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Novembre 2014 MS GDDCC Fiche de lecture « Se changer, changer le monde » Carine SFREDDO - Novembre 2014 FICHE DE LECTURE SE CHANGER, CHANGER LE MONDE Co-écriture Christophe André, Jon Kabat-Zinn, Pierre Rabhi, Matthieu Ricard Aux éditions l’Iconoclaste

FICHE DE LECTURE SE CHANGER, CHANGER LE MONDE

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Novembre 2014

MS GDDCC

Fiche de lecture « Se changer, changer le monde »

Carine SFREDDO - Novembre 2014

FICHE DE LECTURE

SE CHANGER, CHANGER LE MONDE

Co-écriture Christophe André, Jon Kabat-Zinn,

Pierre Rabhi, Matthieu Ricard

Aux éditions l’Iconoclaste

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MS GDDCC - Fiche de lecture

Se changer, changer le monde

INTRODUCTION « Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. » Etty Hillesum Le livre s’ouvre sur cette citation. Simple mais efficace. « Se changer le monde » est co-écrit par un moine bouddhiste (Matthieu Ricard), un psychiatre (Christophe André), un agriculteur philosophe (Pierre Rabhi) et un professeur de médecine (Jon Kabat-Zinn), tous les 4 venus nous offrir une vision du monde singulière, qui leur est propre, et en même temps délivrer un message commun. « Transformer les consciences et toucher les cœurs en vue d’une évolution profonde de la société », voilà l’ambition annoncée de cet ouvrage. J’ai souhaité vous le faire partager car je l’ai lu en Novembre dernier pour la 1ère fois, au moment où j’avais envisagé cette transition que je vis aujourd’hui, à savoir comprendre les enjeux en matière de Développement Durable et trouver des solutions adaptées pour y répondre. Ce livre fait tout simplement du bien ! Plein de bon sens, d’illustrations, d’anecdotes et de conseils pratiques, il permet d’avoir une vision 360° de notre époque et de remettre en perspective nos modes de vie.

1) LE LIEN ENTRE TRANSFORMATION GLOBALE ET PERSONNELLE

Alors que les diktats de la finance et de la recherche de profit font foi, nous sommes aujourd’hui dans un état de crise multiple à l’échelle mondiale. Nous arrivons à la limite de notre modèle occidental de conquête qui crée les disparités les plus importantes et les paradoxes les plus insensés. Le constat est là : 1/4 des habitants de la planète consomment 3/4 de ses ressources. Nous assistons, sans rien dire, à une violation des droits des êtres vivants par le sabotage de la planète dont les générations futures hériteront. Une poignée d’individus décide pour tous. Nous opposons tout et tout le monde, et notamment la Nature à l’Homme, en l’exploitant et la détruisant, alors que nous avons besoin d’elle pour vivre. Prenons l’exemple de l’élevage industriel : outre le bien-être animal, qui pose un véritable problème éthique, l’impact environnemental, sanitaire et social de ce mode de « production » est totalement dépourvu de sens. Cette déconnexion à l’Autre et à la Nature peut nous conduire droit dans le mur. Et il y a urgence à rétablir la situation. En effet, des seuils limites ont été identifiés concernant l’exploitation des ressources naturelles et l’impact de nos activités sur l’environnement, et parmi les 9 indicateurs de mesure, 3 ont déjà dépassé le seuil de tolérance depuis les années 50. Il s’agit du changement climatique, de la perte de la biodiversité (qui touche le Vivant de manière général – humains, animaux, végétaux…) et la pollution par les composés azotés. Et comme dans toute amorce de changement planétaire historique, nous assistons à une grande accélération. Le rythme de destruction s’intensifie, et tous les problèmes de notre époque s’amplifient, liés entre eux. Nos excès sont donc en train de nous couler. S’indigner face à l’injustice de ce monde peut être un véritable catalyseur de changement. Mais l’indignation n’a de sens que si elle est le moteur d’une action dirigée vers un objectif, à travers une solution alternative et pas contre quelque chose.

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MSGDDCC - Fiche de lecture Se changer, changer le monde Il existe deux options pour apaiser le sentiment de tristesse, de colère ou de peur qui vit au plus profond de nous, et ainsi transformer cette énergie négative en énergie positive : travailler sur soi pour gagner en sérénité/ coopérer avec les autres, que ce soit sur un plan humanitaire, politique ou social. Dans la mesure où nous sommes le monde, nous avons la possibilité de le modifier. Se concentrer sur chaque « petit » changement positif permet de ne pas se sentir noyé, dépassé et impuissant. Par exemple, si l’on regarde le problème de la pollution à l’échelle de la planète, il ne s’agit en fait que de six milliards de petits problèmes !! Par ailleurs, même si certains facteurs issus de la société moderne nous conditionnent et nous manipulent (stress, argent, médias…), il est important de tout faire pour retrouver notre libre-arbitre, traduit par nos actes, nos modes de vie et de consommation. En devenant étrangers de nous-mêmes, influencés par l’extérieur, nous perdons la maîtrise de nos forces propres. La méditation peut en cela permettre de se relier à autrui, en favorisant une bienveillance naturelle et des actes plus altruistes et authentiques. Se recentrer sur soi, en prenant soin et cultivant sa conscience, sa sagesse et son empathie permet de donner plus aux autres. On partage son bonheur, on « rayonne ». En restant connectés à notre conscience, nos actions restent en cohérence avec nos idéaux. A l’inverse, si nous n’incarnons pas dans notre quotidien le changement que l’on veut voir en ce monde, c’est le monde qui finit par nous changer. Une fois la machine lancée, le fait de résister aux facteurs extérieurs permet de créer et vice-versa. Des actions justes dépendent de notre capacité à les faire dans un état d’esprit serein, et non mouvementé. Auquel cas, c’est l’inverse de ce que l’on souhaite qui se produit. S’engager pour de mauvaises raisons (comme vouloir « changer le monde » par exemple) peut conduire rapidement à un épuisement, voire à une déshumanisation des relations résultant de l’incapacité à supporter les souffrances d’autrui. Les alternatives existent, et notre avenir dépendra de notre capacité à nous adapter, à faire émerger des modes de vie visant un équilibre plus durable entre les êtres vivants et leur environnement.

2) LA MANIERE DONT NOTRE SOCIETE NOUS ALIENE ET LES MOYENS D’Y RESISTER

Notre intériorité constitue notre humanité. Il est donc important, voire primordial de l’écouter et de la préserver. La modernité nous éloigne de notre intériorité et de fait de notre humanité. Nous devenons en cela une menace. En effet, notre époque est à la fois la plus riche et passionnante de tous les temps, et en même temps la plus aliénante et destructrice. Pourquoi ? A cause de la place que nous avons accordé au matérialisme, au sens de la psychologie, à savoir le fait de privilégier les valeurs matérielles (argent, statut social, possession…) aux engagements immatériels (partage, spiritualité, équilibre intérieur…). L’illusion du bonheur provoquée par la consommation, ainsi que l’impression de normalité dans laquelle nous vivons nous éloigne du bonheur, en associant le bien-être à l’acquisition de nouvelles choses et non à l’émerveillement et la reconnaissance au quotidien de ce que nous avons déjà.

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MS GDDCC - Fiche de lecture Se changer, changer le monde L’occidentalisation progresse un peu partout dans le monde, et avec elle des pollutions matérialistes, psychologiques et sociales puissantes qui contaminent petit à petit toutes les cultures. A travers une expérience scientifique très concrète avec deux groupes d’individus, Christophe André nous démontre que « le simple fait d’être confronté à l’argent nous rend moins solidaires et nous éloigne des autres ». De la même manière, la recherche de nourriture impliquait autrefois une notion d’effort et d’autorégulation. On mangeait en fonction des besoins vitaux. La baisse de cette barrière et la diversification de nourriture (très grasse, très sucrée, très salée, très colorée…) entrainant l’impression d’une surabondance dans les pays occidentaux renverse la vapeur, ayant pour conséquence l’excès alimentaire, et comme résultante des problèmes de santé lourds (diabète, obésité…). Les assiettes deviennent trop grandes, les portions surdimensionnées. Il s’agit également de réconcilier les échelles de temps - court, moyen et long terme – en les prenant en compte dans nos réflexions. Liée à nos modes de vie, la pression que nous mettons sur le temps influe également sur nos modes de vie et vice-versa. Le sentiment d’urgence peut ainsi modifier nos dispositions naturelles, nos valeurs, nos bonnes intentions et nos comportements. Nous devons faire attention à ne pas passer à côté de nos vies, à force de se préoccuper du temps qui passe ! Nous avons vu l’alimentation, l’argent, la pression sur le temps, comme sources de nuisance, mais n’oublions pas l’interruption incessante de notre état de conscience, rendant notre flux d’attention irrégulier, notamment en milieu urbain (publicité, pollutions sonores et visuelles…). Notre cerveau est constamment interpellé et sollicité. Il faut bien reconnaître notre dépendance et notre conditionnement dans cet état de suractivité. Or, notre bien-être dépend aussi du fait que nous soyons présents ou non à ce que nous faisons. Ces réalités existent. Elles ont un impact sur nous et il faut en prendre conscience. « Face à ces multiples influences, notre attitude doit être active, vigilante et très exigeante ». Les multinationales dépensent des millions pour nous manipuler et cela fonctionne. Nous sommes attirés par « tout ce qui brille » et devenons moins attentifs vis-à-vis de nous-mêmes. Le danger est de se laisser berner, en compensant nos manques par des chimères. Pourquoi se laisser submerger par ses problèmes quand on peut juste aller se changer les idées avec un peu de shopping ? Pourquoi s’embêter avec des questions existentielles quand on peut se faire plaisir et profiter de la vie en achetant toujours plus ? Se reconnecter avec la nature nous permet de retrouver petit à petit notre humilité et de ressentir en pleine conscience à quel point nous dépendons d’elle. C’est une des solutions pour ralentir cette course effrénée à la recherche de quelque chose qui n’existe pas, banalisée et conditionnée par notre société. « Le changement est à la fois simple (dire non) et difficile (faire un effort) ». Il ne s’agit pas seulement de détruire ce qui ne va pas, mais de construire le monde que l’on veut voir venir. Quelle est notre intention ? Quel sens souhaitons-nous donner à notre vie ? Les 3 enseignements de Christophe André :

- Devenir de moins en moins dépendant du digital et des nouvelles technologies pour se recentrer sur soi, prendre du recul et prendre la pleine conscience des choix que nous faisons

- Revenir à un mode d’alimentation répondant à nos besoins vitaux et non à des modes compensatoires

- Cultiver l’altruisme, et être reconnaissant de ce que l’on a, chaque jour, chaque instant

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3) L’IMPACT QU’UN CHANGEMENT DE REGARD ET DE RELATION AVEC NOUS-MEME EST SUSCEPTIBLE D’AVOIR SUR LE MONDE

La pleine conscience implique le fait d’être intensément présent à chaque instant de sa vie, en y portant une totale attention, sans jugement. La méditation est l’une des disciplines qui favorise, par la répétition régulière de cet état de conscience, la plénitude et la sérénité. Elle nous apprend notamment que nous faisons partie d’un tout, que nous appartenons à un réseau. Elle nous apprend à explorer notre potentialité, en cultivant l’intelligence émotionnelle, la compassion, la bienveillance pour soi-même, et pour les autres. Elle nous aide à nous libérer de nos propres contraintes et blessures internes, en devenant nous-mêmes. Elle nous montre la voie de la sagesse, de la clairvoyance, de l’équilibre (esprit et cœur). La méditation, c’est aussi ressentir les choses, laisser parler les sens, et laisser place à ses émotions, sans les subir. L’esprit est un muscle, qui se travaille, et le corps, un formidable endroit pour le stabiliser. Ouvrir son cœur. Planter les graines et arroser. La connaissance de soi, l’éveil et la réalisation de soi sont les clés de l’épanouissement. Ensuite, c’est plus qu’une question de pratique, d’entrainement. Les scientifiques ont commencé à travailler sur la pratique de la méditation de pleine conscience et ses bienfaits depuis les années 90. Ces études sont aujourd’hui nombreuses et connues sous le nom de neurosciences contemplatives. Les scientifiques utilisent de plus en plus leur propre expérience comme voie exploratoire. L’institut Mind and Life créé en 1987 est un excellent exemple de concrétisation du dialogue et de la mise en commun des connaissances de différents experts, scientifiques, philosophes, physiciens, psychologues, donnant lieu à des programmes et outils efficaces. Le lien entre pleine conscience, bien-être et santé peut rapidement être fait. De nombreuses illustrations sont données dans le livre en ce sens. Les bénéfices de la pleine conscience ne se répercutent pas uniquement sur un plan individuel. Cette pratique peut également s’appliquer de manière collective, en ayant un impact sur les organisations, et notamment sur les modes de management. Par exemple, on va retrouver la notion de pleine conscience dans le leadership, en s’arrêtant plutôt sur des intentions positives, de développement ou « empowerment » de l’équipe. A l’heure où l’institutionnel fait défaut, on peut voir émerger une nouvelle forme de conscience et de leadership collectif. Il suffit de changer notre Vision Du Monde, en laissant plus de place à notre créativité et notre imagination. Les 3 enseignements de Jon Kabat-Zinn :

- Suivre ce qui nous inspire - Etre créatif - Incarner nos convictions et notre amour au quotidien

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4) ALLER VERS UN MONDE PLUS ALTRUISTE

Se changer soi-même implique de se libérer de nos pensées négatives, trouver un sens à son existence, puis le partager. Collectivement, le changement passe par l’évolution des mentalités, les comportements et les priorités de nos sociétés. La sérénité est communicative. Encourager les actes de bienveillance et la compassion, prendre conscience à quel point nous sommes connectés les uns aux autres, ainsi qu’à la nature, agir sur nos propres émotions pour apaiser nos conflits a comme effet sur des enfants de leur donner envie de prendre soin les uns des autres et du monde qui les entoure. La notion d’équité et de solidarité revient comme par magie au centre des comportements. La notion de sentiment d’appartenance à un groupe s’estompe au profit du sentiment d’appartenance à un tout. L’amour - comme résonance positive à travers le partage d’émotions bénéfiques, une synchronisation des attitudes et réactions physiologies, et l’intention de contribuer au bien-être de l’autre - est éphémère, mais indéfiniment renouvelable. Pour Matthieu Ricard, la recherche du bonheur à travers la consommation de biens matériels vient d’un malentendu qui met en péril les conditions environnementales. Malgré l’impression d’abondance, le mal-être ambiant est bien présent dans nos pays « riches ». Les valeurs intrinsèques telles que l’amitié, la qualité du moment, le contentement, la simplicité permettent d’atteindre le véritable bonheur. Un soutien social élevé a par exemple un impact direct sur une meilleure santé physique et mentale. Aussi, en nous débarrassant du superflu, nous nous libérons des causes de nos souffrances, à savoir la recherche du « toujours plus, mieux et nouveau ». Individus, cultures et institutions se façonnent les uns les autres au fil du temps. On peut changer les mentalités si l’on atteint une masse critique d’individus suffisante souhaitant reconsidérer un mode de vie et/ou si des leaders d’opinion s’emparent d’une question éthique pour questionner la population. Au même titre que l’intérêt de faire la guerre avait pu être remis en question par le passé, la question du « bien-être animal » est aujourd’hui mise en lumière dans nos modes d’élevage et de production. 150 milliards d’animaux sont tués chaque année au niveau mondial pour notre propre consommation. Notamment à travers son dernier livre « Plaidoyer pour les animaux », Matthieu Ricard nous interroge, à la fois sur l’utilité de manger de la viande en aussi grande quantité à l’heure où les ressources commencent à manquer, mais aussi sur la « place » que notre société a laissé aux autres êtres vivants que l’Homme. Les 3 enseignements de Matthieu Ricard :

- Changer notre vision du monde, challenger nos motivations profondes et nous engager - Manger moins de viande - Etre simple

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5) PRESERVER LA NATURE POUR VOIR GERMER UNE SOCIETE PLUS HARMONIEUSE

Le 20ème siècle a été marqué par la science et la technique au service du « progrès » au service du matériel, de la destruction, de la montée de l’individualisme et de l’antagonisme. Dans nos sociétés actuelles, nous opposons tout : homme/ femme, intellectuel/ paysan, riche/ pauvre, pulsion de mort vs pulsion de vie, à travers la compétitivité pour aboutir à l’affaiblissement du plus grand nombre par la minorité. La société de consommation révèle le paradoxe entre la misère de l’être et de l’avoir : l’indispensable non résolu vs le superflu sans limite. Mais de quoi sera fait le 21ème siècle ? Le problème n’est pas le progrès, mais ce que nous en faisons, et les limites que nous lui refusons. Si la nature applique le principe de la vie : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. », pourquoi n’en faisons-nous pas de même ? La sémantique a le pouvoir de manipuler l’Homme pour obtenir son consentement et fabriquer des normes. On emploie les termes de « société de consommation », de « pouvoir d’achat » alors que le consumérisme représente le principe même de la frustration programmée et un moyen de combler nos vides intérieurs. La peur domine notre époque, nous pousse à faire des choix aveugles, et nous empêche de prendre nos propres responsabilités. « Nous sommes dans une phase de transition difficile, avec une panique qui se manifeste soit dans les rues, soit dans l’imaginaire secret des individus, en même temps que se prépare le rebond. » L’utopie et la transgression sonnent donc comme des voies de guérison pour changer la donne. Ce passage de la réflexion à l’action commence en nous-mêmes. Une vision globale, consciente et concertée nous pousse à repenser notre approche et nos modes de vie. Pourquoi remettre notre vie entre les mains des politiques, et rester impuissants, découragés et désunis face aux conséquences de leurs actes, quand nous pouvons prendre toute la conscience et la responsabilité de nos propres actes de manière individuelle et collective ? Les graines sont plantées donc, les gens de plus en plus réceptifs à de nouvelles options. Une fois l’éveil, l’élévation puis l’insurrection des consciences amorcée, il faut incarner l’utopie à travers un laboratoire de créativité spontanée, pour créer nos alternatives pour demain. La nature peut nous inspirer en ce sens, à travers son cycle de vie et son rapport au temps (respiration/ circulation/ battements du cœur), son principe de vie (mettre en commun les énergies et mutualiser pour

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MS GDDCC - Fiche de lecture Se changer, changer le monde la satisfaction de chacun). Pierre Rabhi prône l’agroécologie : au lieu de pesticides qui détruisent la vie on laisse la nature suivre son cours pour que tout se régénère, se transforme. Pour lui, prendre soin de la terre, c’est prendre soin de la vie. C’est aussi apprendre à se recentrer sur l’humus (humanité/ humilité). Les 3 enseignements de Pierre Rabhi :

- Cultiver son potager et tout réapprendre (l’émerveillement, la patience, le lien, l’interdépendance…)

- Incarner l’utopie dans nos choix de consommation, comme engagement politique - Utiliser l’amour et l’harmonie comme point d’entrée

6) PASSER DE LA REFLEXION A L’ACTION

« Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt en train de pousser » : les médias préfèrent présenter les externalités négatives qui créent « le scoop », que de mettre en avant tout ce qui se passe bien et sans heurt dans notre quotidien. Dans la balance, il y a beaucoup plus de choses positives dans ce monde que ce que l’on veut bien nous faire croire. Pour autant, le négatif fait beaucoup plus de bruit et rythme nos vies, au fil de l’actualité! Cela découle de notre histoire et de l’impression que l’Homme a de mieux maîtriser son environnement, en repérant notamment les menaces éventuelles. Malheureusement, la manière dont l’information circule de nos jours met l’individu dans une position de spectateur, donc passif. De plus, la complexité de nos sociétés, l’absence de contrôle (de nombreux facteurs extérieurs ne dépendent pas de nous), associé au fait qu’il y a une déconnexion entre nos actions et l’impact direct sur les évènements à grande échelle, nous empêche d’agir. Le risque de ce processus est donc d’aboutir à une certaine forme de résignation. L’effet de résignation acquise réduit notre motivation et nos capacités d’apprentissage dans le temps. Nous devons donc retrouver notre sentiment d’efficacité, c’est-à-dire le principe de cause à effet dans lequel la notion de résultat obtenu prévaut. Se mettre en paix avec nous-même et avec les autres est également primordial pour garder espoir face à l’avenir. Plutôt que de se décourager, il s’agit de voir le monde avec les yeux de l’optimiste réaliste et confiant. Bref, voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ! Comme nous l’avons évoqué, les citoyens souhaitent se sentir impliqués, et agir, mais ont l’impression que leur action sera « noyée » et donc n’aura aucun effet. Ils sont aussi déresponsabilisés par leur état de passivité. Prendre conscience que cette envie d’agir et d’améliorer les choses est partagée par d’autres personnes, à travers des démarches et initiatives individuelles et collectives, est un autre moyen de garder l’espoir d’être utile. Commencer par de petites choses permet de voir un effet immédiat. Pour autant, l’intention est bien plus importante que le résultat. Une certaine forme de discernement permet de concentrer notre énergie dans les domaines sur lesquels nous avons de l’influence directe, en faisant « la part du Colibri ». Dans la mesure où le changement est contagieux et que nous avons tous une influence sur notre entourage, la spirale positive ascendante fait ensuite son chemin. Mettre en cohérence ce que l’on pense, ce que l’on dit et ce que l’on fait, inspire et crée une émulation.

Page 9: FICHE DE LECTURE SE CHANGER, CHANGER LE MONDE

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MS GDDCC - Fiche de lecture Se changer, changer le monde La gratitude fait partie de ce cercle vertueux : reconnaître les bénéfices et bienfaits provoqués par l’action d’autres personnes. Nous sommes interdépendants et avons besoin des autres dans nos vies. Le principe d’élévation consiste à devenir meilleur et à réaliser des actes d’entraide en ayant connaissance d’autres actes prosociaux. Ou le bonheur par l’exemple : « L’élévation motive à agir de manière altruiste, ce qui favorise la gratitude qui, à son tour, facilite le sentiment d’élévation et l’altruisme. ». Un proverbe dit d’ailleurs : « Le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage. » Le livre met en avant de nombreux projets altruistes portés par des individus ou des collectivités qui s’engagent pour un monde plus solidaire, durable et équitable. A partir du moment où les individus ayant cette vision différente du monde atteignent une certaine masse critique, ils participent au changement à un niveau social qui peut influencer la culture et affecter les institutions et civilisations. Changer les institutions implique forcément de repenser les modèles existants et donc les esprits qui les ont créés. Nous pouvons nous comparer à des chenilles, qui ont besoin de passer par un processus d’auto-destruction pour mieux se construire et déployer leurs ailes comme papillons. Par l’éveil, l’ouverture du cœur et de l’esprit, mais aussi en soignant nos blessures internes, nous pouvons être plus serein, nous réconcilier avec la vie et avec nous-même, et mettre notre vie intérieure au service des autres. Ne pas juger, être à l’écoute du changement, avoir une attitude bienveillante envers soi et nourrir le positif en s’inspirant encore et toujours sont les principes dictés dans cet ouvrage. Un brin d’humour, de joie, légèreté et d’humilité sont également des ingrédients indispensables pour rester connectés. Prendre du recul, ne pas se prendre au sérieux, pour finalement réaliser que nous ne contrôlons pas grand-chose d’autre que nos comportements. CONCLUSION Au travers de la sobriété heureuse, la pleine conscience, la coopération et l’engagement personnel, les auteurs nous proposent un espace d’ouverture, de liberté et d’échanges en phase avec le monde. La révolution silencieuse est en marche. « La crise que nous traversons est à débusquer en nous-mêmes, dans cette sorte de noyau intime qui détermine notre vision du monde, notre relation aux autres et à la nature, les choix que nous faisons et les valeurs que nous servons. Incarner l’utopie, c’est avant tout témoigner qu’un être différent est à construire. Un être de conscience et de compassion, un être qui, avec son intelligence, son imagination et ses mains, rende hommage à la vie dont il est l’expression la plus élaborée, la plus subtile et la plus responsable. » - Cyril Dion Co-fondateur du mouvement Colibris Ce livre nous renvoie à notre responsabilité personnelle pour contribuer à un monde nouveau. Notre réussite collective dépendra de notre capacité à faire converger nos actes individuels. Tout commence ici et maintenant ! POUR ALLER PLUS LOIN « Se changer, changer le monde », c’est aussi une 50aine d’associations listées en fin d’ouvrage pour donner envie d’agir à travers des solutions concrètes et locales, des nouveaux modes de vie et de consommation réconciliant ainsi développement personnel et actions solidaires. "MONTRER L'EXEMPLE N'EST PAS LE MEILLEUR MOYEN DE CONVAINCRE, C'EST LE SEUL." – GANDHI