18 CULTURE QMERCREDI 7 SEPTEMBRE 2016
TTE-RTE 07
NCROLOGIE Collectionneur dart contemporainMarcel Burg, la
passion du verreet de la photo
LA COLLECTIONNEUSE strasbour-geoise Madeleine
Millot-Durren-berger lui avait rendu visite quelques jours avant
son dcs. Et Marcel Burg, qui se battait contre une longue maladie,
ntait pas dupe de lissue qui lattendait. Marcel tait dhabitude un
homme rserv, discret, peu port la confidence. Mais l, il na pu
sempcher de sinterroger sur lavenir de sa collection, raconte
Madeleine. Il nen tait pas moins heureux davoir utilis sa
collec-tion comme un espace de libert, davoir os acheter des uvres
de jeunes artistes, sans se fier aux conseils des uns et des
autres. Ancien responsable financier dun groupe dentreprises, sa
silhouette tait familire au monde de lart contemporain dans la
capitale alsacienne et au-del. Ctait un passionn ! Chez lui, il y
avait des uvres dart partout ! , ragit le galeriste strasbourgeois
Yves Iffrig.Sil tait connu depuis plusieurs annes pour
collectionner la photographie contemporaine, cest par le verre
contemporain, et une forte attirance pour lcole du Studio Glass,
quil avait effectu ses premiers pas dans la constitu-tion dun fonds
duvres dart. Cest donc trs naturellement quon le retrouve comme
membre fondateur de lassociation des
amateurs de verre contemporain, lESGAA, aujourdhui solidement
identifie pour sa biennale orga-nise dans la capitale alsacienne.
Laurent Schmoll, prsident de la structure, souligne la justesse et
la finesse de ses apprciations artistiques , ainsi que lengage-ment
de celui qui officiera durant de longues annes comme trso-rier de
lassociation.Profondment marqu par le dcs accidentel de sa femme,
survenu lan dernier, us par la maladie, Marcel Burg nen avait pas
moins rpondu prsent quandle muse dart moderne de Stras-bourg,
dsireux de consacrer une exposition aux collectionneurs
strasbourgeois, tait venu frapper sa porte (Lil du collectionneur,
du 17 septembre au 26 mars).Par une cruelle ironie du sort, il ne
sera donc pas prsent un vernissage qui aurait aussi eu valeur
dhommage rendu ses choix artistiques par une institu-tion musale.
Ses uvres nen tmoigneront pas moins du rle quoccupent les
collectionneurs dans la promotion et la diffusion de lart de leur
temps.
S.H.
Il tait la fois passionn par le verre contemporain et par la
photographie : Marcel Burg, 68 ans, est dcd samedi. Deux semaines
avant lexposition que con-sacre le muse dart moder-ne de Strasbourg
aux collec-tionneurs et dans laquelle il figurait tout
naturellement.
Marcel Burg. PHOTO ARCHIVES DNA
LE CHIFFRE
55 000 Cest le budget de Strasbourg
Terre des Himalaya. Une vingtaine de partenaires
privs apportent un soutien logistique essentiel. Ne
bnficiant daucune aide publique, le Club Tibet met
aussi en vente 70 srigraphies ralises par
Tomi Ungerer, en 2001.
LE DALA LAMA AU CLUB TIBETCest en sa qualit de chef spirituel et
non dautorit politique que Sa Saintet, le Dala Lama, est reue
Strasbourg, lunique ville franai-se aprs Paris. Retour sur les
liens troits qui la lient au Club Tibet. En avril 1989 : le Dala
Lama rencontre les lves du lyce des Pontonniers, Strasbourg, des
membres du Club Tibet prsid par Michel Jerman. Sa Saintet rappelle
que les droits de lhomme sont universels. Nous devons poursuivre
notre lutte avec non-violence . En 1996 : lhtel Hilton, Sa Saintet
accorde une nouvelle audien-ce Club Tibet et 20 Tibtains de lcole
Shree Srongsten Bhrikuti School Katmandou, soutenue par
lassociation strasbourgeoise. En 2001, cest avec Tomi Ungerer que
Club Tibet retrouve le Dala Lama lhtel Hilton. Son message incite
continuer dialoguer avec les Chinois . Le 15 septembre 2016 :
rencontre avec le Dala Lama lors de sa rception lhtel de Ville,
Strasbourg et au PMC, pour son dialo-gue avec les jeunes.
Le Club Tibet existait de-puis quatre mois, se sou-vient son
prsident Mi-chel Jermann, quand,avec les lves du lyce des
Pontonniers, Strasbourg, ilrencontre pour la premire fois le Dala
Lama. Ctait en 1989et la premire fois que Sa Sain-tet tait
accueillie dans un ta-blissement scolaire franais. Depuis lors,
lassociation enga-ge dans des projets daide au dveloppement des
popula-tions tibtaines exiles au N-pal (constructions dcoles
Katmandou, au Dolpo, au Mus-tang) a bnfici de deux autresaudiences
prives avec le Dala Lama, en 1996 et 2001 avec Tomi Ungerer.
Amplifier lcho des actions solidaires
On souhaitait fdrer des nergies autour de celle du Da-la Lama,
indique Michel Jer-mann. Le festival Strasbourg Terre des Himalaya
donne un cho et amplifie nos actions so-lidaires. En Alsace, il y a
de nombreuses associations qui uvrent, on espre que le festi-val va
favoriser des rencontres fantastiques. Donner un clai-rage sur les
cultures des Hima-laya, il y a de tels besoins, le Dolpo a subi il
y a 7 ans une famine svre, poursuit le pr-sident. Et puis les
paroles du Dala Lama apportent de la sa-gesse et dans ce monde de
ten-sions, on en a bien besoin. Que cela puisse nous donner le
cou-rage de continuer, et puis cest aussi loccasion de faire la
f-te. Concoct avec dautres associa-tions dont SolHimal, Stras-bourg
Terre des Himalaya nous invite partager des moments uniques en
compagnie dartis-tes bouddhistes, de rfugis ti-btains vivant en
Alsace, dcri-vains dont Sofia Stril-Rever, biographe du Dala Lama,
Char-les Ramble, anthropologue et spcialiste de la culture
tibtai-ne. Tous deux animent la con-frence sur les enjeux du
21esicle de la ralit des valles himalayennes aux dfis pour notre
plante, le 14 septembre 19 h, lhtel Hilton prolon-ge par un
cocktail dnatoire et solidaire car les bnfices se-ront reverss par
le Club Tibet aux coles de montagne au N-pal, des rgions du Dolpo
et du Mustang.Sur lensemble des confren-
ces, des regards croiss, plane un esprit de concorde et
douverture. Ainsi la rencontre entre les bouddhistes et leschrtiens
en les prsences du thologien Grard Siegwalt et lematre Olivier
Reigen Wang-Genh ce mercredi 20 h, au Temple Neuf.Vernie le
lendemain, jeudi 19 h, au mme Temple Neuf, lexposition Terre des
Himalayacroise les peintures dYves Christmann aux thangkas
peintures, dessins tissus sur toiles spcifiques de la culture
tibtaine de Rinchen Dorjee etdu plus jeune Gonpo Kyap, lunexil
Strasbourg, lautre ins-tall Paris.
Un festival clectiqueLes styles et les influences se croisent,
comme dans le beau livre au format litalienne quimet en regard des
textes inspi-rs du mythe de Shambala. Dans ce pays imaginaire rside
lenseignement du Kalachakra transmis par le Bouddha la demande de
son roi prtre Su-chandra.Choisis par Michel Jermann, lestextes
issus de diverses tradi-tions Snque, Farid-ud-Di-nAttar, Victor
Segalen, etc. dialoguent avec les visions pic-turales aux sommets
enneigs dYves Christmann alias YC.
Tir 1 000 exemplaires, le li-vre est vendu au bnfice du Club
Tibet (20 ).Dautres initiatives gourman-des ont t imagines. Comme
ces chocolats confectionns parle ptissier Christian aux cou-leurs
du drapeau tibtain et sa-veurs de safran, de gingembre, de th au
beurre
Du cooking show la mdecine tibtaineStrasbourg Terre des Himalaya
mobilise tous les sens. Des ini-tiations la mditation tibtai-ne
mais pas que, au pique-ni-que anim par des chants et desdanses du
Tibet le 11 septembreds 12 h, au parc de Pourtals, un concours de
photos Jus-quau festival qui se tient du 16au 18 septembre dans la
brasse-rie Schutzenberger, Schilti-gheim, lclectisme simpose.Dans
les 3 000 m de la brasse-rie sagence un village tibtain autour des
stands dassocia-tions. Des ateliers participatifs de danses,
mdecine, massa-ges, mditation et yoga, de
cerfs-volants, de mandala, de namkha bonpo, capteurs de r-ve, de
gastronomie (bire et mo-mos, sortes de beignets), des concerts de
musiques clbrantle mtissage montrent diverses facettes des cultures
des Hima-laya. Laissez-vous guider. R
VENERANDA PALADINO
Q Jusquau 21 septembre entre Strasbourg et du 16 au 18 la
brasserie Schutzenberger, Schiltigheim.
www.strasbourg-terre-des-himalaya.fr
Dans le tourbillon des rythmes, couleurs, danses du Tibet.
DROITS RSERVS
Depuis 1989, le Club Tibet a tiss des liens privilgis avec le
Dala Lama. loccasion de sa nouvelle venue Strasbourg, il organise
avec dautres associations un
festival foisonnant favorisant lchange et la dcouverte des
cultures des Himalaya.
FESTIVAL loccasion de la venue du Dala Lama Strasbourg
En terredes Himalaya
Publi par les ditions du Club Tibet, ce beau livre organise le
dialogue entre des textes inspirs et les visions picturales dYves
Christmann, alias YC. DROITS RSERVS
STRASBOURG Festival Voix et route romaneLa cration du pass
LES MUSICIENS MDIVAUX SONT PARFOIS DES GNIES AUSTRES, alliant la
rigueur et la curiosit du chercheur la crativit de lartis-te.
Preuve en tait donne vendre-di lglise Saint-Pierre-le-Jeune de
Strasbourg avec Katarina Livlja-nic et lensemble Dialogos.
Chan-teuse et musicologue, scientifique et compositrice, elle
incarne toute lingniosit de ce genre musical, consistant crer du
pass avec une culture daujourdhui, en se rapprochant le plus
possible de la ralit vocale et instrumentale de lpoque.Dans ce
registre, beaucoup partent dun manuscrit ancien, quils extrapolent
et interprtent. Plus rares sont les gestes crateurs prsentant
lambition dveloppe par Katarina Livljanic.Le rsultat est
poustouflant. Partant dinscriptions anciennes dcouvertes sur des
stles dun village de Bosnie-Herzgovine, ellea runi un corpus de
textes aux critures alambiques, travailles laune des traditions
populaires.Mlange de rituels catholiques, orthodoxes et paens, les
textes
dune trange et violente posie, tirs pour certains de
lApocalyp-se, se dcouvrent grce leur projection en traduction
franaise sur un rideau noir central. Celui-ci sert aussi dlment de
dcor favorisant les entres et sorties des artistes entre les
diffrentes parties finement agences.La partition, compose sur la
base de notations musicales fragmen-taires enrichies dun folklore
toujours vivace, rvle une dmar-che cohrente et dune radicale
originalit. Impressionnante dans sa sobrit, qui exalte un
clair-obscur toff par le splendide travail des lumires, la
composi-tion insiste sur les contrastes entre voix dhommes et de
femme, jeux de prsence et dabsence des chanteurs, dapparition et de
disparition des musiciens.Tous lments propices se lais-ser prendre
dans cette mystique Est europenne si diffrente de la manire
occidentale. Mystique moins crbrale quorganique, illustre par les
voix puissantes la respiration profonde, dans la tradition
orthodoxe, des chanteurs du chur bosniaque Kantaduri, alternant
riches polyphonies et incantations sauvages.Entre chur dhommes
grondant et claire voix de femme, le dialo-gue se noue avec
solennit, pu-deur et dignit.
EMMANUEL VIAU
Partant de fragments de mots et de sons, Katarina Livljanic
sinspire des musi-ques traditionnelles de Bos-nie pour recrer un
Moyen ge mystique et troublant.
Rigueur et crativit. PHOTO DNA - MICHEL FRISON
