Upload
vunga
View
256
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Gériatrie, Soins Palliatifs et
Proportionnalité des traitements
L’exemple de la Douleur
Certificat inter universitaire de soins palliatifs
UCL juin 2015
Docteur Frédéric GUIRIMANDPôle RechercheMaison médicale Jeanne Garnier
Docteur Frédéric GUIRIMANDPôle RechercheMaison médicale Jeanne Garnier
Gériatrie, douleur, soins palliatifs
1. Les différentes trajectoires de fin de vie
2. Douleur en gériatrie : spécificités
3. Evaluation : échelles ECPA, Algoplus
4. Douleur neuropathique
� Recommandations de l’AGS
1. Les différentes trajectoires de fin de vie
2. Douleur en gériatrie : spécificités
3. Evaluation : échelles ECPA, Algoplus
4. Douleur neuropathique
5. Recommandations de l’AGS
Gériatrie, douleur, soins palliatifs
Douleur : Définition de l ’IASP
Expérience sensorielle et émotionnelle
désagréable en réponse à une atteinte
tissulaire réelle ou potentielle, ou
décrite en ces termes .
La douleur : c’est plus complexe !
« C’est l’idée que le cerveau se fait
d’une éventuelle atteinte de notre
intégrité corporelle »N Danzinger
« Vivre sans la douleur »
Odile Jacob 2010
Douleur et gériatrie : épidémiologie
� augmentation des douleurs avec l’âge
� 25 à 50 % des personnes âgées à domicile
� 50 – 90 % des personnes vivant en institution
Douleur du sujet âgé = problème de santé publique
Douleur : les spécificités gériatriques
� Maladie chronique, polypathologie, comorbidité
� Troubles cognitifs : obstacle au diagnostic et au t raitement
� Changements de comportements : est-ce de la douleur ?
anorexie, confusion mutisme…
� Rôle du traitement d’épreuve avec évaluation
comportementale
Complexité liée à la fragilité
Obstacles à l’utilisation des antalgiques en gériat rie
� Non reconnaissance : « la douleur fait partie de la vieillesse ! »
� Fatalisme : la douleur est inévitable…
� Ou : les médicaments sont inefficaces
� Les patients déments reçoivent moins d’antalgiques que les
autres
– 12% vs 33% ;Nygaard, 2005
– 56% vs 80% ; Reynolds 2008
Causes de douleur en gériatrie
� Douleurs nociceptives
� Dorsalgie, lombalgie, arthrose
� Ostéoporose, fractures
� Arthrite rhumatoïde, goutte, tendinite, pathologie discale
� Douleur neuropathique
� Zona, douleur post herpétique, névralgie du trijume au,
neuropathies périphériques (diabète, amputation,
chimiothérapie…)
� Douleur centrale post AVC
� Douleurs mixtes
� Lombosciatique,
� Fibromyalgie…
Pharmacodynamie et âge
� Baisse des muscles, hausse des graisses
� Baisse du Vd des médicaments hydrophiles
� Elimination plus lente
� Ajustement des doses
La physiologie reflète la vulnérabilité
1. Les différentes trajectoires de fin de vie
2. Douleur en gériatrie : spécificités
3. Evaluation : échelles ECPA, Algoplus
4. Douleur neuropathique
5. Recommandations de l’AGS
Gériatrie, douleur, soins palliatifs
Douleur : chez 57%
des patients
30% patients : pas de
traitement
51 % patients mal
traités
La douleur reste méconnue…La douleur reste méconnue…
Evaluation de la douleur : comparaison desévaluations faites par le patient et par le médecin
1992 2004
Brasseur, 200620 centres, 605 patients
Douleur et Cancer : enquête INCA 2010
11 x plus de cancer après 65 ans
�1507 patients, 71 centres, 79 médecins
� 798 patient ont une douleur (53%)
� Pour 5,8% des patients, la douleur est contrôlée
� 62% des patients sont sous traités
Entre reconnaissance et déni :
� Le soignant sous estime la douleur : influence de la fonction,
du contexte, …
� fonction de l’intensité : le soignant croit moins les dl intenses
� Cause identifiée > non identifiée
� Les + expérimentés sous estiment encore plus !
« Les soignants : des insensibles professionnels à l a douleur d’autrui… » N Danzinger
Principes d’évaluation de la douleur
1. Le patient est la seule « autorité » pour évaluer sa douleur.
2. Évaluer la personne qui souffre… et non seulement la douleur
Impacts de la douleur
Qualité de vie Bien-être psychologique
Physique
Occupationnelle
Vie sociale
Comportement
Stimulus causal• Excès de nociception• Douleur neurogène• Douleur psychogène
Expérience subjectivesensation
émotion cognition
Environnement
• Facteurs familiaux• Facteurs sociaux• Facteurs culturels
Comportements observables• Moteurs• Verbaux• Physiologiques
ASPECT PLURIDIMENSIONNEL DE LA DOULEUR
� Evaluer l'intensité des phénomènes douloureux
� Evaluer les causes déclenchantes et les facteurs favorisants
� Choisir le(s) traitement(s) adapté(s)
� Evaluer l'efficacité des traitements mis en œuvre
� Adapter les traitements analgésiques (dose, rythme,
associations...)
� Définir des protocoles thérapeutiques ( I.D.E...)
DOULEUR : pourquoi et comment l ’évaluer ?
Limites de l’auto -évaluation
� Atteintes sensorielles : surdité, cécité
� Surestimation des capacités d’abstraction.
� Troubles de la mémoire.
� Interférences psychosociologiques.
Comportements douloureux
� Expression faciale
� Verbalisation, cris
� Mouvements du corps
� Changement dans les relations aux autres
� Changement dans les activités
� Changements cognitifs
L’observation demande attention et temps
ECPA : échelle comportementale de douleur de la personne âgée
Observation avant les soins
1)Plaintes exprimées pendant la période d’observation
2) Regard et Mimique
3) Position spontanée au repos
4) Relation à autrui (de quel type que ce soit)
Observation pendant les soins
5) Anticipation anxieuse aux soins
6) Réaction pendant la mobilisation
7) Réaction pendant les soins des zones douloureuses
8) Plaintes exprimées pendant le soin
ECPA Observation avant soins
Position spontanée au repos
0 : Aucune position antalgique
1 : Le sujet évite une position
2 : Le sujet choisit une position antalgique
3 : Le sujet recherche sans succès une position antalgique
4 : Le sujet reste immobile comme cloué par la douleur
ECPA Observation pendant le soin
Anticipation anxieuse au soins
0 : le sujet ne montre pas d’anxiété
1 : angoisse du regard, impression de peur
2 : sujet agité
3 : sujet agressif
4 : cris, soupir, gémissement
Echelle comportementale d’évaluation de la douleur aiguë chez le sujet âgé de plus de 65 ans ayant des troubles de la communication
verbale
ALGOPLUS®
Responsable groupe de travail Algoplus : patrice RAT
ALGOPLUS®Echelle d’évaluation comportementale
de la douleur aiguë chez la personne âgée présentant des troubles de la communication verbale
Visage : Froncement des sourcils, grimaces, crispation, mâchoires serrées,
visage figé
Regard : Regard inattentif, fixe, lointain ou suppliant, pleurs, yeux
fermés
Plaintes : « Aie », « Ouille », « j’ai mal », gémissements, cris
Corps : Retrait ou protection d’une zone, refus de mobilisation, attitudes
figées
Comportement : Agitation ou agressivité, agrippement
Total oui |___| / 5
�Chaque item coté « oui » est compté un point
�La somme des items permet d'obtenir un score total sur
cinq
�Un score supérieur ou égal à deux permet de
diagnostiquer la présence d'une douleur
�sensibilité = 87% ; spécificité = 80%
�Réévaluation nécessaire
�La prise en charge est satisfaisante quand le score reste
strictement inférieur à deux
ALGOPLUS®
ALGOPLUS®
� 1 – Visage: Froncement des sourcils, grimaces, crispation, mâchoires serrées, visage figé
� 2 – Regard: Regard inattentif, fixe, lointain ou suppliant, pleurs, yeux fermés
� 4 – Corps: Retrait ou protection d’une zone, refus de mobilisation, attitudes figées
Collectif DOLOPLUS
ALGOPLUS®
� 1 – Visage: Froncement des sourcils, grimaces, crispation, mâchoires serrées, visage figé
� 2 – Regard: Regard inattentif, fixe, lointain ou suppliant, pleurs, yeux fermés
� 4 – Corps: Retrait ou protection d’une zone, refus de mobilisation, attitudes figées
� 5 – Comportements: Agitation ou agressivité, agrippement
Collectif DOLOPLUS
ALGOPLUS®
� 1 – Visage: Froncement des sourcils, grimaces, crispation, mâchoires serrées, visage figé
� 2 – Regard: Regard inattentif, fixe, lointain ou suppliant, pleurs, yeux fermés
� 3 – Plaintes : « Aie », « Ouille », « j’ai mal »,gémissements, cris
� 5 – Comportements: Agitation ou agressivité, agrippement Collectif DOLOPLUS
ALGOPLUS®
� 1 – Visage: Froncement des sourcils, grimaces, crispation, mâchoires serrées, visage figé
� 2 – Regard: Regard inattentif, fixe, lointain ou suppliant, pleurs, yeux fermés
� 4 – Corps: Retrait ou protection d’une zone, refus de mobilisation, attitudes figées
� 5 – Comportements: Agitation ou agressivité, agrippement
P. RAT Collectif DOLOPLUS
Collectif DOLOPLUS
ALGOPLUS®
� 4 – Corps: Retrait ou protection d’une zone, refus de mobilisation,attitudes figées
� 5 – Comportements: Agitation ou agressivité, agrippement
Collectif DOLOPLUS
L’échelle Algoplus
�Dépistage systématique de la douleur
� très bonnes qualités psychométriques
� fiable en gériatrie
� Score seuil ≥ 2 ( = décision de traiter).
�Rapidité de passation (moins d’une minute)
Collectif DOLOPLUS www.doloplus.com patrice.rat@ap-hm.
Algoplus : CONCLUSION
1. Les différentes trajectoires de fin de vie
2. Douleur en gériatrie : spécificités
3. Evaluation : échelles ECPA, Algoplus
4. Douleur neuropathique
5. Recommandations de l’AGS
Gériatrie, douleur, soins palliatifs
Une sémiologie particulière
� La douleur survient dans un territoire neurologique lésé ++; associée à un déficit de la sensibilité et/ou de la perception douloureuse
� Délai parfois prolongé après la lésion en cause
� Absence de lésion tissulaire évolutive
Exceptions : cancer, SEP, SIDA
� La douleur est souvent associée à des sensations non douloureuses (spontanées ou provoquées) : dysesthésies (démangeaisons, fourmillements, picotements)
1. Les différentes trajectoires de fin de vie
2. Douleur en gériatrie : spécificités
3. Evaluation : échelles ECPA, Algoplus
4. Douleur neuropathique
5. Recommandations de l’AGS
Gériatrie, douleur, soins palliatifs
Utilisation des antalgiques en gériatrie (1)
Les recommandations de l’AGS : les palliers 1
� Priorité au paracétamol : 4 g/ jour ; automédicat ion
� AINS : indications rares et précautions extrêmes ++ +
– insuffisance rénale,
– saignements digestifs (risque X 3 / sujet jeune),
– Risque hémorragique X 13 qd ttt par AVK; IPP systém atique
– insuffisance cardiaque : risque d’OAP X 2 qd diuré tique
– Pas d’intérêt des cox 2
– Application topique +++
D’après Fine, pain medicine, 2012
Utilisation des antalgiques en gériatrie (2)
Les recommandations de l’AGS : les opioïdes
� Moins de risque à long terme qu’avec les AINS
� Douleur modérée à sévère avec impotence fonctionnel le ou
baisse de la qualité de vie
� Douleur fréquente ou continue : traitement de fond
� Anticiper et évaluer les effets indésirables
� Associer un opioïde court pour les ADP
� Prudence avec la méthadone
� Réévaluation fréquente +
� Faible risque d’addiction
D’après Fine, pain medicine, 2012
Utilisation des antalgiques en gériatrie (3)
Les recommandations de l’AGS : les adjuvants (prégabaline, IRS…)
� Patients avec dl neuropathique : intérêts des adjuv ants
� Fibromyalgie : à essayer
� Douleur réfractaire persistantes (céphalées, lombalgies, dl osseuse
diffuse…)
� Eviter les tricycliques
� A utiliser seul ou en association avec des ttt médicamenteux ou non
� Commencer à la plus faible dose; lente augmentation
D’après Fine, pain medicine, 2012
Utilisation des antalgiques en gériatrie (4)
Les recommandations de l’AGS : les autres traitemen ts
� Corticoïdes au long cours : inflammation chronique ou méta os
� Dl neuropathique localisée : patch de lidocaïne (ve rsatis®)
� Dl localisée non neuropathique : essai de lidocaïne ou d’un
AINS
D’après Fine, pain medicine, 2012
Utilisation des antalgiques en gériatrie (5)
Les autres traitements
� Les infiltrations d’anesthésiques locaux ou de
stéroïdes
� Place des thérapies non médicamenteuses :
– Exercices, massages, biofeedback,
– Thérapie cognitivo comportementale
– Acupuncture
– TENS
Importance d’une approche globale multidisciplinair e
D’après Fine, pain medicine, 2012
La douleur induite par les soins en gériatrie
Etude REGARDS : Recueil Epidémiologique en Gériatrie des Actes
ressentis comme Douloureux et Stressants
� 1265 patients; 28 structures (EHPAD, SSR, USLD, UCS )
� Recueil 24h/24 durant 5 jours : EN, Algoplus, EN so ignant
� 35 686 gestes; 76,4% soins d’hygiène
� Analgésie pour le geste : 0,9%
� 85±8 ans; 74 % de femmes
� Antalgiques de fond :
pallier 1 :38% ; Pallier 2 : 13% ; pallier 3 : 8%•
CNRD Centre National de Ressource de lutte contre l a Douleur