nous avons essayé, dans un autre travail (3), de déterminer la date et auxquels doit être rapportée la première introduction de l'alphabet parmi les populations de la Grèce. Mais lesPhénicienss'étaient maintenus à Théra, de même qu'à Mélos, beau- coup plus ťard que dans le reste de l'archipel; ils y étaient restés maîtres jusqu'à la venue des Doriens; par suite, les plus anciennes inscriptions de cette lie parvenues jusqu'à nous louchent presque à l'époque où les fils de Chanaan y dominaient encore d'une manière directe.

L'alphabet fourni par les inscriptions de Théra est donné dans notre planche A. Comme dans ces inscriptions l'écriture est alterna- tivement tournée dans deux sens différents, nous avons fait deux colonnes, la première contenant les lettres empruntées aux inscrip- tions tracées de droite à gauche, la seconde celles des in -criplions qui marchent de gauche à droite.

Vers le vi* siècle avant l'ère chrétienne, cet alphabet cessa d'être en usage à Théra et y fut remplacé par un alphabet intermédiaire entre l'éolo-dorien et l'ionien, qui fut alors commun à presque toutes les îles de l'Archipel, et dont nous parlerons dans la suite de notre essai.

(1) Bœckh et Franz, n* 15 b. (2) Comptes rendus de V Académie des biscriptions , 1866, p. 273. (3) Annales de philosophie chrétienne, 4867.

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278 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

II

Une autre île, colonisée par les Phéniciens à la même époque que Théra, paraît avoir aussi conservé assez tard l'habitude d'employer presque sans altération l'alphabet tel qu'il avait été communiqué des enfants de Chanaan aux peuples de la Grèce : c'est Mélos, où, selon Thucydide (I), les Doriens au temps de leur invasion, 80 ans après la prise de Troie, trouvèrent encore les Phéniciens maîtres paisibles du pays.

La belle colonne votive découverte à Milo, portée àVenise dans la collection Nani et bien des fois déjà publiée (2), montre gravés deux vers contenant une dédicace à Apollon. Le caractère en est sembla- ble à celui des inscriptions de Théra. Seulement, lorsqu'on les met en regard de ces dernières, il semble que les formes des leltres de la colonne de Mélos aient été tracées plus péniblement, comme celles d'una écriture dont on n'a plus beaucoup l'habitude et que l'on re- nouvelle par une affectation d'archaïsme assez fréquente dans les dé- dicaces votives. Si l'on admettait celle dernière observation, il faudrait en conclure que le plus ancien type des alphabets grecs ne s'est pas maintenu dans l'usage vulgaire tout à fait aussi longtemps à Mélos qu'à Théra.

L'alphabet dela colonne du musée Nani se trouve Jans la troisième colonne de la planche A.

Ross (S) et M. Kirchoff (4) ont établi de la manière la plus décisive qu'au moins à dater de la XLV Olympiade les habitants de Mélos avaient adopté, comme ceux de Théra, un nouveau mode d'écriture, qui nous occupera dans la troisième partie de cet essai.

(la suite prochainement.) François Lenormant.

(1) V,84. (2) Zanetti, Due antichissime grechß iscrizioni spiegate , Venise, 1755, in-4°. - -

Corsini, Spiegazione di due antichissime iscrizioni greche , Rome, 1756, in-40.- Gi u- bissich, Nuova spiegazione della colonna Naniana , Venise, 1757, in -4°. - Donati, Nov . misceli . - Matl.œi, Exerci t. pematur , p. 47. - Lanzi, Saggio di lingua ctrusca , t. I, p. 93. - Donati, SuppL ad Thes. Murata t.I, p. 70, 2; t. II, p. flßO. Payne Knight, Analytical essay on the greek alphabet , pl. I, n° 2. - Biagi, Mon . gr. et lat . Mus. Nan.t p. 3-36. - Welcker, Syllog.epigr . grœc.t n° 21, p. 5 et suiv. - Boeckh, Corp . insc. grœc., n° 3. - Rose, Inscr . vêtus t ., pl. LU, p. 327. - Franz, E lem. epigr. grœc ., p. 57-59, n° 21. (3) Inscr. grœc. ined ., fase. III, p. 1 et suiv. (4) Mémoires de l'Académie de Berlin pour 1863, p. 161-168.

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