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© Cned, Français 3e 114 Sommaire Séquence 11 Les poètes : voyageurs de la modernité Durée approximative : 7 h 30 Séance 1 « La Petite Auto », Guillaume Apollinaire Analyser le contexte historique du poème Découvrir une forme poétique nouvelle : le calligramme Orthographe et accord de leur Séance 2 « Ode », Valéry Larbaud Étudier un poème en vers libres L’écriture poétique du voyage Séance 3 « Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France », Blaise Cendrars Analyser un poème de la modernité Orthographe et accord de tout Séance 4 « Pensée en mer », Paul Claudel Comprendre l’exil intérieur du voyageur Étudier un poème en prose Séance 5 « New York », Léopold Sédar Senghor Découvrir le regard du poète sur une ville moderne Séance 6 Je m’évalue Socle commun Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items des compétences ci-dessous. Compétence 1 : La maîtrise de la langue française - Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments implicites nécessaires. - Dégager, par écrit ou oralement, l’essentiel d’un texte lu. - Écrire lisiblement un texte en respectant l’orthographe et la grammaire. - Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir d’une consigne donnée. Compétence 5 : La culture humaniste - Établir des liens entre les œuvres (littéraires, artistiques) pour mieux les comprendre.

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— © Cned, Français 3e114

SommaireSéquence 11

Les poètes : voyageurs de la modernité

Durée approximative : 7 h 30

Séance 1 « La Petite Auto », Guillaume Apollinaire Analyser le contexte historique du poème Découvrir une forme poétique nouvelle : le calligramme Orthographe et accord de leur

Séance 2 « Ode », Valéry Larbaud Étudier un poème en vers libres L’écriture poétique du voyage

Séance 3 « Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France », Blaise Cendrars Analyser un poème de la modernité Orthographe et accord de tout

Séance 4 « Pensée en mer », Paul Claudel Comprendre l’exil intérieur du voyageur Étudier un poème en prose

Séance 5 « New York », Léopold Sédar Senghor Découvrir le regard du poète sur une ville moderne

Séance 6 Je m’évalue

Socle commun

Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items des compétences ci-dessous.

Compétence 1 : La maîtrise de la langue française- Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments

implicites nécessaires.

- Dégager, par écrit ou oralement, l’essentiel d’un texte lu.

- Écrire lisiblement un texte en respectant l’orthographe et la grammaire.

- Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir d’une consigne donnée.

Compétence 5 : La culture humaniste- Établir des liens entre les œuvres (littéraires, artistiques) pour mieux les comprendre.

© Cned, Français 3e — 115

Séquence 11séance 1 —

Séance 1Découvrir une forme poétique nouvelle : le calligramme

« La Petite Auto », Guillaume ApollinaireDurée approximative : 1h

Dans cette séquence, tu vas partir en voyage et parcourir le monde, de Montmartre à New York, en passant par la Sibérie. Tu voyageras en train, en auto ou en bateau, mais toujours en compagnie de poètes. Au XXe siècle, les progrès techniques ont considérablement modifié le rapport que les hommes entretiennent avec l’espace. Les poètes que tu vas découvrir ont su capter et fixer dans leurs textes les particularités du voyage moderne. Pour cela, ils ont dû renouveler les formes poétiques traditionnelles et en forger d’autres, plus souples, plus libres, capables de recueillir et de transcrire les vibrations, parfois les soubresauts, d’un monde en pleine mutation. C’est donc également à un voyage à travers la modernité poétique que cette séquence t’invite maintenant.

La première séance t’emmène dans une « petite auto », aux côtés de Guillaume Apollinaire, au moment où la première guerre mondiale éclate. Tu découvriras une forme poétique originale, le calligramme et travailleras sur l’orthographe et l’accord de leur.

Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en rouge. Encadre-les.

Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

À présent, lis deux fois le texte qui suit.

1 5 10 15 20 25 30

LA PETITE AUTO

Le 31 du mois d’Août 1914 Je partis de Deauville un peu avant minuit Dans la petite auto de Rouveyre

Avec son chauffeur nous étions trois Nous dîmes adieu à toute une époque Des géants furieux se dressaient sur l’Europe Les aigles quittaient leur aire attendant le soleil Les poissons voraces montaient des abîmes Les peuples accouraient pour se connaître à fond Les morts tremblaient de peur dans leurs sombres demeures Les chiens aboyaient vers là-bas où étaient les frontières Je m’en allais portant en moi toutes ces armées qui se battaient Je les sentais monter en moi et s’étaler les contrées où elles serpentaient Avec les forêts les villages heureux de la Belgique Francorchamps avec l’Eau Rouge et les pouhons

Région par où se font toujours les invasions Artères ferroviaires où ceux qui s’en allaient mourir Saluaient encore une fois la vie colorée Océans profonds où remuaient les monstres Dans les vieilles carcasses naufragées Hauteurs inimaginables où l’homme combat Plus haut que l’aigle ne plane L’homme y combat contre l’homme Et descend tout à coup comme une étoile filante Je sentais en moi des êtres neufs pleins de dextérité

Bâtir et aussi agencer un univers nouveau Un marchand d’une opulence inouïe et d’une taille prodigieuse Disposait un étalage extraordinaire Et des bergers gigantesques menaient De grands troupeaux muets qui broutaient les paroles Et contre lesquels aboyaient tous les chiens sur la route

— © Cned, Français 3e116

Séquence 11 — séance 1

1 5 10 15 20 25 30

LA PETITE AUTO

Le 31 du mois d’Août 1914 Je partis de Deauville un peu avant minuit Dans la petite auto de Rouveyre

Avec son chauffeur nous étions trois Nous dîmes adieu à toute une époque Des géants furieux se dressaient sur l’Europe Les aigles quittaient leur aire attendant le soleil Les poissons voraces montaient des abîmes Les peuples accouraient pour se connaître à fond Les morts tremblaient de peur dans leurs sombres demeures Les chiens aboyaient vers là-bas où étaient les frontières Je m’en allais portant en moi toutes ces armées qui se battaient Je les sentais monter en moi et s’étaler les contrées où elles serpentaient Avec les forêts les villages heureux de la Belgique Francorchamps avec l’Eau Rouge et les pouhons

Région par où se font toujours les invasions Artères ferroviaires où ceux qui s’en allaient mourir Saluaient encore une fois la vie colorée Océans profonds où remuaient les monstres Dans les vieilles carcasses naufragées Hauteurs inimaginables où l’homme combat Plus haut que l’aigle ne plane L’homme y combat contre l’homme Et descend tout à coup comme une étoile filante Je sentais en moi des êtres neufs pleins de dextérité

Bâtir et aussi agencer un univers nouveau Un marchand d’une opulence inouïe et d’une taille prodigieuse Disposait un étalage extraordinaire Et des bergers gigantesques menaient De grands troupeaux muets qui broutaient les paroles Et contre lesquels aboyaient tous les chiens sur la route

Guillaume Apollinaire, « La Petite Auto », in Calligrammes, 1918 © Éditions Gallimard (1967) « Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation

individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr

35 40

Et quand après avoir passé l’après-midi Par Fontainebleau Nous arrivâmes à Paris Au moment où l’on affichait la mobilisation

Nous comprîmes mon camarade et moi Que la petite auto nous avait conduits dans une époque Nouvelle Et bien qu’étant déjà tous deux des hommes mûrs Nous venions cependant de naître

NOTES : 1- « Rouveyre » : ami d’Apollinaire, journaliste et dessinateur.2- « aire » : nid des grands oiseaux de proie, comme l’aigle.3- « Francorchamps » : village belge appartenant à la commune de Stavelot où Apollinaire séjourna à

l’âge de 19 ans.4- « l’Eau Rouge » : rivière belge.5- « pouhon » : source minérale ferrugineuse, c’est-à-dire qui contient du fer.6- « dextérité » : habileté, adresse.7- « opulence » : richesse.8- « mobilisation » : mise sur le pied de guerre des forces militaires d’un pays par le rappel dans les

armées de tous ceux qui sont désignés pour y servir en temps de paix.

— © Cned, Français 3e117

Séquence 11 — séance 1

Pour vérifier ta bonne compréhension du poème, réponds maintenant aux questions qui suivent.

A Analyser le contexte historique du poème

1- a) Quelle est la date exacte du voyage fait par le poète dans la petite auto?

b) Quel événement historique la France s’apprête-t-elle à vivre ?

c) Relève dans la fin du poème un terme qui le confirme.

d) Par quelle région les armées adverses arrivent-elles ? Cite le texte à l’appui de ta réponse.

2- a) Que désigne l’expression « des géants furieux » employée au vers 6 ?

b) Dans les vers 6 à 9, quels verbes de mouvement expriment les préparatifs de la guerre ?

c) Souligne, dans les vers 11 à 24, les termes se rapportant au combat.

d) Le poète emploie le champ lexical des animaux pour parler des forces qui vont s’affronter : relèves-en trois exemples.

e) Quel effet produit l’utilisation de ce champ lexical ?

Tu peux vérifier tes réponses dans le corrigé et poursuivre ton travail.

B L’entrée dans une époque nouvelle

1- a) Le poète a conscience qu’une période est en train de s’achever. Quel vers, situé au début du poème, l’exprime clairement ?

b) Relève, entre les vers 11 et 19, deux groupes nominaux traduisant le bonheur de l’avant-guerre.

2- a) Le poète ressent d’une manière très intime les événements historiques qui se profilent. Retrouve trois expressions qui le montrent.

b) Relève les trois termes appartenant au champ lexical de la nouveauté.

c) « Nous venions […] de naître » (v.40) : que cherche à exprimer Apollinaire par cette expression ?

3- D’après tes réponses aux questions précédentes, explique en quoi ce voyage en voiture est aussi un voyage dans le temps.

C Le calligramme : une forme poétique nouvelle

1- a) Un dessin est intercalé dans le poème, entre les vers 31 et 32. Que représente-t-il ?

b) Quels indices, contenus dans le poème, peuvent en faciliter l’identification ?

c) De quoi sont formés les différents éléments du dessin ?

© Cned, Français 3e — 118

Séquence 11séance 1 —

2- Voici, sous sa forme versifiée traditionnelle, le texte formant le dessin :

Je n’oublierai jamais ce voyage nocturne où nul de nous ne dit un mot.

Ô départ sombre où mouraient nos 3 phares

Ô nuit tendre d’avant la guerre

Ô villages où se hâtaient

Maréchaux-ferrants rappelés

Entre minuit et une heure du matin

Vers Lisieux la très bleue

Ou bien

Versailles d’or

Et 3 fois nous nous arrêtâmes pour changer un pneu qui avait éclaté.

a) Ce texte correspond-il au thème développé dans le poème ? Justifie ta réponse en t’appuyant sur des exemples précis.

b) Relève deux termes qui expriment l’opposition entre le bonheur d’avant-guerre et le malheur qui s’installe.

c) Quel effet produit la présence d’un tel dessin au milieu d’un poème consacré à la déclaration de guerre ?

Tu peux maintenant vérifier toutes tes réponses dans le corrigé avant de lire et de mémoriser le « Je retiens » suivant.

Une forme poétique moderne : le calligramme.Au début du XXe siècle, les peintres cubistes comme Picasso introduisent des lettres et des collages dans leurs dessins. Apollinaire intègre à son tour le dessin à sa poésie par l’emploi du calligramme. Un calligramme est un poème dont les vers sont disposés de manière à figurer un objet en rapport avec le poème. Il incarne un nouveau mode d’expression qui donne à la poésie un aspect visuel et suggère une autre manière de lire.

j e retiens

D Orthographe et accord de leur

1- « Les aigles quittaient leur aire attendant le soleil »

« Les morts tremblaient de peur dans leurs sombres demeures »

Apollinaire évoque les hommes qui vont combattre et leur consacre un poème.

a) Observe l’orthographe des mots en gras. Que peux-tu en conclure ?

b) Ces mots appartiennent-ils toujours à la même classe grammaticale ?

Tu peux maintenant vérifier tes réponses avant de recopier le « Je retiens » qui suit afin de le mémoriser.

— © Cned, Français 3e119

Séquence 11 — séance 1

Orthographe et accord de leur.Employé comme déterminant possessif et placé devant un nom, leur s’accorde en fonction du nombre d’objets possédés :Les villages ont perdu leur tranquillité. / Les hommes abandonnent leurs habitudes.Employé comme pronom personnel complément, et placé devant un verbe, leur est invariable.Les affiches de mobilisation leur apprennent l’entrée en guerre.

j e retiens

Effectue l’exercice suivant pour t’entraîner.

2- a) Complète les phrases suivantes avec leur ou leurs.

- Les soldats partiront défendre ______ patrie.

- Certains ne se relèveront pas de _________ blessures.

- Les calligrammes intégrés dans les poèmes _______ donnent une dimension visuelle.

- Les poètes empruntent aux peintres certaines de _______ techniques.

b) Parmi ces phrases, quelles sont celles dans lesquelles « leur » est employé comme pronom ?

© Cned, Français 3e — 120

Séquence 11séance 1 —

Séance 2Étudier un poème en vers libres

« Ode », Valéry Larbaud

Durée approximative : 1h30

Dans cette séance, tu vas monter à bord des trains de luxe, en compagnie de Valéry Larbaud. Sous le pseudonyme de A. O. Barnabooth, le poète, disposant d’une immense fortune personnelle, nous fait partager ses voyages dans les paquebots et les trains de luxe. Cette séance sera pour toi l’occasion d’étudier une autre forme poétique moderne, le vers libre.

Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement le texte qui suit. Tu peux aussi l’écouter à la piste 29 de ton CD.

1 5 10 15 20 25 30

ODE

Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce, Ton glissement nocturne à travers l’Europe illuminée, Ô train de luxe ! et l’angoissante musique Qui bruit le long de tes couloirs de cuir doré, Tandis que derrière les portes laquées, aux loquets de cuivre lourd, Dorment les millionnaires. Je parcours en chantonnant tes couloirs Et je suis ta course vers Vienne et Budapesth, Mêlant ma voix à tes cent mille voix, Ô Harmonika-Zug ! J’ai senti pour la première fois toute la douceur de vivre, Dans une cabine du Nord-Express, entre Wirballen et Pskow. On glissait à travers des prairies où des bergers, Au pied de groupes de grands arbres pareils à des collines, Étaient vêtus de peaux de moutons crues et sales… (Huit heures du matin en automne, et la belle cantatrice Aux yeux violets chantait dans la cabine à côté.) Et vous, grandes places à travers lesquelles j’ai vu passer la Sibérie et les monts du Samnium, La Castille âpre et sans fleurs, et la mer de Marmara sous une pluie tiède ! Prêtez-moi, Ô Orient-Express, Sud-Brenner-Bahn, prêtez-moi Vos miraculeux bruits sourds et Vos vibrantes voix de chanterelle ; Prêtez-moi la respiration légère et facile Des locomotives hautes et minces, aux mouvements Si aisés, les locomotives des rapides, Précédant sans effort quatre wagons jaunes à lettres d’or Dans les solitudes montagnardes de la Serbie, Et, plus loin, à travers la Bulgarie pleine de roses… Ah ! il faut que ces bruits et que ce mouvement Entrent dans mes poèmes et disent Pour moi ma vie indicible, ma vie D’enfant qui ne veut rien savoir, sinon Espérer éternellement des choses vagues.

Valéry Larbaud, « Ode », in Les Poésies de A.O. Barnabooth, 1913 © Éditions Gallimard (1966)

« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr

— © Cned, Français 3e121

Séquence 11 — séance 2

1 5 10 15 20 25 30

ODE

Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce, Ton glissement nocturne à travers l’Europe illuminée, Ô train de luxe ! et l’angoissante musique Qui bruit le long de tes couloirs de cuir doré, Tandis que derrière les portes laquées, aux loquets de cuivre lourd, Dorment les millionnaires. Je parcours en chantonnant tes couloirs Et je suis ta course vers Vienne et Budapesth, Mêlant ma voix à tes cent mille voix, Ô Harmonika-Zug ! J’ai senti pour la première fois toute la douceur de vivre, Dans une cabine du Nord-Express, entre Wirballen et Pskow. On glissait à travers des prairies où des bergers, Au pied de groupes de grands arbres pareils à des collines, Étaient vêtus de peaux de moutons crues et sales… (Huit heures du matin en automne, et la belle cantatrice Aux yeux violets chantait dans la cabine à côté.) Et vous, grandes places à travers lesquelles j’ai vu passer la Sibérie et les monts du Samnium, La Castille âpre et sans fleurs, et la mer de Marmara sous une pluie tiède ! Prêtez-moi, Ô Orient-Express, Sud-Brenner-Bahn, prêtez-moi Vos miraculeux bruits sourds et Vos vibrantes voix de chanterelle ; Prêtez-moi la respiration légère et facile Des locomotives hautes et minces, aux mouvements Si aisés, les locomotives des rapides, Précédant sans effort quatre wagons jaunes à lettres d’or Dans les solitudes montagnardes de la Serbie, Et, plus loin, à travers la Bulgarie pleine de roses… Ah ! il faut que ces bruits et que ce mouvement Entrent dans mes poèmes et disent Pour moi ma vie indicible, ma vie D’enfant qui ne veut rien savoir, sinon Espérer éternellement des choses vagues.

Valéry Larbaud, « Ode », in Les Poésies de A.O. Barnabooth, 1913 © Éditions Gallimard (1966)

« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr

NOTES : 1- « ode » : poème lyrique destiné à célébrer des événements importants ou de grands personnages.2- « bruit » : (du verbe bruire) fait du bruit.3- « loquets » : sorte de verrou.4- « Harmonika-Zug» : mot allemand signifiant « train harmonica ». L’Harmonika-Zug était un célèbre

train de nuit au début du XXe siècle en Allemagne. 5- « Nord-Express » : train, créé en 1896, qui relie les grandes capitales d’Europe.6- « Wirballen et Pskow» : villes de Lituanie et de Biélorussie.7- « Samnium » : région montagneuse de l’Italie.8- « Castille » : région du centre de l’Espagne.9- « mer de Marmara » : mer qui relie la mer Noire à la mer Égée.10- « Orient-Express » : train de luxe, créé en 1883, qui relie Paris à Istanbul, en passant par Vienne.11- « Sud-Brenner-Bahn » : train du sud de l’Autriche.12- « chanterelle » : corde la plus fine, ayant le son le plus aigu, dans un instrument à corde.

Vérifie ta bonne compréhension du texte en répondant aux questions qui suivent.

A Une « ode » aux trains de luxe

1- a) À qui s’adresse le poète dès le premier vers ?

b) Comment s’appelle le procédé par lequel un auteur interpelle un destinataire présent ou absent ?

c) Souligne dans l’ensemble du texte les mots appartenant au champ lexical du train.

d) « Prêtez-moi la respiration légère et facile

Des locomotives hautes et minces » (v. 23-24)

Quelle figure de style est employée dans ces deux vers pour décrire les locomotives ?

2- « Ô train de luxe ! »

a) Quels sont les quatre trains de luxe présents dans le poème ?

b) Relève dans l’ensemble du poème les détails qui traduisent l’aspect luxueux de ces trains.

c) À quel genre de passagers ces trains sont-ils destinés ? Cite deux exemples de ces passagers pris dans le texte.

3- a) De manière générale, le lexique employé pour décrire les trains est-il mélioratif ou péjoratif ?

b) En t’appuyant sur l’ensemble de tes réponses précédentes, explique quelle image le poète veut donner de ces trains.

© Cned, Français 3e — 122

Séquence 11séance 2 —

Vérifie maintenant tes réponses dans le livret de corrigé avant de poursuivre ton travail.

B L’écriture poétique du voyage

1- a) Le poème juxtapose de nombreuses références géographiques. Classe les noms de lieux dans le tableau qui suit selon ce qu’ils désignent : Vienne – Samnium – Castille – Sibérie – Marmara – Serbie – Bulgarie – Wirballen – Budapesth.

villes régions pays mer

---

---

--

-

b) Certains de ces lieux sont associés à une caractéristique précise. Retrouve-les en reliant les propositions suivantes.

pleine de roses

âpre et sans fleur

des bergers vêtus de peau

une pluie tiède

• Entre Wirballen et Pskow

• La Castille

• Mer de Marmara

• Bulgarie

c) Pourquoi l’évocation de ces différents lieux peut-elle provoquer chez le lecteur un sentiment de dépaysement ?

2- a) Dans la première strophe, quelles expressions désignent le mouvement du train ?

b) « On glissait » (v. 13) : quelle impression suggère l’emploi du verbe « glisser » ?

c) Dans les vers 23 à 28, relève les termes qui confirment et développent cette impression.

3- a) Relève et classe dans le tableau suivant les termes évoquant le bruit et la musique.

Le bruit La musique

b) Quel vers exprime une harmonie entre la voix du poète et les bruits du train ?

c) En quoi l’expression « Harmonika-Zug » associe-t-elle une sensation visuelle et une sensation auditive au train ?

4- a) Quel nom, employé au vers 11, traduit le plaisir ressenti par le poète lors de ses voyages en train ?

b) Retrouve dans le début du poème un adjectif de la même famille.

c) Comment pourrais-tu résumer en quelques mots l’impression générale ressentie par le poète lors de ses voyages à bord des trains de luxe ?

— © Cned, Français 3e123

Séquence 11 — séance 2

Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » qui suit.

L’écriture poétique du voyage.L’évocation du voyage dans la poésie s’appuie sur l’emploi des procédés suivants :- La présence de termes géographiques connotant l’exotisme et suscitant le rêve.- Le champ lexical du mouvement, ainsi que celui du train (ou du bateau)- Le lexique des sensations (couleurs, bruits…) et des sentiments

j e retiens

C Comprendre l’emploi du vers libre

1- a) Le poète veut emprunter aux trains certaines de leurs caractéristiques : souligne les vers qui résument ce projet à la fin du poème.

b) Associe les expressions suivantes pour comprendre ce que le poète cherche à traduire dans son écriture.

« ta grande allure »

« vos vibrantes voix »

« ton glissement »

« vos miraculeux bruits sourds »

• « ces bruits »

• « ce mouvement »

c) « […] et disent

Pour moi ma vie indicible […] » (v. 31-32)

Souligne dans cette expression deux termes qui s’opposent. Que traduit leur rapprochement ?

2- a) Les vers employés sont-ils de longueur régulière ?

b) Le poème comporte-t-il des rimes ?

c) Observe les différentes strophes. Quelle remarque peux-tu faire sur leur taille ?

d) En quoi ces choix permettent-ils au poète de faire entrer dans son écriture le « mouvement » des trains ?

3- a) « ton grand bruit » (v. 1) - « l’angoissante musique qui bruit » (v. 4)

Les mots en gras appartiennent-ils à la même classe grammaticale ? Justifie ta réponse.

b) « tandis que derrière les portes laquées, aux loquets de cuivre lourd » (v. 4)

Souligne dans ce vers deux paronymes (mots dont la prononciation est très proche).

c) « Et je suis ta course » (v. 8)

Quelles sont les deux interprétations possibles du verbe en gras ?

© Cned, Français 3e — 124

Séquence 11séance 2 —

je sais déjàAssonance et allitérationL’assonance est la répétition d’un même son vocalique (= voyelle).L’allitération est la répétition d’un même son consonantique (= consonne).

4- a) « Vos vibrantes voix de chanterelle » (v. 22)

Observe les éléments surlignés. Quel son consonantique est répété ? Quel effet cette allitération peut-elle traduire ?

b) « Qui bruit le long de tes couloirs de cuir doré,

Tandis que derrière les portes laquées, aux loquets de cuivre lourd » (v. 4-5)

Surligne dans ces deux vers les sons consonantiques et vocaliques qui sont répétés.

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigé puis lis et apprends le « Je retiens » suivant.

Le poème en vers libres.Un poème en vers libres se caractérise par un retour à la ligne qui crée des vers de longueur irrégulière et par l’abandon des rimes. La musicalité du poème est assurée par l’utilisation régulière d’assonances et d’allitérations. Les rimes traditionnelles sont remplacées par des jeux d’homonymie et de paronymie dont le poète exploite habilement les ressources. Plus souple que le poème à forme fixe, le poème en vers libres permet une grande variété d’effets. Ainsi, dans ce poème, Valéry Larbaud fait le choix de la forme libre pour faire entendre dans son écriture même la musique particulière des trains.

j e retiens

— © Cned, Français 3e125

Séquence 11 — séance 2

D Expression écrite – étude de l’image

Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.

Voici une affiche publicitaire pour l’Orient Express, réalisée en 1889. Observe-la attentivement.

Affiche publicitaire pour l’Orient Express, anonyme, 1889, lithographie.

Étudie les différents moyens par lesquels cette affiche publicitaire peut donner envie de voyager. Rédige, en quelques lignes, un petit paragraphe argumenté.

Pour réussir cet exercice tu dois :

- Identifier les éléments visuels présents sur l’affiche

- Étudier la typographie utilisée (taille et forme des lettres imprimées, mise en page du texte).

Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en complétant le tableau ci-dessous.

Je vérifie que … Fait

J’ai identifié les éléments visuels présents sur l’affiche.

J’ai étudié la typographie utilisée.

© Cned, Français 3e — 126

Séquence 11séance 2 —

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton paragraphe argumenté sur ton cahier. Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

Le coin des curieux Les trains de luxe

À la fin du XIXe siècle, l’attrait pour les voyages est favorisé par le développement des chemins de fer et l’apparition de grands paquebots qui permettent de traverser le monde. Des trains de luxe, aux noms évocateurs, parcourent les continents, laissant dans leur sillage un parfum de mystère et d’exotisme :

• le Nord-Express (1896) relie les grandes capitales européennes.

• l’Orient-Express (1883) assure la liaison entre Paris, Vienne et Istanbul.

• le Transsibérien (à partir de 1891) relie Moscou à Pékin ou Vladivostok (sur la côte pacifique).

La littérature exploitera abondamment l’imaginaire associé à ces trains de luxe (tu peux lire un célèbre roman policier : Le Crime de l’Orient Express, Agatha Christie).

— © Cned, Français 3e127

Séquence 11 — séance 2

Séance 3Analyser un poème de la modernité

« La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France », Blaise Cendrars

Durée approximative : 1h

La séance suivante t’emmène sur les traces de Blaise Cendrars, pour un voyage en Sibérie. Au début du XXe siècle, alors qu’il n’a que 16 ans, le jeune Blaise Cendrars prend le Transsibérien pour la Russie où il a trouvé un emploi. Il est accompagné par une jeune fille, Jeanne. Le trajet dure une dizaine de jours, à travers la Russie alors en guerre contre le Japon. Quelques années plus tard, il rapporte cette expérience dans un long poème novateur, Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, dont tu vas lire un extrait. Tu étudieras également l’orthographe et l’accord de tout.

Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement le texte qui suit. Tu peux en écouter le début à la piste 30 de ton CD.

1

5

10

15

20

25

30

35

40

45

PROSE DU TRANSSIBÉRIEN ET DE LA PETITE JEHANNE DE FRANCE

[…]J’ai passé mon enfance dans les jardins suspendus de BabyloneEt l’école buissonnière, dans les gares devant les trains en partanceMaintenant, j’ai fait courir tous les trains derrière moi :Bâle-TombouctouJ’ai aussi joué aux courses à Auteuil et à LongchampParis-New YorkMaintenant, j’ai fait courir tous les trains tout le long de ma vieMadrid-StockholmEt j’ai perdu tous mes parisIl n’y a plus que la Patagonie, la Patagonie, qui convienne à mon immense tristesse, la Patagonie,Et un voyage dans les mers du SudJe suis en routeJ’ai toujours été en routeJe suis en route avec la petite Jehanne de France,Le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes ses rouesLe train retombe sur ses rouesLe train retombe toujours sur toutes ses roues

« Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre ?

Nous sommes loin, Jeanne, tu roules depuis sept joursTu es loin de Montmartre, de la Butte qui t’a nourrie du Sacré-Cœur contre lequel tu t’es blottieParis a disparu et son énorme flambéeIl n’y a plus que les cendres continuesLa pluie qui tombeLa tourbe qui se gonfleLa Sibérie qui tourneLes lourdes nappes de neige qui remontentEt le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier désir dans l’air bleuiLe train palpite au cœur des horizons plombésEt ton chagrin ricane…

« Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? »

Les inquiétudesOublie les inquiétudesToutes les gares lézardées obliques sur la routeLes fils télégraphiques auxquels elles pendentLes poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglentLe monde s’étire s’allonge et se retire comme un accordéon qu’une main sadique tourmenteDans les déchirures du ciel, les locomotives en furieS’enfuientEt dans les trous,Les roues vertigineuses les bouches les voixEt les chiens du malheur qui aboient à nos troussesLes démons sont déchaînésFerraillesTout est un faux accordLe broun-roun-roun des rouesChocsRebondissementsNous sommes un orage sous le crâne d’un sourd…

© Cned, Français 3e — 128

Séquence 11séance 3 —

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45

PROSE DU TRANSSIBÉRIEN ET DE LA PETITE JEHANNE DE FRANCE

[…]J’ai passé mon enfance dans les jardins suspendus de BabyloneEt l’école buissonnière, dans les gares devant les trains en partanceMaintenant, j’ai fait courir tous les trains derrière moi :Bâle-TombouctouJ’ai aussi joué aux courses à Auteuil et à LongchampParis-New YorkMaintenant, j’ai fait courir tous les trains tout le long de ma vieMadrid-StockholmEt j’ai perdu tous mes parisIl n’y a plus que la Patagonie, la Patagonie, qui convienne à mon immense tristesse, la Patagonie,Et un voyage dans les mers du SudJe suis en routeJ’ai toujours été en routeJe suis en route avec la petite Jehanne de France,Le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes ses rouesLe train retombe sur ses rouesLe train retombe toujours sur toutes ses roues

« Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre ?

Nous sommes loin, Jeanne, tu roules depuis sept joursTu es loin de Montmartre, de la Butte qui t’a nourrie du Sacré-Cœur contre lequel tu t’es blottieParis a disparu et son énorme flambéeIl n’y a plus que les cendres continuesLa pluie qui tombeLa tourbe qui se gonfleLa Sibérie qui tourneLes lourdes nappes de neige qui remontentEt le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier désir dans l’air bleuiLe train palpite au cœur des horizons plombésEt ton chagrin ricane…

« Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? »

Les inquiétudesOublie les inquiétudesToutes les gares lézardées obliques sur la routeLes fils télégraphiques auxquels elles pendentLes poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglentLe monde s’étire s’allonge et se retire comme un accordéon qu’une main sadique tourmenteDans les déchirures du ciel, les locomotives en furieS’enfuientEt dans les trous,Les roues vertigineuses les bouches les voixEt les chiens du malheur qui aboient à nos troussesLes démons sont déchaînésFerraillesTout est un faux accordLe broun-roun-roun des rouesChocsRebondissementsNous sommes un orage sous le crâne d’un sourd…

Blaise Cendrars, « Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France », in Du Monde entier, 1913 © Éditions Denoël

NOTES :

1- « Bâle » : ville suisse.

2- « Tombouctou » : ville du Mali, en Afrique.

3- « Patagonie » : région située au sud du Chili et de l’Argentine.

4- « Montmartre » : colline et quartier de Paris, sur laquelle se trouve la basilique du Sacré-Cœur.

5- « tourbe » : terre constituée de végétaux décomposés.

6- « lézardées » : fissurées.

7- « sadique » : qui prend plaisir à faire souffrir.

Tu peux maintenant répondre aux questions suivantes pour vérifier ta bonne compréhension du texte.

— © Cned, Français 3e129

Séquence 11 — séance 3

A Comprendre la situation d’énonciation

1- a) Que nous apprennent les vers 1 et 2 sur le caractère du poète lorsqu’il était enfant ?

b) Le poète a-t-il beaucoup voyagé ? Tu répondras en citant le texte.

c) Quels indices montrent que ce poème retrace une expérience vécue par le poète ?

2- a) À qui le poète s’adresse-t-il à partir du vers 18 ?

b) « Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? » (v. 29)

Comment les paroles sont-elles rapportées ? Quels éléments confirment ta réponse ?

c) La présence du dialogue est-elle habituelle dans la poésie ?

3- a) Où se trouvent les deux personnages ?

b) En quoi l’évocation de Paris (vers 19 et 20) s’oppose-t-elle à la description des paysages rencontrés ?

c) En t’aidant du paratexte*, rappelle dans quelle situation se trouve le pays traversé.

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigé, avant de poursuivre ton travail.

B Une vision chaotique de la réalité

1- a) Pourquoi, lors d’un voyage en train, la réalité est-elle perçue par fragments ?

b) Dans les vers 22 à 25, comment la progression du train dans les plaines de Sibérie est-elle traduite ?

c) « et le grelot de la folie qui grelotte » (v. 26) : quels sont les deux types de sensation (olfactive, visuelle, auditive, tactile…) auxquels les mots en gras font référence ?

d) Quel effet produit le rapprochement de ces deux mots aux sonorités presque identiques ?

2- a) Relis les vers 32 à 34. Pourquoi peut-on dire qu’ils proposent une vision fantastique et déformée de la réalité ?

b) « Les poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglent » (v. 34) : quelle figure de style renforce cette vision fantastique ?

c) À quel champ lexical appartiennent les mots suivants : « étranglent », « sadique », « tourmente », « déchirures », « déchaînés » ?

d) Relève deux expressions montrant que le monde décrit ici s’ouvre à la fois vers le haut et vers le bas.

e) Par quelles métaphores la guerre est-elle évoquée entre les vers 23 et 27 ?

© Cned, Français 3e — 130

Séquence 11séance 3 —

3- Voici un tableau du peintre futuriste Gino Serverini. Observe-le attentivement. Quel point commun perçois-tu dans la manière dont le poème et le tableau représentent la réalité ?

Gino Severini (1883-1966), Le Train entre les maisons

© The Bridgeman Art Library / ADAGP

Compare tes réponses avec celles contenues dans le corrigé avant de continuer ton travail.

C La modernité de l’écriture

1- a) Quelle forme poétique Blaise Cendrars adopte-t-il dans ce poème ? Tu étudieras notamment les vers employés, et la présence ou non de rimes.

b) Ce poème est-il ponctué ? Justifie ta réponse.

c) « Le monde s’étire s’allonge et se retire comme un accordéon qu’une main sadique tourmente » (v. 35) : qu’exprime la longueur démesurée de ce vers ?

d) Relève dans le poème un vers monosyllabique (= ne comportant qu’une seule syllabe).

e) Compare ce poème à celui de Valéry Larbaud, « Ode » (séance 2) : lequel des deux te paraît se libérer le plus radicalement de la poésie traditionnelle ? Justifie ta réponse.

2- Un peu plus loin dans son long poème, Cendrars écrit : « J’ai déchiffré tous les textes confus des roues »

a) Relève dans les vers 24 à 44 le champ lexical des bruits et de la musique.

b) On appelle onomatopée un mot créé pour retranscrire un son. Relève dans la fin du poème une onomatopée. Quel bruit transcrit-elle ?

c) La « musique » des trains te paraît-elle aussi harmonieuse dans ce poème que dans « Ode », le poème de Valéry Larbaud ? Relève un vers à l’appui de ta réponse.

— © Cned, Français 3e131

Séquence 11 — séance 3

Pour aller plus loin…

3- Le trajet en train est fait, nous dit Cendrars, de « chocs » et de « rebondissements ». Observe attentivement les trois vers qui suivent :

« Le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes ses roues

Le train retombe sur ses roues

Le train retombe toujours sur toutes ses roues »

a) Si l’expression surlignée exprime le « choc », par quel procédé les rebondissements sont-ils traduits ?

b) En quoi la musicalité de ces trois vers fait-elle entendre parfaitement le « faux accord » et le « broun-roun-roun » des roues ?

Tu peux maintenant vérifier tes réponses dans le livret de corrigés.

D Orthographe et accord de tout

1- Phrase 1 : « J’ai fait courir tous les trains derrière moi. »

Phrase 2 : « Le train retombe toujours sur toutes ses roues. »

Phrase 3 : La Sibérie est inquiétante avec ses paysages tout blancs.

a) Dans quelles phrases le mot tout s’accorde-t-il?

b) Dans la phrase 3, par quel autre mot peut-on remplacer tout ?

Vérifie tes réponses puis lis et mémorise le « Je retiens » qui suit.

Orthographe et accord de tout (tous, toute, toutes).• Employé comme déterminant indéfini et placé devant un nom (ou un pronom), tout

s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il introduit : J’écoute de la musique tous les jours et je connais toutes les nouveautés.

• Employé comme pronom indéfini, tout varie en genre et en nombre : Tout va bien ! J’ai recompté les cartes, elles sont toutes là.

• Employé comme adverbe, tout (= entièrement) est invariable sauf devant un adjectif féminin commençant par une consonne ou un h aspiré : La demeure était tout illuminée avec ses escaliers tout blancs et ses portes toutes bleues.

j e retiens

Entraîne-toi en effectuant le petit exercice suivant.

2- Complète les phrases suivantes avec tout, tous, toute, ou toutes.

a) J’ai visité _________ les pays et ________ les capitales d’Europe.

b) Elles sont rentrées ________ enchantées et __________ ravies de leur voyage.

c) ______ leurs cartes postales sont là, je les ai _______ reçues.

d) _____ était tranquille, _______ la ville semblait dormir.

e) Soyez _____ bien à l’heure demain, nous n’aurons pas ______ la journée !

© Cned, Français 3e — 132

Séquence 11séance 3 —

Séance 4Étudier un poème en prose

« Pensée en mer », Paul Claudel

Durée approximative : 1h30

Dans cette séance, tu vas découvrir et étudier une autre forme poétique moderne : le poème en prose. Paul Claudel, écrivain et diplomate, exerça les fonctions de consul aux États-Unis, puis en Chine, et fut ambassadeur de France au Japon. Grand voyageur, il évoque dans son recueil Connaissance de l’Est, ses différents séjours en Asie.

Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement le texte qui suit.

1 5 10

PENSÉE EN MER

Le bateau fait sa route entre les îles ; la mer est si calme qu’on dirait qu’elle n’existe pas. Il est onze heures du matin, et l’on ne sait s’il pleut ou non. La pensée du voyageur se reporte à l’année précédente. Il revoit sa traversée de l’Océan dans la nuit et la rafale, les ports, les gares, l’arrivée le dimanche gras, le roulement vers la maison, tandis que d’un œil froid il considérait au travers de la glace souillée de boue les fêtes hideuses de la foule. On allait lui remontrer les parents, les amis, les lieux, et puis il faut de nouveau partir. Amère entrevue ! comme s’il était permis à quelqu’un d’étreindre son passé. C’est ce qui rend le retour plus triste qu’un départ. Le voyageur rentre chez lui comme un hôte ; il est étranger à tout, et tout lui est étrange. Servante, suspends seulement le manteau de voyage et ne l’emporte point. De nouveau, il faudra partir ! À la table de famille le voici qui se rassied, convive suspect et précaire. Mais, parents, non ! Ce passant que vous avez accueilli, les oreilles pleines du fracas des trains et de la clameur de la mer, oscillant, comme un homme qui rêve, du profond mouvement qu’il sent encore sous ses pieds et qui va le remporter, n’est plus le même homme que vous conduisîtes au quai fatal. La séparation a eu lieu, et l’exil où il est entré le suit.

Paul Claudel, Connaissance de l’Est © Mercure de France, 1900.

NOTES :

1- « le dimanche gras » : un jour gras est un jour où l’église permet aux fidèles de manger de la viande.2- « au travers de la glace souillée » : à travers la vitre de la voiture.3- « les fêtes hideuses de la foule » : les manifestations de joie de ceux qui fêtent votre retour.4- « étreindre » : serrer, retenir.5- « hôte » : ici, personne que l’on invite, à qui l’on offre l’hospitalité.6- « précaire » : incertain, passager.7- « oscillant » : animé d’un mouvement alternatif, se balançant.8- « quai fatal » : quai où l’on fait les adieux.9- « exil » : situation de celui qui est banni de sa patrie ou obligé de vivre loin de chez lui.

— © Cned, Français 3e133

Séquence 11 — séance 4

As-tu bien lu ce texte ? Pour le vérifier, réponds aux questions qui suivent.

A Le souvenir du retour

1- a) Dans quel endroit le poème prend-il naissance ? Les informations données sur ce lieu sont-elles précises ?

b) Relève, dans les deux premières lignes, deux expressions qui montrent que la réalité qui entoure le voyageur est imprécise

c) En quoi les conditions décrites dans ces lignes favorisent-elles la rêverie du voyageur ?

Concentre-toi maintenant sur le paragraphe compris entre les lignes 3 et 7.

2- a) Quelle expression marque le début du souvenir ?

b) Résume en une ou deux phrases les souvenirs évoqués.

3- a) Quelles sont les trois étapes qui constituent le voyage du retour ?

b) « Il revoit sa traversée de l’Océan dans la nuit et la rafale […]. » (l. 3-4)

À quel grand voyageur de la mythologie grecque cette expression peut-elle faire penser ?

c) Quelle expression est employée par le poète à la ligne 5 pour désigner les scènes de retrouvailles ? Cette expression est-elle péjorative* ou méliorative* ?

d) Le voyageur est-il ému par ces retrouvailles? Justifie ta réponse en citant le texte.

e) Relève, dans la fin de ce paragraphe, une expression qui résume l’impression laissée au voyageur par la visite dans sa famille.

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigé puis poursuis ton travail.

B L’éternel exil du voyageur

Les questions qui suivent portent sur le paragraphe compris entre les lignes 8 et 15.

1- a) Au début de ce paragraphe, quel adjectif qualificatif confirme l’impression ressentie par le voyageur à son retour ?

b) Comment le voyageur est-il reçu chez lui ? Pour répondre, tu t’appuieras sur une comparaison employée au début du paragraphe.

2- a) Pourquoi le voyageur est-il perçu comme « un convive précaire » (l. 11) ? Cite un passage du texte pour justifier ta réponse.

b) Quel sens peux-tu donner au terme « passant » (l. 11) employé pour désigner le voyageur ?

c) « De nouveau, il faudra partir ! » (l. 10). À quelle expression du paragraphe précédent cette phrase fait-elle écho ?

d) Que traduit la présence du modalisateur* « il faudra » ?

e) Dans les dernières lignes du texte, quels indices montrent que le voyageur, même parmi les siens, est encore en voyage ?

© Cned, Français 3e — 134

Séquence 11séance 4 —

3- a) Dans la dernière phrase du texte, à quoi est associé l’exil ?

b) Explique le sens de l’expression : « l’exil où il est entré le suit » (l. 14)

c) À quelle personne le poète parle-t-il de lui-même ?

d) En quoi ce choix renforce-t-il l’impression d’exil ressentie par le poète ?

C Analyser un poème en prose

1- a) Quels éléments traditionnels de la poésie n’apparaissent pas dans ce texte ?

b) « les oreilles pleines du fracas des trains et de la clameur de la mer » (l. 12)

Que peut exprimer cette allitération en [r] ?

c) « Servante, suspends seulement le manteau de voyage » (l. 9) : surligne les allitérations et les assonances contenues dans ce passage.

d) Que peuvent suggérer ces répétitions sonores ?

e) « la mer » (l. 12) : à quel adjectif employé plus haut dans le poème les sonorités de ce groupe nominal font-elles écho ?

2- a) Dans l’expression « il est étranger à tout, et tout lui est étrange » (l. 9), sur quels mots le poète joue-t-il ?

b) En quoi cette expression forme-t-elle un chiasme ?

C Coup de pouce : un chiasme est un parallélisme construit à partir d’une inversion des termes (ab/ba)

c) Comment cette figure de construction par symétrie peut-elle traduire l’exil dans lequel le voyageur est enfermé ?

3- « et l’on ne sait pas s’il pleut ou non »

« et puis il faut de nouveau partir »

« et tout lui est étrange »

« et l’exil où il est entré le suit »

a) Quel est le point commun à toutes ces propositions ?

b) Quel effet est ainsi produit dans le mouvement des phrases ?

c) Comment peux-tu rapprocher cette construction grammaticale du mouvement « oscillant » dont le voyageur se sent affecté et qui le remportera?

4- a) Le lexique employé dans le poème te semble-t-il familier, courant, ou soutenu ? Cite deux exemples à l’appui de ta réponse.

b) « vous conduisîtes » (l. 14). À quel temps est conjugué le verbe conduire ? L’emploi de ce temps à la 2e personne du pluriel est-il habituel ?

c) Que peux-tu en déduire sur le ton employé ici ?

Compare maintenant tes réponses avec celles contenues dans le corrigé puis recopie et mémorise le « Je retiens » qui suit.

— © Cned, Français 3e135

Séquence 11 — séance 4

Le poème en prose.Le poème en prose se développe dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec des auteurs comme Baudelaire ou Rimbaud. Il ne comporte ni vers ni rimes mais s’appuie sur des échos sonores internes (assonances et allitérations). Le poème en prose accorde également une grande importance au rythme et à la construction des phrases, et emploie souvent un lexique soutenu.

j e retiens

D Vocabulaire : autour du mot hôte

Le mot hôte vient du nom latin hospes, qui peut désigner à la fois la personne qui reçoit et celle qui est reçue. Complète les phrases suivantes à l’aide de ces mots appartenant à la même famille : hôtelier, hospitalier, hôtel, hospitalité, hospitaliser, inhospitalier.

1- Nous avons passé la nuit dans un ___________ charmant et très confortable.

2- Pendant son périple, Ulysse a visité un monde souterrain menaçant et _____________.

3- Ces gens sont adorables, je leur offre volontiers l’_______________.

4- Passionnée de cuisine, elle va poursuivre ses études dans un lycée ___________.

5- Pour la guérir, il n’y a pas d’autre choix que de l’_____________.

6- Cet homme est très _____________, sa maison est ouverte à tous.

Vérifie tes réponses puis effectue le dernier exercice.

E Expression écrite

Pour terminer cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.

Voici le début d’un poème de Joachim Du Bellay, évoquant la joie du retour parmi les siens :

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,Et puis est retourné, plein d’usage et raison,Vivre entre ses parents le reste de son âge ! »

Penses-tu, comme Claudel, que le retour est plus triste que le départ, ou crois-tu, avec Du Bellay, qu’il est bon de rentrer chez soi après un long voyage ? Tu développeras ton point de vue dans un paragraphe argumenté de quelques lignes.

Pour réussir cet exercice tu dois :

- Exposer clairement ton point de vue : la thèse

- Employer deux ou trois arguments à l’appui de ton point de vue

- Proposer quelques exemples précis pour illustrer tes arguments

- Vérifier l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en complétant le tableau ci-dessous.

© Cned, Français 3e — 136

Séquence 11séance 4 —

Je vérifie que … Fait

J’ai exposé clairement mon point de vue, ma thèse.

J’ai employé deux ou trois arguments pour appuyer ta thèse.

J‘ai proposé des exemples précis pour illustrer mes arguments.

J’ai vérifié l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton paragraphe argumenté sur ton cahier. Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

— © Cned, Français 3e137

Séquence 11 — séance 4

Séance 5Découvrir le regard du poète sur une ville moderne

« À New York » Léopold Sédar Senghor

Durée approximative : 1h30

C’est à New York que s’achève cette séquence consacrée aux poètes voyageurs. Dans le poème que tu vas lire, Léopold Sédar Senghor, écrivain d’origine sénégalaise, évoque la ville de New York où il s’est rendu lors d’un voyage officiel à l’O.N.U. Tu vas découvrir le regard du poète sur la grande ville moderne à travers un extrait de son poème À New York.

Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement le texte et écoutes-en la lecture à la piste 31 de ton CD.

Pour des raisons liées au respect du droit d’auteur, le texte n’est pas reproduit ici. Il s’agit du poème de Léopold Sédar Senghor intitulé « New York » (Éthiopiques (1956) in Œuvre Poétique © Éditions du Seuil, 1964, 1973, 1979, 1984, 1990).

Pour vérifier ta bonne compréhension de la scène, réponds maintenant aux questions qui suivent.

A Un regard contrasté sur la ville

1- Relis les vers 1 à 6.

a) À qui le poète s’adresse-t-il dans le premier vers ?

b) Par quel aspect de la ville le poète est-il d’abord troublé ?

c) Le poète est impressionné par la grande ville : encadre l’adjectif, employé aux vers 2 et 3, qui le confirme.

d) Que suggère de façon implicite* l’emploi de l’adverbe « d’abord » (v. 1 et 2) ?

e) Aux vers 5 et 6, quels aspects des gratte-ciel le poète met-il en valeur ?

2- a) Quel vers marque un tournant dans le regard porté sur la ville ? Justifie ta réponse.

b) Observe les premiers mots des vers 11 à 14. Sur quelle figure de style sont-ils construits ?

c) Quel aspect de la ville cette figure de style met-elle en valeur ?

d) « sans un puits ni pâturage » (v. 9) / « sans sueur ni odeur » (v. 12) : d’après ces expressions, que manque-t-il à la ville ?

e) Quel adjectif, employé au vers 13, exprime parfaitement l’image de la ville selon le poète ? Quel adjectif antonyme (= de sens contraire) pourrais-tu proposer ?

f) Pourquoi les nuits à Manhattan sont-elles des « nuits d’insomnie » (v.15) ?

3- En t’appuyant sur l’ensemble de tes réponses, explique en quelques phrases en quoi le regard posé sur la ville est un regard contrasté. Tu montreras notamment les oppositions qui construisent cette image de la ville.

© Cned, Français 3e — 138

Séquence 11séance 5 —

Tu peux vérifier tes réponses dans le livret de corrigé, puis poursuivre ton travail.

B Une vision poétique : l’emploi des images

1- a) « tes yeux de métal bleu, ton sourire de givre » (v. 2). Comment s’appelle la figure de

style par laquelle le poète attribue des caractéristiques humaines à la ville ?

b) Complète le tableau suivant en retrouvant dans le poème les termes qui donnent vie à

la ville:

Éléments urbains Caractéristiques humaines- Les gratte-ciel -

--

- Les trottoirs -

- Les klaxons -

c) De la ville ou de ses habitants, qu’est-ce qui te semble le plus vivant ? Justifie ta

réponse en t’appuyant sur des exemples précis.

2- « levant des yeux de chouette » (v. 4)

« les fûts livides » (v. 5)

« en un bond de jaguar » (v. 8)

a) Sur quelle figure de style ces trois expressions sont-elles construites ?

b) À quel champ lexical appartiennent les mots en gras ?

c) Relève dans le texte d’autres termes appartenant à ce champ lexical.

d) En quoi l’origine du poète permet-elle de comprendre l’emploi de ce champ lexical ?

Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles proposées dans le corrigé. Puis, lis et

mémorise le « Je retiens » qui suit.

Le regard du poète sur la ville moderne.La ville devient un thème poétique dès la deuxième moitié du XIXe siècle, notamment dans les poèmes de Baudelaire, Rimbaud ou Verhaeren. Au début du XXe siècle, l’architecture nouvelle de verre, de béton et de métal lui donne un nouveau visage. Des poètes comme Cendrars et Apollinaire en font l’éloge.Cependant chez d’autres artistes, l’admiration et l’enthousiasme cèdent la place à un regard critique porté sur les villes modernes, où règnent les constructions et les relations artificielles. Certains, comme Sédar Senghor, déplorent l’absence de nature et d’humanité. La figure de la personnification est souvent employée par les poètes pour décrire la ville.

j e retiens

— © Cned, Français 3e139

Séquence 11 — séance 5

Le coin des curieux La négritude

Léopold Sédar Senghor est l’un des fondateurs de la négritude, courant littéraire qui affirme l’originalité de la culture noire, et invite les écrivains noirs à revendiquer leurs racines. La négritude prend naissance dans un contexte d’anticolonialisme et s’exprime par les références à la nature et aux civilisations africaines.

C Expression écrite

Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.

Voici un tableau de Marcel Gromaire, représentant New York et le pont de Brooklyn. Observe-le attentivement.

Marcel Gromaire (1892-1971), Brooklyn Bridge, 1950

© Musée d’Art Moderne / Roger-Viollet / ADAGP.

À partir des éléments observés sur ce tableau, rédige un petit poème d’une quinzaine de vers libres dans lequel tu décriras la ville de New York et rapporteras les sentiments qu’elle t’inspire.

Pour réussir cet exercice tu dois :

- Rédiger un poème d’une quinzaine de vers libres

- Rapporter les sentiments inspirés par la grande ville

- Proposer des personnifications pour décrire New York

- Utiliser des métaphores qui font appel au lexique de la nature

- Vérifier l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

© Cned, Français 3e — 140

Séquence 11séance 5 —

Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les

consignes en complétant le tableau ci-dessous.

Je vérifie que … Fait

J’ai rédigé un poème d’une quinzaine de vers libres.

J’ai rapporté les sentiments que m’inspire la grande ville.

J‘ai proposé des personnifications pour décrire New York.

J’ai utilisé des métaphores qui font appel au lexique de la nature.

J’ai vérifié l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton poème sur ton cahier. Lis ensuite dans le

corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

— © Cned, Français 3e141

Séquence 11 — séance 5

Séance 6Je m’évalue

Durée approximative : 1h

Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra

de faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.

Complète maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque

chose. Quand tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que

ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreur.

Je connais Je suis capable de Les différentes formes poétiques

modernes :

Le _________________ dont la disposition des mots forme un dessin significatif.

Le ___________ en _________________ qui se caractérise par des vers de longueur irrégulière et l’abandon des rimes.

Le ___________ en _____________ qui ne comporte ni vers ni rimes.

Citer un poète qui s’est illustré dans chacune de ces formes modernes :

____________________

____________________

____________________

L’orthographe et les accords de leur :

• Quand leur est ________________________, il s’accorde en nombre avec le nom qu’il introduit.

• Quand leur est un ___________________________, il est invariable.

Compléter les phrases suivantes par leur ou leurs, selon les cas.

a) Les voyageurs aiment raconter ______ souvenirs.

b) Les poètes ont parlé des trains dans _________ textes.

c) Ils ont tenté de ____________ emprunter leur musique particulière.

d) Il est intéressant d’étudier ___________ vision du monde moderne.

L’orthographe et les accords de tout :

• Lorsque tout est un D___________ I_______________, il s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il introduit.

• Lorsque tout est un P__________ I__________, il varie en genre et en nombre.

• Quand tout est un A__________, il est invariable, sauf devant les A___________ F__________ commençant par une consonne ou un h aspiré.

Compléter les phrases suivantes par tout, tous, toute ou toutes :

a) _______ une vie ne suffirait pas pour faire _______ les voyages intéressants.

b) Je prends beaucoup de photos en voyage et je les garde _______.

c) ________ me plaît dans les récits de voyage.

d) La petite Jehanne est ________ inquiète et _______ frémissante dans le Transsibérien.

e) J’ai traversé ________ les océans, et parcouru _____________ les mers.

© Cned, Français 3e — 142

Séquence 11séance 6 —

Les caractéristiques de l’écriture poétique du voyage :

• La présence de nombreux termes _____________ qui suscitent le rêve.

• L’emploi du champ lexical du M______________.

• Le lexique des S___________ et des S_______________.

Compléter les phrases suivantes sur les poèmes étudiés :

a) L’évocation du train est présente dans les poèmes de _______________ et de _______________________.

b) La région que traverse Blaise Cendrars est la _____________.

c) Valéry Larbaud éprouve un sentiment de P____________ lors de ses voyages dans les trains de luxe.

d) L’emploi du vers libre permet de transcrire le M________________ et la M____________des trains.

e) Apollinaire nous rapporte son voyage à bord d’une ____________________.

f) Claudel considère que le R___________ est plus triste que le D____________ parce que le voyageur est un éternel É___________.