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L E F R A N C E

FFiche technique

France - 1976 - 1h40

Réalisateur :François Truffaut

Scénario :François TruffautSuzanne Schiffman

Musique :Maurice Jaubert

Interprètes :J. F. Stévenin

Virginie Thévenet

Chantal Mercier

Tania Torrens

F. Devlaeminck

FG. Desmouceaux

FICHE FILM

Résumé

Chronique de la vie quotidienne d’unebande d’écoliers dans une petite ville ducentre de la France.

Dans une école primaire, la classe demadame Petit à Thiers... Patrick sympathi-se avec Julien Leclou, un enfant solitairecomme lui. Ensemble ils vont au cinéma etconnaissent leurs premiers émois amou-reux. Les enfants sont les héros d’une suited’épisodes gais ou dramatiques jusqu’à lafin de l’année scolaire.

Critique

Il y a une sorte de grâce aussi chezTruffaut. Il n’use jamais du pittoresquedans les farces et les mots d’enfants, dansle drame ou dans la comédie. Il filme nonde petits cabots apprivoisés pour la camé-ra, mais de vrais enfants, garçons et filles,jusqu’aux portes de l’adolescence, en traind’inventer la vie. Ces enfants, il leur accor-de la même importance qu’aux adultes, illes prend au sérieux sans s’agenouillerpour se mettre à leur hauteur. C’est sansdoute pourquoi il en obtient le naturel.L’argent de poche est un film dont on nesonge pas à disséquer la technique, lesmouvements d’appareil, I’architecture des

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L'argent de poche

de François Truffaut

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plans, même si Truffaut cite Hitchcockou Lubitsch (dans un pastiche d’actuali-tés cinématographiques). C’est un filmde regards attentifs sur des comporte-ments. Le réalisme de Truffaut, fidèle àI’atmosphère de la province, est le mou-vement même de la vie.

Jacques SiclierLe Monde

Pour apprécier comme il convientL’argent de poche de François,Truffaut, en dégager l’importance parrapport à l’ensemble de son œuvre,explorer les doubles fonds que sécrèteune surface lisse, il n’est pas superflude faire un rapide retour en arrière surl’évolution de son auteur, des Mistonsà Adèle H. Les deux ou trois choses quenous savons de lui devraient nous yaider (étant entendu qu’il restera tou-jours une partie cachée, que nous nepourrons que pressentir). Plus quejamais, en effet, nous sommes en pré-sence d’un film "à la première person-ne". Chacun des protagonistes estcomme un fragment de la propre chairdu créateur qui les a conçus, chaquemot qu’ils prononcent leur est soufflépar un père invisible, le plus intime deleurs mouvements nous renvoie à unvécu antérieur, décanté, épuré.Admirable et émouvante leçon d’anato-mie appliquée, procédant d’une espècede mimétisme du cœur dont le cinémanous offre peu d’exemples.

A l’exception de Zéro de conduite etd’Allemagne année zéro deux de sesfilms de chevet, Truffaut n’a jamais pusupporter la vision que le cinéma propo-sait de l’enfance. En 1955, à propos dufilm de Delannoy Chiens perdus sanscollier, il stigmatisait avec une saineviolence les clichés de "la moue inno-cente, les lèvres en avant, la mèche surl’œil, la voix bourrue" que de piètrescinéastes se croient tenus d’imposer àces "pauvres acteurs d’occasion que l’onserait tenté de gifler tellement ils sontmièvres et faux, sucrés jusqu’à

l’écœurement". Cette défiguration del’enfance à l’écran lui était tellementintolérable qu’il n’est pas interdit depenser que Truffaut a décidé de faire ducinéma pour en finir une fois pour toutesavec ces poncifs. Oh ! il n’y est pas par-venu du premier jet, et l’on est en droitde discuter telle rancœur mal digérée,tel désir d’évasion un peu artificielle-ment exposé. Patiemment, gauchement,Truffaut ne s’en efforçait pas moins derendre justice à l’enfance trahie, remo-delant inlassablement un visage - quiétait, en fin de compte, le sien. Mais unpère n’est totalement fier de sa progéni-ture que lorsqu’il sait que celle-ci peutlui échapper, s’épanouir seule, le défierau besoin. Et c’est cela, L’argent depoche : la revanche définitive du mis-ton, le quatre cent unième coup qui faitoublier tous les autres, la sauvagerievaincue par la clarté lumineuse duregard. L’enfance enfin vue de face, dupremier jour de la naissance à la veillede la puberté : I’enfance comprise,aimée et non plus hypocritement cares-sée, le père donnant la main au fils, etreflétant son ineffable sourire.

Un seul enfant eût-il fait l’affaire ? Peut-être, mais cela eût conduit Truffaut àdes schématisations arbitraires, à unerobotisation à la Cayatte (autre facilité).Alors, plutôt qu’un gosse, c’est cinq,c’est dix, c’est cent gosses qu’il a choiside diriger, ou plutôt auxquels il a lâchéla bride. Une vraie petite comédiehumaine, dans le contexte à la foistypique et anodin d'une agglomérationprovinciale sans caractère particulier,bénéficiant même d’une sorte d’inexis-tence touristique qui permet au réalisa-teur d’esquiver, en outre, les écueils dudocumentaire - le genre le plus faux quisoit, il le sait. Pour s’en démarquer d'en-trée de jeu, il nous égare sur une faussepiste en situant sa première séquenceau centre exact de la France, à Bruère-Allichamp ; puis l’on s’échappe vers unepetite ville sans histoire, à quelquesdizaines de kilomètres de là. Truffaut,

est-il besoin de le rappeler, n’aime pasles paysages. il ne s’intéresse qu'auxsentiments. Son espace ainsi délimité, ily accumule, comme dans le célèbre gagde la cabine des Marx Brothers, unevraie cohorte de mômes, une volièrepiaillante et gambadante, que I'on voitdévaler les marches de la vie au géné-rique et que l’on retrouvera, chantant etdéfilant en cadence, à la fin. "C’estcomme une foule chinoise", dit-il (…), etdes Chinois ces gosses ont en effetl’agilité, Ia courtoisie, la fraîcheur d’âmeet peut-être le rêve expansionniste."Enfants de tous les pays, unissez-vous",tel est le sens du speech final de l’insti-tuteur. S’unir contre quoi ? Contre lacruauté du monde ou simplement sonindifférence, sa logique douteuse, sacarapace d’égoïsme, sa triste figure.Sans agressivité, cependant. Par laseule omniprésence de cette hydre auxmille sourires. Car cette mosaïque derêves d’enfants qu’est L’argent depoche est aussi un hymne à la joie.

Mais Truffaut s’est bien gardé d’épilo-guer sur les "verts paradis" de l’enfancedélaissée, comme d’autres qui n’ontsouci que de mettre en cage les rossi-gnols : il préfère jeter quelques poi-gnants coups de sonde sur le sordideterreau où s’inscrustent ces songes. Il ya, certes, I’affiche des wagons-lits, avecsa voyageuse en déshabillé vaporeux ; ily a les poissons Plick et Plock dans leuraquarium ; le petit chat derrière qui ilfait bon s’élancer dans le vide ; les ves-tiges recueillis pieusement d’un lende-main de fête foraine ; et par-dessus toutla tentation hebdomadaire du cinéma,Sésame ouvrant grand la caverne del’univers. Voilà qui nous rassure et nousattendrit. Mais il y a aussi les nuits pas-sées sur le pavé glacial ; I’ouvreuse quitraque les resquilleurs de l’entracte ; lesruses de Sioux qu’il faut déployer pourporter une gerbe de fleurs dont on nesera même pas remercié ; la récitationqu’il faut recommencer inexorablement,comme Sisyphe roule son rocher ; les

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revolvers que l’on doit laisser au vestiai-re ; les affres torturantes de la puberté ;et même le rire narquois des copains,lesquels forment déjà une sorte de blocsocial miniature, avec ses codes, sessarcasmes et ses injustices. Tout cela,dira-t-on, ce va-et-vient du rêve à la réa-lité, et vice-versa, était déjà dans Lesmistons et Les quatre cent coups :oui ; mais infiniment plus maîtrisé à pré-sent, orchestré, enrichi de l’acquis ines-timable de la maturité. Il s’y ajoutel’humour acide du Pianiste, l’ardeur fié-vreuse de Jules et Jim, la mélancoliede La peau douce, le réalisme poin-tilliste de Baisers volés, la densitéromanesque des Deux Anglaises et deLa nuit américaine. Autant dire queL’argent de poche m’apparaît commeune somme. Un déchirant aveu d’inno-cence. Un film-miracle. Un film (commele disait Truffaut lui-même de Lange deRenoir) "touché par la grâce".

Claude BeylieEcran n°45 (mars 1976)

Propos du réalisateur

"Un film avec des enfants peut secontenter de montrer des événementssimples car le drame enfantin naît dansla quotidienneté... Il ne s’agit pas detourner avec des enfants pour mieux lescomprendre, il s’agit de filmer desenfants parce qu’on les aime.Depuis des années, je m’intéresse auxhistoires vraies qui concernent l’enfan-ce.Faits divers découpés dans les journaux,confidences, souvenirs, tout alimentema curiosité. L’argent de poche, teldevait être le titre d’un recueil de nou-velles auquel j’ai renoncé pour tirer unscénario de film. Afin d’éviter la formule"à sketches", j’ai mêlé et entremêlé lesactions et les personnages de ces his-toires afin d’aboutir à une forme qui estcelle de la chronique unanimiste."

François Truffaut

"Dans L’argent de poche, il y avaitaussi le projet quand même à peu prèsexécuté, tant bien que mal, qui était decouvrir l’éventail complet, de la nais-sance à l’âge de douze ans. Il aurait peut-être fallu filmer une naissance ; je l’avaisenvisagé, mais cela n’a pas été possible ;elle est seulement filmée indirectementsur le visage de l’instituteur. Le projetétait de montrer les âges qu’on nemontre pas habituellement ; habituelle-ment, on ne montre pas d’enfants dedeux ans et demi, en tout cas, on ne lesmontre pas agissant. Et c’était ça : unpetit garçon et une petite fille, de la nais-sance jusqu’au seuil de I’adolescence.“

François Truffaut

François Truffaut

Né en 1932, à Paris, d’un père architec-te-dessinateur et d’une mère qui nel’aimait guère et qui exerçait le métierde secrétaire à L’lllustration, Truffaut,dès l’âge de 14 ans, commence à exer-cer des “petits métiers” : garçon decourse, magasinier, employé de bureau,soudeur à l’acétylène, et même quelquetemps pensionnaire d’une maison decorrection. En 1947, il fonde avec un amid’enfance, Robert Lachenay, un ciné-club de courte durée : le CercleCinémane. C’est à cette époque qu’ilrencontre André Bazin, alors res-ponsable de la section cinématogra-phique de Travail et Culture. Celui-ci, quijouera jusqu’à sa mort, un rôle de père,le fait travailler en sa compagnie puis,grâce à ses recommandations, lui per-met d’écrire ses premiers articles dansLa Gazette du cinéma dirigée par EricRohmer. Touché par une telle passionpour le cinématographe, jointe à unebelle détermination, Bazin s’attache aujeune homme.En 1951, Truffaut interrompt ce début decarrière critique pour effectuer son ser-vice militaire. Démobilisé en 1953, ilentre au service cinématographique du

ministère de l’Agriculture et commenceà écrire dans Arts et aux Cahiers duCinéma. Il publie alors le fameux et sul-fureux article : “Une certaine tendancedu cinéma français” (Cahiers du cinéma,n°31) attaquant de manière virulente lesscénaristes Aurenche et Bost, et laquasi-totalité des cinéastes français enactivité (à l’exception de Renoir, Guitryet quelques autres). Ce texte, sansdoute excessif et donc discutable, n’enest pas moins considéré comme un destextes fondateurs du mouvement cri-tique qui allait donner naissance à laNouvelle vague.En 1954, il réalise son premier courtmétrage : Une visite (avec JacquesRivette à la caméra et Alain Resnais aumontage). Deux ans plus tard, il devient“I’assistant” de Roberto Rossellini pourdeux films qui ne seront jamais tournés.Il gardera cependant un excellent souve-nir de cet apprentissage.En 1958, il réalise son deuxième courtmétrage, Les mistons, suivi aussitôtaprès des 400 coups, long métragepour lequel il crée, avec son ami MarcelBébert, une société de production : lesFilms du Carrosse (référence-hommageau film de Jean Renoir : Le carrossed’or). Il est intéressant de remarquerque, très tôt, Truffaut se dote d’un cadreartisanal dans lequel il espère pouvoirréaliser les films qu’il veut, en évitantles commandes ou, pire, les filmsstrictement “alimentaires”.Qu’en eût-il été si Les 400 coups avait“fait un bide” ? Sans doute la société deproduction eût-elle sombré ?Heureusement tel ne fut pas le cas. Lefilm obtient un succès public et critiqueconsidérable et de nombreux prix dontcelui de la mise en scène au Festival deCannes 1959. D’inconnu qu’il était,Truffaut devient célèbre et désormais,bon an mal an, peut poursuivre sa car-rière de réalisateur, tout en continuant,de temps à autre, à écrire (citons un deslivres de référence : Le cinéma selonHitchcock publié en 1966 à partir de 50heures d’entretiens avec le cinéaste).

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Sa passion pour la littérature (au moinségale à son amour du cinéma) I’amèneraà tourner à peu près autant d’adapta-tions de romans, de nouvelles ou derécits historiques que de scénarios origi-naux. Atteint d’une tumeur cérébrale, ilmeurt en 1985. Très apprécié en dehorsde l’Hexagone, surtout après La nuitaméricaine (“Oscar” aux Etats-Unis dumeilleur film étranger), Truffaut restel’un des réalisateurs français de cestrente dernières années à avoir acquisune stature internationale, peut-êtreparce qu’il a représenté un ensemble detraits attribués à la “french touch” : lecharme, I’impertinence, I’humour léger,les amours folles, I’obsessionnalité dudiscours amoureux, le goût du para-doxe... Mais tout cela bien organisé,bien produit, efficace, “carré”, commes’il avait su très tôt que, pour lui, à ladifférence de ses copains “intellos” plusfortunés de la Nouvelle vague, ce seraitle cinéma... ou rien.

Dossier Collège et Cinéma n°47

Fimographie:

Courts métrages :Une visite 1954

Les mistons 1958

Histoire d'eau 1959(en collaboration avec Godard)

Longs métrages :Les 400 coups 1959

Tirez sur le pianiste 1960

Jules et Jim 1961

L'amour à 20 ans 1962

La peau douce 1964

Fahrenheit 451 1966

La mariée était en noir 1968

Baisers volés 1969

La sirène du Mississipi

L'enfant sauvage 1970

Domicile conjugal

Les deux Anglaises et le continent1971

Une belle fille comme moi 1972

La nuit américaine 1973

L'histoire d'Adèle H. 1975

L'argent de poche 1976

L'homme qui aimait les femmes1977

La chambre verte 1978

L'amour en fuite

Le dernier métro 1980

La femme d'à côté 1981

Vivement dimanche 1983

Pour en savoir plus

Jeune Cinéma n°95Positif n°181 p.72La revue du Cinéma n°306 p.106Collège au Cinéma dossier n°47L'écran n°45