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Science & Sports (2012) 27, 160—168 ARTICLE ORIGINAL Facteurs déterminant la pratique de l’activité physique en Guadeloupe en population générale : résultats de l’enquête Aphyguad Physical activity carried out in a general population of Guadeloupe (FWI), determining factors: Results from APHYGUAD study A. Atallah a,,1 , S. Pitot b , J. Savin c , N. Moussinga a , P. Laure d a Service de cardiologie, centre hospitalier de la Basse-Terre, 97100 Basse-Terre, Guadeloupe b Observatoire régional de la santé en Guadeloupe, 97100 Basse-Terre, Guadeloupe c Direction départementale de la jeunesse et des sports de Guadeloupe, 97100 Basse-Terre, Guadeloupe d Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale de Lorraine, 54000 Nancy, France Rec ¸u le 2 janvier 2011 ; accepté le 31 mai 2011 Disponible sur Internet le 1 septembre 2011 MOTS CLÉS Activité physique ; Sportives ; Guadeloupe Résumé Objectifs. Connaître et décrire le niveau d’activité physique et sportive des Guadeloupéens à partir de l’âge de 15 ans et identifier les éventuels déterminants (freins ou moteurs). Préciser la perception des valeurs véhiculées par le sport, et l’éventuel lien entre santé et activité physique. Méthodologie. Enquête observationnelle portant sur un échantillon représentatif de la popu- lation Guadeloupéenne âgée de 15 ans et plus. Le questionnaire IPAQ a été intégré à un questionnaire beaucoup plus large comprenant des questions sur la perception que les individus ont du lien entre l’activité physique, la santé et l’environnement. Résultats. Parmi la population, 58,7 % ont un niveau d’activité physique en accord avec les recommandations nationales. Ces chiffres sont plus élevés en France métropolitaine, (Baro- mètre Santé 2005), mais proches de ceux issus de l’enquête ENNS (63 % des adultes âgés de 18 à 74 ans suivent les recommandations). Le déploiement de parcours santé de proximité est proposé comme élément pouvant favoriser l’activité physique. Conclusion. Cette étude Aphyguad met en évidence l’importance qu’il y a à développer des actions en faveur de la pratique régulière d’activités physiques. Elles doivent chercher à agir sur les comportements individuels mais également sur les facteurs socioéconomiques et environnementaux. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Atallah). 1 Réseau de soins sur l’HTA en Guadeloupe : Réseau HTA-GWAD. 0765-1597/$ see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.scispo.2011.05.004

Facteurs déterminant la pratique de l’activité physique en Guadeloupe en population générale : résultats de l’enquête Aphyguad

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  • Science & Sports (2012) 27, 160168

    ARTICLE ORIGINAL

    FactephysrsulPhysicadeterm

    A. Atal

    a Service deb Observatoc Direction d Direction

    Recu le 2 jaDisponible s

    MOTS CActivit SportiveGuadelo

    Auteur cAdresse

    1 Rseau d

    0765-1597/$doi:10.1016/urs dterminant la pratique de lactivitique en Guadeloupe en population gnrale :tats de lenqute Aphyguadl activity carried out in a general population of Guadeloupe (FWI),ining factors: Results from APHYGUAD study

    laha,,1, S. Pitotb, J. Savinc, N. Moussingaa, P. Laured

    cardiologie, centre hospitalier de la Basse-Terre, 97100 Basse-Terre, Guadeloupeire rgional de la sant en Guadeloupe, 97100 Basse-Terre, Guadeloupedpartementale de la jeunesse et des sports de Guadeloupe, 97100 Basse-Terre, Guadeloupergionale de la jeunesse, des sports et de la cohsion sociale de Lorraine, 54000 Nancy, France

    nvier 2011 ; accept le 31 mai 2011ur Internet le 1 septembre 2011

    LSphysique ;s ;upe

    RsumObjectifs. Connatre et dcrire le niveau dactivit physique et sportive des Guadeloupens partir de lge de 15 ans et identier les ventuels dterminants (freins ou moteurs). Prciserla perception des valeurs vhicules par le sport, et lventuel lien entre sant et activitphysique.Mthodologie. Enqute observationnelle portant sur un chantillon reprsentatif de la popu-lation Guadeloupenne ge de 15 ans et plus. Le questionnaire IPAQ a t intgr unquestionnaire beaucoup plus large comprenant des questions sur la perception que les individusont du lien entre lactivit physique, la sant et lenvironnement.Rsultats. Parmi la population, 58,7 % ont un niveau dactivit physique en accord avec lesrecommandations nationales. Ces chiffres sont plus levs en France mtropolitaine, (Baro-mtre Sant 2005), mais proches de ceux issus de lenqute ENNS (63 % des adultes gs de18 74 ans suivent les recommandations). Le dploiement de parcours sant de proximit estpropos comme lment pouvant favoriser lactivit physique.Conclusion. Cette tude Aphyguad met en vidence limportance quil y a dvelopperdes actions en faveur de la pratique rgulire dactivits physiques. Elles doivent chercher agir sur les comportements individuels mais galement sur les facteurs socioconomiques etenvironnementaux. 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.

    orrespondant.e-mail : [email protected] (A. Atallah).e soins sur lHTA en Guadeloupe : Rseau HTA-GWAD.

    see front matter 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.j.scispo.2011.05.004

  • Pratique de lactivit physique en Guadeloupe et ses dterminants 161

    KEYWORDSPhysical activity;Sport;ExerciseGuadeloFrance

    SummaryObjectives. Measure and evaluate the level of physical activity and exercise carried out byGuadeloupeans aged over 15 years old, and to identify potential stimulating or inhibiting factors.Highlights perceptions held of the values associated with exercise and potential links between

    samstioe pe

    % hare mse ob

    elemal exlustrhese onmreser

    1. Introd

    Il est bienlire dunedu taux ddues, et [1] et detype 2, llostoporolesprancEn outre, et possdequalit de ment plus quelles so[24].

    La dcette pubcorporel entrane udnergie [5].

    Elle ne comprend de la vie pjardinage travail, po

    Depuis tudes sciphysique eque lampective pu250 000 persin de celumodre (lactivit dpar semainde lordre

    Aussi, lle cadre dtion par la

    i pre d

    lleurobjeulatble

    mandquer

    chaqs dae, emmne [9s ceutesns c

    daar semi laires2010ritioionnit ppeme en;upe;

    health and physical activity.Methods. Observational study with apeans aged 15 and above. The IPAQ quequestionnaire including questions on thexercise, health and the environment.Results. Among the population, 58.7nal recommendations. These gures aSant 2005), but are similar to tho1874 met the recommendations). Anphysical activity is the presence of locConclusions. This APHYGUAD study ilencourage regular physical activity. Tas addressing socioeconomic and envir 2011 Elsevier Masson SAS. All rights

    uction

    tabli, chez ladulte, que la pratique rgu- activit physique est associe une diminutione mortalit prmature, toutes causes confon-une moindre probabilit dtre atteint dobsit

    certaines pathologies comme le diabte dehypertension artrielle, les coronaropathies,se et certains cancers. Elle augmente donc

    e de vie et, probablement, lesprance de sant.elle amliore lestime de soi, diminue lanxit

    des effets antidpresseurs. Enn, les scores devie, valus par questionnaires, sont habituelle-levs chez les personnes physiquement actives,ient ou non porteuses de pathologies chroniques

    nition de lactivit physique utilise danslication est la suivante : tout mouvementproduit par les muscles squelettiques quine augmentation substantielle de la dpenseau dessus de la dpense nergtique de repos

    se limite donc pas la pratique sportive maisgalement les activits dans le cadre des loisirs,rofessionnelle, de la vie domestique (mnages,

    [7] qupratiquPar aidont lla poplensemrecom pratirapideou plusemainla recoMedici

    Dan30 minau moiou plusjours p

    Parpriorit2006la nutopratdactivle groula miset bricolage) et des trajets (pour se rendre au

    ur faire les courses, pour aller au cinma, etc.).la seconde moiti du XXe sicle, de nombreusesentiques ont dmontr le lien entre lactivitt la rduction de la mortalit prmature ainsilioration de la qualit de vie. Une tude pros-blie n 2007 par lInserm [6] et portant sursonnes montre quune pratique un niveau voi-i des recommandations pour lactivit dintensitau moins trois heures par semaine) ou pourintensit leve (au moins 20 minutes, trois foise) entrane une rduction du risque de mortalitde 30 % .e ministre de la Sant a mis en place danse la prparation du plan national de prven-ctivit physique ou sportive (PNAPS), un rapport

    tat des lGuadeloupcette prattique).

    Il sagitce type mergion.

    2. Popul

    2.1. Popu

    Elle est covivant en Gple group that was representative of the Guadelou-nnaire was integrated within a more comprehensiverceptions that individuals have of the links between

    d a level of physical activity in line with the natio-ore elevated in metropolitan France (Baromtretained in the ENNS study (63% of adults agedent proposed by participants that would increase

    ercise and health tracks.ates the importance of developing measures, whichmeasures need to target individuals needs as wellental factors.ved.

    opose des recommandations encourageant laactivits physiques auprs de la population.s, le plan national nutrition sant (PNNS) [8],ctif gnral est damliorer ltat de sant deion en agissant sur la nutrition, a intgr

    des recommandations diffuses au public, laation nationale en termes dactivit physique :

    lquivalent dau moins 30 minutes de marcheue jour . Il sagit en fait de raliser 30 minutes

    ctivit physique modre au moins cinq jours part de prfrence tous les jours. Elle sinspire deandation mise par lAmerican College of Sports].

    tte recommandation, il est conseill de pratiquer ou plus dactivit physique dintensit modreinq jours par semaine ou de pratiquer 20 minutesctivit physique dintensit leve au moins troismaines.

    es 11 volets dclins dans lun des deux axes du plan rgional de sant publique (PRSP)

    de la Guadeloupe, un volet est consacr n et lactivit physique. Lun des objectifsels est damliorer la connaissance du niveauhysique des Guadeloupens. Dans ce contexte,ent rgional de sant publique (GRSP) a nanc

    place dune enqute destine dresser un

    ieux de la pratique de lactivit physique ene et surtout de dnir les dterminants deique, (freins et facteurs favorisant cette pra-

    , notre connaissance, de la premire tude dene lchelle dune population sur toute une

    ation et mthodes

    lation

    nstitue des personnes ges de 15 ans ou plusuadeloupe depuis plus dun an.

  • 162 A. Atallah et al.

    Lchantillon, construit par la mthode des quotas (sexe,ge, commune de rsidence) comprenait 685 personnesges de 15 ans ou plus.

    2.2. Que

    Les donncomprend,tuels, deuxspciques

    lInternaprend enphysiquetrajets) ve, morenseignmoyennedestimevalents m

    les quest la pra

    et prasit, nnon, msocial(manqceptiovhicu

    les acest prtempset le tson etprcd

    dautrcommcompotabac)

    2.3. Recu

    La passatiode sondag2009 en GuLchantillguad a tRoute. Danau sort (pot enqutquatre adrLes questioen face--fenquteursmesure de mtre et uneffectus caux enqut

    Le taux gne sur le

    2.4. Analyses statistiques

    Lanalyse des rsultats a t effectue au regard des recom-mandations nationales en termes dactivit physique (unminimum de 30 minutes dactivit physique modre, cinq

    ar smanins

    dant

    alysal deATA

    ctionn, der l

    de d

    sul

    e n dt

    Actmo

    la ms a uv (5utreue a(30,3

    hommmeble quivnsit

    env01).

    dife lo40,5ces ss (pexe,es

    daque

    scoindreprser se pher aent indrepourans

    (p < parrie-Gstionnaire

    es sont recueillies par questionnaire. Celui-ci outre les paramtres sociodmographiques habi-

    parties : lIPAQ (version courte) et des questions :

    tional Physical Activity Questionnaire (IPAQ) compte les diffrentes dimensions de lactivit

    (loisirs, vie professionnelle, vie domestique et[5]. Il distingue trois niveaux dintensit : le-yenne et la marche. Pour chacun, le rpondante sur la frquence hebdomadaire et la dure

    quotidienne de sa pratique, ce qui permetr sa dpense nergtique hebdomadaire en qui-taboliques [6] ;ions spciques :tique sportive : structure (club, milieu scolairetique libre), quantit (frquence, dure, inten-ombre dannes de pratique), comptition ouotivations pratiquer (plaisir, sant, intgration

    e, etc.) ou, le cas chant, ne pas pratiquerue dquipement, cot, pathologie, etc.) et per-n de lactivit physique (accessibilit, valeursles, bienfaits),tivits sdentaires : occupations dont la dpenseoche de la dpense au repos, comprenant le

    pass devant un cran (tlvision ou ordinateur)emps pass assis par jour (au travail, la mai-

    pendant le temps libre) au cours des sept joursant lenqute,es facteurs inuencant la pratique (famille,unauts, transports, horaires de travail, etc.) etrtements de sant (consommation dalcool et de.

    eil des donnes

    n des questionnaires a t ralise par lInstitute Qualistat, du 19 dcembre 2008 au 12 maiadeloupe, dite continentale, et Marie-Galante.on dadultes ayant particip lenqute Aphy- constitu par la mthode dite de Randoms chaque commune, des adresses ont t tiresint de chute) et les foyers correspondant onts. Lenqute a ensuite t ralise toutes lesesses suivant les points de chute tirs au sort.nnaires ont t administrs par des enquteurs,ace, au domicile des personnes interroges. Les

    ont effectu pour chaque personne interroge lala taille, du poids et du tour de taille. Un podo-e che permettant de reporter le nombre de pashaque jour au cours dune semaine ont t remiss.de refus a t faible (50) rparti de facon homo-

    territoire enqut.

    jour precomau moniveau la saIPAQ.

    Lanrgionciel STen fon

    Enanalysniveau

    3. R

    3.1. Let ses

    3.1.1.sociodPlus deou pluou le

    En ophysiqsant

    Lesles fefavoraser ldintecontrep < 0,0

    LeslorsquAinsi, bnfemme

    sdiplmlevelev encoredatte

    La le foyactivitun foydpass attetaires foyer s53,7 %

    Unede Maemaine). Les personnes qui respectent cettedation sont classes dans la catgorie de niveaumodr. Nous faisons galement rfrence auctivit apportant des bnces supplmentairesqui correspond au niveau lev du questionnaire

    e statistique a t ralise par lobservatoire la sant de Guadeloupe (ORSaG) sur le logi-version 9.2. Les variables ont t compares,

    de leur nature, par test du Chi2 ou Anova.es rgressions logistiques ont t ralises poureffet simultan de plusieurs facteurs (sexe, ge,iplme et bassin dhabitat).

    tats

    iveau dactivit physique en Guadeloupeerminants

    ivit physique et caractristiquegraphiques gnralesoiti de la population guadeloupenne de 15 ans

    n niveau dactivit physique dintensit moyenne8,7 %), (Fig. 1)., prs du tiers des individus a un niveau dactivitpportant des bnces supplmentaires pour la

    %), soit un niveau dactivit lev.mes sont en proportion plus nombreux ques atteindre un niveau dactivit physique la sant. Ils sont plus des deux-tiers rali-alent dau moins 30 minutes dactivit physique

    moyenne, au minimum cinq fois par semaineiron la moiti des femmes (67,5 % vs 51,2 % ;

    frences sont particulirement importantesn considre le niveau lev dactivit physique.

    % des hommes ont une pratique apportant desupplmentaires pour la sant contre 21,6 % des

    < 0,001). ge et bassin dhabitat gaux, les personnesnont pas une probabilit signicativement plustteindre le niveau recommand et le niveaules non-diplmes. En revanche, les personneslarises ont plus de chance que les non-diplmes

    le niveau lev dactivit.ence dun enfant g de moins de 15 ans dansmble agir positivement sur la pratique duneysique. Ainsi, 66,8 % des personnes vivant dansyant au moins un enfant de ce groupe dgele niveau minimum prconis. Elles sont 36,7 %

    le niveau procurant des bnces supplmen- la sant. Parmi les personnes appartenant unenfants, les proportions sont respectivement de0,001) et de 26,3 % (p < 0,01).t importante des habitants du bassin dhabitatalante et de la Pointe-de-lle ont un niveau

  • Pratique de lactivit physique en Guadeloupe et ses dterminants 163

    32,5 48,8 41,3

    27,029,6 28,4

    40,521,6 30,3

    0%20%40%60%80%

    100%

    Homme Femme Ensemble de lapopulation

    Niveau bas Niveau modr Niveau lev

    Personnes atteignant le niveau dactivit physique en accord avec les recommandations nationales

    Personnes atteignant le niveau dactivit permettant dobtenir des bnfices supplmentaires pour la sant

    Figure 1 Rpartition par sexe de la population guadeloupenne de 15 ans ou plus selon le niveau dactivit physique.

    dactivit favorable la sant, soit respectivement 85,7 % et74,7 %. Ils se diffrencient signicativement des autres bas-sins. Les personnes vivant sur la Cte-sous-le-Vent entreBasse-Terre et Bouillante sur la carte (Fig. 2) sont propor-tionnellement moins nombreuses que les autres pratiquerun niveau au moins modr dactivit physique (29,0 %).

    3.1.2. Activit physique, emploi et niveau de vie sexe, ge, niveau de diplme et bassin dhabitat gaux, lesretraits ont moins de chance datteindre le niveau recom-mand que les personnes ayant une activit rgulire temps partiel ou une activit saisonnire. Cette probabilitnest pas sayant un esions intermde chancetechnicien

    La pratidintensitchez les pede 500 eurcompris ensexe, ge, sapercoit que les seniveau au m

    3.1.3. ActLes personde cinq he

    nombreuses que les autres dpasser le seuil minimum pr-conis (Fig. 3). Il en est de mme pour la pratique dunniveau dactivit lev. Ainsi, parmi ces individus, 32,1 %ralisent le niveau dactivit conseill et 15,1 % ont unniveau lev, contre 61,0 % (p < 0,001) et 31,8 % (p < 0,05)des personnes regardant la tlvision moins longtemps.

    3.2. Activ

    3.2.1. ActsociodmoMoins de la

    ans rem

    praratiq; p