2

Click here to load reader

Formation professionnelle suisse Une école … · Dossier Dossier Formation professionnelle suisse 34 09 2003 eduQua en 2001 et l’évaluation ISO 9004, en 2003. Quel est, à votre

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Formation professionnelle suisse Une école … · Dossier Dossier Formation professionnelle suisse 34 09 2003 eduQua en 2001 et l’évaluation ISO 9004, en 2003. Quel est, à votre

Dossier DossierFormation professionnelle suisse

33

0920

03

D

BCH/FPS: De manière très générale, quels sont, àvotre avis, les éléments qui déterminent unebonne école professionnelle ou une école profes-sionnelle efficace?

Philippe Jeanneret: Il me semble qu’il convientde faire une distinction entre une bonne écoleet une école efficace. A mon avis, une bonneécole professionnelle est fondée sur un contratpédagogique avec chaque apprenti. En effet,une bonne école professionnelle, c’est uneécole qui permet aux apprentis d’atteindreleurs objectifs, ce qui inclus des paramètres pri-vés tels que l’épanouissement personnel parexemple. Finalement, une école efficace ou plu-tôt une école efficiente, c’est une bonne écolequi atteint ces résultats avec un minimum demoyens.

Avec un effectif d’environ 260 apprentis en août2003, l’Ecole professionnelle de Payerne appar-tient aux écoles de dimensions modestes. La pe-tite taille de l’école est-elle selon vous un facteurde réussite et d’efficacité?

Je pense qu’il s’agit là d’un faux problème. Au-dessus d’une taille critique qui se situe aux alen-tours de 200 à 250 élèves, la dimension del’école ne joue plus un rôle prioritaire dans laréussite des apprentis. Toutefois, notre école adû centrer son attention sur la classe et sur la di-mension interdisciplinaire au lieu de se focalisersur la notion de branches particulières. Dansune grande école, les professeurs enseignantune même branche sont relativement nom-breux et peuvent donc partager leurs savoirs etleurs expériences. Dans notre école en généralnous avons un, voire deux maîtres par disci-pline. Les seuls échanges possibles sont enconséquence interdisciplinaires et, dans cetteoptique je pense qu’à Payerne nous avonsréussi à mettre en place ce type d’approche pé-dagogique. D’autre part, la petite école a ungros avantage par rapport aux grands établis-sements: nous connaissons personnellementtous nos élèves et la qualité des contacts quenous entretenons avec eux ne peut être quefavorable à leur réussite scolaire.

Les récentes études de la Commission euro-péenne concernant les procédures d’évaluationdes écoles de tous les degrés ont démontré sanséquivoque le rôle essentiel du directeur d’un établ-issement scolaire pour favoriser la réussite de l’en-semble des élèves. Quelles sont, à votre avis, lescompétences essentielles pour diriger une écoleprofessionnelle?

Les compétences du directeur d’une école pro-fessionnelle peuvent être classées en trois caté-gories:– Les savoir-faire: la gestion des ressources hu-

maines (personnel enseignant et administra-tif), la mise en place d’un climat de travailmotivant en tenant compte des différentespersonnalités qui interagissent à l’intérieurd’une école.

– Les compétences du domaine et des métiersenseignés: dans le cas de notre école, il s’agitdes professions du commerce et de la vente.

– Les compétences techniques: la logistique etla gestion financière.

Une école professionnelle performante peut être larésultante de nombreux facteurs, mis à part l’indis-pensable rôle de chef d’orchestre joué par le di-recteur de l’école, et ce sont sont notamment: uneéquipe d’enseignants motivés et très qualifiés, uneculture d’école fondée sur un projet d’établisse-ment et des relations optimales avec les entre-prises régionales. Quels sont, selon vous, lesfacteurs prioritaires qui déterminent la réussite etles performances d’une école professionnelle?

Les facteurs les plus importants sont à mon avis:premièrement la culture d’école induite parune charte, deuxièmement un climat motivantet troisièmement des relations optimales avecles entreprises régionales.

Vous avez été un des pionniers de l’introductiondes démarches qualités dans les écoles profes-sionnelles suisses puisque l’EPP a été la premièreécole professionnelle commerciale certifiée ISO9001 en 1997. Elle a aussi participé, en 2002, auprix suisse d’excellence ESPRIX, basé sur unmodèle EFQM. Finalement, l’EPP a obtenu le label

Une école professionnelle à larecherche de l’efficience? Vous trouverez ci-dessous le résultat d’un entretien effectué par BCH/FPS avec M. Philippe Jeanneret, directeur de l’Ecole professionnelle de Payerne.

Interview:

Christian LéchenneMaître professionnel

Page 2: Formation professionnelle suisse Une école … · Dossier Dossier Formation professionnelle suisse 34 09 2003 eduQua en 2001 et l’évaluation ISO 9004, en 2003. Quel est, à votre

DossierDossier Formation professionnelle suisse

34

0920

03

eduQua en 2001 et l’évaluation ISO 9004, en2003. Quel est, à votre avis, l’apport le plus im-portant des démarches qualité à la gestion et aufonctionnement optimal d’une école profession-nelle?

L’apport principal de cet engagement vers laqualité est une réflexion sur notre métier dontles incidences ont été doubles: un climat de tra-vail différent et le maintien de la viabilité denotre école en dégageant une vision qui en per-met l’existence. En conséquence, le pilotage del’école s’effectue avec un objectif, partagé parles enseignants, qui est l’extension de l’école àune dimension intercantonale à l’égal du gym-nase intercantonal de la Broye, impliquant lescantons de Vaud et de Fribourg.

Votre établissement l’EPP a la réputation d’être of-ficieusement un établissement pilote dans de nom-breux domaines. Cette réputation représente-t-elleune motivation qui vous pousse à tenter d’autresinnovations?Il s’agit là d’une excellente chose. En effet, être«école-pilote» nous oblige à nous maintenir àla pointe dans le cadre de la formation. Toute-fois, nous n’acceptons pas toutes les innova-tions, car nous devons en premier lieu conso-lider les précédentes. Nous avons donc dûnotamment renoncer à certaines innovations,car nous sommes actuellement fortement en-gagés dans la mise en place de la nouvelle for-mation commerciale de base.

Malgré les incontestables succès de la formationduale en apprentissage, certains experts suissesou étrangers remettent en cause le modèle suissede formation à cause de ses lacunes dans le do-maine de la culture générale des apprentis. Lesqualifications des jeunes en formation duale se-ront-elles suffisantes pour prendre le virage de lasociété du savoir? D’autre part, la mise en placerécente des maturités professionnelles et la nou-velle formation commerciale de base représentent-elles des moyens assez efficaces pour résoudrecette problématique?La problématique de la culture générale neconcerne pas uniquement les apprentis. Actuel-lement, la culture générale se dégrade danstous les niveaux d’enseignement et concernel’ensemble de la population. L’introduction desmaturités professionnelles me semble aller dansle bon sens, et son succès ne trompe pas.

L’école professionnelle de l’avenir. Pouvez-vousdresser le portrait d’une école professionnelleidéale qui concrétiserait l’ensemble de vos projetset qui pourrait servir de modèle?

L’école professionnelle idéale devrait permettrede trouver une solution pour chacun de sesapprentis. L’école idéale n’existe pas. Il ne s’agitpas bien sûr d’obtenir le zéro échec aux exa-mens de fin d’apprentissage, ce qui ne prou-verait certainement pas la qualité de la forma-tion. Toutefois, l’idéal serait que les jeunes com-prennent qu’ils doivent travailler pour eux-mêmes et pour leur avenir professionnel.

Synthese et point de vue personnel

A l’heure actuelle diriger une école profes-sionnelle n’est pas une tâche aisée. En effet,les turbulences d’une société en mutationqui a perdu ses points de repère tradition-nels atteignent de plein fouet la formationgénérale et la formation professionnelle. Lamise en place des réformes et des change-ments nécessaires exige beaucoup d’énergie,de courage et de lucidité. Certes, le défi eststimulant si nous n’oublions pas l’essentieldans une formation qui se situe toujours au-delà des paramètres et des compétencesstrictement professionnelles. Les apprentisen formation ne peuvent pas être débités entranches de vie séparées artificiellement se-lon les différents rôles sociaux qu’ils doiventassumer. Nous avons toujours défendu cettevision unifiée de l’apprenti en formation quiest celle d’une personne jeune qui espère dela part des adultes – enseignants ou maîtresd’apprentissage – beaucoup d’attention etde respect.