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FICHE D INFORMATION PRATIQUES … · FICHE D ’INFORMATION PRATIQUES AGROFORESTIÈRES 1. MISE EN CONTEXTE Au cours des dernières décennies, ... Cette uniformité des cultures,

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PROGRAMME PILOTE D’APPUI À LA MULTIFONCTIONNALITÉ DE L’AGRICULTURE

FICHE D’INFORMATION

PRATIQUES AGROFORESTIÈRES

1. MISE EN CONTEXTE Au cours des dernières décennies, l’intensification et la spécialisation des pratiques agricoles ont poussé les agriculteurs à récupérer un maximum de superficies pour l’implantation de cultures destinées à l’alimentation humaine et animale. Ainsi, les boisés de ferme, les arbres isolés dans les champs et les bandes riveraines, notamment, sont graduellement disparus pour faire place à des paysages agricoles de plus en plus uniformes. Cette uniformité des cultures, souvent jumelée à un système de monoculture ou de rotations courtes (maïs-soya), entraîne une perte importante de biodiversité, tandis que les pratiques culturales préconisées – utilisation de pesticides, champs laissés à nu en hiver – peuvent avoir des impacts non négligeables sur la qualité des sols et des cours d’eau.

L’adoption de pratiques agroforestières favoriserait la protection de la biodiversité, la mise en valeur des paysages et l’attractivité des territoires. Les arbres et arbustes des fermes peuvent avoir de multiples fonctions économiques, environnementales et paysagères.

2. DESCRIPTION DE LA PRATIQUE De Baets et ses collaborateurs définissent l’agroforesterie comme « un système intégré de gestion des ressources du territoire rural qui repose sur l’association intentionnelle d’arbres ou d’arbustes à des cultures ou à des élevages, et dont l’interaction permet de générer des bénéfices économiques, environnementaux et sociaux ».

Parmi les systèmes agroforestiers les plus connus et les plus adaptés au Québec se trouvent les haies brise-vent, les bandes riveraines arborées, les systèmes de cultures intercalaires agroforestières et les systèmes sylvopastoraux.

Vaches profitant de l’ombrage d’une haie brise-vent. MAPAQ

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3. EXEMPLES DE PRATIQUES AGROFORESTIÈRES • La haie brise-vent

La haie brise-vent est un obstacle naturel constitué principalement d’arbres et d’arbustes et placé au travers du vent pour réduire sa vitesse1. Elle peut prendre différentes formes, notamment en ce qui concerne le nombre de rangées implantées et les essences choisies.

La haie brise-vent présente des avantages propres dont la protection contre l’érosion éolienne, la création de microclimats favorables au rendement des cultures, la diminution des odeurs lorsqu’elle est installée près des bâtiments et des fosses, la réduction possible des coûts de chauffage pour les bâtiments construits à proximité et la réduction des coûts de déneigement des voies publiques puisqu’elle contribue à retenir la neige dans les champs.

Attention! Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) offre déjà un financement pour ce type d’aménagement, par l’entremise du volet 1 du programme Prime-Vert. Le Programme pilote d’appui à la multifonctionnalité de l’agriculture permettrait, notamment, de couvrir certains coûts d’entretien.

• La bande riveraine arborée

La bande riveraine arborée est « un couvert végétal permanent composé d’un mélange de plantes herbacées, d’arbustes et d’arbres adjacents à un cours d’eau ou à un lac2 ».

Un des principaux bénéfices liés à l’implantation d’une bande riveraine est l’amélioration de la qualité de l’eau. La bande riveraine agit en effet à titre de filtre pour les particules de sol, les résidus de pesticides, les éléments fertilisants et les microorganismes pathogènes qui pourraient se retrouver dans l’eau sous l’effet de l’érosion hydrique. De plus, l’ombrage procuré par les arbres en été permet de maintenir l’eau à un niveau d’oxygénation adéquat et à une température confortable pour la faune aquatique. La bande riveraine peut également contribuer à la bonification et à la diversification des paysages agricoles.

Attention! Le MAPAQ offre déjà un financement pour ce type

d’aménagement, par l’entremise du volet 1 du programme Prime-Vert. Le Programme pilote d’appui à la multifonctionnalité de l’agriculture permettrait, notamment, de couvrir certains coûts d’entretien.

1 Vézina, 1991. 2 Gagnon et Gangbazo, 2007.

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• Le système de cultures intercalaires agroforestières

Ce système est composé de rangées d’arbustes ou d’arbres et de bandes de cultures assez larges pour permettre la mécanisation des pratiques culturales. La présence de rangées d’arbres en alternance avec les cultures entraîne un effet de microclimat, favorisant ainsi une augmentation de la production. La culture de plus d’une espèce constitue également un outil de gestion des risques pour les agriculteurs.

Sur les territoires au potentiel agricole plus faible, les cultures intercalaires agroforestières permettent de mettre en valeur des terres en friche et donc de maintenir une certaine activité économique tout en préservant la biodiversité. À moyen et à long terme, ce système pourrait éviter le reboisement des terres, favoriser la conservation du potentiel agricole et générer des revenus complémentaires pour les agriculteurs. Par contre, au Québec, les systèmes de cultures intercalaires agroforestières ne sont présents, pour le moment, que sur des parcelles expérimentales. Le Programme pilote d’appui à la multifonctionnalité de l’agriculture constitue une occasion pour les agriculteurs de s’approprier ces systèmes. Toutefois, certaines balises devront être établies préalablement afin de s’assurer de la pérennité de ceux-ci.

• Le système sylvopastoral

Le système sylvopastoral correspond à « un aménagement délibéré d’arbres en association avec des élevages3 ». Bien que ce système soit peu connu au Québec, certaines pratiques connexes y ont été répertoriées : l’élevage des grands gibiers dans des boisés aménagés ou naturels, l’introduction de haies d’arbres ou d’arbres isolés dans les pâturages afin de créer des aires d’abris pour les bovins, le désherbage des vergers par des moutons, etc.4

La présence d’arbres au pâturage peut améliorer la productivité des animaux en limitant le stress causé par la chaleur l’été et le froid l’hiver. Le système sylvopastoral nécessite toutefois des soins particuliers comparativement à l’implantation d’arbres sans élevage. En effet, les ruminants constituent un danger pour les jeunes plants d’arbres ou d’arbustes, d’où la nécessité de protéger la base de ces derniers dans leurs premières années de croissance.

3 De Baets et autres, 2007. 4 Ibid.

Culture intercalaire agroforestière à Saint-Paulin. D. Rivest et Le Baluchon

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4. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS Les différentes pratiques agroforestières ont en commun plusieurs avantages et inconvénients.

Avantages pour les producteurs

• Augmentation de la présence d’organismes bénéfiques pour les cultures (ex. : pollinisateurs, prédateurs des ravageurs, oiseaux).

• Augmentation potentielle des rendements à moyen terme (ex. : création d’un microclimat par l’effet brise-vent, amélioration de la qualité du sol).

• Diminution de l’érosion éolienne et hydrique des terres agricoles, selon le système choisi.

• Diversification des revenus issus de la récolte possible de petits fruits et de produits forestiers ou de la vente de biomasse.

Avantages pour la communauté

• Augmentation et maintien de la biodiversité par l’implantation de diverses variétés d’arbres et d’arbustes qui fournissent un habitat, un microclimat favorable et de la nourriture à plusieurs organismes vivants.

• Protection de la qualité de l’eau contre la pollution agricole diffuse (incidence sur la santé publique ainsi que sur les loisirs aquatiques comme la pêche ou la baignade).

• Amélioration et diversification des paysages, ce qui contribue à bonifier le cadre de vie des citoyens ainsi que l’attractivité de la communauté locale pour de nouveaux arrivants et une clientèle touristique.

• Séquestration de carbone.

• Diversification de l’économie locale (ex. : revalorisation de terres en friche).

• Diminution des coûts de chauffage et de déneigement (haies brise-vent).

Inconvénients pour les producteurs

• Coûts engendrés par l’implantation et l’entretien des arbres et arbustes, nécessaires à l’efficacité des pratiques.

• Nécessité de s’adresser à des experts pour la mise en œuvre des pratiques, notamment les cultures intercalaires agroforestières et les systèmes sylvopastoraux, encore méconnus au Québec.

• Perte de superficie en cultures.

• Impact sur les pratiques culturales (contournement des haies, branches et racines qui s’étendent dans les champs).

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5. ASPECTS RÉGLEMENTAIRES ET PROGRAMMES COMPLÉMENTAIRES Avant d’aménager un système agroforestier, le promoteur doit s’assurer que son projet est conforme à la réglementation en vigueur. Ainsi, en vertu de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, le conseil d'une municipalité régionale de comté (MRC) peut, par règlement, régir ou restreindre, sur l’ensemble ou une partie de son territoire, la plantation ou l'abattage d'arbres afin d'assurer la protection du couvert forestier et de favoriser l'aménagement durable de la forêt privée.

POUR PLUS D’INFORMATIONS, COMMUNIQUEZ AVEC VOTRE DIRECTION

RÉGIONALE DU MAPAQ.

RÉFÉRENCES Agriculture et Agroalimentaire Canada (2010). Les systèmes de cultures intercalaires avec arbres feuillus. Jumeler production de bois et production agricole tout en protégeant l’environnement.

http://publications.gc.ca/collections/collection_2011/agr/A42-108-2010-fra.pdf

Association for Temperate Agroforestry (en anglais).

http://www.aftaweb.org/index.php

De Baets, N., S. Gariépy et A. Vézina (2007). Le portrait de l’agroforesterie au Québec. Agriculture et Agroalimentaire Canada. http://www4.agr.gc.ca/resources/prod/doc/terr/pdf/som_portrait_qc_final_f.pdf

Des systèmes agroforestiers pour les fermes européennes.

http://www1.montpellier.inra.fr/safe/french/index.htm

Four Best Management inc. (en français).

http://www.4bm.ca/services/agroforesterie.cfm

Gagnon, E., et G. Gangbazo (2007). Efficacité des bandes riveraines : analyse de la documentation scientifique et perspectives. Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction des politiques de l’eau.

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Groupe interdisciplinaire de recherche en agroforesterie (GIRAF), Université Laval.

http://www.plg.ulaval.ca/giraf/index.html

Ménard, M. (2010). « Une récolte de noix à travers son soya ». L’Utiliterre.

http://www.utiliterre.ca/technique/une-recolte-de-noix-a-travers-son-soya/

Rivest, D. (2009). Les systèmes de cultures intercalaires : associer arbres et cultures pour protéger l’environnement et intensifier la production de bois.

http://www.naturequebec.org/ressources/fichiers/Agriculture/Fermes0carbone_2009/Module1/PPT09_Agroforestrie_DRivest.pdf

Vézina, A. (1991). Des haies brise-vent autour des bâtiments d’élevage et des cours d’exercice : de la planification à l’entretien. Simulation des coûts d’implantation d’une haie. http://wbvecan.ca