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la réaction d’un mari face à l’infertilité élever des enfants qui changeront le monde embrassez votre créativité Quel modèle à suivre tracez-vous ? Votre héritage hiver 2016 | cultiver la foi en famille

Focus famille - Hiver 2016

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Votre héritage | Quel modèle à suivre tracez-vous ?

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la réaction d’un mari face à l’infertilité

élever des enfants qui changeront le monde

embrassez votre créativité

Quel modèle à suivre tracez-vous ?

Votre héritage

hiver 2016 | cultiver la foi en famille

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Focus Famille est présentpour vous.

Chez Focus Famille, nous croyons que la prière est un moyen puissant par lequel nous pouvons vous soutenir.

Tous les matins pendant la semaine, nous nous réunissons et prions de manière confidentielle pour chaque requête

qui nous a été confiée.

Si vous le souhaitez, vous pouvez nous partager votre sujet de prière en nous envoyant un courriel à [email protected].

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CCela vous arrive-t-il de penser à l’héritage que vous allez laisser derrière vous ? Aux valeurs et habitudes de vie que vous désirez plus que tout léguer à vos enfants ?

L’âge que nous avons a naturellement une influence importante sur le temps que nous consacrons à ce genre de réflexion. Mais la vérité, c’est que si nous attendons les der-nières années de nos vies pour songer à notre influence, il sera dans la plupart des cas trop tard pour y faire quoi que ce soit. C’est pour cette raison que notre désir chez Focus Famille est de vous équiper à bien vivre le moment présent. Nous vous encourageons à cultiver la foi en famille et à servir votre pro-chain, car nous savons qu’il s’agit de choses au cœur d’une vie qui plait à Dieu et qui ne manquera pas de porter des fruits.

Mais la vie est occupée ! Pour ma part, l’arrivée de mon troisième fils en quatre ans fait de mon condo un vrai zoo ! Ce dont je n’ai vraiment pas besoin en ce moment, c’est d’une liste de choses à faire en plus de ce que je fais déjà pour être un bon mari, père et chrétien. Ce dont j’ai besoin, c’est de rappels fréquents de centrer ma vie autour de l’essentiel. Et pour cela, il faut souvent retrancher des choses et pas seulement en rajouter. Le but est d’avoir une vie de famille plus épurée, plus légère, plus intentionnelle.

Nos vies sont bien remplies. Ce qu’il nous faut, c’est de savoir comment y intégrer les différentes parties. La spiritualité est souvent perçue comme un aspect distinct de toutes les autres parties de nos vies. Rien n’est plus erroné ! Si nous désirons

progresser vers une réelle spiritualité, nous devons commencer par réaliser que tout est spirituel. C’est pourquoi l’apôtre Paul nous dit : « que vous mangiez, que vous buviez, bref, quoi que ce soit que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » Tout ce que nous faisons est important. Les choix qui déterminent l’endroit où nous vivons, la musique que nous écoutons, les amis que nous avons, les organismes que nous soutenons, toutes ces choses sont spirituelles. Il n’existe en fait rien de séculier – mis à part ce que nous choisissons délibérément de couper de son élément spirituel.

La manière dont nous vivons aujourd’hui est la seule chose dont nous devrions nous soucier si nous voulons que notre héritage porte des fruits pour des générations à venir. Bien que Focus Famille soit là pour vous aider, c’est du Saint-Esprit que nous devons tous dépendre pour répondre intelligemment aux mille-et-une exigences de la vie quotidienne. Heureusement, Il est plus que suffisant pour la tâche. C’est lui l’Expert en frais de spiritualité ; et tout fait partie de son domaine.

Jeremy Favreau, rédacteur en chef de Focus Famille

le fil directeur

tout est spirituel

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Focus Famille – Focus on the Family Canada

Président : Terence Rolston

Vice-Président : Derek Rogusky

Président du conseil : Dan Loney

Rédacteur en chef : Jeremy Favreau

Éditrice : Alexandra Lopes

Design et conception graphique : Inca Siojo

Écrivez pour Focus Famille La vision de Focus Famille est simple : Voir chaque famille transformée par l’amour, animée d’une foi dynamique et remplie d’espérance. Au travers des articles que nous publions dans notre magazine, notre infolettre et notre site internet, nous souhaitons offrir aux familles francophones un enseignement et des ressources de qualité, fondés dans la foi chrétienne. Nous acceptons différents types de textes : enseignements, témoignages, conseils/astuces, histoires ou portraits. Les thèmes principaux de Focus Famille sont la vie chrétienne, le couple et le célibat, ainsi que l’art d’être parent. Nos articles comptent généralement entre 350 et 1200 mots. Chaque article publié par Focus Famille est rémunéré à mesure de 20 cents par mot. Pour nous envoyer vos textes ou avoir plus d’informations, écrivez-nous à l’adresse [email protected].

Note importante : En soumettant vos lettres ou autres textes à Focus Famille/Focus on the Family Canada, vous acceptez que les contenus soumis deviennent la propriété de Focus on the Family Canada et ne vous seront pas retournés. Vous acceptez également que Focus on the Family Canada, ses assignés et ses licenciés auront le droit non exclusif d’utiliser et/ou de reproduire le contenu de quelque manière et sous quelque forme que ce soit pour quelque raison que ce soit. Notre accord est passé en Colombie-Britannique et il est interprété et régi selon les lois de la province de Colombie-Britannique au Canada. Pour toute demande de réutilisation d’un article, écrivez à [email protected] ou appelez gratuitement le 1-877-327-4553.

Magazine Focus Famille par Focus on the Family Canada, Hiver 2016, vol. 9, no. 1, ISSN 1918-297x. ©2016 Focus on the Family Canada. Tous droits réservés. Copyright international déposé. Publié par Focus on the Family Canada, une organisation caritative reconnue. Notre numéro d’enregistrement d’organisation caritative est le 106845969 RR0001. Focus on the Family Canada est une marque déposée de Focus on the Family Canada, 19946 80A Avenue, Langley B.C, V2Y 0J8.

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aussi dans ce numÉro :

Votre héritageQuel modèle à suivre tracez-vous ?

Il n’est jamais trop tôt pour réfléchir à l’héritage de notre vie. Que communiquons-nous à travers nos choix, nos priorités, nos attitudes et la manière dont nous traitons ceux qui nous

entourent ? Serons-nous fiers de voir nos traits se développer chez ceux qui nous suivent ?

rubriques :

15 | le sabbatRepos et Restauration

19 | Face à l’épreuve À l’ombre de l’infertilité

24 | créativité et culture L’été de mes 7 ans

26 | p ortrait de Famille Treize enfants… À quand le prochain ?

30 | Être ép ouse L’épouse que vous avez envie d’être

31 | communication Comment s'y prendre avec ses beaux-parents ?

37 | traditions Familiales Célébrez l’héritage culturel de vos enfants

3 | le Fil directeurTout est spirituel

6 | éduquer son enFantUn outil éducatif efficace : les conséquences

8 | accompagner son ado Le guider dans ses lectures

38 | les pieds sur terre Le tout dernier jour de ma vie

10 | Vos enfants vous observent Chacun de nos mouvements est pour nos enfants une leçon non intentionnelle sur la manière d’être à l’autre. Quelles leçons relationnelles leur transmettez-vous à travers votre couple ?

16 | Rester des parents accessiblesAndréa Lucado partage l’approche éducative inspirante de ses parents, à travers un épisode de son adolescence.

20 | Trouver Dieu sous la pluie de l’adversitéL’épreuve nous révèle ce que nous sommes réellement et a même le potentiel de nous rapprocher de Dieu, si nous voulons bien nous montrer honnêtes avec lui.

28 | Élever des enfants qui changeront le monde Apprenons à nos enfants à penser au-delà d’eux-mêmes et de leurs besoins personnels pour impacter la société autour d’eux.

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H i v e r 2 0 1 6 | l e s o m m a i r e

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Ê

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Êtes-vous en phase avec la réalité ? Ce petit test nous permettra de le déterminer :

Bob conduit sa belle voiture de sport rouge à 150 km à l’heure sur l’autoroute et il est arrêté par un policier. Le policier lui tend :

1. la main pour le saluer.2. un petit gâteau.3. une contravention pour excès de vitesse.

Suzanne préfère faire la grasse matinée plutôt que d’être à l’heure à son travail. Depuis deux semaines, elle arrive systématiquement avec deux ou trois heures de retard. Son patron vient la voir pour lui dire :

1. Vous devriez vous coucher un peu plus tôt.2. Vous avez besoin de repos, prenez des vacances.3. Allez donc vous chercher un nouveau travail.

À cause des choix qu’ils ont faits, Bob et Suzanne vont tous les deux devoir faire face à des conséquences désagréables. Nous pouvons espérer qu’ils en tireront des leçons : que Bob conduira moins vite à l’avenir et que Susanne deviendra une employée plus responsable.

Un outil éducatif

efficace : les conséquences

par le dr. bill maier

Apprenez à utiliser les conséquences des actes avec efficacité, plutôt que

les cris, les remarques cassantes et les menaces en l’air.

Éduquer son enfant

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une formation pour la vraie vie

L’utilisation efficace des conséquences peut être un très bon outil éducatif pour les parents. Quand nos enfants enfreignent les règles ou se conduisent de manière irresponsable, nous pouvons mettre en place des conséquences, ou bien laisser les résultats de leurs actes se manifester par eux-mêmes. Peu à peu, ces résultats agiront comme un professeur, pour aider nos enfants à comprendre comment les choses fonctionnent dans la vraie vie.

Malheureusement, beaucoup de parents court-circuitent ce processus. Ils n’appliquent aucune conséquence aux actions de leurs enfants, ou alors ils leur évitent les conséquences naturelles de leurs actes, pour les protéger du moindre sentiment d’inconfort. Ces parents sont persuadés qu’ils expriment ainsi leur amour pour leurs enfants. En réalité, ils les préparent à une vie de frustration et d’échec.

Le livre de Proverbes nous rappelle que Dieu a créé un monde destiné à fonctionner d’une certaine manière. Nos actes ont des effets et la plupart du temps, nous récoltons ce que nous avons semé (Galates 6.7). Il est bon pour nos enfants d’apprendre que la vie est faite de ces relations de cause à effet, même si les effets en question peuvent parfois être déplaisants.

Si un tout-petit touche une flamme, il se brûle : c’est une conséquence naturelle. Quand les agissements de l’enfant n’ont pas de conséquences visibles, les parents peuvent tout de même mettre en place une conséquence liée au comportement de l’enfant. Prenons pour exemple un enfant à qui on demande de ranger son train électrique et qui ne le fait pas ; une conséquence logique pourrait être qu’il n’ait pas le droit de jouer avec ce train le lendemain.

comment faire ?

Les conséquences peuvent être aussi bien négatives que positives. Les parents peuvent se servir de conséquences posi-tives quand ils veulent encourager un bon comportement et de conséquences négatives pour décourager un comporte-ment qui ne serait pas bon ou dangereux.

Pour qu’une conséquence soit efficace, il faut qu’elle soit immédiate. Les enfants ont un temps d’attention très limité. Vous pouvez rendre ces conséquences immédiates en utilisant des jetons ou un système de p oints. D onnez immédiatement des points à un enfant qui s’est bien comporté et enlevez-en dès qu’il agit mal. Il pourra alors échanger ces points plus tard contre un privilège ou une petite récompense.

Vous devez aussi être cohérent et constant quant aux conséquences que vous choisissez. Sinon, votre enfant apprendra très vite que vous ne pensez pas vraiment ce que vous dites. C’est pour cela qu’il est essentiel de respecter votre parole en mettant en œuvre la conséquence que vous avez promise, même si vous êtes fatigué.

Pour finir, les conséquences doivent être significatives. Si une conséquence, positive ou négative, n’a pas d’importance pour votre enfant, cela ne changera pas son comportement. Pour une fillette de sept ans par exemple, gagner des points

pour obtenir une nouvelle tenue pour sa poupée peut être très motivant. Mais un an plus tard, en revanche, cela pourrait ne plus la motiver du tout.

En apprenant à utiliser les conséquen-ces avec efficacité, plutôt que les cris, les remarques cassantes et les menaces en l’air, vous verrez les relations avec vos enfants s’améliorer. Vos enfants comprendront exactement ce que l’on attend d’eux, et vous, vous gagnerez en confiance dans votre rôle de parent. Bien entendu, les conséquences sont à mettre en place dans un contexte relationnel chaleureux et encourageant.

Avant de finir, si vous avez coché la réponse 3 aux deux questions du test, félicitations : vous comprenez que les conséquences font partie de la vraie vie. Vous pouvez maintenant utiliser ces précieuses connaissances pour aider vos enfants à devenir des adultes responsables qui savent faire de bons choix, qui pourront garder un travail, et éviter les amendes.

Bill Maier est psychologue. Il vit avec sa femme Lisa et leurs trois enfants dans le Colorado.

Tous droits réservés © 2008 Focus on the Family Canada Association.

Il est bon pour nos enfants d’apprendreque la vie est faite de ces relations de cause

à effet, même si les effets en questionpeuvent parfois être déplaisants.

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U

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Un adolescent qui lit c’est déjà une bonne chose. Alors est-ce vraiment important de se soucier de ce qu’il lit ? Je crois que oui. L’adolescence est un temps où la personne commence à étoffer réellement sa pensée, créant dans son esprit les espaces à travers lesquels ses réflexions se logeront, alors qu’elle grandit et devient adulte. Ce que lit l’adolescent aidera à déterminer le fait que son esprit devienne un lieu rempli de beaux objets, de personnages frappants et d’idées complexes – ou de choses peu profondes, d’idées bas de gamme, choquantes et laides.

Cela peut sembler attendre beaucoup d’un livre – et de la part d’un adoles-cent – mais en réalité, ce n’est pas le cas. L’astuce, c’est d’éveiller leur capacité à discerner eux-mêmes le bon du moins bon, capacité qui peut se développer très vite chez les adolescents.

De nombreux parents pensent que ce qui est le plus important, c’est d’éloigner

les adolescents des histoires glauques qui pourraient les pousser à devenir vulgaires ou remplir leur esprit d’anxiété, d’images horribles et de torture, dont ils auront du mal à se défaire. (Et il y a effectivement de la valeur à faire cela. Personne n’a besoin de telles images en tête.) Pourtant, lorsque nous essayons d’évaluer les livres pour adolescents, nous devons faire attention de respecter aussi bien la nature de la curiosité humaine que celle de la littérature elle-même.

La vérité, c’est que même les adoles-cents doux et gentils seront attirés à un moment ou un autre vers des choses qui vous seront désagréables. La curiosité fait partie de la nature humaine : nous ralentissons tous pour jeter un coup d’œil aux accidents de la route. Il est donc non seulement déraisonnable mais aussi injuste de demander à des adolescents de se montrer plus vertueux face à leurs impulsions que nous en tant qu’adulte. Il est également important de se rappeler

Accompagner votre

adolescent dans ses lectures

par meghan cox gurdon

Comment l’aider à développer un goût pour la bonne littérature ?

Accompagner son ado

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« Il est ici question d’opportunité :

l’opportunité de choisir des livres qui méritent son temps

et son attention, des livres qui sont dignes d’occuper une place au milieu des objets qui meublent

son esprit. »

que des histoires sans conflits, sans une forme de noirceur ou de difficulté, ne peuvent pas vraiment être appelées des histoires. Sans le mal dévorant de Sauron, le sacrifice de Frodon perd toute sa noblesse ; sans Vronsky, il n’y aurait pas d’Anna Karénine.

Bien sûr, chaque jeune est différent et les parents savent quel niveau de confiance ils peuvent leur accorder. Mais se contenter de lancer à un adolescent qu’un livre est perverti ou immoral, et qu’il ne doit pas le lire, cela donne l’impression à cet adolescent qu’il n’est pas digne de confiance – que les adultes qui l’aiment ne le pensent pas assez subtil et intelligent pour survivre à la lecture d’un livre vulgaire ou glauque (ou juste foncièrement mauvais). Cependant, il ne s’agit pas de survivre, mais de grandir. Alors – sauf dans le cas où l’adolescent a montré qu’on ne pouvait pas lui faire confiance car il repousse sans cesse les limites ou cède à la pression de ses

amis – la vraie question à lui poser c’est : Pourquoi devrais-tu choisir avec discernement ce que tu lis ?

Un « Je pense que tu peux faire mieux que ça. », adressé à l’adolescent en respect à son intelligence et son sens de l’intégrité, est bien plus persuasif qu’une condamnation pleine de mépris. Il est ici question d’opportunité : l’opportunité de choisir des livres qui méritent son temps et son attention, des livres qui sont dignes d’occuper une place au milieu des objets qui meublent son esprit.

C’est une bonne chose de montrer à nos adolescents que nous prenons le développement de leur imagination et de leur intelligence au sérieux et que nous croyons qu’ils veulent aussi ce qu’il y a de mieux pour eux, à moins qu’ils ne démontrent le contraire. Si nous pouvons aider les jeunes à développer un penchant pour ce qui est beau et un goût pour la bonne littérature pendant leur adolescence, cela les portera au

cours des longues années qui suivront, où ils pourront choisir de lire ce qu’ils veulent… tout comme nous.

Meghan Cox Gurdon est critique littéraire de livres pour enfants pour le Wall Street Journal.

Cet article a été publié une première fois dans le numéro d’été 2014 du magazine Thriving Family sous le titre « Stories That Fill the Mind. » Tous droits réservés © 2014 par Meghan Cox Gurdon. Utilisation autorisée.

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Vos enfants Vous observentVos enfants Vous obserVent

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JJ’observe Holland, ma fille de neuf ans, alors qu’elle essaye de marcher à travers la maison avec mes talons hauts, l’une de mes écharpes préférées drapée autour du cou, imitant la manière dont je la portais moi-même plus tôt dans la journée. Plus tard, elle va aider son père Nick dans la cuisine. Elle observe attentivement la manière dont il passe sous l’eau les poireaux coupés pour les débarrasser de leur terre, avant de reproduire elle-même ce geste.

Chacun de nos mouvements semble être pour elle une leçon non intentionnelle sur la manière de faire les choses. C’est aussi le cas dans le domaine des relations. Et nulle relation n’influence plus la manière dont Holland comprend les rapports humains, que notre mariage. Elle observe la manière dont Nick et moi interagissons, perçoit ce qui définit notre relation et, jour après jour, elle enregistre : C’est donc comme ça qu’on fait.

Un jour, elle partira de la maison en marchant dans mes chaussures. Pas juste dans le sens littéral, mais aussi au sens figuré, dans son rôle d’adulte, et peut-être d’épouse et de mère. Vos enfants eux aussi suivront votre voie.

Alors comment nos mariages équipent-ils nos enfants avec les compétences dont ils ont besoin ? Quelles sont les leçons relationnelles que nous leur apprenons ?

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Vos enfants Vous observentVos enfants Vous obserVent

par sarah hilgendorf

q u e l l e s l e ç o n s r e l at i o n n e l l e s l e u r e n s e i g n e z - v o u s à t r av e r s v o t r e c o u p l e ?

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Je me lance la première :

Être en désaccord est normal, et peut mÊme se révéler productif. mais se manquer de respect n’est pas acceptable.

Chez moi, les disputes les plus enflammées se déroulent souvent devant le journal télévisé. Les reportages provoquent des discussions animées et parfois des disputes encore plus animées. Holland le voit et je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose. Un jour, et peut-être même presque tous les jours, elle se retrouvera en position de ne pas être d’accord avec quelqu’un. Je veux qu’elle puisse gérer cela avec respect et confiance en elle. Alors nous lui montrons l’exemple.

Nous laissons Holland être témoin de nos conflits pour lui apprendre que le conflit est une chose normale — cela veut dire que les deux personnes impliquées sont humaines.

Qu’est-ce qu’il est important de se rappeler ? L Ne laissez pas votre enfant prendre parti pour l’un ou

l’autre. L Ne le laissez pas entendre des disputes qui concernent

l’argent, la sexualité ou l’éducation parentale. L Évitez les arguments moralisateurs qui n’ont rien à

voir avec la moralité. Les enfants ont une pensée très manichéenne, alors aidez-les à se rendre compte que tous les désaccords ne naissent pas d’une opposition bien/mal.

L Ne laissez pas votre enfant assimiler la résolution du conflit à la victoire systématique du même parent. Vous ne voudriez pas lui transmettre le message que l’un d’entre vous est une chiffe molle et que l’autre est un tyran, n’est-ce pas ?

nous commettons tous des erreurs et avons besoin de pardon.

Il y a des moments où Nick et moi ne sommes pas vraiment respectueux l’un envers l’autre. Par exemple, il nous arrive de nous dire des choses comme : « C’est la pire idée que j’ai jamais entendue. » Quand nous disons sans réfléchir ce qui nous vient à l’esprit, nos commentaires ne sont pas toujours très sympathiques. Et quand cela arrive, notre fille a l’occasion de nous voir reconnaître que nous avons été trop loin, et demander pardon.

Qu’est-ce qu’il est important de se rappeler ? L Quand une dispute dégénère, prendre du temps à l’écart

est plutôt sage. Mais il est bon de revenir pour résoudre ce conflit, montrant à l’enfant comment demander pardon et pardonner.

L Soyez sincères. Si vous continuez à bouder et à éviter l’autre après vous être réconciliés, vous renvoyez le message que les excuses et le pardon sont vides de sens.

L Aussi tentés que vous soyez de pointer du doigt les torts de l’autre, concentrez-vous sur votre côté de la dispute plutôt que sur l’autre.

l’engagement c’est d’Être là l’un pour l’autre, mÊme quand vous préféreriez Être n’importe où ailleurs.

Une fois par an, mon mari part à plus de 1200 km de chez nous pour aller camper en plein milieu de l’hiver avec des amis. Une année, ce voyage est tombé à un moment où j’ai attrapé le genre de grippe qui rend un parent, d’habitude compétent, complètement inefficace. Mon mari est donc resté à la maison. Et il ne m’a pas fait culpabiliser pour cela.

Parfois, les relations nous demandent de tels sacrifices : se sentir déçu de la tâche qui nous attend, mais la faire quand même.

Qu’est-ce qu’il est important de se rappeler ? L C’est une bonne chose qu’un enfant voit qu’il y a parfois

des problèmes et que vous vous consacrez ensemble à leur résolution.

L Évitez de compter les points : « Je t’ai filé un coup de main la semaine dernière alors tu me dois… » Ce genre de comportement donne l’impression qu’être là l’un pour l’autre est plus un système de dettes mutuelles qu’un réel engagement.

L Reconnaissez l’engagement de l’autre devant vos enfants : « Je sais que les choses ne sont pas faciles au travail en ce moment et je suis vraiment reconnaissante que tu prennes soin de nous en allant travailler quand même. »

le mariage en vaut la peine !Nous ne sortons pas souvent au restaurant tous les deux,

mais nous aimons nous faire des diners romantiques à la

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maison, et bien souvent autour d’une fondue au fromage. Holland aime le fromage, mais elle reconnaît que ces moments que nous passons en amoureux, après qu’elle est couchée, sont une bonne chose à laquelle elle ne peut pas participer. Elle nous voit ainsi prendre du temps pour préparer ces moments spéciaux, afin de nourrir notre relation.

Nous voulons montrer à notre fille que c’est une belle chose d’aspirer à se marier. Elle voit que nous apprécions passer du temps tous les deux, discuter, nous faire un câlin… et nous pouvons nous faire des soirées pyjamas dans un lit bien plus grand que le sien, ce qui à ses yeux, est presque aussi désirable que le fromage.

Qu’est-ce qu’il est important de se rappeler ? L Il est facile de perdre de vue les aspects amusants du

mariage et de dire par nos actions, sans le vouloir, que le mariage est ennuyeux. Parfois, prenez le temps de mettre les responsabilités de côté pour aller manger ensemble une glace, histoire de dire : Oui, le mariage c’est faire le ménage et payer les factures… mais c’est aussi sortir manger une glace !

L On vous l’a déjà dit, mais ne parlez pas en mal de votre moitié. Cela ne fait que montrer un manque de respect pour votre époux/se et pour votre mariage.

J’aimerais bien pouvoir m’arrêter là, et vous dire : « Plus rien à voir par ici, les amis. Circulez ! » Mais je sais qu’il est temps pour moi d’aller au bout des choses et de vous parler des mauvaises leçons que j’ai apprises à ma fille concernant les relations :

le reste du monde n’a d’importance que quand cela nous arrange.

Bien que ce ne soit pas ce que je voulais que Hollande com-prenne en me regardant, c’est ce qu’il s’est passé.

Récemment, elle m’a demandé : « Maman, c’est qui tes meil-leurs amis… à part papa ? » Elle ne me voit pas toujours mettre en priorité les relations autres que mon mariage. Pourtant je sais que pour nous développer en tant couple et famille, nous avons besoin de nous appuyer sur une communauté plus large,

et je veux que ma fille nous voie investir dans la vie des autres, même quand cela est inconvénient.

Cette suggestion donnée par les auteurs Erin Smalley et Carrie Oliver m’a aidée : « Gardez de la place dans votre emploi du temps pour vos amis. Il est tellement facile de prétendre qu’on est “simplement trop occupé”. Bien sûr que vous êtes occupé, mais comment pouvez-vous utiliser votre créativité pour dégager du temps pour vos amis ? »

nous sommes responsables des émotions les uns des autres.

Vous connaissez sûrement ces soirs où votre conjoint rentre à la maison de mauvais poil, et qu’en réponse vous restez charmant, et gardez votre bonne humeur pour lui remonter le moral ? Euh…

La plupart du temps, si mon mari rentre en se montrant irritable, non seulement cela a le don de me déprimer, mais en plus, je lui reproche généralement de me mettre dans cet état. Et cela enseigne à mon enfant que les autres sont responsables de mon humeur. Mais comme l’ont écrit les auteurs Les et Leslie Parrott : « Ce n’est pas le rôle de l’autre de vous rendre heureux. Le bonheur est quelque chose qui doit venir de l’intérieur. »

Lorsque nos émotions affectent notre humeur et menacent de brouiller notre jugement, appuyons-nous plutôt sur ces conseils de l’expert relationnel Ken Sande :

1. Reconnaissez vos émotions.2. Évaluez leur source.3. Anticipez les conséquences que pourrait avoir le fait de les

écouter.4. Dirigez-les vers une démarche constructive.

Parents, nos enfants nous regardent. En plus de nos chaussu-res, ils nous empruntent nos attitudes, nos comportements et ils essayent de se les approprier. Alors, réfléchissez aux leçons relationnelles — les bonnes et les mauvaises — que vous ensei-gnez à vos enfants à travers votre mariage.

Cet article a été publié dans le numéro de février-mars 2015 du magazine Thriving Family sous le titre « Our Kids Are Watching ». Tous droits réservés © 2015 Focus on the Family. Utilisation autorisée.

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« La plupart des chosesdont nous avons besoin

pour être pleinement vivant ne viennent jamais dans l’affairement.

Elles grandissent dans le repos. »

// mark buchanan // Extrait du livre The Holy Wild: Trusting in the Character of God

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RRegardez attentivement la manière dont Jésus a appliqué le sabbat, il y a une leçon à en tirer pour nous.

Pour commencer, presque tout ce qu’Il a fait durant le sabbat a été perçu par les leaders religieux de l’époque comme étant des transgressions du sabbat. Quelle que soit l’idée que se faisaient les esprits religieux de ce que devait être le sabbat, pour Jésus, en réalité, il en était bien autrement.

Mais il y a autre chose à comprendre, qui est là juste sous notre nez : pour Jésus, le sabbat est essentiellement un temps de restauration. Un bœuf est tombé dans le puits ? Retirez-le ! Une femme est courbée depuis dix-huit ans ? Redressez-la ! Les gens ont faim ? Arrachez des épis et nourrissez-les ! Un récit après l’autre, on voit se répéter cette même histoire : le sabbat est un temps de restauration. Le sabbat est voué à rendre l’intégrité à tout ce qui est perdu, brisé, malade.

Ce concept a complètement changé notre manière de vivre le sabbat pour ma famille et moi. Nous avons commencé à nous demander : qu’est-ce qui dans nos vies est usé ou tordu, cassé ou

perdu ? Qu’est-ce qui a été volé ou abimé parce que nous étions pris dans la distraction et la précipitation ? Nous organisons désormais notre temps de sabbat dans le but de restaurer ces choses.

Notre joie s’est envolée ? Nous cherchons à faire quelque chose qui nous la rendra – des choses aussi simples que de faire un jeu de société ou de regarder un vieil épisode d’une série comique. Nos corps souffrent, sont fatigués ? Nous faisons en sorte de leur donner du repos, de les vivifier. Parfois, il s’agit simplement de préparer un bon thermos de chocolat chaud et d’aller nous promener sur la plage un jour d’hiver.

Ainsi, chaque sabbat devient un temps offert pour répondre à des besoins réels et pressants.

Cet article a été publié dans le numéro de janvier-février 2013 du magazine Thriving Family sous le titre « Rest and Restoration ». Tous droits réservés © 2012 par Mark Buchanan. Utilisation autorisée.

Repos -&-

restauratioNp r at i q u e r l e s a b b at, à q u o i ç a s e r t ?

par mark buchanan

Repos -&-

restauratioN

15h i v e r 2 0 1 6

l e s a b b a t

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par andrea lucado

l a m e r v e i l l e u s e a p p r o c h e é d u c at i v e

d e m e s p a r e n t s

rester des

parents

accessibles

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ccCertaines personnes se disent sûrement que ma famille est « super sainte » du fait que mon père s’appelle Max Lucado, pasteur et auteur de livres chrétiens à succès. Les gens pensent peut-être même qu’en grandissant, notre famille se réunissait le soir pour écouter mon père répéter ses sermons et se levait à l’aube le lendemain pour lire la Bible avant de partir à l’école. Bien sûr, il y avait chez nous des moments de lecture de la Bible et mon père écrivait en effet des sermons, mais je ne pense pas que mon expérience de vie familiale diffère beaucoup de tous ceux qui ont grandi dans un foyer chrétien. Il y avait des moments de fous rires et d’amour partagé – et des moments de dispute et de rébellion. Être des Lucado ne nous a pas épargné toutes ces choses.

Mes deux sœurs et moi, nous avons fait subir à nos parents l’éventail classique de toutes les difficultés éducatives : les problèmes de comportement, les disputes, le manque de respect, puis plus tard l’alcool, les garçons et les sorties en douce. Mais ce n’était pas parce qu’ils étaient de mauvais parents, c’est parce que nous étions tous humains. Puisque je suis une pécheresse, élevée par des pécheurs, il était évident que j’allais pécher et faire des trucs idiots – surtout à l’adolescence.

Certains comportements adolescents sont inévitables et je ne pense pas que les parents puissent réellement les contrôler. Mais ce qu’ils peuvent contrôler, c’est leur manière d’y répondre. Mes parents ont toujours fait attention à leurs réactions envers nous. Le message que mes sœurs et moi recevions chaque fois, même inconsciemment, c’était que nos parents restaient accessibles. Ils nous aimaient et nous pardonnaient, mais nous devions assumer les conséquences de nos erreurs.

Cette approche éducative a été merveilleusement illustrée pour moi quand j’avais seize ans. Pendant une saison dans ma vie au cours de laquelle j’avais des doutes sur ma foi et très envie d’être populaire, j’ai passé la nuit chez une amie et nous avons décidé que ce serait une bonne idée de sortir en douce, sans que ses parents ne le sachent. Nous voulions aller voir des garçons qui fumaient de la marijuana.

Le lendemain, bien que nous ne nous sommes pas fait prendre, mon amie (dans un accès de désespoir ou de culpabilité) a avoué à sa mère ce que nous avions fait. Sa mère m’a appelée et m’a expliqué qu’elle devait en parler à mes parents si je ne le faisais pas moi-même.

La plupart des ados auraient cherché à se dédouaner, à négocier ou bien ils auraient nié. Tout pour éviter une confession

directe à leurs parents. J’ai envisagé toutes ces options et j’ai décidé que la confession était la meilleure des solutions. Je suis certaine que si j’ai pu le faire, c’est grâce à l’environnement dans lequel mes parents m’avaient élevée.

être accessibleAu départ, j’avais peur d’avouer ma rébellion à mes parents,

mais seize années d’expérience m’avaient appris qu’ils savaient se montrer ouverts et abordables. Dès que je pénétrais dans le bureau de mon père, il levait les yeux de son travail et me consacrait toute son attention. Quand ma mère préparait le repas, je m’asseyais à la table de la cuisine pour lui déballer toute ma journée à l’école, et elle m’écoutait toujours. Quand j’avais besoin de l’attention de mes parents, ils étaient disponibles pour moi.

Sachant cela, je suis entrée dans la chambre de mes parents en me préparant à être honnête et à affronter les conséquences de cette honnêteté.

Faire preuve de grâceJ’ai d’abord parlé à ma mère. Elle était assise dans le fauteuil

où elle s’installe habituellement pour prier. C’est là que je la trouvais toujours le matin et à d’autres moments de la journée. Je me suis assise en face d’elle (dans le fauteuil de mon père) et avant d’avoir pu prononcer un mot, je me suis mise à sangloter de manière incontrôlable. J’avais honte, et tellement peur de la décevoir. Finalement, entre deux sanglots, j’ai tout raconté à ma mère. Puis j’ai continué à parler. Je lui ai parlé des autres fois où j’étais sortie sans permission. Je lui ai parlé des fêtes auxquelles j’avais été en leur mentant sur ce que je faisais. Je lui ai dit que je buvais parfois et que je savais bien que c’était de la rébellion, mais que Dieu me paraissait si loin et que je ne savais pas comment faire autrement.

Alors que je déversais tout ça, ma mère s’est mise à pleurer avec moi. Ses yeux étaient remplis de douceur et même si je voyais bien qu’elle souffrait, elle a continué à m’écouter aussi longtemps que j’avais besoin de parler.

Face à la réaction bienveillante de ma mère, j’ai vu qu’elle comprenait. Je croyais qu’elle allait être horrifiée ou dévastée par mon comportement, mais ce n’était pas le cas. Elle aussi avait été une adolescente, confrontée à la tentation, et elle ne me considérait pas comme condamnée. Ses larmes étaient pour moi de la grâce à l’état pur.

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punirBien sûr, cette conversation avec ma mère n’était pas le fin

mot de l’histoire. Je savais qu’il y aurait des conséquences parce que mes parents nous avaient toujours punies mes sœurs et moi quand nous dépassions les limites. Chez nous, les règles, c’étaient les règles.

Quand mon père est rentré du travail ce soir-là et a entendu toute l’histoire, il m’a fait asseoir et m’a posé quelques questions : Pourquoi as-tu fait ça ? Qu’est-ce que tu recherchais ? Est-ce que tu connaissais bien ces garçons ?

Il a écouté mes tentatives maladroites de réponses, puis il m’a expliqué que mon comportement avait non seulement été à l’encontre des règles, mais qu’il m’avait aussi mise en danger. Il m’a dit qu’en tant que jeune fille de seize ans, je n’avais pas pris en compte les risques de passer du temps avec des gens que je connaissais à peine et qui fumaient de l’herbe. Mon père voulait toujours que ses filles comprennent bien les raisons des limites qu’ils nous posaient avec ma mère.

Avec une voix calme, mais sévère, il a détaillé ma punition. J’étais privée de sortie pendant trois semaines, et j’avais interdiction de fréquenter certaines personnes de mauvaise influence pour un temps indéterminé. Il m’a assuré qu’il m’aimait, mais j’avais brisé leur confiance et quand cela se produisait, il fallait passer par un temps de restauration.

prendre le temps de restaurerParce que mes parents avaient établi chez nous une

atmosphère de grâce et parce qu’ils étaient à l’écoute et lent à réagir (Jacques 1.19), mon cœur a été transformé. Plutôt que de devenir de plus en plus distante et en colère contre mes parents, j’ai fait ce que beaucoup de parents attendent de leurs enfants : j’ai réfléchi à ce que j’avais fait.

C’est là que j’ai réalisé que je n’aimais pas tellement jouer les mauvaises filles. Je n’étais pas très douée pour ça et je voulais retrouver la vraie moi. Je voulais aussi retrouver Jésus. Je voulais que ma foi redevienne solide comme avant.

Cela m’a pris du temps, mais j’étais en chemin vers la restauration de la confiance de mes parents et la restauration de ma relation avec Christ. Ce cheminement, bien qu’imparfait, a été rendu possible par des parents qui ont su rester accessibles, qui ont aussi su montrer une profonde grâce et une fermeté pleine d’amour.

Andréa Lucado est auteure en freelance et habite à Nashville dans le Tennessee.

Cet article a été publié dans le numéro d’octobre-novembre 2015 du magazine Thriving Family sous le titre « Approachable Parenting ». Tous droits réservés © 2015 par Andrea Lucado. Utilisation autorisée.

Mon père voulait toujours que ses Filles coMprennent bien

les raisons des limites qu’ils nous posaient avec Ma Mère.

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IIl y a cinq ans, ma femme Cheri et moi avons entamé ce qui allait se révéler être le combat de notre vie. Nous voulions fonder une famille, mais rien ne nous avait préparés à faire face aux défis que l’infertilité allait mettre devant nous. Chaque étape de ce chemin a été une épreuve sur le plan relationnel, comme sur les plans éthique et spirituel.

Alors que les traitements devenaient de plus en plus intenses, intrusifs et coûteux, nos émotions et notre mariage ont commencé à s’effilocher sous le poids du stress. Qu’est-ce que je pouvais faire, en tant que mari, pour préserver mon couple à travers cette épreuve de l’infertilité ?

Voilà ce que j’ai appris :

Protégez-la.Après avoir eu bien des difficultés à

répondre aux questions indiscrètes de notre entourage, Cheri et moi nous sommes mis d’accord sur quelques réponses à donner concernant le moment où nous allions avoir des enfants. « Au moment choisi par Dieu » était l’une de nos réponses préférées. Et plutôt que de s’abandonner au désespoir provoqué par notre course contre l’horloge biologique, je rappelais sans cesse à Cheri combien je

l’aimais – quoi qu’il arrive. Je la rassurais sur le fait que notre valeur ne tenait pas au fait de devenir parents.

Occupez-vous de vos problèmes de contrôle.

L’infertilité nous a tous deux fait ressentir un profond sentiment d’im-puissance. Pour moi, il était facile de me réfugier dans des domaines où je me sen-tais plus en contrôle, comme mon travail. Puis Cheri a atterri à l’hôpital pendant une semaine, à cause des terribles effets secondaires de l’un des traitements. Assis à côté d’elle, je me suis rendu compte que la notion de contrôle n’était qu’une illusion. Par contre, je pouvais apprendre à placer ma confiance dans celui qui est réellement au contrôle.

Le fait de comprendre cela m’a donné la force de m’engager pleinement dans les défis que nous posait l’infertilité, plutôt que de les fuir. J’ai donc commencé à prendre plus de temps de congé pour être présent avec ma femme lors de ses rendez-vous médicaux.

Renforcez les fondations. L’infertilité a mis en lumière de nom-

breuses failles dans les fondations de notre mariage, mais cela nous a aussi

donné l’opportunité d’apprendre à mieux communiquer. Nous faisions attention à ce que nos conversations lors du souper ne tournent pas juste autour du prochain traitement médical que nous allions essayer. Nous avons continué à prévoir des sorties, même lorsque nous redoutions ce que l’avenir allait nous réserver. Nous avons appris qu’il n’y a rien comme un temps d’épreuve dans un couple pour construire l’intimité et la dépendance l’un envers l’autre.

Finalement, ce qui est devenu notre première mission, c’est que chaque enfant que nous aurions – oui, nous avons fini par devenir parents – aurait des parents dont le mariage est solide.

Matt Appling est enseignant d’art plastique et d’histoire de l’art pour les enfants de 5 à 18 ans. Il est aussi pasteur et auteur.

Cet article a été publié dans le numéro de décembre 2015/janvier 2016 du magazine Thriving Family sous le titre « In the Shadow of Infertility ». Tous droits réservés © 2015 par Matt Appling. Utilisation autorisée.

s e s o u t e n i r l’ u n l’a u t r e F a c e à l a d o u l e u r e t a u s e n t i m e n t d ’ i m p u i s s a n c e

par matt appling

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f a c e À l ' É P r e u v e

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trouver dieu sous la pluie de l’adversité

c o m m e n t Ê t r e h o n n Ê t e d a n s l e s é p r e u v e s p e u t n o u s r a p p r o c h e r d e d i e u

par shana schutte

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JJJ’ai un jour écrit l’histoire de trois vaches brunes qui voulaient à tout prix changer de couleur. Lassées de leur teinte brunâtre, elles décidèrent que du violet ferait forte impression sur leurs voisins et les rendrait célèbres. Après avoir longuement échafaudé leur plan, la meneuse du troupeau poussa un gros bidon de peinture violette hors du garage de la ferme voisine, jusque sur la route, où la peinture fut renversée, afin que chaque vache se roule dedans.

Leur plan fonctionna.Peu de temps après, un fermier passa par là. Il n’en croyait pas

ses yeux ! Il n’avait jamais vu une vache violette ! Il n’avait même jamais rêvé d’en voir une. Mais une chose était certaine : il fut enchanté par leur beauté pastel et décida de les ramener chez lui. Elles étaient si fières, et lui était impressionné — exactement ce qu’elles avaient espéré.

Puis il se mit à pleuvoir.La pluie emporta toute la peinture et avec elle, les poses et

attitudes maniérées des vaches. Ce qu’elles prétendaient être avait disparu, ne laissant en souvenir qu’une grande flaque violette.

La pluie de l’adversité, comme l’averse de cette histoire, a le don de nous dépouiller de nos faux-semblants et révéler ce que nous sommes réellement. L’adversité a même le potentiel de nous rapprocher de Dieu, si nous voulons bien nous montrer honnêtes avec lui dans nos épreuves. Vous vous demandez peut-être : Comment puis-je me montrer plus vrai avec Dieu dans ces moments-là ? Je suis bien contente que vous posiez la question. Christ m’apprend qu’une telle transparence nécessite trois éléments :

Je dois Me rappeler que se sentir désespéré est normal et peut MêMe se révéler être une bénédiction.

Cet après-midi-là, je me sentais comme ces vaches. Je voulais paraître forte et impressionnante, mais en réalité je me sentais nulle. J’aspirai à être une meilleure personne pour Dieu, mais je savais très bien que toutes mes belles actions étaient comme un vêtement taché (Ésaïe 64.5). Après plusieurs mois à trainer mon sentiment de ne pas être à la hauteur, le Saint-Esprit m’a murmuré : « Shana, ne vois-tu pas que ton désespoir est un don ? » Dieu m’a soudain montré combien mon sentiment de désespoir était en effet une bonne chose puisqu’il me poussait à me mettre à genou dans la prière et me rapprochait de Christ. C’est pourquoi Matthieu a écrit, « Heureux les pauvres en esprit » (Matthieu 5.3).

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la colère est une réponse à une douleur émotionnelle. Et il n’y a aucun doute sur le fait que nous allons rencontrer des moments de douleur émotionnelle sur cette planète où le péché abonde. Vous allez vous mettre en colère, c’est sûr !

La colère est comme un voyant rouge sur le tableau de bord de votre voiture qui vous signale que quelque chose cloche sous le capot, qu’il y a une souffrance qui doit être remise à Dieu, ou peut-être un pardon à donner à quelqu’un. Comme le désespoir, la colère a le pouvoir de nous mener vers une plus grande intimité avec Christ, quand on décide de lui apporter ce qui nous fait souffrir pour recevoir sa guérison.

Comment ? Criez, hurlez quand vous êtes seuls. Ou alors, courez dehors et criez à pleins poumons à l’univers. Vous pouvez aussi faire ce que l’auteure Muriel Cook appelle « écrire un journal à chaud. » Écrivez vos véritables émotions, sans les adoucir. Soyez honnête. Dites la vérité à Dieu. Ensuite, demandez-lui de vous montrer quelle est la source de votre colère pour qu’Il puisse prendre soin de ce qui vous fait souffrir à travers la prière et sa Parole.

La semaine dernière, j’étais en colère après que quelqu’un que j’aime m’ait blessée. Plutôt que de le nier ou de pécher en passant ma colère sur quelqu’un d’autre, j’ai donné de grands coups de poing à mon lit. J’ai crié, j’ai hurlé. J’ai frappé aussi fort que j’ai pu. Résultat ? Je me sentais nettement mieux. J’ai pu pardonner à la personne qui m’avait blessée et remercier Dieu de son amour pour moi. Quelques minutes plus tard, je chantais des louanges, proclamant sa vérité et louant son nom. Ça paraît fou ? Pas vraiment. Même les psalmistes se permettaient d’exprimer toutes leurs émotions, positives ou négatives.

Face à l’adversité, dieu veut Mêler Mes sentiments à sa vérité, pour Me sortir des diFficultés et guérir Mon cœur.

Un jour, alors que je lisais un psaume, j’ai eu l’idée de faire comme quand j’étais petite : colorier ma bible. J’ai choisi deux de mes couleurs préférées : le rose et le vert. Tous les endroits où le psalmiste exprimait ses sentiments, je les ai coloriés en rose, et ceux où il proclamait les vérités de Dieu, je les ai surlignés en vert. Il en est ressorti un schéma intéressant : rose, vert, rose, vert, rose, vert. Sentiments, vérité, sentiments, vérité, sentiments, vérité. Immédiatement, Dieu m’a montré que son plan pour nos vies impliquait le mélange de nos émotions et de sa vérité.

Nous ne pouvons voir le fait de se sentir désespéré comme une bénédiction que lorsque nous reconnaissons que cela peut nous apporter une plus grande mesure de Christ, et que nous pouvons recevoir son amour débordant alors que nos têtes sont courbées et que nos larmes coulent.

L’orgueil, qui est l’inverse d’un humble désespoir, tient Dieu à distance. Il me pousse à penser que je suis au contrôle, et, selon les critères du monde, il se peut que j’en donne effectivement l’impression. Mais dans la logique de Dieu, ce qui a l’air bon est en fait mauvais. C’est pour ça que Jésus explique que ceux qui sont faibles en esprit (désespérés) sont les véritables vainqueurs.

Dans son livre The Ragamuffin Gospel, Brennan Manning écrit :

« … nous ne saisissons pas la profondeur de notre néant devant Dieu. Et par conséquent, nous n’entrons jamais dans les profondeurs de la réalité de notre relation avec lui. Mais lorsque nous acceptons notre impuissance, notre inaptitude complète, lorsque nous reconnaissons que nous sommes des indigents à la porte de la grâce de Dieu, alors Dieu peut faire de nous quelque chose de beau. »

Alors, si vous vous sentez désespéré, réjouissez-vous ! Votre soif est un don ; votre insuffisance un trésor, et votre besoin une bénédiction qui peut vous amener plus loin dans votre relation avec Dieu.

Face à l’adversité, Je dois Me rappeler qu’être en colère est acceptable.

À mon ancien travail, j’avais accroché à l’extérieur de mon bureau une affiche du personnage Lucy, de la BD Peanuts, qui hurlait : « Attention tout le monde ! Je vais être grognon pour le reste de la journée ! » Cette réplique est devenue une blague entre mes collègues et moi parce qu’en fait, je suis tout l’inverse de Lucy.

Au cours de mon enfance, j’ai appris que la colère n’était pas une bonne chose, probablement parce que je l’ai souvent vue être mal utilisée. Puis, je suis venue à Christ et ce faux message a été renforcé par l’église. Après tout, les bons chrétiens ne se mettent jamais en colère, n’est-ce pas ? Faux. Non seulement cela n’est pas vrai, mais au contraire, Dieu s’attend à ce que nous expérimentions la colère. Jésus n’a jamais dit « Ne vous mettez pas en colère », mais Il a dit « Vous serez en colère, mais ne péchez pas » (Éphésiens 4.26). Dans la Parole, Il reconnaît que les gens vont vivre des moments de colère. Pourquoi ? Parce que

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Pour ceux dont la vie n’est basée que sur leurs émotions, il n’y a pas de guérison du cœur, parce qu’on ne peut pas se fier aux émotions seules.

Pour celui qui au contraire ne reconnaît que la vérité divine, et nie toute émotion négative parce que « c’est comme ça qu’un chrétien doit faire », et qu’il « ne devrait pas ressentir cela », la guérison est impossible à vivre aussi, parce qu’il est dans le déni de ce qui se passe réellement dans son âme.

Dieu veut combiner ce que nous savons intellectuellement de sa Parole, avec ce que nous ressentons dans nos cœurs. Ce n’est que là qu’Il appliquera sa vérité à nos émotions, comme Il l’a fait avec les psalmistes. C’est pour cela qu’il est essentiel de nous montrer honnêtes quand nous ressentons de la colère, de la déception, de la désillusion ou de la peur face à l’adversité. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’Il peut nous prendre dans ses bras, nous souffler sa vérité, guérir nos cœurs et nous donner le courage d’avancer à travers nos épreuves.

Je comprends que vous montrer sincère devant Dieu peut paraître terrifiant si vous n’êtes pas certain qu’Il vous aime. Je vous encourage à choisir de croire que Christ ne changera pas d’avis, car Il vous a aimé assez pour mourir pour vous. Vous pouvez lui amener vos craintes, vos larmes, vos préoccupations et vos colères.

Si vous traversez des épreuves en ce moment, prenez le temps « d’écrire à chaud », courez dehors pour hurler, déversez à Dieu tout ce que vous avez sur le cœur et puis isolez-vous avec lui et laissez-le vous apaiser par son amour. Je vous promets que vous le trouverez au cœur de la pluie de l’adversité, d’une manière qui dépasse votre imagination.

Shana Schutte est écrivaine-pigiste, auteure et oratrice. Elle vit à Colorado Springs dans le Colorado.

Cet article a été publié sur le site Focusonthefamily.com sous le titre « Honest to God ». Tous droits réservés © 2006 par Focus on the Family. Utilisation autorisée.

Nous ne pouvons voir le faitde se sentir désespéré

coMme une bénédictionque lorsque nous reconnaissons

que cela peut nous apporter une plus grande mesure de Christ.

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l a d é c o u v e r t e d ’ u n a m o u r p o u r l e s a r t s

par jeremy favreau

, L’été de <mes 7 ans

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JJ’adore la lecture. Depuis près de trente ans, je lis un peu de tout, à chacun de mes moments libres, et ce, à mesure de plusieurs livres à la fois. Je ne peux pas me vanter d’être le lecteur le plus rapide ni celui qui lit le plus de livres en une année (surtout depuis que j’ai des enfants !), mais je mérite néanmoins le titre de lecteur vorace. Toutefois, il n’en a pas toujours été ainsi.

Je n’oublierai jamais l’été de mes 7 ans. Je vivais avec mes parents dans un bungalow aux abords d’une petite ville bien ordinaire. Étant le cadet de mes frères et sœurs d’une bonne quinzaine d’années, je n’ai que de très rares souvenirs de leur présence à la maison quand j’étais petit. Mais cet été-là, ma sœur missionnaire, celle qui me faisait rêver d’aventures avec ses histoires de périples outre-mer, allait passer plus d’un mois dans la chambre juste à côté de la mienne ! Ma joie était à son comble.

Je ne me souviens plus trop si j’avais prévu des activités pour sa visite ou non, mais elle, de son côté, avait un plan en tête : elle ne repartirait pas de la maison sans m’avoir passionnément partagé son amour pour les arts. Nous avons passé des journées entières à écouter les derniers albums de musique chrétienne de 1985, à faire de la danse interprétative (et oui…), et surtout, à lire l’un des livres les plus extraordinaires jamais écrits : Les chroniques de Narnia. J’ai lu la série tant de fois depuis que je ne sais plus lequel des sept tomes nous avons lu cet été-là, mais une chose est sure : je ne suis plus la même personne depuis ce jour. La découverte de cet univers plus que réel où les enfants sont des héros et où les créatures les plus extraordinaires font partie intégrante de la société m’a tout simplement emballé. J’avais trouvé dans la lecture un moyen d’explorer ma créativité, d’exprimer mes émotions enfouies et aussi la permission de rêver sans gêne ni besoin de m’expliquer. J’avais découvert une passion à vie.

Cet épisode de ma vie témoigne de la meilleure technique d’évangélisation qui soit : le partage d’une passion. Cette évangélisation a lieu partout : qu’il s’agisse de l’enseignement envoutant d’un professeur à l’université, du sermon d’un prédicateur enflammé ou du faux-semblant d’une annonce publicitaire télévisée. Nous sommes constamment témoins de gens qui croient en la valeur de quelque chose et qui nous communiquent cette « bonne nouvelle » avec zèle et conviction. Par notre exubérance tout autant que par notre silence, nous influençons chaque jour nos enfants, amis et collègues à valoriser ou à mépriser telle ou telle chose. Nos interactions quotidiennes ne sont jamais sans effet. Puisque nous parlons ici des arts, quels messages propageons-nous à leur égard, que ce soit fait de manière intentionnelle ou non ?

Il existe une erreur fondamentale qui explique pourquoi certaines personnes ne se découvrent jamais de passion à déve-lopper et à partager. Cette erreur, c’est de croire que seulement certaines personnes sont créatives.

Il existe une différence majeure entre être un artiste profes-sionnel et être une personne créative. La créativité fait partie de chaque individu (bien que mieux cachée chez certains), puisque nous sommes tout un chacun créé à l’image du Créateur. Nous possédons donc tous une capacité créative.

Une autre erreur qui pousse les gens à nier leur côté créatif, c’est une vision trop resserrée de ce en quoi consiste l’art. L’art ne se résume pas à la musique, à la peinture et à la composition de romans. Tout ce que vous entreprenez avec sensibilité et conviction est une preuve de la nature créative en vous. La différence se situe dans la manière dont vous faites ce que vous faites, et non dans la nature de ce que vous faites.

Ne vous bornez pas à jouer d’un instrument parce que vous croyez que c’est la seule façon d’adorer Dieu. Qu’est-ce qui vous passionne et vous donne le sentiment d’être pleinement vivant ? En quoi ressentez-vous la joie de Dieu quand vous vous y appliquez ? Faites-le de tout cœur avec le souci de glorifier Dieu, et Il le recevra comme « un parfum de bonne odeur », pour employer une expression poétique de l’Ancien Testament. Expression qui exprime bien comment l’art se reconnait aussi par l’odorat, que vous soyez parfumeur ou, (ce qui est bien plus important selon moi), fin cuisinier !

Et finalement, ne croyez pas que votre passion artistique ne s’exprime que dans le faire. Votre amour pour les arts a aussi un effet remarquable par le simple fait de ce que vous le partagez. Quelques semaines en compagnie de ma sœur ont suffi pour me transmettre un amour infatigable pour la lecture. À moi qui, avant ce jour, avais un trouble d’apprentissage en lecture et n’y voyais aucun intérêt ! Ma sœur n’est ni musicienne ni écrivaine, mais la musique et l’écriture sont néanmoins devenues deux des parties importantes de ma vie. Je ne crois pas que ce serait le cas sans son influence.

Soyez créatifs sans retenue et exprimez haut et fort votre amour pour l’art, en particulier l’art qui reflète l’espérance face aux reliefs souvent noirs de notre monde souffrant. Vous ne savez pas quelle flamme votre passion peut allumer dans le cœur de quelqu’un qui vous observe.

Jeremy est le rédacteur en chef de Focus Famille. Originaire du Québec, il réside en Colombie-Britannique depuis maintenant 5 ans. Lui et Selene sont parents de trois petits garçons.

Tous droits réservés © 2016 Focus on the Family Canada Association.

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c r É a t i v i t É e t c u l t u r e

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AÀ l’automne de l’an 2000, un coup de téléphone inattendu a signé le début d’une extraordinaire aventure pour notre famille. Une aventure qui finirait par nous amener, mon mari et moi, à ouvrir nos portes et notre cœur à plus de dix enfants que nous avons adoptés ou accueillis chez nous. Alors que je me précipitais pour répondre au téléphone ce jour-là, je n’aurais jamais pu imaginer ce que Dieu nous réservait.

Notre foyer était déjà bien rempli. L’ainée de nos cinq enfants biologiques était mariée et vivait avec son époux, mais nos quatre garçons, tous adolescents, vivaient encore à la maison. Et l’année précédente, nous étions devenus famille d’accueil pour deux petites filles, qui avaient besoin de beaucoup d’amour. Nous étions donc une famille de huit personnes vivant dans une maison dotée de quatre chambres dans la banlieue de Vancouver.

Au bout du fil se trouvait une travailleuse sociale. « Nous avons un nourrisson, une petite fille. Est-ce que ça vous intéresse ? » me demanda-t-elle.

Bien sûr que ça m’intéressait ; j’étais aux anges ! J’ai raccroché avant de hurler : « Nous allons avoir une autre petite fille ! »

L’histoire de Julia était particulièrement triste. Dès avant sa naissance, elle avait subi l’alcoolisme de sa mère et la violence de ses parents, ce qui avait laissé des séquelles. Mais rien de tout cela ne changeait l’amour et l’acceptation complète que nous avions envers cette précieuse petite fille. Pourtant, au fond de moi, il y avait des questions avec lesquelles je luttais…. une peur incessante qui me tenaillait. En tant que famille d’accueil, Julia n’était pas « à nous ». Cette ombre planait sans cesse au-dessus de moi : la menace qu’elle pouvait nous être arrachée à tout moment par un nouveau coup de téléphone.

Un soir, alors que nous nous préparions à coucher Julia, Dan me demanda : « Joy, est-ce que tu l’aimes ? » Mes larmes trahirent l’angoisse que je ressentais.

« Il faut que tu lâches ta peur, » me dit-il d’une voix douce, « et que tu te laisses la permission de l’aimer complètement. » À cet instant, les larmes coulant librement le long de mes joues, nous avons redonné à Dieu le complet contrôle de nos vies.

Peu de temps après, nous avons appris que les parents biologiques de Julia avaient décidé de permettre son adoption. Dieu a non seulement trouvé un moyen pour que nous puissions garder Julia, mais il a aussi ouvert notre maison à d’autres

l’ h i s t o i r e d e J o y e t d a n

par joy loney avec catherine wilson

Treize enfants...

À quand le prochain ?

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P o r t r a i t D e f a m i l l e

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enfants. En faisant les démarches pour adopter Julia, nous avons découvert qu’elle avait un frère âgé de deux ans et une sœur de quatre ans qui étaient tous les deux en famille d’accueil. Plutôt que d’adopter un enfant, nous en avons alors adopté trois.

Un jour, alors que je faisais les courses avec Julia, je suis tombée sur sa mère biologique. Au cours de notre conversation, j’ai découvert que celle-ci était à nouveau enceinte et qu’elle avait l’intention d’avorter.

Mon cœur s’est immédiatement brisé. Je lui ai dit : « Je vous en prie, regardez votre bébé qui dort dans ma voiture. Je remercie Dieu chaque jour pour ce merveilleux enfant. Voulez-vous bien réfléchir à ce que vous allez faire à l’enfant qui grandit en vous ? » Elle a annulé son rendez-vous à la clinique d’avortement et a donné naissance à Joseph. Il a aujourd’hui neuf ans et il est le quatrième enfant que nous avons adopté. Comme les autres, nous l’aimons profondément.

Qu’avons-nous appris sur ce chemin de l’adoption ? Nous avons appris que Dieu prend des gens ordinaires et qu’Il rend leurs vies extraordinaires quand ils acceptent de se soumettre à sa volonté. Il peut œuvrer à travers vous pour faire des choses que vous n’auriez jamais cru possibles. Avant, j’étais

une personne timide, très réservée. Mais cela a changé alors que Julia était encore bébé. À de nombreuses occasions, je suis intervenue pour défendre les enfants qui sont dans le système social, qui est certes bien intentionné, mais aussi complètement débordé. Avant, j’avais peur même de mon ombre. Aujourd’hui, mon mari Dan plaisante en disant que c’est lui qui a peur de mon ombre !

Nous avons vu Dieu transformer de manière incroyable des enfants qui nous avaient été confiés. Il y a cinq ans, nous avons pris chez nous trois frères pour un placement en urgence. Au cours des premières semaines, leur comportement était tellement perturbateur que j’ai fini par me demander s’il était juste envers nos autres enfants de continuer à les garder chez nous. Puis, un soir, je leur chantais des berceuses pour les endormir quand l’un d’eux m’a demandé : « chante Jésus ! » Et c’est ce que j’ai fait. Partager avec eux le précieux amour de Jésus à travers une chanson a été le début de leur guérison. Ils ont pu faire l’expérience de la paix de Jésus et peu à peu se débarrasser de toute leur colère. Aujourd’hui, ce sont des enfants aimants et pleins de compassion ; je suis très fière de sortir en public avec eux.

Dan et moi, nous savons que Dieu a appelé notre famille à le servir à travers l’adoption et l’accueil d’enfants en difficulté. Ce n’est pas un chemin qui convient à tout le monde, mais je veux vous pousser à vous demander sincèrement si c’est un chemin sur lequel Dieu vous appelle aussi. Aujourd’hui, plus de 30 000 enfants canadiens n’ont pas la chance d’avoir un foyer sûr et aimant. La plupart d’entre eux vivent des choses très difficiles, qui les marqueront profondément. Et leurs blessures auront de réelles conséquences sur la société dans son ensemble. Nous avons besoin de maisons, de bras, de cœurs pour aimer ces enfants en attente.

Joy Loney et son mari Dan vivent près de Vancouver. Ils sont parents de cinq enfants biologiques, quatre enfants adoptés et quatre enfants placés chez eux par les services sociaux. Ils prennent aussi en charge provisoirement des enfants qui en ont besoin. Dan fait partie du conseil dirigeant de Focus on the Family Canada. En mars 2010, les Loney sont intervenus devant un comité parlementaire (HUMA) pour parler de leur approche concernant les mesures de soutien aux parents adoptifs par les autorités fédérales.

Certains noms ont été modifiés sur demande des protagonistes.

© 2011, Focus on the Family (Canada) Association. Tous droits réservés.

« Nous avons appris que Dieu prend des gens ordinaires et qu’Il rend

leurs vies extraordinaires quand ils acceptent de se soumettre à sa volonté. Il peut œuvrer à travers

vous pour faire des choses que vous n’auriez jamais

cru possibles. »

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P o r t r a i t D e f a m i l l e

Page 28: Focus famille - Hiver 2016

IIl y a quelques années, au moment de coucher mes trois enfants, je leur ai lu l’histoire d’un missionnaire qui avait passé trente ans de sa vie à servir Dieu au Népal. Je me suis rapidement rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’une histoire particulièrement propice à les endormir ; je les voyais complètement captivés et pleins de questions enthousiastes.

Comment Dieu va-t-il utiliser mes enfants dans l’avance-ment de son royaume ? me suis-je demandée. Le serviront-ils dans de lointains pays, immergés dans une cultur e étrangère ? Resteront-ils en Amérique du Nord, lumières au

milieu des ténèbres dans leur milieu de travail ? Quel que soit ce que l’avenir leur réserve, comme puis-je les aider à faire partie plus tard de ceux qui changent le monde ?

Alors que je réfléchissais à cette dernière question, une pensée s’imposa à moi de manière très claire : Apprends-leur à penser au-delà d’eux-mêmes et de leurs besoins personnels. Ceux qui changent le monde, comme le missionnaire de notre histoire, suivent l’exemple de Christ en servant. Ils pratiquent la bonté et sont capables de sacrifier leur propre confort pour le bien d’un autre.

c o m m e n t l e u r a p p r e n d r e à p e n s e r a u - d e l à d ’ e u x - m Ê m e s e t d e l e u r s b e s o i n s p e r s o n n e l s ?

par grace fox

28 f o c u s f a m i l l e . c a

Page 29: Focus famille - Hiver 2016

ServIr là Où l’On eSTJ’ai alors découvert que ma famille était entourée d’innom-

brables occasions de servir, bien que ce soit dans des choses très simples :

Quand des familles de missionnaires en congé nous ont rendu visite, nos enfants ont partagé leurs chambres avec leurs enfants. Nous avons transporté à l’école du dimanche et au club du mercredi les enfants qui voulaient y assister, mais dont les parents ne pouvaient pas les emmener. Nous avons invité nos amis à profiter de notre maison en bord de lac, les jours d’été où il faisait une chaleur écrasante. Nous avons amené des repas à une femme enceinte qui devait rester alitée et nous avons offert de conduire son enfant à l’école tant qu’elle ne pouvait pas le faire.Quand le mari d’une amie l’a quittée, nous l’avons régulièrement invitée avec ses enfants à venir souper et jouer à des jeux de société. Nous avons acheté du tissu et cousu une robe pour une petite fille dont la mère célibataire n’avait pas les moyens de lui en acheter.

S’en ouvrir au PèReServir les autres a aidé nos enfants à penser au-delà d’eux-

mêmes. Mais nous pouvions faire quelque chose de plus : prier pour le bien-être spirituel de nos enfants.

Honnêtement, parfois j’avais l’impression d’être un perroquet qui manquait de vocabulaire : « Seigneur, bénis mes enfants s’il-te plait. » Cela semblait tellement banal et plat.

Les choses se sont améliorées quand nous avons commencé à prier en nous appuyant sur la Parole de Dieu. Certains versets reflétaient bien nos besoins.

Comme nous voulions que nos enfants prennent exemple sur Christ, Philippiens 2.3-8 est devenu l’un de nos guides de prière préférés :

« Seigneur, enseigne à nos enfants à considérer les autres comme supérieurs à eux-mêmes. Qu’ils ne regardent pas seulement leurs propres intérêts, mais qu’ils regardent aussi les intérêts des autres. »

Nous avons aussi demandé à Dieu de bénir nos enfants, pas forcément en leur donnant la gloire, la richesse ou une vie facile, mais qu’à travers eux, on connaisse la voie du Seigneur sur la terre et son salut parmi toutes les nations (Psaumes 67.2-3).

Découvrir le résultaTDieu a honoré nos efforts et Il a répondu à nos prières. Plus de

dix ans après cette inoubliable histoire au coucher, notre aîné vient d’embarquer sur un bateau missionnaire pour participer à l’œuvre de Dieu à travers le monde. Alors que j’écris ces mots, le bateau est ancré à côté de l’île de Grenade qui vient d’être dévastée par un ouragan. L’équipage est en train de construire des abris pour ceux qui ont perdu leur maison.

Le deuxième étudie depuis deux ans dans une école biblique. Il voudrait ensuite enseigner l’anglais à l’étranger.

La dernière, qui a maintenant dix-huit ans, a passé trois semaines à animer des clubs bibliques au Mexique l’été dernier. Elle veut y retourner l’année prochaine.

Élever des personnes qui changent le monde, ça commence à la maison. Et à partir de là, c’est dans les mains de Dieu – et ça c’est vraiment excitant !

Grace vit en Colombie-Britannique avec son mari. Ils sont mariés depuis 32 ans et sont tous deux vice-présidents d’International Messengers Canada, un ministère offrant des possibilités de missions en Europe de l’Est. Ils ont trois enfants et cinq petits-enfants.

Cet article a été publié dans le numéro d’avril 2015 du magazine Discovery Years sous le titre « Serving as a family ». Tous droits réservés © 2015 par Grace Fox. Utilisation autorisée.

Seigneur, enseigne à nos enfants à considérer

les autres comme supérieurs à eux-mêmes. Qu’ils ne regardent pas

seulement leurs propres intérêts, mais qu’ils regardent aussi les intérêts

des autres.

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Page 30: Focus famille - Hiver 2016

élever des enfantsQui changerontle mo de

QQuel genre d’épouse serai-je dans vingt ou trente ans ? Serai-je plus aimante, plus dévouée à mon mari ? Est-ce que mon époux sera toujours heureux d’être marié avec moi ?

La première fois que je me suis posé cette question, j’étais à la maison avec nos trois enfants en bas âge. Je me suis rendu compte que mon mari, Joseph, descendait petit à petit dans la liste de mes priorités. J’ai vite réalisé à quel point il me serait facile de glisser dans un rôle d’épouse « par défaut ».

Mais je voulais éviter cela. Je voulais être épouse de manière intentionnelle et pouvoir dire à la fin de ma vie : « J’ai vraiment fait de mon mieux. »

Être intentionnel dans son mariage, cela veut dire que vous devez vous fixer un objectif. Quel est votre objectif en tant qu’épouse ?

Lorsque j’étais jeune mariée, je pensais avoir un objectif : développer une profonde intimité dans tous les domaines de mon mariage. Mais le problème c’est qu’en fait, je confondais mes objectifs et mes désirs.

Un objectif, c’est quelque chose que je veux et que j’ai le pouvoir de faire. Un désir, ce n’est pas quelque chose que je peux planifier, et le plus souvent je ne peux pas le contrôler.

Mon objectif était en fait un désir. Même si je voulais profondément vivre une réelle intimité dans mon mariage et que je priais pour cela, je ne pouvais pas contrôler le désir de mon mari pour une telle intimité. Je ne pouvais faire des choix que pour moi-même. Alors mon objectif et ma prière sont devenus :

Apprends-moi à être une épouse selon ton cœur

Seigneur.

J’ai transformé ce nouveau but en une déclaration d’intention pour mon mariage, un objectif écrit reflétant la personne que j’avais envie de devenir. Comme le gouvernail d’un bateau, cela a dirigé la barque de mon mariage pendant des années.

J’ai employé le mot FIDèLE pour en faire un acrostiche qui serait ma déclaration d’intention. Je sais que d’autres femmes ont aussi utilisé des passages de la Bible comme 1 Corinthiens 13 ou Philippiens 4.8 et les ont personnalisés.

Au milieu de l’agitation de la vie, des déceptions et des frustrations, il est facile de se laisser aller loin du plan de Dieu pour nous dans notre

mariage. Je vous implore pourtant, quelle que soit l’étape de votre vie où vous vous trouvez, faites preuve d’intentionnalité dans votre mariage ; considérez avec soin le genre d’épouse ou d’époux que vous voulez être. Engagez-vous à prier, à planifier et à persévérer.

Je suis mariée depuis quarante-sept ans maintenant, et mon mari et moi, nous récoltons les bénéfices d’avoir vécu notre mariage à dessein. Cela a demandé de la réflexion, du temps et des sacrifices, mais c’est un investissement qui se révèle en valoir largement la peine.

Linda est missionnaire, oratrice et auteure.

Cet article a été publié dans le numéro d’aout-septembre 2011 du magazine Thriving Family sous le titre « The wife you want to be ». Tous droits réservés © 2011 par Focus on the Family. Utilisation autorisée.

L’épouse que vous avez envie d’être

q u e l g e n r e d e F e m m e s e r e z - v o u s d a n s v i n g t a n s ?

par linda dillow

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Ê t r e É P o u s e

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d e s c o n s e i l s p o u r é ta b l i r d e s l i m i t e s s a i n e s t o u t e n l e u r m o n t r a n t d u r e s p e c t

par gary chapman

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c o m m u N i c a t i o N

Page 32: Focus famille - Hiver 2016

LL « La mère de mon mari veut me dire comment faire la cuisine. J’ai préparé mes repas toute seule pendant cinq ans avant de me marier. Je n’ai pas besoin de son aide. »

« Les parents de ma femme lui donnent de l’argent pour qu’elle s’achète des choses qui sont bien au-dessus de nos moyens. Je trouve cela insultant. J’aimerais bien qu’ils nous laissent gérer notre propre vie. »

« Les parents de mon mari nous rendent souvent visite à l’improviste. Parfois, je suis au milieu d’un projet que je dois finir. J’aimerais bien qu’ils respectent nos emplois du temps. »

Au cours de ces trente dernières années, de nombreuses personnes sont venues me voir dans mon cabinet pour me confier ce genre de choses. Avoir des difficultés avec ses beaux-parents est chose courante et cela comprend souvent des problèmes de contrôle, d’intrusion, de dérangement, ou encore des différences de valeurs et de traditions.

Se séparer de Ses parentsLa Bible nous donne deux directives quant à notre relation

avec nos parents une fois que nous sommes mariés. Tout d’abord, nous devons nous séparer de nos parents. « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Genèse 2.24). Selon Dieu, le mariage sous-entend que l’on « quitte » ses parents et que l’on « s’attache » à son mari ou à sa femme. Par conséquent, le mariage apporte un changement d’allégeance. Avant de se marier, l’allégeance d’une personne est envers ses parents ; après le mariage, cette allégeance se tourne vers son conjoint ou sa conjointe.

Par exemple, s’il y a un conflit d’intérêts entre l’épouse d’un homme et sa mère, le mari se doit de soutenir son épouse. Cela

ne signifie aucunement que la mère doit être traitée d’une façon rude, mais plutôt qu’elle n’est plus la première femme dans la vie du fils. Un couple n’atteindra pas le plein potentiel de son mariage sans cette rupture psychologique avec ses parents.

Le principe de la séparation devient crucial en particulier dans les prises de décisions. Vos parents et beaux-parents pourraient avoir des suggestions au sujet de nombreux aspects de votre vie de couple. Ces suggestions devraient être prises en considération. Cependant, vous devez prendre vos propres décisions en tant que couple. Il est important de ne pas permettre aux parents de vous manipuler à prendre une décision avec laquelle vous n’êtes pas tous les deux d’accord.

Honorer Ses parentsLe deuxième principe fondamental du mariage est celui

d’honorer nos parents (Exode 20.12). Ce commandement reste en vigueur après le mariage.

Le verbe honorer signifie démontrer du respect, ce qui suppose de traiter les gens avec gentillesse et dignité. Une épouse m’a dit : « Mes parents ne vivent pas des vies respectables. Comment puis-je les respecter alors que je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils font ? » Tous les parents ne vivent pas des vies honorables. Leurs actions ne sont peut-être pas dignes de respect, mais puisque Dieu leur a donné un rôle spécial dans nos vies, il est toujours juste d’honorer nos parents et nos beaux-parents.

Comment pouvons-nous faire preuve d’honneur envers nos parents dans la vie quotidienne ? En gardant les lignes de communication ouvertes — en leur rendant visite, en leur téléphonant et en leur envoyant des messages électroniques. Ce genre de communication transmet le message suivant : « Je

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c o m m u N i c a t i o N

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vous aime encore et je veux que vous fassiez partie de ma vie. » Un manque de communication leur dit : « Je ne me soucie plus de vous. »

Établir un reSpect mutuelEn nous séparant d’eux et en les honorant, nous posons une

fondation pour une relation de respect mutuel avec nos parents et nos beaux-parents. Malgré cela, il reste que ces relations ne sont pas toujours faciles. Laissez-moi vous suggérer quatre domaines où il vous faut redoubler de vigilance pour établir le respect mutuel :

les traditions des fêtes. Noël est la plus importante des fêtes. Vos parents et ceux de votre tendre moitié veulent tous vous voir le jour de Noël. À moins que vous ne viviez côte à côte, c’est probablement impossible. Il vous faut donc négocier une entente qui est juste et qui démontre du respect envers tous. Il s’agit peut-être de passer Noël chez vos parents et l’Action de grâce chez vos beaux-parents, en sous-entendant que l’ordre sera inversé l’année qui suit. Ou encore, peut-être voulez-vous établir vos propres traditions de Noël et ne rendre visite à personne. Cependant, ce deuxième choix sera probablement vu comme un signe de manque de respect, du moins jusqu’à ce que vous ayez des enfants.

les différences religieuses. Il est rare que deux individus qui se marient aient le même arrière-plan spirituel. Il se peut qu’ils soient tous deux chrétiens, mais ils sont souvent issus de traditions doctrinales distinctes. Il se peut donc que les parents aient des croyances fortes qui diffèrent des vôtres ou de celles de votre époux/se. Il se peut que certaines de leurs croyances religieuses ne soient pas vraies selon vous — certaines peuvent même contredire les vôtres. Mais nous devons faire preuve

de respect et offrir à chacun la même liberté que Dieu nous accorde. Lorsque les différences religieuses sont respectées, il règne une atmosphère positive dans laquelle il est possible de discuter ouvertement de questions religieuses. Vous pourriez alors même apprendre quelque chose l’un de l’autre.

la vie privée. Un jeune marié m’a dit : « Nous avons vraiment besoin d’aide avec ma mère et mon père. Nous ne voulons pas les blesser, mais il faut faire quelque chose. Nous ne savons jamais à quel moment ils viendront nous rendre visite, et parfois, c’est à un moment vraiment inopportun. »

« La semaine dernière, ma femme et moi étions d’accord pour coucher les enfants tôt afin d’avoir plus de temps pour faire l’amour. Les enfants se sont endormis vers 20 h, quand soudain, la sonnette a résonné et, à ma grande surprise, mes parents étaient là ! Comme vous pouvez l’imaginer, cette interruption a détruit notre rêve d’avoir une belle soirée romantique. »

J’ai dit à ce jeune marié que ses parents ne respectaient pas sa vie privée.

Il m’a répondu : « Je sais… mais nous ne savons pas quoi faire à ce sujet. »

Je lui ai alors dit : « Je vous suggère de parler à votre père en privé et de lui raconter ce qui est arrivé la semaine dernière. Si vous lui dites ce qui est arrivé, il y a de grandes chances pour qu’il l’explique à votre mère et qu’ils se mettent à vous appeler avant de venir vous rendre visite. »

J’ai revu ce couple quelques mois plus tard et la femme m’a dit ceci : « M. Chapman, merci beaucoup ! La mère de mon mari était d’abord contrariée et a complètement cessé de nous rendre visite pendant trois semaines. Puis nous avons rassuré ses parents en leur disant qu’ils étaient toujours les bienvenus, mais en leur expliquant qu’il serait préférable d’appeler au

Comment pouvons-nous faire preuve d’honneur envers nos parents dans la vie quotidienne ?

En gardant les lignes de communication ouvertes.

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c o m m u N i c a t i o N

Page 34: Focus famille - Hiver 2016

préalable pour nous demander si une visite nous convenait. Depuis ce jour, nous n’avons eu aucun problème. »

De nombreux couples laissent leur frustration envers leurs beaux-parents atteindre un tel niveau qu’ils s’en prennent à eux avec des paroles sévères et accusatrices et endommagent leur relation. Mais c’est en nous exprimant avec respect que nous sommes alors plus susceptibles d’en recevoir en retour.

les différences d’opinion et d’idées. Les Saintes Écritures nous indiquent que nous devrions chercher le conseil des autres pour prendre de sages décisions (Proverbes 11.14 ; 19.20). Vos beaux-parents ont peut-être plus d’expérience et de sagesse que vous — du moins dans certains domaines de la vie. Alors, demandez-leur conseil. Ensuite, vous et votre époux/se devez prendre la décision que vous croyez être sage.

Nos idées politiques, religieuses et philosophiques diffèrent souvent de celles de nos beaux-parents, alors ne pensez pas devoir toujours être en accord avec leurs idées. Toutefois, la vie de chacun peut être enrichie quand nous partageons nos idées

et réfléchissons à ce que les autres nous partagent. Il est aussi possible de respecter les idées des autres même lorsque nous ne sommes pas tout à fait d’accord avec eux : « Je comprends ce que vous dites, et d’un certain point de vue, cela fait sens. Puis-je vous dire mon point de vue à ce sujet ? » Puisque vous avez tout d’abord écouté, la personne sera plus susceptible de vous écouter à son tour. Ensuite, chacun de vous pourra évaluer ce qui a été dit. Parfois, une perspective différente peut nous aider à affiner nos propres idées et nous permettre d’avoir une approche de la vie qui a plus de sens. Le respect mutuel est donc à la base d’une relation saine avec vos beaux-parents.

Gary Chapman est l’auteur du livre à succès Les langages de l’amour.

Cet article a été publié dans le numéro de juin-juillet 2015 du magazine Thriving Family sous le titre « The Laws of In-Laws ». Tous droits réservés © 2015 par Gary D. Chapman. Utilisation autorisée.

•  demandez les choses au lieu de les exiger : « Vous serait-il possible de… » Plutôt que, « Si vous ne faites pas…, alors nous… »

•  ne parlez que pour vous-même : « Je ressens… quand je vous entends dire ceci :… » Plutôt que : « Vous êtes injuste envers nous. »

•  cherchez la négociation. commencez par une proposition : « Est-ce que cela vous conviendrait ? » Si cela ne convient pas, ajoutez : « Avez-vous des suggestions ? » Soyez prêts à trouver un terrain d’entente.

•  exprimez votre reconnaissance pour leurs idées : « J’apprécie vraiment le fait que vous partagiez vos idées avec moi. Je pense que je vous comprends mieux à présent, et ce que vous dites est très sensé. Laissez-moi vous dire mon point de vue à ce sujet. » Puisque vous les avez tout d’abord écoutés et que vous avez validé leurs idées, ils seront plus susceptibles de vous écouter.

•  posez des questions pour préciser le sens des propos : « Est-ce bien ce que vous êtes en train de me dire ? »•  soyez ouverts aux changements : « Nous préférons ceci, mais si cela vous tient tellement à cœur, nous sommes

prêts à changer puisque nous vous aimons. »

résoudre un conflit avec ses beaux-parents

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c o m m u N i c a t i o N

Page 35: Focus famille - Hiver 2016

FR16

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je m’a bonne au m aga zine

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un mot pour les parents d'enfantS

mariés

Depuis leur naissance, vous avez entrainé vos enfants à devenir autonomes. Vous leur avez enseigné à faire la cuisine, laver la vaisselle, faire leurs lits et prendre des décisions responsables. Ils sont maintenant mariés, et c’est le temps de célébrer leur indépendance. Vous devez les respecter comme étant vos égaux.

Cela ne veut pas dire que vous n’aiderez plus jamais vos enfants mariés, mais plutôt que dorénavant, vous leur deman-derez préalablement s’ils désirent votre aide. Un cadeau non désiré, c’est plus un fardeau qu’un cadeau. Les cadeaux ne devraient pas non plus être utilisés pour influencer un enfant marié. Dire « Nous t’achèterons une voiture si tu… », ce n’est pas un cadeau, mais une tentative de manipulation.

Une bonne règle à suivre pour les parents qui veulent donner des conseils à leurs enfants mariés est de le faire uniquement après que leurs enfants le leur demandent expressément. Si vos enfants ne font pas appel à votre sagesse, mais que vous voulez quand même leur en faire part, demandez-leur au moins la permission. Une bonne question à poser serait : « Aimerais-tu avoir mon point de vue à ce sujet ? » Les conseils non sollicités donnés à vos enfants mariés n’aident pas à établir une relation positive avec eux.

Vos enfants mariés ont besoin du soutien émotionnel qui provient d’une relation saine avec leurs parents et leurs beaux-parents. Et les parents ont besoin du soutien émotionnel qui provient d’une relation avec leurs enfants mariés. La vie est trop courte pour vivre des relations brisées. Nous ne serons pas toujours d’accord avec nos enfants mariés, mais nous pouvons leur offrir du respect et la liberté de prendre leurs propres décisions.

Page 36: Focus famille - Hiver 2016

en grandissant ?Que nos enfants deviennent astronautes ou zoologistes, nous voulons tous qu’ils réussissent. mais qu’en est-il de la personne qu’ils vont devenir ? focus famille canada a lancé le site Grandir dans l’intégrité, une ressource en ligne gratuite pour vous aider à donner envie à vos enfants de développer un caractère selon le cœur de Dieu !

le site web Grandir dans l’intégrité est conçu pour s’adapter à votre emploi du temps chargé. vous pouvez choisir les leçons et activités que vous voulez, ainsi que le moment où vous souhaitez les faire. rempli d’histoires bibliques, de jeux, de prières, d’activités manuelles et autres, Grandir dans l’intégrité vous aidera à donner à vos enfants la passion de vivre pour Dieu.

Qui votre enfantdeviendra-t-il

Rendez-vous sur Grandirdanslintegrite.com dès aujourd’hui !

Page 37: Focus famille - Hiver 2016

CChacun de mes quatre enfants pouvait vous dire « débar- bouillette » en tchèque : žínka. Malheureusement, c’est à peu près tout ce qu’ils connaissaient de leur héritage paternel bohémien, bien que quatre de leurs grands-parents aient été des immigrants de la première génération.

Comme beaucoup d’américains, nous nous régalions de corned beef et de chou pour la St-Patrick, préparions un repas mexicain pour célébrer Cinco de Mayo et nous commandions de la nourriture asiatique lors du nouvel an chinois. Nous avions l’habitude de célébrer d’autres cultures, mais en revanche, il ne semblait y avoir aucune place dans notre calendrier pour se réjouir de notre héritage tchèque.

Néanmoins, il était important pour moi que mes enfants sachent d’où et de qui ils venaient. J’ai donc décidé de choisir un jour de l’année pour célébrer leur héritage tchèque. Mon mari Tom et moi (la seule non-tchèque de la bande), avons fait des recherches sur son pays d’origine. Puisque le 28 octobre était la date à laquelle l’ex-Tchécoslovaquie était devenue un pays, nous avons choisi ce jour pour notre fête tchèque.

La famille de Tom ne vivait plus à côté de chez nous, mais je me suis rappelée de certains plats que sa grand-mère Babi nous préparait. Cuisiner du rôti de porc, c’était à ma portée. Les chaussons à la prune et le chou rouge n’étaient pas ce qu’il y avait de plus courant à dans notre menu, mais j’étais prête à essayer.

Pour le dessert, nous avons mangé des kolachkys, des petites pâtisseries farcies aux fruits. Comme la recette de Babi contenait des instructions aussi claires que « rajouter une demi coquille d’œuf d’eau », j’ai décidé de les acheter plutôt dans une pâtisserie bohémienne située à l’autre bout de la ville.

Pendant le repas, Tom a raconté l’histoire des tchèques et nous avons partagé des anecdotes concernant sa famille. Bien qu’ils n’ont pas pu se joindre à notre fête à cause de la distance, Tom a appelé sa mère plus tôt dans la journée, ce qui a permis de combler certains détails concernant l’héritage de nos enfants.

Nous avons continué à célébrer ce jour chaque automne, tout au long de leur enfance. Je me rappelle avoir entendu l’un de nos enfants dire à son ami que nous célébrions l’indépendance tchèque comme s’il s’agissait d’une chose tout à fait normale. Yes !

Des années plus tard, quand notre plus jeune fille est partie étudier à l’étranger, elle a choisi d’aller à Prague. Elle voulait se plonger dans son héritage, même si elle ne connaissait pas la langue – sauf, bien sûr, žínka !

Cet article a été publié dans le numéro de janvier-février 2012 du magazine Thriving Family sous le titre « Keeping Our Family in Czech ». Tous droits réservés © 2011 par Letitia Suk. Utilisation autorisée.

par letitia suk

v o s o r i g i n e s F a m i l i a l e s , u n t r é s o r p r é c i e u x à l e u r t r a n s m e t t r e

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t r a D i t i o N s f a m i l i a l e s

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le Tout dernier jour de Ma vie par alexandra fabre lopes

les pieds sur terre

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L

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Le meilleur conseil que l’on m’ait donné, c’est cette phrase que m’a souvent répétée mon humain préféré quand nous nous sommes rencontrés :

Vis aujourd’hui, tout en pensant au dernier jour de ta vie.

Depuis ce temps, cette phrase trotte dans ma tête et je m’imagine souvent dans soixante ans...

Je me balance dans mon fauteuil à bascule, toute ridée. Mon arthrite me démange et ma mémoire commence à me quitter… je sens que je vais bientôt partir. Alors je regarde derrière moi, et réfléchis à la manière dont j’ai vécu ma vie.

Du haut de mes quatre-vingt-six ans, de quelle manière aurai-je espéré vivre ces précieux jours qui m’ont été confiés ?

JEnseigne-nous à bien compter nos jours,

afin que notre cœur parvienne à la sagesse !psaume 90.12

Au dernier jour, je crois que j’aurais aimé vivre en consacrant mon cœur à l’essentiel. En donnant mon temps à ce qui est important.

Car pour être honnête, mon temps, je le perds souvent. Pour des choses futiles, par automatisme, par fatigue, par négligence. Parce que j’oublie que la manière dont je vis chaque journée qui m’est donnée participe à écrire l’histoire qui constitue ma vie. Parce que j’oublie que mon temps sur terre est limité.

Compter mes jours m’inspire au contraire à réfléchir à ce qui me distrait et vole mon temps. Compter mes jours m’inspire à lister ce qui est important.

C’est pourquoi j’ai gribouillé sur un bout de papier les passions, les dons et les relations que je me sens appelée à cultiver. Les choses auxquelles je voudrais consacrer mon cœur durant ces potentielles soixante prochaines années. Une liste d’essentiels que j’espère lire, prier et repenser régulièrement, à mesure que les années continuent de s’écouler.

JJe rêve d’accomplir une tâche grande et noble,

mais mon devoir principal est d’en accomplir de petitescomme si elles étaient grandes et nobles.

helen keller

Je crois aussi que j’aurai espéré accomplir chaque petite chose qui m’était confiée de manière attentionnée, consciencieuse-ment et avec un grand amour.

J’ai des rêves plein le coeur et je me demande parfois quelle est la grande mission pour laquelle Dieu m’a créée. Mais si je me souviens bien, Dieu m'a toujours guidée lui-même au moment

parfait, sur des belles routes que je n'avais pas imaginées. Du coup, je crois qu’il faut simplement me demander à chaque instant quelle est la prochaine petite chose à laquelle je suis appelée : rédiger cet article, envoyer une lettre à une amie, préparer un repas pour mon mari, discuter avec une personne sans abri... Répondre fidèlement à ces petites missions qui me sont confiées tout au long de la journée, en y mettant tout mon cœur. Autant de petites choses placées sous mon nez, qui pourraient impacter pour le bien ma famille, mon quartier, ma communauté. Autant de petites choses qui participent ainsi à faire grandir le royaume de Christ, petit à petit.

JAi-je été porteur de paix aujourd’hui ? Ai-je fait naitre

un sourire sur le visage de quelqu’un ? Ai-je prononcé des paroles qui guérissent ? Ai-je abandonné ma colère et mon

ressentiment ? Ai-je pardonné ? Ai-je aimé ? Voilà les vraies questions. Je dois croire que le petit peu d’amour que je

sème aujourd’hui portera de nombreux fruits, maintenant dans ce monde, et dans la vie à venir.

henri nouwen

Je crois enfin que j’aurai voulu avoir créé autour de moi une atmosphère lumineuse. Et avoit été une bénédiction pour les personnes que Dieu a placées sur mon chemin.

J’espère que j’aurai su accompagner ces personnes, les écouter, les aider. Que je leur aurai dit, dans mes mots, dans mes silences et par mes gestes, qu’elles sont précieuses.

Le problème, c’est que moi toute seule, assistée de mes maladresses et de mes impatiences égoïstes, je ne peux leur offrir qu’un amour limité. Mais je peux en revanche me ressourcer dans la présence de mon Père céleste, qui nous aime tous d’un amour parfait.

À la fin de ma vie, j’espère donc avoir consacré du temps à me laisser aimer par Lui, à le laisser me transformer et m’habiter. Afin que sa présence qui guérit, qui ramène paix et beauté, puisse rayonner, exactement là où il m’a plantée.

Si un jour, j’ai quatre-vingt-six ans, j’espère que je regarderai derrière moi le sourire aux lèvres et le cœur rempli de paix. J’espère que j’aurai vécu ma vie comme on lit une poésie. De manière belle, avec un grand soin et une immense tendresse. Me réjouissant à l’idée de retrouver celui qui m’a accompagnée fidèlement et avec amour depuis mon premier jour, jusqu’au tout dernier.

Alexandra Fabre Lopes est l’éditrice de Focus Famille. Après des études littéraires à Paris, elle a déménagé à Vancouver où elle s’est mariée avec son humain préféré, en août dernier.

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La manière dontnous passons nos journées,

c’est la manière dontnous passons nos vies.

ANNIE DILLARD