3

Click here to load reader

ÉVOLUTION DE LA qui réalisent au moins une consommation de … · 2016-11-08 · qui réalisent au moins une consommation de l’appât ... L’utilisateur de raticides n’est

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: ÉVOLUTION DE LA qui réalisent au moins une consommation de … · 2016-11-08 · qui réalisent au moins une consommation de l’appât ... L’utilisateur de raticides n’est

ÉVOLUTION DE LA CLASSIFICATION DES RODONTICIDES ANTICOAGULANTS EN MARS 2018Les appâts raticides utilisés depuis très longtemps contiennent comme principe actif des anticoagulants. Ces anticoagulants sont utilisés dans la lutte contre les rongeurs (rats, souris, campagnols, mulots) depuis les années 1940. On utilise ces matières actives, venus de la médecine humaine, car elles présentent des caractéristiques très intéressantes pour la gestion des rongeurs que peu d’autres molécules présentent. Le coumafène (warfarin en anglais) est une molécule également utilisée chez l’homme comme médicament pour fluidifier le sang. Les anticoagulants encore utilisés à ce jour comme rodonticides sont au nombre de 8 molécules. Trois molécules (les plus anciennes) sont de première génération, peu toxiques, elles nécessitent d’être consommées plusieurs fois par le rongeur pour le contrôler.

Figure 1 : matières actives anticoagulantes de première et seconde génération, année de mise en marché

Cinq molécules appartiennent à la seconde génération. Elles permettent un contrôle de tous les rongeurs

qui réalisent au moins une consommation de l’appât contenant l’un de ces principes actifs. Ces matières actives de seconde génération, plus efficaces que celles de première génération, ont été historiquement développées pour contourner le phénomène de résistance, aux premières générations, apparu chez les rats et souris. Ces appâts avec anticoagulant, dans des cas de mauvaise utilisation, mauvaise application ou utilisés de manière non-sécurisée (dans une boite d’appâtage par exemple) peuvent être à l’origine d’intoxications d’animaux domestiques ou sauvages.Jusqu’à lors, les raticides contenant des anticoagulants (en général 50ppm) sont utilisables par les professionnels 3D, les éleveurs et agriculteurs et l’ensemble des particuliers qui peuvent se fournir en grande surface ou en libre-service agricole. En effet, la lutte contre les rongeurs concernent aussi bien les particuliers (souris dans la maison) que des professionnels 3D (contrats de dératisation en entreprise par exemple), des éleveurs-agriculteurs (dératisation de l’exploitation).

En 2014, a été publié l’avis de l’Agence Européenne de Chimie demandant le classement de l’anticoagulant « warfarin » comme toxique pour la reproduction, sur les bases de son effet chez l’homme (notamment sur la base de son impact sur le fœtus de la femme enceinte) lorsqu’il est administré quotidiennement pour fluidifier le sang. Sur cette base, il a été également demandé le classement des tous les anticoagulants, utilisés cette fois ci comme rodonticide et non médicament, comme « toxique pour la reproduction » quand bien même le modèle d’exposition n’est pas du tout le même. Cette demande de classement a été suivie par la Commission Européenne qui a publié en Juillet 2016 un règlement imposant cette nouvelle classification à tous les Etats-membres dont la France, classification qui va s’appliquer au 1er Mars 2018. Ainsi retraçons l’origine et les conséquences de cette classification sur l’utilisation des raticides contenant des anticoagulants par les professionnels et amateurs.

ORIGINE DE CETTE CLASSIFICATION

Des suivis de patients (et en particulier femmes enceintes), traités quotidiennement par l’anticoagulant « warfarin » pour des problèmes circulatoires, ont été réalisés et ont été publiés dans des journaux

DATE

SEPTEMBRE 2016

SUJET

ÉVOLUTIONSRÉGLEMENTAIRES

AUTEUR

ROMAINLASSEUR

1. WARFARIN

1. CHLOROPHACINONE

1. COUMATETRALYL

2. DIFENACOUM

2. BROMADIOLONE

2. BRODIFACOUM

2. FLOCOUMAFEN

2. DIFETHIALONE

YEAR

1944

1961

1962

1975

1976

1976

1984

1989

PAGE 1

Page 2: ÉVOLUTION DE LA qui réalisent au moins une consommation de … · 2016-11-08 · qui réalisent au moins une consommation de l’appât ... L’utilisateur de raticides n’est

de 30g par jour, ce qui est déjà techniquement impossible puisque l’amérisant contenu dans l’appât oblige le consommateur (adulte ou enfant) à recracher immédiatement le contenu de sa bouche.

Il apparait donc clair que cette classification « toxique pour la reproduction » de tous les anticoagulants utilisés dans la lutte contre les rongeurs n’est absolument pas fondée sur le plan scientifique. Aucune publication scientifique sérieuse n’a rapporté de toxicité pour la reproduction chez un utilisateur régulier d’appâts raticides tout simplement car il n’est pas techniquement possible que cet utilisateur puisse consommer la quantité d’appâts suffisante pour provoquer des effets sur sa santé.

Figure 2 : différence fondamentale entre le scénario de risque « warfarin médicament » et « warfarin raticide »

DANGERWarfarin occasionne des troubles de la coa-gulation et peut provoquer une hémoragie interne et une perte du foetus chez la femme enceinte en cas de traitement prolongé

EXPOSITIONLe patient est exposé quotidiennement au principe actif car il se traite tous les jours

RISQUE +++Le risque est la combinaison du danger et de l’esposition. Chez le patient et notamment chez la femme enceinte, le risque d’impact sur le foetus est élevé

DANGERWarfarin occasionne des troubles de la coa-gulation et peut provoquer une hémoragie interne et une perte du foetus chez la femme enceinte en cas de traitement prolongé

EXPOSITIONL’utilisateur de raticides n’est pas exposé au produit qu’il utilise. Seuls les rongeurs sont en contact avec l’appât.

RISQUE NULLe risque est la combinaison du danger et de l’esposition. L’utilisateur n’étant pas exposé à l’appât, il ne court aucun risque vis-à-vis de la caractéristique reprotoxique de l’anticoagulant puisqu’il n’en consomme pas

WARFARINMédicament chez l’Homme

WARFARIN et autres matières activesLutte contre les rongeurs par un professionnel ou amateur

scientifiques. Il a été émis en évidence que la fait que la mère soit quotidiennement traitée par cet anticoagulant (pour sa santé) a un impact sur la santé et la survie du fœtus-futur enfant allant jusqu’à la mort fœtale. La société Européenne de Chimie a réalisé un travail de compilation bibliographique sur le profil toxicologique de « warfarin ». Il se trouve que « warfarin » est une matière active qui est également utilisée dans la lutte contre les rongeurs (sous forme d’appâts) par les professionnels et particuliers. Cependant, là où « warfarin » est administré quotidiennement au patient sous forme de comprimés, « warfarin » entre simplement dans la composition d’appât supposés n’être consommés que par les rongeurs dans le cadre de la lutte contre ceux-ci. Fort de cet amalgame d’usage, et parce que d’autres anticoagulants sont utilisés comme produit de lutte contre les rongeurs, il a été demandé un classement « toxique pour la reproduction » de toutes les matières actives anticoagulantes, même celles (la majorité) qui ne sont utilisées que dans le cadre de la lutte contre les rongeurs (voir figure 1). Cette demande de classement a été suivie par la Commission Européenne qui a publié en Juillet 2016 un règlement imposant cette nouvelle classification à tous les Etats-membres dont la France. Cette classification prend effet au 1er Mars 2018.

UNE CLASSIFICATION DES RATICIDES PAR UNE EXTRAPOLATION HASARDEUSE

Cette classification, de fait, sous-entend que l’utilisation et la manipulation d’appâts de lutte contre les rongeurs contenant des anticoagulants pose un risque de « toxicité pour la reproduction » pour l’utilisateur de ces appâts. Les utilisateurs de ces appâts, portant très régulièrement des gants et disposant les appâts dans des stations d’appâtage dans lesquelles seuls les rongeurs peuvent accéder, ne sont pas en contact avec l’anticoagulant. En effet, ‘est bel et bien l’utilisation thérapeutique de « warfarin » qui fait courir un risque à l’homme (dont femme enceinte) et non son utilisation comme biocide (traitement des rongeurs). Pour obtenir un tel effet chez l’utilisateur d’anticoagulants comme biocides (appâts anti-rongeur), il faudrait que l’utilisateur, pesant 60kg, ingère lui-même des appâts à raison de 2 à 12 appâts

DATE

SEPTEMBRE 2016

SUJET

ÉVOLUTIONS RÉGLEMENTAIRES

AUTEUR

ROMAINLASSEUR

PAGE 2

Page 3: ÉVOLUTION DE LA qui réalisent au moins une consommation de … · 2016-11-08 · qui réalisent au moins une consommation de l’appât ... L’utilisateur de raticides n’est

CONSÉQUENCE DE CETTE CLASSIFICATION

Cette classification ne va s’appliquer qu’au 1er Mars 2018. D’ici à cette date, les raticides continuent à être utilisés comme à ce jour, sans classification ni mention spécifique, ni information auprès des clients. La panique n’est évidemment pas de mise. Les appâts de lutte contre les rongeurs contiennent en général 50ppm d’anticoagulants. A partir du 1er Mars 2018, pour respecter cette classification, les appâts ne devront pas contenir plus de 30ppm afin de ne pas porter la mention « toxique pour la reproduction » et continuer à être vendus aux professionnels et amateurs. Les appâts à 50ppm (>30ppm) porteront la mention et ne seront réservés qu’aux professionnels, donc interdits à l’utilisation par le particulier.Les sociétés productrices d’appâts raticides vont quoi qu’il en soit procéder à une déconcentration d’anticoagulants dans les appâts, c’est à dire mettre à disposition du marché des appâts contenant au maximum 30ppm d’anticoagulants au lieu de 50ppm. Il existe déjà des appâts contenant moins de 30ppm d’anticoagulants ayant montré toute leur efficacité, et cette approche va se généraliser dans les 2 années à venir.

Les appâts contenant 30ppm d’anticoagulants sont efficaces. Le détitrage en matière active n’a aucun impact sur l’appétence des appâts (la matière active n’est pas détectée par les rongeurs). Concernant l’efficacité des appâts à 30ppm, elle sera assurément au rdv dans la mesure où les rongeurs consomment toujours un peu plus que la dose létale, donc cette réduction de 20ppm en actif n’affectera pas le haut niveau d’efficacité des appâts pour peu qu’ils soient consommés donc appétents.La seule difficulté, qui ne fera que persister, concerne les anticoagulants de première génération, reconnus pour générer de la résistance chez les rongeurs. En effet, sur les populations de rongeurs résistants, les appâts à 30ppm d’anticoagulant de première génération (warfarin, chlorophacinone et coumatetralyl) seront tout aussi inefficaces que ceux actuellement

à 50ppm. Concernant les appâts contenant 30ppm d’anticoagulants de seconde génération, la réduction d’actif n’aura aucune conséquence sur le phénomène de résistance qui lui est génétique et non dépendant de la dose d’actif ingérée mais plutôt de la génération de l’actif ingéré.Il est très important que les professionnels puissent conserver l’accès à des appâts contenant 50ppm d’anticoagulants afin de pouvoir faire face à de fortes populations de rongeurs, des situations de forte concurrence alimentaire par exemple.

Donc en conclusion, à ce jour, pas de panique pour différentes raisons :

- Les appâts contenant 50ppm d’anticoagulants restent en marché jusqu’au 1er Mars 2018 et même au-delà pour les professionnels car c’est souhaitable- Les industriels vont adapter les concentrations d’anticoagulants dans les appâts (30ppm) pour maintenir l’usage chez les particuliers- La réduction de dose aura très peu de conséquence sur l’efficacité des appâts. Il est cependant souhaitable que les professionnels continuent à avoir accès à des appâts à 50ppm pour réagir dans les situations de forte pression de rongeurs

Enfin, il apparait opportun, même si la décision de classification a été prise par la commission européenne, de remettre en cause l’adoption de ce classement des anticoagulants qui apparait totalement hasardeux sur le plan scientifique en s’appuyant sur une extrapolation infondée.

DATE

SEPTEMBRE2016

SUJET

ÉVOLUTIONS RÉGLEMENTAIRES

AUTEUR

ROMAINLASSEUR

PAGE 3

article rédigé par Romain LASSEUR