4
 I. La critique keyn ésienne de la co ncep tion n éo-c lassi que La critique de la conception néo-classique du marché du travail Keynes va critiquer les conceptions néo-classiques du marché du travail sur plusieurs points : 1. la détermination de l’offre de travail : Rappel de l’analyse néo-classique : l’offre de travail est une fonction croissante du taux de salaire réel Rejet de l’analyse néo-classique par Keynes : Il refuse d’accepter l’idée que l’offre de travail soit une fonction croissante du taux de salaire réel , car les individus sont victimes d’illu sion monétaire : ils raisonnement en termes nominau x et non réels Pour en savoir plus sur les raison s du rejet : cliquez  ici 2. la détermination de la demande de travail : Rappel de l’analyse néo-classique :S elon l’analyse néo-classique , les variations du taux de salaire el n’influencent pas la courbe de demande de biens ( les boucs des entreprises ) et les variations de la demande de biens n’influencent pas la demande de travail . Raisons du rejet de l’analyse néo-cl assique par Keynes : On peut , au contraire , considérer avec Keynes qu’une chute du taux de salaire réel va entraîner une réduction de la demande de biens qui se répercutera sur la demand e de travail qui diminuera ( doc 13 p 120 ). 3. la détermination de l’équilibre : Rappel de l’analyse néo-cl assi que : Les néo -classiques consid èrent, que grâ ce aux variations du taux de salaire réel (flexibilité du salaire, on tend toujours vers l’équilibre. Raisons du rej et de l’anal yse néo-classique par Keyn es : Keyne s dével oppe deux critiques : - il démontre que le taux de salaire réel n’étant pas con nu lors des négociations salariales (on discute du salaire nominal) , rien n’assure que , a posteriori, on obtienne un taux de salaire réel d’équilibre . La flexibilité des salaires réels n’a donc plus la cap aci de ramener le marché du travail à l’équi libre, les age nts éco nomiques pouvant être victimes d’illusion monétaire - Keynes développe un second angle de critique : dès lors que la demande de travail des entreprises est fonction de l’évolution des débouchés qu’elles connaissent , il peut exister un chômage involontaire qui est le produit , non de l’attitude des salariés mais du syst ème économique lui- me .En ef fet , comme l’ indi que P.Delf aud , « en Fiche 4– L’analyse keynésienne du marché du travail

Fiche 4 du chapitre marché du travail - l'analyse keynésienne du marché du travail

Embed Size (px)

Citation preview

8/8/2019 Fiche 4 du chapitre marché du travail - l'analyse keynésienne du marché du travail

http://slidepdf.com/reader/full/fiche-4-du-chapitre-marche-du-travail-lanalyse-keynesienne-du-marche 1/4

 

I. La critique keynésienne de la conception néo-classique

La critique de la conception néo-classique du marché du travail

Keynes va critiquer les conceptions néo-classiques du marché du travail sur plusieurs points :

1. la détermination de l’offre de travail :

Rappel de l’analyse néo-classique : l’offre de travail est une fonction croissante du tauxde salaire réel

Rejet de l’analyse néo-classique par Keynes : Il refuse d’accepter l’idée que l’offre detravail soit une fonction croissante du taux de salaire réel , car les individus sont victimesd’illusion monétaire : ils raisonnement en termes nominaux et non réels

Pour en savoir plus sur les raisons du rejet : cliquez ici

2. la détermination de la demande de travail :

Rappel de l’analyse néo-classique :Selon l’analyse néo-classique , les variations du tauxde salaire réel n’influencent pas la courbe de demande de biens ( les débouchés desentreprises ) et les variations de la demande de biens n’influencent pas la demande de travail.

Raisons du rejet de l’analyse néo-classique par Keynes :On peut , au contraire ,considérer avec Keynes qu’une chute du taux de salaire réel va entraîner une réduction de lademande de biens qui se répercutera sur la demande de travail qui diminuera ( doc 13 p 120).

3. la détermination de l’équilibre :

Rappel de l’analyse néo-classique : Les néo-classiques considèrent, que grâce aux

variations du taux de salaire réel(flexibilité du salaire, on tend toujours vers l’équilibre.

Raisons du rejet de l’analyse néo-classique par Keynes : Keynes développe deuxcritiques :

- il démontre que le taux de salaire réel n’étant pas connu lors des négociationssalariales (on discute du salaire nominal) , rien n’assure que , a posteriori, on obtienneun taux de salaire réel d’équilibre . La flexibilité des salaires réels n’a donc plus lacapacité de ramener le marché du travail à l’équilibre, les agents économiquespouvant être victimes d’illusion monétaire

- Keynes développe un second angle de critique : dès lors que la demande de travaildes entreprises est fonction de l’évolution des débouchés qu’elles connaissent , il peut

exister un chômage involontaire qui est le produit , non de l’attitude des salariés maisdu système économique lui-même .En effet , comme l’indique P.Delfaud , « en

Fiche 4– L’analyse keynésienne du marché du travail

8/8/2019 Fiche 4 du chapitre marché du travail - l'analyse keynésienne du marché du travail

http://slidepdf.com/reader/full/fiche-4-du-chapitre-marche-du-travail-lanalyse-keynesienne-du-marche 2/4

l’absence de toute rigidité des salaires à la baisse , il peut subsister , du seul fait quel’emploi offert est déterminé tout à fait indépendamment de la population active par leseul niveau de la demande effective » du chômage involontaire .

 

4. Keynes développe une critique beaucoup plus fondamentale du

fonctionnement du marche du travail selon Grellet :

Selon les néo-classiques, « chaque agent participe à la détermination des conditions del’échange ; celui-ci résulte alors d’une discussion entre tous les agents, non pas d’unedécision unilatérale de certains agents. A condition de se porter offreur ou demandeur, toutagent peut remettre en cause les termes de l’échange. » Keynes va critiquer cette fictionlibérale du marché en montrant que le niveau d’emploi ne dépend que des décisions desentrepreneurs, qui se trouvent en position d’imposer aux salariés leurs préférences (lamaximisation du profit anticipé) . La rupture de Keynes avec les néo-classiques vient du faitque Keynes met en évidence les relations hiérarchisées de pouvoir inégalement répartiesentre chefs d’entreprise et salariés.

Conclusion:

 Tous ces éléments permettent de conclure qu’il n’existe selon Keynes aucun mécanisme dansle marché du travail assurant avec certitude le retour à l’équilibre ; l’autorégulation dumarché n’est don qu’un mythe. Au contraire selon Keynes la flexibilité des salaires génère uncercle vicieux qui accroîtra le chômage.

L’échec des politiques déflationnistes de retour à l’équilibre (doc

13 p 120)

Rappel de l’analyse néo-classique : Selon l’analyse néo-classique, le chômageinvolontaire ne peut être que transitoire. En effet, tout déséquilibre sur le marché du travaildoit se traduire par une variation du taux de salaire réel (à la baisse en cas de sous-emploi, àla hausse en cas de suremploi) qui ramènera le marché du travail à l’équilibre.

Critiques de l’analyse néo-classique par Keynes : Selon Keynes, cette conception nefonctionne pas car elle oublie des éléments essentiels :

- comme l’écrit J.Généreux, « selon Keynes, le remède classique au chômage(baisse des salaires) néglige la double nature du salaire :

• coût de production pour l’entreprise , la baisse des salaires, en réduisant lecoût du travail par rapport à celui du capital exerce bien un effet stimulant sur lademande de travail (effet substitution)• mais revenu pour les travailleurs , elle réduit aussi le revenu distribué aux

ménages et déclenche un effet multiplicateur à la baisse sur la demande globale,limitant encore plus les débouchés des producteurs : il s’ensuit un nouveau reculde la demande de travail qui rend nécessaire une nouvelle baisse des salaires, etainsi de suite. Une politique de baisse des salaires, risque donc, à court terme,d’éloigner de l’équilibre au lieu d’en rapprocher, et de déclencher un processuscumulatif de récession ». Les politiques déflationnistes de réduction des salairesqui ont été appliquées durant les années 30 ont été un échec ; elles ont conduità l’aggravation du chômage.

- L’échec de ces politiques s’explique en particulier par l’échec de la maininvisible : résultant de deux effets contradictoires :• En effet, si un producteur et un seul diminue les salaires, il sera plus compétitif,

gagnera des parts de marché, verra la situation de son entreprise s’améliorer,

pourra embaucher.

8/8/2019 Fiche 4 du chapitre marché du travail - l'analyse keynésienne du marché du travail

http://slidepdf.com/reader/full/fiche-4-du-chapitre-marche-du-travail-lanalyse-keynesienne-du-marche 3/4

• Mais cela est un jeu à somme nulle, car les emplois créés par ce producteurcompenseront les destructions d’emploi opérées par les entreprises ayant perdudes parts de marché.

Conclusion : Dès lors , on peut imaginer si les agents sont rationnels que :- toutes les entreprises, afin d’améliorer leur compétitivité vont appliquer la même

stratégie,- mais alors les consommateurs subissant tous une baisse de salaire vont réduire

leur consommation, la demande effective va donc chuter, les entreprises vontalors être obligées de licencier.

- On peut alors se rendre compte que la somme des intérêts individuels n’améliorepas le bien-être de la collectivit , mais au contraire le détériore ( la destructiond’emplois est un jeu à somme négative ) .

- Ceci, car la rationalité des agents économiques est limitée ; ils sont myopes , ils nesont pas capables d’anticiper le résultat de leurs actions cumulées , chacun nevisant que son intérêt particulier , agit finalement à l’encontre de son intérêt .

II. Présentation de l’analyse keynesienne

A. la théorie générale de l’emploi

1. Les déterminants de l’offre de travail

Keynes considère qu’à court terme, les conditions techniques, les ressources en main-d’œuvre sont données :

- En effet , l’offre de travail est indépendante du taux de salaire réel ; les effets desubstitution et de revenu se compensant

- Keynes considère donc que l’offre de travail dépend de variables socio-économiques(la fécondité l’évolution du travail féminin , le solde migratoire , ... ) qui n’évoluent

que lentement :- l’offre de travail est donc constante à court terme.

2. Les déterminants de la demande de travail

En revanche, la demande de travail est endogène, elle va être fonction de l’évolution de lademande effective, c’est-à-dire de la demande solvable anticipée par les entreprisesla demande effective n’est qu’une prévision ) . Elle dépend de 2 variables :

- D1, c’est-à-dire le montant que l’on s’attend à voir la communauté dépenserpour la consommation . Selon Keynes , la consommation est une fonction croissantedu revenu ( ce n’est pas vrai chez les néo-classiques ) , c’est-à-dire que plus le revenuaugmente , plus le niveau de consommation sera élevé . Ainsi , si à court terme , lesménages bénéficient d’une augmentation de revenu , ils vont accroître leur niveau deconsommation sans pour autant diminuer leur niveau d’épargne ( il augmenteraaussi ) .

Pour voir la distinction faite par Keynes sur l’évolution à court et moyen terme de la consommation , cliquez ici

- D2 , c’est-à-dire le montant qu’on s’attend à voir la communauté consacrer àl’investissement nouveau ( cf. chapitre suivant ) .

Conclusion :

Les variables qui influencent l’offre et la demande de travail sont donc différentes : l’égalité entre offre et demande de

travail n’est donc pas automatique , ce qui rend nécessaire des politiques de relance .

8/8/2019 Fiche 4 du chapitre marché du travail - l'analyse keynésienne du marché du travail

http://slidepdf.com/reader/full/fiche-4-du-chapitre-marche-du-travail-lanalyse-keynesienne-du-marche 4/4

 

B. La nécessité des politiques de relance

Explications de l’inutilité des politiques de relance selon l’analyse néo-classique :Chez les néo-classiques, les politiques de relance sont au mieux inutiles, au pire

catastrophiques .En effet la loi de Say permet de montrer que l’offre crée sa propre demandeet l’amène à son niveau .Car :

• le revenu se partage entre consommation et épargne,• l’épargne détermine l’investissement,

• l’investissement et la consommation déterminent la demande qui estégale à l’offre (le revenu ) .

Critiques de l’analyse néo-classique : Au contraire, dans la problématique keynésienne,tout ce qui n’est pas consommé est épargné mais rien n’assure que ce qui est épargné serainvesti. En effet :

• les entreprises n’ont pas intérêt à investir si elles ne reçoivent pas une demandesuffisante pour écouler leur production, bien que celle-ci soit rentable.•

Keynes montre par-là qu’un niveau insuffisant de propension à consommer etd’investissement risque d’entraîner une demande effective insuffisante qui conduirales entreprises à ne plus embaucher ou à licencier, bien que leur production soitrentable.

• Il n’existe dans ce contexte aucun mécanisme qui ramène automatiquement àl’équilibre.

Conséquences : Il faut donc que l’Etat intervienne soit :

• en agissant sur le revenu de ménages pour augmenter la consommation(hyp. la propension à consommer est constante)

• et/ou sur l’investissement (en appliquant une politique de grands travaux,par exemple).

• Grâce à l’intervention étatique, la demande effective s’élèvera, les

entreprises voyant leurs débouchés augmenter accroîtront leur demandede travail, ce qui ramènera le marché du travail à l’équilibre.

Conclusion : Ceci nécessite donc une mutation de la vision étatique :• on doit passer d’un Etat-Gendarme à un Etat-Providence, qui se voit confier

la mission d’assurer le plein-emploi, en agissant sur les leviers dont ildispose : augmentation des dépenses publique, distribution de prestationssociales, réduction des impôts , politique monétaire expansionniste (cf.chapitre politiques économiques) .

• Le point commun à tous ces instruments est d’assurer des débouchéssuffisants aux entreprises afin de les conduire à égaliser offre et demandede travail, sans recourir à des variations de salaire qui devient rigide.