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COURRIER DES LECTEURS Gammapathie monoclonale transitoire et h6patite aigu6 m6dicamenteuse A. BRUET, D. HILLION, J." BOURR1ANNE, J. P. FENDLER* A la suite d'un article de Mottier et coll. (1), nous rapportons une observation de gammapathie monoclonale transitoire et d'h6patite m6dicamen- teuse. Un .homme de 75 ans a requ, en d6cembre 1982, un traitement par josamycine (2 g/j pendant 10 jours) pour une surinfection bronchique. La num6ration-formule sanguine~ les transaminases et l'61ectrophor6se des protides plasmatiques 6taient normales. En mars 1983, la josamycine rut nouveau prescrite (2 g/j) pour la m6me indica- tion. Au 12e jour de traitement, le patient pr6sen- tait un ict6re g6n6ralis6. La biologie r6v61ait : 1) Une cytolyse : transaminases oxalo-ac6tiques 770 UI/I (N ~< 40), transaminases glutamo-pyru- viques ~ 1 920 UI/I (N ~< 50), phosphatases alcali- nes fi 178 UI/1 (N ~< 100), bilirubine totale 198 ~tmol/1.2) Une hyper6osinophilie sanguine 814/mm 3 sans inversion de la formule. 3) Un pic darts les gammaglobulines ~ l'61ectrophor6se des protides plasmatiques, pic d'IgG lambda h l'im- muno61ectrophor6se. En immunodiffusion, les IgG 6taient ~ 14,6 g/l, les IgA h 5,4 g/1, les IgM ~t 1,5 g/1. Les s6rologies Virales 6taient n6gatives : antig6ne Hbs, anticorps anti-Hbs, anticorps de type IgM anti-HA, s6rologie de cytom6galovirus, d'herp6s, de m6me que l'enqu6te immunologique : anticorps anti-nucl6aires, anti-mitochondries, anti-muscles lisses, anti-microsomes h6patiques, recherche de cryogl, obulines, du facteur rhuma- toide. Le my61ogramme et les radiographies du squelette 6taient normaux. Devant l'6volution spontan6ment favorable, il n'a pas 6t6 fait de biopsie h6patique. Au 3e mois, la biologie h6pati- * Service de mddecine interne et ndphrologie (Pr .I.P. Fen- dler), CH1 Poissy, 10, rue du Champ-Gaillard, 78303 Poissy Cedex. que, la formule sanguine 6taient redevenues nor- males, le pic d'IgG lambda avait disparu. Bien que l'h6patite non A non B ne puisse 6tre 6cart6e, le diagnostic d'h6patite m6dicamenteuse la josamycine semble probable, l'h6patotoxicit6 des macrolides 6tant reconnue avec une fr6quence pouvant atteindre 12 p. 100 pour certains d'entre eux : estolate d'erythromycine, ol6andomycine. L'6volution parall~le des anomalies biologiques h6patiques et de la prot6ine monoclonale, argu- ment habituellement retenu pour un lien entre les deux faits pathologiques, est pr6sente ici. La sur- venue d'une prot6ine monoclonale au cours des h6patites, en particulier celles dues au virus B, n'est certainement pas exceptionnelle. Que l'6tio- logie soit virale ou m~dicamenteuse, l'h6patite aiguE s'accompagne de troubles de l'immunit6. La pr6sence d'une gammapathie monoclonale transi- toire peut 6tre le r6sultat soit d'une stimulation non sp6cifique avec s6ct;6tion d'une immunoglo- buline poss6dant parfois une activit6 auto-immune (2), soit d'une r6ponse immune sp6cifique contre un antigone m6dicamenteux ou viral (3). BIBLIOGRAPHIE 1. MOTYIERD., CLEUZIOUA., JOUQUAN J., PENNECY., BACCINO E., MIOSSEC P., BERGERET G. : Gammapathie monoclonale transitoire et h6patite aigu6. Rev. Mdd. Interne, 1984, 5, 157-158. 2. Roux M. E. B., FLORIN-CHRISTENSEN A., ARANA R. M., DONIACH D. : Paraproteins with antibody activity in acute viral hepatitis and chronic auto-immune liver diseases. Gut, 1974, 15, 396-400. 3. VIALA J. J., TREPO C., CREYSSEL R., CO1FFIERB., REBATFUP. : Gammapathie apparemment non my61omateuse associOe ~i l'antig6ne de l'h6patite non A non B. Nouv. Presse Mdd., 1982, 5, 52.

Gammapathie monoclonale transitoire et hépatite aiguë médicamenteuse

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Page 1: Gammapathie monoclonale transitoire et hépatite aiguë médicamenteuse

COURRIER DES LECTEURS

Gammapathie monoclonale transitoire et h6patite aigu6 m6dicamenteuse

A. BRUET, D. HILLION, J." BOURR1ANNE, J. P. FENDLER*

A la suite d 'un article de Mottier et coll. (1), nous rapportons une observation de gammapathie monoclonale transitoire et d'h6patite m6dicamen- teuse.

Un .homme de 75 ans a requ, en d6cembre 1982, un traitement par josamycine (2 g/j pendant 10 jours) pour une surinfection bronchique. La num6ration-formule sanguine~ les transaminases et l'61ectrophor6se des protides plasmatiques 6taient normales. En mars 1983, la josamycine rut

nouveau prescrite (2 g/j) pour la m6me indica- tion. Au 12 e jour de traitement, le patient pr6sen- tait un ict6re g6n6ralis6. La biologie r6v61ait : 1) Une cytolyse : transaminases oxalo-ac6tiques 770 UI/I (N ~< 40), transaminases glutamo-pyru- viques ~ 1 920 UI/I (N ~< 50), phosphatases alcali- nes fi 178 UI/1 (N ~< 100), bilirubine totale 198 ~tmol/1.2) Une hyper6osinophilie sanguine 814/mm 3 sans inversion de la formule. 3) Un pic darts les gammaglobulines ~ l'61ectrophor6se des protides plasmatiques, pic d ' IgG lambda h l'im- muno61ectrophor6se. En immunodiffusion, les IgG 6taient ~ 14,6 g/l, les IgA h 5,4 g/1, les IgM ~t 1,5 g/1. Les s6rologies Virales 6taient n6gatives : antig6ne Hbs, anticorps anti-Hbs, anticorps de type IgM anti-HA, s6rologie de cytom6galovirus, d'herp6s, de m6me que l'enqu6te immunologique : anticorps anti-nucl6aires, anti-mitochondries, anti-muscles lisses, anti-microsomes h6patiques, recherche de cryogl, obulines, du facteur rhuma- toide. Le my61ogramme et les radiographies du squelette 6taient normaux. Devant l'6volution spontan6ment favorable, il n'a pas 6t6 fait de biopsie h6patique. Au 3 e mois, la biologie h6pati-

* Service de mddecine interne et ndphrologie (Pr .I .P. Fen- dler), CH1 Poissy, 10, rue du Champ-Gaillard, 78303 Poissy Cedex.

que, la formule sanguine 6taient redevenues nor- males, le pic d ' IgG lambda avait disparu.

Bien que l'h6patite non A non B ne puisse 6tre 6cart6e, le diagnostic d'h6patite m6dicamenteuse

la josamycine semble probable, l'h6patotoxicit6 des macrolides 6tant reconnue avec une fr6quence pouvant atteindre 12 p. 100 pour certains d'entre eux : estolate d'erythromycine, ol6andomycine. L'6volution parall~le des anomalies biologiques h6patiques et de la prot6ine monoclonale, argu- ment habituellement retenu pour un lien entre les deux faits pathologiques, est pr6sente ici. La sur- venue d 'une prot6ine monoclonale au cours des h6patites, en particulier celles dues au virus B, n'est certainement pas exceptionnelle. Que l'6tio- logie soit virale ou m~dicamenteuse, l'h6patite aiguE s'accompagne de troubles de l'immunit6. La pr6sence d'une gammapathie monoclonale transi- toire peut 6tre le r6sultat soit d 'une stimulation non sp6cifique avec s6ct;6tion d 'une immunoglo- buline poss6dant parfois une activit6 auto-immune (2), soit d 'une r6ponse immune sp6cifique contre un antigone m6dicamenteux ou viral (3).

BIBLIOGRAPHIE

1. MOTYIER D., CLEUZIOU A., JOUQUAN J., PENNEC Y., BACCINO E., MIOSSEC P., BERGERET G. : Gammapathie monoclonale transitoire et h6patite aigu6. Rev. Mdd. Interne, 1984, 5, 157-158.

2. Roux M. E. B., FLORIN-CHRISTENSEN A., ARANA R. M., DONIACH D. : Paraproteins with antibody activity in acute viral hepatitis and chronic auto-immune liver diseases. Gut, 1974, 15, 396-400.

3. VIALA J. J., TREPO C., CREYSSEL R., CO1FFIER B., REBATFU P. : Gammapathie apparemment non my61omateuse associOe ~i l'antig6ne de l'h6patite non A non B. Nouv. Presse Mdd., 1982, 5, 52.