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Fiche objectif – le désir
A la fin de la leçon, je dois être capable de… I. Vocabulaire : a) définir la notion et distinguer les termes voisins :
-‐ désir/volonté -‐ désir/besoin -‐ désir/devoir
b) expliquer les termes :-‐ Hédonisme ; désir mimétique (René Girard) ; volonté ; sublimation (Freud) ; pulsion (Freud).
II. Problématisation + thèses et arguments + citations a) de repérer les problèmes liés à cette notion :
-‐ désir/morale : le bien est-‐il différent du plaisir ? -‐ désir/liberté : peut-‐on choisir ses désirs ? être libre, est-‐ce suivre ses désirs ou les maîtriser ? -‐ désir/bonheur : le bonheur, est-‐ce satisfaire ses désirs ? Le désir est-‐il lié au manque et à la
souffrance ou lié à la joie et au plaisir ? -‐ désir/conscience/autrui : suis-‐je défini par mes désirs ? Mes désirs viennent-‐ils bien de moi ?
b) de citer 3 références philosophiques et d’argumenter leurs thèses : -‐ Le mythe d’Aristophane dans le Banquet de Platon et le désir défini par le manque, la
recherche de sa moitié. D’après Platon doit s’élever de l’amour des beaux corps à l’amour des belles actions, puis des belles pensées puis du beau en soi : l’amour doit se spiritualiser. La tripartition platonicienne de l’âme : les appétits (le ventre), le courage (le cœur) et la raison (la tête). Chez un homme valeureux, le courage peut maîtriser les appétits, mais l’idéal c’est quand la tête commande à la fois au cœur et au ventre, comme un cocher commande les deux chevaux d’un attelage. (Cette tripartition indique aussi la structure idéale de la Cité, où les sages commandent aux guerriers et aux artisans.)
-‐ Aristote, L’Ethique à Nicomaque, III, 7: les vertus comme la tempérance (ou les vices comme l’avarice, la jalousie, etc.) sont des habitudes contractées (le peureux est celui qui a pris l’habitude de fuir, etc.). Nous sommes donc responsables de ce que nous sommes devenus en contractant ces habitudes, même si une fois contractées, il est très difficile de changer. Il faut par ailleurs distinguer le choix volontaire (guidé par le bien) et les désirs (attirés par le plaisir).
-‐ Le Stoïcisme (Epictète, Sénèque, Marc-‐Aurèle) : le désir, l’impulsion à l’action et le jugement dépendent de nous. Nos désirs dépendent de nos jugements : c’est parce que nous jugeons une chose bonne que nous la désirons : nous pouvons donc contrôler et transformer nos désirs par la raison. Il faut désirer que les choses soient comme elles sont pour être heureux, en comprenant par la raison que les choses sont ce qu’elles doivent être et qu’elles ne peuvent être autrement.
-‐ Epicure dans la Lettre à Ménécée : les 4 remèdes, sa classification entre désirs naturels et vains et sa définition du plaisir comme absence de souffrance et de trouble de l’âme.
-‐ Blaise Pascal : tous les hommes désirent être heureux, mais personne n’y parvient en ce monde, car le désir est un « gouffre infini » qui ne peut être comblé que par un « objet infini », l’absolu, c’est-‐à-‐dire Dieu. Dieu seul est le véritable objet du désir humain, voilà pourquoi l’homme est toujours insatisfaits malgré les divertissements qu’il se trouve.
-‐ Baruch Spinoza, L’Ethique : Le désir est l’essence même de l’homme. C’est le désir de persévérer dans son être. Les hommes se croient libres car ils ignorent les causes qui les déterminent à agir. C’est ainsi, dit Spinoza dans la lettre 58 à Schuller, qu’un enfant croit librement désirer le lait de sa mère, un jeune garçon irrité vouloir se venger, ivrogne désirer boire, un bavard parler, etc. Mais nous ne choisissons pas librement nos désirs. La volonté
Fiche objectif – le bonheur
entendue comme libre-‐arbitre indépendante des désirs est une illusion : la volonté n’est qu’un désir plus fort qu’un autre.
-‐ Emmanuel Kant : La morale postule la liberté et exige d’agir de façon désintéressée, par devoir (et non seulement conformément au devoir). Or le devoir s’oppose à nos désirs. Il est donc possible d’agir librement sans être déterminé par ses désirs. Si nous ne choisissons pas nos désirs et nos sentiments, nous n’en sommes pas prisonniers, puisque la morale postule que nos actions ne sont pas déterminées par nos désirs. Ce ne peut pas être un devoir d’aimer son prochain, puisque l’amour ne se décide pas, mais c’est une devoir d’agir avec bienveillance (ce qui ne suppose pas d’obéir à ses sentiments mais à un devoir dicté par la raison).
-‐ Schopenhauer : le désir est l’expression du vouloir-‐vivre ; il synonyme d’insatisfaction et entraîne une oscillation perpétuelle entre ennui et frustration (dont seul la contemplation artistique nous délivre un moment).
-‐ Freud : l’inconscient comme ensemble des désirs refoulés ; la pulsion est distincte de l’instinct parce qu’elle peut s’assouvir symboliquement ou être refoulée ; la pulsion crée une tension dans le corps et cherche à être "déchargée", soit en se réalisant, soit au moyen du rêve, des actes manqués, des symptômes névrotiques ou de la sublimation. La civilisation implique le refoulement de pulsions. Le moi et la conscience émerge du conflit entre le ça et le surmoi et le monde extérieur. La prise de conscience et la compréhension des causes d’un désir peuvent être libératrice, et être plus efficace qu’un effort de volonté.
-‐ Henri Bergson : la joie (≠plaisir) indiquant le sens de la vie selon. -‐ J.-‐P. Sartre : l’amour veut à la fois réduire à l’autre à l’état d’objet de mon désir tout en le
désirant comme sujet libre, ce qui est paradoxal. L’émotion est l’expression d’un choix originel libre, choix de qui l’on décide d’être.
-‐ René Girard : le désir mimétique. Le désir n’est pas l’expression de ma singularité, ni même de la qualité de l’objet. Le désir est triangulaire : il est désir d’être prenant modèle sur un tiers.
d) de citer 3 références littéraires ou cinématographiques : -‐ Dom Juan de Molière -‐ Les nourritures terrestres d’André Gide
-‐ Lolita, de Nabokov (roman) ou Kubrick (film) -‐ Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley
e) de retenir et expliquer ces citations : • « En menant une existence relâchée, les hommes sont personnellement responsables d'être devenus
eux-‐mêmes relâchés, ou d'être devenus injustes ou intempérants, dans le premier cas en agissant avec perfidie et dans le second en passant leur vie à boire ou à commettre des excès analogues. (…) Ainsi en est-‐il pour l'homme injuste ou intempérant : au début il leur était possible de ne pas devenir tels, et c'est ce qui fait qu'ils le sont volontairement ; et maintenant qu'ils le sont devenus, il ne leur est plus possible de ne pas l'être. » Aristote, Ethique à Nicomaque, III, 7.
• « N’essaie pas que ce qui arrive arrive comme tu veux, mais veux ce qui arrive comme il arrive, et tu couleras des jours heureux. » Epictète, Manuel
• « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements relatifs aux choses. » Epictète, Manuel
• « Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs que l’ordre du monde. » René Descartes, Discours de la Méthode.
• « Tous les hommes recherchent d'être heureux. (…) C'est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu'à ceux qui vont se pendre. » Blaise PASCAL, Pensées.
• « Il vaut mieux être un homme insatisfait qu'un porc satisfait; il vaut mieux être Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait. » J. S. MILL, L’utilitarisme