15
1 FICHE DE LECTURE TITRE DU LIVRE : Au cœur de la mémoire AUTEUR : Jacques NINIO DATE DE LA PREMIERE PUBLICATION : EDITION : Editions Odile JACOB NOMBRE DE PAGES : 180 L’AUTEUR : Jacques NINIO Né au Caire en 1942, Jacques NINIO est polytechnicien (Promotion X1961) et biologiste. Il est directeur de recherche émérite du CNRS. Biologiste, auteur de travaux en biologie moléculaire et en génétique évolutive il a porté un intérêt aux sciences cognitives. Il a également mené des travaux sur les stéréogrammes. A l’Ecole normale supérieure il est théoricien et créateur d’ images. Bibliographie Approches moléculaires de l'évolution. Masson, Paris (1979) ; Dinámica de las ideas en biología: conversaciones de Montevideo. Universidad de la República, Facultad de Humanidades y Ciencias, Departamento de Publicaciones (1988) ; La biologie buissonnière. Seuil, Paris (1991) ; L'Empreinte des sens. Perception, mémoire, langage. Odile Jacob , Paris (1994) (ISBN 9782738127228 ) ; La science des illusions. Odile Jacob, Paris (1998) ; Stéréomagie. Seuil, Paris. Estereomagia, Martins Fontes, São Paulo (1999) ; Au cœur de la mémoire, Paris, Odile Jacob , 2011, 1 e éd., 196 p. (ISBN 9782738126979 ).

FICHE DE LECTURE - sd80b350fd15c161c.jimcontent.com · 1 FICHE DE LECTURE TITRE DU LIVRE: Au cœu de la mémoie AUTEUR: Jacques NINIO DATE DE LA PREMIERE PUBLICATION: EDITION: Editions

Embed Size (px)

Citation preview

1

FICHE DE LECTURE TITRE DU LIVRE : Au cœur de la mémoire

AUTEUR : Jacques NINIO

DATE DE LA PREMIERE PUBLICATION :

EDITION : Editions Odile JACOB

NOMBRE DE PAGES : 180

L’AUTEUR : Jacques NINIO

Né au Caire en 1942, Jacques NINIO est polytechnicien (Promotion X1961) et biologiste.

Il est directeur de recherche émérite du CNRS. Biologiste, auteur de travaux en biologie moléculaire et en génétique évolutive il a porté un intérêt aux sciences cognitives. Il a également mené des travaux sur les stéréogrammes.

A l’Ecole normale supérieure il est théoricien et créateur d’images.

Bibliographie

Approches moléculaires de l'évolution. Masson, Paris (1979) ; Dinámica de las ideas en biología: conversaciones de Montevideo. Universidad de la República,

Facultad de Humanidades y Ciencias, Departamento de Publicaciones (1988) ; La biologie buissonnière. Seuil, Paris (1991) ; L'Empreinte des sens. Perception, mémoire, langage. Odile Jacob, Paris (1994)

(ISBN 9782738127228) ; La science des illusions. Odile Jacob, Paris (1998) ; Stéréomagie. Seuil, Paris. Estereomagia, Martins Fontes, São Paulo (1999) ; Au cœur de la mémoire, Paris, Odile Jacob, 2011, 1e éd., 196 p. (ISBN 9782738126979).

2

Préface

Nous sommes face à des nombreuses représentations sur la mémoire. Et là où le progrès est important sur le plan des découvertes scientifiques notamment concernant l’hérédité et le fonctionnement des cellules vivantes avec l’ADN, le code génétique et les enzymes, concernant l mémoire nous en sommes restés à des métaphores en la percevant comme un grenier, une bibliothèque ou un espace d’archivage.

Pour certains scientifiques « égarés » la mémoire « n’est rien d’autre que » l’apprentissage.

Nous misions sur l’équation Mémoire + Apprentissage = Dressage, mais qu’y a-t-il à l’intérieur de chacun de ces rectangles censés représenter les comportements de la mémoire ?

L’hypothèse de l’auteur est qu’il y aurait une « mécanique neuronale capable de coder un souvenir et de le transporter d’un lieu à un autre dans le cerveau » ( p. 8).

La démarche pour chacun ne devrait pas être sur le constat de blocages et d’oublis auxquels nous sommes confrontés et pour lesquels nous nous lamentons, mais davantage sur ce qui nous fait penser à telle ou telle chose. Passer d’un « pourquoi j’oublie ? » à un « Qu’est ce qui me fait penser à ça ? ».

L’auteur a travaillé sur de nombreux travaux et observations sur des tests de rappel ou de reconnaissance en mémoire. Il a observé les temps de réponse à ces tests de mémoire, ainsi que leurs trajectoires : « vers l’arrière où elles s’amarrent à des traces plus anciennes, ou vers l’avant pour remonter à la conscience ».

Plan de l’ouvrage :

Dans les chapitres 2 et 3 sont présentés des éléments précis suite à des observations ou expériences. Le chapitre 4 est consacré au codage et le chapitre 5 le modèle de fonctionnement de la mémoire centrale

Chapitre 1 : Les rouages de la mémoire

Langues étrangères

L’auteur relate notamment une observation pourtant non retenue par les scientifiques, qui date du XIXème siècle et qui est l’œuvre d’Alfred MAURY, l’un des précurseurs dans l’étude des rêves.

Cette observation réalisable par tous s’appuie sur le constat que lorsque nous débutons une langue étrangère les difficultés rencontrées à retenir les mots de vocabulaire sont supérieurs aux difficultés que nous rencontrons par la suite quand la langue nous est plus familière.

Il y a bien ici des analogies de son, d’orthographe et de forme qui se font au fur et à mesure que la langue nous est familière. Cela démontre clairement que les mécanismes de notre mémoire sont basés sur des liens.

3

Et pourtant nous semblons fonder une pédagogie de la répétition comme s’il s’agissait de faire rentrer des éléments extérieurs à l’intérieur d’un crâne.

Permettre de faire des liens

Or, si nous proposions aux élèves l’élément de mémorisation sous plusieurs facettes afin que chacun puisse y trouver des repères personnels et ce pour effectuer ses propres liens, cela semblerait plus efficace en tous les cas plus respectueux des capacités du cerveau.

Qu’est ce qui est mal retenu ? Là aussi, le constat est facile pour chacun d’entre nous : «images abstraites, syllabes vides de sens, listes de mots sans rapport les uns avec les autres, textes formés de phrases sans idée unificatrice.

Points et ancrages, traces anciennes avec lesquelles il y a des points communs seront autant de moyens facilitateurs à la mémorisation.

Mémoire et ordinateur

Quand on compare la mémoire humaine à celle d’un ordinateur nous développons des représentations fausses : la mémoire d’ordinateur est composée de listes. Pour trouver une information on va examiner la liste dans un sens qui ira de bas en haut. Le temps pour trouver une information particulière dépendra de son positionnement dans la liste. Par exemple il est nécessaire de parcourir la totalité de la liste pour s’assurer qu’un mot n’y est pas. Or, dans la mémoire humaine l’absence d’un mot est détectée au moins aussi vite que sa présence. Dans la mémoire humaine se trouve un stimulus externe qui sollicite tout le contenu de la mémoire. Il appartient aux souvenirs présents de répondre ou pas.

Ainsi nous disposons dans notre mémoire d’une méthode de recherche d’information qui quand un mot est sollicité il se propagerait par ramification pour en quelques étapes toucher la presque totalité de la mémoire. Une ou plusieurs réponses simultanées sont possibles, provenant des différents espaces de la mémoire.

C’est comme quand au moment où je vois la boîte aux lettres je me souviens que j’ai une lettre à poster. C'est-à-dire que chaque chose que je vois lance un appel en mémoire.

Souvenirs

Cependant si tous les souvenirs concernés revenaient à la surface il y aurait encombrement, notamment de choses inutiles ou totalement inadéquates. C’est pour raison que s’opère un système de filtrage qui tente d’être aussi subtil au point de ne pas être trop rigoureux au risque de faire un tri qui pourrait nous laisser sans réponse et un laxisme qui nous ferait passer d’un sujet à l’autre sans retenue. (cf exemples page 16)

Dans ces exemples nous nous situons dans des souvenirs de la vie personnelle appelés « mémoire épisodique » qui est une mémoire dans laquelle nous sommes individuellement concernés.

Formes de mémoire : métaphore du détective

Les spécialistes ont identifié plusieurs formes de mémoire.

4

Prenons comme métaphore le détective du roman policier à qui rien n’échappe. Sont mobilisés les organes sensoriels considérés comme des capteurs, aspirateurs de perceptions. Tout élément extérieur « un visage, un parfum, des paroles échangées […] provoquent une vague résonnance dans le vaste entrepôt qu’est la mémoire… ».

Il est cependant à noter que « les contraintes de l’action, trop rapide, ne lui laissent pas le temps de s’arrêter au détail » (p. 17).

Ainsi il est à considérer que toute information extérieure susceptible de faire stimulus dans la mémoire n’est pas appréciée d’emblée. Là où nous ne portons pas d’attention nos « perceptions cheminent dans […] l’esprit, et laissent une trace en mémoire. »

C’est pour cela que parfois nous savons que le souvenir est là, dans une mémoire, mais nous ignorons laquelle.

Ainsi quand la mémoire visuelle ne nous permet pas d’identifier où se trouve notre casquette, la mémoire épisodique dans laquelle se déroule le film de ce que nous avons fait en rentrant nous permettra de retrouver notre casquette (exemple page 18).

Dans la mémoire épisodique, le simple fait d’ajouter un nouvel élément nous permet de retrouver l’information (cf page 19).

Des éléments qui sont liés à des évènements (attentat du 11 septembre 2001 par exemple) nous permettent de savoir très exactement où nous étions et dans quelles circonstances nous l’avons appris.

Apprentissage et automatisme

L’apprentissage crée des automatismes afin de réaliser des gestes complexes sans avoir à porter une attention particulière quant à leur exécution. C’est grâce à cela que nous pédalons sur le vélo, sans même y avoir à réfléchir, idem pour le jouer de piano (cf exemple page 20). Mémoire et apprentissage sont dans un savant dosage coopératif.

Mémoire par amorçage

La mémoire par amorçage est une mémoire qui greffera une suite à une amorce qui sera provoquée. Si nous donnons aujourd’hui le mot cartable que nous évoquons ensemble et que demain la syllabe « car » nous est donnée avec comme demande d’y greffer une suite, il y a de grandes chances que l’ajout proposé nous permette de retrouver le mot « cartable ».

Mémoire à long terme

En état éveillé nous sommes continuellement en lien avec le monde extérieur et par conséquent à nos stimulations sensorielles. Un tri s’effectue et ce pour conserver temporairement ce qui nous semble être digne d’être retenu ou plus exactement ce qui est d’un intérêt assez important pour nous pour pouvoir en faire un prochain usage.

La place est vite faite pour sans cesse accueillir de la nouveauté et ce qui est déjà considéré comme ancien sera refoulé dans une mémoire permanente appelée

5

« mémoire à long terme ». Les données ici mémorisées sont plus difficiles d’accès si ce n’est avec difficulté ou surgiront de manières inopinées sans crier gare.

Mémoire de travail

Une information stockée et rangée comme un ustensile de cuisine qui serait à portée de main. Cette mémoire permet des allers retours entre une information présente et ce qui est déjà en mémoire. Il s’agit de la « mémoire de travail » notion introduite par BADDLEY et HITCH en 1974. C’est une mémoire qui nous permet de réaliser maintenant une tâche en combinant des informations et en exécutant des allers retours avec la mémoire à long terme. La mémoire de travail est réservée au « maintien des informations durant le temps nécessaire à l’accomplissement d’une tâche déterminée ». C’est à cette mémoire que nous faisons appel pour « la résolution de problèmes, la parole, la planification d’actions » (p. 25).

Pour l’auteur cette mémoire de travail est le relais entre le court et le long terme. C’est elle qui codifie les informations nouvelles avant de les inscrire dans la mémoire à long terme.

C’est bien là, dans la si bien nommée « mémoire de travail » que se ferait la plus grande part de travail de la mémoire que Jacques NINIO nomme « mémoire centrale » car au cœur du dispositif de la voie directe du court au long terme.

Chapitre 2 : Les premières secondes

Lecture d’un mot

Distinguons la netteté apparente des caractères d’une page de livre, netteté illusoire si nous la comparons au captage et à la perception d’une partie de la page sur laquelle nous nous focalisons sur quelques mots. C’est ce travail d’identification accompli en quelques 10èmes de secondes avec la mémoire comme appui qui est le mieux caractérisé à ce jour.

Lors d’une lecture le regard, dans une stratégie maintes fois expérimentée, se pose au milieu d’un mot si le mot est court et vers la 4ème lettre pour un mot de 11 lettres, en français tout au moins.

Le cerveau donne une dynamique d’analyse au fur et à mesure pour donner le sens. Il exige du regard qu’il ait quelques mots d’avance entre ce qui est lu et le sens. Le regard reviendra en arrière si une difficulté se pose. L’attention sera toujours portée sur un nouveau mot et de ce qui a été capté avant, de nombreux détails seront perdus mais le sens demeurera. C’est la compréhension du texte qui dicte les sauts du regard. Les diverses expériences présentées dans ce chapitre démontre à quel point là où il n’y a pas d’attention portée, la capacité d’oubli est élevée. (Rappel de l’exemple du gorille).

6

Sept : le nombre magique

De la même manière les expériences menées limitent à 7 le nombre d’objets que nous sommes susceptibles de mémoriser instantanément et de conserver brièvement en mémoire.

Sur ce « nombre magique » l’auteur tient à rétablir certaines vérités. Le terme même de « nombre magique » vient du psycholinguiste George MILLER.

A l’origine la question traitée était la suivante :

« Supposons que nous donnions à gouter à des volontaires des boissons ayant plusieurs niveaux de salinité différents. Combien de niveaux de salinité sont ils capables de catégoriser ? Le nombre de niveaux à partir duquel les sujets n’arrivent plus à juger précisément de la salinité d’un échantillon par rapport aux salinités déjà classées est comprise entre 5 et 9, d’où le nombre magique 7 qui serait une limite naturelle du nombre de catégories perceptives que nous sommes capable de construire rapidement » (p. 35)

La deuxième partie de l’article de MILLER fait cependant référence à la mémorisation de suites de chiffres ou de nombres qui se situe entre 5 et 9 cases dans une mémoire à court terme.

BINET, vers la fin du siècle dernier a établie qu’un « individu ordinaire » écoutant « une suite de chiffres entre 0 et 9, lue d’une voix monotone, à raison de 2 chiffres / seconde, retenait environ 7 chiffres dans le bon ordre ou 10 si les chiffres étaient groupés 2 par 2. »

En somme nous pourrions représenter par 7 cases la capacité de notre mémoire à ranger de petits colis ou de gros, mais pas plus d’un à la fois.

Supérieur à 7 cela devient plus complexe.

Ce constat a été fait durant plus d’un siècle. Cependant les gallois avanceront le nombre de 5 et les chinois de 9. Cela doit être dû « par le fait que l’énumération vocale des chiffres est plus brève en chinois, plus longue en gallois. » (p. 36).

Des paramètres d’ordre méthodologiques sont aussi à prendre en compte. On ne peut disposer d’une liste de nombres décimaux de plus de 10 chiffres sans qu’il y ait répétition. Et la répétition complexifie la mémorisation.

De plus, un temps est nécessaire entre un stimulus à mémoriser et le suivant. On a pourtant tendance à ne pas laisser ce temps lors des expériences sur les chiffres, et afin que les sujets ne puissent se les répéter mentalement.

C’est pourquoi il y a possibilité que la limitation de nombre de chiffres mémorisés n’a pas de rapport avec une éventuelle limitation dans un nombre de cases en mémoire pour les accueillir.

Le jeu des erreurs

A une expérience s’inspirant du jeu des erreurs entre 2 images d’apparence identique mais dans lesquelles se sont glissées des différences, il apparaît qu’il est préférable d’avoir une attention répartie sur la totalité d’une image car la différence entre les deux images peut survenir d’un endroit où rien n’accroche le regard (p. 46).

7

La mémoire eidétique

Nous pouvons constater chez des enfants de 5 et 10 ans la capacité de revoir une image quelques secondes voire quelques minutes après qu’elles ont été projetées sur fond blanc. Il s’agit de la mémoire eidétique. Après avoir revue l’image projetée mentalement, celle-ci se dégrade jusqu’à disparaître. Cette mémoire ne concerne pas des images instantanées mais plutôt d’images analysées par les processeurs visuels, qui curieusement se dissipent si on tente un geste de mémorisation. Certains adultes gardent cette capacité.

La mémoire comme réalisme de perception

Quand nous pensons à un objet nous le visualisons avec plus ou moins de force. Notre regard porte son attention sur les percepteurs externes, en ce sens l’image, provenant de la mémoire ne s’impose pas. Cependant si la perception est interrompue, l’image mémorisée peut avoir le réalisme d’une perception.

Sydney SEGAL propose à un sujet de penser à une voiture et de tenter de la visualiser sur un écran. Sans que le sujet en soit informé est projetée une couleur verte sur l’écran avec une intensité très faible au point d’être subliminale, c'est-à-dire ne produisant aucun effet conscient. Quand on demande au sujet la couleur de sa voiture projetée, celle-ci est verte.

Ce la démontre que perception et mémoire ont des expressions très proches. En état d’éveil « la perception fournit une image vive, et la mémoire une image fugace » (p. 49). Et que ce soit sur le plan de la perception ou de la mémoire les degrés de vivacité de l’image sont repérables. Il existe un commun entre perception et mémoire dans la représentation des images.

Chapitre 3 : la mémoire au travail

La courbe de l’oubli

Des images nous en retenons que quelques informations mais nous mémorisons bien plus. Sur la mémorisation des images celles-ci ne sont pas mémorisées intégralement mais « sous forme appauvrie ». C’est à EBBINGHAUS que l’on doit la « courbe de l’oubli » : a partir d’une liste mémorisée qui par la suite est sortie de l’esprit on tente de la mémoriser à nouveau ce qui prendra moins de temps que la première fois. Cependant on constate que « plus l’intervalle entre le premier apprentissage et le second était grand, et plus le gain de temps au réapprentissage diminuait » (p. 56).

Si toutes les expériences ont été réalisées au XIXème siècle sur le nombre magique dans le domaine verbal (c'est-à-dire chiffres ou syllabes) des problèmes surgissent quand la matière première sont les images. Les chiffres de 0 à 9 sont connus et présents depuis longtemps dans la mémoire à long terme à tel point que pour ne pas laisser la possibilité au sujet de se répéter les chiffres, ceux-ci étaient donnés à vitesse rapide. Dans le domaine visuel la mémoire a besoin de davantage de temps pour « digérer » ce qui lui est présenté. Une pause d’un minimum d’une seconde est nécessaire. Cela démontre qu’il ne s’agit donc pas de problème de répétition mentale.

8

Une expérience menée dans les années 1970 sur la mémoire visuelle, en utilisant des damiers aléatoires à cases noires ou blanches permet d’observer une dégradation massive de taux de réponses correctes quand on passe de une à deux images. Une image mémorisée à l’occasion de cette expérience peut être récupérée dans un bon état de récupération quand il y a une image à mémoriser ou deux images à condition qu’elles soient les dernières de la série. Sinon l’état de conservation en mémoire est bien inférieur. Ils sont aussi distingué « une mémoire visuelle à court terme pour l’image la plus fraîche d’une mémoire visuelle à long terme pour les autres » (p. 60).

Chapitre 4 : Codage

Codage et organisation

Au début du XIXème siècle l’expérience menée par Jean ITARD, médecin chef de l’Institut des sourds-muets de Paris auprès d’un jeune enfant dénommé Victor. Cette expérience permet de mettre en lumière que la mémoire possède un matériau riche et détaillé qui rend la règlementation d’un objet ou d’un lieu possible avec précision, et de la manipuler par la pensée, et des empreintes pauvres pour lesquelles l’activation se fait uniquement en présence de leur source.

Cette expérience se fait à l’occasion de la prise en charge de l’enfant sauvage de l’Aveyron qui a vécu seul et où l’écart des hommes de sa 5ème à sa 12ème année. Afin de lui permettre de développer du vocabulaire pour la désignation d’un objet, le nom de ces objets étaient notés sur des papiers. Pour identifier les empreintes suffisent, par exemple lors d’un passage sur un lieu l’identification se fait quand nous sommes déjà passés à cet endroit. Les souvenirs sont parfois très proches de ces empreintes. (p. 70).

Subsistent en mémoire des traces abstraites comme par exemple concernant une personne définie, par le rôle qu’elle a eu dans notre vie, son nom, des caractéristiques de son visage.

La question est de savoir comment ces informations sont organisées : se situent-elles dans des aires distinctes et opposées du cerveau avec une aire pour les noms, une pour les visages. En ce cas comment se déroule le passage d’une aire à l’autre pour obtenir une représentation globale de la personne ?

La métaphore des miroirs

John MORTON propose une méthode pour retrouver le nom d’une personne de notre connaissance. En usant de la métaphore des tiroirs pour la mémoire, si l’étiquette du tiroir de la personne dont nous ne nous souvenons pas du nom sur l’étiquette de cette personne nous pouvons ouvrir le tiroir d’une autre personne qui connait cette première personne. Selon MORTON il suffirait de fouiller dans d’autres tiroirs susceptibles de se trouver l’information, en l’occurrence ici le nom d’une personne, pour pouvoir le retrouver.

9

Nous sommes ici typiquement dans l’exemple du « mot sur le bout de la langue » avec une nuance prêt par rapport à la métaphore des tiroirs, c’est que le « mot sur le bout de la langue » fonctionne selon des analogies.

Ici aussi se raccrochent nom, forme, histoire, odeur, voix, intonations. Et le plus étonnant c’est que notre mémoire puisse faire revenir des informations mais pas la recherche de départ, le point initia, dans le cas présent le nom de la personne.

Dans une « mémoire acoustique » (p. 74) se trouve une représentation d’un mot, le mot « bateau » par exemple. Dans une mémoire graphique est représentée l’orthographe du mot, dans une mémoire motrice demeurent les ordres de commandes musculaires à accomplir pour la prononciation du mot. Dans d’autres mémoires se placent des traces de perception de l’objet, ici le bateau : ces traces de perception seront acoustiques, olfactives, visuels, etc… la mémoire des sens est sollicitée.

Le mot « bateau » a-t-il une existence autre qu’en multiples représentations ? Autre qu’une « toile d’araignée qui relie les unes aux autres toutes les parcelles de mémoire qui le concernent ? » (p. 75)

Il serait si simple d’imaginer le langage répondre à une logique linéaire, hiérarchique, de l’orthographe d’un mot à sa prononciation, puis aux perceptions évoquées par ce mot allant jusqu’à une mémoire scripturale qui commanderait l’écriture de la main.

Les ricochets

Dans l’activité linguistique nous sommes face à ce que l’auteur nomme des « ricochets ». Par exemple à la lecture du mot « jument », c’est le mot « cheval » qui est prononcé. Nous pouvons voir aussi chez l’enfant la prononciation du mot « TOGOBAN » plutôt que « TOBOGGAN ». Dans sa mémoire l’image est correcte, ainsi que dans la mémoire acoustique. L’enfant est invité à répéter correctement le mot et la prononciation correcte se fera par ricochet via la mémoire visuelle. (p. 77, mettre le schéma de JUMENT / CHEVAL) et du toboggan.

Des aires du cerveau s’activent en parallèle, à la fois celles qui sont primordiales à la tâche et celles qui leur sont, même de loin, rattachées.

A FAIRE : l’exemple du mot « rouge » étant écrit en vert le mot est identifié par la mémoire graphique, la couleur est évoquée par la mémoire visuelle. Pour la prononciation du mot, la mémoire gutturale prend appui sur le code graphique et sur la mémoire perceptive. Cependant la mémoire perceptive a ici une information provenant du mot, de son graphisme et une information concernant la couleur. La tentation sera grande de dire « vert » et une perte de temps, d’assurance se fera car un conflit s’opère entre l’apparence du mot et ce qu’il désigne.

Les matériaux de la mémoire sont regroupés en catégorie.

En ce qui concerne la mémoire auditive que ce soit un texte ou une séquence musicale, ceux-ci sont mémorisés par petites séquences et chaque phrase musicale entendue nous permet d’anticiper celle à venir. Il y a bien ici mémorisation par petits blocs. Cela nous permet de distinguer la mémoire auditive des autres mémoires. Nous avons pu avoir cette expérience d’une mélodie pour laquelle notre perception change avec le temps. A davantage l’écouter nous la trouvons plus accrocheuse.

10

L‘hypothèse est peut être qu’à travers la mémoire celle-ci est reconnue et que se développe alors la capacité à la « stimuler mentalement », sur des séquences de plus en plus longues » (p. 79)

Concernant la mémoire olfactive nous ne pouvons la caractériser comme séquentielle, à l’opposé donc de la mémoire auditive. Il n’y a guère que chez les animaux que cette mémoire pourrait permettre de reconstituer une trajectoire à traves des repères olfactifs.

Une odeur peut avoir une vraie force d’évocation. Nous le voyons à travers l’exemple de la Madeleine de PROUST. Sur la base d’une odeur, pourvoir aussi être projeté dans le passé.

Des aires du cerveau sont belles et bien spécialisées dans la mémoire olfactive, nous voyons bien ici que ces aires doivent nécessairement être reliées à d autres aires se rapportant aux lieux, à des évènements, des personnages, des aliments, etc …

Nous voyons bien ici qu’un « fragment mémorisé » à un endroit, un « tiroir » peut être associé à des fragments d’autres compartiments.

Que peut évoquer chez nous les sons d’une cour de récréation, les cris d’enfants…jusqu’à nous provoquer des sensations corporelles de notre enfance au point de se sentir projeter dans un temps plus ou moins éloigné.

Pour en revenir à cette métaphore du tiroir ou des livres rangés dans la bibliothèque pour représenter la mémoire, cela donne, selon l’auteur une vision passive de la mémoire (p. 81).

Demeurent ici l’idée d’un système d’archivage que l’on irait consulter, or ce qui nous intéresse c’est comment les informations prennent place dans ce système d’archivage et comment elles viennent jusqu’à nous pour consultation.

La pile cylindrique

L’auteur propose plutôt de visualiser une pile cylindrique, telle un empilement de pièces de monnaie. Cette forme cylindrique est inspirée d’un motif architectural courent dans le cerveau qui est nommé « hypercolonne », qui serait construite d’une pile de neurones pour laquelle correspondrait une fonction commune. Chacun des neurones d’hypercolonne sont connectés individuellement à d’autres neurones en aval, en amont ou à des neurones d’autres hypercolonnes.

La pile cylindrique est un assemblage ponctuel, correspondant à ce qu’il y a dans la tête au moment où l’on pense. Chaque secteur de la pile contient des informations, descriptions explicits, pour un usage des détails permettant au cerveau de mobiliser les informations pour le reconstituer ou alors un renvoi vers une zone du cerveau où seraient stocké une représentation du visage.

Nous considérons que le cylindre représente pour l’instant un « plot de la mémoire de travail », si on accepte cette hypothèse de mémoire de travail qui fonctionne avec un système de plots et un secteur permanent de la mémoire appelé « mémoire à long terme ».

Selon l’exemple donné par l’auteur, lors d’une conversation j’ai l’occasion de parler d’une amie, son visage m’apparait puis deviendra plus abstrait mais accessible dans une zone « mémoire de travail » du cerveau. Suivant les références que je fais de

11

cette personne dans la conversation, sa représentation m’apparaîtra plus nette ou pas, mais demeure accessible.

Maintenant si je rencontre cette personne au détour d’une rue, la perception que j’ai d’elle, son entrée dans mon champ de vision, vont interpeller ma mémoire et c’est ainsi que son apparence au sens « d’apparition » réelle et physique qui va déclencher une recherche dans ma mémoire. Ici je ne mobilise pas d’information spécifique concernant le physique de cette personne, et notamment son visage. Cependant il sera nécessaire que je puisse avoir accès à des renseignements qui concernent cette personne (son nom, sa situation personnelle, où elle habite, Que fait elle dans la vie ?, etc …). Ici le déclencheur sera non pas l’évocation de cette personne au cours d’une conversation, mais le fait de la voir.

Il y a donc bien un intérêt particulier à ce que l’endroit où se trouve la représentation du visage de la personne de manière permanente il y ait un chemin qui me mène vers des informations spécifiques à cette personne.

Nous sommes face à ce que l’auteur appelle une « architecture neuronale ». il n’y aurait pas dans le cerveau de connexions avec des voies à double sens cependant le réseau neuronale est si riche « même avec des voies à sens unique, on peut presque toujours aller d’un lieu à un autre » (p. 84).

Dans le cas d’une rencontre avec une inconnue une « pile temporaire » va se construire avec des informations telles que le lieu et le contexte de la rencontre, puis des traits du visage, les analogies et similitudes éventuelles avec des visages connus. Se conjuguent de manière plus ou moins conscient des informations primitives avec « des aspects visuels mémorisables » avec des « adresses renvoyant à des visages de personnes déjà présents en mémoire permanente » (p. 84).

A la fréquentation de la personne les informations relatives à des caractéristiques le concernant viendront enrichir les aspects visuels mais aussi changements, type d’expression, en lien avec ses états d’humeur.

Des informations perceptives viendront aussi s’ajouter aux caractéristiques connues et reconnues de cette personne.

Chapitre 5 : Au centre de la mémoire

La mémoire : activité créatrice

La mémoire est une activité créatrice et ne peut être en ce sens réduite à l’apprentissage et à un automatisme de répétition. C’est « par son sens » qu’un mot ou une image est mémorisé et que des liens d’opèrent avec des informations qui sont déjà présents dans la mémoire. En mémoire centrale les données nécessaires sont rassemblées afin de collaborer efficacement à la constitution de la nouvelle information à mémoriser.

Nous pouvons aisément penser que des images correctement mémorisées permettront d’avoir des réponses rapides à des tests. Cependant on s’aperçoit que le temps de réponse aux tests ne dépend pas uniquement de la qualité de mémorisation mais davantage de l’accessibilité de l’image testée.

Les expériences menées par l’auteur l’ont conduit à observer les points suivants : en se représentant un parking avec quatre rangées dont chacune a un niveau de qualité

12

précis, le constat est que la dernière voiture entrée est garée à la première rangée alors que les autres sont dans la dernière rangée, la quatrième. Avec quatre images, l’image 4 passe de la première à la deuxième, puis à la troisième jusqu’à la quatrième.

La mémoire centrale de centralisation d’informations par rapport à une évocation devient mémoire de travail.

Chapitre 6 : La conscience

Inspiré par l’histoire de Kaspar HAUSER, qui à l’âge de 16 ans a été recueilli après avoir passé la plus grande partie de son existence dans une chambre obscure, pour l’auteur, chacun d’entre nous serait bien doté d’un processeur magnétique. Dès nos premières années de vie « le développement cognitif, guidé par l’éducation, favoriserait le développement d’autres compétences et la réaffectation d’une aire dédiée à l’orientation vers d’autres fonctions – peut être l’acquisition d’une seconde langue chez les uns ou d’aptitudes musicales chez d’autres » (p. 108).

Cela nous amène à l’évocation des sens à savoir pourquoi notre cerveau prend-il en considération des sensations telles que la douleur, les odeurs, les couleurs ou les sons et les traite t il avec des différences sur le plan qualitatif ?

Existe-t-il une universalité des sensations humaines à savoir est ce que la perception d’une couleur donnée sera la même pour chacun d’entre nous ? Certes nous pouvons prendre en compte une forme de « normalité », entendons par là une norme commune à une grande majorité d’entre nous tout en considérant très précisément deux sons qui peuvent paraître pourtant si proches pour la plupart. On parlera ici « d’oreille absolue ».

Dans le domaine de reconnaissance des couleurs nous savons que le fait qu’ « il manque à certaines personnes un pigment rétinien […] (celles-ci) ne distinguent pas les couleurs comme nous » (p. 109).

Sur le plan olfactif le fait qu’il puisse manquer chez certaines personnes des récepteurs olfactifs cela a pour conséquence une insensibilité à certaines odeurs.

Y a-t-il une sécrétion de sensation dans l’aire du cerveau ou cette aire n’apporte t elle qu’une information à un « bureau centralisateur de la conscience où se construirait la sensation ?

En état conscient nos organes capteurs accueillent un flux d’information, sons, images, odeurs, traduits en signaux neuronaux. Un bureau central récupère les différentes analyses effectuées par nos processeurs de traitement de l’information. Ce bureau centralisateur et secret, car on ne sait pas où il se situe, est ni plus ni moins que la conscience. Les informations sont scrupuleusement filtrées une à une. La conscience ne peut traiter que les choses une à une et ne peut multiplier son attention « à la fois sur la commande des mouvements du corps, l’écoute d’une conversation, l’exploration de paysages, quoique (le bureau de la conscience) puisse intercaler brièvement une tâche dans le temps normalement alloué à une autre » (p. 114).

13

Les urgences seront traitées immédiatement mais hors champ de la conscience. La partie non consciente du cerveau va gérer, suivant les besoins, les petits problèmes qui se présentent. Cette gestion du problème deviendra consciente au moment de son traitement mais en laissant une courte trace neuronale et pendant un temps court.

Dans un geste d’attention il nous est impossible de suivre en même temps deux discours différents. Par contre il nous est aisé de focaliser notre attention sur l’un des deux discours. Le second discours sera donc ignoré à moins qu’un mot cité nous interpelle et nous fasse réagir.

Exemple (p. 115) : « si des chiffres sont envoyés alternativement sur l’oreille gauche et l’oreille droite :

Oreille gauche : 1 - 3 - 5

Oreille droite : 2 - 4 - 6

Le sujet entend 1 - 3 - 5 et 2 - 4 - 6. A chaque oreille est donc associée une mémoire et les deux mémoires se déchargent intégralement dans la conscience, l’une après l’autre. […]

Si le sujet reçoit :

Oreille gauche : chère - 9 - Jeanne

Oreille droite : 4 - Tant - 7

Il entend, en succession rapide « chère tante Jeanne » et « 4 - 9 - 7 ».

Les messages sonores, comme les informations visuelles sont interprétés et mis en ordre avant de parvenir à la conscience. »

Chapitre 7 : Langage et pensée virtuelle

Développement du langage

Les humains ont depuis toujours usé d’une langue orale qui a pu débuter par l’imitation des sons environnants et notamment les chants d’oiseau. La posture verticale permet la libération de la glotte et par conséquent favorisera nos capacités d’imitation vocale et le développement d’un « langage humain mélodieux » (p. 122)

Une partie du sens vient du débit, des intonations et des modulations que nous retrouvons notamment dans les formes interrogatives narratives ou impératives.

Si la voix dans un rôle de reproduction de cris d’animaux a d’abord permis de chasser, elle a permis à des hommes parlants à s’adresser entre eux par des « langages » codés, issus d’onomatopées, qui soient incompréhensibles par les groupes ou tribus chassés.

De cette imitation de chants d’oiseaux a dû découler le perfectionnement d’une mémoire acoustique capable d’ordonner les informations reçues avec seule la perception des sons dans un ordre précis permet la constitution du mot et donc du sens.

14

L’ordre des mots

L’ordre des mots est essentiel dans la communication linguistique.

Ce n’est pas le cas pour la mémoire visuelle qui a plus de difficulté à ordonner des impressions dans un ordre précis.

Il y a donc des musiques de langage. Ces langages sont ils d’ailleurs si éloignés si l’on considère le langage comme une mise en musique, une même importance de l’ordre séquentiel.

Apprentissage, mise en séquence et temps

Une partie importante de notre éducation repose sur un apprentissage de mise en séquence de collections telles que chiffres, lettres de l’alphabet ou mois de l’année. Il est cependant impossible d’imposer à la mémoire un ordre linéaire de rangement.

Le seul moyen d’y parvenir consiste à opérer par recouvrements : par exemple on mémorise 1 - 2 - 3, puis 4 - 5 - 6, puis 1 - 2 - 3 - 4.

Quand on traite 1 - 2 - 3 en conscience, 1 - 2 - 3 - 4 sera évoqué, puis 4 - 5 - 6.

L’expérience menée par Paul FRAISSE en 1968, qui a mesuré le temps pour parcourir certains chemins a permis de constater qu’il fallait 6/10è de seconde pour commencer à prononcer le mot « chaise » à sa lecture, là où il faut 1 à 3/10ème de seconde en plus pour commencer à dire le mot devant son image (p. 128).

Nos représentations sont multiples et varies ainsi certaines de nos connaissances sont liées à des aires acoustiques et d’autres à des aires visuelles. Les savoirs se complètent par l’interaction, la communication entre ces aires.

Il est par ailleurs plus facile de mémoriser une suite de mots plutôt qu’une suite d’images. Dans la suite de mot quand le cerveau fera un tri et un regroupement par affinités.

Perceptions visuelles au langage

Le visuel a une efficacité pour soi, c'est-à-dire que l’on reconnait que les intuitions visuelles et les perceptions visuelles sont de formidables moyens pour la pensée. Par contre il sera nécessaire de passer ensuite, pour communiquer intuitions et perceptions, par le langage tout en considérant que l’interlocuteur, passera à son tour, pour comprendre en mode visuel ce qu’il entend et qu’il perçoit du langage. (p. 133).

Le langage déclenche des perceptions. Certaines seront facilitées par l’habitude que avons de voir des mots accolés les uns aux autres.

« (…) par exemple, Arthur RIMBAUD : « que des accidents de férie scientifique et des mouvements de fraternité sociale soient chéris comme restitution progressive de la franchise première ? » (p 13).

Dit en quelques secondes cette Illumination nous renvoie à nos perceptions qui ne convergent pas habituellement ensemble : accidents et science, science et féérie, féérie et accidents de la science, société et mouvement, mouvement et fraternité.

Si les mots ont la faculté d’évoquer des images connues ils ne peuvent en faire autant par rapport) ce que l’on n’a pas vu. Nous le voyons avec le portrait robot. La

15

représentation en mémoire n’est pas non plus équivalent à une image photographique.

Chapitre 8 : Rêve et imaginaire

Il est possible que le rêve soit un espace dans lequel les aires visuelles seraient libérées de tout souci de perception.

Les aires du raisonnement récupèrent les aires visuelles avec l’objectif de réaliser des associations. L’hémisphère gauche, le moins actif devant le sommeil, analyse au réveil, dans son rôle de pensée verbale, ces associations qui si jugée nécessaire par le cerveau est détectée et vient à la conscience.

Le rêve aurait cette faculté de faire des rapprochements entre des informations pourtant séparées dans le temps. Et justement ce qui est caractéristique de l’intelligence humaine c’est cette faculté à faire des liens entre des données pourtant éloignées dans le temps.