2
136 PHARMACEUTIQUES - SEPTEMBRE 2009 D ans un monde global de plus en plus pressurisé, les labora- toires sont-ils prêts à prendre le virage des économies avec les logisticiens ? Pour Jean-Marc Lami, directeur Healthcare Supply Chain de DHL, il y aurait « une vraie tendance de fond » de la part des industriels de la pharmacie pour apprendre des « best practises » d’autres secteurs en ce qui concerne l’externalisation de leur lo- gistique et la gestion des stocks. « Sous la pression économique, avec le déve- loppement des génériques, de la vente libre en pharmacies, voire en grandes surfaces, et en parapharmacies, les la- boratoires commencent à chercher des solutions pour optimiser leur budget, note ce dernier. Ce qui pouvait passer pour de la curiosité de leur part il y a quelques temps, vise aujourd’hui de réels projets d’optimisation des coûts logistiques, avec la recherche de profes- sionnels au profil plus généraliste que les grossistes-répartiteurs, et aux niveaux de tarifs également plus communs. » Enclencher la dynamique économique Plusieurs big pharma auraient ainsi fait appel à DHL pour établir un bench- marking de leurs performances concer- nant leurs activités de stockage et de préparation de commandes, des opéra- tions encore gérées en interne. Le logis- ticien généraliste met en avant une dé- marche d’amélioration continue, qui va au delà de la simple gestion d’entrepôt, et qui offre aux laboratoires un schéma de pensée en ligne avec les enjeux de de- main. « Sous la pression, il faut innover sur les procédés et sur les synergies d’ac- tivité que vous pouvez trouver, pour être sans cesse compétitifs », poursuit Jean- Marc Lami. C’est une démarche que les répartiteurs essaient d’acquérir et que l’industrie pharmaceutique commence à intégrer. Pour l’heure, ces projets d’en- vergure n’ont pas encore abouti, mais ils nourrissent la réflexion dans une profes- sion qui a été longtemps mise à l’écart de tels chamboulements. Il est vrai que la pharma est un métier très encadré et que les flux concernés sont énormes. D’autre part, l’arrivée de logisticiens gé- néralistes et issus du monde industriel dans le pré carré des répartiteurs et des dépositaires pharma ne peut pas se faire sans résistance. « La France et l’Allema- gne sont deux marchés encore très pro- tégés », reconnaît Jean-Marc Lami, qui regrette à ce jour que les applications pharma de DHL soient, de fait, encore trop centrées sur le transport. Dès lors, c’est plutôt du côté des mar- chés de niche comme la logistique asso- ciée au marketing et à la vente, que les évolutions les plus rapides pourraient se faire. En juin, DHL s’est ainsi associé à la société de e-commerce, Externis, pour développer une plate-forme infor- matique capable de prendre en charge la gestion des matériels de promotion de toute la force de vente d’Eli Lilly en Eu- rope. Un projet d’optimisation d’enver- gure visant 2 000 références et 50 000 commandes par an dans le groupe, et qui devrait être étendu dans une tren- taine de pays prochainement. Le service client en ligne de mire C’est sur un créneau orienté mar- keting et CRM 1 , que le dépositaire pharma, Arvato Services Healthcare, se positionne. Pour répondre aux be- soins des laboratoires, Nicolas Vir- moux, directeur commercial, met en évidence l’importance d’une appro- che qui va au delà de la simple dis- tribution physique de médicaments. Europe de la pharma La logistique pour la performance Sous la pression des prix et des contraintes réglementaires, les laboratoires étudient les solutions de mutualisation et de personnalisation du service proposées par les logisticiens. Objectif : gagner en compétitivité. Industrie Prestataires « SOUS LA PRESSION ÉCONOMIQUE, LES LABORATOIRES COMMENCENT À CHER- CHER DES SOLUTIONS POUR OPTIMISER LEUR BUDGET », NOTE JEAN-MARC LAMI (DHL). DR >>>

Europe de la pharma : La logistique pour la performance · la pharma est un métier très encadré et que les flux concernés sont énormes. D’autre part, l’arrivée de logisticiens

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Europe de la pharma : La logistique pour la performance · la pharma est un métier très encadré et que les flux concernés sont énormes. D’autre part, l’arrivée de logisticiens

136

PHARMACEUTIQUES - SEPTEMBRE 2009

Dans un monde global de plus en plus pressurisé, les labora-toires sont-ils prêts à prendre le virage des économies avec

les logisticiens ? Pour Jean-Marc Lami, directeur Healthcare Supply Chain de DHL, il y aurait « une vraie tendance

de fond » de la part des industriels de la pharmacie pour apprendre des « best practises » d’autres secteurs en ce qui concerne l’externalisation de leur lo-gistique et la gestion des stocks. « Sous la pression économique, avec le déve-loppement des génériques, de la vente libre en pharmacies, voire en grandes

surfaces, et en parapharmacies, les la-boratoires commencent à chercher des solutions pour optimiser leur budget, note ce dernier. Ce qui pouvait passer pour de la curiosité de leur part il y a quelques temps, vise aujourd’hui de réels projets d’optimisation des coûts logistiques, avec la recherche de profes-sionnels au profil plus généraliste que les grossistes-répartiteurs, et aux niveaux de tarifs également plus communs. »

Enclencher la dynamique économique Plusieurs big pharma auraient ainsi fait appel à DHL pour établir un bench-marking de leurs performances concer-nant leurs activités de stockage et de préparation de commandes, des opéra-tions encore gérées en interne. Le logis-ticien généraliste met en avant une dé-marche d’amélioration continue, qui va au delà de la simple gestion d’entrepôt, et qui offre aux laboratoires un schéma de pensée en ligne avec les enjeux de de-main. « Sous la pression, il faut innover sur les procédés et sur les synergies d’ac-tivité que vous pouvez trouver, pour être sans cesse compétitifs », poursuit Jean-Marc Lami. C’est une démarche que les répartiteurs essaient d’acquérir et que l’industrie pharmaceutique commence à intégrer. Pour l’heure, ces projets d’en-vergure n’ont pas encore abouti, mais ils nourrissent la réflexion dans une profes-sion qui a été longtemps mise à l’écart de tels chamboulements. Il est vrai que la pharma est un métier très encadré et

que les flux concernés sont énormes. D’autre part, l’arrivée de logisticiens gé-néralistes et issus du monde industriel dans le pré carré des répartiteurs et des dépositaires pharma ne peut pas se faire sans résistance. « La France et l’Allema-gne sont deux marchés encore très pro-tégés », reconnaît Jean-Marc Lami, qui regrette à ce jour que les applications pharma de DHL soient, de fait, encore trop centrées sur le transport. Dès lors, c’est plutôt du côté des mar-chés de niche comme la logistique asso-ciée au marketing et à la vente, que les évolutions les plus rapides pourraient se faire. En juin, DHL s’est ainsi associé à la société de e-commerce, Externis, pour développer une plate-forme infor-matique capable de prendre en charge la gestion des matériels de promotion de toute la force de vente d’Eli Lilly en Eu-rope. Un projet d’optimisation d’enver-gure visant 2 000 références et 50 000 commandes par an dans le groupe, et qui devrait être étendu dans une tren-taine de pays prochainement.

Le service client en ligne de mireC’est sur un créneau orienté mar-keting et CRM1, que le dépositaire pharma, Arvato Services Healthcare, se positionne. Pour répondre aux be-soins des laboratoires, Nicolas Vir-moux, directeur commercial, met en évidence l’importance d’une appro-che qui va au delà de la simple dis-tribution physique de médicaments.

Europe de la pharma

La logistique pour la performanceSous la pression des prix et des contraintes réglementaires, les laboratoires étudient

les solutions de mutualisation et de personnalisation du service proposées par les

logisticiens. Objectif : gagner en compétitivité.

Industrie Prestataires

« SOUS LA PRESSION ÉCONOMIQUE, LES

LABORATOIRES COMMENCENT À CHER-

CHER DES SOLUTIONS POUR OPTIMISER

LEUR BUDGET », NOTE JEAN-MARC LAMI

(DHL).

DR

>>>

Page 2: Europe de la pharma : La logistique pour la performance · la pharma est un métier très encadré et que les flux concernés sont énormes. D’autre part, l’arrivée de logisticiens

138

PHARMACEUTIQUES - SEPTEMBRE 2009

Industrie Prestataires

« Les laboratoires ne recherchent plus un dépositaire pharmaceutique stan-dard, mais un véritable acteur capable de les accompagner pendant tout le cycle de vente, explique ce dernier. Aux services classiques, allant de la prise de commande jusqu’au recou-vrement de factures, nous devons être capables d’ajouter des solutions mar-keting, fi nancières, de suivi de clients, d’information et de soutien tant pour les professionnels de santé que pour les patients. » Face à une distribution

plus spécialisée et des thérapies com-plexes, la pharma doit segmenter plus fi nement son off re. C’est cette pres-tation de CRM, associée à une dis-tribution dédiée, qu’Arvato Services Healthcare a mise en place par exem-

ple pour des laboratoires tels qu’Octa Pharma et Menarini en France et Belgique. Le dépositaire se développe aussi en Allemagne, en Grande-Bre-tagne et prochainement en Espagne et en Italie. D’autre part, ses sites de Lognes en France et d’Harsewinkel en Allemagne ont été certifi és conformes aux Bonnes pratiques de fabrication (BPF), afi n de réaliser des opérations d’étiquetage, de vignettage, d’insertion de notices et de reconditionnement. Et de répondre aux besoins croissants des laboratoires en la matière.

Deux segments en croissance On l’a bien compris, les besoins logis-tiques sont variés sur le marché de la santé, un marché prioritaire et encore porteur en période de crise. Certes, les stratégies de volume ne semblent plus d’actualité et la part de marché des lo-gisticiens généralistes reste encore fai-ble à près de 5 %. Mais les stratégies de spécialistes et de ciblage diff érencié sont gagnantes sur un marché aux de-mandes hétérogènes. Dans ce domaine, les transporteurs généralistes ne sont pas en reste. TNT et Chronopost ont notamment mis en place des services à valeur ajoutée autour de leurs actes de livraison et d’enlèvement, qui sont adaptés aux diff érents circuits de distribution pharma. Les cibles sont variées : gros-sistes-répartiteurs, hôpitaux-cliniques, offi cines, maisons de retraite, voire même les patients à domicile. « Nous ne cherchons pas à nous substituer aux grossistes-répartiteurs, ni aux dé-positaires, puisqu’ils sont responsables des médicaments depuis la prise de commande jusqu’à l’expédition de la

marchandise pour les dépositaires, et jusqu’au dernier kilomètre parcouru, pour les répartiteurs, avance Sébastien Guénégan, responsable des comptes stratégiques du marché healthcare de TNT. Nous sommes très engagés dans l’ensemble du procédé pharma-ceutique et même, en amont, dans la recherche, mais toujours exclusive-ment sur l’organisation et la gestion des transports. Nous n’avons pas vo-cation à stocker des produits pharma-ceutiques. » Aujourd’hui, les transporteurs mi-sent sur deux segments en croissance que sont la gestion d’essais cliniques auprès de laboratoire d’analyses et de particuliers, ainsi que les livraisons à l’hôpital. Pour les fabricants de pro-thèses orthopédiques, Gaëlle Hulin, chef de marché santé chez Chrono-post met ainsi en avant l’off re spécia-lement développée par le transporteur, à destination de tous les hôpitaux et cliniques de France, concernant une livraison avant 9h directement en bloc opératoire.

L’enjeu de la traçabilitéEn outre, la tracabilité est un enjeu majeur pour les laboratoires, et les transporteurs investissent de manière importante dans leur outil informati-que pour être à la hauteur. « Le labora-toire est capable de tracer le contenu, nous devons être capable de tracer le contenant », lance Sébastien Guéné-gan. Dès lors, la tracabilité complète et en temps réel grâce à internet passe par plusieurs points de scan et des systèmes de code-barres, de l’enlève-ment à la livraison des colis pharma. TNT affi che même une longueur d’avance étant déjà passé au code bi-dimensionnel pour le transport de ses essais cliniques. « C’était un moyen de relier les diff érentes informations sur la chaîne entre le prélèvement, le patient et l’analyse », explique Sébas-tien Guénégan, qui reconnaît même avoir été audité sur cette prestation d’informatique et de traçabilité par les répartiteurs à la recherche de so-lutions fi ables et structurées pour les laboratoires. ■

Marion Baschet Vernet

(1) Customer Relationship Management ou Gestion de la relation client.

Les transporteurs mobilisés pour le virus A/H1N1

Dans le cadre du plan national de prévention et de lutte contre la grippe A/H1N1, les transporteurs sont prêts à mettre en place les moyens dédiés nécessaires dans la perspective de la distribution de vaccins sur l’ensemble du territoire. Comme il l’a fait cet hiver avec la grippe, TNT est capable de livrer aux médecins des kits de prélèvements, avec récupération pour analyse sous les 24 heures, dans une boite réfrigérée à +2° +8° ou dans un condition-nement doté d’une source de froid négative comme de la carbo-glace, pour les prélèvements congelés. Pour rappel, TNT livre près de 55 000 colis par jour dans le domaine de la pharma. Plus de 16000 pharmacies, 1 000 éta-blissements hospitaliers publics et privés reçoivent ainsi quotidiennement leurs produits pharmaceutiques. Sans oublier 80 % des chirurgiens dentis-tes et des prothésistes, et la plupart des médecins vétérinaires.

« NOUS N’AVONS PAS VOCATION

À STOCKER DES PRODUITS

PHARMACEUTIQUES », SOULIGNE

SÉBASTIEN GUÉNÉGAN (TNT).

DR

>>>