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Extraits de notre carnet de voyage
sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle
VENDREDI 30 JUIN 2006
Juste avant d’arriver à Espalion, nous visitons l’église de Perse, une merveille de sculptures romanes, l’entrée étant
dominée par une vision naïve du jugement dernier. Cette église était une étape importante pour les pèlerins de Saint
Jacques. A proximité, nous rejoignons Espalion, très belle petite ville, avec un pont ancien et de vieilles maisons. Près
d’un square, nous entendons du bruit provenant de deux cagettes superposées posées contre un muret : elles
contiennent des canetons. Les cagettes sont exposées en plein soleil, et il fait très chaud. Après en avoir délibéré avec
une habitante d’Espalion, nous déménageons les volatiles à l’ombre d’un arbre du square, pour attendre que le légitime
propriétaire les retrouve Le marché avait eu lieu le matin même Nous sommes particulièrement bien accueilli au bar, où
nous prenons un excellent café. Nous repartons malgré la chaleur, un automobiliste nous indique spontanément où
reprend le GR 65. A la sortie de la ville, nous trouvons un chemin de terre ombragé, mais assez vite nous devons
marcher à nouveau sur le bitume, et nous nous arrêtons à Saint Pierre de Bessuéjouls, petit village au fond d’une vallée
très calme, doté d’une magnifique église romane. C’est le grand confort : la municipalité propose des toilettes très
propres et de l’eau aux randonneurs. Il nous faut ensuite monter dans le maquis, avec très peu d’ombre, ce qui semble
faire l’affaire des cigales, pour rejoindre une route sur le plateau. Après un moment un chemin descend
progressivement vers la vallée du Lot, et nous amène au Château de Beauregard, et à l’église de Trédou, au clocher
bizarrement construit : le toit dépasse des murs par endroits. Par des chemins au milieu des cultures, nous rejoignons
le hameau de Verrières, avec de vieilles maisons très belles. Nous empruntons ensuite un sentier qui est un raccourci
par rapport à la route qui longe le Lot, et qui nous conduit à l’entrée d’Estaing, où nous nous émerveillons du
magnifique château, et de l’ensemble que forme ce village.
Après avoir traversé le pont sur le Lot, une dame nous renseigne sur la chambre d’hôte qui doit nous accueillir, qui est
précisément de l’autre côté du pont que nous venons de traverser. Cette dame tient un café restaurant, mais son
établissement est fermé pour congés actuellement. Nous nous rendons donc chez notre hôte. Après nous être installés,
et avoir pris une douche, nous visitons le village, avec l’arrière pensée de choisir un restaurant pour ce soir. Nous
parcourons les vieilles rues, visitons l’église, très belle, et admirons, en face, le château d’Estaing.
Nous allons manger « aux Armes d’Estaing » un hôtel restaurant où nous retrouvons les marcheurs habituels, qui y
logent en demi pension. Nous sommes agréablement surpris de la qualité du menu et du service. Comme de
nombreuses tables sont occupées par des marcheurs qui suivent le chemin de Saint Jacques, des conversations se
tissent d’une table à l’autre, et nous faisons de nouvelles connaissances.
Revenus à la chambre d’hôtes, nous bavardons un bon moment avec la mère du propriétaire, qui nous explique qu’ils
ont abandonné leur exploitation agricole, à l’exception de quelques vignes, pour transformer la ferme en chambres
d’hôtes. En dehors de l’agriculture et du tourisme, il n’existe pas d’autres activités sur ce secteur géographique. De
retour à notre chambre, il nous est difficile de nous endormir en raison de la chaleur.
SAMEDI 1ER JUILLET 2006
Estaing Espayrac 22 km +380 -136
Notre petit déjeuner se prolonge par une conversation avec notre hôte, Monsieur Urbain D. Ce soir commence les
festivités de la Saint Fleuret, avec le traditionnel défilé où les gens du pays revêtent des costumes d’époque. Monsieur
D, pour sa part, est déguisé en Amiral d’Estaing. Il nous montre un journal de l’an passé où on l’a photographié avec
perruque habit aux côtés de Valéry Giscard d’Estaing, qui ne manque aucune de ces fêtes.
Nous reprenons la route en longeant le Lot, qui devient très large, avec des eaux stagnantes, car EDF a construit un
barrage un peu plus haut. Nous montons bientôt, tantôt par des sections goudronnées, tantôt par des raccourcis, pour
atteindre un plateau peu ombragé. A l’entrée d’une belle propriété, un panneau indique que nous trouverons cinq cents
mètres plus loin de l’eau potable et une poubelle. Nous supposons que le propriétaire des lieux est fatigué de distribuer
de l’eau aux pèlerins, assoiffés après cette rude montée. Nous faisons halte auprès de la fontaine. Nous y trouvons,
dans l’herbe, des lunettes de vue qu’un randonneur a dû perdre : nous les mettons en évidence pour le cas où le
propriétaire reviendrait les chercher. Plus loin un vieux paysan est assis sur un muret, ses deux cannes posées à ses
côtés. Il nous salue et engage la conversation. Nous faisons connaissance. Apprenant que nous venons du Beaujolais,
il regrette beaucoup que nous n’ayons pas chargé nos sacs de quelques bouteilles. Il nous semble que le passe temps
de ce vieillard est de bavarder avec les nombreux pèlerins qui suivent cet itinéraire. Après une alternance de routes et
de chemins, nous arrivons à Golinhac. Nous y prenons le café, et voyons arriver les trois amis marcheurs que nous
avions déjà rencontrés. Ils arrêtent là leur voyage car l’un d’entre eux est malade.
Sur la route en direction d’Espeyrac, nous sommes surpris de voir deux troupeaux de buffles. Certains de ces
ruminants se rafraîchissent les pattes dans les ruisseaux. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit de troupeaux destinés
à produite du lait de bufflesse pour faire de la mozzarella. Dans notre descente vers Espeyrac, nous nous arrêtons au
hameau de Soulié, où nous avons retenu notre gîte pour ce soir. Nous faisons connaissance avec Madame Edna G.
une Néerlandaise qui a choisi de vivre en France pour la liberté de la nature. Chez elle la maison n’a pas une très belle
apparence, mais le confort est suffisant, la tranquillité de la vie est attestée par le Labrador, le chat et les trois poules
qui vivent en bonne harmonie. Nous nous régalons avec le repas qui nous est servi en plein air. Madame G. nous
demande de ne pas prendre notre petit déjeuner trop tôt, ce qui n’est pas vraiment une contrainte pour nous.
DIMANCHE 2 JUILLET 2006
Espeyrac – Noailhac 25 km +590 -639
Nous descendons à Espeyrac , belle bourgade avec de belles tours et de vieilles maisons. Nous avons projeté d’y
assister à la messe, mais, même si nous avons un quart d’heure d’avance, rien n’indique que va se dérouler ici la
messe dominicale. Nous achetons quelques légumes pour le pique nique à un marchand forain, sur la place, et
vérifions nos renseignements en entrant dans l’église. Nous nous sommes trompés : la messe a lieu ici le premier
dimanche du mois, mais seulement pour les mois pairs. Nous reprenons le chemin, nous arrêtant pour admirer une très
ancienne croix en pierre intégrant une vierge à l’enfant. En haut d’une colline, nous découvrons Sénergues, avec un
donjon imposant. De nombreuses voitures y sont stationnées. Nous rentrons dans une église pleine de fidèles, qui
chantent l’Agneau de Dieu. L’accompagnement à l’orgue, et les cantiques sont de bon niveau. Nous assistons à la fin
de la messe, et repartons sous un soleil brûlant, et pratiquement constamment sur des routes. Après avoir pique niqué
dans un pré, nous arrivons au village de Saint Marcel, où des toilettes et de l’eau sont offertes aux passants. Nous y
retrouvons une connaissance d’Estaing, un homme qui avait oublié son bâton près de la fontaine. Il a fait la route de
Compostelle de nombreuses fois, s’enorgueillit d’en connaître toutes les haltes, et initie sa nouvelle compagne à son
hobby. Plus loin, nous trouvons un chemin de terre qui descend vivement vers Conques, et nous sommes émerveillés
dès les premières maisons. Tout le village est entretenu dans le style, avec des murs à colombages et des toits de
lauzes. Nous visitons longuement l’abbatiale Sainte Foy, où il faudrait passer des heures pour connaître les explications
de chaque sculpture. Le tympan représentant le jugement dernier, à lui seul, mérite de très longs commentaires. Nous
dégustons ensuite un café, assis à une terrasse en face de l’abbatiale. Le prix payé pour le café nous confirme que la
vie à Conques est très chère, et que nous avons très bien fait de réserver notre logement plus loin , à Noailhac. Nous
descendons donc, au milieu des belles bâtisses, franchissons une porte en ogive, et arrivons dans le fond de la vallée
au pont des Roumieux (Pèlerins). Il nous faut ensuite remonter de l’autre côté par un chemin très raide, mais
heureusement ombragé. A la chapelle Sainte Foy, qui fait face à Conques, nous buvons longuement. Mais la montée
continue ensuite pour arriver sur le plateau. Mais cette fois, pour rejoindre Noailhac, nous sommes condamnés à
marcher sur des routes en plein soleil, et les derniers kilomètres semblent interminables. A Noailhac, nous demandons
notre chemin pour rejoindre le hameau de Montbroussous, où nous devons loger. Nous sommes accueillis, dans ce gîte
équestre, par Jill et John S. Ils nous offrent à boire sans cérémonie. Dans la cour de la ferme jouent des enfants, les
deux fils de la nièce de Jill, le fils et la fille d’un fermier voisin.
John répare progressivement les bâtiments, ce qui explique que les douches soient fonctionnelles, mais rustiques.
Après nous être rafraîchis et changés, nous sommes invités à prendre l’apéritif. A notre groupe s’est joint Alain, le
fermier voisin qui est venu chercher ses enfants. La conversation est très intéressante et instructive, et nous ne voyons
pas passer le temps. Jill et John nous expliquent qu’ils ont choisi ce site pour sa beauté et sa tranquillité. Ils ont
abandonné leurs métiers en Angleterre, elle enseignait en université, lui avait une entreprise de démolition, pour venir
s’occuper de chevaux ici. Avec la ligne ouverte par Ryan Air entre Stansted et Rodez, les Anglais débarquent à peu de
frais par avions entiers, et les prix de l’immobilier s’envolent. John connaît même quelqu’un qui habite dans l’Aveyron,
et travaille à Londres. Jill et John s’éclipsent un moment pour soigner les chevaux, et nous poursuivons notre dialogue
avec Alain, qui nous explique qu’il élève des vaches pour la boucherie. Il a en permanence soixante dix bêtes, entre les
vaches, le taureau et les veaux.
Quand Alain part, avec ses enfants, nous passons enfin à table, et il est déjà vingt et une heure trente. Jill a préparé un
repas plantureux, et néanmoins délicieux, largement arrosé de vin du pays. Jill et John nous expliquent de quoi ils
vivent , organisant des stages de langue anglaise pour les français, de langue française pour les anglais, d’équitation,
ou des stages combinant langue et équitation. John travaille également à des restaurations de bâtiments, ce qu’il sait
bien faire. Ils n’ont pas l’air de rouler sur l’or, mais semblent heureux de leur sort. Ils n’ont aucune envie de retourner en
Angleterre, et les soins aux chevaux leur donnent une bonne excuse pour cela. Nous passons ainsi une excellente
soirée, mais il est vingt trois heures trente quand nous nous couchons.