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© Cned, Français 4e 114 Sommaire Séquence 11 Le valet dans la comédie Durée approximative de la séquence : 10 h 30 Séance 1 Dire un texte de théâtre Séance 2 Reconnaître un personnage type : le valet Séance 3 Comprendre le discours d’un valet à son maître Séance 4 Comprendre la protestation d’un valet Séance 5 S’amuser d’une situation inhabituelle Séance 6 Je m’évalue

Francais -Sequence-11.pdf - f2.quomodo.comf2.quomodo.com/0DC3D9A1/uploads/242/Francais -Sequence-11.pdf · - Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset. - Cyrano de Bergerac d’Edmond

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— © Cned, Français 4e114

Sommaire

Séquence 11Le valet dans la comédie

Durée approximative de la séquence : 10 h 30

Séance 1 Dire un texte de théâtre

Séance 2 Reconnaître un personnage type : le valet

Séance 3 Comprendre le discours d’un valet à son maître

Séance 4 Comprendre la protestation d’un valet

Séance 5 S’amuser d’une situation inhabituelle

Séance 6 Je m’évalue

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Séquence 11

Socle commun

Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items des compétences ci-dessous.

Différents items seront travaillés tout au long de l’année et l’an prochain, en troisième.

Tu es encore en phase d’apprentissage ; l’évaluation des compétences n’intervient véritablement qu’en fin d’année de troisième et s’effectue par un regard croisé dans toutes les matières.

COMPÉTENCE 1. La maîtrise de la langue française

Repérer des informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments implicites nécessaires.

Écrire lisiblement un texte.

Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir d’une consigne donnée.

Utiliser les principales règles orthographiques.

COMPÉTENCE 5. La culture humaniste

Connaître et pratiquer diverses formes d’expression à visée artistique.

COMPÉTENCE 7. L’autonomie et l’initiative

Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et sélectionner des informations utiles.

Identifier ses points forts et ses points faibles dans des situations variées.

Savoir s’auto-évaluer

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Séquence 11 — séance 1

Séance 1Dire un texte de théâtre

© Cned / N. Julo

Je peux lire aussi … Dans le cadre des deux séquences sur le théâtre (11 et 12), tu peux lire aussi en lecture cursive les textes suivants :

- Georges Dandin de Molière ou une autre pièce de cet auteur.

- Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset.

- Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand

- Une pièce du Théâtre en liberté de Victor Hugo.

Durée approximative : 1 h 30

Dans cette séquence, tu liras, diras - et même joueras si tu le souhaites - quelques extraits de comédies* des XVIIe et XVIIIe siècles. Cette séquence te permettra de réviser tes connaissances sur le théâtre et de découvrir différents valets de comédie.

Parallèlement à cette séquence, tu dois lire Le Cid de Pierre Corneille car la séquence 12 sera consacrée à son étude. Au cours de ta lecture, établis une fiche en te référant au document méthodologique en fin de livret.

Si tu n’as pas encore acheté Le Cid, préfère une édition scolaire, avec des notes.

Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance. Souligne-les.

Lis attentivement le chapeau en italique ci-dessous qui résume partiellement les premières scènes d’une pièce de Carlo Goldoni (1707-1793), Le Valet de deux maîtres. Cette pièce a d’abord été créée sous forme de canevas (c’est-à-dire de scénario), à partir duquel les comédiens improvisaient, avant d’être entièrement écrite en 1753.

L’action se déroule à Venise.

Truffaldin était le valet de Federigo Rasponi. Celui-ci a été assassiné. L’annonce de sa mort est démentie quand sa sœur Béatrice, déguisée en homme, se fait passer pour lui. Truffaldin se trouve donc sans le savoir au service de Béatrice Rasponi.

Truffaldin rencontre Florindo venant d’arriver à Venise. Il transporte sa malle dans l’hôtellerie et, lui faisant croire qu’il est sans maître, il accepte de devenir son valet.

Au moment de se rendre à la poste sur l’ordre de Florindo, Truffaldin rencontre Béatrice. Celle-ci lui ordonne de déposer sa malle à l’hôtellerie et de demander des lettres à la poste.

Maintenant, découvre la scène 10 de l’acte I en écoutant la piste 13 de ton CD.

Ensuite, écoute à nouveau la scène tout en la lisant.

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Séquence 11séance 1 —

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Acte I, scène X.TRUFFALDIN, puis SILVIO

TRUFFALDIN : Oh ! elle est bien bonne, celle-là ! Il y en a tant qui se cherchent un maître, et moi, j’en ai trouvé deux. Comment diable vais-je faire ? Je ne peux pas les servir tous les deux. Non ? Et pourquoi non ? Est-ce que ce ne serait pas une belle chose que de les servir tous les deux et de gagner deux salaires et de manger le double ? Ce serait magnifique, s’ils ne s’en apercevaient pas. Et s’ils s’en aperçoivent, qu’est-ce que j’ai à y perdre ? Rien. Si l’un des deux me chasse, je resterai avec l’autre. Foi d’honnête homme, je veux essayer. Même si cela ne doit durer qu’un jour, je veux essayer. Finalement, j’aurai tout de même réussi une jolie prouesse. En attendant, allons à la poste pour tous les deux.

Il se prépare à sortir.

SILVIO, qui est entré sur ces entrefaites, à part : Oui, je ne crois pas me tromper : c’est là le serviteur de Federigo Rasponi. (À Truffaldin : ) Mon brave homme !TRUFFALDIN : Monsieur ?SILVIO : Où est votre maître ?TRUFFALDIN : Mon maître ? Il est dans cette hôtellerie.SILVIO : Allez tout de suite le trouver et dites-lui que je veux lui parler. S’il est homme d’honneur, qu’il descende : je l’attends.TRUFFALDIN : Mais, cher monsieur…SILVIO, élevant la voix : Allez-y sur-le-champ.TRUFFALDIN : Mais sachez que mon maître…SILVIO : Ne discutez pas, ou par le ciel…TRUFFALDIN : Mais auquel voulez-vous parler ?SILVIO : Dépêche-toi ou je te ….

Il le menace du poing.

TRUFFALDIN, à part : Ma foi, je vais lui envoyer le premier que je rencontrerai.Il entre dans l’hôtellerie.

Carlo Goldoni, Le Valet de deux maîtres (1753)

A Un texte de théâtre

je sais déjàUn texte de théâtre est composé de répliques* et de didascalies écrites en italique.

Les didascalies sont toutes les parties du texte de théâtre qui ne sont pas dites par les comédiens :- indications d’actes et de scènes- noms des personnages (placés avant les répliques)- indications de décor, de costumes et d’accessoires- jeu des acteurs (déplacements, gestes, expressions du visage, intonations).

À l’exception des indications d’actes, de scènes et de noms de personnages, les didascalies sont écrites le plus souvent en caractères italiques (lettres penchées).

Remarque : au théâtre, on préfère le terme « comédien » à celui d’« acteur ».

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Séquence 11 — séance 1

1- a) Pour quelles raisons Truffaldin sert-il deux maîtres ? Relève les expressions qui l’indiquent dans sa première réplique.

b) Quel est l’effet produit sur le spectateur par l’expression « Foi d’honnête homme » (l. 7) ? Pour quelle raison ?

2- La première réplique de Truffaldin est-elle entendue de Silvio ? Justifie ta réponse.

3- Relis la première réplique de Silvio. À qui s’adresse-t-il ? Justifie ta ou tes réponses.

4- Pour quelle raison trois répliques de Truffaldin commencent-elles par « Mais » ?

5- a) Que remarques-tu concernant la longueur des répliques des lignes 18 à 23 ?

b) Entre les lignes 18 à 23, quelle ponctuation est utilisée à la fin des répliques de Truffaldin ? Qu’indique cette ponctuation ?

c) D’après tes réponses aux deux questions précédentes, précise sur quel rythme les répliques des lignes 18 à 23 doivent être dites.

d) Comment le comédien tenant le rôle de Silvio sait-il à quel moment il doit prendre la parole (l. 19, 21, 23) ?

6- a) À partir de quelle réplique le ton de Silvio se durcit-il ? Indique le numéro de ligne de cette réplique et justifie ta réponse.

b) Qu’est-ce qui confirme ta réponse précédente dans la suite de la scène ?

7- a) Comment Truffaldin réagit-il au geste de Silvio (l. 24) ? Relève la didascalie qui l’indique.

b) À ton avis, quel effet le geste de Silvio et la réaction de Truffaldin produisent-ils sur les spectateurs ?

8- Que risque-t-il de se produire dans la scène suivante ?

Vérifie tes réponses dans le livret des corrigés.

Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.

Les répliques

La réplique est la prise de parole d’un personnage.

La tirade est une longue réplique.

Le dialogue est un échange de répliques.

Le monologue est le discours d’un personnage qui se parle à lui-même alors qu’il est (ou se croit) seul sur scène (exemple : la première réplique de la scène que tu viens de lire).

L’aparté est le propos d’un personnage qui se parle à lui-même, à mi-voix. L’aparté n’est pas entendu par les autres personnages présents sur scène ; il est destiné aux spectateurs. Il est signalé par des didascalies telles que « à part », « en aparté », « à lui-même ».

Exemple :TRUFFALDIN, à part : Ma foi, je vais lui envoyer le premier que je rencontrerai.

je retiens

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Séquence 11séance 1 —

B À toi de jouer !

Tu vas maintenant lire les répliques des deux personnages.

Comme tu devras changer de voix, surligne ou colorie d’abord de deux couleurs différentes les répliques de chaque personnage.

Coup de pouce : Écoute à nouveau la piste du CD si tu le souhaites.

Je vérifie que… Fait

Je ne lis que les répliques des deux personnages, en changeant de voix.

Je lis les répliques en tenant compte des didascalies des lignes 11-12 (à part ; à Truffaldin), 19 (élevant la voix) et 25 (à part).

Je lis les répliques courtes des lignes 18 à 23 en adoptant un rythme rapide.

Tu peux éventuellement :

- choisir l’un des deux rôles et confier l’autre à l’un de tes proches ;

- jouer cette scène en faisant les gestes et les mouvements indiqués par les didascalies.

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Séquence 11 — séance 2

Séance 2Reconnaître un personnage type : le valet

Durée approximative : 2 h.

Tu sais déjà qui était Molière, dramaturge (auteur de pièces de théâtre) français du XVIIe siècle (1622-1673). Dans cette séance, tu vas lire une scène des Fourberies de Scapin que tu connais sans doute déjà, la scène du sac.

Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance. Souligne-les.

Lis maintenant un extrait de la scène 2 de l’acte III, tout en écoutant la piste 14 de ton CD.

Le valet Scapin veut se venger de Géronte (le père de son maître). Il oblige le vieil homme à se cacher dans un sac en lui faisant croire que des soldats veulent le tuer.

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Acte III, scène 2.SCAPIN, GERONTE.

SCAPIN, lui remettant la tête dans le sac. Prenez garde, voici une demi-douzaine de soldats tout ensemble. (Il contrefait plusieurs personnes ensemble.) « Allons, tâchons à trouver ce Géronte, cherchons partout. N’épargnons point nos pas. Courons toute la ville. N’oublions aucun lieu. Visitons tout. Furetons de tous les côtés. Par où irons-nous ? Tournons par là. Non, par ici. À gauche. À droite. Nenni. Si fait. » Cachez-vous bien. « Ah ! camarades, voici son valet. Allons, coquin, il faut que tu nous enseignes où est ton maître. » Eh ! Messieurs, ne me maltraitez point. « Allons, dis-nous où il est. Parle. Hâte-toi. Expédions. Dépêche vite. Tôt. » Eh ! Messieurs, doucement. (Géronte met doucement la tête hors du sac, et aperçoit la fourberie de Scapin.) « Si tu ne nous fais trouver ton maître tout à l’heure, nous allons faire pleuvoir sur toi une ondée de coups de bâton. » J’aime mieux souffrir toute chose que de vous découvrir mon maître. « Nous allons t’assommer. » Faites tout ce qu’il vous plaira. « Tu as envie d’être battu ? » Je ne trahirai point mon maître. « Ah ! tu en veux tâter ? » Oh !Comme il est prêt de frapper, Géronte sort du sac, et Scapin s’enfuit.

GERONTE Ah, infâme ! ah, traître ! ah, scélérat ! C’est ainsi que tu m’assassines !

Molière, Les Fourberies de Scapin (1671).

A Le comique

je sais déjàIdentifier les types de comique au théâtre :- le comique de langage (de mot) : jeux de mots, niveaux de langage, accents, imitations,

etc.- le comique de gestes : poursuites, coups de bâton, grimaces, etc.

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Séquence 11séance 2 —

- le comique de répétition : de mots, de gestes.- le comique de caractère : fondé sur un trait de caractère d’un personnage (par exemple la

naïveté, la bêtise).- le comique de situation : un malentendu (un quiproquo), une situation ridicule.

1- a) « contrefait » (l. 2) : recherche le sens de ce mot dans un dictionnaire.

b) « Il contrefait plusieurs personnes ensemble. » (l. 2-3). Quelle consigne cette didascalie donne-t-elle au comédien qui joue le rôle de Scapin ?

c) Dans la tirade* de Scapin, à quoi correspondent les propos placés entre guillemets ?

d) À quel type de comique peux-tu associer cela ?

Vérifie tes réponses.

Observe l’image suivante puis réponds aux questions.

Les Fourberies de Scapin de Molière. Daniel Sorano et Bousquet. Paris, théâtre de l’Œuvre, juin 1950 © Studio Lipnitzki / Roger-Viollet

2- a) Qui est dans le sac ?

b) Qu’a fait Scapin ?

c) À quel type de comique cela renvoie-t-il ?

d) Quel coup de théâtre se produit-il ?

e) À quel type de comique cela renvoie-t-il ?

f) Que comprend alors Géronte ?

g) À quel type de comique cela renvoie-t-il ?

Vérifie tes réponses.

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Séquence 11 — séance 2

3- Complète le tableau suivant en précisant les types de comique.

Le comique de ......................... : Scapin contrefait sa voix pour imiter des soldats ;

Le comique de ......................... : Géronte se révèle naïf ;

Le comique de ......................... : Scapin donne des coups de bâton à Géronte ;

Le comique de ......................... : Géronte est enfermé dans un sac.

Coup de pouce : Tu peux consulter le « Je sais déjà » au début de cette partie A .

Vérifie tes réponses.

B Identifier un type de valet

je sais déjà

La Commedia dell’arte

Dans la Commedia dell’arte, théâtre professionnel italien né au XVIe siècle, les comédiens improvisaient à partir de canevas (de scénarios). Le jeu des comédiens était très physique (poursuites, cabrioles, mime, coups de bâton, etc.).

Les costumes et les masques permettaient d’identifier les personnages-types, dont celui du valet (Arlequin, Polichinelle, ou Brighella).

1- a) Recherche dans un dictionnaire le sens du mot « scélérat » (l. 17)

b) Explique pourquoi Scapin est un « scélérat ».

2- À l’aide d’un dictionnaire, recherche un synonyme du mot « fourberie » (l. 10)

3- Pourquoi peut-on dire que Scapin et Truffaldin sont des menteurs ?

Vérifie tes réponses, puis lis attentivement le « Je retiens » qui suit.

Le personnage du valet dans la comédie

Le valet est un personnage-type de la Commedia dell’arte dont s’inspirent des auteurs comme Molière ou Goldoni. Doté de nombreux défauts, comme la fourberie (il ment et trompe), il a pour principale fonction d’amuser le spectateur.

je retiens

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Séquence 11séance 2 —

C Exercice d’écriture

Cet exercice te permet de t’entraîner pour le devoir car tu devras rédiger un texte de théâtre.

Invente la suite immédiate de la scène de Molière : dans cette scène 3 d’une quinzaine de lignes, Géronte prend sa revanche sur Scapin qui vient de l’humilier.

Lis bien les consignes dans le tableau ci-dessous. Rédige d’abord la scène au brouillon. Quand tu auras fini, vérifie que tu as bien respecté les consignes. Recopie ensuite ton texte sur ton cahier.

Je vérifie que… Fait • Les noms des personnages sont placés avant les répliques.

• Les didascalies indiquent aux comédiens tout ce qu’ils doivent faire ; elles sont soulignées (puisque tu ne peux pas écrire en caractères italiques).

Coup de pouce. On peut imaginer que Géronte s’est emparé du bâton.

• L’enchaînement des répliques de Scapin et Géronte est cohérent (tu peux utiliser deux couleurs au brouillon et lire la scène à voix haute)

• Les types de répliques sont variés : répliques courtes, apartés, etc. (tu peux relire la rubrique « Je retiens » de la séance 1)

La scène est comique : au moins deux types de comique sont utilisés (tu peux relire la rubrique « Je sais déjà » de cette séance 2, partie A).

L’expression est correcte.

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

© N.Julo/Cned/2012

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Séquence 11 — séance 3

Séance 3Comprendre le discours d’un valet à son maître

Durée approximative : 2 h.

Dans les textes des séances précédentes, les valets provoquaient le rire. Cette séance t’invite à découvrir une autre fonction du valet, dans une comédie de Molière, Dom Juan.

Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance. Souligne-les.

Lis maintenant l’extrait d’une scène de Dom Juan tout en écoutant la piste 15 de ton CD.

Don Juan, qui est infidèle à son épouse Done Elvire, vient d’abandonner celle-ci en quittant leur domicile. Il s’entretient avec son valet Sganarelle qui l’aide à mener à bien ses rencontres amoureuses.

Remarque : Le titre de la pièce s’écrit Dom Juan mais le nom du personnage s’écrit Don Juan.

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Acte I, scène 2.DON JUAN, SGANARELLE

SGANARELLE : Moi, je crois, sans vous faire tort, que vous avez quelque nouvel amour en tête.DON JUAN : Tu le crois ?SGANARELLE : Oui.DON JUAN : Ma foi ! tu ne te trompes pas, et je dois t’avouer qu’un autre objet1 a chassé Elvire de ma pensée.SGANARELLE : Eh ! mon Dieu ! je sais mon Don Juan sur le bout du doigt, et connais votre cœur pour le plus grand coureur du monde : il se plaît à se promener de liens en liens, et n’aime guère à demeurer en place.DON JUAN : Et ne trouves-tu pas, dis-moi, que j’ai raison d’en user de la sorte ?SGANARELLE : Eh ! Monsieur.DON JUAN : Quoi ? Parle.SGANARELLE : Assurément que vous avez raison, si vous le voulez ; on ne peut pas aller là contre. Mais si vous ne le vouliez pas, ce serait peut-être une autre affaire.DON JUAN : Eh bien ! je te donne la liberté de parler et de me dire tes sentiments.SGANARELLE : En ce cas, Monsieur, je vous dirai franchement que je n’approuve point votre méthode, et que je trouve fort vilain d’aimer de tous côtés comme vous faites.DON JUAN : Quoi ? tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet1 qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer2  d’un  faux honneur d’être fidèle,  de  s’ensevelir  pour toujours dans une passion, et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! Non, non : la constance3 n’est bonne que pour des ridicules4; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos coeurs. Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je

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Séquence 11séance 3 —

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cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne. J’ai beau être engagé5, l’amour que j’ai pour une belle n’engage point mon âme à faire injustice aux autres […] je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre6, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.SGANARELLE : Vertu de ma vie, comme vous débitez ! Il semble que vous avez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre.DON JUAN : Qu’as-tu à dire là-dessus ?SGANARELLE : Ma foi ! j’ai à dire … je ne sais ; car vous tournez les choses d’une manière, qu’il semble que vous avez raison ; et cependant il est vrai que vous ne l’avez pas. J’avais les plus belles pensées du monde, et vos discours m’ont brouillé tout cela. Laissez faire : une autre fois je mettrai mes raisonnements par écrit, pour disputer7 avec vous.DON JUAN : Tu feras bien.SGANARELLE : Mais, Monsieur, cela serait-il de la permission que vous m’avez donnée, si je vous disais que je suis tant soit peu scandalisé de la vie que vous menez ?DON JUAN : Comment ? quelle vie est-ce que je mène ?SGANARELLE : Fort bonne. Mais, par exemple, de vous voir tous les mois vous marier8 comme vous faites…DON JUAN : Y a-t-il rien de plus agréable ?SGANARELLE : Il est vrai, je conçois que cela est fort agréable et fort divertissant, et je m’en accommoderais assez, moi, s’il n’y avait point de mal ; mais, Monsieur, se jouer ainsi d’un mystère sacré9, et…DON JUAN : Va, va, c’est une affaire entre le Ciel10 et moi, et nous la démêlerons bien ensemble, sans que tu t’en mettes en peine.SGANARELLE : Ma foi ! Monsieur, j’ai toujours ouï dire11 que c’est une méchante raillerie12 que de se railler du Ciel, et que les libertins13 ne font jamais une bonne fin14.DON JUAN : Holà ! maître sot, vous savez que je vous ai dit que je n’aime pas les faiseurs de remontrances15.SGANARELLE : Je ne parle pas aussi à vous, Dieu m’en garde. Vous savez ce que vous faites, vous ; et si vous ne croyez rien, vous avez vos raisons ; mais il y a de certains petits impertinents dans le monde, qui sont libertins sans savoir pourquoi, qui font les esprits forts, parce qu’ils croient que cela leur sied bien16 ; et si j’avais un maître comme cela, je lui dirais fort nettement, le regardant en face : « Osez-vous bien ainsi vous jouer au Ciel17, et ne tremblez-vous point de vous moquer comme vous faites des choses les plus saintes ? C’est bien à vous, petit ver de terre, petit mirmidon18 que vous êtes (je parle au maître que j’ai dit), c’est bien à vous à vouloir vous mêler de tourner en raillerie ce que tous les hommes révèrent19 ? Pensez-vous que pour être de qualité20, pour avoir une perruque blonde et bien frisée, des plumes à votre chapeau, un habit bien doré, et des rubans couleur de feu (ce n’est pas à vous que je parle, c’est à l’autre), pensez-vous, dis-je, que vous en soyez plus habile homme, que tout vous soit permis, et qu’on n’ose vous dire vos vérités ? Apprenez de moi, qui suis votre valet, que le Ciel punit tôt ou tard les impies21, qu’une méchante vie amène une méchante mort22, et que… » DON JUAN : Paix !

Molière, Dom Juan (1663)

Notes :1. « objet » : désigne ici une femme.2. « se piquer » : se vanter.3. « la constance » : la fidélité.

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Séquence 11 — séance 3

4. « des ridicules » : des personnes ridicules.5. « engagé » : Don Juan est marié à Done Elvire.6. « Alexandre » : Alexandre fut un grand conquérant de l’Antiquité grecque.7. « pour disputer avec vous » : pour en discuter, pour en débattre avec vous. 8. « tous les mois vous marier comme vous faites » : il s’agit des nombreuses liaisons amoureuses de Dom Juan

qui promet le mariage à ses conquêtes féminines.9. « se jouer ainsi d’un mystère sacré » : Sganarelle critique la légèreté avec laquelle son maître considère le lien

sacré du mariage.10. « le Ciel » : Dieu.11. « ouï dire » : entendu dire.12. « raillerie » : moquerie.13. « les libertins » : ceux qui ont des comportements d’indépendance à l’égard des règles établies (religieuses,

sociales, morales).14. « une bonne fin » : une bonne mort (par opposition à une « méchante mort », ligne 61).15. « les faiseurs de remontrances » : les donneurs de leçons.16. « leur sied bien » : leur convient bien.17. « vous jouer au Ciel » ; « vous jouer du Ciel » : vous moquer de Dieu.18. « petit mirmidon » : expression méprisante pour désigner un être insignifiant.19. « ce que tous les hommes révèrent » : allusion à Dieu.20. « de qualité » : noble.21. « les impies » : ceux qui ne sont pas pieux, qui n’ont pas de religion.22. « une méchante mort » : une mort en état de péché.

A La relation du valet et de son maître

1- a) Ligne 11, par quel nom Sganarelle désigne-t-il son maître ?

b) Lignes 1 à 18, quel pronom chaque personnage utilise-t-il pour s’adresser à l’autre ?

c) Qu’en conclus-tu sur la relation entre ces deux personnages ?

d) À la ligne 7, quelle expression, comprenant un déterminant de première personne, semble contredire ta réponse précédente ?

2- a) Relis les répliques de Sganarelle situées entre les lignes 13 et 44. Les paroles que Sganarelle adresse à Don Juan sont-elles celles d’un valet envers son maître ? Justifie ta réponse par une ou deux citations.

b) Qu’est-ce qui autorise ces propos de Sganarelle ?

3- a) Sur quel sujet Sganarelle critique-t-il le mode de vie de son maître ? Justifie ta réponse.

b) Selon Sganarelle, en quoi le mode de vie de Don Juan est-il contraire à la religion ? Justifie ta réponse.

4- a) Juste avant la tirade de Sganarelle (l. 55 à 69), comment Don Juan appelle-t-il son valet et à qui l’associe-t-il ?

b) Pour quelles raisons Don Juan, qui écoutait son valet, l’interrompt-il ainsi ? Justifie tes réponses.

c) À la fin de l’extrait, relève la phrase exclamative de Don Juan. Pour quelle raison réagit-il ainsi ?

d) Qu’en déduis-tu sur la liberté de parole du valet Sganarelle ?

Vérifie tes réponses.

© Cned, Français 4e — 127

Séquence 11séance 3 —

B Comprendre la tirade de Sganarelle (l. 55 à 69)

1- a) Quelle précaution Sganarelle prend-il dès le début de sa tirade?

b) Que confirment les deux éléments placés entre parenthèses dans la tirade ?

c) Quel est l’effet produit sur les spectateurs par ces précisions de Sganarelle ?

d) Les guillemets ne s’emploient pas dans un texte de théâtre. Pour quelle raison sont-ils employés dans la tirade de Sganarelle ?

2- a) « C’est bien à vous, petit ver de terre, petit mirmidon que vous êtes (je parle au maître que j’ai dit.) » (l. 61-62). Qui Sganarelle désigne-t-il par « vous » ?

b) « petit ver de terre, petit mirmidon » : quel est l’effet produit par ces expressions de Sganarelle sur les spectateurs ? Pour quelle raison ?

3- a) Recopie et complète le tableau qui suit.

Propos de Sganarelle lorsqu’il critique directement son maître au début de l’extrait :

Propos de Sganarelle lorsqu’il feint (fait semblant) de critiquer un maître imaginaire :

« je suis tant soit peu scandalisé de la vie que vous menez » (l. 41)

« se jouer ainsi d’un mystère sacré » (l. 48)

« les libertins ne font jamais une bonne fin » (l. 52)

b) Quelle conclusion peux-tu tirer de la comparaison des deux colonnes ?

Vérifie tes réponses, puis lis attentivement le « Je retiens » qui suit.

Les enjeux de la comédie

La comédie, destinée à distraire les spectateurs, suscite le rire, mais elle aborde parfois des sujets sérieux et fait réfléchir.

Dans Dom Juan, Le valet Sganarelle, qui désapprouve le mode de vie de son maître, se pose en donneur de leçons.

je retiens

— © Cned, Français 4e128

Séquence 11 — séance 3

C Exercice d’écriture

Dans une scène théâtrale d’une dizaine de lignes, invente un dialogue entre un patron et son employé.

Coup de pouce : Le patron se vante d’être très humain envers son personnel. L’employé s’attache à démontrer qu’il est, au contraire, tyrannique et refuse systématiquement une augmentation aux employés méritants.

Lis bien les consignes dans le tableau ci-dessous. Rédige d’abord la scène au brouillon. Quand tu auras fini, vérifie que tu as bien respecté les consignes. Recopie ensuite ton texte sur ton cahier.

Je vérifie que… Fait Je mentionne les noms des personnages avant les répliques (tu peux simplement écrire : L’EMPLOYÉ et LE PATRON).

J’insère des didascalies et je les souligne.

L’enchaînement des répliques est cohérent.

Comme dans le texte de Molière, l’employé prononcera une tirade qui critique de manière indirecte son patron.

La dernière réplique du patron met un terme brusque à l’échange.

Je veille à la qualité de l’expression.

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

© N.Julo/Cned/2012

© Cned, Français 4e — 129

Séquence 11séance 4 —

Séance 4Comprendre la protestation d’un valet

Durée approximative : 2 h.

Avec le personnage de Sganarelle qui fait la leçon à son maître, tu as compris que le valet n’a pas qu’une fonction comique : il peut faire réfléchir.

Beaumarchais (1732-1799) a écrit plusieurs pièces de théâtre mettant en scène le valet Figaro. Dans cette séance, tu vas lire le début d’une scène du Mariage de Figaro.

Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance. Souligne-les.

Tu vas maintenant écouter la piste 16 de ton CD et lire en même temps le début de la scène.

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Figaro, valet du comte Almaviva, s’apprête à épouser Suzanne qui est au service de la comtesse. Le comte, profitant de son pouvoir de seigneur, veut empêcher le mariage pour séduire Suzanne. Les deux femmes mettent au point un stratagème pour confondre le comte : c’est la comtesse, déguisée avec les vêtements de Suzanne, qui se rendra au rendez-vous que celle-ci a donné au Comte.Figaro, qui croit que Suzanne cèdera aux avances du comte, est venu le soir au lieu du rendez-vous pour les surprendre. Il exprime à voix haute ses sentiments.

Acte V, scène 3.FIGARO, seul, se promenant dans l’obscurité, dit du ton le plus sombre : Ô femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante1 !... nul animal2 créé ne peut manquer à son instinct : le tien est-il donc de tromper ?... Après m’avoir obstinément refusé quand je l’en pressais devant sa maîtresse3 ; à l’instant qu’elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie4... Il riait en lisant5,  le  perfide  !  et moi comme un benêt6… Non, monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas… vous ne l’aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !... Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement7, qu’on n’en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes8 : et vous voulez jouter9… On vient… c’est elle… ce n’est personne. - La nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari quoique je ne le sois qu’à moitié ! (Il s’assied sur un banc.) Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? Fils de je ne sais pas qui, volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs10, je m’en dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé !

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée (1784)

Notes :1. « décevante » : trompeuse (sens ancien).2. « animal » : être animé.3. « sa maîtresse » : la comtesse Rosine, épouse du comte.4. « la cérémonie » : les noces de Figaro et Suzanne.5. « en lisant » : il s’agit d’un message de Suzanne.

— © Cned, Français 4e130

Séquence 11 — séance 4

6. « un benêt » : un idiot.7. « plus de science et de calculs pour subsister seulement » : Figaro veut dire que pour survivre, il lui a fallu

être particulièrement ingénieux.8. « toutes les Espagnes » : l’Espagne et les territoires espagnols (la pièce se déroule près de Séville).9. « vous voulez jouter » : vous voulez vous mesurer à moi (dans la mesure où Almaviva convoite lui aussi

Suzanne). 10. « dans leurs mœurs » : les mœurs des bandits.

A Comprendre un monologue

1- a) À quoi vois-tu que cette réplique est un monologue ?

b) Pour quelle raison Figaro éprouve-t-il le besoin de s’exprimer de cette façon ?

c) Entre les lignes 1 à 7, relève une expression, répétée deux fois, qui laisse entrevoir la suite de l’intrigue (des événements) au spectateur.

d) À quelle suite peut-on s’attendre ?

2- Quel sentiment la répétition (l. 6), les points de suspension (l. 5, 6, 7) et les phrases exclamatives (l. 5 et 7) expriment-ils ?

3- Quel effet l’ensemble du monologue peut-il produire sur les spectateurs ?

Vérifie tes réponses, puis lis attentivement le « Je retiens » qui suit.

L’intérêt du monologue

Contrairement aux répliques de dialogue qui semblent naturelles (comme une conversation réelle), le monologue présente un caractère artificiel car le personnage parle seul à haute voix (ce qui est tout à fait inhabituel dans la réalité).

Le monologue permet au personnage :

- d’exprimer sans réserve ses émotions, ses sentiments et ses pensées,

- de raconter sa vie et des événements passés,

- de révéler ses projets, ce qui laisse entrevoir aux spectateurs la suite de l’intrigue*. (« Vous ne l’aurez pas » : Figaro ne renoncera pas à son mariage avec Suzanne).

je retiens

B Dénoncer une injustice

1- a) Montre que tout oppose le comte et Figaro en reliant par une flèche les éléments de chaque colonne :

Le comte Figaro

« vous êtes un grand seigneur » • • « il m’a fallu déployer plus

de science et de calculs »« Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? » • • « Fils de je ne sais pas qui »

« Vous vous êtes donné la peine de naître » • • « élevé dans leurs mœurs »

[ les mœurs des bandits]

b) Cette opposition est-elle simplement la marque d’une rivalité amoureuse entre les deux hommes ? De quel type d’opposition s’agit-il ?

© Cned, Français 4e — 131

Séquence 11séance 4 —

2- a) « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. » (l. 8-9). Quels sont ces biens ? Relève l’expression qui l’indique dans la ou les lignes précédentes.

b) Quelle injustice Figaro dénonce-t-il dans la phrase de la ligne 9 ?

3- Que laisse penser la fin de l’extrait : « et partout je suis repoussé ! » ?

Vérifie tes réponses.

4- a) Quelle est la date de création de cette pièce ?

b) Quel événement important de l’Histoire de France surviendra bientôt ?

c) Quel mouvement de pensée s’est imposé au XVIIIe siècle ?

Coup de pouce : Tu l’as vu dans la séquence 2 de ton cours d’histoire (séance 2).d) En t’aidant de tes trois dernières réponses, montre que ce monologue est le reflet de

cette époque.

Vérifie tes réponses, puis lis le « Je retiens » qui suit.

Figaro : un valet des Lumières

Le valet Figaro proteste contre les inégalités sociales. Au XVIIIe siècle, appelé siècle des Lumières, des philosophes ont réfléchi sur ce sujet.

je retiens

C Apprendre les déterminants indéfinis

1- Lis l’extrait suivant : « nul animal créé ne peut manquer à son instinct »« Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? »a) Dans ces deux passages, encadre les noms.

b) Souligne les déterminants.

c) Quel est celui qui marque la possession ?

d) Quel renseignement apportent les deux autres déterminants ?

Vérifie tes réponses.

Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.

Les déterminants indéfinisLe déterminant indéfini ne donne pas d’indications précises sur le nom (ou le groupe nominal) qu’il détermine. Il apporte généralement une information assez vague.On peut citer : « divers », « tel », « chaque », « certains », « n’importe quel », « tout ».Certains déterminants indéfinis expriment la quantité : « tant de », « plusieurs », « quelques ».Les déterminants indéfinis exprimant une quantité nulle (nul, aucun) et s’emploient avec des adverbes de négation (ex. : « nul animal créé ne peut manquer… »)Tous les déterminants s’accordent en genre et en nombre avec le nom qu’ils déterminent, sauf « chaque » qui ne s’emploie qu’au singulier.

je retiens

— © Cned, Français 4e132

Séquence 11 — séance 4

2- Complète les phrases en utilisant les déterminants indéfinis de la liste qui suit : tel, nul, chaque, plusieurs, certains, divers. Si nécessaire, accorde-les.

................ homme n’est au-dessus des lois.

................ personne est prise qui croyait prendre.

................ comédien joue son rôle.

................ événements ont favorisé la contestation révolutionnaire.

................ philosophes ont été très engagés dans l’esprit des Lumières.

Vérifie tes réponses.

D Exercice d’écriture

Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture. Tu vas te glisser dans le costume d’un Figaro du XXIe siècle.

Dans un monologue, exprime ta révolte contre une injustice qui te touche.

Coup de pouce : Tu peux penser par exemple à la faim dans le monde ou au racisme.

Lis bien les consignes dans le tableau ci-dessous. Rédige d’abord le monologue au brouillon. Quand tu auras fini, vérifie que tu as bien respecté les consignes. Recopie ensuite ton texte sur ton cahier.

Je vérifie que… Fait

dans ce texte d’une dizaine de lignes, j’expose clairement le motif de ma révolte.

dans une ou deux lignes, comme Figaro s’adressant au comte absent, j’apostrophe la ou les personne(s) que je vise.

j’écris des didascalies pour préciser la position du personnage et éventuellement un changement de position à l’intérieur du monologue.

je veille à la qualité de l’expression.

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

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Séquence 11séance 5 —

Séance 5 S’amuser d’une situation inhabituelle

Durée approximative : 2 h.

Dans sa courte comédie intitulée L’ Île des Esclaves, Marivaux, auteur de pièces de théâtre français du XVIIIe siècle, met en scène un esclave de l’Antiquité grecque et son maître.

Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance. Souligne-les.

Tu vas maintenant écouter la piste 17 de ton CD et lire en même temps un extrait de la première scène.

Iphicrate et Arlequin, venant d’Athènes, se retrouvent sur une île après un naufrage.

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Scène 1ARLEQUIN, IPHICRATE

IPHICRATE : Dis-moi ; quand notre vaisseau s’est brisé contre le rocher, quelques-uns des nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe ; il est vrai que les vagues l’ont enveloppée ; je ne sais ce qu’elle est devenue ; mais peut-être auront-ils eu le bonheur d’aborder en quelque endroit de l’île et je suis d’avis que nous les cherchions.ARLEQUIN : Cherchons, il n’y a point de mal à cela ; mais reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d’eau-de-vie. J’ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà ; j’en boirai les deux tiers, comme de raison, et je vous donnerai le reste.IPHICRATE : Eh ! ne perdons point de temps ; suis-moi, ne négligeons rien pour nous tirer1 d’ici ; si je ne me sauve, je suis perdu, je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l’île des Esclaves.ARLEQUIN : Oh ! oh ! qu’est-ce que c’est que cette race-là ?IPHICRATE : Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s’établir dans une île, et je crois que c’est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu’ils rencontrent, ou de les jeter dans l’esclavage.ARLEQUIN : Eh ! chaque pays a sa coutume ; ils tuent les maîtres, à la bonne heure ; je l’ai entendu dire aussi ; mais on dit qu’ils ne font rien aux esclaves comme moi.IPHICRATE : Cela est vrai.ARLEQUIN : Eh ! encore vit-on !2

IPHICRATE : Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie ; Arlequin, cela ne suffit-il pas pour me plaindre ?ARLEQUIN prenant sa bouteille pour boire : Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste.IPHICRATE : Suis-moi donc !ARLEQUIN siffle : Hu ! hu ! hu !IPHICRATE : Comment donc, que veux-tu dire ?

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Séquence 11 — séance 5

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ARLEQUIN distrait chante : Tala ta lara. IPHICRATE : Parle donc, as-tu perdu l’esprit, à quoi penses-tu ?ARLEQUIN riant : Ah ! ah ! ah ! Monsieur Iphicrate, la drôle d’aventure ! je vous plains, par ma foi ; mais je ne saurais m’empêcher d’en rire.IPHICRATE à part les premiers mots : (Le coquin abuse de ma situation : j’ai mal fait de lui dire où nous sommes.) Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos ; marchons de ce côté.ARLEQUIN : J’ai les jambes si engourdies.IPHICRATE : Avançons, je t’en prie.ARLEQUIN : Je t’en prie, je t’en prie ; comme vous êtes civil3 et poli ; c’est l’air du pays qui fait cela.IPHICRATE : Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens ; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.ARLEQUIN en badinant : Badin, comme vous tournez4 cela ! Il chante : […]IPHICRATE retenant sa colère : Mais je ne te comprends pas, mon cher Arlequin.ARLEQUIN : Mon cher patron, vos compliments me charment ; vous avez coutume de m’en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là, et le gourdin est dans la chaloupe.IPHICRATE : Eh ne sais-tu pas que je t’aime ? ARLEQUIN : Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi tenez, pour ce qui est de nos gens, que le Ciel les bénisse ; s’ils sont morts, en voilà pour longtemps ; s’il sont en vie, cela se passera, et je m’en goberge5.IPHICRATE, un peu ému : Mais j’ai besoin d’eux, moi.ARLEQUIN indifféremment : Oh, cela se peut bien, chacun a ses affaires ; que je ne vous dérange pas ! IPHICRATE : Esclave insolent ! ARLEQUIN, riant : Ah, ah ! vous parlez la langue d’Athènes, mauvais jargon6 que je n’entends plus7.IPHICRATE : Méconnais-tu ton maître et n’es-tu plus mon esclave ? ARLEQUIN se reculant d’un air sérieux : Je l’ai été, je le confesse à ta honte ; mais va, je te le pardonne : les hommes ne valent rien. Dans le pays d’Athènes j’étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien, Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là, tu m’en diras ton sentiment, je t’attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable, tu sauras mieux ce qu’il est permis de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami, je vais trouver mes camarades et  tes maîtres.

Il s’éloigne.

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Séquence 11séance 5 —

70 IPHICRATE au désespoir, courant après lui l’épée à la main : Juste Ciel ! peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le suis ? Misérable, tu ne mérites pas de vivre.ARLEQUIN : Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t’obéis plus, prends-y garde.

Marivaux, L’ Île des Esclaves (1725)

Notes :1. « nous tirer d’ici » : nous sortir d’ici (l’expression n’était pas familière).2. « encore vit-on ! » : au moins, nous sommes vivants.3. « civil » : courtois.4. « vous tournez » : vous arrangez.5. « je m’en goberge » : je m’en moque.6. « jargon » : langage.7. « que je n’entends plus » : que je ne comprends plus.

A Situer la scène

1- Où les deux personnages se trouvent-ils ?

2- Rédige une didascalie pour indiquer le décor qui pourrait être installé sur la scène de théâtre. Tu peux préparer ta réponse à l’aide d’un dessin.

Vérifie tes réponses.

B Comprendre le rapport entre le maître et l’esclave

1- a) Qui est le maître et qui est l’esclave ?

b) Compare les noms des deux personnages. Qu’évoque pour toi le nom « Arlequin » ? Convient-il à un esclave de l’Antiquité grecque ?

c) Quel objet Arlequin possède-t-il et en quoi est-ce surprenant pour un esclave ?

d) « j’en boirai les deux tiers, comme de raison, et je vous donnerai le reste. » (l. 7). Quel effet ce propos d’Arlequin peut-il produire sur les spectateurs ?

e) D’après tes réponses aux deux questions précédentes, penses-tu que Marivaux a seulement représenté un esclave à travers le personnage d’Arlequin ?

Vérifie tes réponses.

2- a) « Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie … » (l. 20) : quel est le sentiment d’Iphicrate ? Pour quelle raison ?

b) « Ah ! je vous plains de tout mon cœur… » (l. 22). Arlequin est-il sincère ? Justifie ta réponse en relevant trois didascalies dans la suite du texte.

3- a) Lis à voix haute la réplique d’Iphicrate, lignes 31 à 33. Explique ensuite en quelques mots sur quel(s) ton(s) tu l’as lue.

b) Relis les répliques des lignes 31 à 40. Que veut faire Iphicrate ? Arlequin lui obéit-il ?

4- a) Relis la réplique d’Iphicrate à la ligne 35, puis explique avec tes propres mots la réplique d’Arlequin : « Je t’en prie, je t’en prie ; comme vous êtes civil et poli ; c’est l’air du pays qui fait cela. » (l. 36-37)

b) Relis la réplique d’Iphicrate à la ligne 55, puis explique avec tes propres mots la réplique d’Arlequin : « Ah, ah ! vous parlez la langue d’Athènes, mauvais jargon que je n’entends plus. » (l. 56-57)

— © Cned, Français 4e136

Séquence 11 — séance 5

5- Dans ses deux dernières répliques, quel pronom personnel Arlequin utilise-t-il pour s’adresser à son maître ? Quel pronom personnel utilisait-il dans les répliques précédentes ? Comment expliques-tu ce changement ?

6- Que reproche Arlequin à son maître ? Justifie ta ou tes réponses par deux citations (à partir de la ligne 44).

7- « je vais trouver mes camarades et tes maîtres » (l. 67-68) : de qui Arlequin parle-t-il ?

8- a) « Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi.» (l. 66-67) Que préconise Arlequin pour que tout aille mieux ? Avant de répondre, relis les quelques lignes qui précèdent cette phrase.

b) À ton avis, quels effets la dernière réplique d’Arlequin peut-elle produire sur les spectateurs ?

Vérifie tes réponses.

C Une scène comique1- Relis les lignes 35 et 36. Quelle phrase Arlequin répète-t-il ? Quel effet cette répétition

produit-elle ?

2- Observe le comportement d’Arlequin des lignes 5 à 27 et décris-le.

3- En t’appuyant sur le cours de la séance 2 A , explique en quoi cette scène est comique. Tu répondras par un paragraphe argumenté (revois la méthode dans le livret 1, p. 122 et 141, si nécessaire).

D Apprendre les pronoms indéfinis

1- « chacun a ses affaires » (l. 53). Sait-on précisément et de façon certaine qui est désigné par « chacun » ?

2- « Tout en irait mieux dans le monde » (l. 66). Arlequin désigne-t-il quelque chose de précis par le pronom « tout » ?

Vérifie tes réponses.

Recopie le « Je retiens » qui suit dans ton cahier et apprends-le.

Identifier les pronoms indéfinis

Le pronom indéfini équivaut à un nom ou un GN qu’il remplace parfois, mais il ne donne généralement pas d’identification précise, d’où sa qualification d’« indéfini ».On peut mentionner : « l’un », « l’autre », « certains », « quelques-uns », « chacun », « n’importe qui », « autrui », « n’importe quoi », « quelqu’un », « quelque chose », « quiconque », « tous », « tout ».Certains pronoms indéfinis ont une valeur négative : « nul », « aucun », « personne », « rien ». Ils s’emploient le plus souvent avec des adverbes de négation (ex. : « ils ne font rien aux esclaves comme moi »)

Le pronom personnel indéfini« On » est un pronom personnel indéfini dans la mesure où il désigne des personnes indéterminées.

je retiens

© Cned, Français 4e — 137

Séquence 11séance 5 —

3- Coche la bonne case pour indiquer que l’élément souligné est un déterminant indéfini ou un pronom indéfini.

Coup de pouce : tu le constates en lisant les rubriques « Je retiens » de cette séance et de la séance précédente : certains mots peuvent être pronoms indéfinis ou déterminants indéfinis ; retiens que le déterminant accompagne un nom ou un groupe nominal, contrairement au pronom.

Déterminant indéfini Pronom indéfini

Personne ne sait où sont les autres naufragés

Nul ne sait ce qu’ils sont devenus.

Beaucoup ont péri lors du naufrage.

Quelques hommes ont peut-être survécu.

Quelques-uns ont peut-être survécu.

Les maîtres n’ont aucun respect envers leurs serviteurs.

Aucun ne respecte son serviteur.

Chacun joue son rôle.

L’un est le maître, l’autre est son serviteur.

Beaucoup d’esclaves se sont révoltés.

Chaque pays a sa coutume.

Quiconque vient sur l’île peut voir sa situation changer.

Leur coutume est de tuer tous les maîtres.

Tout va mal pour Iphicrate.

Nul homme ne devrait être battu.

Arlequin ne craint rien sur l’île.

Tout homme recherche le bonheur.

On court toujours après le bonheur.

Vérifie tes réponses avant de faire l’exercice suivant.

4- Réécris chaque phrase en remplaçant le groupe nominal souligné par un pronom indéfini. Si tu hésites, consulte la rubrique « Je retiens ».

- Certains hommes se croient plus forts que d’autres.

- Chaque homme veut être heureux.

- Tous les hommes sont égaux.

Vérifie tes réponses.

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Séquence 11 — séance 6

Séance 6Je m’évalue

Durée approximative : 1 h.

Comme tu en as désormais l’habitude lorsque tu arrives à la fin de la séquence, la dernière séance te permet de faire le point sur ce que tu as vu lors des cours précédents.

Tu vas donc évaluer toi-même les notions que tu as découvertes ou revues.

Complète le tableau qui suit. Si tu le souhaites, tu peux feuilleter les cours de la séquence pour t’aider.

Lorsque tu auras fini, lis le corrigé et vérifie tes réponses : il est important que ton tableau ne comporte pas d’erreurs.

Je connais Je suis capable de

k Les éléments qui constituent le texte théâtral :

Définition MotNuméros d’actes et de scènes, noms des personnages, indications de décors et de costumes, jeux des acteurs.

..............................

Chaque fois qu’un personnage prend la parole.

..............................

..............................

..............................

..............................

Monologue

..............................

..............................

..............................

Tirade

Paroles dites à part, censées n’être entendues que des spectateurs.

..............................

k De nommer les auteurs des pièces de théâtre suivantes :

- Le Mariage de Figaro : ............................- Le Valet de deux maîtres : ........................- Les Fourberies de Scapin : ........................- L’ Île des Esclaves : ..................................- Dom Juan : ............................................

© Cned, Français 4e — 139

Séquence 11séance 6 —

k Les types de comique : .............................................................. .............................................................. .............................................................. .............................................................. ..............................................................

k De distinguer les différentes fonctions du valet de comédie :

- Truffaldin et Scapin font ........................ le public. Ils ont une fonction ................. ............................................................. .

- Sganarelle n’est pas seulement ............... ......................... : il se permet de donner des ................... à son maître Dom Juan.

- Figaro met en évidence des ..................... ....................................... sociales ; il fait ............................................... le public.

k De repérer les déterminants indéfinis et les pronoms indéfinis. Je les souligne dans les phrases suivantes et j’indique s’il s’agit d’un déterminant ou d’un pronom.

- Tout est fini. k .....................................- Toute chose a une fin. k .......................- Tel est pris qui croyait prendre.

k .............................................................- Il n’a pas pu commettre un tel acte.

k .............................................................

Avant de commencer la séquence 12, termine la lecture du Cid et la fiche de lecture.