FICHE HISTOIRE DES ARTS

Œuvre étudiée en classe:

Matière : ARTS PLASTIQUES

THÉMATIQUE :

ARTS – ESPACE - TEMPS

Nom de l'artiste : JAN VAN EYCK Du Moyen-Âge à la Renaissance

- 0

- 1425-Invention de la perspective- BRUNELLESCHI

-1434 – Portrait des époux Arnolfini peint par Jan Van Eyck

1450-Invention de l'imprimerie-GUTENBERG

1492- Découverte de l'Amérique par Christophe COLOMB

-1600 -

Portrait des époux Arnolfini1434.

Huile sur bois, hauteur 82x60 cm, National Gallery, Londres.

Arts de l'espace Arts du langage Arts du quotidien

Arts du son Arts du spectacle vivant Arts du visuel

Brève biographie de l'auteur ou de l'artiste:

Jan van Eyck, né à Maaseik vers 1390 et mort à Bruges le 9 juillet 1441, est un peintre flamand de la Renaissance. Artiste diplomate, il fut au service de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Célèbre, très jeune comme enlumineur puis comme peintre, il est connu à travers toute l’Europe au XVe siècle. Van Eyck apportera à la technique de la peinture à l'huile sa finesse, l'éclat des couleurs et la luminosité. Il développera la technique du glacis qui permet par transparence l'éclairage des couches de peinture. Son œuvre est un passage entre le style gothique international et la représentation inspirée du réel de la Renaissance. Du Gothique, il garde les drapés cassants des vêtements. De la Renaissance, il affirme l'intérêt pour le visible et l'intérêt pour le portrait. Une partie de son œuvre sera religieuse, Retable de l’agneau Mystique à Gand (Belgique), réalisé avec son frère Hubert Van Eyck entre 1420 et 1432.

Contexte historique, social, artistique...:Au XV° Siècle le Duché de Bourgogne avec pour capitale Dijon, a un fort rayonnement culturel et artistique. Philippe le Bon, Duc de Valois, vassal du Royaume de France et de l'Empire Romain germanique, réforme l’administration des territoires issus du système féodal, vers une centralisation. Eduqué en Bourgogne puis en Belgique, il reçoit une culture française et sera l'un des plus grands mécènes du XV° Siècle, favorisant les arts : musique, chroniqueurs, peintres, enlumineurs, etc... A l'image de leur souverain, les bourgeois et riches marchands des villes drapières du Comté de Flandre, investissent dans l'art. C'est la naissance d'une peinture profane, c'est à dire non-religieuse.L'école flamande de la Renaissance, dont les peintres les plus connus sont Robert Campin (1378-1444), Jan Van Eyck (1390-1441) et Roger Van der Weyden, élève de Campin, sera surtout caractérisée par :• Une peinture où la TEXTURE des MATIÈRES,

les détails sont au plus près de la réalité visuelle ;• L'ESPACE s'exprime par les jeux d'ombre et de

LUMIÈRE avec une sensation intuitive de la profondeur (pas encore la perspective) ;

• L'introduction représentations allégoriques de l'âme des personnages sous forme de paysages en arrière-plan, remplace le fond d'or de la peinture du Moyen-âge. Cette idée sera reprise par les peintres italiens, notamment Léonard de Vinci dans la Joconde vers 1503-1517.

L'usage de la PEINTURE À L'HUILE et des glacis.Sous l'impulsion de Philippe le Bon, et grâce aux artistes-diplomates qui voyagent beaucoup à travers l'Europe, la Renaissance artistique développe les thèmes humanistes (tolérance, liberté de pensée, paix, éducation visant l'épanouissement de l'individu, etc.), la pensée se libère progressivement des contraintes religieuses et se tourne vers les aspirations au bonheur, à la paix et au progrès. L'homme est au centre de l'univers.

DESCRIPTION ET ANALYSE DE L'OEUVRECe tableau est un double portrait en pied représentant Giovanni Arnolfini, riche marchand italien, et sa future femme, Giovanna Cenami. Il a été commandée à Jan Van Eyck par G. Arnolfini qui souhaitait garder un témoignage de son mariage. C’est également un « autoportrait caché » puisque l’artiste s’est représenté dans le reflet du miroir convexe fixé sur le mur du fond.

LA COMPOSITION :La composition de ce tableau s'organise autour des deux personnages principaux qui constituent le premierplan de l'oeuvre. La taille, ainsi que la position de l'homme et de la femme apportent une verticalitédominante à la peinture. L’espace est également partagé en deux : à gauche le banquier, à droite sa femme.L’homme est du côté de la fenêtre, il est l’homme d'affaires tourné vers l'extérieur. La femme, quant à elle, estdu côté du lit, c’est l’épouse tournée vers le foyer. Les mains réunies des deux époux se trouvent pratiquementau croisement des diagonales, au centre du tableau et symbolisent leur engagement.

LA SYMBOLIQUE :Le tableau contient énormément de symboles moraux qui sont des élément principaux du tableau :

• Les fruits représentent le pêché, • Le chien la fidélité...

• Le chandelier de cuivre porte une seule bougie allumée qui est le symbole de la présence de dieulors d'un mariage où aucun prêtre n'est présent.

Symboles des couleurs: le vert de la robe de la femme, dans ce contexte, caractérise l'espérance d'unefécondité prochaine, contrairement au blanc de la coiffe qui lui, est signe de pureté, de virginité.Le marron et le noir, couleurs dominantes de la tenue du mari, exposent le symbole de l'autorité. Le rouge, issu en majeure partie du lit et du fauteuil, révèle l'intimité du foyer. La question de la fidélité, du péché et de la vertu est centrale dans la symbolique de ce tableau présentant desmariés.

LA REPRÉSENTATION DE L'ESPACE :La perspective est une technique de dessin inventée en 1425 par Brunelleschi en Italie, et n'est pas encorepratiquée par les peintres flamands. Van Eyck a pratiqué l'espace suggéré sur une observation du réel, quipasse par le respect des proportions, la représentation de la réalité notamment en montrant la laideur del'homme.. Les souliers représentés en raccourci accentuent également l'effet d'espace suggéré: avec aupremier plan une paire de chaussures et une seconde à l’arrière plan, d'une taille plus réduite avec moins dedétails, ce qui donne une illusion de profondeur. La lumière éclairant le mur donne elle aussi une impressionde profondeur et permet des jeux d'ombre et de lumière qui donnent du relief et du volume aux objets.

LE MIROIR : Le miroir a une grande importance dans cette œuvre.1/ Le miroir (convexe, comme tous les miroirs du XVème siècle) permet demontrer la pièce d'un autre point de vue et accentue l'impression d'espace (ilfait éclater les limites) en permettant de rendre visible, dans le reflet, la totalitéde la pièce. 2/ Le miroir montre au spectateur ce qu'il ne peut voir c'est-à-dire ce qui setrouve hors cadre. Dans ce cas précis, on peut voir deux personnessupplémentaires. Une de ces deux personnes étant Jan Van Eyck, lui-même.Grâce au miroir, Van Eyck réalise discrètement son autoportrait et s'affirmecomme un artiste important de son époque.

LA SIGNATURE :Au dessus du miroir, est inscrite une phrase en latin "Johannes de Eyck fuit hic", se qui signifie « Johannes de Eyck fut ici ». Il affirme son statut d'artiste par sa signature, mais aussi il inscrit son œuvre dans le temps : le présent éternel des personnages figés dans l'image, la marque du passé signifiée par le verbe fuit, mais aussi la projection de son œuvre dans le futur au moment de sa réalisation.

CONCLUSION : Cette œuvre est le symbole du renouveau de la peinture flamande à la Renaissance :

• Intérêt pour l'homme et son quotidien, dans la tradition flamande, c'est une peinture qui témoigne de son époque par les objets et le cadre de vie.

• Déplacement de la représentation religieuse vers la représentation de l'individu, lié à l'apparition des grandes bourgeoisies enrichies par le commerce ;

• Van Eyck est le premier peintre à faire le portrait des personnes n'appartenant ni à la noblesse, ni au clergé.

• Van Eyck est également un des premiers peintres à s'affirmer comme un artiste et pas seulement un artisan : l'autoportrait ainsi que la signature en sont la preuve.

Ainsi, l'art, et notamment cette peinture de Jan Van Eyck, est le témoin d'un changement important des mentalités à la Renaissance, époque humaniste. Elle démontre une nouvelle conception de l'espace et donc une nouvelle conception de son temps : Dieu n'est plus le centre unique d'intérêt, l'homme acquiert de l'importance et se situe au centre de l'univers. Enfin, les peintres commencent à acquérir une légitimité en étant considérés comme des êtres « pensants » et donc comme des artisans.

Oeuvres liées, références, etc... : Diego Vélasquez, Les Ménines, 1656, huile sur toile David Buckland, Le mariage des Arnolfini, 1986, Cibachrome et platine imprimé.