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Article original Frettes (Haute-Saône, France) : un gisement de plein-air du paléolithique moyen, premiers résultats Frettes (Haute-Saône, France): A middle palaeolithic open air-site, first results Agnès Lamotte a, * , Gilles Huguenin b , Michel Campy c , Jean-Luc Deherripont d , Jean Detrey e , Denis Morin f , Hélène Corbeaux c a CNRS-UMR8164 HALMA-IPEL, université Lille 1 sciences et technologies, bâtiment de géographie, avenue Paul-Langevin, 59655 Villeneuve-d’Ascq, France b Association « patrimoine préhistorique de la Haute-Saône », 4, rue de Rigny, 70100 Chargey-les-Gray, France c Université de Bourgogne, Bourgogne, France d Géologie, géotechnique, La plaine Saint-Denis, France e Office historique du patrimoine, Porrentruy, Suisse f CNRS, UMR 5608 TRACES, université de Toulouse, maison de la recherche, 5, allée Antonio-Machado, 31058 Toulouse, France Disponible sur Internet le 12 novembre 2014 Résumé Le site de plein air de Frettes a été découvert dans les années 1900 par le docteur Bouchet. Depuis cette date, il a été prospecté pendant de longues années par divers autres inventeurs locaux. Le matériel de surface, concentré sur des zones de 50 m 2 suggère un Moustérien de type Ferrassie et sur d’autres zones plus éparses un Moustérien de Tradition Acheuléenne. A la suite de campagne de sondages (1988-1989), le gisement de Frettes a fait l’objet d’une fouille programmée en 1990 et 1991 (dir. G. Huguenin) la zone de fouille qui a atteint 48 m 2 a livré 3746 artefacts, soit environ 78 artefacts/m 2 . Lors des sondages préalables de 1988-1989 réalisés par secteurs de 4 m 2 et d’une tranchée de 220 m opérée sur une partie du versant et tentant de raccorder les sondages entre eux, le matériel lithique exhumé était constitué d’éléments Levallois (nucléus, éclats, outils sur éclats), d’éléments laminaires (rares nucleus, lames, lamelles, outils sur lames). Lors de la campagne de fouille programmée en 1990 et 1991, le matériel lithique exhumé présentait les mêmes www.em-consulte.com Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect L’anthropologie 118 (2014) 449475 * Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected] (A. Lamotte), [email protected] (G. Huguenin), [email protected], [email protected] (M. Campy), [email protected] (J.-L. Deherripont), [email protected] (J. Detrey), [email protected] (D. Morin). http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2014.10.005 0003-5521/# 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Frettes (Haute-Saône, France) : un gisement de plein-air du paléolithique moyen, premiers résultats

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Article original

Frettes (Haute-Saône, France) : un gisement de plein-airdu paléolithique moyen, premiers résultats

Frettes (Haute-Saône, France): A middle palaeolithic open air-site,first results

Agnès Lamotte a,*, Gilles Huguenin b, Michel Campy c,Jean-Luc Deherripont d, Jean Detrey e, Denis Morin f, Hélène Corbeaux c

a CNRS-UMR8164 HALMA-IPEL, université Lille 1 sciences et technologies, bâtiment de géographie,avenue Paul-Langevin, 59655 Villeneuve-d’Ascq, France

b Association « patrimoine préhistorique de la Haute-Saône », 4, rue de Rigny, 70100 Chargey-les-Gray, Francec Université de Bourgogne, Bourgogne, France

d Géologie, géotechnique, La plaine Saint-Denis, Francee Office historique du patrimoine, Porrentruy, Suisse

f CNRS, UMR 5608 TRACES, université de Toulouse, maison de la recherche, 5, allée Antonio-Machado,31058 Toulouse, France

Disponible sur Internet le 12 novembre 2014

Résumé

Le site de plein air de Frettes a été découvert dans les années 1900 par le docteur Bouchet. Depuis cettedate, il a été prospecté pendant de longues années par divers autres inventeurs locaux. Le matériel de surface,concentré sur des zones de 50 m2 suggère un Moustérien de type Ferrassie et sur d’autres zones plus éparsesun Moustérien de Tradition Acheuléenne. A la suite de campagne de sondages (1988-1989), le gisement deFrettes a fait l’objet d’une fouille programmée en 1990 et 1991 (dir. G. Huguenin) où la zone de fouille qui aatteint 48 m2 a livré 3746 artefacts, soit environ 78 artefacts/m2. Lors des sondages préalables de 1988-1989réalisés par secteurs de 4 m2 et d’une tranchée de 220 m opérée sur une partie du versant et tentant deraccorder les sondages entre eux, le matériel lithique exhumé était constitué d’éléments Levallois (nucléus,éclats, outils sur éclats), d’éléments laminaires (rares nucleus, lames, lamelles, outils sur lames). Lors de lacampagne de fouille programmée en 1990 et 1991, le matériel lithique exhumé présentait les mêmes

www.em-consulte.com

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

ScienceDirect

L’anthropologie 118 (2014) 449–475

* Auteur correspondant.Adresses e-mail : [email protected] (A. Lamotte), [email protected] (G. Huguenin),

[email protected], [email protected] (M. Campy), [email protected] (J.-L. Deherripont),[email protected] (J. Detrey), [email protected] (D. Morin).

http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2014.10.0050003-5521/# 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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caractéristiques typologiques et technologiques, c’est-à-dire une composante Levallois majeure associée àune composante laminaire mineure et remarquable de part le nombre de nucléus débités sur la tranche, sur laface inférieure des éclats, nucléus à lames en plan ou en volume. Pendant ces recherches, la question d’uneunique ou de deux occupations s’est naturellement posée. L’analyse de la répartition spatiale de la fouille de1990-1991 plaide pour une unique occupation. Les éléments laminaires présentent exactement les mêmescaractéristiques que les éléments Levallois : zones identiques de fortes densités d’artefacts, zones identiquesde faibles densités d’artefacts, décroissance identique des densités du pôle le plus dense vers le plus faible.Le niveau archéologique a une très faible dispersion verticale de l’ordre de 7 cm, 12 cm sur des zonesaffectées par un rejeu du substrat. L’outillage sur éclat comprend des encoches, des racloirs simples etdoubles, de nombreux grattoirs et quelques burins. Il comprend aussi quelques troncatures retouchées et desracloirs convexes sur lame. La typologie des éclats est entièrement conforme à celle des nucleus : éclatsLevallois et éclats laminaires de toute dimension, quelques lames à crêtes et néo-crêtes. L’ensemble desartefacts est débité à partir d’une matière première minérale locale qui est le silex du Bajocien. Néanmoins,la composition de matériaux non-silex suggère une circulation de la matière première proche de 20 km endirection de la Saône. Sur le versant Est d’une vaste dépression karstique, la stratigraphie est tantôtlacunaire, de faible développement vertical mais parfois elle peut être conservée sur près de deux mètres deprofondeur avant d’atteindre le substrat. Cette stratigraphie nous permet de proposer un modèle d’inter-prétation des différentes phases de mise en place des sédiments et du moment de l’occupation majeure dusite. Dans cet article, les auteurs présentent les premiers résultats inédits de la stratigraphie des sondages de1988/89, de la fouille de 1990-1991 ainsi que les caractères généraux de l’industrie à composante Levalloiset laminaire qui compte un certain nombre de remontages.# 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Site de plein-air ; Est de la France ; Moustérien ; Débitage Levallois ; Débitage laminaire ; Bancs de silex ;Sondages ; Fouilles programmées

Abstract

Frettes is an open air site discovered in 1900 by Docteur Bouchet. Since that date, the site has beenprospected by several other local researchers. The surface industry condensed by areas of 50 m2, showssomething defined around a Ferrassie Mousterian with oriental similitudes. Following a sondage campain in1988 and 1989, the site has been dug in 1990 and 1991 by Gilles Huguenin. This excavation spread over48 m2 and 3746 artefacts constitute one main lithic serie with about 78 artefacts per meter. During the firstpolls of 1988-1989 of 4 m2 of extension and the fulfilment of a 200 m trench which had for aim to comparepolls all together, the lithic obtained was rich of Levallois finds (cores, flakes, tool-flakes), blade finds (rarecores, blades, blade-tools). During the excavation of 1991-1991, the lithic inventory shows the sametypology and technology characteristics that we can describe as following: a main Levallois compositionand in a lesser extent a blade composition. For the blade part of the lithic serie, we can notice the importantpart of blade cores done on the tranche of nodules or flakes and the great part of ventral flake realization nextto the tradition flat or volume cores. During those researches, the question of a single or recurrent occupationwas naturally written. The spatial analysis pleads for one main occupation. The blade artefacts commonlyshow the same characteristics than the Levallois artefacts position and density: common areas of highdensity, common areas of lower density, decline areas from higher density to the lowest. The archaologicallevel shows a short vertical dispersion, around 7 cm, the maximum is 12 cm located on plots where the chalkrecords accidents. Retouched tool are made by noches, simple scrapers, double scrapers, few burins and end-scrapers. Tools are also composed of truncatures and blade convex scrapers. The typology of the flakes is inaccordance with types of cores: Levallois flakes, blades or allongated flakes, crested-blade. Located on theeast side of a great chalky depression, the stratigraphy of the site can be very poor, away or can be developedwith more than 2 meters of deposits before to find the rock. The raw material is local, the blue and whiteflints are coming from the Bajocien system. Other minerals are also present, they are non-silex like quartz orquartzite coming from the Saône river and his area far from 20 km from the site. This stratigraphy also

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permits us to propose a first model of major phase of deposit and major phase of frequentation of thelandscape by hominids. This article underlines the first totally new results of the stratigraphy, theinterpretative results and show us the main characters of an industry composed by Levallois and blademethods and where refittings are numerous and do reflect all debitage steps.# 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Open air site; Eastern France; Mousterian; Levallois debitage; Blade debitage; Flint place; First sondages;Excavations

1. Présentation du site et historique des découvertes (A.L et G.H)

En guise de préambule, nous préciserons qu’il n’est point aisé de reprendre l’étude d’ungisement près de 23 ans après la réalisation de l’opération archéologique. Cet article est la miseen commun d’études pluridisciplinaires qui ont eu lieu à l’époque, fruit de travaux universitaires(partie stratigraphie et chronostratigraphique) pour la plupart. L’étude lithique existante a étéréactualisée avec les lithiciens responsables opérations. L’étude de la répartition spatiale en est àpeine exploitée, un retour aux fiches d’enregistrement et à l’informatisation des données estencore en cours. Ce sont donc bien les premiers résultats qui sont exposés, de façon très inégaleselon les parties et dans lesquelles, nous sommes encore malheureusement parfois, privésd’interprétation ou de démonstration scientifique concluante.

Le gisement paléolithique de Frettes est un site de plein-air du nord de la Franche-Comté. Il estsitué au nord du département de la Haute-Saône à la limite méridionale de la Haute-Marne et à lalimite septentrionale de la Côte d’Or. De ce fait, il se trouve aux limites des régionsadministratives de la Champagne-Ardenne, de la Bourgogne et de la Franche-Comté (Fig. 1). Lesecteur est rattaché aux plateaux ouest de la Saône dont les altitudes oscillent entre 451 m et220 m (Journaux, 1954 ; Théobald, 1969). L’environnement immédiat autour du gisement estdépourvu de cours d’eau dans un rayon de 5 à 7 km, distance à laquelle les principales rivièressont Le Vannon à l’est et Le Salon à l’ouest tous deux affluents de la Saône. Au niveau régional, legisement est distant de 7 km au sud-est des grottes de Farincourt qui ont livré un matériel lithiqueet osseux magdalénien (Mouton et Jeoffroy, 1956 ; David et Pernod, 1992) et de l’abri Cuvier àFouvent-le-Bas (Paléolithique moyen et Paléolithique supérieur) situé à 6 km au sud-est, surtoutconnu pour sa faune quaternaire (Nodot, 1859 ; Lovis, 1968). Le gisement localisé au lieu dit « LaCombe aux Barbeux » à 298 m d’altitude, a été découvert par le Docteur Bouchet dans les années1900 (Bouchet, 1900) natif de Frettes. Soixante ans après sa découverte, il est de nouveauprospecté et étudié par A. Thévenin, G. Huguenin et P. Garnier (Thévenin et Huguenin, 1966 ;Garnier, 1975 ; Campy, 1985). La collection P. Garnier fait état de 780 outils et nécessiterait unerelecture typologique et technologique de toutes les catégories de vestiges. La premièrepublication détaillée d’une partie du matériel de surface qui concerne la série moustériennerevient à G. Huguenin dans sa thèse (Huguenin, 1988). La portion de plateau calcaire qui entourele site est animée par des morphologies et phénomènes karstiques importants (dolines,entonnoirs, trous, pertes d’eau, résurgences. . .) (Nuffer, 1973a,b). Localement, le site occupe lapartie intermédiaire d’un long versant au modelé variable.

Les zones de trouvailles de surface, disséminées, présentent des densités d’artefacts trèsdifférentes les unes des autres. Sur le haut du versant et le dôme sommital, les artéfactsmoustériens sont peu abondants. La plupart du temps, il s’agit de blocs bruts de silex bajocien, de

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nucléus et des produits de débitage associés. Le bas du versant compte davantage de quartzites etdifférentes zones de 20 à 50 m2 révèlent du matériel lithique taillé. Les outils retouchés sur éclatssont nettement plus abondants à cet endroit.

Les observations typologiques et technologiques ont amené les premiers auteurs à attribuer lematériel de surface à un Moustérien de type Quina-Ferrassie de faciès oriental ainsi qu’à unMoustérien d’Europe Centrale (Huguenin, 1988). Les trouvailles de surface à mi-pente duversant sont nettement laminaires (lames de plein débitage, couteau à dos naturel, racloirs,grattoirs et fragments de pointes de Châtelperron typiques ou atypiques).

En 1988 et 1989, des campagnes de sondages ont été entrepris à divers endroits du versant,puis une tranchée de plus de 220 m a été réalisée afin de raccorder les données des premierssondages et de faciliter la compréhension générale du versant (Fig. 2). Lors de ces diversespériodes de prospection et de sondages élargis, les principaux éléments des chaînes opératoiresont pu être identifiés : blocs de matière première, nombreux éclats corticaux, nucleus, outilsretouchés, débris de taille divers.

Devant l’abondance et l’intérêt des découvertes sur certains secteurs de la parcelle, uneautorisation de fouille a été demandée en 1990 et 1991 par G. Huguenin afin de spécifierl’importance des trouvailles dans un contexte stratigraphique. L’opération a eu lieu sur unesuperficie d’environ 48 m2. Les buts de cette opération étaient nombreux : repérer les zones

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Fig. 1. Frettes (Haute-Saône) – Localisation générale du gisement au carrefour des régions Franche-Comté/Champagne-Ardennes/Bourgogne (d’après A. Lamotte).Frettes – (Haute-Saône) – Location of the site at the crossroad of several administrative regions like Franche-Comté/champagne-Ardennes/Bourgogne (after A. Lamotte).

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d’activités en fonction des documents recueillis, affiner les connaissances techniques ettypologiques d’un gisement du Paléolithique moyen dans l’est de la France, contribuer àl’établissement d’un cadre chrono-stratigraphique en dehors des terrasses du bassin supérieur dela Saône (Campy et Contini, 1973) et des grottes (Nuffer, 1973a ; Millotte, 1973 ; Campy, 1976,1982).

2. Présentation de la stratigraphie (J.-L. D, M.C et D.M)

En 1989 et 1990, une tranchée de 220 mètres a permis de mettre à jour une séquencestratigraphique d’épaisseur variable sur une grande partie du versant et dans le sens de la pente.

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Fig. 2. Frettes (Haute-Saône) – Localisation des sondages de 1988–1989, de la tranchée de 220 m et de la fouille de1990-1991 (d’après A. Lamotte).Frettes (Haute-Saône) – Location of pits in 1988–1989, of the trench of 220 meters and location of the excavation of1990-1991 (after A. Lamotte).

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La profondeur de la tranchée variait avec celle du substratum calcaire sub-affleurant enpartie amont et plus profond en partie aval qui forme des seuils suivis de rupturesbrutales. On peut assimiler ce phénomène à des structures karstiques ou à un régime de diaclasesdû à la proximité d’une faille existant non loin du site. Jointive au périmètre de fouille,la tranchée a aussi contribué à cerner l’étendue du niveau archéologique. Au fil de cettetranchée, de nombreux levés ont été effectués sur le versant et ont permis de cerner deshorizons loessiques, argileux et zones de cailloutis dont les agencements sont différents au fil duversant.

Les mesures topographiques ont été effectuées tous les cinq mètres respectivement notés A àY de l’amont à l’aval et les mesures ont ensuite été faites tous les dix mètres notés de 1 à 11 pourraccrocher le profil au point culminant du secteur. Les relevés ont donc été effectués sur unelongueur de 220 m. Ils déterminent un dénivelé de 14,65 m ce qui correspond à une pentemoyenne de 6,8 %. Les différents points d’inflexion de la pente confèrent malgré tout au profilune morphologie particulière, de forme convexe. Ainsi, l’inclinaison varie et semble maximaleentre les points A et M (Fig. 3).

À l’amorce du bas de versant (entre A et K), on peut dissocier trois unités litho-stratigraphiques (Fig. 4) : au sommet de la séquence, un niveau brun de faible épaisseur ethétérogène (Bo1) est brassé par les labours. Sous ce niveau et reposant sur les argiles rouges sous-jacentes, se localise un banc peu épais (une dizaine de centimètres) de silex (Si). Sous ce lit desilex se trouve un épais niveau argileux, de couleur rouge (AR) sans éléments calcaire, avec peuou pas de silex. Puis vient le substratum calcaire (Bajocien moyen).

Entre L et P (bas de versant) s’ajoute, aux différents horizons précédents, un niveau limoneux(L) brun-vert. Au sommet de la séquence, ce niveau s’intercale entre le « pavage » de silex et lesterres brunes remaniées. Dans ce secteur, la concentration de silex est plus importante (20 à30 cm) et le niveau archéologique est particulièrement dense sur la partie supérieure de cepavage. Les rognons de silex sont globalement de petite dimension (inférieur à 10 cm) au sommetdu pavage, ils peuvent par contre atteindre des dimensions proches de 40 cm voire davantage à labase du pavage.

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Fig. 3. Frettes (Haute-Saône) – Localisation de la tranchée de 220 m par rapport au versant (nomenclature de 1 à 11, puisde A à X) (d’après J.-L. Deherripont).Frettes (Haute-Saône) – Location and detail of the trench of 200 meters long along the hillside (nomenclature from 1 to 11,then from A to X (after J.-L. Deherripont).

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Enfin, entre Q et Y, la séquence stratigraphique est bien conservée avec un développementvertical important des unités lithologiques. Ceci est dû à sa localisation en bas de pente à l’abri del’érosion. Le relevé se décline selon les mêmes termes que précédemment. Seul le niveausupérieur de couleur brun se différencie, scindé en deux (B10 et B10’) par un inter-banccaillouteux calcaire. À cet endroit, la présence d’artefacts taillés, sur le pavage de silex, se raréfie.De façon synthétique et pour l’ensemble des observations, deux principaux horizons (complexeloessique et complexe argileux) sont séparés par un pavage de chailles. L’horizon inférieur estconstitué par des argiles rouges de décalcification dont la formation peut être considérée commeantérieure à la dernière période glaciaire, tout en gardant en considération qu’au niveau climato-chronologique, que ces argiles peuvent aussi se former et exprimer le bilan pédo-sédimentaired’une pulsation chaude lors de la dernière glaciation. L’horizon supérieur est composé par deslimons fins jaunâtres. L’apport de ces limons pourrait être d’origine éolienne (Champlitte-et-le-Prélot, 1985). La nature du substrat confirme la parenté des silex avec les calcaires du Bajocienmoyen. Les rognons de silex sont initialement inclus dans ces niveaux calcaires, orientés selon lastratification. L’ensemble est progressivement soumis aux agents de l’érosion pour former unecouverture d’altération. On peut estimer que la disposition primitive des silex en bancs estconservée dans la couverture d’altération.

En surface, la perméabilité des argiles d’une part, et la pente d’autre part, provoquent desphénomènes de ruissellement entraînant les particules fines, nettoyant les éléments clastiques lesplus grossiers. De tels phénomènes de « vannage » peuvent aboutir à la création d’une surfacepierreuse, constituée dans ce cas par les nodules de silex, et peuvent donner en coupe le pavage

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Fig. 4. Frettes (Haute-Saône) – Agencement des différents horizons en fonction de leur position au sein du profil.Frettes (Haute-Saône) – Layout of differents stratigraphic units according to their position in their log (from J.-L.Deherripont; DAO: A. Lamotte).D’après J.-L. Deherippont ; DAO : A. Lamotte.

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décrit précédemment. Cet épandage de silex a été exploité par l’homme pendant le Paléolithiquemoyen. Les limons qui recouvrent le tout ont pu être mis en place lors d’un épisode froid etcorrespondent donc à la dernière glaciation. C’est aussi à un épisode froid qui provoque,postérieurement au dépôt, les phénomènes de cryo-reptation (Pech, 1996 ; Chardon, 2008). Tousces phénomènes et mouvements gravitaires sur versant sont liés à la gravité et au froid et sedéclinent surtout dans les régions périglaciaires où la lecture des paysage est fondée sur lagravitation et le froid (Pissart et al., 2008). Progressivement sur le versant accidenté de parois etde replats topographiques se lisent sur le terrain les manifestations physiques de ces phénomènesliés au gel telles que les zones de micro-fracturation, zones d’éboulis, zones de cryo-reptation etzones de sols polygonaux. Le réchauffement post-glaciaire, période de forte précipitation, entreautre, est responsable entre autre d’une intense érosion, nivelant la surface topographique.L’installation de la végétation va progressivement ralentir le phénomène d’érosion permettantainsi la conservation du profil. On pourrait attribuer la présence d’éléments calcaires dans lesniveaux bruns limoneux de la partie basse de la pente à une réactivation de l’érosion dontl’origine est sans doute humaine (défrichement). Quoiqu’il en soit, la dégradation du site s’estaccélérée au cours des dernières décennies, en liaison avec une exploitation agricole intense. Unerelecture des données sur le terrain lors des sondages de 2006 permet d’affirmer que lesoccupations ont eu lieu après une phase d’érosion qui a dénudé la partie supérieure du versant et aeu lieu avant la mise en place des derniers limons weichséliens, soit de la fin du Pléniglaciairemoyen jusqu’au Pré-boréal (Hallégouët et al., 2008). Avec ce versant de plus de 7 % de pente, ilfaut envisager une présomption de remaniement (Bertran, 1994). Il convient aussi d’imaginerqu’une partie de la séquence stratigraphique et que l’occupation ne soient pas datables à causedes phénomènes de solifluxion, ruissellement et des conséquences sur l’enfouissement etorientation des artefacts (Bertran et Lenoble, 2002). En effet, si on considère que les pavages semettent la plupart du temps en place durant le Pléniglaciaire weichsélien avec une action érosiveverticale et longitudinale variable, on peut aussi considérer alors que le phénomène a puremobiliser les sédiments du versant et les industries antérieures associées, les accumulant entreelles sur des zones privilégiées tels que les replats topographiques ou les bas de versants. Lepavage et l’industrie lithique que nous analysons sont donc probablement le bilan d’un ouplusieurs phénomènes érosifs très en amont dont nous ne pouvons définir ni l’intervalle de tempsentre eux, ni même la distance physique, ni même le nombre d’occupations délogées de leurcontexte originel. La série lithique n’est donc peut-être pas homogène compte tenu des processuspériglaciaires de plein-air mais l’état physique des artefacts non abîmés semble indiquer que laou les séries lithiques, en dehors des phénomènes actuels de labours et de ruissellement (pour lapartie la plus en sub-surface) ne sont pas endommagés.

3. Présentation de l’industrie lithique

3.1. Composition pétrographique et état physique de l’industrie (A. L et G. H)

Dans cette région qui constitue l’extrême extension des auréoles orientales du Bassin parisien,les étages du Jurassique moyen et supérieur dominent. Les formations de calcaires à polypiers, àentroques (Bajocien inférieur, moyen), compacts (Bathonien inférieur) et calcaires grenus(Callovien) ont livré, au niveau des discordances et des lignes de faille, des silex (Contini, 1986,1991). La composition pétrographique de l’industrie est dominée par le silex provenant de cesformations. Il s’agit d’un silex non translucide de couleur bleutée. La matière première seprésente sous la forme de nodules aux formes très régulières avec un maximum d’épaisseur au

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centre du rognon. Le cortex peut être très épais (pluri-centimétrique) à millimétrique. Les piècesles plus désilicifiées et altérées sont parfois très proches de la chaille locale. Ce silex localprovenant des assises du Bajocien/Bathonien/Callovien constitue plus de 99 % de la série. Lepourcentage restant est constitué de 5 autres types de matériaux que sont le quartz (11,5 % desmatières autres que le silex), le quartzite (23 %), le silex tertiaire (11,5 %), le calcaire silicifiécallovien (19,2 %) et la chaille (34,6 %). Seuls les quartz, quartzites et le silextertiaire proviennent d’un secteur plus lointain que l’on peut estimer à près de 25 km à l’estou 30 km au sud-est du site en direction de la Saône pour l’approvisionnent en quartz et quartziteset du bassin lacustre oligocène de Mont-les-Etrelles (Lamotte et Huguenin, 2007 ; Lamotte et al.,2011) pour les silex tertiaires. Les artefacts réalisés à partir du silex bajocien/bathonien revêtentpeu de patines différentes. Ceux qui ont acquis une patine blanche constituent l’essentiel de lasérie avec 2 155 pièces. À ce total on peut même ajouter 461 vestiges patinés blanc et d’aspectporcelaine. Les silex à patine grise et beige-crème comptent respectivement une quarantaine depièces. Les silex bleus typiques du Bajocien sont au nombre de 976 dont 73 ont un fond bleutranslucide à opaque. Tous ces silex peuvent acquérir une patine blanchâtre une fois sortis deterre. Les silex très altérés sont au nombre de 210, ce sont des pièces de sub-surface enfouies ouexhumées au gré des labours parfois profonds.

3.2. Caractéristiques du matériel archéologique (fouille 1990-91) (A.L, G.H et J.D)

Nous présentons, dans cette première note, les principaux décomptes et principalescaractéristiques dans chaque catégorie de vestiges car une étude détaillée incluant les remontagesréalisés et la répartition spatiale affinée est en cours. La série lithique se compose de 3746vestiges avec une part non négligeable de nucleus (6,5 % de l’assemblage) et d’outils retouchés(6,5 %) (Tableau 1). Elle compte de nombreux produits et restes de débitage corticaux ou non-corticaux (93,1 % de la série). Sur cette zone fouillée de 48 m2, la densité des vestiges est trèsvariable, elle oscille entre 2 artefacts/m2 (H2) et 394 (B5). En moyenne, elle est de 78 artefactspar mètre carré. Vingt-sept mètre carré ont une densité inférieure à 50 pièces, 7 m2 ont unedensité comprise entre 50 et 100 artefacts, 6 m2 ont une densité comprise entre 100 et 200artefacts et 5 m2 ont une densité supérieure à 200 artefacts, ce sont les carrés B5, B6, C5, C6 etC7. Afin d’évaluer le caractère laminaire d’une partie de l’industrie, nous procédons à laréalisation de nuages de points afin de rendre compte de la morphométrie réelle des artefacts et laréalité des deux systèmes technologiques : les lames et autres éclats (Fig. 5–8). À ce propos, nousappellerons « éclat laminaire » tout éclat deux fois plus long que large et « lame » un produittechnique allongé relevant d’une volonté de l’artisan, un produit normalisé par des nervures (leplus souvent parallèles) (Inizan et al., 1996). Il n’y pas fondamentalement de réelle différenceentre les produits Levallois allongés et les produits laminaires à deux ou trois pans issus d’une

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Tableau 1Frettes (Haute-Saône) – Inventaire général de la série lithique – fouille 1990-91.Frettes (Haute-Saône) – Inventory of the lithic level–excavation from 1990-91.

FRETTES (fouille 90-91) Nombre %

Produits et restes de débitage * 3489 93,1Nucleus, blocs de matière première 244 6,5Débris divers 12 0,3Percuteur ? 1 0,02Total de la série * dont les outils 3746 100

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production en volume et sur la tranche. Les plus grands produits dépassent rarement 70/80 mm.Les mêmes constatations peuvent être réalisées sur les nucleus, notamment les nucleus à lamesdont les formes diminutives sont décelables par rapport aux nucleus Levallois.

3.2.1. Les produits et restes bruts de débitageDeux chaînes opératoires sont présentes, l’une est Levallois (Fig. 9, no 3 à 6), l’autre est à

lames (Fig. 9, no 1 et 2) et nombreux sont les produits de débitage issus d’une réduction Levalloislaminaire dont les procédés sont encore à élucider. Les éclats ou leurs fragments, porteursd’informations liées aux méthodes de débitage de lames, sont au nombre de 1406 soit 37 % dumatériel lithique (Tableau 2). Dans cet inventaire, on dénombre, 5 éclats à crête, 17 néo-crêtes, 44sous-crêtes, des lames à 2 et 3 pans, mais aussi 28 lamelles, 274 éclats à pan cortical (couteau àdos naturel). L’étude du cortex restant montre que les chaînes opératoires de production d’éclatsLevallois ou d’éclats laminaires sont complètes. Les entames sont au nombre de 72 (soit 2,1 %des éclats). Le reste des produits de débitage a attrait au débitage Levallois et quelques raresnucleus discoïdes. On dénombre 242 éclats très corticaux (7,1 % de la série), 952 peu corticaux

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Fig. 5. Frettes, diagramme de dispersion des lames (X : axe des largeurs en mm Y : axe des longueurs en mm).Frettes, blades: datas from length and width (X axis = width; Y axis = length (both are expressed in mm).

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Fig. 6. Frettes, diagramme de dispersion des éclats (X : axe des largeurs en mm, Y : axe des longueurs en mm).Frettes, flakes: datas from length and width (X axis = width; Y axis = length (both are expressed in mm).

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(28,3 % des éclats), le reste (plus de 2000 éclats) regroupe les éclats dépourvus de cortex. Lestalons de ces divers éclats sont majoritairement lisses (40 % des talons), dièdres (19,8 %),punctiformes (13,8 %), corticaux (13,2 %), facettés (12,5 %) et ôtés (0,9 %). L’étude métriquedes diverses catégories d’éclats montre que la moyenne des longueurs est de 45 mm, celle deslargeurs est de 33 mm et celle des épaisseurs de 104. Les éclats les plus longs et les plus épais sontles éclats très corticaux, les plus larges sont les entames. Les éclats dépourvus de cortex sont10 mm moins longs et moins larges que les autres catégories d’éclats. En moyenne, leur épaisseurest de 4 mm inférieure à celle des autres catégories. L’écart-type des longueurs des lames est de17,38, celui des largeurs est de 8,14. L’écart-type des longueurs des autres éclats est de 18,26 etcelle des largeurs de 11,51. De nombreux produits de débitage sont issus de la réduction métriquelaminaire d’un système en plan, d’autre d’un système en volume (Fig. 9, no 7 à 11) qu’il nousfaudra clarifier lors d’un futur travail technologique.

3.2.2. Les nucléusOn dénombre 239 nucleus et 4 rognons testés dans la série. Les nucleus sont tous réalisés à

partir du silex bajocien qui se trouve sur place sous forme de rognons ellipsoïdes ou de plaquettes

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Fig. 7. Frettes, diagramme de dispersion des nucleus à lames (X : axe des largeurs, Y : axe des longueurs).Frettes, cores: datas from length and width (X axis = width; Y axis = length (both axes are expressed in mm).

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Fig. 8. Frettes, diagramme de dispersion des nucleus Levallois et discoïdes (X : axe des largeurs, Y : axe des longueurs).Frettes, Levallois cores: datas from length and width (X axis = width; Y axis = length (both axes are expressed in mm).

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Fig. 9. Frettes – Fouille de 1990-91 – 1 et 2 : produits laminaires ; de 3 à 6 : produits Levallois ; de 7 à 11 : produits deréduction Levallois laminaires.Frettes – lithic from the excavation of 1990-91 – 1 and 2: laminar flakes; 3 to 6: Levallois flakes; 7 to 11: Levallois andLaminar reduction sequence (after A. Lamotte and G. Huguenin; drawings: A. Lamotte).D’après A. Lamotte et G. Huguenin ; dessins : A. Lamotte.

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diaclasées. Le matériel est très peu fracturé, 225 nucleus sont entiers (94,5 % des supports) et 14seulement sont fracturés. Les supports sont dans 66 % des cas des plaquettes ou des rognons, dans33,7 % des cas des éclats débités sur leur face ventrale.

Les nucleus Levallois sont au nombre de 53, ils représentent 22 % des nucleus. Au sein de ceconcept de débitage, on recense 34 nucleus à modalité préférentielle (soit 64 % des nucleusLevallois) (Fig. 10, no 5 et 6) et 19 à modalité récurrente (Fig. 10, no 1 à 4 et 7). L’étude métriquedes nucleus rend compte de résultats très similaires entre les deux modalités de débitage (Tableau2). Les moyennes des longueurs sont placées autour de 54 mm, celle des largeurs autour de55 mm et celle des épaisseurs est voisine de 24,5 mm. L’écart-type des longueurs est de 13,16 etcelui des largeurs est de 12,26. Les négatifs des éclats préférentiels montrent une volontéd’obtention de produits rectangulaire allongés (n = 14), puis quadrangulaires et en dernier lieuovalaires et à pointes (très rares, n = 1). Les types de préparation des convexités sont variés, letype dominant reste la préparation des diverses convexités par le biais d’une méthode bipolaire àplans de frappe opposés (n = 14). Les méthodes unipolaires (n = 7) et centripètes (n = 7) sontfréquentes aussi. Dans la modalité récurrente, les préparations des convexités dominantes restentla méthode bipolaire à plan de frappe opposé. À l’inverse de la modalité préférentielle, lapréparation centripète est très rare.

Les nucleus sur éclat sont nombreux (n = 79, soit 33 % des nucleus) (Fig. 11, no 5 et 6). Surune typologie empruntée à J. Pélegrin (Pélegrin, 1995), les nucleus aussi larges que longs sont aunombre de 18 (22,7 %), les nucleus plus larges que longs sont au nombre de 25 (31 %) (Fig. 11,no 3 et 4), les nucleus plus longs que larges sont au nombre de 26 (32,9 %). Ceux débités sur latranche sont au nombre de 10 (12,6 %) et au sein de cette typologie et sur 25 d’entre eux, on aexclusivement débité des éclats laminaires (Fig. 11, no 1a, 1b). Au sein des nucleus sur éclat, ledébitage le plus usité (n = 35, 44 %) est le débitage unipolaire (Fig. 11, no 2). Celui-ci est déclinésous ses types unipolaire strict (n = 35), unipolaire convergent (n = 3) et unipolaire inverse (àl’axe de débitage de l’éclat-support) (n = 1).

Les nucleus non-Levallois à unique surface de débitage sont les plus nombreux dans cettesérie lithique (n = 69, 28,8 %). C’est dans cette catégorie de nucleus que sont enregistrés les plusgrands nucleus et la moyenne des nucleus est en moyenne 7 mm plus grande que celle des autrescatégories. Les nucleus aussi longs que larges sont au nombre de 8. Il y a 35 nucleus plus longsque larges et 4 nucleus débités sur la tranche. À l’état d’abandon, 46 nucleus ont fourni des éclatslaminaires et des lames. Le débitage dominant est de débitage unipolaire (47 %), suivi du

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Tableau 2Frettes – Inventaire des éclats porteurs d’information technologique (fouille de 1990-1991).Frettes – inventory of flakes with a technological signature or signification (excavation of 1990-91).

Liste des éclats porteurs d’information technologique Nombre %

Lame à crête 5 0,3Lame sous-crête 44 3Lame néo-crête 17 1Lame à deux pans 141 10Lame à trois pans 57 4Lames à négatifs convergents 11 0,7Lames à négatifs courbes 219 16Éclats laminaires et lames à négatifs rectilignes et courbes 912 65

Total 1406 100

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Fig. 10. Frettes – Fouille de 1990-91 – Représentation des schémas diacritiques des nucleus Levallois préférentiels ourécurrents.Frettes – lithic from the excavation of 1990-91 – diacritic plan of preferential Levallois cores and recurrent Levalloiscores (after G. Huguenin and A. Lamotte; drawings: A. Lamotte).D’après G. Huguenin et A. Lamotte ; dessins diacritiques : A. Lamotte.

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Fig. 11. Frettes – Fouille de 1990-91 – État de la diversité des méthodes de débitage : 1a et 1b : nucleus à lames sur faces ettranche, 2 : nucleus à lames (débitage unipolaire convergent) ; 3 et 4 : nucleus à unique surface à éclats débités de droite àgauche ou inversement ; 5 et 6 : nucleus sur face ventrale d’éclat et sur la tranche.Frettes – excavation of 1990-91 – exemple of the variability of ways to knapp: 1a and 1b: core blade on main face andslice-section; 2: blade core with convergent unipolar method; 3 and 4: core with on main surface knapped right to left orthe invers; 5 and 6: core-flake and slice-section (after G. Huguenin and A. Lamotte; drawings: A. Lamotte).D’après G. Huguenin et A. Lamotte, dessins : A. Lamotte.

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débitage bipolaire à plan de frappe opposé (25 %). Les types unipolaires convergents et bipolairesà plan de frappe perpendiculaire complètent l’inventaire. L’écart-type des nucleus à lames pourles longueurs est de 12,45, celui des largeurs est de 11,98.

Les nucleus non-Levallois à multiples surfaces de débitage (le plus souvent deux) ontpresqu’exclusivement été débités à l’aide d’une méthode unipolaire (70,58 %). Onze d’entre euxont livré des supports laminaires.

Au final, sur ces 239, 82 ont produit des lames ou parfois des lamelles. La gestion des lamesselon une méthode unipolaire sur une face large ou face étroite est la plus courante. Sur ce site, oùla matière première est trouvée sur place mais où s’observe aussi une exploitation maximale desmatériaux, la thématique d’une production intentionnelle de lamelles n’est pas encoredémontrée. Au total, 25 nucleus présentent un débitage « sur la tranche » où la plupart du tempson observe des négatifs d’enlèvements laminaires rectilignes ou légèrement courbes de toutedimension (préformes de supports de pointes laminaires et lamelles (Fig. 11, no 1a, 1b). Lesdiagrammes de dispersion des nucleus à lames et Levallois sont très proches (Fig. 7) avec unegestion des nucleus Levallois et discoïdes sur des nodules plus larges que ceux à lames. À Frettes,la part du fond moustérien au sein du débitage reste toutefois la plus importante.

3.2.3. L’outillage retouchéNous avons pu inventorier 288 outils (Tableau 3) sur ces 48 m2 soit environ 5 outils par m2.

L’inventaire de l’outillage fait état de 72 encoches, 31 denticulés, 42 racloirs (Fig. 12, no 7, 8, 9),un grand nombre de couteaux à dos typiques et atypiques (Fig. 13, no 5), 4 pointes moustériennes,une pointe Levallois retouchée, 45 grattoirs (Fig. 12, no 10). Ces outils sont entiers ou fragmentés(Fig. 12, no 6). De nombreuses bases portant un dos courbe retouché sont recensées. Sur cesoutils, des stigmates de percussion au percuteur tendre sont visibles (Pélegrin, 2000) (Fig. 12,no 1, 2 et 4) et 24 d’entre eux trouvent comme support une lame de plein débitage à 2 pans ou 3(Fig. 12 et 13). Parmi les racloirs, on compte presqu’autant de racloirs simples que de racloirs

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Tableau 3Frettes – Décompte de l’outillage (fouille de 1990-91.Frettes – inventory of flake-tools (excavation of 1990-91) (after A. Lamotte and G. Huguenin).

Effectifs, % par rapport à l’outillage

Typologie de l’outillage

Encoches 72–25Denticulés 31–11Racloirs simples 24–8Racloirs doubles 18–6Pointes moustériennes 4–1Pointes Levallois 1–0,03Couteau à dos atypique 56–20Couteau à dos typique 3–1Grattoirs 45–16Perçoirs 5–1Burins 9–3Outils composites 9–3Troncatures 10–4Bec 1–0,03

Total 288–100

D’après A. Lamotte et G. Huguenin.

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Fig. 12. Frettes – L’outillage retouché : de 1 à 6 matériel de sub-surface près de la tranchée de 220 m ; de 7 à 10 : outilsexhumés lors de la fouille de 1990-91. 1, 2, 5, 6 : pièces retouchées sur le tiers supérieur du bord latéral gauche ; 3, 4couteau à dos typique ; 7, 8 : pointe moustérienne ; 9 : racloir double convergent ; 10 : grattoir à front abrupt.Frettes – flake-tools: 1 to 6: sub-surface foundings next to the trench; 7 to 10: tools from the excavation of 1990-91. 3,4:typical back-knife; 7,8: Mousterian point; 9: double side scraper; 10: end-scraper with steepfront (after G. Huguenin;drawings: A. Lamotte).D’après G. Huguenin ; dessins : A. Lamotte.

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Fig. 13. Frettes – Matériel de la fouille de 1990-91 – de 1 et 3 : lames Levallois esquillées ; 2 : lames néo-crête à unversant ; 4 : lame sous-crête esquillée ; 5 : pointe de châtelperron ?.Frettes – lithic from the excavation of 1990-91 (after A. Lamotte and G. Huguenin; drawings: A. Lamotte).D’après A. Lamotte et G. Huguenin, Dessins: A. Lamotte.

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doubles. Les racloirs simples convexes et racloirs droits prévalent sur les autres types. On recenseaussi 9 burins, 10 troncatures, 5 perçoirs et un bec. Sur les 9 outils composites, 4 associent ungrattoir ou un perçoir à une encoche ou à un denticulé. Ainsi, on inventorie 2 grattoirs/encoches,une encoche/denticulé, 3 encoches/racloirs, un burin/grattoir, un denticulé/perçoir et undenticulé/rabot. Comme dans tous les gisements de plein air, le grand nombre d’encoches nousinterpelle (Thiébaut et al., 2010). En l’absence d’étude taphonomique et fonctionnelle de cesoutils, on considèrera qu’une grande partie d’entre elles ne sont pas de réels outils. Le pavage denodules et plaquettes de silex sur lequel se sont installés les néandertaliens et les phénomènes desolifluxion peuvent être en partie responsable du surnombre de ces outils. L’outillage sur éclatpossède un très grand fond d’outils de type Paléolithique moyen. Les grattoirs et micro-grattoirsrestent une catégorie d’artefacts très importante. Immédiatement après les encoches et lescouteaux à dos typiques, le représentation des grattoirs est notable et pourrait constituer unespécificité de cet ensemble lithique. Ces outils ont généralement un front large et surélevé sur desextrémités apicales plutôt épaisses.

3.3. Réflexions préliminaires sur la répartition spatiale des vestiges lithiques (H.C, G.H)

Dans cet ensemble topographique très accidenté par le substrat calcaire et les manifestationsexo-karstiques sur les proches alentours du gisement, il nous faut être prudent sur lescommentaires liés aux phénomènes taphonomiques du gisement (Schiffer, 1983 ; Villa, 1988,2004 ; Texier, 2000 ; Thiébaut et al., 2010) et ceux liés aux structures évidentes ou latentes issuesdes relevés du terrain (Leroi-Gourhan et Brézillon, 1966). Le niveau archéologique est contenuau sommet d’un ensemble constitué de gélifracts, de rognon de silex provenant dudémantelement du versant, ensemble qui peut atteindre 20 à 40 cm d’épaisseur. Le niveauarchéologique a une très faible dilatation verticale (entre 7 à 12 cm) au sommet de ce système dematériau dense scellé par une matrice argileuse compacte. Le double pendage (Fig. 2) observédans le sens général de la pente et perpendiculairement à l’axe principal du versant est à prendreen considération dans la répartition des vestiges. Les points culminants du secteur considéré sontplacés autour de 310 m d’altitude. Les altitudes des relevés des pièces de la fouille sont autour de305 m d’altitude. Les densités maximales des artefacts sont globalement en lien avec laconfiguration naturelle du site, qui sont importantes sur les premiers replats sommitaux et plusdiffus sur le reste du versant dont l’altitude décroît régulièrement.

Avec 3756 pièces réparties sur 48 m2, la densité par m2 est assez variable. Elle s’étale de 1 à432 artefacts/m2, pour une moyenne de 78 artefacts/m2. L’étude des matières premièresminérales taillées montre une répartition homogène du silex bajocien sur l’ensemble des mètrescarrés fouillés. Les autres types de matières premières (quartz, quartzites, chailles) se repartissentpréférentiellement le long de la tranchée de 220 mètres de long et une répartition particulière dela chaille est remarquée dans la moitié amont du site.

Le plan de densité générale (Fig. 14a) met en relief une zone de 4 m2 (C7, C5, B6 et B5) avecune densité de vestige très importante qui est supérieure à 220 artefacts. 7 m2 ont une densitécomprise entre 94 et 219 artefacts, ils se situent aux abords de la zone de plus forte densité.Quinze mètre carré ont une densité comprises entre 26 et 93 artefacts et sont situés dans la partieamont de la zone de fouille ainsi que sur une zone de 4 m2 au nord-ouest. Enfin, les autres zonesont des densités comprises entre 1 et 25 pièces et se repartissent le long de la limite nord. À partirde la zone de plus forte densité, la concentration générale en vestiges lithiques sembles’amoindrir. Les nucleus (Fig. 14b) sont concentrés sur une superficie de 3 m2. Cette zone s’étendsur les m2 B6, B5 et C5, qui correspondent également aux zones de plus forte densité générale

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Fig. 14. Frettes (1990-91) – Densité générale des artefacts par grande catégorie.Frettes (1990-91) – General spatial distribution by main categories of artefacts (after H. Corbeaux, 2011).D’après H. Corbeaux, 2011.

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d’artefacts. Cette densité des nucleus diminue légèrement en C6, C7, B7, B4 et C4. Les densitéminimales sont dans les m2 A6, A5, D5, D4 et D3 et sont près de deux fois moins importantes quedans la zone principale. On remarque une zone vide de nucleus dans les carrés G4, G3 et F3. Pourtous les autres mètres carrés, un à deux nucleus ont été exhumés. Les produits de débitage(Fig. 14c) sont surtout concentrés sur 5 m2 où le nombre d’artefacts est compris entre 220 et 432.Sur une zone de 1 m2 de part et d’autre de ce noyau principal, le nombre de produits de débitagediminue sensiblement. On compte alors entre 54 et 183 artefacts au m2. Au-delà, quelques zonesprésentent encore un nombre plus ou moins important d’artefacts (entre 1 et 53 objets au m2). Endehors du pôle principal de forte densité de vestiges, nous remarquons qu’autour du m2 H7 enpartie amont le long de la tranchée de 1989–1990 les vestiges lithiques sont nombreux. Unedeuxième zone à forte densité de vestiges pourrait être localisée à cet endroit. L’outillageretouché (Fig. 14d) présente un maximum de densité dans les cinq m2 où nous avons observé laprincipale concentration des produits de débitage. Au-delà, la proportion en objets diminueprogressivement jusqu’aux m2 G7, G5 et H7.

Les outils retouchés semblent se répartir de façon assez hétérogène sur l’ensemble de lasuperficie fouillée. Toutefois, certaines concentrations de types d’outils sont superposables àcelles observées dans le « noyau » de densité générale. Les grattoirs, nombreux sont répartis surl’ensemble de l’excavation. Les principaux outils composites (racloir/encoche ; racloir/denticulé) ont une répartition identique à celle des grattoirs. Les perçoirs et micro-perçoirs,troncatures se repartissent principalement dans la zone du noyau principal, surtout dans le mètrecarré B5. La répartition des couteaux à dos typiques s’effectue surtout sur le pourtour du noyau leplus dense des vestiges. Les denticulés, les racloirs et les encoches semblent suivre la mêmerépartition avec un déplacement en aval ou en amont, voire au nord-ouest du noyau principal. Lesvestiges Levallois suivent une répartition principale en relation avec la densité générale desartefacts. Les éclats Levallois sont répartis de façon moins homogène que les nucleus Levallois.La concentration la plus élevée se trouve dans la partie amont de la zone, dans les m2 F6 et G5.Les nucleus et éclats pointus, quant à eux, sont repartis sur les mêmes mètres carrés, mais dansdes proportions différentes. Les nucleus non-Levallois à unique ou à multiples surface dedébitage et à dominante de débitage laminaire se repartissent de manière assez homogène sur lapartie sud-ouest du site. La plus forte densité de nucleus est en relation avec la densité généraledes artefacts. Celle des lames et lamelles est conforme aux faits précédemment cités additionnéed’une seconde zone de concentration se démarque dans la partie ouest du site, concentrée dans lesm2 G6, G5, H6. Les lamelles ont aussi une répartition localisée autour du noyau principal. Lessupports laminaires potentiels à la réalisation de pointes de Châtelperron ou de racloirs à doscourbes sur support laminaire sont, quant à eux repartis, de manière assez homogène, on enretrouve une assez grande quantité repartie sur 13 m2 du site. Elles sont également dans les m2 E7et G7 en amont du site. Les éclats marqués d’une retouche d’utilisation, les éclats débordantsainsi que les couteaux à dos naturels montrent une concentration élevée, superposable et enrelation avec la densité générale des artefacts. La présence d’une répartition jusqu’en amontouest du site, montre encore une fois un deuxième pôle de forte densité. Les premièresconclusions sur la répartition des vestiges lithiques de type « Paléolithique moyen » montrent unerépartition assez localisée des éléments. Néanmoins une zone, déjà remarquée par la carte dedensité générale, au sud de la zone fouillée semble se démarquer plus particulièrement. Laprésence en quantité importante de couteaux à dos naturels et des éclats débordants posel’hypothèse de la présence d’un atelier de débitage sur place au niveau de la zone de plus fortedensité. De plus, une seconde zone en amont du site, répertorie également une répartition nonnégligeable de vestiges, moins importante que le « noyau » central.

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3.3.1. Interprétation de la relation entre groupes d’artefacts (H. C et A. L)L’organisation spatiale de l’ensemble du matériel lithique du site de Frettes met en évidence

une zone de forte densité d’artefacts. Concentrée sur une zone de 5 m2 (correspondant aux m2 C7,C6, C5, B6 et B5), tous les vestiges lithiques ont leur maximum de densité dans cette zone. Laforte densité des couteaux à dos naturels autour du pôle principal de la plus grosse densité devestiges et la décroissance du nombre des couteaux autour de ce noyau indique qu’une fonctionde débitage a pu avoir lieu. Autour de ce noyau central, la densité décroît de manière progressive.Cette répartition dense et générale de vestiges dans la zone sud-ouest du site est mise en évidencepour une bonne partie des objets étudiés. Parmi les vestiges du Paléolithique moyen, on yretrouve des nucleus Levallois, quelques encoches, des couteaux à dos ainsi que des nucleus suréclats et des nucleus plus larges que longs. On y trouve aussi des racloirs convexes sur éclatlaminaire, une grande quantité de lames et quelques grattoirs.

Les premiers résultats liés à l’étude spatiale des artefacts montrent que les artefacts, quels quesoient leur spécificité typologique ou technologique ont une répartition parfois en lien avec lesmouvements taphonomiques du site, mais pas seulement. Tous les plans de répartition spatiale sesuperposent à quelques nuances près. Le noyau le plus dense se confirme dans tous les plans, il estsitué au même endroit, quelle que soit la catégorie de vestiges concernée. Autour de ce noyau, ladécroissance de densité est unanime et décelable sur tous les autres plans de vestiges. La répartitionspatiale des artéfacts suggère donc une unique occupation puisque aucune zone plus riche envestiges du Paléolithique moyen ou du Paléolithique supérieur n’a été décelée (sur la base dudébitage et de l’outillage retouché). Les éléments plutôt laminaires occupent une zone assez grandeet superposable à l’ensemble des éléments attribués au Paléolithique moyen et au phénomèneLevallois. L’étude détaillée des remontages devrait apporter des éléments de réponse sur lesdéplacements anthropiques des catégories de vestiges et de dynamiser les fonctions sur le site.

Ce n’est pas sur la base de l’état physique des vestiges lithiques, des patines, de l’usure des cortexou l’usure des nervures des enlèvements, ni même sur leur patine que nous pouvons isoler une sériemoustérienne d’une série dite du Paléolithique supérieur. Ce n’est pas sur cette base que nouspouvons les différencier. Dans la région, les études liées aux matières premières minérales(Cupillard, 1990 ; Séara, 1991, 1996 ; Séara et al., 1990) ont montré qu’au Paléolithique supérieur,les hommes s’accommodaient davantage du silex oligocène du bassin de Mont-les-Etrelles mêmesi cette recherche minérale devait occasionner de longs déplacements lorsque les hommes n’étaientpas implantés directement sur ces affleurements. Même installés sur les plateaux dont les assisessont le Bajocien, la part du silex tertiaire oligocène avoisine 30 à 50 % sinon davantage. Hors àFrettes, la part du silex originaire du bassin tertiaire est placée à moins d’un pour cent. A la lueur denotre travaux, ce pourcentage correspond davantage à celui observé dans tous les gisementsavoisinants où l’homme de néandertal s’approvisionne parmi tous les matériaux présents dansl’environnement dans un périmètre de 25 km (Lamotte et al., 2011). À Frettes, nous observons unlot très cohérent des patines et des états physiques des artefacts qui ne peuvent pas nous aider à fairela part des choses entre des occupations séparées de loin ou de près dans le temps.

4. Les remontages (A.L)

L’étude des remontages de Frettes est toujours en cours mais les premières données présententun ensemble d’environ onze groupes de remontages et un raccord de base d’éclat laminaire avecsa partie distale (Fig. 15, no 3) ce qui représente près de 2 % de l’industrie. On remarque que lesremontages intègrent toutes les catégories de vestiges à savoir, les éclats de décorticage (Fig. 15,no 4), les éclats peu corticaux (Fig. 15, no 5), les éclats de plein débitage (Fig. 15, no 2). Des éclats

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ont pu être remontés sur la surface de débitage de nucleus (Fig. 15, no 1) ou encore sur les plans defrappe. Quelques remontages intègrent des vestiges laminaires bruts de décorticage ou peucorticaux. Aucun outil retouché n’intègre de remontages. La répartition spatiale de la plupartd’entre eux, est principalement concentrée dans la zone de 4 m2 de plus forte densité de vestiges(C6, C5, B5, B6). D’autres remontages sont aussi réalisés sur la deuxième zone de plus fortedensité (F5, H7) dans le secteur nord de la fouille. Pour la plupart de ces remontages, les distancesn’excèdent pas deux mètres entre les éclats. Si le site, localisé sur un versant qui a pu subir desmouvements verticaux et horizontaux, ne devait ne pas être en place ; la réalisation deremontages intégrant toutefois toutes les catégories de vestiges lithiques (nucleus et éclatsillustrant les différentes étapes d’une chaîne opératoire) nous amène à nous interroger de nouveausur la gageure de l’homogénéité de l’occupation localisée dans un pavage de nodules de silextraduisant probablement un ou plusieurs bilans érosifs du versant.

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Fig. 15. Frettes (fouille de 1990-91), les remontages – 1 : nucleus et le dernier éclat ; 2 : produits Levallois ; 3 : raccordd’une lame Levallois pointue ; 4 : éclats corticaux laminaires ; 5 : éclats porteurs de nombreux négatifs laminaires.Frettes (excavation of 1990-91) – refittings - 1: core and its last flake; 2: Levallois flakes; 3: two parts of a pointedLevallois blade; corticalous laminar flakes; two flakes with many small laminar flake production (drawings, DAO andrefitting: A. Lamotte).D’après A. Lamotte, dessins et DAO : A. Lamotte.

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5. Bilan – diagnose

À Frettes, les séries lithiques recueillies en surface (séries moustériennes, quelques élémentsdu Paléolithique supérieur) et la série de la fouille programmée de 1990-91 retrouvée enstratigraphie à l’issue de campagnes de sondages préalables sont numériquement parmi les plusabondantes de l’est de la France. Les opérations de terrain successives de 1988 à 1991 et 2006 ontmontré, entre autre, que ce site offre en stratigraphie une ou plusieurs séries archéologiques sansque l’on puisse les différencier sur la base des patines et composition pétrographique maisdavantage sur la composition typologique et la technologie. Ces séries paraissent de grandeétendue mais il n’est possible d’y effectuer toute autre opération archéologique (réalisation etcomplément de datations radiométrique) avec le propriétaire actuel. L’approvisionnement localet aisé en nodules de silex est l’une des réponses à la fréquentation récurrente de cette dépressiongéographique. La présence d’un banc de silex en haut du versant et du pavage contenant desnodules de silex à mi-hauteur du versant a été un facteur déterminant de l’activité de taille dusilex à cet endroit couplée d’autres activités. La série de surface éparse sur le haut de la colline ouen concentration dans le bas du versant s’intègre dans un Moustérien de faciès oriental (typeQuina-Ferrassie) qui pourrait dériver de différents Moustériens d’Europe centrale. L’absence dedatation absolue et la non-conservation des restes fauniques osseux ou dentaires sont un frein à lacompréhension détaillée du site. Notre interprétation du site est basée sur la stratigraphie quin’est pas aisée sur un versant à enfouissement et conservation des séquences complexes, sur lacorrélation des séquences avoisinantes et sur les données lithiques.

À 125 km à l’ouest du site se situe le complexe des Grottes d’Arcy-sur-Cure (Grotte du Renne,Grotte des loups, Grotte du Bison, Grotte de l’Hyène) (Leroi-Gourhan, 1961 ; Baffier et Girard,1998) avec des séries lithiques abondantes (Grotte du Renne) (Gouédo, 1990 ; Connet, 2002) ouplus réduites (Grotte du Bison) (David et al., 2005) et où la continuité entre les sériesmoustériennes et châtelperronienne peut-être abordée (Farizy, 1990). Avec la présence dequelques éléments Châtelperroniens typiques et atypiques dans la collection de surface deFrettes, nous avions pour hypothèse de penser qu’il y aurait pu avoir deux occupations à Frettes :l’une serait Moustérienne et de longue durée, l’autre pourrait être Châtelperronienne et de trèscourte durée. L’essai réalisé sur les densités d’artefacts par catégories de vestiges ne nous permetpas de montrer qu’il y a une ou plusieurs occupations du site compte tenu des problèmestaphonomiques liés au modelé et au fonctionnement du versant. L’étude des patines n’a pas étéconcluante pour tenter de séparer les occupations s’il devait y en avoir plusieurs. S’il s’agit d’uneunique occupation, le fond de l’industrie est moustérien, l’outillage de type Paléolithique moyen,le débitage est à dominante Levallois, un débitage laminaire en plan et tournant ainsi qu’unoutillage affectant des supports laminaires avec des dos retouchés. Cette constitution typologiqueet technologique ouvre des perspectives de recherches sur le phénomène laminaire en plan et envolume du Paléolithique moyen régional et la présence de quelques outils très proches descouteaux de châtelperron. Cette perspective confère donc un bilan très intéressant et inédit dansla région et c’est sur la base de l’analyse des processus techniques et technologiques pour tenterde différencier deux occupations que nos travaux devraient s’orienter.

À 150 km environ au nord-ouest de Frettes se situent les sites à lames du Paléolithique moyende la vallée de la Vanne (Locht et Depaepe, 1994) et de l’Yonne (Gouédo, 1994). Le site de plein-air de Frettes appartient donc à un vaste courant spatio-temporel où la technologie laminaire (enplan, sur la tranche, sur éclat) est présente aux côtés du débitage Levallois et où les outilsretouchés sont en adéquation avec les supports issus du débitage Levallois ou laminaire. À plusgrande échelle, au niveau géographique, le gisement est à mi-chemin de nombreux autres qui

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associent le débitage Levallois et le débitage laminaire (Ameloot-Van-der-Heijden, 1993 ;Lamotte, 1993 ; Révillion, 1994 ; Révillion et Tuffreau, 1994) ou au sud de la France (Moncel,2003, 2005) ou encore d’Allemagne (Bosinski, 1986). Nombreuses des séries lithiquesappartenant à ces complexes (Boëda, 1988, 1990) attestent de pièces à dos retouchées avec undébitage laminaire accompagné d’outils qui seront par la suite préférés et développés auChâtelperronien (Pélegrin et Soressi, 2007). En l’absence de datations absolues, comprenant ladifficulté à relire les données de terrain acquises lors d’un travail universitaire d’il y a près de23 ans, les travaux à venir vont désormais s’orienter sur la finalité du débitage et un détail deschaînes opératoires principales ou secondaires et ramifiées via les remontages (fonctionnementde chaque système technique, exploitation des plans et des volumes, déroulement techniques desopérations, finalité des systèmes), aborder dans le détail la question de la répartition spatiale aveccoupes longitudinales et transversales des artefacts et détailler la composition de l’outillage où lapart des couteaux à dos laminaires et des pointes allongées comportant une retouche abrupte surun seul bord et accusant un aspect convexe sur le dernier tiers distal de la pièce méritent unelecture technologique à part entière. Un regard particulier devrait être aussi porté sur les burins etles grattoirs afin de faire la part de ceux qui ont servi de support au débitage de lamelles, de ceuxtraditionnellement considérés comme des outils retouchés. Fort de toutes ces convergencestechniques, technologiques et typologiques avec les régions alentours, le gisement de Frettes estun gisement de plein-air qui illustre le passage de l’Homme moderne et de Néandertal où l’un etl’autre ont pu se faire des emprunts techniques et technologiques.

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