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Fumeur, non fumeur, qui de droit? Voici un débat qui revient régulièrement dans notre société: le schisme entre fumeurs et non fumeurs, amenés par les habitudes de consommation des premiers, amène une remise en question de l'ordre et du partage de l'espace public, ainsi que de la définition de l'espace privé. On l'a vu au cours de l'histoire, le statut du fumeur est souvent remis en question. En effet, le tabagisme est une maladie infantile particulière (combien d'entre vous ont commencé à l'âge adulte, alors qu'il était réellement conscient de leurs actes, et non pas lors de l'adolescence ou de la fin de celle-ci? Très peu, disons le très certainement), puisqu'elle touche, à travers le choix des uns, la notion du respect de l'espace privé des autres. Car cette maladie n'est pas une maladie qui ne touche que le malade, mais aussi son entourage, à travers, on le sait, le tabagisme passif, ceci étant ajouté à la nuisance odorante que peuvent ressentir les non-fumeurs. Aussi a-t-on vu, ces dernières années, un rétrécissement progressif du droit des fumeurs, ainsi que la mise en place d'une propagande anti-tabac, légitimes tous deux. De la sorte a-t-on pu observer tout d'abord la création d'espaces fumeurs et non fumeurs, puis l'interdiction générale de fumer dans les établissements publics, accompagnées dans le même temps par la hausse régulière du prix des cigarettes, due principalement aux taxes du gouvernement dans cette industrie, ainsi que l'apparition de spots télévisés anti-tabagisme, mais également, sur les paquets, d'images chocs destinées à sensibiliser les fumeurs sur les risques de la consommation. Sans parler bien sûr du désormais traditionnel "fumer tue" (ni de son absurdité...), présent avant, et dont on a quasiment oublié qu'il nous parlait tellement il fait aujourd'hui partie du paysage. Les fumeurs sont les premiers à le dire, on finit tous par mourir de quelque chose, or, s'il y avait quelque chose à craindre, ce ne serait pas la mort en elle même, mais les conditions de la mort... Comme le disait si bien Epictète, « La mort n’a rien de redoutable {…}. Mais le jugement que la mort est redoutable, c’est là ce qui est redoutable». « Fumer tue dans des conditions de souffrances épouvantables », voilà un slogan qui aurait du sens. Car enfin, si cette propagande de santé publique est normale, et même un devoir du gouvernement, elle se révèle particulièrement inefficace à sensibiliser le public, et l'on peut d'ailleurs se demander si c'en était vraiment le but. Car, rappelons, la cigarette est une drogue comme une autre, et ce ne sont

Fumeurs, non-fumeurs a qui de droit?

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Article 4 de la série « Étudiant(e)s à ta plume ! », entre enjeux politiques, sociaux et sociétaux, Nadir Benleulmi nous expose sa vision de ce fléaux qu´es le tabac à travers "Fumeurs, non-fumeurs à qui de droit?" Et toi qu´en pense tu ? ‪#PE‬ ‪#EATP‬

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Fumeur, non fumeur, qui de droit? Voici un débat qui revient régulièrement dans notre société: le schisme entre fumeurs et non fumeurs, amenés par les habitudes de consommation des premiers, amène une remise en question de l'ordre et du partage de l'espace public, ainsi que de la définition de l'espace privé. On l'a vu au cours de l'histoire, le statut du fumeur est souvent remis en question. En effet, le tabagisme est une maladie infantile particulière (combien d'entre vous ont commencé à l'âge adulte, alors qu'il était réellement conscient de leurs actes, et non pas lors de l'adolescence ou de la fin de celle-ci? Très peu, disons le très certainement), puisqu'elle touche, à travers le choix des uns, la notion du respect de l'espace privé des autres. Car cette maladie n'est pas une maladie qui ne touche que le malade, mais aussi son entourage, à travers, on le sait, le tabagisme passif, ceci étant ajouté à la nuisance odorante que peuvent ressentir les non-fumeurs. Aussi a-t-on vu, ces dernières années, un rétrécissement progressif du droit des fumeurs, ainsi que la mise en place d'une propagande anti-tabac, légitimes tous deux. De la sorte a-t-on pu observer tout d'abord la création d'espaces fumeurs et non fumeurs, puis l'interdiction générale de fumer dans les établissements publics, accompagnées dans le même temps par la hausse régulière du prix des cigarettes, due principalement aux taxes du gouvernement dans cette industrie, ainsi que l'apparition de spots télévisés anti-tabagisme, mais également, sur les paquets, d'images chocs destinées à sensibiliser les fumeurs sur les risques de la consommation. Sans parler bien sûr du désormais traditionnel "fumer tue" (ni de son absurdité...), présent avant, et dont on a quasiment oublié qu'il nous parlait tellement il fait aujourd'hui partie du paysage. Les fumeurs sont les premiers à le dire, on finit tous par mourir de quelque chose, or, s'il y avait quelque chose à craindre, ce ne serait pas la mort en elle même, mais les conditions de la mort... Comme le disait si bien Epictète, « La mort n’a rien de redoutable {…}. Mais le jugement que la mort est redoutable, c’est là ce qui est redoutable». « Fumer tue dans des conditions de souffrances épouvantables », voilà un slogan qui aurait du sens. Car enfin, si cette propagande de santé publique est normale, et même un devoir du gouvernement, elle se révèle particulièrement inefficace à sensibiliser le public, et l'on peut d'ailleurs se demander si c'en était vraiment le but. Car, rappelons, la cigarette est une drogue comme une autre, et ce ne sont

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pas les effets sur son propre futur traduits en images et slogans (d'autant plus lorsqu'ils sont mauvais) qui arrêteront le drogué, motivé par l'instantanéité du plaisir qui assouvira son désir parfois physiologique et dû à l'addiction, elle même supportée par l'accoutumance, qui induit la nécessité de doses toujours plus importantes pour combler efficacement le besoin ressenti par le manque. Quant au prix sans cesse croissant des paquets, on sait qu'il n'arrêtera pas non plus cette population droguée et déjà souffrante d'un déficit de pouvoir d'achat, justement parce qu'elle est droguée, et que cette mascarade censée dissuader les "consommateurs" est en fait une rente importante considérée comme acquise et à maintenir pour un état dont les finances sont maigres et fragiles, le tout dans un cercle vicieux ou les plus pauvres d'entre nous utiliserons le peu de leur pouvoir d'achat dans une drogue légalisée qui, si elle ne les nourrira pas, compensera une partie du stress engendrée par leur misère sociale. La misère entrainant ainsi vers plus de drogue, et le prix élevé de la drogue vers plus de misère, dans un cercle terrible et infini. Mais enfin, là n'est pas le sujet, car, si les fumeurs fument, c'est leur choix, et leur liberté de le faire. Chacun est libre de disposer de son corps, fut-ce en nuisant à sa santé. Revenons à ce qui nous intéresse le plus. Car si la politique de propagande anti-tabagisme est inefficace, il faut de plus ajouter qu'elle ne répond pas au problème essentiel de cohabitation entre fumeurs et non fumeurs. Certes, on l'a dit plus haut, les espaces dédiés aux fumeurs n'ont cessés de se restreindre, et des efforts ont été faits dans le sens des non-fumeurs, mais, il faut le dire, le problème n'est toujours pas réglé. On l'a dit aussi, chacun est libre de nuire à sa santé, mais qu'en est-il de celui qui ne veut pas nuire à la sienne? C’est une chose d’introduire dans ses propres poumons une fumée dangereuse et destructrice, composée de tout un tas de polluants cancérigène, seulement, la fumée se dissipe facilement, et il est difficile de l’empêcher d’envahir les poumons de pauvres innocents. Quand on sait qu'en France, un tiers de la population est fumeuse, qu'en est-il du non fumeur, qui, à chaque fois qu'il sort, doit composer avec la pollution émise par un de ses compatriotes dès qu'il en croise trois, et qui vient s'ajouter, notamment dans les grandes villes, à une pollution déjà assez soutenue par les automobiliste? D'autant plus quand on sait que l'état sait et reconnaît les effets nocifs dus au tabagisme passif?

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On le répète, libre à chacun de nuire à sa santé, mais la priorité ne devrait-elle pas revenir à celui qui tient à la préservation de son intégrité physique? D'autant plus si on considère le fruit d'une logique simple, à savoir qu'on ne naît pas fumeur, et que la norme étant ainsi à la non consommation du tabac, il est anormal de pousser les citoyens à le devenir, même passivement? Ajoutons encore une fois à cela que l'état reconnait la nocivité du tabagisme passif, et que, sans pousser jusqu'à l'interdiction stricte de la cigarette qui mettrait fin au cancer du poumon, il lui serait au moins bienvenu de considérer les économies qu'une fin au tabagisme passif contraint permettrait de faire au niveau d'une sécurité sociale déjà en perdition. C'est en effet un aspect des plus important de cet enjeu que nous traitons ici: on parle sans cesse de politique de rigueur, du peu de finance de l'état, du déficit de la sécurité sociale, pour nous amener la nécessité de toujours plus de taxes, mais avant de penser à remplir le trou dans les caisses de l'état, il faudrait commencer par voir comment arrêter de le creuser. Certes, la cigarette remplit les caisses, car les fumeurs encaissent les coûts sans jamais s'arrêter, mais il faut bien comprendre que ceci n'est rentable que si elle apporte plus qu'elle ne nous coûte, ce qui n’est clairement pas le cas. Surtout si l'on considère qu'au milieu d'un environnement toujours plus dégradés, l'usage répandu de la cigarette reste un phénomène assez récent, et que si l'on porte son regard sur le long terme, il est clair que l'on ne fait que commencer à payer le coût des fumeur à la sécurité sociale, et que celui-ci va se faire ressentir toujours plus à travers des cancers généralisés distillés entre autres maladies cardiaques, hépatiques et reinales... Ceci bien sûr, entre autres économies possibles, à travers l'arrêt de la distribution des bourses sociales aux étudiants fumeurs, puisque celle-ci, plutôt que de les aider dans leurs études, ce que l'on souhaite à travers la mise en place de ce système de rémunération, ne fera que dégrader leur santé, et que l'on paiera au final deux fois cette dégradation, d'abord en la subventionnant, puis en assumant le coût de son entretien une fois la personne malade... Logique qui pourrait bien sûr s'appliquer aux allocations de chômage et autres aides sociales. C'est là tout le paradoxe français. On s'occupe sans problème, pour des raisons politiciennes, d'empêcher deux mille femmes de se vêtir comme elles le veulent, mais quand il s'agit de traiter un problème qui, à travers un tiers de la population, touche l'entièreté de celle-ci, aussi bien sur un aspect économique que social, on ne retrouve plus personne au balcon. Ceci aussi bien au niveau des élites que du reste de la population, car, il faut bien le dire, les mêmes qui se plaindront d'une certification inoffensive arrivée dans leur assiette et dont ils ne veulent pas (on parle ici de la certification halal), se laisseront sans broncher, et c'est bien le cas de le dire, intoxiquer

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doucement mais sûrement par un poison dont la logique voudrait qu'ils s'en formalisent encore moins. Voilà pourquoi il ferait bon de nous expliquer pourquoi l'on préfère s'attarder sur des débats stériles et ne visant que les minorités, quand, dans l'espace public, le droit de nuire à la santé d'autrui (sans insister que les enfants sont bien évidemment touchés par ce fléau) prime toujours aujourd'hui sur le droit à l'intégrité physique, et ceci de façon reconnue et mesurable. Pourquoi est-ce que l'on continue de supporter, en remplissant d'un coup de pelle, ce qui plus tard creusera l'équivalent de deux. Pourquoi ne s'inspire-t-on pas d'autres pays qui nous sont supérieurs en bien des domaines, tels que Singapour ou le Japon (à Tokyo), qui eux ont interdit de fumer dans l'espace public? Pourquoi même ne pas pousser le tout jusqu'au bout, en l'interdisant non seulement dans la rue, mais également dans toutes les institutions d'ordre public (c'est à dire dans les balcons et cours des bâtiments administratifs, entre autres logement sociaux et cités universitaires, où, tristement, la cigarette est encore tolérée), mais également dans tous les espaces susceptibles de laisser la nocivité se répandre (balcons, terrasses, jardins, etc.), afin de n'en plus autoriser la pratique que dans les espaces strictement personnels, à savoir chez soi, dans les espaces fermés, qui, s’ils ne l’annihilent pas, restent les endroits où le risque de "contamination" est le moins important? Car c'est bien là le problème de la définition d'espaces public et privé: dès lors que le mal s'invite chez celui qui ne le désire pas, on rend public contre la volonté de celui-ci un espace qui se doit d'être privé (ce droit à l’espace privé se devant d'être protégé). Pourquoi, enfin, la politique de ce pays manque-t-elle autant de courage, et pourquoi préfère-t-elle autant les débats électoralistes et autres manoeuvres politiciennes qui n'apportent que polémique quand un soupçon de fermeté et de vision sur le long terme sur des questions d'ordre nationale lui apporterait la gloire? Voilà une attitude, qui, par un peu de fermeté sur les maux de notre époque, inciterait probablement à des changements comportementaux bénéfiques à la fois en terme de santé publique et de finance nationale. Voilà où l’on doit chercher la rigueur, voilà où elle se trouve, voilà où elle est. Et ce sera là notre dernier mot, et celui-ci s'adresse à l'ensemble des citoyens. Il est bien plus facile de cibler comme responsable de tous les maux une couleur ou une origine visible, mais que l'on pas choisi, que de questionner les choix des uns et des autres quand ceux-ci distillent dans l'air un poison qui

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nous touche tous, français de toutes générations et de tous horizons. Traiter les vrais problèmes, ceux qui nous touchent tous, pour le présent et l'avenir, voilà ce qui est nécessaire. Car c'est aussi ça, le vivre ensemble, et c'est ça, aussi, le combat contre l'insécurité. Avant de nous disperser sur ce qui touche la sensibilité subjective des uns et des autres, établissons des priorités nationales et commençons par questionner ce qui touche objectivement la santé de tous. Encore faut-il en avoir le courage. Bibliographie http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/cancer/articles/9599-cancer-tabac-grande-cause.htm http://www.who.int/features/factfiles/tobacco/fr/ http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/06/06/20002-20130606ARTFIG00499-le-tabac-coute-47-milliards-d-euros-par-an-a-la-collectivite.php http://www.mutualite.fr/L-actualite/Sante/Prevention/Le-tabac-n-attaque-pas-seulement-nos-poumons http://www.planetoscope.com/comptes-publics/669-ce-que-coute-le-tabac-a-la-societe-francaise.html