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Généralités sur le handicap
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Généralités sur lehandicap
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une
personne sur dix est handicapée dans le monde, c’est-à-dire
près de 700 millions d’êtres humains. Dans les années à venir,
ce chiffre ira en augmentant, avec le vieillissement de la
population et l’expansion des maladies invalidantes… Une
personne sur quatre aurait, dans son entourage proche, des
personnes handicapées.
Que représentent ces chiffres ? Qu’entend-on par personne
handicapée ? Quels sont les différents types de déficiences ?
Autant de questions qui nous concernent tous, dont les
réponses sont complexes et qui dépendent de chaque
contexte culturel.
THEMA 2
ETYMOLOGIE DU MOT « HANDICAP »
Dans la littérature, on trouve plusieurs étymologies du mot « handicap ». En anglais,
« hand in cap » signifie « la main dans la casquette ». C’était le nom d’un jeu de hasard
où le joueur qui tirait un mauvais numéro dans la casquette était défavorisé. Plus tard,
au 18ème siècle, le mot « handicap » faisait référence à une course de chevaux. Pour
assurer le suspens du gagnant de la course et égaliser les chances entre tous, les
chevaux les plus forts étaient munis de poids et ainsi « handicapés ».
LE HANDICAP, UNE NOTION COMPLEXE
I l n’existe ni une définition ni une vision du handicap. Le handicap est une notion com-
plexe, qui trouve son origine en Occident au 19ème siècle, et qui ne se traduit pas dans
toutes les langues1 . Historiquement, le handicap se définissait par opposition à la mala-
die. Le patient était malade tant que son problème pouvait être pris en charge par la
médecine. Il devenait handicapé une fois devenu incurable.
Selon l’OMS, « est appelé handicapé celui dont l'intégrité physique ou mentale est
progressivement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l'effet de
l'âge, d'une maladie ou d'un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à
fréquenter l'école ou à occuper un emploi s'en trouve compromise »2.
Différents modèles du handicap précisent les contours du concept et coexistent
aujourd’hui. Ils reflètent des pensées diverses, voire contradictoires.
Le modèle médical, basé sur les notions de déficience et d’incapacité
Apparu au lendemain de la Première Guerre Mondiale, le modèle médical ou modèle individuel
est issu de l'approche biomédicale. Le handicap est défini comme appartenant à une personne
et a pour conséquence de limiter sa participation sociale. Ce modèle suit une logique de cause
à effet : une maladie ou un traumatisme provoque une déficience de l'organisme, il en résulte une
incapacité à faire certaines choses, ce qui conduit à un désavantage social ou handicap. Le handi-
cap est directement le résultat de la déficience ou de l'incapacité de la personne. Les interventions
sont liées aux soins, dont le but est la guérison ou la réadaptation de la personne à la société, afin
qu'elle rentre dans les 'normes' comme les autres. Aucune intervention ne concerne
l'environnement ou ne remet en cause les aspects socio-culturels liés à la vie de la personne.
En 1980, l’OMS établit la classification internationale des handicaps (CIH) qui complète la
classification internationale des maladies datant de 1946 (CIM), les handicaps étant des
conséquences des maladies. La CIH définit le handicap sur base du modèle médical, comme
un désavantage social résultant d’une déficience ou d’une incapacité.
Le modèle social, basé sur les facteurs externes
Dans les années 1960, une autre vision émane du mouvement des personnes handicapées elles-
mêmes : le modèle social. Elle donne lieu à la création de l’Organisation Mondiale des personnes
handicapées en 1983, et à celle du Forum Européen des Personnes Handicapées en 1993. Cette
évolution conduira à l’adoption du slogan « Nothing for us without us »3 , revendiqué aujourd’hui
par de nombreux mouvements de personnes handicapées issus de la société civile.
Dans le modèle social, le handicap est considéré comme le résultat de l'inadéquation de la société
aux spécificités de ses citoyens. Les personnes handicapées sont une minorité discriminée.
L'origine du handicap est donc externe à l'individu. Le type d'intervention va évoluer : la guérison
1 Pour plus d'informations sur les différentes perceptions culturelles du handicap, voir fiche thématique « 20. Culture »
2R. LIBERMAN, Handicaps et Maladies mentales, Puf – Que sais-je ?, 2003, p. 36
© Norfolk coalition of disabled people
Le modèle médical privilégie l'approche des besoins spécifiques de la personne,
liés à la déficience ou l'incapacité, et recourt principalement aux services spéciali-
sés, c'est-à-dire destinés spécifiquement aux personnes handicapées.
APPROCHE SPECIALISEE
Maladies déficiences et/ou incapacités désavantage social
© Norfolk coalition of disabled people
3 En français : « Rien pour nous sans nous »
Généralitéssur le
handicap
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Généralités sur lehandicap
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Le handicap est défini soit comme une conséquence de l’absence d’aménagements des
environnements ordinaires (approche environnementale), soit comme le résultat d’un
problème d’organisation sociale et de rapport entre la société et l’individu (approche
droits humains). La situation de handicap est inhérente à la société et non à l’individu.
Le modèle systèmique, intégrant le modèle médical et le modèle social
Parallèlement aux modèles médical et social, il existe un autre modèle : le modèle
systémique. Lui-même a été conceptualisé et imaginé par Patrick Fougeyrollas en 1998,
au Québec, sous le nom de « Processus de Production du Handicap » (PPH) qui explique
comment on arrive à la « situation de handicap ».
Le PPH prend en compte l’interaction entre les différents facteurs conduisant à la situation
de handicap : les facteurs intrinsèques à une personne (déficience ou incapacité) et les
facteurs extérieurs qui dépendent du contexte dans lequel évolue cette personne
(environnement et aspects socio-culturels).
2Le Fonds Monétaire International est une institution internationale multilatérale qui vise la stabilité du système monétaire et financier
international. 3
D. Millet et E. Toussaint, 60 questions-réponses sur la dette, le FMI et la Banque Mondiale, p. 230, CADTM & Syllepse, 2008
Avec l’apparition du PPH, l’OMS revoie sa propre conception du handicap et de son
approche médicale pour aboutir, en 2001, à la mise en place et à l’adoption de la Classi-
fication Internationale du Fonctionnement (CIF), remplaçant la Classification Interna-
tionale des Handicaps (CIH).
Dans la CIF, les domaines sont classés du point de vue de l'organisme, de celui de la
personne en tant qu'individu et de celui de la personne en tant qu'être social. Le fonc-
tionnement et le handicap s'insérant dans un contexte, la CIF comprend également une
liste de facteurs environnementaux. La CIF est utile pour comprendre et mesurer les
conséquences sanitaires. Elle peut être utilisée dans des cadres cliniques, dans les
services de santé ou dans les enquêtes au niveau individuel ou de la population.
Les deux modèles, PPH et CIF, tiennent compte à la fois de la nécessité d'apporter des
réponses spécifiques à des besoins spécifiques liés à une déficience ou une incapacité, mais
également à l'approche selon laquelle tous les êtres humains sont égaux entre eux, peu
importe la différence qui pourrait les marquer par rapport à d'autres. Ils privilégient une
société inclusive où l'accessibilité est primordiale, et où les personnes handicapées peuvent
toutefois nécessiter des réponses spécifiques à leurs propres besoins si nécessaire.
Le modèle social privilégie l'approche des droits de la personne, acces-
sibles pour tous en vertu de la Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme, et est intimement lié au modèle inclusif. I l vise avant tout une
société mixte, où se côtoient quotidiennement, dans tous les domaines,
des personnes handicapées et d'autres personnes.
APPROCHE INCLUSIVE
« Il n’y a pas deux mondes, celui des valides et celui des handicapés »,
Patrick Fougeyrollas
est abandonnée au profit du développe-
ment des capacités restantes de la personne
pour la rendre la plus autonome possible
dans sa vie quotidienne. Concrètement, il
s’agit d'adapter l'environnement et les
services, de les rendre accessibles et utilis-
ables pour les personnes ayant des incapaci-
tés physiques, sensorielles ou psychiques.
Les interventions sur l'environnement sont
privilégiées dans cette approche, afin que
chacun ait accès aux droits humains. On
parle d’ailleurs d’une approche basée sur les
droits. Une personne déterminée n'est
jamais plus garante du respect de 'normes'
qu'une autre. Tout le monde est différent
selon un critère prédéfini.
Les 5 sens des handica-pés sont touchés mais c'est un 6e qui les délivre ; bien au-delà de la vo-lonté, plus fort que tout, sans restriction, ce 6e sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre
“
”Grand Corps Malade
Modèle explicatif des causes et conséquences
des maladies, traumatismes et autres atteintes à
l’intégrité ou au développement de la personne
Processus de production du handicap
Interaction
Facteurs de risque
Cause
Facteurs environnementaux
Facilitateur Obstacle
Facteurs personnels
Systèmes
organiques
Intégrité Déficience
Aptitudes
Capacité Incapacité
Habitudes de vie
Participation sociale Situation de handicap
© RIPPH/SCCIDIH 1998
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handicap
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Généralités sur lehandicap
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Ici, le concept de handicap n’est pas figé, ni dans le temps, ni dans l’espace. LES DIFFERENTS TYPES DE DEFICIENCES
Dans le présent manuel, nous nous limitons à 3 catégories de déficiences et ne prenons pas en
compte les maladies mentales ou les troubles psychiques (comme l’autisme) :
la déficience physique ou motrice difficulté ou incapacité à faire certains mouvements
(ex : paraplégie)
la déficience sensorielle difficulté ou incapacité à voir (handicap visuel) ou à entendre
(handicap auditif ) (ex : cécité, malentendance)
la déficience intellectuelle difficulté à raisonner et à comprendre (ex : retard mental)
LES CAUSES DES DEFICIENCESLes déficiences sont dues à de nombreux facteurs, dont les maladies, les malformations
congénitales, les traumatismes ou encore la vieillesse. Certaines personnes naissent
avec une déficience ou une incapacité – on parle alors de handicap congénital –,
d’autres deviennent handicapées au cours de la vie. Personne n’est donc à l’abri de
devenir handicapé. Une déficience peut également être visible ou invisible.
L’INCAPACITE DEVELOPPE LES CAPACITESLorsqu’un sens ou un système est atteint et qu’il provoque une incapacité chez une
personne, l’organisme compense en développant un ou plusieurs autres sens.
Exemple : une personne malvoyante a une ouïe et un odorat souvent plus développés
que quelqu’un qui voit bien.
LES PERSONNES HANDICAPEES DANS LA SOCIETEFace au handicap, tout le monde n’est pas égal : le sexe, l’âge ou encore l’origine sociale influ-
ence le degré de la situation de handicap. Souvent, le degré de handicap est d’autant plus
important que la personne vit dans un contexte socio-économique défavorable4 .
La notion de handicap entend la combinaison de trois facteurs distincts :
l'environnement (qui peut être plus ou moins adapté)
l'intégrité individuelle (marquée par la déficience ou l'incapacité)
les aspects socio-culturels (qui varient dans le temps et d’un peuple
à l’autre)
Tableau de synthèse des différents modèles
MODÈLE MÉDICAL MODÈLE SOCIAL MODÈLE SYSTÉMIQUE
Où se situe le problème?
Comment le résoudre?
Rapport à la 'normalité'
Approche
Déficience ou
incapacité
Ex: déficience visuelle:
cécité
Apporter des soins et
des services spécialisés
Ex: intervention chirurgi-
cale au niveau des yeux
Norme = personne non
handicapée
Spécialisée
Environnement
inadapté et aspects
socio-culturels exclu-
ants
Ex: dans le train, pas de
signal sonore précisant
les arrêts
Agir sur
l'environnement et les
aspects socio-culturels
Ex: annonce orale
suffisamment à temps
de la prochaine station
Norme = toute
personne. Pas de
différence
Inclusive
Facteurs personnels et
externes
Les 2
Apporter des soins et
des services spécialisés
et agir sur
l'environnement et les
aspects socio-culturels
Ex: intervention chirurgi-
cale + annonce orale
Droit à la différence,
donc à des services
spécifiques quand ils
sont nécessaires
Inclusive mais spéciali-
sée si nécessaire
TYPE DE DEFICIENCE NOMBRE DE MILLIONS DE PERSONNES TOUCHEES DANS LE MONDE
motrice
intellectuelle
auditive
visuelle
près de 65 (ayant besoin d’un fauteuil roulant)
près de 156
près de 278
près de 314
4Voir fiche thématique « 10. Pauvreté »
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handicap
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 3. Déficience motrice
- 4. Déficience auditive
- 5. Déficience visuelle
- 6. Déficience intellectuelle
- 7. Droits des personnes handicapées
- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination
- 20. Culture
VOIR ACTIVITEL’ensemble des activités aborde les généralités du handicap
DATES-CLES3 décembre : Journée internationale des personnes handicapées
9 octobre : Journée mondiale du handicap
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La place des personnes handicapées dans une société dépend de nombreux facteurs, dont :
le type de déficience
Une déficience invisible est souvent moins « handicapante » qu’une déficience
visible, car une personne dont la déficience est invisible est regardée de la même
façon qu’une autre. Au contraire, une personne dont on perçoit clairement la défi-
cience est souvent perçue comme différente avant tout. De plus, dans bien des cas,
une personne déficiente intellectuelle inspire la pitié, tandis qu’une personne
handicapée motrice dégage un sentiment de courage.
la culture de la société
Le regard et la place des personnes handicapées sont liés à la culture d’un peuple.
Pour autant, partout dans le monde, les personnes handicapées représentent une
minorité vulnérable, souvent exclue, peu visible et fort discriminée, et dont les
droits sont encore peu respectés.