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EXPOSITIONS ITINÉRANTES ET ÉDUCATIVES DANS LES MUSÉES D'ITALIE UL n'ignore que les musées itali'ens, comme la plupart des musées d'Europe, N sont de création ancienne, qu'ils abritent des collections d'art antique complètes et qu'ils sont installés dans des monuments historiques. On sait aussi que les musées d'Italie sont chargés non seulement de conserver leurs collections le mieux possible, gràce à l'emploi des techniques scientifiques modernes, mais qu'ils cons- tituent des institutions dont l'activité porte essentiellement sur l'accroissement de leurs collections et sur la protection du patrimoine d'art local. Cet état de choses exerce une influence considérable sur le mode d'organisation et sur le dévelop- pement des musées. Lorsque cette activité est prédominante, il n'est que rarement possible de mettre en œuvre un plan muséographique cohérent tenant compte de toutes les techniques modernes d'exposition. Et cela explique que les musées d'Italie, qui abritent des collections artistiques de la plus haute valeur, semblent être ceux qui se prêtent le moins à l'exercice d'une activité méthodique d'éducation; généralement en effet, une telle activité didactique exige une organisation et une présentation muséographiques des objets, ainsi que le classement rationnel des collections par ordre chronologique et topographique. En outre, le fait que les musées ont avant tout un rôle de conservation influe à la fois sur la culture générale et sur la branche de la culture à laquelle ils se rat- tachent. Pratiquement, les musées sont isolés des chaires universitaires d'histoire de l'art, des écoles de beaux-arts et même de l'enseignement en général. I1 n'existe aucun lien non plus entre les musées et le monde de la production; la conception humaniste, qui exige de toute œuvre d'art qu'elle soit parfaite, conduit naturellement à négliger l'immense production artisanale qui constitue pourtant un lien vivant entre l'idéal artistique et la vie sociale. Le musée est l'expression typique d'une culture de l'élite et il n'exerce aucune influence sur la culture de la masse. Le problème se pose donc de la fason suivante: IO il ne peut être question, et ce serait une grave erreur, de dépouiller les musées italiens de leur caractère traditionnel; ils offrent en effet des documents importants pour l'histoire de la culture artistique et s'acquittent d'une fonction essentielle de protection et de conservation du patrimoine artistique; 20 ce caractère traditionnel, s'il n'y est remédié, empêchera inexorablement les musées d'exercer aucune fonction édu- cative, leur interdira tout développement dans le sens recommandé par les études critiques modernes, et entraînera le déclin progressif de leur fonction de conser- vation, qui se justifie uniquement par la valeur ou par le rôle éducatif reconnus à l'œuvre d'art. Seules les expositions temporaires permettent de résoudre le problème. Dans les vingt dernières années, de nombreuses expositions ont été consacrées soit à de grands maîtres du passé, soit à des périodes déterminées de l'histoire de l'art, ce qui montre bien à quel point on éprouve le besoin d'aborder les problèmes de l'art ancien dans un esprit critique nouveau: et de présenter les œuvres d'art dans un ordre plus rigoureusement historique que ne le font les musées. I1 est évident toutefois que, malgré leur grand intérêt culturel, ces expositions ne rendent pas les musées plus dynamiques et n'améliorent pas leur valeur éducative. Certes, quelques grands musées organisent depuis longtemps déjà des expositions temporaires du matériel qu'ils ne peuvent exposer normalement (dessins, estampes, médailles, etc.), mais par GIULIO CARLO ARGAN ". Centro per la educativa dei hfusei, Exposition consaCrCe à l'ancienne civilisation sarde et bronzes nuraghes. Cette exposition, la première qu'ait Organisée le Centre de l'Cducation par les Musées, a ktk ensuite envoyée à Florence et instaUée au palais Strozzi pendant 1% Cinquième session de la Conférence génerale de l'Unesco. 28. Centro per fmzione educativa dei hfusei, Roma (Centre for through Civilization and Nuraghi B ~ ~ ~ ~ ~ ~ . This was the first exhibition organized by the 'Gntro''. The exhibition was later transported to and installed in the Palazzo Strozzi for the Fifth Session of the General Conference of Unesco. Roma (Centre de l'tducation par les Musées, Rome). museums, Rome). Exhibition : Ancient Sardinia 286

EXPOSITIONS ITINÉRANTES ET ÉDUCATIVES DANS : LES MUSÉES D'LTALIE

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EXPOSITIONS I T I N É R A N T E S ET É D U C A T I V E S DANS LES M U S É E S D' ITALIE

UL n'ignore que les musées itali'ens, comme la plupart des musées d'Europe, N sont de création ancienne, qu'ils abritent des collections d'art antique complètes et qu'ils sont installés dans des monuments historiques. On sait aussi que les musées d'Italie sont chargés non seulement de conserver leurs collections le mieux possible, gràce à l'emploi des techniques scientifiques modernes, mais qu'ils cons- tituent des institutions dont l'activité porte essentiellement sur l'accroissement de leurs collections et sur la protection du patrimoine d'art local. Cet état de choses exerce une influence considérable sur le mode d'organisation et sur le dévelop- pement des musées. Lorsque cette activité est prédominante, il n'est que rarement possible de mettre en œuvre un plan muséographique cohérent tenant compte de toutes les techniques modernes d'exposition. Et cela explique que les musées d'Italie, qui abritent des collections artistiques de la plus haute valeur, semblent être ceux qui se prêtent le moins à l'exercice d'une activité méthodique d'éducation; généralement en effet, une telle activité didactique exige une organisation et une présentation muséographiques des objets, ainsi que le classement rationnel des collections par ordre chronologique et topographique.

En outre, le fait que les musées ont avant tout un rôle de conservation influe à la fois sur la culture générale et sur la branche de la culture à laquelle ils se rat- tachent. Pratiquement, les musées sont isolés des chaires universitaires d'histoire de l'art, des écoles de beaux-arts et même de l'enseignement en général. I1 n'existe aucun lien non plus entre les musées et le monde de la production; la conception humaniste, qui exige de toute œuvre d'art qu'elle soit parfaite, conduit naturellement à négliger l'immense production artisanale qui constitue pourtant un lien vivant entre l'idéal artistique et la vie sociale. Le musée est l'expression typique d'une culture de l'élite et il n'exerce aucune influence sur la culture de la masse.

Le problème se pose donc de la fason suivante: I O il ne peut être question, et ce serait une grave erreur, de dépouiller les musées italiens de leur caractère traditionnel; ils offrent en effet des documents importants pour l'histoire de la culture artistique et s'acquittent d'une fonction essentielle de protection et de conservation du patrimoine artistique; 20 ce caractère traditionnel, s'il n'y est remédié, empêchera inexorablement les musées d'exercer aucune fonction édu- cative, leur interdira tout développement dans le sens recommandé par les études critiques modernes, et entraînera le déclin progressif de leur fonction de conser- vation, qui se justifie uniquement par la valeur ou par le rôle éducatif reconnus à l'œuvre d'art. Seules les expositions temporaires permettent de résoudre le problème. Dans les vingt dernières années, de nombreuses expositions ont été

consacrées soit à de grands maîtres du passé, soit à des périodes déterminées de l'histoire de l'art, ce qui montre bien à quel point on éprouve le besoin d'aborder les problèmes de l'art ancien dans un esprit critique nouveau: et de présenter les œuvres d'art dans un ordre plus rigoureusement historique que ne le font les musées. I1 est évident toutefois que, malgré leur grand intérêt culturel, ces expositions ne rendent pas les musées plus dynamiques et n'améliorent pas leur valeur éducative.

Certes, quelques grands musées organisent depuis longtemps déjà des expositions temporaires du matériel qu'ils ne peuvent exposer normalement (dessins, estampes, médailles, etc.), mais

par GIULIO CARLO ARGAN

". Centro per la educativa dei hfusei,

Exposition consaCrCe à l'ancienne civilisation sarde et bronzes nuraghes. Cette exposition, la première qu'ait Organisée le Centre de l'Cducation par les Musées, a ktk ensuite envoyée à Florence et instaUée au palais Strozzi pendant 1% Cinquième session de la Conférence génerale de l'Unesco. 28. Centro per fmzione educativa dei hfusei, Roma (Centre for through

Civilization and Nuraghi B ~ ~ ~ ~ ~ ~ . This was the first exhibition organized by the 'Gntro''. The exhibition was later transported to and installed in the Palazzo Strozzi for the Fifth Session of the General Conference of Unesco.

Roma (Centre de l'tducation par les Musées, Rome).

museums, Rome). Exhibition : Ancient Sardinia

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ces expositions n'ont pas un caractère didactique et elles visent surtout à établir un roulement entre les collections qui ne peuvent être exposées en permanence.

C'est depuis quelques années seulement que la Direction générale des anti- quitts et des beaux-arts a décidé de développer l'éducation par les arts plastiques dans les musées mêmes. Le principe est que tout musée de quelque importance doit consacrer une ou plusieurs salles à des expositions temporaires et à des expé- riences d'application systématique des méthodes muséographiques. Ces expositions ont essentiellement pour but d'illustrer avec toute la netteté voulue le probkème historique et critique que pose une œuvre ou un groupe d'œuvres; de faire com- prendre la valeur plastique et le sens historique de ces œuvres; de familiariser le public avec les méthodes les plus élémentaires d'interprétation objective des œuvres d'art, enfin d'étudier les œuvres d'art du passé d'un point de vue moderne, de manière à faciliter la compréhension de l'art contemporain.

La première de ces expositions s'est tenue dans les salles (( didactiques 1) qui ont été spécialement aménagées au musée de Pise actuellement installé dans l'ancien couvent de Saint-Mathieu. Elle était consacrée au polyptique des Carmes, peint par Masaccio en 1426; le musée de Pise en possède le volet qui représente saint Paul; le panneau supérieur, représentant la Crucifixion, a été prêté par la Pina- cothèque de Naples. L'exposition comprenait : I 0 une grande reconstitution photo- graphique du polyptique; 20 les deux volets originaux et quelques œuvres originales comparables (un tableau sur bois de Lorenzo Monaco, un crucifix pisan des débuts du X V ~ siècle); 30 des photographies illustrant le nouveau sens constructif de la forme (comparaisons avec Donatello et avec l'architecture de Brunelleschi); 40 des graphiques montrant le traitement de la perspective chez Masaccio.

Le musée du Palazzo Rosso de Gènes et la Pinacothèque de Turin aménagent actuellement des salles qui seront réservées à des expositions éducatives.

L'initiative la plus importante et la plus récente a été la création h Rome d'un Centre de l'éducation par les musées, qui a pour siège la Galerie nationale d'art moderne de Valle Giulia. I1 comprend plusieurs salles d'exposition ainsi qu'une salle de conférences, et son équipement consiste en un ensemble de panneaux et de vitrines démontables spécialement étudiés par l'architecte F. Mïnissi, qui permettent d'exposer aussi bien des peintures que des sculptures, des pièces d'orfè- vrerie ou des reproductions.

La première exposition du Centre a été consacrée à l'ancienne civilisation sarde et aux bronzes nuraghes (jg. 28, 29, 30). Son but essentiel était de démontrer que l'application systématique des méthodes muséographiques aboutit nécessairement à une bonne présentation didactique, et que par conséquent le problème didactique et le problème muséographique ne font qu'un. La présentation a donc étt conpe de fason à faire ressortir le plus possible la qualité plastique des objets exposés: 10 espace réduit, afin que les visiteurs concentrent toute leur attention sur les bronzes de très petites dimensions exposés en vitrine à hauteur des yeux; 20 éclai- rage qui accentue les ombres, afin de souligner la qualité plastique des objets; 3 0 classification des objets par sujets ou par styles; 4" présentation mettant également en relief l'aspect historique et l'aspect artistique. On ne s'est donc pas contenté de mettre en valeur les différents objets ou groupes d'objets, mais on avoulu également, à des fins didactiques, attirer l'attention sur leur intérêt historique et sur leur style. A cet effet, on avait réuni une documentation complète de graphiques et de maquettes concernant la construction et le rôle des nuraghes, la civilisation à laquelle ils appartiennent, leur répartition topographique en Sardaigne, enfin le mobilier en usage à la période correspondante de l'histoire ancienne de la Méditerranée. En outre, pour montrer que les documents préhistoriques sont intéressants, non seu- lement du point de vue archéologique mais aussi du point de vue artistique pour la civilisation moderne, on avait prlparé des panneaux explicatifs permettant d'établir une comparaison entre les motifs de l'art primitif et ceux de l'art contem- porain (Picasso, Archipenko, Moore, Giacometti, etc.).

Cette exposition, vivement critiquée dans les cercles conservateurs qui consi- dèrent comme subversive toute espèce de progrès culturel, a été en revanche fort appréciée du public, en raison précisément du modernisme objectif de la présen- tation et des rapprochements évidents qu'elle permettait d'établir avec l'art moderne. Au sortir de cette exposition, tel visiteur confessait avoir saisi pour la première fois

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29. Centro per la funzione educativa dei Musei, Roma (Centre de l'éducation par les MusCes, Rome). Exposition consacrée it l'ancienne civilisation sarde

29. Centro per la funzione educativa dei hfusei, Roma (Centre for Educational functions through Museums, Rome). Exhibition : Ancient Sardinian Civilization and Nuraghi Bronzes.

. et bronzes nuraghes.

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le sens de la sculpture moderne. Rien ne pouvait mieux démontrer la valeur éducative de l'art ancien dans la civilisa- tion moderne. L'exposition de l'ancienne civilisation sarde et des bronzes nura- ghes fut ensuite transportée à Florence et présentée avec le même montage au palais Strozzi pendant la Conférence générale de l'Unesco.

Bien que le Centre de l'éducation par les musées n'ait pas encore fixé son programme pour 19j0-19j I, il organi- sera presque certainement une grande exposition consacrée à l'influence des fouilles d'Herculanum et de Pompéi sur les arts néo-classiques en Italie et à l'étranger, et plusieurs expositions secon- daires de reproductions en couleurs de chefs-d'œuvre anciens et modernes.

L'intérêt de ces dernières tient plus spécialement au fait que l'organisation en

sera confiée par la Direction générale des antiquités et des beaux-arts à l'Institut supérieur d'histoire de l'art de l'université de Rome, que dirige le professeur Lionello Venturi. Le but est de faire coopérer les professeurs et les étudiants de l'université d'une part, et les directeurs de musées d'autre part, à une œuvre didac- tique visant en même temps a mettre à la portée du grand public les principes les plus modernes de la critique et à montrer aux spécialistes que leurs travaux exercent nécessairement une influence sur la culture générale. Après avoir été présentée à Rome, cette exposition sera transportée dans différents autres musées d'Italie, où le conservateur pourra, soit la présenter telle quelle, soit la compléter de fason à montrer les rapports qui existent entre le problème historique général, qu'elle est destinée à illustrer, et les problkmes historiques qui intéressent plus spécialement sa région, sa ville ou son musée. Lors de ses présentations successives à Florence, à Venise, à Gênes et à Naples, une exposition didactique de reproductions de peintures flamandes par exemple pourra être complétée de fagon à montrer les rapports historiques qui existent entre la peinture flamande et la tradition artistique locale.

En ce qui concerne les expositions itinérantes, rappelons que, depuis plus de deux ans, la Direction générale des antiquités et des beaux-arts fait circuler dans les petites villes de province une exposition de reproductions en couleurs de peintures modernes (de Manet à Mondrian). Cette exposition, qu'accompagne une brève brochure explicative, est sur le point de revenir à Rome après avoir parcouru toute la péninsule italienne. Comme il fallait s'y attendre, elle a soulevé de nom- breuses polémiques, et l'on a même été jusqu'à accuser l'gtat de dilapider les fonds publics pour faire de la propagande en faveur de l'art étranger. Pourtant, si l'art italien s'est sensiblement rapproché depuis peu des grands courants artistiques d'Europe et si tant de petites villes de province ont commencé à comprendre que l'art est un fait historique qui évolue selon ses lois propres, on le doit à cette petite exposition de reproductions en couleurs de peintures modernes.

Aussi le Centre de l'éducation par les musées, qui dispose actuellement d'une collection assez importante de reproductions en couleurs fournies par l'Unesco, se propose-t-il d'organiser une nouvelle exposition itinérante, consacrée aux mouvements artistiques de Cézanne à nos jours. Pour assurer la préparation et surtout pour fournir le commentaire critique de cette exposition, le Centre a l'in- tention de'faire appel une fois de plus au concours de l'Institut d'histoire de l'art de l'université. I1 ne faut pas oublier en effet que l'éducation artistique de la masse pose un problkme extrêmement délicat en Italie. Presque tous les musées et les écoles de beaux-arts appartiennent soit à l'gtat, soit à des organismes publics dépendant de l'etat; toute tentative visant à orienter le goût du public, dans quelque sens que ce soit, apparaît donc facilement comme une manœuvre pour

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influencer l'opinion publique. Pourtant, en favorisant l'éducation artistique par les musées, l'État n'est nullement poussé par le désir de diriger la culture. Son seul but est de rétablir le contact entre les musées et les tendances les plus marquantes de la critique, entre les musées et l'tcole, entre les musées et les artistes, entre les musées et le grand public. Seule en effet l'expérience historique, dans sa plénitude et son actualité, peut assurer à la création artistique cette entière liberté que tout État démocratique a le devoir de garantir. (T~uduit de I'italiem.)

CIRCULATING AND EDUCATIONAL EXHIBITIONS I N ITALIAN MUSEUMS by GTULIO CARLO ARGAN TALIAN museums and the majority of European museums are, it is well known, I institutions of long standing; they are the repositories of complete collections

of ancient works of art, and the buildings that house them are historical and monu- mental in character. It is known, too, that in Italy the museum is not merely an institution designed to preserve its own collections in the best possible way, under the most modern scientific methods, but is also an institution whose chief object is to collect and protect the artistic heritage of the locality. This circumstance has a material effect .both on the arrangement of museums and on their development; only rarely is it possible to evolve a coherent museographical programme and make use of every modern exhibition technique, while museums develop mainly as the result of activity that is designed to protect the artistic heritage. Italian museums, therefore, while housing a highly valuable collection of works of art, seem to be less well equipped than others for systematic educational activity, since such activity is normally based both on the museographical arrangement and display of works and on the rational treatment of collections on chronological and topographical prin- ciples.

The results of this predominantly preservative nature of the museums are felt in the fields both of specialized and of general culture. For all practical purposes these institutions are unconnected with university chairs in the history of art, with schools of art, and indeed with schools in general; there is no relation between the museum and the production world. The humanistic conception of a work of art as an absolute masterpiece in itself has the natural effect of placing the tremendous production that is due to craftsmanship in the shade, although that production is a living entity linking ideals in art to social life. The museum represents essentially a culture of elites, and exerts no influence on the culture of the masses.

The problem, therefore, may be stated in these terms : (I) it is impossible, and would be a grave mistake, to deprive Italian museums of their traditional character, for they are often the repositories of documents that are of great value in connexion with the history of artistic culture, and they fulfil an essential function in protecting and watching over the artistic heritage; (2) their traditional character will, if it is not to some extent modified, inevitably deprive them of any educational function, stop them from developing along the modern lines marked out by critical research, and ultimately lead to the paralysing of their preservative activities which are justified by the educational value or function that every work of art is acknowledged to have. Temporary exhibitions are the only way of solving this problem. There have, in the last twenty years, been many exhibitions on the great masters of the past or on par- ticular periods in the history of art; and this undoubtedly reflects the need that is felt of bringing new critical criteria to bear on the problems connected with ancient art and of displaying works of art in a more strictly historical way than that charac- teristic of museums. It is however clear that these great exhibitions, despite their marked cultural value, do nothing to make museums more dynamic or to encourage their educational activities.

For some time there have been organized, in a few large museums, temporary exhibitions of material that cannot normally be exhibited, like drawings, prints, medals and so forth; but even these enterprises are not educational in character; their main purpose is to display, in succession, series of collections that cannot be placed on permanent exhibition.

It is only in recent years that the Directorate-General of Antiquities and Fine Arts has decided to use visual art for educational purposes in the museum itself. The

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basic idea is that in each museum of importance there should be a room or group of rooms set aside for temporary exhibitions and experiments in museum organ- ization. The main object of the exhibitions is to throw into maximum relief an historical and critical problem revolving around a single work or group of works in the museum; to assist in making the visual value and historical significance of the work or group of works understood; to acquaint the public with the rudimentary processes of interpreting a work of art; and to make it possible to look at past works of art from a modern point of view, and so lead to an understanding of contem- porary art itself.

The first exhibition was held in the edimztioizd rooms arranged for the pur- pose in the Museum of Pisa, which has now been installed on the premises of the old Convent of St. Matthew. The subject of the exhibition was the Polittico (polyp- tych) del Carmine, painted by Masaccio in 1426, of which polyptych this museum possesses one panel (St. Paul); the upper panel (the “Crucifixion”) was lent for the occasion by the Naples Art Gallery. The exhibition comprised : (I) a large photo- graphic reproduction of the polyptych; ( 2 ) the two original panels and some other original works comparable to them (panel painting by Lorenzo Monaco, and a Pisan Crucifixion dating from the beginning of the xv th century); (3) some photo- graphs for comparative purposes, designed to explain the new “constructive” char- acter of the form (comparisons with Donatello and the architecture of Brunelleschi); and (4) drawings illustrating the perspective adopted by Masaccio in his paintings.

Other rooms for educational exhibitions are being arranged in the Palazzo Rosso Museum at Genoa and in the Art Gallery at Turin.

The most recent and the most important step, however, is the establishment of a Centre for the Educational Function of Museums in Rome. Its headquarters are at the National Gallery of Modern Art in the Valle Giulia, and consist of a few exhibition rooms and a lecture-hall. It has a series of exhibition-walls and detachable showcases designed by the architect F. Minissi and suitable for exhibitions of paint- ing, sculpture, goldsmith’s work and art reproductions.

The Centre’s first exhibition was on the subject of ancient Sardinian civiliza- tion and Nuraghi bronzes (’g, 28, 29, 30). The main object was to show that good museographical arrangement necessarily means good display from an educa- tional point of view and that, indeed, the educational and the museographical prob- lems are one and the same thing. An effort was therefore made to achieve a display that would place the maximum emphasis on the value of the objects from the point of view of form. For this purpose it was sought : (I) to reduce the space around the objects so as to bring the visitor’s whole attention to bear on the bronzes (which were very small) exhibited in showcases at eye-level; ( 2 ) to arrange the lighting so as to emphasize the shadows and so bring out the plastic nature of the objects; (3) to group the objects either according to subject or according to style; (4) to achieve a display that would place equal emphasis on the historical and on the artistic fac- tors. From the educational point of view it was sought not only to display the indi- vidual exhibits or various groups of exhibits to the best effect, but to keep in the forefront the historical and “stylistic” considerations already referred to. Full docu- mentation, in the shape of drawings and models, was therefore provided on the structure and purpose of the nuraghi and the civilization they represented; on their geographical distribution throughout Sardinia; and on furnishing charac- teristics of that ancient history of the Mediterranean. Furthermore, to show not only the archaeological but also the definitely artistic value of prehistoric art docu- ments to modern culture, there were documentary panels establishing comparisons between the subjects of primitive art and those of contemporary art (Picasso, Archi- penko, Moore, Giacometti, etc.).

Although this exhibition was much opposed in conservative circles, which regard all forms of cultural progress as a kind of subversive propaganda, it was much appreciated by the public, for the very reason of the unprejudiced up-to- dateness of its display and the comparisons with modern art that it permitted. One visitor, on leaving the exhibition, confessed that it was the first time that he had appreciated the meaning of modern sculpture-thus exemplifying, in the most telling way, the educational influence that ancient art can have on modern civilization. The Exhibition of ancient Sardinian Civilization and Nuraghi Bronzes was

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subsequently transferred to Florence and installed, with the same equipment, in the Palazzo Strozzi during Unesco’s General Conference (Fifth Session).

The Centre’s programme of work for ~gjo-1951 has not yet been decided upon. There will almost certainly be a large exhibition on the influence of the excavations at Herculaneum and Pompeii on neo-classical visual art in Italy and other countries, and a series of smaller exhibitions consisting of colour reproduc- tions of ancient and modern art.

These latter projects are of special interest because the Directorate-General of Antiquities and Fine Arts intends to entrust their organization to the Higher Insti- tute for the History of Art in the University of Rome, which is under the direction of Professor Lionello Venturi. The object is to bring about collaboration between professors and students at the University on the one hand and directors of museums on the other, for the purpose of carrying out educational work as a result of which the public will be made acquainted with the most modern canons of criticism and, at the same time, specialists will be persuaded that their research must be such as to influence general culture. These exhibitions too, after being shown in Rome, will be displayed in museums in other Italian towns; each museum director will be able either to display them as they stand or to add to them such features as will illustrate the conneGon between the general historical problem which is the subject of the exhibition and the special historical problems that concern more particularly the region or town in question, or the museum itself. For instance, an educational exhibition of reproductions of Flemish paintings shown, in turn, at Florence, Venice, Genoa and Naples can, in each of those towns, be completed by some addi- tional material designed to illustrate the historical relationship between the local artistic traditions and Flemish painting.

So far as travelling exhibitions are concerned, it should be noted that over two years ago the Directorate-General of Antiquities and Fine Arts organized an exhibi- tion of colour reproductions of modern painting (from Manet to Mondrian) and displayed it in a number of small provincial towns in turn; this exhibition, which was accompanied by a short explanatory booklet, has toured the whole of Italy and is now to return to Rome. It, too, has naturally not escaped criticism, and the State has even been accused of spending public money to make propaganda on behalf of foreign art. Yet if Italian art has recently made great strides towards establishing connexions with the major trends of visual art in Europe, and if the public in many small provincial towns has begun to understand that art is an historical process with its own particular development, it is due to this small exhibition of colour reproductions of modern paintings.

Accordingly, the Centre for the Educational Function of Museums, which now has at its disposal a considerable number of the colour reproductions dis- tributed by Unesco, proposes to organize a new series of travelling exhibitions on movements in art from Cézanne to the present day. In order to equip these exhibi- tions and to provide for the accompanying commentary, the Centre is relying on collaboration from the History of Art Institute of the University. Regard must be paid to the fact that the problem of educating the masses in visual art is a very delicate one in Italy, where all or nearly all museums and schools of art are either State institutions or public bodies controlled by the State; and thus that every effort to move the public’s taste in a given direction risks incurring the accusation that it amounts to undue influence by the State on public opinion. But the activities under- taken by the State to educate the public in visual art through museums are inspired by no pkamiBg motive; they are merely designed to re-establish contact between museums and the main trends in criticism, between museums and schools, between museums and artists, and between museums and the general public. It is only by making use of the lessons of history, fully and in their application to the present day, that that complete creative freedom can be attained which it is the duty of every democratic State to guarantee. (Tramdated from Italiatj.)

30. Centro per la funzione educativa dei Musei, Roma (Centre dc l’hducntion par les Musées, Rome). Exposition consacrhe à l’ancienne civilisation sarde et bronzes nuraghes. 30. Centro per la funzione educativa dei hfusej, Roma (Centre for Educational functions through museums, Rome). Exhibition : Ancient Sardmian Civilization and Nuraghi Bronzes.