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Posters B267 venue chez des patients à haut risque de deuxième MM, et leur caractère non invasif amenait à discuter la réalité de la malignité de ces tumeurs, et de la responsabilité du vemurafenib. Une série de 12 cas supplémentaires incluant sept lésions invasives vient d’être publiée. L’émergence très rapide d’un authentique MM invasif chez une patiente porteuse de nombreux nævus atypiques peut ame- ner à discuter l’activation d’un MM préexistant, tout autant que l’induction d’un nouveau MM sur un terrain prédisposé. Tous les cas décrits sont survenus, chez des patients répondeurs au trai- tement, tandis qu’aucun des nouveaux MM primitifs n’exprimaient la mutation de BRAF, ce qui peut alimenter la discussion quant au mécanisme inducteur. Conclusion.— Des MM primitifs peuvent apparaître chez des patients métastatiques sous BRAF inhibiteurs. Sans remettre en question le bénéfice de ces médicaments, cela impose une vigilance, et interroge quant aux réactions en chaîne que peuvent entraîner ces molécules. Déclaration d’intérêts.— Aucun. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2012.10.483 P331 Évolution érosive d’une porokératose au cours d’un traitement par inhibiteur de MEK C. Gaudy-Marqueste a,, A.-M. Taséi b , S. Monestier a , J.-J. Grob a , M.-A. Richard a a Service de dermatologie, Aix-Marseille université, AP—HM, CRO2, Marseille, France b Service de d’anatomopathologie, AP—HM, Marseille, France Auteur correspondant. Mots clés : Mélanome ; Porokératose ; Thérapie ciblée Introduction.— L’AZD6244 est un inhibiteur de MEK en cours d’évaluation dans le mélanome. Nous rapportons un cas de toxicité cutanée inhabituelle. Observations.— Une femme de 62 ans aux antécédents d’héliodermie sévère et de porokératose actinique dissémi- née était incluse dans un essai thérapeutique comparant une association dacarbazine ± AZD6244 ou placebo pour prise en charge d’un mélanome métastatique BRAF muté (Protocole D1532C00006Laboratoire Astra Zeneca). Trois semaines après le début du traitement, apparaissait un œdème du visage puis des fissures des extrémités et des lésions pustuleuses des membres infé- rieurs. Deux semaines plus tard, des lésions papulo-érythémateuses érosives se développaient aux 4 membres sur les lésions connues de porokératose. La sévérité et l’extension des plaies nécessitaient une hospitalisation pour traitement antalgique et soins locaux. Une cicatrisation partielle était obtenue en quelques jours après arrêt du traitement oral. Quarante-huit heures après la reprise du traitement, réapparaissaient des érosions localisées exclusivement à nouveau sur les lésions de porokératose. Les plaies s’étendaient sur plus de 30 % de la surface corporelle imposant un nouvel arrêt du traitement oral qui était finalement poursuivi à une dose réduite du fait de la régression des lésions pulmonaires et ganglionnaires cibles. Discussion.— La toxicité cutanée des inhibiteurs de MEK est habi- tuellement proche de celle décrite sous inhibiteurs de l’EGFR. Le mécanisme exact de cette toxicité est inconnu. Il a été suggéré que l’altération de la voie de signalisation MEK serait responsable d’un stress kératinocytaire entraînant une perturbation de l’homéostasie épidermique, une inflammation et des dommages tissulaires. Notre patiente a présenté une toxicité cutanée classique associée à une poussée érosive de sa porokératose. À notre connaissance, aucun tableau similaire n’a été rapporté. Il a été démontré que l’inhibition pharmacologique de la voie EGFR/ERK1/2 était responsable d’une augmentation d’expression de chémokines pro-inflammatoires au sein des kératinocytes. On sait également que plusieurs gènes impli- qués dans la réponse immune T sont sur-exprimés au sein des lésions de porokératose. Chez notre patiente, l’inhibition de ERK pourrait avoir entraîné une réponse inflammatoire plus marquée au niveau des lésions de porokératose expliquant leur évolution érosive. Conclusion.— Les anomalies intrinsèques à la peau porokératosique semblent la rendre plus sensible à l’inhibition de la voie MEK1/2, ce qui constitue une observation intéressante pour mieux comprendre la pathogenèse de la porokératose, mais également les mécanismes responsables de la toxicité cutanée des inhibiteurs de MEK. Déclaration d’intérêts.— Aucun. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2012.10.484 P332 Adénocarcinome du pancréas rapidement évolutif chez un patient traité par vemurafenib pour un mélanome métastatique S. Lipowicz a,, S. Chagnon b , P. Saiag a a Service de dermatologie, université UVSQ, hôpital Ambroise-Paré, AP—HP, Boulogne-Billancourt, France b Service de radiologie, université UVSQ, hôpital Ambroise-Paré, AP—HP, Boulogne-Billancourt, France Auteur correspondant. Mots clés : Cancer du pancréas ; Mélanome ; Vemurafenib Introduction.— Le vemurafenib est un nouvel inhibiteur de BRAF qui améliore la survie globale et sans récidive du mélanome méta- statique muté BRAF V600. Cependant il peut induire des effets secondaires cutanés parfois graves, comme le développement de carcinomes épidermoïdes ou de nouveaux mélanomes, liés à une activation paradoxale de la voie des MAPK dans les cellules non mutées BRAF V600. Aucun autre type de cancer n’a été rapporté sous vemurafenib à notre connaissance. Nous rapportons le premier cas de cancer non cutané rapidement progressif sous vemurafenib. Observations.— Un homme de 31 ans, aux antécédents familiaux de mélanomes et cancers du pancréas, était suivi pour 2 mélanomes dorsaux. Il était porteur d’une mutation germinale CDKN2A et les imageries répétées du pancréas (IRM et TDM) ne montraient pas de lésion suspecte. Il était traité pour des métastases de mélanome successivement par dacarbazine puis ipilimumab sans efficacité. En août 2011, la TDM cérébrale et thoraco-abdominopelvienne révé- lait une franche progression métastatique et l’apparition d’une minime lésion pancréatique suspecte, initialement diagnostiquée comme métastase de mélanome. La mutation BRAF V600E étant présente dans une métastase sous-cutanée, le patient a été traité par vemurafenib. Le bilan d’évaluation par TDM après huit semaines de traitement montrait une réponse thérapeutique partielle sur l’ensemble des métastases (—40 % selon les critères RECIST 1.1) mais une progression importante en taille du nodule pancréatique (+250 %) et l’apparition d’une adénopathie cœliaque périphérique. Une écho-endoscopie pancréatique avec biopsies de la lésion révé- laient un adénocarcinome canalaire pancréatique infiltrant. La taille des échantillons était insuffisante pour la recherche des muta- tions RAS et RAF. Discussion.— La mutation KRAS étant rapportée dans plus de 90 % des adénocarcinomes canalaires pancréatiques, le vemurafenib pourrait avoir stimulé la croissance d’une lésion pancréatique pré- existante chez ce patient, probablement mutée KRAS et non mutée BRAF, par activation paradoxale de la voie de signalisation MEK- ERK. Ce mécanisme est déjà suggéré pour le développement de carcinomes épidermoïdes et mélanomes sous anti-BRAF. Conclusion.— Cette observation souligne l’importance du dépistage du cancer du pancréas avant d’introduire un traitement par inhibi- teur de BRAF, et durant toute la durée du traitement, en particulier chez les patients porteurs d’une mutation CDKN2A, prédisposante

Évolution érosive d’une porokératose au cours d’un traitement par inhibiteur de MEK

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venue chez des patients à haut risque de deuxième MM, et leurcaractère non invasif amenait à discuter la réalité de la malignitéde ces tumeurs, et de la responsabilité du vemurafenib. Une série de12 cas supplémentaires incluant sept lésions invasives vient d’êtrepubliée. L’émergence très rapide d’un authentique MM invasif chezune patiente porteuse de nombreux nævus atypiques peut ame-ner à discuter l’activation d’un MM préexistant, tout autant quel’induction d’un nouveau MM sur un terrain prédisposé. Tous lescas décrits sont survenus, chez des patients répondeurs au trai-tement, tandis qu’aucun des nouveaux MM primitifs n’exprimaientla mutation de BRAF, ce qui peut alimenter la discussion quant aumécanisme inducteur.Conclusion.— Des MM primitifs peuvent apparaître chez des patientsmétastatiques sous BRAF inhibiteurs. Sans remettre en questionle bénéfice de ces médicaments, cela impose une vigilance, etinterroge quant aux réactions en chaîne que peuvent entraîner cesmolécules.Déclaration d’intérêts.— Aucun.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2012.10.483

P331Évolution érosive d’une porokératose au coursd’un traitement par inhibiteur de MEKC. Gaudy-Marqueste a,∗, A.-M. Taséi b, S. Monestier a, J.-J. Grob a,M.-A. Richard a

a Service de dermatologie, Aix-Marseille université, AP—HM,CRO2, Marseille, Franceb Service de d’anatomopathologie, AP—HM, Marseille, France∗ Auteur correspondant.

Mots clés : Mélanome ; Porokératose ; Thérapie cibléeIntroduction.— L’AZD6244 est un inhibiteur de MEK en coursd’évaluation dans le mélanome. Nous rapportons un cas de toxicitécutanée inhabituelle.Observations.— Une femme de 62 ans aux antécédentsd’héliodermie sévère et de porokératose actinique dissémi-née était incluse dans un essai thérapeutique comparant uneassociation dacarbazine ± AZD6244 ou placebo pour prise encharge d’un mélanome métastatique BRAF muté (ProtocoleD1532C00006 Laboratoire Astra Zeneca). Trois semaines après ledébut du traitement, apparaissait un œdème du visage puis desfissures des extrémités et des lésions pustuleuses des membres infé-rieurs. Deux semaines plus tard, des lésions papulo-érythémateusesérosives se développaient aux 4 membres sur les lésions connues deporokératose. La sévérité et l’extension des plaies nécessitaientune hospitalisation pour traitement antalgique et soins locaux.Une cicatrisation partielle était obtenue en quelques jours aprèsarrêt du traitement oral. Quarante-huit heures après la reprise dutraitement, réapparaissaient des érosions localisées exclusivementà nouveau sur les lésions de porokératose. Les plaies s’étendaientsur plus de 30 % de la surface corporelle imposant un nouvel arrêtdu traitement oral qui était finalement poursuivi à une dose réduitedu fait de la régression des lésions pulmonaires et ganglionnairescibles.Discussion.— La toxicité cutanée des inhibiteurs de MEK est habi-tuellement proche de celle décrite sous inhibiteurs de l’EGFR. Lemécanisme exact de cette toxicité est inconnu. Il a été suggéré quel’altération de la voie de signalisation MEK serait responsable d’unstress kératinocytaire entraînant une perturbation de l’homéostasieépidermique, une inflammation et des dommages tissulaires. Notrepatiente a présenté une toxicité cutanée classique associée à unepoussée érosive de sa porokératose. À notre connaissance, aucuntableau similaire n’a été rapporté. Il a été démontré que l’inhibition

pharmacologique de la voie EGFR/ERK1/2 était responsable d’uneaugmentation d’expression de chémokines pro-inflammatoires ausein des kératinocytes. On sait également que plusieurs gènes impli-

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ués dans la réponse immune T sont sur-exprimés au sein desésions de porokératose. Chez notre patiente, l’inhibition de ERKourrait avoir entraîné une réponse inflammatoire plus marquéeu niveau des lésions de porokératose expliquant leur évolutionrosive.onclusion.— Les anomalies intrinsèques à la peau porokératosiqueemblent la rendre plus sensible à l’inhibition de la voie MEK1/2, ceui constitue une observation intéressante pour mieux comprendrea pathogenèse de la porokératose, mais également les mécanismesesponsables de la toxicité cutanée des inhibiteurs de MEK.éclaration d’intérêts.— Aucun.

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332dénocarcinome du pancréas rapidement évolutifhez un patient traité par vemurafenib pour unélanome métastatique

. Lipowicz a,∗, S. Chagnon b, P. Saiag a

Service de dermatologie, université UVSQ, hôpitalmbroise-Paré, AP—HP, Boulogne-Billancourt, FranceService de radiologie, université UVSQ, hôpital Ambroise-Paré,P—HP, Boulogne-Billancourt, FranceAuteur correspondant.

ots clés : Cancer du pancréas ; Mélanome ; Vemurafenibntroduction.— Le vemurafenib est un nouvel inhibiteur de BRAFui améliore la survie globale et sans récidive du mélanome méta-tatique muté BRAF V600. Cependant il peut induire des effetsecondaires cutanés parfois graves, comme le développement dearcinomes épidermoïdes ou de nouveaux mélanomes, liés à unectivation paradoxale de la voie des MAPK dans les cellules nonutées BRAF V600.ucun autre type de cancer n’a été rapporté sous vemurafenib àotre connaissance. Nous rapportons le premier cas de cancer nonutané rapidement progressif sous vemurafenib.bservations.— Un homme de 31 ans, aux antécédents familiaux deélanomes et cancers du pancréas, était suivi pour 2 mélanomesorsaux. Il était porteur d’une mutation germinale CDKN2A et lesmageries répétées du pancréas (IRM et TDM) ne montraient pas deésion suspecte. Il était traité pour des métastases de mélanomeuccessivement par dacarbazine puis ipilimumab sans efficacité. Enoût 2011, la TDM cérébrale et thoraco-abdominopelvienne révé-ait une franche progression métastatique et l’apparition d’uneinime lésion pancréatique suspecte, initialement diagnostiquée

omme métastase de mélanome. La mutation BRAF V600E étantrésente dans une métastase sous-cutanée, le patient a été traitéar vemurafenib. Le bilan d’évaluation par TDM après huit semainese traitement montrait une réponse thérapeutique partielle sur’ensemble des métastases (—40 % selon les critères RECIST 1.1)ais une progression importante en taille du nodule pancréatique

+250 %) et l’apparition d’une adénopathie cœliaque périphérique.ne écho-endoscopie pancréatique avec biopsies de la lésion révé-

aient un adénocarcinome canalaire pancréatique infiltrant. Laaille des échantillons était insuffisante pour la recherche des muta-ions RAS et RAF.iscussion.— La mutation KRAS étant rapportée dans plus de 90 %es adénocarcinomes canalaires pancréatiques, le vemurafenibourrait avoir stimulé la croissance d’une lésion pancréatique pré-xistante chez ce patient, probablement mutée KRAS et non mutéeRAF, par activation paradoxale de la voie de signalisation MEK-RK. Ce mécanisme est déjà suggéré pour le développement dearcinomes épidermoïdes et mélanomes sous anti-BRAF.

onclusion.— Cette observation souligne l’importance du dépistageu cancer du pancréas avant d’introduire un traitement par inhibi-eur de BRAF, et durant toute la durée du traitement, en particulierhez les patients porteurs d’une mutation CDKN2A, prédisposante