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Le handicap. Un sujet tabou ? Mal connu ? Qui fait peur ?
Qui suscite la moquerie? La pitié ?
Les pays du Sud. Comment y vit-on ? La solidarité
internationale a-t-elle un rôle à jouer dans un monde où les
inégalités sont de plus en plus criantes ?
Finalement, le handicap dans les pays du Sud… Un thème
complexe, à découvrir dans ce manuel de sensibilisation.
Pour ce faire, Handicap International vous propose
- 25 fiches thématiques
- 13 activités ludiques
- 70 photos.
L’outil indispensable pour développer votre projet
pédagogique avec une classe ou tout autre groupe!
En fonction du temps dont vous disposez, de vos objectifs
et des attentes du groupe.
Bon amusement!
Ce manuel a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de ce manuel relève de la seule responsabilité de Handicap International et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant l’avis de l’Union européenne
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CoordinationEmmanuelle De Caluwé
TexteEmmanuelle De Caluwé, Jean-Thomas Paridaens,
Aurore Schreiber, Nicolas Vermylen, Séverine Wodon
Avec la collaboration deErika Lambert, Graziella Lippolis, Eric Remacle, Sophie Wyseur, Monique
Ferguson, Marc-Andre Peltzer, Stan Brabant, Vincent Slypen, Danielle Tychon, Philippe Harmegnies, Christian Bontinckx,
Barbara Bruylands
Crédits photographiques et illustrationsLayla Aerts, Thierry Agagliate, Joe Athialy, Koen Baetens, Jean-Charles Bétrancourt, Julien Chatelin, Marie Chuberre,
Dominique Delvigne, Jérôme Deya, Catherine Dixon, John Driver, Alexis Duclos, Laurent Duvillier, Frédéric Escoffier, Bernard Franck,
Paul Franck, Jacques Grison, Alexandre Hippert, Jim Holmes, Z. Johnson, Robert Knoth, Hugues Laurenge, Patrick Le Folcalvez, Rozenn Le Mentec, Les mains pour le dire asbl, Isabelle Lesser, Sean Maynard, Jess Mc Cabe,
Ursula Meissner, Fédéric Meunier, Florent Milesi, Nathalie Moindrot, Norfolk coalition of disabled people, PNUD, OMS, Charles O'Rear,
Philippe Revelli, John Rodsted, M. Seth, Claude Simonnot, Rronny Smedts, C. Smets / Luna, Bruno Stevens, Dieter Telemans, Gaël Turine, John Vink,
UNAPEI, UNHCR, Wikimedia Commons
Conception graphiqueTa Yang Hsu
Editeur responsable© 2009, Handicap International
Handicap International BelgiqueRue de Spa 671000 Bruxelles
Tel : +32 2 280 16 01Fax : +32 2 230 60 30
[email protected] www.handicapinternational.be
REMERCIEMENTS
Fruit de plus d’une année de travail, ce manuel n’aurait pu être réalisé sans l’aide précieuse de toute une série de personnes. Je voudrais avant tout remercier toutes celles que j’ai pu rencontrer via Handicap International, de Belgique ou d’ailleurs, et qui m’ont permis de mieux connaître le « monde du handicap », à la fois complexe, encore tabou à bien des égards et si peu connu… Mais qui nous plonge dans ce vaste champ cultivé de richesses insoupçonnées.
Je citerai aussi les stagiaires et bénévoles qui ont collaboré intensément à la rédaction de ce manuel : Séverine, Erika, Jean-Thomas, Aurore et Nicolas. De même, je remercie toutes les personnes extérieures ou internes à Handicap International qui ont bien voulu donner de leur temps pour la relecture de nombreux textes : Graziella, Monique, Vincent, Stan, Sophie, Eric, Philippe, Christian, Danielle, Marc-André et Barbara.
Pour toute une partie, ce manuel propose une approche empirique, nourrie de l’expérience concrète d’animation de nombreux ateliers de sensibilisation avec des classes d’écoles, des groupes d’adultes, etc. Chaque atelier aura été pour moi l’occasion d’affiner les activités proposées sur base des réactions et des critiques des publics depuis près de deux ans. Merci à eux aussi.
Vous le découvrirez rapidement : ce manuel est illustré de nombreuses photos prises par différents auteurs, professionnels ou non, et qui ont pu montrer le thème du handicap et des personnes handicapées sous un angle humain, juste, parfois décalé et dans le respect de la dignité. Tout en faisant preuve de qualité esthétique au niveau de l’image.
Enfin, je terminerai en remerciant Ta Yang, qui a puisé dans son imagination débordante pour trouver la façon idéale de mettre en page et d’illustrer ce manuel. Quel défi !
Bon voyage dans ce manuel du handicap et de la solidarité internationale !
Emmanuelle De CaluwéGestionnaire de projets d'éducation au développement,
Handicap International Belgique
HAND
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SOMMAIREINTRODUCTION AU MANUEL
1. La thématique
2. L’éducation au développement pour
Handicap International
3. Les objectifs pédagogiques
4. A qui s’adresse ce manuel ?
5. Méthodologie proposée
6. Utilisation du manuel
7. Brise-glace, techniques d’animation et
outils d’évaluation
8. Tableau récapitulatif des activités
9. Calendrier annuel du handicap
FICHES THEMATIQUES
1. Généralités sur les pays du Sud
2. Généralités sur le handicap
3. Déficience motrice
4. Déficience visuelle
5. Déficience auditive
6. Déficience intellectuelle
7. Droits des personnes handicapées
8. Accessibilité
9. Stéréotypes et préjugés, discrimination
10. Pauvreté
11. Santé
12. Education
13. Travail
14. Genre
15. Sport et loisirs
16. Famille, sexualité, parentalité
17. Politique
18. Urgence
19. Coopération au développement
20. Culture
21. Pollution
22. Violence
23. Sécurité routière
24. Guerres : mines et armes à sous-munitions
25. Migrations
FICHES D’ACTIVITES
1. La ruée pour la richesse et le pouvoir
2. Un pas en avant !
3. Ne coupons pas les ponts !
4. Le roi des droits
5. Qui est derrière moi ?
6. Tous enfants, tous des droits !
7. Photo-langage
8. Médias-débat
9. Défis-sens
10. Petit reporter sans frontières
11. Contes
12. Let’s talk about sex !
13. Jeu des chaises
PORTFOLIO PHOTOS - 70 Photos
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PREMIERE
PARTIE
DEUXIEME
PARTIE
INTRODUCTIONAU MANUEL
Pour cela, ce manuel de sensibilisation est divisé en deux parties :
La première est composée de fiches thématiques illustrées de photos petit format et de fiches d’activités. Les fiches thématiques (thema) et les activités sont en lien les unes avec les autres via des renvois.
La deuxième partie est un portfolio rassemblant 70 photographies, pouvant être utilisées pour illustrer ou traiter des thématiques liées au handicap. Toutes les pho-tographies renvoient vers une ou plusieurs fiches thématiques, afin de pouvoir directement identifier les thématiques qu’elles suggèrent et s’informer sur celles-ci.
6. UTILISATION DU MANUEL
Tout d’abord, dès que c’est possible, nous vous suggérons d’organiser au moins une séance de sensibilisation avec des personnes handicapées qui peuvent venir témoigner de leur quotidien. Renseignez-vous pour savoir quelles sont les associations actives dans la sensibilisation dans votre environnement proche et qui pourraient vous accom-pagner dans votre projet pédagogique.
La structure d’une séance de sensibilisation proposée dans ce manuel se décline de la façon suivante :
brise-glace (à choisir dans les brise-glace, voir p. 14) entre 5 et 10 min.activité (à choisir dans les fiches d’activités, voir pp. 244-320) entre 10 et 50 mindiscussion, débat, conclusion (informations à puiser dans les fiches thématiques, voir pp. 23-243 et dans les techniques d’animation, voir p. 16) entre 30 et 60 min.évaluation (à choisir dans les outils d’évaluation, voir p. 18) entre 10 et 20 min.
1. Choisir son projet pédagogique
Selon le nombre de séances de sensibilisation que vous organiserez auprès de votre public, vous atteindrez des objectifs différents. En fonction de votre projet pédagogi-que, vous choisirez les activités et les thématiques.
Si vous avez peu de temps (environ 1h30)En une séance, vous éveillez votre public à la thématique du handicap dans les pays du Sud. Vous le rendez curieux et peut-être désireux d’en savoir plus sur des thématiques plus spécifiques. C’est une première porte d’entrée à la thématique… Suggestion d’activités : voir p.20, tableau récapitulatif des activités.
Si vous avez plusieurs séances d’ 1h30En plusieurs séances, vous travaillez la thématique générale avec votre public, mais également les sous-thématiques. Vous donnez à votre public des outils de compréhen-sion et suscitez l’esprit critique par rapport aux sujets évoqués. Suggestion : partez d’une photo du portfolio qui vous interpelle pour aborder une ou plusieurs thématiques.
Suggestion d’activités, voir p.20, tableau récapitulatif des activités :
1ère séance liée au handicap de manière générale2ème séance liée aux pays du Sud3ème séance liée au handicap dans les pays du SudSéances suivantes : thématiques choisies selon les objectifs pédagogiques (activités liées aux thématiques). Vous pouvez aussi vous baser sur le calendrier annuel du handicap (voir p.21) pour aborder différentes thématiques
Si vous souhaitez mener un projet pédagogique de long terme Avec votre public, vous avez l’intention, après plusieurs séances de sensibilisation, de mener un projet collectif en fin de parcours. Vous pouvez intégrer la mobilisation de votre public qui s’engagera à organiser lui-même ou avec vous des activités.
Suggestion d’activités : voir ci-dessus « Si vous avez plusieurs séances d’1h30 ». Pour le projet collectif, il peut s’agir de la participation régulière à des activités (potager, mare, cuisine, etc.) avec des personnes handicapées d’une association ou d’un centre d’accueil, d’un voyage organisé avec des personnes handicapées, d’une exposition de sensibilisation pour les portes ouvertes d’une école, etc. Toutes les idées sont les bien-venues !
2. Fonctionnement et description des fiches thématiques, des fiches d'activités et du portfolio photos
Comme expliqué précédemment, le manuel a été conçu de façon à ce que les fiches thématiques et les fiches d’activités soient inter-reliées. Ainsi, si vous choisissez d’aborder une thématique particulière, il vous suffira de parcourir la fiche thématique pour savoir quelles activités sont proposées. Inversement, si une activité a retenu votre attention, vous savez directement quelles thématiques elle permet d’aborder en lisant la fiche.
FICHES THEMATIQUESAvant le début de tout projet pédagogique, nous vous conseillons vivement la lecture de certaines fiches « généralistes » : « 1. Généralités sur les pays du Sud », « 2. Généralités sur le handicap », « 3. Déficience motrice », « 4. Déficience visuelle », « 5. Déficience auditive », « 6. Déficience intellectuelle ». Vous pourrez ensuite lire d’autres fiches en fonction de vos propres objectifs.
Les autres fiches thématiques mettent en lien le handicap avec un autre domaine (l’éducation, la santé, la pollution, etc.). Les réalités d’un domaine sont dès lors abordées avec le prisme du handicap. Chaque fiche est structurée de la façon suivante :
En quoi la thématique est-elle importante ? est-ce un droit ? un sujet de société ? Et ce en Belgique et dans les pays du Sud, avec quelques chiffres à l’appui.Quelles sont les causes de la situation évoquée, en Belgique et dans les pays du Sud ?Quelles seraient les pistes d’amélioration des réalités de vie des personnes han-dicapées dans le domaine concerné, en Belgique et dans les pays du Sud ?Suggestion d’activitésDate-clé
Exemple. La fiche « Education » évoque :
l’accès des enfants handicapés à l’éducation, en Belgique et dans les pays du Sud.
1. LA THEMATIQUE Selon les Nations Unies, une personne sur dix dans le monde est handicapée. 80%1 de la population mondiale des personnes handicapées vivent dans les pays du Sud2, ce qui représente 500 millions de personnes. Parmi elles, seules 2%3 ont accès aux soins de santé de base et 98%4 des enfants handicapés n'ont pas accès à l'éducation. 80%5 d’entre elles vivent avec moins d'un euro par jour ! Dans les situations d’urgence, jusqu’à 80% des personnes qui restent dans les zones dangereuses sont des personnes handicapées6. En Belgique, le taux de chômage des personnes handicapées est deux à trois fois7 plus élevé que la moyenne nationale. Ajoutons à cela le manque d’accessibilité général partout dans le monde pour les personnes en situation de handicap.
La question du handicap est universelle et inévitablement liée à la condition humaine. Si l’inclusion des personnes handicapées n’est pas encore effective en Belgique, elle pose davantage question dans les pays du Sud : les réalités de vie plus difficiles de manière générale font de la satisfaction des besoins fondamentaux un enjeu capital, spécialement pour les personnes handicapées dont les droits sont particulièrement bafoués.
Pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées dans les pays du Sud, des pistes de solutions existent et se développent : insertion socio-économique, éduca-tion pour tous, accès facilité aux soins de santé, développement communautaire, cam-pagnes de sensibilisation pour combattre les stéréotypes, accessibilité, etc.
2. L’EDUCATION AU DEVELOPPEMENT POUR HANDICAP INTERNATIONALCe manuel de sensibilisation s’inscrit dans une démarche d’éducation au développe-ment. Pour Handicap International, cela signifie que :
« Face aux conditions de vie des personnes handicapées, en particulier dans les pays du Sud, l’éducation au développement est un processus pédagogique de long terme qui vise à susciter, auprès de la population belge, des changements de valeurs et de comportements vis-à-vis des personnes handicapées, pour construire un monde plus inclusif, où leurs droits sont respectés et appliqués ».
3. LES OBJECTIFS PEDAGOGIQUES L’objectif général de ce manuel repose avant tout sur la mise à disposition pour tout acteur éducatif d’un manuel facile et agréable d’utilisation, flexible en fonction des contraintes de chacun et pertinent pour aborder la question du handicap dans les pays du Sud auprès de son propre public. Via ce manuel, l’idée est de susciter des change-ments de regards et de comportements pour que ceux-ci soient plus justes et plus respectueux vis-à-vis des personnes handicapées, d’ici et d’ailleurs. Cela passe par la réflexion et la prise de conscience de la situation des personnes handicapées, plus spécifiquement celles vivant dans les pays du Sud.
Pour atteindre cet objectif complexe, nous pensons qu’il est indispensable de le décom-poser en trois sous-objectifs successifs et donc en trois temps distincts :
Comprendre les enjeux complexes liés au handicap de manière généralePorter un regard critique sur les réalités socio-politiques, économiques et culturel-les des pays du SudPrendre conscience des réalités du handicap spécifiques aux pays du Sud
4. A QUI S’ADRESSE CE MANUEL ?
Ce manuel s’adresse à tout acteur éducatif (ou toute autre personne) intéressé de travailler la thématique du handicap, des pays du Sud ou du handicap dans les pays du Sud, avec son propre public (enfants, adolescents, adultes). Les activités proposées mentionnent chacune un niveau. Les trois niveaux proposés sont :
à partir de 10 ans : niveau 1à partir de 14 ans : niveau 2à partir de 17 ans : niveau 3
Cette distinction constitue une indication. Chaque animateur adaptera le niveau à son propre public.
5. METHODOLOGIE PROPOSEE La méthodologie proposée dans ce manuel de sensibilisation suppose la prise en compte des connaissances et des expériences du public, une approche ludique et parti-cipative, visant la construction collective des savoirs. Il ne s’agit pas de transmettre ex cathedra de l’information sur une thématique, sauf de manière ponctuelle dans un cadre précis. Les méthodes privilégiées comprennent entre autres des jeux, des simula-tions, des débats, des discussions de groupe, des activités de créativité (dessin, écriture, etc.). Cela permet d’évoquer des concepts parfois abstraits et des problèmes qui parais-sent lointains en les transformant en préoccupations plus proches et plus personnelles.
1 Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)
2 Par pays du Sud, on entend les pays situés en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Plus d’infos, voir fiche thématique « 2. Généralités sur les pays du Sud », p. 31
3 Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), 2004
4 Fond des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), 1999
5 Université d’Helsinki, février 2005
6 Center for research on the epidemiology of disasters (CRED), 2005
7 Agence Wallonne pour l’Intégration des Personnes Handicapées (AWIPH), 2005
R ien de spécial, rien d'extraordinaire. Nous voulons
simplement être en mesure d'aller à l'école de notre quartier
ou secteur; d'accéder à la bibliothèque publique, d'aller au
cinéma, de prendre un autobus pour faire nos courses au
centre-ville ou pour aller voir des amis ou des parents à
l'autre bout de la ville ou du pays. Nous souhaitons également
avoir accès au bureau de vote, comme tout le monde, les
jours d'élection. Nous voulons pouvoir nous marier, travailler
et avoir les moyens d'élever nos enfants. Nous voulons
encore des soins médicaux de bonne qualité et
financièrement abordables. Nous souhaitons enfin être
considérés comme des personnes à part entière, intégrées à
la société, et non pas comme des individus à cacher; à
prendre en pitié ou demandant la charité.
Adrienne Rubin Barhydtwww.disrights.org
Que souhaitent les personnes handicapées ? “
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1. LA THEMATIQUE Selon les Nations Unies, une personne sur dix dans le monde est handicapée. 80%1 de la population mondiale des personnes handicapées vivent dans les pays du Sud2, ce qui représente 500 millions de personnes. Parmi elles, seules 2%3 ont accès aux soins de santé de base et 98%4 des enfants handicapés n'ont pas accès à l'éducation. 80%5 d’entre elles vivent avec moins d'un euro par jour ! Dans les situations d’urgence, jusqu’à 80% des personnes qui restent dans les zones dangereuses sont des personnes handicapées6. En Belgique, le taux de chômage des personnes handicapées est deux à trois fois7 plus élevé que la moyenne nationale. Ajoutons à cela le manque d’accessibilité général partout dans le monde pour les personnes en situation de handicap.
La question du handicap est universelle et inévitablement liée à la condition humaine. Si l’inclusion des personnes handicapées n’est pas encore effective en Belgique, elle pose davantage question dans les pays du Sud : les réalités de vie plus difficiles de manière générale font de la satisfaction des besoins fondamentaux un enjeu capital, spécialement pour les personnes handicapées dont les droits sont particulièrement bafoués.
Pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées dans les pays du Sud, des pistes de solutions existent et se développent : insertion socio-économique, éduca-tion pour tous, accès facilité aux soins de santé, développement communautaire, cam-pagnes de sensibilisation pour combattre les stéréotypes, accessibilité, etc.
2. L’EDUCATION AU DEVELOPPEMENT POUR HANDICAP INTERNATIONALCe manuel de sensibilisation s’inscrit dans une démarche d’éducation au développe-ment. Pour Handicap International, cela signifie que :
« Face aux conditions de vie des personnes handicapées, en particulier dans les pays du Sud, l’éducation au développement est un processus pédagogique de long terme qui vise à susciter, auprès de la population belge, des changements de valeurs et de comportements vis-à-vis des personnes handicapées, pour construire un monde plus inclusif, où leurs droits sont respectés et appliqués ».
3. LES OBJECTIFS PEDAGOGIQUES L’objectif général de ce manuel repose avant tout sur la mise à disposition pour tout acteur éducatif d’un manuel facile et agréable d’utilisation, flexible en fonction des contraintes de chacun et pertinent pour aborder la question du handicap dans les pays du Sud auprès de son propre public. Via ce manuel, l’idée est de susciter des change-ments de regards et de comportements pour que ceux-ci soient plus justes et plus respectueux vis-à-vis des personnes handicapées, d’ici et d’ailleurs. Cela passe par la réflexion et la prise de conscience de la situation des personnes handicapées, plus spécifiquement celles vivant dans les pays du Sud.
Pour atteindre cet objectif complexe, nous pensons qu’il est indispensable de le décom-poser en trois sous-objectifs successifs et donc en trois temps distincts :
Comprendre les enjeux complexes liés au handicap de manière généralePorter un regard critique sur les réalités socio-politiques, économiques et culturel-les des pays du SudPrendre conscience des réalités du handicap spécifiques aux pays du Sud
4. A QUI S’ADRESSE CE MANUEL ?
Ce manuel s’adresse à tout acteur éducatif (ou toute autre personne) intéressé de travailler la thématique du handicap, des pays du Sud ou du handicap dans les pays du Sud, avec son propre public (enfants, adolescents, adultes). Les activités proposées mentionnent chacune un niveau. Les trois niveaux proposés sont :
à partir de 10 ans : niveau 1à partir de 14 ans : niveau 2à partir de 17 ans : niveau 3
Cette distinction constitue une indication. Chaque animateur adaptera le niveau à son propre public.
5. METHODOLOGIE PROPOSEE La méthodologie proposée dans ce manuel de sensibilisation suppose la prise en compte des connaissances et des expériences du public, une approche ludique et parti-cipative, visant la construction collective des savoirs. Il ne s’agit pas de transmettre ex cathedra de l’information sur une thématique, sauf de manière ponctuelle dans un cadre précis. Les méthodes privilégiées comprennent entre autres des jeux, des simula-tions, des débats, des discussions de groupe, des activités de créativité (dessin, écriture, etc.). Cela permet d’évoquer des concepts parfois abstraits et des problèmes qui parais-sent lointains en les transformant en préoccupations plus proches et plus personnelles.
1 Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)
2 Par pays du Sud, on entend les pays situés en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Plus d’infos, voir fiche thématique « 2. Généralités sur les pays du Sud »
3 Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), 2004
4 Fond des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), 1999
5 Université d’Helsinki, février 2005
6 Center for research on the epidemiology of disasters (CRED), 2005
7 Agence Wallonne pour l’Intégration des Personnes Handicapées (AWIPH), 2005
INTRO INTRO
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Pour cela, ce manuel de sensibilisation est divisé en deux parties :
La première est composée de fiches thématiques illustrées de photos petit format et de fiches d’activités. Les fiches thématiques (thema) et les activités sont en lien les unes avec les autres via des renvois.
La deuxième partie est un portfolio rassemblant 70 photographies, pouvant être utilisées pour illustrer ou traiter des thématiques liées au handicap. Toutes les pho-tographies renvoient vers une ou plusieurs fiches thématiques, afin de pouvoir directement identifier les thématiques qu’elles suggèrent et s’informer sur celles-ci.
6. UTILISATION DU MANUEL
Tout d’abord, dès que c’est possible, nous vous suggérons d’organiser au moins une séance de sensibilisation avec des personnes handicapées qui peuvent venir témoigner de leur quotidien. Renseignez-vous pour savoir quelles sont les associations actives dans la sensibilisation dans votre environnement proche et qui pourraient vous accom-pagner dans votre projet pédagogique.
La structure d’une séance de sensibilisation proposée dans ce manuel se décline de la façon suivante :
brise-glace (à choisir dans les brise-glace, voir p. 14) entre 5 et 10 min.activité (à choisir dans les fiches d’activités, voir pp. 245-320) entre 10 et 50 mindiscussion, débat, conclusion (informations à puiser dans les fiches thématiques, voir pp. 23-243 et dans les techniques d’animation, voir p. 16) entre 30 et 60 min.évaluation (à choisir dans les outils d’évaluation, voir p. 18) entre 10 et 20 min.
1. Choisir son projet pédagogique
Selon le nombre de séances de sensibilisation que vous organiserez auprès de votre public, vous atteindrez des objectifs différents. En fonction de votre projet pédagogi-que, vous choisirez les activités et les thématiques.
Si vous avez peu de temps (environ 1h30)En une séance, vous éveillez votre public à la thématique du handicap dans les pays du Sud. Vous le rendez curieux et peut-être désireux d’en savoir plus sur des thématiques plus spécifiques. C’est une première porte d’entrée à la thématique… Suggestion d’activités : voir p.20, tableau récapitulatif des activités.
Si vous avez plusieurs séances d’ 1h30En plusieurs séances, vous travaillez la thématique générale avec votre public, mais également les sous-thématiques. Vous donnez à votre public des outils de compréhen-sion et suscitez l’esprit critique par rapport aux sujets évoqués. Suggestion : partez d’une photo du portfolio qui vous interpelle pour aborder une ou plusieurs thématiques.
1ère séance liée au handicap de manière générale2ème séance liée aux pays du Sud
3ème séance liée au handicap dans les pays du SudSéances suivantes : thématiques choisies selon les objectifs pédagogiques (activités liées aux thématiques). Vous pouvez aussi vous baser sur le calendrier annuel du handicap (voir p.21) pour aborder différentes thématiques
Suggestion d’activités : voir p.20, tableau récapitulatif des activités
Si vous souhaitez mener un projet pédagogique de long terme Avec votre public, vous avez l’intention, après plusieurs séances de sensibilisation, de mener un projet collectif en fin de parcours. Vous pouvez intégrer la mobilisation de votre public qui s’engagera à organiser lui-même ou avec vous des activités.
Suggestion d’activités : voir ci-dessus « Si vous avez plusieurs séances d’1h30 ». Pour le projet collectif, il peut s’agir de la participation régulière à des activités (potager, mare, cuisine, etc.) avec des personnes handicapées d’une association ou d’un centre d’accueil, d’un voyage organisé avec des personnes handicapées, d’une exposition de sensibilisation pour les portes ouvertes d’une école, etc. Toutes les idées sont les bien-venues !
2. Fonctionnement et description des fiches thématiques, des fiches d'activités et du portfolio photos
Comme expliqué précédemment, le manuel a été conçu de façon à ce que les fiches thématiques et les fiches d’activités soient inter-reliées. Ainsi, si vous choisissez d’aborder une thématique particulière, il vous suffira de parcourir la fiche thématique pour savoir quelles activités sont proposées. Inversement, si une activité a retenu votre attention, vous savez directement quelles thématiques elle permet d’aborder en lisant la fiche.
FICHES THEMATIQUESAvant le début de tout projet pédagogique, nous vous conseillons vivement la lecture de certaines fiches « généralistes » : « 1. Généralités sur les pays du Sud », « 2. Généralités sur le handicap », « 3. Déficience motrice », « 4. Déficience visuelle », « 5. Déficience auditive », « 6. Déficience intellectuelle ». Vous pourrez ensuite lire d’autres fiches en fonction de vos propres objectifs.
Les autres fiches thématiques mettent en lien le handicap avec un autre domaine (l’éducation, la santé, la pollution, etc.). Les réalités d’un domaine sont dès lors abordées avec le prisme du handicap. Chaque fiche est structurée de la façon suivante :
En quoi la thématique est-elle importante ? est-ce un droit ? un sujet de société ? Et ce en Belgique et dans les pays du Sud, avec quelques chiffres à l’appui.Quelles sont les causes de la situation évoquée, en Belgique et dans les pays du Sud ?Quelles seraient les pistes d’amélioration des réalités de vie des personnes han-dicapées dans le domaine concerné, en Belgique et dans les pays du Sud ?Suggestion d’activitésDate-clé
Exemple. La fiche « Education » évoque :
l’accès des enfants handicapés à l’éducation, en Belgique et dans les pays du Sud.
INTRO INTRO
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les causes de la non scolarisation des enfants handicapés dans les pays du Sud et les frontières entre l’enseignement ordinaire et l’enseignement spécialiséles avantages de l’éducation inclusive comme alternative
FICHES D’ACTIVITESChaque fiche d’activité est structurée de la même manière et reprend les éléments suivants :
Niveau (1, 2 ou 3)Taille du groupeDuréeObjectifs Aperçu ThèmesMatérielPréparationInstructions (variante éventuelle)DébriefingFiches thématiques à lireSuggestions de suivi Conseils pour l’animateur
Chaque fiche renvoie à une ou plusieurs fiches thématiques. L’animateur peut dès lors lire les fiches thématiques avant l ’atelier, afin de pouvoir mieux nourrir le débat ou transmettre des informations sur des thématiques spécifiques à la suite d’une activité.
PORTFOLIO DE PHOTOSEnviron 70 photos composent la 3ème partie de ce manuel: le portfolio. Toutes les photos se trouvent dans les fiches thématiques. Le portfolio sert à illustrer toutes les thématiques abordées dans les fiches, ainsi à nourrir les discussions et débats qui ont lieu lors de chaque activité. Pour deux d’entre elles d’ailleurs, les photos consti-tuent le matériel de base, à savoir « 5. Qui est derrière moi ? » (p. 272) et « 7. Photo-langage » (p. 282).
Les légendes ne figurent pas sur les photos, afin de laisser l’occasion aux partici-pants de chercher ce qu’elles reprénsentent. Par contre, chaque photo renvoie à une page du manuel et au numéro d’une fiche thématique, permettant de retrouver rapidement la légende de la photo, ainsi que des informations plus complètes sur la thématique qu’elle illustre.
7. BRISE-GLACE, TECHNIQUES D’ANIMATION ETOUTILS D’EVALUATION
1. Quelques idées de brise-glace
Les brise-glace permettent en quelques instants d’installer une dynamique de groupe. I ls sont uti les pour des groupes qui ne se connaissent pas au préalable ou pour des groupes peu dynamiques. I ls ouvrent la séance de sensibil isation et ont
pour objectifs de faire connaissance, apprendre les prénoms, favoriser la cohésion ou la dynamique du groupe, etc. Ils durent dix minutes maximum.
Connaissez-vous les autres ?Chaque personne reçoit un papier et un stylo et note une vérité et un mensonge sur elle-même. L’animateur rassemble tous les papiers et les lit à haute voix. Le groupe doit deviner de quelle personne dans le groupe il s’agit et si c’est un mensonge ou une vérité.
Le gourmand bavardL’animateur doit se munir de petits bonbons que les participants peuvent prendre en quantité souhaitée. Expliquez-leur qu’au top départ, ils ont le droit d’en prendre autant qu’ils le veulent, mais qu’ils ne peuvent pas encore les manger. Une fois qu’ils se sont servi, l’animateur explique qu’avant de manger un bonbon, ils doivent dire quelque chose sur eux-mêmes. Les plus gourmands se rendent vite compte qu’ils vont devoir se décrire à de très nombreuses reprises.
Le remue méningesL’animateur inscrit sur un tableau des dates, des nombres, des mots qui le représentent.Tous les membres du groupe essaient de deviner ce à quoi cela peut correspondre.Ex : Bleu, Egypte, danser, Patrice, 11, épinards, 44, …Le groupe doit deviner que le bleu est la couleur favorite de l’animateur, qu’il a habité en Egypte, qu’il aime danser, que son frère s’appelle Patrice, qu’il habite au numéro 11, qu’il est allergique aux épinards, que sa mère est née en 44…Une fois que tout a été révélé, un autre membre du groupe peut à son tour indiquer tout ce qu’il désire sur lui-même. L’objectif est d’apprendre à mieux se connaitre mais surtout d’instaurer une bonne ambiance. Pour ce faire, laissez les membres du groupe s’exprimer librement, toutes les réponses sont acceptables, qu’elles soient réalistes ou pas, sérieuses ou non.
La toile d’araignéeTous les participants forment un cercle. L’animateur explique aux participants que lorsqu’ils recevront la boule de laine, ils devront répondre aux deux questions suivantes: Quel est votre prénom ? Qu’est-ce que vous attendez de cet atelier ? L’animateur com-mence avec la boule de laine, il se nomme et dit pourquoi il a décidé de s’impliquer dans ce projet. Ensuite, tout en retenant un bout de la ficelle, il lance la pelote de laine à quelqu’un d’autre de façon à ce qu’elle se déroule jusqu’à lui. Chacun fait de même si bien que lorsque tous les participants ont parlé, ils sont tous reliés entre eux. Par la suite, on fait le chemin à l’envers, le dernier à avoir reçu la pelote doit présenter la personne qui la lui a lancée et ainsi de suite. Cela permet de tester l’écoute des participants.
Je suis un animalSe présenter par un animal ou un personnage célèbre qui a une « qualité-caractéristi-que » qu’on a et une qu’on aimerait développer.
Le jeu DominoTrouver deux caractéristiques communes avec son voisin de gauche et de droite, l’une visible, l’autre pas.
Le jeu Domino sans parlerTrouver cinq caractéristiques communes avec les autres membres du groupe sans l’usage de la parole.
INTRO INTRO
14 15
Prénom Symbole Activité 2Activité 1
Les symboles « smileys »L’animateur dessine un tableau reprenant 3 catégories ou plus selon le nombre d’activités : prénom, symbole, activité 1 (activité 2, etc.).
Chacun vient se présenter, choisit un symbole qui le représente, il l’explique ou le dessine et vient poser un « smiley » illustrant comment il se sent au début de l’atelier. A la place du sym-bole, l’animateur peut aussi amener des images (photo-langage), chacun en choisit une qui l’inspire. Au terme de l’activité, l’animateur demande à chacun comment il a ressenti l’exercice. Ce brise-glace est pratique en ce sens qu’il permet également l’évaluation.
Présenter l’autreL’animateur demande aux participants de se mettre par deux et de se présenter l’un à l’autre pendant 2 minutes. Ensuite, en groupe, chacun présente son partenaire aux autres.
Prénoms croisésSur une grande feuille, chacun vient à son tour écrire son prénom et explique l’origine ou la signification de celui-ci. Chaque personne utilise les lettres des autres prénoms pour écrire le sien.
2. Quelques techniques d’animation
Concrètement, plusieurs techniques d’animation peuvent servir à mener une discus-sion, à prendre une décision collective, à trouver un consensus, à visualiser spatiale-ment les avis, à synthétiser, etc. Elles peuvent être utilisées après un jeu, un film, etc., pour en sortir les éléments essentiels et atteindre les objectifs pédagogiques d’une séance. En fonction des objectifs poursuivis par l’animateur, certaines techniques seront choisies plutôt que d’autres. Parfois aussi, les techniques d’animation décrites ci-dessous sont plus adaptées à certains groupes qu’à d’autres.
Le bâton de parolePour éviter que tout le monde ne parle en même temps ou pour travailler avec un groupe qui a des difficultés d’écoute, celui qui veut exprimer son point de vue ne peut le faire que quand il a le bâton de parole en main. Il le passe ensuite à quelqu’un d’autre quand il a terminé.
Le travail en petit groupe Pour faciliter l’échange d’idées et permettre à chacun de s’exprimer, il est parfois utile de diviser un groupe en plusieurs petits groupes de 3 à 6 personnes, avant de présenter une synthèse en séance plénière. Une personne de chaque petit groupe est porte-parole pour faire rapport en séance plénière. Une autre peut être secrétaire s’il est nécessaire d’écrire.
Les 2 cerclesPour échanger des idées en quelques minutes, partager le groupe en 2. Le 1er sous-groupe forme le cercle intérieur et chacun se tourne vers l’extérieur. Le 2ème forme le cercle extérieur et chacun
se tourne vers l’intérieur. Chacun est donc en face d’un partenaire. Au moment du départ, une première question est posée et la discussion commence alors entre les 2 partenaires placés l’un en face de l’autre. Après 1 ou 2 minutes, le cercle extérieur tourne vers la droite. En fonction du niveau des discussions, la même question est reposée ou l’animateur en pose une autre. A la fin des discus-sions par paire, l’animateur demande ce qu’il en est ressorti et fait une synthèse. Cette technique est idéale pour faire parler des personnes plutôt timides et briser le « politiquement correct ». Il est utilisé en Amérique latine dans le cadre des processus d’éducation populaire.
La ligne au sol Afin de visualiser les avis de chacun, coller une bande de papier collant de couleur ou dessiner une ligne avec une craie sur le sol. Une extrémité de la ligne représente l’accord, l’autre le désaccord. Une phrase est lancée et chacun se place sur la ligne selon son avis par rapport à la phrase. Les personnes qui sont ‘mitigées’ se placent entre les 2 extrémités de la ligne, où elles le souhaitent.
La pluie d’idéesPour récolter un maximum d’idées sur une action à mener, le groupe se place en cercle. Chacun formule le plus d’idées possible. Une personne se charge de les écrire toutes sur une grande feuille posée au sol au centre du cercle. Le groupe peut alors décider des idées retenues et de celles qui sont abandonnées.
Les 3 chaisesPour organiser une discussion longue ou un débat, en profondeur, former un cercle de personnes : le cercle du silence où il est interdit de parler. Au milieu du cercle, placer 3 chaises, dos aux personnes du cercle du silence. Les 3 chaises forment le cercle de la parole. 3 volontaires peuvent s’y installer pour commencer la discussion. Quand quelqu’un souhaite s’exprimer, il va au centre du cercle, tapote sur l’épaule d’une personne de son choix qui se trouve sur l’une des chaises. La personne se lève et se replace dans le cercle du silence et l’autre prend sa place sur la chaise. Elle peut alors commencer à parler avec les 2 autres personnes assises en face.
Les allumettesPour faciliter la prise de décision par rapport à des propositions écrites sur une feuille et posée au sol, donner à chacun 3 allumet-tes pour voter. Il est possible de placer 3 allumettes sur une seule proposition ou de les disperser sur 3 propositions différentes. Quand tout le monde a placé ses allumettes sur les propositions choisies, compter le nombre d’allumettes pour chaque proposi-tion. Le vote va à la proposition qui a récolté le plus grand nombre d’allumettes.
INTRO INTRO
16 17
Le consensusQuand toutes les idées sont importantes à prendre en considéra-tion, la prise de décision par consensus est la plus adaptée. Former des paires qui doivent se mettre d’accord ensemble sur une propo-sition. Quand chaque paire est parvenue à un consensus, placer 2 paires ensemble et recommencer l’exercice à 4, où les paires parta-gent leurs décisions. Quand les groupes de 4 ont trouvé chacun un consensus, on forme des groupes de 8, et ainsi de suite jusqu’à ce que le groupe entier ait trouvé un consensus.
3. Quelques outils d’évaluation
Etape essentielle dans le processus d’éducation au développement, l’évaluation n’est pas pour autant aisée : mesurer l’impact de séances de sensibilisation implique de pren-dre en compte des critères subjectifs de qualité, à observer tout au long du projet péda-gogique. Un questionnaire écrit anonyme, en fin de processus, peut être utilisé pour procéder à l’évaluation et peut intégrer des questions comme celles-ci : « Qu’as-tu appris ? », « Qu’as-tu retenu ? », « Qu’est-ce qui t ’a le plus intéressé ? », « Ce projet te sera-t-il utile dans la vie quotidienne ? », etc. Une autre possibilité d’évaluer l’impact en fin de processus est d’organiser des interviews individuelles ou par petits groupes. Les productions collectives (dessins, reportages, articles, expositions, etc.) réalisées tout au long du projet pédagogique représentent aussi une mine d’or d’informations servant à mesurer l’impact du projet.
Aussi, nous proposons ci-dessous plusieurs outils plus ludiques qui peuvent ponctuel-lement donner quelques indices intéressants sur l’effet plus direct de chaque séance de sensibilisation auprès de votre public.
Les 5 doigtsDessiner une main où chaque doigt est un thème d’analyse
- Le pouce : un élément positif- L’index : un élément à pointer, un questionnement- Le majeur : un élément négatif- L’annulaire : un engagement personnel ou collectif- L’auriculaire : un petit truc en plus qu’on a envie de dire
Les ciblesSur de grandes feuilles, dessiner des cibles identiques à celles des jeux de fléchette : une dizaine de cercles concentriques. Une cible correspond à un objectif pédagogique. Chaque participant est invité à se positionner sur la cible en écrivant son prénom ou en dessinant un signe. Plus il se positionne près du centre, plus il est satisfait.
Le sac à dosA la fin de l’atelier, les participants doivent faire un dessin d’eux-mêmes, avec un sac à dos, sur le chemin du retour. L’idée est que chacun dessine les divers éléments qu’il a acquis durant l’atelier et ce qu’il souhaite préserver : nouvelle vision du monde, nouvel-les idées, valeurs acquises, sentiments, etc. Les participants peuvent également dessi-ner les éléments abandonnés, c'est-à-dire ce qu’ils veulent laisser derrière eux : préju-gés, comportements discriminatoires, mauvaises habitudes, intolérance, etc.
Le SMSChacun écrit sur un papier un message qu’il pourrait envoyer comme SMS à un proche, résumant la séance de sensibilisation. L’animateur récolte ensuite tous les papiers. Le contenu peut aller de l’appréciation subjective aux éléments appris, en passant par l’envie d’un suivi, etc. L’absence volontaire de consignes précises sur le contenu du mes-sage permet à l’animateur de recueillir une grande variété de commentaires sur la séance de sensibilisation.
Les 3 chaisesLes consignes de cet outil sont décrites au point « Quelques outils d’animation », p.17. « Les 3 chaises » peut aussi être utilisé comme outil d’évaluation. En effet, après avoir identifié des questions liées à ce qui doit être évalué, l’animateur propose que ces ques-tions soient discutées au sein du cercle de la parole, précisant que les personnes don-nant leur avis ont toute liberté d’exprimer ce qu’elles souhaitent, qu’il n’y a aucun tabou ni jugement à la clé.
Le sautChaque participant se place debout. A chaque question posée, chacun prend une posi-tion la plus basse possible, accroupi, ou la plus haute possible, en sautant. Le plus bas représente l’insatisfaction, le plus haut une grande satisfaction.
INTRO INTRO
18 19
Niveau
Sujet
1. Généralités sur les pays du Sud
2. Généralités sur le handicap
3. Déficience motrice
4. Déficience visuelle
5. Déficience auditive
6. Déficience intellectuelle
7. Droits des personnes handicapées
8. Accessibilité
9. Stéréotypes & préjugés, discrimination
10. Pauvreté
11. Santé
12. Education
13. Travail
14. Genre
15. Sport et loisirs
16. Famille, sexualité, parentalité
17. Politique
18. Urgence
19. Coopération au développement
20. Culture
21. Pollution
22. Violence
23. Sécurité routière
24. Guerres : mines et armes à sous munitions
25. Migrations
1-2 2-3 1-2 3 1-2 1-2 1-2-3 2-3 1-2-3 2-3 1-2 3 1-2-3
H-S H-S H H-S H-S H-S H-S H-S H H-S H-S H S
ACTIV
ITES
THEMATIQUES
8. TABLEAU RECAPITULATIF DES ACTIVITES
H : activités liées à la thématique du handicap de manière généraleS : activités liées aux relations Nord-Sud de manière généraleH-S : activités liées aux spécificités du handicap dans les pays du Sud.
9. CALENDRIER ANNUEL DU HANDICAP
AVRIL
JUILLET
JANVIER FEVRIER MARS
MAI JUIN
AOUT SEPTEMBRE
1er décembre : Journée mondiale de lutte contre le SIDA THEMA 11
3 décembre : Journée internationale des personnes handicapées THEMA 2
10 décembre : Journée internationale des droits de l’Homme THEMA 7
18 décembre : Journée internationale des migrants THEMA 25
9 octobre : Journée mondiale de la vue THEMA 4
15 octobre : Journée internationale de la canne blanche THEMA 4
17 octobre : Journée internationale de l’éradication de la pauvreté THEMA 10
24 octobre : Journée mondiale d’information sur le développementTHEMA 19
8 septembre : Journée internationale de l’alphabétisation THEMA 12
21 septembre : Journée internationale de la paix THEMA 24
4ème samedi de septembre : Journée mondiale des sourds THEMA 5
5 juin : Journée mondiale de l’environnement THEMA 21
1ier mai : Fête du Travail THEMA 13
15 mai : Journée internationale des familles THEMA 16
21 mai : Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et pour le développement THEMA 20
4 janvier : Journée mondiale du Braille THEMA 4
6 février : Journée mondiale contre les mutilations génitales féminines THEMA 14, 22
17 février : Journée mondiale de l’exercice physique THEMA 15
8 Mars : Journée internationale de la femme THEMA 14
24 mars : Journée Mondiale de lutte contre la tuberculose THEMA 3, 11
2 avril : Journée mondiale de sensibili-sation à l’autisme THEMA 6
4 avril : Journée internationale des Nations Unies pour la sensibilisation aux mines et l’assistance à la lutte contre les mines THEMA 24
7 avril : Journée mondiale de la santé THEMA 11
INTRO INTRO
20 21
OCTOBRE NOVEMBRE DECEMBRE20 novembre : Journée mondiale de l’enfance THEMA 7, 12
3ème dimanche de novembre : Journée mondiale du Souvenir des victimes de la route THEMA 23
21 novembre : Journée mondiale de la trisomie 21 THEMA 6
25 Novembre : Journée internationale pour l’élimination de la violence envers les femmes THEMA 22
FICHES THEMATIQUES
HAND
ICAP
& SO
LIDA
RITE
INTE
RNAT
IONA
LE
Généralités sur les pays du Sud
Les médias influencent énormément les représentations que
l’on se fait aujourd’hui des réalités du Sud. Dans de nombreux
cas, le tableau est sombrement dépeint et semble correspondre
à une partie de la réalité : pauvreté économique, conflits,
catastrophes naturelles, famines, sida, etc. Pourtant, d’autres
facettes coexistent, mais ne sont pas pour autant portées à
l’avant-plan. Des peuples s’organisent au quotidien, avec
parfois beaucoup d’imagination et grâce à la puissance des
liens sociaux. Les réalités contemporaines des pays du Sud
sont le fruit de multiples facteurs. Quels sont les mécanismes
qui ont engendré tant d’inégalités entre le Nord et le Sud, sur
les plans historique, économique, politique ou social ?
THEMA 1
Généralitéssur les pays
du Sud
THEMA 1
LE SCHEMA DE LA COUPE DE CHAMPAGNE1 : L’INEGALE REPARTITION DES RICHESSES
La rupture entre le Nord et le Sud se manifeste notamment par le schéma d’inégalité des richesses, appelé « schéma de la coupe de champagne » : le haut correspondant au Nord et le « pied » au Sud. Il apparaît sur celui-ci que les 20% les plus riches de la population mon-diale possèdent 83% de la production mondiale et que les 20% de la population la plus pauvre se partagent 1,4% des richesses.
Parmi les pays les plus pauvres, on retrouve la majorité des pays africains où la plupart des femmes et des enfants vivent avec moins d’un dollar par jour.
Notons aussi que la fiabilité des statistiques sur les pays du Sud, même fournies par des institutions internationales « sérieuses », doivent être considérées avec des pincettes. En effet, le manque d’enregistrement des naissances et donc d’existence légale de nombreux individus, empêche le bon déroulement des enquêtes statistiques.
20% de la population du monde produisent et consomment 82,7% des richesses
Un quintile = 20%= 1.200 millions de personnes sur les quelques 6.000
20% de la population du monde se contentent de 1,4% des richesses
11,7%
2,3%
1,9%
UN PEU D’HISTOIRE DES RELATIONS NORD-SUD
La découverte du Nouveau Monde et la période esclavagiste
Aux 15ème et 16ème siècles, les grandes puissances européennes en quête de pouvoir et de richesse partent à la découverte de nouveaux horizons. Cette conquête de nouveaux terri-toires s’accompagne d’un pillage systématique des ressources justifié au nom de la chris-tianisation des populations locales considérées comme « sauvages ». Les conséquences directes de ces découvertes seront l’enrichissement des Européens et le développement du commerce international entraînant dans son sillage l’explosion de la traite négrière, période de l’esclavagisme qui décimera les peuples pendant 500 ans. A la fin du 15ème siècle, le traité de Tordesillas établit la répartition des territoires entre l’Espagne et le Portugal, ce qui aura des conséquences sur la période de colonisation de ces pays. Ce traité apparaît comme un compromis hispano-portugais, nécessaire à la paix entre les deux nations. Un partage des terres sera organisé, et débouchera sur la conquête, par le Portugal, de la pointe orientale du continent latino-américain, appelé plus tard le Brésil.
La colonisation et la décolonisation
En 1884, lors de la conférence de Berlin, les puissances européennes organisent leurs colonies en divisant le continent africain en 14 nations. Ils tracent de nouvelles frontières, et ce sans tenir compte des différentes ethnies et des futures sources potentielles de conflits. Ces territoires seront occupés et dépouillés jusque dans les années 50-60, époque des indépendances.
L’aide au développement
Généralités sur les pays du Sud
THEMA 1
26 27
Schéma de la coupe de champagne
1Guy Bajoit, sociologue du développement, professeur à l’Université Catholique de Louvain, Belgique
La notion de « sous-développement » appa-raît au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Le 20 janvier 1949, lors de son investiture, le président des Etats-Unis, Truman évoque, dans le « point quatre » de son discours, une extension de l’aide tech-nique aux nations défavorisées, qui avait été jusqu’ici accordée à certains pays d’Amérique latine. A cette époque, l’Occident se rend compte de l’importance stratégique que représentent les pays « sous-développés » dans la lutte contre l’expansion commu-niste. Un nouveau modèle de développe-ment économique est alors injecté pour venir en aide aux pays du Sud. Dans la pratique, une partie importante des fonds va être détournée par les dirigeants politiques et ce, en connaissance de cause des pays occidentaux.
République démocratique du Congo, écoliers à Kinshasa © Layla Aerts - pour Handicap International
THEMA 1
La dette des pays du Sud
Le remboursement de la dette constitue une véritable source d’étranglement de l’économie des pays du Sud et a des répercussions importantes sur les budgets consa-crés aux services publics tels que la santé ou l’éducation. Aujourd’hui, les pouvoirs publics des pays du Sud ont déjà remboursé l’équivalent de 94 fois leur dette de 1970.
D’une part, à l’origine de cet endettement, un investissement massif des banques du Nord dans les années 60 sous forme de prêts accordés aux pays du Sud (Afrique et Amé-rique latine). A cette époque, les banques européennes regorgent de dollars suite à l’instauration du plan Marshall par les Etats-Unis qui avait pour objectif de relever l’économie européenne. Les banques vont utiliser ces fonds en incitant les différents gouvernements des pays du Sud à emprunter à de faibles taux. Le boom pétrolier des années 70 va encore accentuer ce phénomène suite au placement des revenus des pays producteurs de pétrole dans les banques occidentales. L’ensemble de ces prêts va constituer la partie privée de la dette.
80, les banques du Nord vont décider de façon unilatérale d’augmenter considérablement leurs taux d’intérêt. Leurs prêts ayant été contractés à taux variable, les pays du Sud voient leurs taux d’intérêt passer de 4 - 5% à 16 - 18%, ne leur permettant plus de rem-bourser leur dette qui ne fait qu’augmenter, essentiellement sous forme d’intérêts. Par ailleurs, les pays du Sud, contraints de se concentrer sur les exportations pour rem-bourser leur dette, vont inonder le marché mondial de matières premières. L’augmentation de l’offre va de suite avoir comme conséquence une chute du prix de ces produits.
Les Plans d’Ajustement Structurel
Face à cette situation, seul le Fonds Monétaire International continue de bien vouloir accorder des prêts aux pays du Sud, mais sous certaines condi-tions. Les mesures préconisées sont inscri-tes dans un Plan d’Ajustement Structurel (PAS), qui prévoient généralement comme mesures : réduction des budgets « non productifs » (santé, éducation, subven-tions aux produits de base, etc.), produc-tion agricole tournée vers l’exportation (café, coton, cacao, arachide, thé, etc.) pour faire rentrer des devises, réduction des cultures vivrières, libéralisation de l’économie, privatisations massives des entreprises publiques, etc. Le but est de dégager des capitaux pour rem-bourser leur dette.
L’argent ainsi dégagé a servi en priorité aux grands projets énergétiques ou d’infrastructures (barrages, centrales thermiques, oléoducs, etc.), souvent inadaptés et mégalomaniaques, qu’on a appelés « éléphants blancs ». L’objectif n’était pas d’améliorer les conditions de vie des populations, mais plutôt d’extraire les richesses naturelles et de montrer par ces grands chantiers les progrès réalisés en matière de développement.
D’autre part, les pays du Nord vont également prêter d’Etat à Etat des sommes importantes aux gouvernements du Sud sous certaines conditions « d’exclusivités économiques ». L’Europe connaissant une réces-sion importante, ces prêts avaient pour objectif de donner du pouvoir d’achat aux popula-tions du Sud afin de relancer l’exportation de marchandises européennes. Il s’agit ici de la part bilatérale de la dette exté-rieure publique.
Afin de résorber la crise écono-mique du début des années
Tibet, ville de Lhassa, vue du ciel© Handicap International
2 Le Fonds Monétaire International est une institution internationale multilatérale qui vise la stabilité du système monétaire etfinancier international.
3 D. MILLET et E. TOUSSAINT, 60 questions-réponses sur la dette, le FMI et la Banque Mondiale, CADTM & Syllepse, 2008, p. 230
Cuba, vélo-taxi dans les rues de la Havane © Handicap International
L’évolution de l’aide au développement
Depuis les années 70, la plupart des pays du Nord ne respectent pas leurs engagements consistant à verser 0.7% de leur revenu national brut (RNB) à l’aide publique au dévelop-pement (APD) des pays du Sud. L’APD a connu une importante régression durant les années 90, passant de 0.33% à 0.22% au cours de la décennie3.
A côté de l’aide étatique, le monde des organisations non gouvernementales s’est égale-ment considérablement développé. Les ONG possèdent de plus en plus de compétences techniques et sont directement consultées lors de grandes réunions internationales.
Généralitéssur les pays
du Sud
THEMA 1
28
Source : Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 2008
0,25 0,50 0,65 0,78 0,85 1,00 Données non disponibles
Indice du Développement Humain (IDH)
En tenant compte des populations locales et de leurs réalités sociales et culturelles, les ONG sortent de cette vision « paternaliste » qu’elles adoptaient pour désormais s’orienter vers de réels partenariats.
L’ONU a également créé en 1995 l’Indice de Développement Humain (IDH) qui permet d’évaluer le développement humain des pays dans le monde. Auparavant, on mesurait la richesse uniquement avec le Produit Intérieur Brut des pays, alors que l’IDH prend également en considération la santé (espérance de vie, accès à l’alimentation et à l’eau potable…), le niveau d’alphabétisme (taux d’alphabétisation, taux de scolarisation…) et le niveau de vie (PIB, accès à la culture…). Les pays sont classés en trois catégories de pays : développement humain élevé, développement humain moyen et faible dévelop-pement humain.
L’ONU a également mis sur pied les « Objectifs du Millénaire » à atteindre pour 2015. La coopération belge, en partenariat avec les ONG belges, a donc mis sur pied un plan pour les atteindre et travaille dans différents secteurs: soins de santé de base, éducation et formation, agriculture et sécurité alimentaire, infrastructures et bonne gouvernance. Dans ses projets, elle prête particulièrement attention à l’égalité entre les hommes et les femmes, la lutte contre le sida, les droits de l’enfant, l’économie sociale et le respect de l’environnement.
LA QUESTION DE L’APPELLATION4
Dès les indépendances, un ensemble de pays nouvellement décolonisés apparaît et forme comme un tout. Auparavant, ces pays n’existaient ni en tant qu’entité spécifique, ni en tant qu’objet d’étude des « pays en développement ». De nombreux termes furent utilisés pour qualifier cette entité, mais l’utilisation des termes n’est jamais neutre et reflète l’adhésion à une idéologie ou l’évolution des mentalités face à l’objet d’étude, selon que l’accent est mis sur tel ou tel aspect d’une réalité.
Les différentes appellations:
Pays riches et pays pauvresCette appellation se base sur le PNB et PIB. Il est difficile de situer la ligne de démar-cation qui classifie les pays sur cette échelle (en général, ce sont les critères de la Banque Mondiale qui sont pris comme références). Notons que certains pays ne sont pas nécessairement pauvres en matières premières mais n’ont pas le contrôle de celles-ci ou ne bénéficient pas des profits qui en sont retirés.
Pays du Nord et pays du SudCette appellation est fort utilisée mais est assez vague. La référence géographique ne se justifie pas car de nombreux pays « pauvres » se trouvent dans l’hémisphère Nord (Inde, pays d’Afrique de l’Ouest, etc.) alors que certains pays riches se trouvent dans le Sud (Nouvelle Zélande, Australie, etc.).
Pays industrialisés et pays non industrialisésAujourd’hui, tous les pays sont plus ou moins industrialisés, le terme fait donc référence à un type spécifique d’industrialisation, celle qui contribue essentielle-ment à la production totale des biens et des services.
Nations prolétairesCette formule d’allure marxiste suggère l’existence d’états exploités et exploiteurs à l’image des classes sociales.
Pays du centre et pays de la périphérieCes termes proviennent d’une vision du système capitaliste mondial. Dans cette optique, le capitalisme s’est étendu et a soumis le reste du monde par des formes multiples de dépendances. Cette vision oppose le centre (pays capitalistes dévelop-pés) et la périphérie (qui reste en marge du développement tout en le nourrissant).
Tiers mondeCe terme commença à désigner en bloc, au moment de la guerre froide, tout ce qui ne couvrait ni l’étiquette classique de l’Occident libéral ni celle du communisme soviétique. Néanmoins, fin des années 80, l’opposition entre pays capitalistes et communistes qui avait présidé la naissance du concept n’existait plus avec la chute du régime soviétique. L’effondrement des régimes communistes européens avait révélé que les pays de l’Europe centrale et orientale pouvaient se trouver dans des
4 F. NAHAVANDI, Du développement à la globalisation : Histoire d'une stigmatisation, Emile Bruylant, 2005
Généralitéssur les pays
du Sud
THEMA 1
Généralités sur les pays du Sud
THEMA 1
30 31
VOIR ACTIVITES- 1. La ruée vers la richesse et le pouvoir- 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage- 10. Petit reporter sans frontières - 11. Contes
DATES-CLES21 mai : Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et pour le développement24 octobre : Journée mondiale d’information sur le développement
situations politiques et économiques assez similaires à celles de nombreux pays du Tiers monde. De plus, un grand nombre de pays du Tiers monde ayant connu des taux de croissance spectaculaires ne sont alors plus considérés comme en faisant partie et sont appelés pays émergents ou nouvellement industrialisés car, même s’ils ont traversé d’incroyables transformations économiques, ils n’ont pas atteint le niveau des pays industrialisés occidentaux.
Pays développés, sous-développés et en voie de développementL’unanimité sur ce que veut dire « développement » n’existe pas, mais la répartition actuelle du pouvoir fait prévaloir la définition occidentale du terme. Ces concepts renvoient à l’idée d’un modèle de développement unique, celui des pays capitalis-tes développés. Les termes « pays en voie de développement », « émergents », etc. évoquent l’idée que le processus de croissance est en cours et que certaines trans-formations des structures économiques et sociales sont déjà opérées. L’emploi de ces termes se réfère à l’idée que le développement est un processus ininterrompu.
Dans le cadre de ce manuel, nous avons principalement utilisé l’appellation Nord/Sud. Ce choix nous semblait être le moins occidentalo-centré, et n’induisant pas une idée de modèle unique de développement.
Bien entendu, nous l’avons vu, cette vision du monde est trop simplifiée car le Nord ou le Sud ne peuvent être vus comme des ensembles homogènes, et l’on trouve « du Nord au Sud » et inversement. Ajoutons que l’on s’accorde à dire aujourd’hui que certains pays ne font plus partie du « Sud » mais pas non plus du « Nord » : il s’agit de pays que l’on qualifie d’« émergents », comme le Brésil, la Russie, l’Inde ou la Chine.
Généralitéssur les pays
du Sud
THEMA 1
Généralités sur les pays du Sud
THEMA 1
32 33
Généralités sur lehandicap
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une
personne sur dix est handicapée dans le monde, c’est-à-dire
près de 700 millions d’êtres humains. Dans les années à venir,
ce chiffre ira en augmentant, avec le vieillissement de la
population et l’expansion des maladies invalidantes… Une
personne sur quatre aurait, dans son entourage proche, des
personnes handicapées.
Que représentent ces chiffres ? Qu’entend-on par personne
handicapée ? Quels sont les différents types de déficiences ?
Autant de questions qui nous concernent tous, dont les
réponses sont complexes et qui dépendent de chaque
contexte culturel.
THEMA 2
ETYMOLOGIE DU MOT « HANDICAP »
Dans la littérature, on trouve plusieurs étymologies du mot « handicap ». En anglais, « hand in cap » signifie « la main dans la casquette ». C’était le nom d’un jeu de hasard où le joueur qui tirait un mauvais numéro dans la casquette était défavorisé. Plus tard, au 18ème siècle, le mot « handicap » faisait référence à une course de chevaux. Pour assurer le suspens du gagnant de la course et égaliser les chances entre tous, les chevaux les plus forts étaient munis de poids et ainsi « handicapés ».
LE HANDICAP, UNE NOTION COMPLEXE
I l n’existe ni une définition ni une vision du handicap. Le handicap est une notion com-plexe, qui trouve son origine en Occident au 19ème siècle, et qui ne se traduit pas dans toutes les langues1 . Historiquement, le handicap se définissait par opposition à la mala-die. Le patient était malade tant que son problème pouvait être pris en charge par la médecine. Il devenait handicapé une fois devenu incurable.
Selon l’OMS, « est appelé handicapé celui dont l'intégrité physique ou mentale est progressivement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l'effet de l'âge, d'une maladie ou d'un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l'école ou à occuper un emploi s'en trouve compromise »2.
Différents modèles du handicap précisent les contours du concept et coexistent aujourd’hui. Ils reflètent des pensées diverses, voire contradictoires.
Le modèle médical, basé sur les notions de déficience et d’incapacité
Apparu au lendemain de la Première Guerre Mondiale, le modèle médical ou modèle individuel est issu de l'approche biomédicale. Le handicap est défini comme appartenant à une personne et a pour conséquence de limiter sa participation sociale. Ce modèle suit une logique de cause
à effet : une maladie ou un traumatisme provoque une déficience de l'organisme, il en résulte une incapacité à faire certaines choses, ce qui conduit à un désavantage social ou handicap. Le handi-cap est directement le résultat de la déficience ou de l'incapacité de la personne. Les interventions sont liées aux soins, dont le but est la guérison ou la réadaptation de la personne à la société, afin qu'elle rentre dans les 'normes' comme les autres. Aucune intervention ne concerne l'environnement ou ne remet en cause les aspects socio-culturels liés à la vie de la personne.
En 1980, l’OMS établit la classification internationale des handicaps (CIH) qui complète la classification internationale des maladies datant de 1946 (CIM), les handicaps étant des conséquences des maladies. La CIH définit le handicap sur base du modèle médical, comme un désavantage social résultant d’une déficience ou d’une incapacité.
Le modèle social, basé sur les facteurs externes
Dans les années 1960, une autre vision émane du mouvement des personnes handicapées elles-mêmes : le modèle social. Elle donne lieu à la création de l’Organisation Mondiale des personnes handicapées en 1983, et à celle du Forum Européen des Personnes Handicapées en 1993. Cette évolution conduira à l’adoption du slogan « Nothing for us without us »3 , revendiqué aujourd’hui par de nombreux mouvements de personnes handicapées issus de la société civile.
Dans le modèle social, le handicap est considéré comme le résultat de l'inadéquation de la société aux spécificités de ses citoyens. Les personnes handicapées sont une minorité discriminée. L'origine du handicap est donc externe à l'individu. Le type d'intervention va évoluer : la guérison
1 Pour plus d'informations sur les différentes perceptions culturelles du handicap, voir fiche thématique « 20. Culture »
2 R. LIBERMAN, Handicaps et Maladies mentales, Puf – Que sais-je ?, 2003, p. 36
© Norfolk coalition of disabled people
Le modèle médical privilégie l'approche des besoins spécifiques de la personne, liés à la déficience ou l'incapacité, et recourt principalement aux services spéciali-sés, c'est-à-dire destinés spécifiquement aux personnes handicapées.
APPROCHE SPECIALISEE
Maladies déficiences et/ou incapacités désavantage social
© Norfolk coalition of disabled people
3 En français : « Rien pour nous sans nous »
Généralitéssur le
handicap
THEMA 2
Généralités sur lehandicap
THEMA 2
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Le handicap est défini soit comme une conséquence de l’absence d’aménagements des environnements ordinaires (approche environnementale), soit comme le résultat d’un problème d’organisation sociale et de rapport entre la société et l’individu (approche droits humains). La situation de handicap est inhérente à la société et non à l’individu.
Le modèle systèmique, intégrant le modèle médical et le modèle social
Parallèlement aux modèles médical et social, il existe un autre modèle : le modèle systémique. Lui-même a été conceptualisé et imaginé par Patrick Fougeyrollas en 1998, au Québec, sous le nom de « Processus de Production du Handicap » (PPH) qui explique comment on arrive à la « situation de handicap ».
Le PPH prend en compte l’interaction entre les différents facteurs conduisant à la situation de handicap : les facteurs intrinsèques à une personne (déficience ou incapacité) et les facteurs extérieurs qui dépendent du contexte dans lequel évolue cette personne (environnement et aspects socio-culturels).
2 Le Fonds Monétaire International est une institution internationale multilatérale qui vise la stabilité du système monétaire et financier
international. 3
D. Millet et E. Toussaint, 60 questions-réponses sur la dette, le FMI et la Banque Mondiale, p. 230, CADTM & Syllepse, 2008
Avec l’apparition du PPH, l’OMS revoie sa propre conception du handicap et de son approche médicale pour aboutir, en 2001, à la mise en place et à l’adoption de la Classi-fication Internationale du Fonctionnement (CIF), remplaçant la Classification Interna-tionale des Handicaps (CIH).
Dans la CIF, les domaines sont classés du point de vue de l'organisme, de celui de la personne en tant qu'individu et de celui de la personne en tant qu'être social. Le fonc-tionnement et le handicap s'insérant dans un contexte, la CIF comprend également une liste de facteurs environnementaux. La CIF est utile pour comprendre et mesurer les conséquences sanitaires. Elle peut être utilisée dans des cadres cliniques, dans les services de santé ou dans les enquêtes au niveau individuel ou de la population.
Les deux modèles, PPH et CIF, tiennent compte à la fois de la nécessité d'apporter des réponses spécifiques à des besoins spécifiques liés à une déficience ou une incapacité, mais également à l'approche selon laquelle tous les êtres humains sont égaux entre eux, peu importe la différence qui pourrait les marquer par rapport à d'autres. Ils privilégient une société inclusive où l'accessibilité est primordiale, et où les personnes handicapées peuvent toutefois nécessiter des réponses spécifiques à leurs propres besoins si nécessaire.
Le modèle social privilégie l'approche des droits de la personne, acces-sibles pour tous en vertu de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, et est intimement lié au modèle inclusif. I l vise avant tout une société mixte, où se côtoient quotidiennement, dans tous les domaines, des personnes handicapées et d'autres personnes.
APPROCHE INCLUSIVE
« Il n’y a pas deux mondes, celui des valides et celui des handicapés »,
Patrick Fougeyrollas
est abandonnée au profit du développe-ment des capacités restantes de la personne pour la rendre la plus autonome possible dans sa vie quotidienne. Concrètement, il s’agit d'adapter l'environnement et les services, de les rendre accessibles et utilis-ables pour les personnes ayant des incapaci-tés physiques, sensorielles ou psychiques. Les interventions sur l'environnement sont privilégiées dans cette approche, afin que chacun ait accès aux droits humains. On parle d’ailleurs d’une approche basée sur les droits. Une personne déterminée n'est jamais plus garante du respect de 'normes' qu'une autre. Tout le monde est différent selon un critère prédéfini.
Les 5 sens des handica-pés sont touchés mais c'est un 6e qui les délivre ; bien au-delà de la vo-lonté, plus fort que tout, sans restriction, ce 6e sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre
“
”Grand Corps Malade
Modèle explicatif des causes et conséquencesdes maladies, traumatismes et autres atteintes àl’intégrité ou au développement de la personne
Processus de production du handicap
Interaction
Facteurs de risque
Cause
Facteurs environnementaux
Facilitateur Obstacle
Facteurs personnels
Systèmesorganiques
Intégrité Déficience
Aptitudes
Capacité Incapacité
Habitudes de vie
Participation sociale Situation de handicap
© RIPPH/SCCIDIH 1998
Généralitéssur le
handicap
THEMA 2
Généralités sur lehandicap
THEMA 2
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Ici, le concept de handicap n’est pas figé, ni dans le temps, ni dans l’espace. LES DIFFERENTS TYPES DE DEFICIENCES
Dans le présent manuel, nous nous limitons à 3 catégories de déficiences et ne prenons pas en compte les maladies mentales ou les troubles psychiques (comme l’autisme) :
la déficience physique ou motrice difficulté ou incapacité à faire certains mouvements (ex : paraplégie)la déficience sensorielle difficulté ou incapacité à voir (handicap visuel) ou à entendre (handicap auditif ) (ex : cécité, malentendance)la déficience intellectuelle difficulté à raisonner et à comprendre (ex : retard mental)
LES CAUSES DES DEFICIENCESLes déficiences sont dues à de nombreux facteurs, dont les maladies, les malformations congénitales, les traumatismes ou encore la vieillesse. Certaines personnes naissent avec une déficience ou une incapacité – on parle alors de handicap congénital –, d’autres deviennent handicapées au cours de la vie. Personne n’est donc à l’abri de devenir handicapé. Une déficience peut également être visible ou invisible.
L’INCAPACITE DEVELOPPE LES CAPACITESLorsqu’un sens ou un système est atteint et qu’il provoque une incapacité chez une personne, l’organisme compense en développant un ou plusieurs autres sens. Exemple : une personne malvoyante a une ouïe et un odorat souvent plus développés que quelqu’un qui voit bien.
LES PERSONNES HANDICAPEES DANS LA SOCIETEFace au handicap, tout le monde n’est pas égal : le sexe, l’âge ou encore l’origine sociale influ-ence le degré de la situation de handicap. Souvent, le degré de handicap est d’autant plus important que la personne vit dans un contexte socio-économique défavorable4 .
La notion de handicap entend la combinaison de trois facteurs distincts :
l'environnement (qui peut être plus ou moins adapté) l'intégrité individuelle (marquée par la déficience ou l'incapacité) les aspects socio-culturels (qui varient dans le temps et d’un peuple à l’autre)
Tableau de synthèse des différents modèles
MODÈLE MÉDICAL MODÈLE SOCIAL MODÈLE SYSTÉMIQUE
Où se situe le problème?
Comment le résoudre?
Rapport à la 'normalité'
Approche
Déficience ou incapacité
Ex: déficience visuelle: cécité
Apporter des soins et des services spécialisés
Ex: intervention chirurgi-cale au niveau des yeux
Norme = personne non handicapée
Spécialisée
Environnement inadapté et aspects socio-culturels exclu-ants
Ex: dans le train, pas de signal sonore précisant les arrêts
Agir sur l'environnement et les aspects socio-culturels
Ex: annonce orale suffisamment à temps de la prochaine station
Norme = toute personne. Pas de différence
Inclusive
Facteurs personnels et externes
Les 2
Apporter des soins et des services spécialisés et agir sur l'environnement et les aspects socio-culturels
Ex: intervention chirurgi-cale + annonce orale
Droit à la différence, donc à des services spécifiques quand ils sont nécessaires
Inclusive mais spéciali-sée si nécessaire
TYPE DE DEFICIENCE NOMBRE DE MILLIONS DE PERSONNES TOUCHEES DANS LE MONDE
motriceintellectuelleauditivevisuelle
près de 65 (ayant besoin d’un fauteuil roulant)près de 156près de 278près de 314
4 Voir fiche thématique « 10. Pauvreté »
Généralitéssur le
handicap
THEMA 2
Généralités sur lehandicap
THEMA 2
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 3. Déficience motrice- 4. Déficience auditive- 5. Déficience visuelle- 6. Déficience intellectuelle- 7. Droits des personnes handicapées- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination- 20. Culture
VOIR ACTIVITEL’ensemble des activités aborde les généralités du handicap
DATES-CLES3 décembre : Journée internationale des personnes handicapées9 octobre : Journée mondiale du handicap
Généralitéssur le
handicap
THEMA 2
Généralités sur lehandicap
THEMA 2
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La place des personnes handicapées dans une société dépend de nombreux facteurs, dont :
le type de déficience
Une déficience invisible est souvent moins « handicapante » qu’une déficience visible, car une personne dont la déficience est invisible est regardée de la même façon qu’une autre. Au contraire, une personne dont on perçoit clairement la défi-cience est souvent perçue comme différente avant tout. De plus, dans bien des cas, une personne déficiente intellectuelle inspire la pitié, tandis qu’une personne handicapée motrice dégage un sentiment de courage.
la culture de la société
Le regard et la place des personnes handicapées sont liés à la culture d’un peuple. Pour autant, partout dans le monde, les personnes handicapées représentent une minorité vulnérable, souvent exclue, peu visible et fort discriminée, et dont les droits sont encore peu respectés.
Déficience motrice
La déficience motrice est présente partout à travers le
monde. L’Organisation Mondiale de la Santé estime à 65
millions le nombre de personnes dans le monde ayant besoin
d’un fauteuil roulant pour se déplacer, ce qui correspond à 1%
de la population mondiale. Pourtant, dans les pays du Sud
principalement, un tiers de ces personnes ne disposent pas de
cette aide technique, et ceux qui en détiennent une ont
rarement un modèle adapté à leurs besoins. En Europe, entre
2 et 3% de la population serait en situation de handicap
moteur, dont 40% sont atteints de paralysie. Au-delà des aides
techniques, c’est aussi et surtout le degré d’accessibilité de
l’environnement qui facilite ou non la mobilité d’une personne
handicapée motrice.
THEMA 3
QU’EST-CE QUE LA DEFICIENCE MOTRICE ?
Les personnes qui sont atteintes de déficience motrice sont limitées dans leurs déplace-ments, dans l’exécution des tâches manuelles, dans la participation à certaines activités ou dans la parole. Les degrés de gravité vont de l’affaiblissement de l'endurance phy-sique à la paralysie, et influencent donc les difficultés d’une personne à une autre.
LES CAUSES DE DEFICIENCE MOTRICE
L’apparition d’une déficience motrice peut survenir avant ou dès la naissance, ou au cours de la vie, suite à un événement. La déficience peut toucher les membres, les os, les articula-tions, les muscles et leurs tendons, le système nerveux ou encore la moelle épinière.
En Belgique, plusieurs causes de l’incapacité/la déficience motrice sont à distinguer :
1. Avant la naissance Origine dite « congénitale »
Une maladie héréditaire (ex : myopathie de Duchenne1 )Une aberration chromosomiqueUne maladie chez la femme enceinte (rubéole)Des causes toxiques (médicaments, drogues, etc.)Une infirmité motrice cérébrale (IMC)2
Le nanismeEtc.
2. Après la naissance
Certaines maladies invalidantes, transmissibles ou non :- la sclérose en plaques3 qui touche plus de 10.000 personnes en Belgique, le plus souvent de jeunes adultes - la fibromyalgie4 qui touche entre 2 et 5% de la population. Cette maladie affecte plus les femmes que les hommes. - certains cancers- etc.
Le vieillissement de la population : - l’arthrite5 dont souffrent le plus souvent les personnes âgées- l’arthrose6 - des troubles du dos
Des accidents de la circulation, de travail ou de sportUn accident vasculaire cérébral Etc.
De manière générale, avec le vieillissement de la population belge, de plus en plus de personnes âgées sont en situation de handicap moteur. Les enfants ou jeunes adultes porteurs d’un handicap moteur ont, pour la plupart, été victimes d’accidents, de mala-dies invalidantes, ou de malformations congénitales.
Dans les pays du Sud, le contexte est quelque peu différent :De nombreuses maladies infectieuses sont évitables par la vaccination entre autres ou curables par une intervention chirurgicale par exemple. Mais par manque d’accès aux soins de santé, aux traitements, etc., de nombreuses personnes ne sont pas vaccinées ou n’ont pas les moyens de se soigner. Dans ce cas, la maladie entraîne une déficience permanente chez la personne atteinte.
Quelques exemples de maladies invalidantes :
La poliomyéliteLa poliomyélite est une maladie très contagieuse provoquée par un virus qui enva-hit le système nerveux et peut entraîner en quelques heures une paralysie totale. La paralysie irréversible (des jambes en général) survient dans un cas sur 200. Entre 5 à 10% des malades paralysés meurent lorsque leurs muscles respiratoires cessent de fonctionner. Cette maladie touche principalement les enfants de moins de cinq ans. Comme il n’existe pas de traitement, la prévention est la seule option. L’administration du vaccin antipoliomyélitique à plusieurs reprises confère à l’enfant une protection à vie. La poliomyélite a diminué de plus de 99% depuis 1988, passant de plus de 350.000 cas dans plus de 125 pays d’endémie à 1997 cas déclarés en 2006. En 2008, il ne restait plus que quatre pays d’endémie dans le monde7.
1 La myopathie de Duchenne est une forme de dystrophie musculaire progressive généralisée et héréditaire à transmission récessive liée au chromosome X, débutant dans l'enfance et d'évolution grave. Seuls les garçons sont atteints et les femmes sont transmettrices.
2 Les personnes infirmes motrices d’origine cérébrale (IMC) ont toutes en commun une ou plusieurs lésions consécutives à une atteinte cérébrale durant la période autour de la naissance (périnatale), après un accident vasculaire cérébral ou suite à une maladie invalidante (méningite, malaria). Ces lésions peuvent provoquer une ou plusieurs déficiences motrices avec d’éventuels troubles intellectuels, sensoriels ou neurologiques associés. Ces déficiences entraînent à leur tour des situations plus ou moins handicapantes, laissant plus ou moins d’autonomie. L’infirmité motrice cérébrale affecterait aujourd’hui 2,5 personnes sur mille. Il ne s’agit ni d’une maladie évolutive mettant en péril la vie de la personne, ni d’une maladie entraînant des risques de propagation.
Tibet, Tan Ping, adolescent IMC de 15 ans© Jacques Grison / Rapho
3 La sclérose en plaques est une maladie auto-immune du cerveau et de la moelle épinière, qui constituent le système nerveux central. La cause précise de cette maladie est encore mal connue. Des facteurs environnementaux, génétiques et immunologiques joueraient un rôle dans son apparition.
4 La fibromyalgie est caractérisée par des douleurs musculaires chroniques dans toutes les régions du corps, ainsi que par une fatigue persistante et des troubles psychologiques (chronicité des symptômes, charge psychologique) qui lui sont associés.
5 L’arthrite est une inflammation des articulations.
6 L’arthrose est une dégénérescence du cartilage des articulations.
7 Chiffre de l’Organisation Mondiale de la Santé, consulté le 3 novembre 2009, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs114/fr.
Déficiencemotrice
THEMA 3
Déficiencemotrice
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Le VIH sidaLe sida est une maladie invalidante : les personnes qui en sont atteintes voient leur mobilité se détériorer avec l’aggravation de la maladie.
La tuberculoseLa tuberculose est une maladie infectieuse transmissible et non immunisante, transmise par une bactérie, le bacille de Koch. La plus courante est la tubercu-lose pulmonaire, dont le symptôme le plus important est une forte toux. A un stade avancé, d’autres types de tuberculose - et le plus souvent associée à d’autres maladies - , la tuberculose peut atteindre plusieurs organes : les pou-mons, les reins, le cerveau, les os ou encore les articulations. La tuberculose devient alors invalidante car la personne malade peut présenter de lourdes déficiences motrices.
L’ulcère de BuruliL’ulcère de Buruli est une maladie provoquée par une bactérie proche des bactéries responsables de la tuberculose et de la lèpre. L'infection entraîne une destruction étendue de la peau et des tissus mous avec la formation d'ulcères de grande dimension, se localisant en général sur la jambe ou le bras. En l'absence de traitement précoce, la maladie peut laisser des incapacités fonc-tionnelles durables, comme des restrictions des mouvements articulaires ou des problèmes esthétiques très apparents. La précocité du diagnostic et du traitement est cruciale pour éviter ces incapacités.
L’éléphantiasis L’éléphantiasis, ou filariose lymphatique, est une maladie dont les symptômes sont une augmentation du volume d'un membre ou d'une partie du corps causée par un œdème. Cette maladie menace plus d'un milliard de personnes dans à peu près 80 pays. Sur les quelque 120 millions de personnes déjà affec-tées, plus de 40 millions sont gravement handicapées ou défigurées par la mala-die. Un tiers des personnes infestées vivent en Inde, un tiers en Afrique et le reste principalement en Asie du Sud, dans le Pacifique et dans les Amériques8 .
Par ailleurs, les facteurs de risque liés aux accidents de travail ou de la circulation sont plus grands qu’en Europe, étant donné les conditions socio-économiques défavorables. En effet, les règles de sécurité sur les lieux de travail n’existent qu’à l’état primaire, ou ne sont pas respectées, souvent par manque de moyens.
LES DIFFERENTS TYPES DE DEFICIENCE MOTRICE
Les formes que peuvent prendre les incapacités motrices varient fortement. On peut citer entre autres :
La paraplégieparalysie partielle ou complète des deux membres inférieursLa diplégieparalysie partielle ou complète des deux membres supérieursL’hémiplégieparalysie partielle ou complète de la moitié du corps (gauche ou droite) La quadriplégie ou tétraplégie paralysie partielle ou complète des quatre membres L’amputationablation d'une extrémité du corps suite à un traumatisme ou à un acte chirurgicalLes déformations orthopédiquesconséquence directe d’une hypotonie (manque de tonus des muscles)
8 Chiffre de l’Organisation Mondiale de la Santé, consulté le 3 novembre 2009, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs102/fr
9 Voir fiche thématique « 13. Travail »
10 Voir fiche thématique « 23. Sécurité routière »
Puerto Rico, femme atteinte d’éléphantiasis © John Driver from the Tom Lehman Collection, courtesy of the Fundacion Luis Munoz Marin
Angola, garçon atteint de poliomyélite (à droite)© Bernard Franck - Handicap International
Déficiencemotrice
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Déficiencemotrice
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DES PERSONNES A MOBILITE REDUITE
Quelques exemples :
Pour une personne se déplaçant en fauteuil roulant, il est très difficile de surmonter seule une bordure de plus de 2 cm. Pourtant, les trottoirs sont parfois hauts de 10 cm !Prendre le train en fauteuil roulant n’est pas facile non plus : trop peu de gares belges sont pourvues d’ascenseur et de nombreux quais sont inaccessibles. Quand le quai est accessible, la personne doit demander de l’aide au personnel pour monter/descendre du train. De nombreuses écoles sont inaccessibles aux personnes handicapées motrices : pas de WC adapté, pas d’ascenseur ou de rampe, pas de bureau adapté, etc.
Dans les pays du Sud, les moyens font plus défaut encore : peu de personnes handica-pées motrices disposent d’un fauteuil roulant. Et se déplacer en fauteuil roulant consti-tue un vrai parcours du combattant : transports en commun bondés, chemins de terre battue, pas de rampes ni d’ascenseurs, etc. Les personnes handicapées motrices sont très ‘immobiles’ et restent bien souvent toute la journée dans leurs familles, invisibles du monde extérieur, ne pouvant pas travailler ou aller à l’école.
LES AUTRES PROBLEMES AU QUOTIDIEN
Outre le manque de mobilité, les personnes handicapées motrices peuvent avoir des difficultés dans leur vie de tous les jours. Le degré de difficulté dépend évidemment du type de déficience et de la gravité de celle-ci. Si son environnement n’est pas adapté ou si sa déficience est trop importante, la personne handicapée motrice peut avoir besoin de l’aide d’une tierce personne dans ses activités quotidiennes. Dans ce cas, c’est l’autonomie de la personne handicapée motrice qui est mise à mal.
LES PISTES DE SOLUTIONS
1. Prévention
La multitude de causes d’une déficience motrice et les diverses formes qu’elle peut prendre démultiplient considérablement les moyens de prévention associés.Citons-en en quelques-uns :
En Belgique
1. Avant la naissance
Suivi gynécologique de la mèreRythme de vie sain (éviter les carences alimentaires, la cigarette, l’alcool, les drogues en tout genre) Etc.
2. Après la naissance
Prévention des accidents de la circulation, de travail ou de sport par des campagnes de sensibilisationSuivi médical appropriéEtc.
Dans le Sud
Suivi gynécologique pendant la grossesseSuivi médical autour de la naissance permettant d’éviter les carences alimentaires de la mère et du nouveau-néCampagnes de vaccination permettant d’éviter certaines maladies invali-dantes comme la poliomyélite Meilleur accès à la santé de manière généraleCampagnes de prévention touchant à la sécurité routière, aux accidents provo-qués par les mines antipersonnel et les armes à sous-munitions, etc.DéminageEtc.
Au quotidien, les personnes handicapées motrices ont comme principal problème la difficulté de se déplacer. On parle alors de personnes à mobilité réduite (PMR), même si celles-ci concernent d’autres catégories de personnes, comme les personnes présentant une défi-cience motrice temporaire, les parents avec une pous-sette d’enfant, les personnes malvoyantes, etc.
Sans mobilité, il n’y a pas d’accès aux services : formation, cinéma, vote, etc.
Icône standard pour la chaise roulante
Indonésie, après le tsunami© Thierry Agagliate - Handicap International
Déficiencemotrice
THEMA 3
Déficiencemotrice
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2. La réadaptation
Toute personne handicapée motrice verra sa vie facilitée si des traitements adaptés et spécifiques, et/ou si des dispositifs d’aide lui permettent d’être plus autonome dans ses activités quotidiennes.
Traitements adaptés et spécifiques
La médecine
La kinésithérapie (« thérapie par le mouvement »)traitement des affections musculaires et osseuses basé sur les massages et les mouvements du corps
L’ergothérapie (« thérapie par le travail ») traitement actif qui utilise et adapte les activités de la vie quotidienne, les tech-niques artisanales et/ou professionnelles, les activités créatives et socio-culturelles ainsi que des techniques empruntées à l'ergonomie et à la pédago-gie en faisant appel aux aptitudes créatrices des patients.
La psychomotricité spécialité du développement global de la personne, qui étudie l’ensemble des comportements moteurs envisagés en fonction de leurs liens avec l’activité cérébrale, la vie psychique, affective, intellectuelle et relationnelle à tous les âges de la vie.
La physiothérapietraitement qui utilise des agents physiques (eau, air, électricité, chaleur, froid, radiations...) souvent combiné à la kinésithérapie.
Etc.
Dispositifs d’aide
L’appareillage orthopédique
- Une prothèse remplace un membre- Une orthèse soutient un membre
Les aides techniques
- Un fauteuil roulant- Des béquilles- Une canne- Un déambulateur
3. L’accessibilité Pour se procurer davantage d’informations sur l’accessibilité des personnes déficientes motrices, veuillez vous rendre à la fiche thématique « 8.Accessibilité », au point « acces-sibilité et déficience motrice ».
Prothèse de main© Z. Johnson
Bénin, Lokossa, Centre derééducation de Béthesda,
orthèses© Jérôme Deya
Déficiencemotrice
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Déficiencemotrice
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 7. Droits des personnes handicapées - 8. Accessibilité
VOIR ACTIVITES- 1. La ruée vers la richesse et le pouvoir- 3. Ne coupons pas les ponts !- 7. Photo-langage- 9. Défis-sens- 11. Contes
DATES-CLES24 mars : Journée mondiale de la tuberculose1er décembre : journée mondiale du VIH sida
COMMENT SE COMPORTER VIS-A-VIS D’UNE PERSONNE HANDICAPEE MOTRICE ?
Ne pas regarder une personne handicapée motrice comme une personne malade, mais comme n’importe qui, afin d’éviter toute stigmatisation
Lui adresser la parole directement et non à son accompagnant(e)
S’assurer que la personne handicapée motrice peut arriver à un lieu de rendez-vous
Marcher à côté d’elle en respectant son rythme
Pour les personnes en fauteuil roulant, éviter les mouvements brusques, la vitesse et les aspérités sur le sol qui peuvent se coincer dans les roues
Lui proposer de l’aide sans l’imposer : l’autonomie est importante
Dans la ville, laisser le passage, retirer les obstacles, etc.
Laisser la priorité aux personnes handicapées motrices devant un guichet
Veiller à utiliser un langage approprié (éviter des mots comme « infirme », « handi-capé », « boiteux », « nain », etc.)
Ne pas s’appuyer sur le fauteuil roulant
Pour parler avec elle, s’asseoir à sa hauteur si elle se déplace en fauteuil roulant
Ne pas stationner sur des emplacements réservés aux personnes handicapées motrices
Etc.
Déficiencemotrice
THEMA 3
Déficiencemotrice
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Déficience visuelle
La déficience visuelle est présente partout à travers le
monde, sous deux formes de gravité différentes : la cécité –
la personne ne voit rien – et la malvoyance. A l’heure
actuelle, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que
314 millions de personnes sont atteintes de déficience visuelle
dans le monde, dont 40 à 45 millions de personnes aveugles.
Une étude de la Commission Européenne estime que 11,5
millions de personnes présentent une déficience visuelle en
Europe mais sans en préciser le degré1. Environ 87% des
personnes atteintes de déficience visuelle vivent des les pays
du Sud2. L’OMS considère que 75% des cas de cécité dans le
monde pourraient être évités, soit grâce à la prévention, soit
grâce à des soins adaptés car les ressources et les
compétences existent. En Belgique, on compte 16.000
personnes aveugles et il n’y a pas de statistiques précises
concernant les personnes malvoyantes.
1 Didier Barzin, « Introduction à la déficience visuelle », consulté le 3 novembre 2009, http://didier.barzin.free.fr/ch1.html
2 Organisation Mondiale de la Santé, « Déficiences visuelles et cécité », consulté le 3 novembre 2009,
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs282/fr/index.html
THEMA 4
QU’EST-CE QUE LA DEFICIENCE VISUELLE ?
La déficience visuelle est une déficience sensorielle car elle atteint la vision.L'atteinte de la vision peut se situer à différents niveaux :
l'œil, organe de réceptionle nerf optique, organe de la transmission du message visuelle cerveau, organe de traitement du message visuel (perception, réponse sensorimotrice, cognition).
Parmi les fonctions qui forment la vision, on trouve :
l’acuité visuelle, ou précision de la vision en détails, en netteté et en clarté, exprimée en frac-tions (10/10, 1/20, …)le champ visuel, ou portion de l’espace qui est vue par un œil immobile (vision périphérique), exprimée en degrés d’anglela vision des couleursla vision des contrastesla motilité oculaire, ou mouve-ments des yeux
LES CAUSES DE LA DEFICIENCE VISUELLE
L’Organisation Mondiale de la Santé a ciblé 7 maladies infectieuses comme prioritaires d’ici 2020 dans la lutte contre la déficience visuelle à travers le monde, dans un programme lancé en 1999, appelé « Vision 2020 ». La cataracte, l’onchocercose et le trachome sont les principales maladies endémiques cécitantes vis-à-vis desquelles des stratégies et des programmes mondiaux sont développés.
La cataracteLa cataracte est une opacification du cristallin (lentille de l'œil) gênant le passage de la lumière. Elle est la plupart du temps due à l’âge, mais peut être également liée à un traumatisme ou à une infection. Selon l’OMS, la cataracte est la première cause de cécité à travers le monde : 18 millions de personnes sont aveugles en raison d’une cataracte, ce qui représente près de la moitié des personnes aveugles dans le monde. C’est d’ailleurs la première cause de cécité dans tous les pays du monde, sauf dans les pays du Nord qui comptent 20% de la population mondiale. La cata-racte se soigne par des soins chirurgicaux, qui font souvent défaut dans les pays du Sud.
Le glaucome Le glaucome, deuxième cause de cécité dans le monde, est un groupe de maladies des yeux ayant en commun une perte des cellules de la rétine, plus importante que celle due à l’âge, avec une atrophie correspondante du nerf optique. La conséquence en est la perte de sensibilité du champ visuel, conduisant à long terme à une déficience visuelle irréversible. Le nombre estimé de personnes aveugles en raison d'un glaucome primitif est de 4,5 millions et représente plus de 12% de la cécité mondiale. Une personne atteinte de glaucome peut n’avoir aucun symptôme pendant un certain temps, ce qui rend la maladie difficile à diagnostiquer et à soigner.
La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) La DMLA arrive en troisième position des causes de cécité avec 8,7%, c’est-à-dire plus de 3 millions de personnes. C'est la première cause de déficience visuelle dans les pays du Nord, et non la cataracte. Elle touche les personnes âgées de plus de 50 ans, ce qui expli-que qu’elle est très présente dans les pays du Nord, en raison du vieillissement de la population. Très peu de moyens existent pour la prévenir et la soigner.
La rétinopathie diabétiqueLa rétinopathie diabétique atteint la rétine chez des personnes ayant un diabète sucré3 depuis plusieurs années. La rétinopathie diabétique est une des causes majeures de déficience visuelle : en 2002, elle était responsable de 4,8% des cécités dans le monde et touchait près de 2 millions de personnes.
L’OMS estime qu’en 2010, le nombre de diabétiques atteindra environ 221 millions, surtout dans les pays du Sud. Dans les pays du Nord, la rétinopathie diabétique est une des principales causes de déficience visuelle parmi les personnes en âge de travailler.
Un tiers des diabétiques ayant des complications cécitantes deviendra définiti-vement aveugle.
Le trachome Le trachome est l'une des maladies infectieuses les plus anciennement connues de l'humanité, notamment en Egypte pharaonique. Première cause de cécité évitable, il est provoqué par un micro-organisme qui se transmet par le contact avec les sécrétions oculaires de la personne infectée (par des serviettes, des mouchoirs, les doigts, etc.) et par des mouches. La maladie est présente dans les zones les plus défavorisées de la planète.
Burundi, paysans malvoyants et aveugles travaillantdans un champ à Bujumbura
© Dieter Telemans - pour Handicap International
3 Le diabète sucré est une affection qui résulte soit d’une insuffisance génétique, soit d’une défaillance biologique, dans la production d’insuline par le pancréas. Il est également possible que cette insuline ne soit simplement pas assez active dans notre organisme. Ce manque provoque alors une augmentation de la glycémie (augmentation de glucose dans le sang) qui peut déboucher sur de graves lésions.
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pupilleiris
chambre postérieure
Cristallin
cornéechambre antérieure(humeur aqueuse)
muscle ciliaire
sclérotique
choroïde
rétine
zonule ciliaire
papille optique
nerf optiquefovéa
ligamentsuspenseur
vaisseau sanguinrétinéen
corps vitré
canalhyaloïde
Source : Rhcastilhos, wikimedia common (modifié)
Schéma de l’oeil humain
Son traitement est chirurgical et n’est pas accessible pour la majorité des patients atteints. Le trachome avec déficience visuelle touche environ 8 millions de personnes dans le monde, et est responsable actuellement de plus de 3% des causes de cécité dans le monde, c’est-à-dire pour plus d’un million de personnes.
L’onchocercose (ou cécité des rivières) L'onchocercose est une maladie provoquée par un parasite dont le vecteur est la simulie, petite mouche qui pique et qui vit au bord de l’eau. L'onchocercose est une cause importante de cécité dans beaucoup de pays africains. On estime qu'il y a un demi-million de personnes aveugles dans le monde, en raison de la cécité des rivières.
Beaucoup de progrès ont été accomplis dans la lutte contre la maladie dans plusieurs pays, grâce aux programmes de lutte contre les simulies. Et la maladie peut maintenant aussi être traitée par voie médicamenteuse.
La cécité de l’enfantLa cécité de l'enfant comprend un groupe de maladies et de syndromes se produisant dans l'enfance ou l'adolescence qui, non traitées, ont pour consé-quences la cécité ou des déficiences visuelles susceptibles d'être irréversibles.
Les causes principales de la cécité de l'enfant varient considérablement d’un pays à un autre, car elles sont en grande partie déterminées par le contexte socio-économique et l’accès aux soins de santé primaires et oculaires.
Dans les pays du Nord, les lésions du nerf optique et des voies optiques prédominent comme cause de cécité.
Dans les pays du Sud, les causes de cécité peuvent être :- Les suites d’une rougeole- La carence en vitamine A- La conjonctivite chez le nouveau-né- La rétinopathie chez les bébés prématurés
L’OMS estime à 1,4 millions le nombre d'enfants aveugles dans le monde.
Tibet, fille aveugle © Jacques Grison / Rapho
Source : Programme de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la prévention de la cécité et des défiiences visuelles, 2009
<0.3>0.3 <0.5>0.5 <1>1
Prévalence de la basse vision (malvoyance) dans le monde - en pourcentage (%)
Prévalence de la cécité dans le monde - en pourcentage (%)
Source : Programme de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la prévention de la cécité et des défiiences visuelles, 2009
<1<2 >1<3 >2>3
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LES DIFFERENTS TYPES DE DEFICIENCE VISUELLE
L’OMS distingue cinq catégories de déficiences visuelles :
La malvoyance légèrela lecture en gros caractères est possible
La malvoyance profondela lecture en gros caractères est limitée voir nulle
La cécité partiellele comptage des doigts est possible à moins de trois mètres ainsi que la lecture de caractères typographiques de la taille des grands titres de journaux
La cécité presque totale le sujet a une perception lumineuse, au mieux, des masses et des volumes ou des formes (comptage des doigts à un mètre ou moins, mouvements des mains à cinq mètres)
La cécité totalele sujet n'a aucune perception visuelle
LES PROBLEMES QUOTIDIENS DES PERSONNES DEFICIENTES VISUELLES
Les personnes malvoyantes ou aveugles rencontrent notamment des difficultés à se déplacer (personnes à mobilité réduite) ou à accéder à de l’information écrite. Selon que l’acuité visuelle ou le champ visuel est réduit, les difficultés seront différentes. Une personne dont l’acuité visuelle est réduite aura des difficultés à lire, de près ou de loin,
mais pourra suffisamment voir l’espace autour d’elle. Tandis qu’une personne dont le champ visuel est réduit éprou-vera des difficultés à voir ce qu’il y a autour d’elle, donc à se déplacer. La personne aura tendance à tourner sa tête pour percevoir son environnement direct.
De manière plus générale, une personne malvoyante ou
aveugle utilise davantage les sens du toucher et de l’ouïe, ce qui influence son compor-tement et son rapport aux autres. Elle aura donc tendance à toucher les choses et les gens pour les « voir », à se repérer dans l’espace grâce aux sons et à parler fort si elle ne connaît pas la proximité des personnes auxquelles elle s’adresse.
LES PISTES DE SOLUTIONS
1. Prévention
La prévention des déficiences visuelles est multiple, selon la nature de la cause de la déficience et selon le contexte.
Au niveau des maladies provoquant des déficiences visuelles, la prévention passe avant tout par l’accès aux soins de santé primaires et aux soins oculaires (intervention chirur-gicale par exemple). Une bonne alimentation peut également s’avérer un moyen de prévention efficace.
Le port de lunettes adaptées permet parfois de ne pas aggraver la déficience.
2. Réadaptation
Traitements adaptés et spécifiques
Plusieurs disciplines peuvent être utiles pour la réadaptation des personnes handi-capées visuelles :
L’ergothérapie (« thérapie par le travail ») traitement actif qui utilise et adapte les activités de la vie quotidienne, les tech-niques artisanales et/ou professionnelles, les activités créatives et socio-cultu-relles ainsi que des techniques empruntées à l'ergonomie et à la pédagogie en faisant appel aux aptitudes créatrices des patients.
L’orthoptie tient son origine du grec « orthos » et « opsi » qui signifient « droit » et « voir », l’orthoptie est donc complémentaire à l’ophtalmologie et essentielle à la réédu-cation des yeux puisqu’elle signifie « voir droit ». En effet, pour avoir une vision nette, nos yeux doivent avoir un axe parallèle. Cette discipline s’adresse donc aux personnes malvoyantes mais également à tous ceux qui souffrent de strabisme, de vision double ou floue et de trouble de la convergence.
L’ophtalmologie est la discipline médicale qui traite des maladies atteignant l’œil.
La psychomotricitéspécialité du développement global de la personne, qui étudie l’ensemble des comportements moteurs envisagés en fonction de leurs liens avec l’activité cérébrale, la vie psychique, affective, intellectuelle et relationnelle à tous les âges de la vie.
Icône standard pour la chaise roulante
Colombie, exposition de peintures en relief, accessible aux personnes malvoyantes et aveugles © Dominique Delvigne - Handicap International
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La chirurgieest une méthode médicale qui consiste en une intervention physique sur les différents tissus de l’organisme.
Instruments
De la même manière, il existe différents types d’aides techniques améliorant le quo-tidien des personnes malvoyantes ou aveugles :
Les lunettes ou lentilles permettent d’améliorer l’acuité visuelle
La canne blanche est le signe universel qui permet aux personnes malvoyantes et aveugles de percevoir les obstacles dans l’espace
La canne jaune a le même usage que la canne blanche, mais n’est utilisée que par les personnes malvoyantes
Le chien-guide est un chien formé pendant plusieurs années à guider une personne malvoyante ou aveugle. Il se trouve toujours à gauche de son maître
Le guide voyant est une personne accompagnant la personne malvoyante ou aveugle et qui l’aide à se déplacer
Dans les pays du Sud, peu de personnes malvoyantes ont accès à ces aides techni-ques. Les plus courantes sont la canne et comme guide, un enfant accompagnant l’adulte malvoyant ou aveugle.
RemarqueLes lunettes noires sont portées par les personnes malvoyantes ou aveugles pour les trois raisons suivantes :
- pour ne pas être ébloui par la lumière naturelle ou artificielle- comme signe de reconnaissance dans l’espace public- pour occulter les yeux, par souci esthétique
3. Accessibilité
Pour se procurer davantage d’informations sur l’accessibilité des personnes atteintes de déficiences visuelles veuillez vous rendre à la fiche thématique « 8. Accessibilité », au point « accessibilité et déficience visuelle ».
France, deux amis dans une gare, Bruno et Monica© Jérôme Deya
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COMMENT SE COMPORTER VIS-A-VIS D’UNE PERSONNE DEFICIENTE VISUELLE ?
Une personne malvoyante ne se distingue pas toujours : sa déficience peut être invisible. Il convient donc d’être attentif afin de mieux aider les personnes déficientes visuelles quand elles acceptent l’aide.
Lui proposer de l’aide sans l’imposer. Par exemple : lui proposer de prendre votre bras pour avancer avec elle
Annoncer les obstacles ou les changements de direction
L’orienter dans l’espace public
Pour monter ou descendre un escalier, indiquer la première et la dernière marche
Ne pas hésiter à parler : la communication visuelle n’est pas possible. Eviter de faire un signe de la tête pour donner une réponse
Pour adresser la parole à une personne malvoyante ou aveugle, l’appeler par son nom et se présenter
Prévenir la personne quand vous la quittez, pour qu’elle ne parle pas dans le vide
Dans une file d’attente, indiquer à la personne si la file avance car elle ne sait pas où elle commence ni où elle se termine
Lors d’un repas, expliquer à la personne le contenu de son assiette. Elle peut ensuite manger toute seule !
Lors de l’accueil d’une personne malvoyante ou aveugle à la maison, lui décrire les différentes pièces pour qu’elle se représente l’espace
Eviter de déplacer les affaires de la personne sans la prévenir
Dans les transports publics, lui présenter une place assise en mettant sa main sur le dossier.
Eviter les changements de luminosité ou prévenir la personne malvoyante des changements
Si la personne est accompagnée d’un chien guide, ne pas déranger ce dernier. Il doit rester attentif à bien guider son maître. Se mettre à droite de la personne car le chien se trouve toujours à gauche de son maître.
Utiliser le vocabulaire lié à la vision sans hésiter. Les personnes malvoyantes et aveugles disent par exemple : « j’ai vu un film hier à la télé »
Lui donner des explications claires pour qu’elle puisse être la plus autonome possible
VOIR FICHES THEMATIQUES- 7. Droits des personnes handicapées - 8. Accessibilité
VOIR ACTIVITES- 1. La ruée vers la richesse et le pouvoir- 3. Ne coupons pas les ponts !- 7. Photo-langage- 9. Défis-sens- 11. Contes
DATES-CLES4 janvier : Journée mondiale du Braille 9 octobre : Journée mondiale de la vue15 octobre : Journée internationale de la canne blanche
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Déficience auditive
La déficience auditive est présente partout dans le monde et
représente une grande part des handicaps. Elle est souvent
invisible au premier abord. Elle correspond à la perte complète
ou partielle de la capacité auditive d’une ou des deux oreilles.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en 2009, près
de 278 millions de personnes dans le monde étaient
malentendantes et près de 50 millions de personnes sourdes.
On parle de 17% de la population mondiale atteinte de
déficience auditive à des degrés divers. D’après l’OMS, 50% des
cas de surdité et de malentendance sont évitables par la
prévention, le diagnostic et la prise en charge. Dans les pays
du Sud, sur 40 personnes ayant besoin d’une prothèse
auditive, moins d’une est appareillée. En Belgique, on compte
40.000 sourds et 400.000 personnes malentendantes.
Seulement 1 à 2% des personnes malentendants cherchent
une solution à leur problème. Pourtant, toutes les déficiences
auditives peuvent être atténuées par un traitement médical,
chirurgical ou le port d’une prothèse.
THEMA 5
QU’EST-CE QUE LA DEFICIENCE AUDITIVE ?
La déficience auditive est une déficience sensorielle car elle atteint l’ouïe.L'atteinte de l’ouïe peut se situer à différents niveaux :
l’oreille externe, pavillon visiblele tympan, membrane qui transmet les vibrations à l’oreille moyennel’oreille moyenne, comprenant 3 petits osseletsl’oreille interne, véritable organe de l’audition
Lorsque l’oreille interne est atteinte, la perte d’audition est irréversible et permanente.
Le degré de gravité peut être plus ou moins impor-tant : la déficience peut aller de la surdité légère (la parole est perçue à voix normale, elle est difficilement perçue à voix basse ou lointaine) à la surdité totale (rien n’est perçu).
LES CAUSES DE DEFICIENCE AUDITIVE
L’apparition d’une déficience auditive peut survenir dès la naissance ou au cours de la vie, suite à un événement.
La déficience auditive a des causes diverses et variées.
1. Avant la naissance Dans 35% des cas de surdité de l'enfant, la cause est inconnue.
L’hérédité génétiqueSi le père ou la mère, ou les deux, ou un membre de la famille était sourd à la naissance, le risque de surdité à la naissance chez un enfant est accru.En Belgique, environ 1 à 3 nourrissons sur 1 000 souffrent de surdité profonde, ce qui place la surdité au rang des déficiences les plus fréquemment rencon-trées chez les nouveaux-nés.
Certaines maladies infectieuses chez la femme enceinteSi une femme enceinte contracte certaines maladies, il y a des risques que son enfant soit atteint de malentendance ou surdité. Parmi ces maladies, on peut citer : la rubéole, la toxoplasmose, le Cyto Mégalo Virus (CMV ), la rougeole, la varicelle, les oreillons, l’hépatite virale, la méningite, la syphilis.
L’intoxication chez la femme enceinte Si les femmes enceintes sont intoxiquées à certaines drogues, au tabac, à l’alcool ou à certains médicaments, l’enfant présente des risques de malentendance ou de surdité.
2. A la naissance
La prématurité Un manque d’oxygène à l’accouchement La jaunisse du nouveau-né
3. Après la naissance
Déficience de transmission (voir ci-après)- L’infection chronique de l’oreille moyenne (otite) chez l’enfant est la principale cause de déficience auditive chez l’enfant
- Un bouchon de cérumen ou un corps étranger bloquant le canal auditif peut causer une perte auditive
Déficience de perception (voir ci-après)- Un traumatisme crânien ou une blessure de l’oreille peut altérer la fonction auditive
- Un traumatisme sonore dû à des bruits trop forts (utilisation professionnelle d’appareils bruyants, musique trop forte, tirs d’arme à feu, déflagrations) peut léser l’oreille et altérer la capacité auditive
Source : Chittka L, Brockmann, wikimedia common (modifié)
Schéma de l’oreille humaine
canaux semi-circulaires utricule
fenêtre ovale
nerf du vestibule
vestibule
enclumemarteau
nerf auditif
cochlée
cavité du tympan
trompe d’Eustache
fenêtre rondeétrier
tympan
conduit auditif
NORMAL
Déficience légère
Déficience moyenne
Déficience sévère
Déficience profonde
SURDITE TOTALE
0 dB
20 dB
40 dB
70 dB
90 dB
120 dB
MA
LEN
TEN
DA
NC
E
Source : Les mains pour le dire, ASBL
Degré de surdité
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Déficienceauditive
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- L’âge et l’exposition cumulée au bruit et à d’autres facteurs entraînent des déficiences auditives ou la surdité (on parle de presbyacousie)
- La prise de médicaments toxiques (comme certains antibiotiques)
LES DIFFERENTS TYPES DE DEFICIENCE AUDITIVE
Selon la partie de l’oreille touchée liée aux facteurs de risque, la déficience auditive peut être de transmission, de perception ou mixte.
Déficience de transmissionUne déficience auditive de transmission est liée à une atteinte de l’oreille externe ou moyenne et la perte auditive n’est pas totale. Ce type de pathologie est souvent en partie ou totalement curable médicalement (dans le cas d’otites par exemple) ou chirurgicalement, à condition que les services nécessaires soient accessibles.
Déficience de perceptionUne déficience auditive de perception est en général liée à une atteinte de l’oreille interne, et parfois du nerf auditif qui relie l’oreille moyenne au cerveau. Ce type d’altération ne peut en général pas être traité par voie médicale, et nécessite une rééducation, moyennant une prothèse auditive.
Surdité mixteC'est la coexistence des deux types d'atteintes décrites précédemment. Chez l'enfant, une surdité de transmission aggrave parfois une surdité de perception.
LES PROBLEMES QUOTIDIENS DES PERSONNES DEFI-CIENTES AUDITIVES
1. La compréhension de la parole
La surdité de transmission est caractérisée par une perte des sons graves. Cette perte ne pose pas trop de problèmes pour la compréhension de la parole, les sons étant perçus moins fort. La surdité de perception est caractérisée par une perte des sons aigus. Cela pose un grand problème pour la compréhension de la parole car ce sont justement les sons aigus qui jouent un rôle essentiel dans la compréhension des mots.
2. L’acquisition du langage oral
Selon que la déficience apparaît à la naissance, pendant l’apprentissage de la parole ou après, la personne malentendante ou sourde aura des difficultés d’acquisition du langage de la parole plus ou moins grandes.
Une personne qui n’a jamais entendu quelqu’un parler aura naturellement plus de diffi-cultés à acquérir le langage oral qu’une personne qui devient sourde suite à un accident à 40 ans et qui aura déjà eu l’occasion de parler sans déficience auditive.
3. Les problèmes d’équilibre
L’oreille interne est essentielle dans l’équilibre. Certains de ses canaux permettent d’indiquer la position de la tête dans l’espace dans les 3 dimensions. S’ils sont atteints, la personne peut avoir des problèmes d’équilibre.
LES PISTES DE SOLUTIONS
1. Prévention
La prévention de la déficience auditive est fondamentale dans la diminution du nombre de personnes malentendantes ou sourdes à travers le monde.
Dépistage précoce chez le nourrissonDes tests à l’audition peuvent être faits chez le nourrisson afin de voir si une déficience est présente. Bien sûr, ces tests ne sont pas disponibles partout dans le monde… Les tests permettent alors de réagir au plus tôt si des traitements sont nécessaires.
Soins de santé primairesL’accès aux soins de santé primaires et aux soins auditifs est également un moyen de prévention de la déficience auditive.
Vaccinations Certaines maladies infectieuses chez la femme enceinte peuvent être à l’origine de défi-cience auditive chez l’enfant. La vaccination contre ces maladies permettent d’éviter le risque de déficience.
Laos, enfants malentendants et sourds apprenant la langue des signes lao© Rronny Smedts - pour Handicap International
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Port du casque anti-bruitSe protéger des bruits trop forts constitue un moyen de prévention de plus en plus conséquent, au vu des nombreuses situations où les bruits dépassent un seuil de sécurité.
Informations concernant les médicaments toxiques
Une population ou même le corps médi-cal informé des risques de l’intoxication à certains médicaments consiste un moyen de prévention efficace.
2. Réadaptation
Traitements adaptés et spécifiques
Soins auditifsAntibiotiquesDrains
Instruments
La prothèse auditiveElle est destinée à compenser, au moyen d'un amplificateur approprié, les pertes d'audition des personnes malentendantes.
L’implant cochléaireC’est une prothèse auditive particulière destinée aux personnes sourdes profondes ou aux personnes sourdes totales qui ne tirent plus de bénéfice d'une prothèse auditive. Un implant cochléaire coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros, excluant de nombreuses personnes sourdes de son utilisation.
La logopédieElle permet d’améliorer le langage oral d’une personne. Les techniques seront très différentes selon que la personne est née sourde ou devenue sourde après avoir acquis le langage oral.
3. Accessibilité
Pour se procurer davantage d’informations sur l’accessibilité des personnes atteintes de déficiences auditives, veuillez vous rendre à la fiche thématique « 8. Accessibilité », au point « accessibilité et déficience auditive ».
COMMENT SE COMPORTER VIS-A-VIS D’UNE PERSONNE DEFICIENTE AUDITIVE ?
Reconnaître une personne déficiente auditive
La déficience auditive est peu visible mais fréquente. Sans s’en rendre compte, on croise de nombreuses personnes malentendantes ou sourdes chaque jour.
Alors, comment reconnaître une personne déficiente auditive ?Plusieurs signes peuvent l’indiquer :
la personne montre son oreille du doigt et secoue sa tête
elle bouge les lèvres sans produire de son
elle communique avec des signes
elle présente un papier et un bic
Faciliter la lecture labiale
La lecture labiale est difficile et contraignante. Si certaines conditions ne sont pas respectées pour l’utiliser, la personne déficiente aura du mal à comprendre son interlocuteur.
Voici quelques conseils de base :
se placer en face de la personne
assurer un éclairage suffisant
éliminer les obstacles entre la personne déficiente et l’interlocuteur
veiller à garder une distance courte entre la personne et l’interlocuteur
faire des phrases concises
maintenir le contact visuel
éliminer les sons environnants (car ceux-ci sont amplifiés avec une prothèse auditive que portent les personnes malentendantes)
ne pas prolonger la rencontre car la lecture labiale demande beaucoup d’efforts de concentration
si une phrase n’est pas comprise, reformuler l’idée plutôt que répéter la phrase
laisser la personne s’exprimer et ne pas parler à sa place
Tibet, homme malentendant à la suite de prise d’un médicament non homologué contre les maux de tête, vendu en rue© Handicap International
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utiliser les mimes, les expressions corporelles, l’écrit
éviter de mâchouiller un chewing gum, de porter une barbe ou une écharpe qui cache la bouche, de fumer une cigarette, etc.
Signaler une alerte sonore
Pour signaler un danger, une fermeture de porte, ou encore appeler à l’évacuation d’un bâtiment, des signaux sonores sont souvent utilisés.
Mais évidemment, les personnes malentendantes ou sourdes ne les perçoivent pas. Il convient alors de les informer d’une urgence, d’une communication, etc. d’une autre façon, et le cas échéant, de leur venir en aide.
Indiquer une direction
Quand une personne malentendante ou sourde demande son chemin, plusieurs petites choses peuvent lui faciliter la vie :
se placer à côté de la personne
ne pas parler en marchant
faire éventuellement des dessins
VOIR FICHES THEMATIQUES - 7. Droits des personnes handicapées - 8. Accessibilité
VOIR ACTIVITES- 1. La ruée vers la richesse et le pouvoir- 3. Ne coupons pas les ponts !- 7. Photo-langage- 9. Défis-sens- 11. Contes
DATE-CLE4ème samedi du mois de septembre : Journée mondiale des sourds
Déficienceauditive
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THEMA 5
Déficience intellectuelle
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la
déficience intellectuelle touche près de 156 millions de
personnes, c’est-à-dire 3% de la population mondiale. La
Belgique compte 160.000 personnes déficientes intellectuelles,
toutes catégories sociales confondues1. Cela correspond à un
Belge sur septante. En prenant en compte l’entourage, ce
sont près d’un million de personnes qui sont concernées par
cette déficience dans notre pays, c’est-à-dire 10% de la
population belge.
1 Spécial Olympics, consulté le 5 novembre 2009, http://www.specialolympics.be
THEMA 6
QU’EST-CE QUE LA DEFICIENCE INTELLECTUELLE ?
Selon l’OMS, « la personne ayant une déficience intellectuelle a une capacité plus limi-tée d’apprentissage et un développement de l’intelligence qui diffère de la moyenne des gens ».
Une personne déficiente intellectuelle présente les 3 caractéristiques suivantes :
un niveau de fonctionnement cognitif global significativement inférieur à la moyenne
une réduction des capacités d’adaptation aux exigences quotidiennes de l’environnement social
la manifestation de ces difficultés pendant la période de développement, c’est-à-dire avant 18 ans
D’autres termes sont également (encore) utilisés pour parler de la déficience intellectu-elle : handicap mental, retard mental, arriération mentale ou troubles d’apprentissage. « Déficience intellectuelle » est le terme connoté le moins négativement.
Contrairement aux autres déficien-ces pouvant survenir au cours de la vie, la déficience intellectuelle apparaît avant la naissance, à la naissance ou avant 18 ans, âge de référence de la fin du développe-ment de l’être humain.
Les types de déficience intellec-tuelle sont nombreux et multifor-mes. Parmi eux, on peut citer la trisomie 21 ou syndrome de Down, et le syndrome du X fragile ou syndrome de Martin-Bell. D’autres types sont bien moins connus.
La déficience intel lectuel le ne se « soigne » pas. Mais, grâce à une éducation et un accompagnement adaptés, le fonctionnement généralde la personne déficiente intellectuelle s’améliore.
Déficience intellectuelle et maladie mentale, deux choses différentes !
La maladie mentale concerne des troubles psychiques, pouvant survenir à tout moment de la vie, à partir de l’adolescence, mais surtout à l’âge adulte. Son origine réside dans un trouble du fonctionnement : fragilité de certains aspects de la personnalité, périodes de stress prolongé et important, conflits psychologiques, réactions émotionnelles inap-propriées, distorsion de la compréhension et de la communication, etc.
Les maladies mentales peuvent être soignées dans certains cas, grâce à des thérapies adaptées.
La différence entre la déficience intellectuelle et les maladies mentales réside princi-palement dans le moment où le problème survient. Les déficiences intellectuelles se manifestent pendant la période de développement de l’individu, avant 18 ans. Les manifestations extérieures de la déficience intellectuelle sont plus précocement visibles et ont des conséquences importantes sur le développement intellectuel et affectif encore inachevé de la personne concernée. Au contraire, pour les maladies mentales, le développement de l’individu s’est en apparence bien effectué et la détério-ration latente ne se manifeste de façon apparente qu’après la période de développe-ment de la personne.
La déficience intellectuelle et l’autisme, deux choses différentes !
« L'autisme fait référence aux troubles envahissants du développement. En d'autres termes, les difficultés envahissent de nombreux domaines du fonctionnement de la personne, en particulier tous ceux qui nécessitent ou engendrent des contacts avec l'environnement. Les caractéristiques de l'autisme peuvent être classées en trois caté-gories : les relations sociales, la communication et l'imagination. C'est ce que l'on appelle la triade.
Par ailleurs, ces caractéristiques peuvent apparaître sous différentes combinaisons et avec une intensité variable. Par conséquent, les personnes autistes sont très différentes les unes des autres »2.
Environ 50% des personnes autistes présentent une déficience intellectuelle.
France, Foyer "Gabrielle Bordier", femme déficiente intellectuelle résidant en foyer et participant au tri du linge.© Jérôme Deya
Chine, Comté de Mashan, fillette autiste© Jacques Grison / Rapho
2 Participate !, consulté le 5 novembre 2009, http://www.participate-autism.be
Déficienceintellectuelle
THEMA 6
Déficienceintellectuelle
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LES CAUSES DE LA DEFICIENCE INTELLECTUELLE
Les causes de la déficience intellectuelle sont nombreuses, variées et pour certaines inconnues.
Elles surviennent :
Avant la naissance : d’origine congénitale (maladies génétiques, aberrations chro-mosomiques, incompatibilité sanguine) ou liées à un problème de grossesse de la maman (radiation ionisante, virus, certains médicaments, parasites, alcool, tabac, maladies comme la toxoplasmose, etc.)
A la naissance : souffrance cérébrale du nouveau-né, prématurité...
Entre 0 et 18 ans : maladies infectieuses, virales ou métaboliques, intoxications, traumatismes crâniens, noyades, asphyxies...
LES DIFFERENTS TYPES DE DEFICIENCE INTELLECTUELLE
Le type le plus connu est la trisomie 21 ou syndrome de Down, mais il en existe d’autres, dont beaucoup ne se caractérisent pas nécessairement physiquement. La déficience est alors invisible.
La trisomie 21 ou syndrome de DownLa trisomie 21 est d’origine congénitale et est due à une aberration chromosomique : dans chaque cellule du corps, il y a un chromosome en plus au niveau de la 21ème paire. Un bébé sur 800 naît porteur de la trisomie 21.
La trisomie 21 est parfois appelée « mon-golisme » - expression péjorative dont l’origine vient de la supposée ressem-blance des personnes trisomiques aux peuples mongols.
La trisomie 21 se caractérise aussi par une déficience intellectuelle et un retard moteur, une sensibilité particulière aux infections, le surpoids, le vieillissement précoce, des troubles de la vue et de l’audition, parfois de l’épilepsie, etc.
Les personnes présentant une trisomie 21 sont connues pour être également très affectueuses et conviviales. Certains parlent même du « chromosome de l’amour » qu’elles auraient en plus que les autres.
Le syndrome du X fragile ou syndrome de Martin-BellLe syndrome du X fragile touche un garçon sur 4.000 et 1 fille sur 8.000. Il s’agit d’une affection héréditaire due au mauvais fonctionnement d’un gène qui se trouve sur le chromosome X. Le syndrome du X fragile se caractérise par une déficience intellectuelle, des troubles du langage, de la mémoire, de l’hyperactivité, la fuite du regard, des troubles de la vue, du strabisme, etc. Physiquement, la personne a souvent un visage avec de grandes oreilles et un front proéminent.
Les autres types de déficiences I l existe de nombreux autres types de déficiences intellectuelles, associées ou non à d’autres déficiences, physiques ou sensorielles.
En Belgique, on classe la déficience intellectuelle ou « retard mental » en 4 catégories :
Léger : la personne est capable d’apprentissage scolaire jusqu’à 7 ou 8 ans, puis légère inadaptationModéré : la personne a le niveau d’un enfant de 6 ans maximum. Elle doit être sous la responsabilité de quelqu’un. Sévère : les gestes quotidiens ne sont pas possibles dans certains cas (se laver, s’habiller, manger, etc.). Dans d’autres cas, la personne peut les apprendre. Le retard mental est souvent accompagné de troubles moteurs et du comportement.Profond : la personne doit toujours être accompagnée, au quotidien.
Les personnes qui présentent un « retard mental » léger ou modéré représentent plus de 90% des personnes déficientes intellectuelles. Ces personnes sont tout à fait capables de travailler, moyennant quelques adaptations. Les retards mentaux sévères et profonds sont, eux, beaucoup plus rares.
LES PROBLEMES QUOTIDIENS DES PERSONNES DEFICIENTES INTELLECTUELLES Plus que d’autres types de situations de handicaps, les personnes déficientes intellectu-elles sont régulièrement l’objet de moqueries ou d’insultes de la part d’autrui, dont elles se plaignent régulièrement.
Au-delà de ces regards et comportements inappropriés, la personne déficiente intellec-tuelle peut avoir :
- des problèmes d’adaptation à la vie quotidienne - des difficultés de compréhension, de communication, de mémoire, de prise de
décision, d’analyse, de concentration- des difficultés de langage- des difficultés pour se repérer dans l’espace ou pour avoir la bonne notion du temps
Sur le plan psychologique, les personnes déficientes intellectuelles se sentent isolées, anxieuses et incomprises de leur propre entourage. Elles ont souvent peu d’estime d’elles-mêmes.
Bangladesh, Sharika, enfant trisomique scolarisée © Laurent Duvillier - pour Handicap Interntional
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LES PISTES DE SOLUTIONS
1. Prévention
On peut difficilement prévenir la déficience intellectuelle, elle résulte essentiellement du hasard. On peut néanmoins isoler des facteurs à risques, pour la mère durant la grossesse, et agir dessus :
La consommation d’alcool, drogues et tabacLa mauvaise nutritionL’âge de la mèreLe trauma subi par le bébé (ex : violence sur femme enceinte, chute)L’asphyxie (manque d’oxygène)La consanguinité (culturellement, dans certaines régions du monde, au Nord comme au Sud, on assiste à des mariages consanguins. Exemple : mariage entre cousins germains).Etc.
2. Réadaptation
Approches thérapeutiques
Pour favoriser l’autonomie des personnes déficientes intellectuelles, il est essentiel qu’elles gagnent de la confiance en elles et augmentent leur auto-estime. Différents types d’accompagnement et approches thérapeutiques existent aujourd’hui et font leurs preuves :
La zoothérapie : médiation animale qui s'exerce en individuel ou en petit groupe de trois personnes maximum, à l'aide d'un animal familier (cheval, chien, chat)
L’art-thérapie : outil thérapeutique qui recourt aux arts comme la musique (musicothérapie), la peinture, la sculpture, la danse, le conte, etc. pour rétablir, maintenir ou améliorer la santé mentale, physique et émotionnelle d'une personne, à partir de ses propres potentiels.
Par ailleurs, en fonction du degré de la déficience intellectuelle, la personne devra être accompagnée dans sa vie quotidienne, ou si nécessaire, vivre dans une institution.
Au cours des 20 dernières années, le secteur médico-social a constamment évolué afin d’œuvrer à l’amélioration des conditions de vie des personnes déficientes intel-lectuelles. Une des caractéristiques de cette évolution a été la mise en place de dispositifs favorisant une intégration sociale. Ces dispositifs ont pour objectif de faciliter l’autonomie de la personne à travers l’accomplissement d’actes de la vie quotidienne. Des services d’accompagnement sont généralement mis en place pour les personnes déficientes intellectuelles qui exercent une activité et pouvant vivre de façon relativement indépendante, soit en foyer soit en appartements indi-viduels ou collectifs. Les personnes déficientes intellectuelles qui bénéficient de ces services ont de façon générale rapidement l’envie d’avoir la vie la plus « normale »,
de vivre avec et comme les autres. Elles souhaitent se déplacer seules, prendre les transports en commun, travailler, gagner leur vie, partir en vacances, avoir des amis, avoir une vie amoureuse, se marier et avoir des enfants3.
Accompagnement humain
« Les difficultés quotidiennes doivent être compensées par un accompagnement humain, permanent et évolutif, adapté à l’état et à la situation de la personne. Le fonctionnement de la personne s'améliore grâce à des soutiens adaptés. En plaçant au centre du processus les interactions entre la personne et l'ensemble de son écologie, la définition actuelle place toute démarche diagnostique et éducative dans son contexte »4.
3. Accessibilité
Pour se procurer davantage d’informations sur l’accessibilité des personnes atteintes de déficiences intellectuelles, veuillez vous rendre à la fiche thématique « 8. Accessibilité », au point « accessibilité et déficience intellectuelle ».
3 UNAPEI, Parentalité et déficience intellectuelle, extrait le 20 octobre 2009, http://www.unapei.org
4 J.-L. LAMBERT, Les déficiences intellectuelles : Actualité et défis, Universitaires De Fribourg, Suisse, 2002
France, Musée du Louvre à Paris, visite adaptée pour adolescents déficients intellectuels © Jérôme Deya
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COMMENT SE COMPORTER VIS-A-VIS DES PERSONNES DEFICIENTES INTELLECTUELLES ?
S’adresser à la personne déficiente intellectuelle directement, et non à son accom-pagnateur
Formuler des questions concises et concrètes
Avoir un langage simple mais pas enfantin
Avoir une relation d’adulte à adulte, sans paternalisme, sans infantilisation
Ne pas avoir de sentiment de pitié
Proposer de l’aide
Tolérer certains comportements inappropriés
Veiller à utiliser un langage approprié (éviter des mots comme « débile », « handic », « gogole », « mongole », etc.)
Demander à la personne de répéter afin de s’assurer qu’elle a bien compris les points importants
Etre calme et patient
VOIR FICHES THEMATIQUES- 7. Droits des personnes handicapées - 8. Accessibilité- 16. Famille, sexualité, parentalité - 17. Politique
VOIR ACTIVITES- 7. Photo-langage- 11. Contes- 12. Let’s talk about sex !
DATES-CLES2 avril : Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme21 novembre : Journée mondiale de la trisomie 21
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Droits des personnes handicapées
Partout dans le monde, les personnes handicapées sont
discriminées et ne sont pas « égales » aux autres. Leurs
droits sont trop peu respectés. Elles ont moins accès que le
reste de la population à la santé, à l’éducation, au vote, au
travail, à la sécurité, à la dignité, à la vie familiale et affective,
aux loisirs. Pourtant, « tous les êtres humains naissent libres
et égaux en dignité et en droits », rappelle la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme. Trop de personnes
handicapées vivent marginalisées, invisibles et exclues du
reste de la société, et ne participent pas pleinement à la vie
politique et sociale, dénuées de leurs droits parfois les plus
fondamentaux.
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L’EGALITE POUR TOUS
Le droit est un ensemble de règles qui servent à organiser la vie entre les êtres humains. Le handicap, lui, est un phénomène universel et inévitable de la diversité humaine. Objet de charité et de pitié, ou fardeau pour la société, la personne handicapée tend aujourd’hui à être considérée théoriquement surtout comme sujet à part entière, ayant des droits et des devoirs. L’application des droits des personnes handicapées représente aujourd’hui un enjeu fondamental de la justice, du respect et de la dignité pour tous.
Les droits humains se divisent en deux grandes catégories :
Les droits civils et politiques (liberté d’expression, vote, etc.)Les droits économiques, sociaux et culturels (satisfaction des besoins fonda-mentaux)
Pour appliquer la Déclaration Universelles des Droits de l’Homme, il convient de s’assurer que tous les droits des personnes handicapées soient pleinement respectés.
POURQUOI LES DROITS DES PERSONNES HANDICAPEES NE SONT PAS RESPECTES ?
Invisibles socialement et juridiquement, encore trop peu d’efforts sont consentis pour appliquer les droits des personnes handicapées. Souvent, elles sont donc oubliées dès la conception des projets, il n’est donc pas tenu compte de leurs besoins spécifiques dans la mise en œuvre de ceux-ci.
En effet, dans un pays du Sud sur trois, le taux d’enregistrement des naissances est inférieur à 50 %. Il en résulte que plus de la moitié des naissances ne sont pas enregis-trées, ce qui prive plus de 50 millions d’enfants d’un droit fondamental : la reconnais-sance de leur statut de citoyen. Ce phénomène est particulièrement important en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Ces enfants non enregistrés ne sont pas considérés comme étant membres à part entière de la société et ne peuvent pas bénéficier de services comme l’accès à des soins de santé de qualité ou aux services de base. Ces enfants ont plus de chance d’être confrontés à un handicap à cause de leur incapacité à accéder aux structures permettant de le prévenir ou de le guérir.
Un exemple : trop nombreux sont les bâtiments scolaires inaccessibles pour des personnes à mobilité réduite, car l’architecte n’a pas prévu de toilettes suffisamment grandes ou d’ascenseurs dans le bâtiment, en dessinant les plans. Dans ce cas, dès le départ, les personnes à mobilité réduite ont été oubliées. Dès lors, leur droit à l’éducation est mis en péril.
Autre exemple : combien de gares ou de stations de métro sont équipées pour faciliter la libre circulation des personnes handicapées (personnes en fauteuils roulants, aveugles) ? Leur droit d’accès aux transports est alors très réduit si ces personnes ne disposent pas d’aide particulière (présence quasi permanente d’un parent à leurs côtés).
Du côté de la législation, en mai 2008, seuls 45 pays (sur 192) dans le monde avaient une législation antidiscriminatoire ou faisant spécifiquement référence aux personnes handicapées.
LA CONVENTION INTERNATIONALE RELATIVE AUX DROITS DES PERSONNES HANDICAPEES
Les droits de l’Homme s’appliquent à tout le monde. Mais en pratique, les groupes les plus vulnérables nécessitent une protection particulière. Pour cette raison, des traités internationaux concernant les droits des enfants et des femmes ont été conçus et sont censés être appliqués depuis un certain nombre d’années. Il aura fallu attendre le 13 décembre 2006 pour que l’Assemblée générale des Nations Unies adopte une Conven-tion internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées. Ce texte constitue une avancée historique pour les personnes handicapées du monde entier.
Assemblée au Nations Unies (New York) pour la Convention Internationale des Droits des Personnes Handicapées© Catherine Dixon - Handicap International
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Cette Convention ne crée aucun nouveau droit, elle rappelle des droits existants en mentionnant les besoins spécifiques des personnes handicapées. Elle repose sur la vision d’une société inclusive dans laquelle tout le monde aurait les mêmes droits et les mêmes opportunités.
Cette vision s’illustre à travers 8 principes généraux (art. 3) :
Dignité, autonomie, liberté de choix, indépendanceNon-discriminationParticipation et intégration à la sociétéRespect de la différenceÉgalité des chancesAccessibilitéÉgalité entre les hommes et les femmesRespect du développement de l’enfant handicapé
Les étapes d’élaboration et d’entrée en vigueur de la Convention
Depuis l’adoption de la Convention, plusieurs étapes sont nécessaires avant son entrée en vigueur :
La signature Les Etats qui approuvent le texte peuvent le signer.
La ratification Les Etats deviennent Etats parties de la Convention et ils s’engagent à mettre en pratique dans leurs lois nationales les principes de la Convention.
L’entrée en vigueur La Convention devient obligatoire pour tous les Etats parties (ceux qui ont ratifié la Convention), dès que le nombre de 20 Etats parties2 est atteint.
Le 3 avril 2008, la Convention a été ratifiée par un vingtième pays (l’Equateur) permet-tant à la Convention de devenir dès le 3 mai 2008 un texte de référence international à caractère contraignant. En effet, l’entrée en vigueur de la Convention oblige les Etats parties à intégrer dans leurs lois nationales des mesures antidiscriminatoires envers les personnes handicapées.
2 Depuis le 3 mai 2008, la Convention est entrée en vigueur. Données mises à jour régulièrement sur www.handicap-international.fr/convention.
VOIR FICHES THEMATIQUES- 8. Accessibilité- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination- 11. Santé- 12. Education - 14. Genre- 17. Politique- 18. Urgence- 19. Coopération au développement- 24. Guerres : mines et armes à sous-munitions
VOIR ACTIVITES- 2. Un pas en avant !- 4. Le roi des droits- 6. Tous enfants, tous des droits !- 7. Photo-langage
DATES CLES3 décembre : Journée internationale des personnes handicapées 10 décembre : Journée internationale des droits de l’Homme
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Accessibilité
Lorsqu’on parle d’ « accessibilité » au sein de la thématique
du handicap, cela signifie pouvoir accéder aux services et aux
informations de la vie quotidienne dont tout le monde peut
bénéficier. Parmi ceux-ci, nous citerons : aller à l’école,
pouvoir se faire soigner, pouvoir travailler, faire du sport, voir
un film, voter, traverser la rue, surfer sur Internet… Dans la
plupart des pays du Sud, les personnes handicapées sont
confrontées à des obstacles importants pour exercer ces
activités. En effet, seulement 2% des personnes handicapées
sont scolarisés1, 80% sont sans emploi2, et seulement 2%
également ont accès aux soins de santé de base3. Améliorer
l’« accessibilité » des personnes handicapées dans les pays du
Sud est un élément essentiel pour réduire la pauvreté à
laquelle ces personnes sont confrontées.
1 Chiffres de l’UNICEF, www.unicef.org/french
2 Chiffres de l’OIT, www.oit.org
3 Chiffres de l’UNESCO, www.unesco.org
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PAS D’ACCESSIBILITE, PAS DE DROITS !
L’article 9 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handica-pées stipule que chaque Etat partie s’engage à assurer l ’accès à l ’environnement phy-sique, aux transports, à l ’information et à la communication (y compris aux systèmes et technologies de l ’information et de la communication), et aux autres équipements et services ouverts ou fournis au public, tant dans les zones urbaines que rurales. La Convention identifie également les obstacles et les barrières à l ’accessibilité, parmi ceux-ci, les bâtiments, la voirie, les transports, les écoles, les logements, les installa-tions médicales et les lieux de travail4.
La thématique de l ’accessibilité est également essentielle pour les programmes de développement dans le cadre de la réalisation des « Objectifs du Millénaire ».
Le premier objectif de ce programme vise à réduire l’extrême pauvreté. Parmi les personnes les plus pauvres de la planète, une personne sur cinq est handicapée5. Les causes de cette pauvreté sont principalement le manque d’accès au travail, à l’éducation et aux ressources. L’éducation primaire pour tous est également un objectif qui ne peut être réalisé sans prendre en compte le problème de l’accessibilité des bâtiments scolaires. L’accès aux soins de santé pour les personnes handicapées est aussi important si l’on veut diminuer la mortalité infan-tile, améliorer la santé maternelle et combattre l’expansion des maladies mortelles ou invalidantes.
L’accessibilité représente un gain réel d’autonomie pour les personnes handicapées. Plus les services et les informations sont accessibles, moins les personnes handicapées doivent demander de l’aide. Cette facilité rend aussi la dignité aux personnes handicapées.
L’ACCESSIBILITE EST DIFFERENTE EN FONCTION DU TYPE DE DEFICIENCE
Souvent, quand on parle d’accessibilité, on parle uniquement des personnes handi-capées motrices. De manière plus large, l ’accessibilité concerne toutes les personnes handicapées, qu’elles soient handicapées motrices, sensorielles ou déficientes intel-lectuelles. Comme il existe de nombreuses formes différentes de handicaps, il existe également différentes façons de rendre accessibles les services et les informations pour une personne handicapée, adaptées à sa déficience.
Accessibilité et déficience motrice
Outre les traitements et les dispositifs d’aide, une personne handicapée motrice se sentira moins en situation de handicap si l’environnement dans lequel elle vit est adapté. Pour les personnes handicapées motrices, l’accessibilité concerne l’amélioration de leurs déplacements dans la ville, à l’intérieur d’un bâtiment et pour y accéder. Par exemple, pour une personne en chaise roulante, la différence de niveau entre un trottoir et une entrée ne peut dépasser 2cm. Au-delà de cette hauteur, la personne en chaise roulante a besoin d’aide pour incliner la chaise.
Exemples
Rampes d’accès aux bâtiments (pente de 5% maximum)Ascenseurs dans les bâtiments WC adaptésPoste de travail adapté Emplacements de parking réservésElargissement des endroits de passage (90cm minimum)Des bus publics avec une place réservée aux personnes handicapées et un accès facile au bus en chaise roulantePour les élections, une cabine de vote assez grande et dont la tablette est à hauteur d’une personne assiseDes espaces suffisamment grands pour permettre le déplacement facile en chaise roulanteDes éléments placés à hauteur d’une personne assise, etc. Etc.
© Handicap International
4 Disponible en intégralité sur le site : www.un.org/french/disabilities/convention
5 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, p. 12
Cambodge, accessibilité limitée en milieu rural© Bernard Franck - Handicap International
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Accessibilité et déficience visuelle
Avec le temps, les dispositifs pour permettre aux personnes malvoyantes de lire sur un écran d’ordinateur, de lire des imprimés ou pour se déplacer, se sont considérablement développés.
Pour les personnes malvoyantes, la lecture sera facilitée par :
Des grands caractèresDes contrastes entre les lettres et le fondUne loupe
Pour les personnes pour qui les aides ci-dessus ne suffisent pas, il existe également d’autres dispositifs, comme :
L’écriture Braille6. Il s’agit d’une écriture en relief comprenant des lettres représen-tées par six points placés dans un rectangle dans un ordre particulier. Plus de 60 combinaisons des points sont possibles, ce qui permet également d’intégrer des accents, des signes de ponctuation ou mathématiques et des notes de musique à l’écriture Braille. Pour lire, il suffit de toucher les points qui forment des phrases. Il existe 200 langues Braille à travers le monde (arabe, chinois, etc.). En 1878, l’écriture Braille est reconnue officiellement.
Les ordinateurs avec synthèse vocale
Les surfaces podotactiles : surface au sol dont le relief est différent des surfaces environnantes, permettant grâce au toucher avec les pieds de percevoir la limite entre 2 zones (devant un passage pour piétons par exemple)
Les signaux sonores qui se déclenchent lorsque le feu est vert pour traverser
Ces personnes se déplacent souvent à l’aide d’une canne blanche (aveugle) ou jaune (malvoyante) ou d’un chien guide.
Des aides techniques pour utiliser un ordinateur et accéder à Internet :
Les systèmes d’agrandissement (grand écran, vidéo-loupe, logiciel d’agrandissement)
Les autres systèmes de lecture (synthèse vocale, barrette Braille, preneur de notes, etc.)
Accessibilité et déficience auditive
Pour les personnes présentant une déficience auditive, l’accessibilité passe entre autres par :
Divers moyens de communicationPlusieurs moyens permettent aux personnes malentendantes et sourdes de com-muniquer entre elles ou avec des personnes non déficientes.
Restes auditifsPour les personnes malentendantes, le recours aux restes auditifs peut s’avérer utile en complément d’autres moyens.
Lecture labiale ou lecture sur les lèvresLa lecture labiale est une technique fréquemment utilisée par les personnes malentendantes et sourdes. Elle consiste à reconnaître le phonème que le sujet est en train de prononcer en fonction de la forme de la bouche et du visage que prend celui-ci lorsqu’il articule. Il est donc impératif de bien articuler et de se placer en face de la personne malentendante.
Langage des signes La langue des signes peut être la langue maternelle d’une personne sourde, c’est une langue gestuelle produite par les mouvements des mains, des bras, du visage et du corps dans son ensemble. Même s’il existe des signes communs, elle n’est pas universelle, on en compte plusieurs centaines à travers le monde : chaque langue des signes possède sa propre structure et sa propre syntaxe (par exemple, il y a de petites différences entre la langue des signes francophone de France et celle du Canada). En Belgique, il aura fallu attendre 2006 pour que les langues des signes française et néerlandaise soient reconnues comme langues officielles. Depuis, elles sont donc reconnues comme langue d’enseignement. Dans de nombreux autres pays, la langue des signes n’est pas reconnue, même si elle fort utilisée.
L’alphabet des kinèmes assistés (AKA) L’AKA est un système gestuel qui traduit chacun des mouvements de la bouche et du visage en une série de gestes facilement reconnaissables, mais qui de plus traduisent en même temps les mouvements de la phrase et de l’intonation. L'AKA accompagne donc la langue orale mais ne la remplace pas. L’apprentissage est assez complexe.
Suède, métro accessible aux personnes à mobilité réduite © Jérôme Deya
Cambodge, habitats sur pilotis non accessibles© Bernard Franck - Handicap International
6 Inventé par Louis Braille en 1827
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Le langage parlé complété (LPC)Le code LPC permet de visualiser la totalité du message oral et de lever ainsi les ambiguïtés dues à la lecture labiale. Il facilite l’acquisition de la langue orale par l’enfant sourd et également la maîtrise de la langue écrite.
La langue signée C’est un autre mode de com-munication gestuel, inter-médiaire entre la langue des signes et les aides à la lecture labiale. Il s’agit d’un système dans lequel chaque signe correspond à un mot. C’est un outil pédagogique pour faciliter l’apprentissage de la lecture et de l’expression des sourds.
Le recours à l’écrit Le recours à l’écrit peut s’avérer bien utile pour lacommunication entre une personne déficiente et une autre personne. La popu-lation ne présentant pas de déficience connaît rarement les langues expliquées ci-dessus. Avec le téléphone portable et l’apparition des SMS, la communica-tion avec et entre les personnes malentendantes ou sourdes a véritablement été améliorée.
L’accès à l’information parlée visiblePour accéder à l’information filmée (télévision, vidéos sur Internet, cinéma, etc.), il est nécessaire que toutes les paroles soient soit traduites en langue des signes, soit sous-titrées par écrit.
En Europe, plusieurs chaînes télévisées publiques prévoient dans leur programme quotidien le journal télévisé traduit en langues des signes. Mais ailleurs, bien souvent cette traduction n’existe pas.
La vélotypie, elle, est un procédé qui permet de faire de la transmission en temps réel de paroles en texte, grâce à un « clavier intelligent » et des programmes infor-matiques. La vélotypie met en œuvre les principes de l'écriture syllabique. On produit la syllabe en frappant simultanément plusieurs touches, en un accord, tout comme le ferait un pianiste. Le clavier présente 37 touches réparties en trois groupes : consonnes initiales, voyelles et consonnes finales.
L’accès au téléphoneJusqu’il y a peu, les personnes sourdes ne faisaient pas usage du téléphone. Avec les nouvelles technologies, la situation a changé : grâce à la vidéophonie et à la webcam, les personnes sourdes peuvent désormais se parler à distance ! Cependant, ces nouvelles technologies ont fait leur apparition dans quelques régions du monde, excluant les populations n’ayant pas encore accès aux nou-velles technologies.
Accessibilité et déficience intellectuelleLes personnes déficientes intellectuelles bénéficient également de certaines structures afin de leur permettre un meilleur accès à l ’information et aux services. En France, par exemple, l ’UNAPEI (association de parents et d’amis de personnes handicapées men-tales) et de nombreux partenaires ont développé le pictogramme « S3A » (symbole d’accueil, d’accompagnement et d’accessibilité). Ce symbole s’adresse aux personnes déficientes intellectuelles et plus largement à toutes les personnes qui ont des problèmes derepérage dans l’espace et dans le temps. Il peut être utilisé par toutes les personnes souhaitant accueillir dans la plus grande autonomie possible les personnes défi-cientes intellectuelles et par tous les opérateurs qui veulent faire un effort d’accessibilité pour ces personnes ou afficher une accessibilité déjà réalisée.
Cette mise en accessibilité peut prendre les formes suivantes :
Mettre en place dans un service administratif un accueil de qualité par des agents sensibilisés et éventuellement prévoir un accompagnement humain pour accomplir des formalitésMettre en place un repérage ou une signalétique dans les transports ou dans un bâtimentCréer des prestations spécifiquement adaptées dans les loisirs : visites de musée, ateliers culturels…Réaliser des produits adaptés, d’utilisation simple comme les logiciels adaptésMettre à disposition des moyens ou des outils d’information simplifiés (plan, guide, notice…)
Tibet, Lhassa, apprentissage de la langue des signes© Handicap International
Logo internationalsymbolisant la surdité© ICTA
France, Musée du Louvres à Paris, visite adaptée pour des adolescents déficients intellectuels© Jérome Deya
Pictogramme S3A © UNAPEI
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En Belgique
I l existe dans le droit belge depuis 1975 une loi relative à l’accès des personnes handica-pées. Depuis 2003, “Année Européenne de la personne handicapée”, de nombreuses initiatives ont vu le jour en Belgique tant par des brochures à l’attention des gestion-naires de bâtiments, des maîtres d’œuvres et futurs architectes, que par des campagnes d’information et des animations permettant à toute personne de se mettre à la place de personnes handicapées. Malgré ces efforts, certains problèmes persistent. Il est donc essentiel de continuer d’informer les professionnels du bâtiment ainsi que le grand public afin de pouvoir améliorer l’accessibilité pour les personnes handicapées en Belgique.
Dans les pays du Sud
Si on définit le terme « accessibilité » comme étant l’occasion pour des personnes d’avoir accès aux services et aux informations de la vie quotidienne, on constate alors que la situation pour les personnes handicapées dans les pays du Sud est alarmante. En effet, selon l’Institut de statistique de l’UNESCO, seulement 2% des personnes handica-pées ont accès aux services de santé de base et selon l’Organisation Internationale du Travail, 80% sont sans emploi. Quant aux enfants handicapés, d’après l’UNICEF, ils ne seraient que 2% à aller à l’école.
L’article 9 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handica-pées stipule que chaque Etat partie s’engage à assurer l’accessibilité aux transports, à la voirie, à l’information, etc. aux personnes handicapées de son pays.
VOIR FICHES THEMATIQUES- 7. Droits des personnes handicapées - 10. Pauvreté- 11. Santé- 12. Education
VOIR ACTIVITES- 1. La ruée vers la richesse et le pouvoir- 2. Un pas en avant !- 3. Ne coupons pas les ponts !- 7. Photo-langage- 9. Défis-sens
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Stéréotypes & préjugés, discrimination
Au même titre que d’autres groupes vulnérables ou en
marge de la société, les personnes handicapées sont l’objet
de nombreux stéréotypes et préjugés. Quels sont-ils et d’où
viennent-ils ? Comment apparaissent-ils ? Comment prendre
conscience d’eux ? Comment les briser ? Comment les
transformer ?
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LES CONCEPTS DE STEREOTYPE & PREJUGE, DISCRIMINATION
Un stéréotype est une « attitude, un regard général et simpliste à propos d’un groupe de personnes. Les stéréotypes sont souvent, mais pas toujours, négatifs. Ils peuvent être basés sur le préjugé ; ils peuvent également être le fruit d’un contact avec une personne appartenant à un groupe, si du moins l’impression donnée par une personne est consi-dérée comme étant vraie pour toute autre personne dans le groupe »1. Le stéréotype simplifie la réalité et ne tient pas compte des différences individuelles.
Exemple : « Les personnes pauvres sont fainéantes. »
Un préjugé est une « attitude ou une opinion personnelle, négative, adoptée par rapport à une personne ou un groupe qui n’est pas nécessairement basée sur la con-naissance de cette personne ou de ce groupe »2.
Porter un préjugé, c’est donc littéralement « juger avant », soit porter un jugement de valeur sans (bien) connaître. Le préjugé se fonde souvent sur un stéréotype.
La discrimination est le fait de porter des préjugés sur un groupe de personnes, les traiter différemment en raison de leurs « différences ».
On observe deux formes de discrimination :
La discrimination directe s’exerce lorsqu'une personne est traitée moins favorablement qu'une autre dans une situation comparable en raison de sa couleur de peau ou de son origine ethnique, de sa religion ou de ses convictions, de son handicap, de son âge ou de son orientation sexuelle.
Exemple : Une offre d'emploi qui précise que « les personnes handicapées ne doivent pas postuler ».
La discrimination indirecte s’observe lorsqu’un critère, une disposition ou une pratique apparemment neutre désavantage des personnes sur base de leur couleur de peau ou de leur origine ethnique, de leur religion ou de leurs convictions, de leur handi-cap, de leur âge ou de leur orientation sexuelle. A moins que cette disposition, ce critère ou cette pratique puisse être objectivement justifié par un objectif légitime.
Exemple : Exiger de toute personne qui postule pour un emploi donné de subir une épreuve dans une langue particulière, même si cette connaissance linguistique n'est pas nécessaire pour l'exécution de l'emploi vacant. Le test pourrait exclure toutes les personnes qui ont une autre langue maternelle.
STEREOTYPES ET PREJUGES SUR LES PERSONNES HANDICAPEES
Aujourd’hui, nous vivons dans une société de l’image. En effet, nous baignons dans l’ère du visuel : télévision, cinéma, publicité, etc. Ces différents moyens de communication véhiculent des modèles auxquels chacun tente de se conformer.
Les médias ont un rôle très important dans la construction de l ’image de la personne handicapée. En tant que telle, la quasi absence des personnes handi-capées dans les médias laisse penser qu’elles ont peu de valeur, ou une place moins importante que les autres dans la société. Lorsque les personnes handicapées apparaissent à la télévi-sion ou au cinéma, elles sont souvent présentées soit comme des victimes soit comme des êtres exceptionnels. Elles sont rarement présentées dans des situations courantes ou dans des événements de la vie de tous les jours. Elles sont donc marginalisées à l ’écran et dans la vie. Les préjugés et les représentations sociales véhiculées à travers les médias expliquent en partie
les traitements discriminatoires auxquels les personnes handicapées peuvent être confrontées. Les images présentées ont tendance à réduire la personne à son handi-cap, à l ’assimiler à un enfant, etc.
Ce sont donc des images misérabilistes qui sont véhiculées la plupart du temps et qui contribuent à la construction de préjugés. Les personnes handicapées sont souvent victimes de préjugés et de stéréotypes paternalistes au sujet de leur qualité de vie et de leur capacité de contribuer à la vie sociale et économique de la société. Ces attitudes négatives sont largement attribuables au fait que nous voyons les personnes handicapées comme des personnes présentant un défaut, une dysfonction, une anomalie ou une déficience. Ce point de vue découle d’une conception biologique du handicap, appelée le modèle médical3. Ce modèle s’attache à « corriger » les défi-ciences des personnes handicapées pour qu’elles fonctionnent « normalement » dans la société. Un corollaire à cette perception médicalisée de la déficience est la croyance selon laquelle les personnes handicapées auront invariablement une dépendance sociale et économique et que le traitement de leur trouble imposera un fardeau aux ressources publiques4.
1 S. FOUNTAIN, Education pour le développement, un outil pour un apprentissage global, De Boeck, Bruxelles, 1996, p. 83
2 Idem, p.83
Madagascar, le Dia Manga , manifestation organisée en faveur du respect des droits des personnes handicapées© M. Seth - Handicap International
3 Voir fiche thématique « 2. Généralités sur le handicap »
4 Association canadienne pour l'intégration communautaire, Immigration et incapacité, Mémoire présenté au Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration, Canada, avril 2005, p. 2
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Les mythes et préjugés entretenus au sujet des personnes ayant des déficiences phy-siques engendrent des comportements inadéquats qui peuvent devenir des obstacles de taille pour ces personnes, en limitant leurs opportunités de développement et d'épanouissement. Parfois même, les préjugés sont de plus gros obstacles que la défi-cience elle-même.
Il est primordial de veiller à s’informer de façon juste et adéquate sur les défi-ciences avec lesquelles certaines personnes vivent. C’est en effet généralement le manque de connaissance qui entraîne des préjugés et attitudes discriminantes.
Notons également que même les profes-sionnels du secteur peuvent être vecteurs de préjugés. Le handicap physique évoque souvent courage et injustice mais aussi volonté pour eux, alors que la déficience intellectuelle n’inspire souvent que pitié et compassion. On retrouve donc ici, chez des professionnels, les mêmes représentations qu’auprès du grand public.
Comment reconnaître un préjugé ?
Les critères suivants peuvent vous aider à reconnaître les attitudes et les gestes qui engendrent la discrimination des personnes handicapées. Demandez-vous si ce que vous entendez :
généralise l ’ensemble des personnes présentant une certaine déficience, c’est-à-dire présume qu'elles sont toutes pareilles plutôt que de les considérer indi-viduellementbanalise ou amoindrit la déficience elle-même ou les personnes qui en présententblesse les personnes déficientes en les insultant traite les personnes déficientes avec condescendance, comme si elles étaient inférieures aux autres
Voici quelques idées reçues souvent entendues sur les personnes handicapées qui peu-vent être déconstruites:
Les personnes malvoyantes ou aveugles vivent dans le noirEn fait, très peu de personnes aveugles vivent dans le noir total. Plus de 80% d'entre elles ont ce qu'on appelle un résidu visuel. Certaines distinguent le contour des objets, d’autres perçoivent un faisceau de lumière.
Les personnes sourdes sont « stupides »La surdité ne remet pas en cause les capacités intellectuelles. Les personnes présen-tant une déficience auditive possèdent divers degrés d'incapacité à entendre les sons et le fait que certaines d'entre elles préfèrent communiquer par le langage gestuel plutôt que par la parole n'est en rien lié à une déficience intellectuelle.
Les personnes atteintes de paralysie cérébrale sont retardées mentalementSi la paralysie cérébrale peut être causée par une blessure ou un dommage au cerveau, elle n'est pas pour autant associée à une déficience intellectuelle. La paralysie cérébrale entraîne des problèmes de coordination des mouvements, puisque le cerveau n'envoie pas les bons ordres aux muscles. Les conséquences physiques varient selon la gravité de la déficience et la localisation des lésions. Les conséquences les plus communes sont une difficulté de contrôle musculaire, un manque de coordination, de la spasticité ou des tremblements, des problèmes d'élocution, d'audition ou de vision.
Les étudiants handicapés profitent de leur déficience pour se la couler douceDans les hautes écoles et les universités, les services responsables de l’intégration des étudiants handicapés veillent à ce que les accommodations demandées pour un étudiant en situation de handicap ne constituent en aucun cas un privilège par rapport aux autres étudiants. Il faut savoir que certaines déficiences sont invisibles en apparence et cela constitue souvent un obstacle supplémentaire pour les personnes qui en sont atteintes. En plus de devoir fonctionner différemment des autres, elles doivent convaincre leur entourage de la réalité de leur handicap. C'est souvent le cas, par exemple, pour les personnes ayant un trouble d'apprentissage ou un déficit d'attention officiellement reconnu, une basse vision qui ne nécessite pas une canne, un chien guide ou des verres correcteurs très présents, mais pour qui lire ou écrire est difficile et fatigant.
Les personnes ayant un trouble d'apprentissage ne peuvent pas réussir d'études supérieuresCertaines personnes ayant un trouble d’apprentissage ont une intelligence égale et parfois même supérieure à la moyenne. Elles ont donc autant de chance que n’importe quel autre étudiant de réussir des études de niveau supérieur, à condition que certaines accommodations leurs soient octroyées. En effet, le handi-cap est en relation avec les obstacles rencontrés dans l'environnement. Ces personnes ont droit à des accommoda-tions appropriées au même titre que, par exemple, une personne malvoyante. Les accommodations les plus souvent utilisées sont : l'enregistrement de docu-ments scolaires leur permettant, par exemple, de contourner les « tours » que leur joue leur cerveau lors de la lecture ; du temps supplémentaire lors de la passa-tion d'examens, puisque ces personnes doivent redoubler d'attention en écrivant ; un local vide de toutes distractions pendant les examens. Le contexte particulier des études est souvent différent de celui du monde professionnel, comme les délais très courts demandés lors des examens ou remise de travaux et dans toutes les situations d’évaluation scolaire.
France, Nice, Boîte de nuit, Gregory et Ingrid dansent la salsa© Jérôme Deya
France, Juliette, étudiante en faculté à l ’université© Jérôme Deya
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DETRUISONS LES STEREOTYPES ET PREJUGES A L’EGARD DES PERSONNES HANDICAPEESCes quelques exemples de mythes créent des obstacles aux personnes handicapées dans leur vie de tous les jours. Pour limiter ceux-ci et changer la perception des gens sur les personnes présentant une déficience, il est important de diffuser une informa-tion adéquate sur le handicap. Une attitude et une image positive véhiculée notam-ment à travers les médias peuvent avoir des effets sur les comportements discrimina-toires des gens et les préjugés ancrés dans la société.
I l faut donc être attentif à présenter des images de personnes handicapées non misé-rabilistes, qui ne réduisent pas la personne à sa déficience. A ce titre, il est important de souligner que les termes « handicapé » ou « déficient » sont des adjectifs et non des substantifs. I l faut donc dire « une personne ayant une déficience » ou une « personne handicapée » plutôt qu’ « handicapé » qui est un terme pouvant susciter la gêne ou la pitié. Certaines associations spécialisées luttent dans ce sens pour que l’on supprime le mot « handicap » qu’elles jugent péjoratif. Notons également que les expressions telles que « souffre de », « atteint de » ou encore « frappé de » traduisent une douleur constante, un désespoir, un aspect systématiquement négatif. S’il est vrai que certains individus peuvent éprouver de tels sentiments, une déficience est un état, elle n’est pas nécessairement source de souffrance et ne requiert pas toujours des traitements médicaux.
Cambodge, enfant scolarisé dans une classe « ordinaire »© Isabelle Lesser - pour Handicap International
VOIR FICHES THEMATIQUES - 2. Généralités sur le handicap - 14. Genre- 20. Culture
VOIR ACTIVITES - 2. Un pas en avant !- 3. Ne coupons pas les ponts !- 5. Qui est derrière moi ?- 7. Photo-langage- 8. Médias-débat- 11. Contes
La raison, le jugement, viennent lentement, les préjugés accourent en foule
“”Jean-Jacques Rousseau
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Les personnes handicapées appartiennent aux couches les
plus défavorisées de la population mondiale. Dans les pays du
Sud, 80% des personnes handicapées vivent avec moins d’un
euro par jour. Une personne sur cinq qui vit en dessous du
seuil de pauvreté est handicapée. Les personnes handicapées
ont longtemps été oubliées de l’essentiel des programmes de
coopération au développement. Le handicap est à la fois une
cause et une conséquence de la pauvreté. En effet, ces deux
phénomènes ont tendance à se renforcer mutuellement et à
former un cercle vicieux. Les personnes handicapées se
trouvant dans une situation de pauvreté sont généralement
exclues de la vie économique et sociale de leurs
communautés. Il est donc essentiel de prendre en compte la
problématique du handicap dans l’élaboration de stratégie
visant la réduction de la pauvreté1.
1 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 12
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LA DIGNITE, UN DROIT HUMAINL’article 28 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées stipule que chaque personne handicapée a droit à un « niveau de vie adéquat et à la protec-tion sociale ». Dans ce cadre, la Convention évoque l’accès à l’alimentation, à l’habillement, à un logement adéquat et à l’amélioration constante des conditions de vie. Précisons égale-ment que la Convention affirme qu’il est nécessaire d’assurer aux personnes handicapées l’accès aux programmes de réduction de la pauvreté. La réduction de moitié de l’extrême pauvreté (personnes vivant avec moins d’un euro par jour) étant un des Objectifs du Millé-naire pour 2015, il est essentiel de se concentrer sur le sort des personnes handicapées2.
De plus, la Convention reconnaît aux personnes handicapées le « droit au travail » (Art. 27) notamment à travers la possibilité de gagner leur vie en accomplissant un travail ouvert, favorisant l’inclusion et accessible aux personnes handicapées3. Bien souvent, le manque d’accès au travail pour les personnes handicapées vivant dans les pays du Sud est un facteur renforçant la pauvreté.
Nous allons dès à présent analyser comment la pauvreté peut être un facteur à l’origine de situations de handicap, et dans un deuxième temps, nous évoquerons le handicap comme facteur de pauvreté.
En Belgique
Ici, comme ailleurs, les personnes handicapées se retrouvent souvent parmi les couches les plus précaires de la population du fait de plusieurs raisons, en voici une liste non exhaustive :
Soins coûteux (dont aides à domicile, etc.)Moins d’accès au travail4
Moins d’accès aux formationsAllocations de l’Etat peu élevéesEtc.
Dans notre pays, les personnes handicapées perçoivent deux types d’allocations. Les alloca-tions de remplacement de revenu visant à suppléer le revenu que ne peut pas toucher la personne handicapée du fait de son handicap et les allocations d’intégration visant à suppléer le surcoût dû au handicap. Les allocations sociales ou allocation de remplacement de revenus se basent sur les revenus, l’allocation d’intégration se base sur le degré de handicap d’une personne si, et seulement si, le handicap ne disparaît pas ni par suite d’une mise au travail, ni par suite d’une mise en ménage. Ces dernières années, les actions menées au niveau politique ont été principalement de relever le seuil à partir duquel on peut toucher l’allocation d’intégration et de rehausser l’allocation de remplacement de revenu. Des projets de lois visent à maintenir les allocations d’intégration sans tenir compte de la cohabitation ou de l’état civil de la personne qui en bénéficie5, ce qui n’est pas encore le cas actuellement6.
Dans les pays du sud
Le cercle vicieux pauvreté-handicap est particulièrement prégnant dans les pays du Sud et encore plus difficile à rompre que dans les pays du Nord.
La pauvreté entraîne les situations de handicap
Plusieurs éléments peuvent être soulevés pour expliquer les raisons de la pauvreté en tant que facteur de handicap :
La malnutrition
Premièrement, la satisfaction des besoins alimentaires est insuffisante dans de nombreuses régions du monde. Plus de 800 millions de personnes n’ont pas assez à manger pour satisfaire leurs besoins énergétiques quotidiens7 . Quand certaines substances nutritives essentielles font défaut dans le régime alimentaire d’un enfant, les conséquences peuvent être graves. La carence en fer chez le jeune enfant, par exemple, entrave le développement psychomoteur de celui-ci et fait baisser son quotient intellectuel. Des carences importantes en iode peuvent favoriser l’apparition d’une maladie appelée le « crétinisme »8. 2
Plus d’informations sur cet objectif du millénaire : http://www.un.org/french/millenniumgoals/poverty.shtml
3 Organisation des Nations Unies, Convention sur les droits des personnes handicapées
4 Voir fiche thématique « 13. Travail »
5 Le prix de l’amour, La pétition, le 20 octobre 2009, http://www.lapetition.be
6 Voir fiche « 16. Famille, sexualité et parentalité »
Togo, Lomé, homme handicapé des quatre membres qui mendie en rue pour pouvoir payer les personnes qui l ’aident au quotidien© Jérôme Deya
7 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 12
8 Le crétinisme est une maladie due au manque, d'origine congénitale, d'hormones thyroïdiennes. Ses symptômes sont un développement physique et mental arrêté, une dystrophie des os et des pièces molles, et un métabolisme de base diminué.
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La carence en vitamine A affaiblit le système immunitaire et peut entraîner la cécité, exposant les enfants à certaines maladies, telles que la diarrhée et la rougeole.
De nombreuses études démontrent que les risques de développement de mala-dies liées à l ’alimentation sont huit fois plus élevés chez les enfants. Selon l’Unicef, il y aurait actuellement 167 millions d’enfants dans le monde dont le poids corporel est insuffisant pour leur taille.
La mauvaise hygiène
La pauvreté économique implique souvent des conditions de vie insalubre et une hygiène qui fait défaut. Elle peut donc être indirec-tement responsable de l’importance de maladies invalidantes. Citons l’exemple de la poliomyélite9, maladie infectieuse contagieuse, qui se transmet par de l’eau ou des aliments contaminés au contact de matières fécales.
Les difficultés d’accès aux soins de santé
Les familles vivant dans la pauvreté économique ont peu de ressources à con-sacrer à la santé. En l ’absence de système de sécurité sociale qui rembourse les frais liés aux soins de santé, les personnes défavorisées sont plus exposées aux situations de handicap. En effet, elles n’ont pas l ’occasion de se faire soigner pour éviter une incapacité définitive.
Des conditions de travail dangereuses
Les personnes défavorisées sont plus exposées à des conditions de travail dangereuses. Souvent, elles acceptent un travail dans le secteur informel, où la protection des travailleurs n’est pas assurée. C’est le cas dans le travail du bâtiment par exemple. Les accidents de travail entraînant une invalidité sont plus importants auprès des personnes défavorisées10.
Le handicap entraîne la pauvreté
Le handicap va également être une source d’appauvrissement pour la personne et pour son entourage familial. Dans les pays du Sud, les personnes handicapées auront de grandes difficultés pour trouver un travail dans le secteur formel notam-ment à cause de leurs faibles niveaux d’éducation11. Dans ces pays, le taux de chômage des personnes handicapées est de 80%12. De plus, ces personnes ne pour-ront pas bénéficier d’une protection sociale pour pouvoir prendre en charge les frais médicaux liés à leur handicap. Bien souvent, la famille va devoir consacrer une partie de ses revenus et de son temps pour s’occuper de la personne handicapée. La présence d’une personne handicapée va donc appauvrir l’ensemble de la famille.
LA COOPERATION AU DEVELOPPEMENT POUR LUTTER CONTRE LA PAUVRETE
Si l’on veut parvenir à réduire de moitié la pauvreté mondiale comme le préconisent les Objectifs du Millénaire, il est essentiel de prendre en considération la problé-matique du handicap au sein des programmes de coopération au déve-loppement et des actions destinées à réduire la pauvreté. L’inclusion des personnes handicapées au sein de leur communauté est une première piste de réponse à saisir par les acteurs de la coopération internationale. Les plans internationaux doivent également pren-dre en compte la dimension éducative
des personnes handicapées pour leur faciliter l ’accès au marché de l ’emploi, mais aussi l ’accès aux droits à l ’alimentation, au travail, aux soins de santé, etc. La prise en compte transversale du handicap dans la coopération au développement correspond à l ’article 32 (coopération internationale) de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées13.
Vietnam, femme handicapée motrice dans son foyer© Layla Aerts - pour Handicap International
9 Voir fiche thématique « 3. Déficience motrice »
10 Voir fiche thématique « 13. Travail »
Vietnam, famille en milieu rural@ Layla Aerts - pour Handicap International
Asie du Sud-Est, entreprise employant des personnes handicapés motrices © Florent Milesi - Handicap International
11 Voir fiche thématique « 12. Education »
12 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p.12.
13 Voir fiche thématique « 19. Coopération au développement »
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 11. Santé- 12. Education- 13. Travail- 19. Coopération au développement
VOIR ACTIVITES- 1. La ruée vers la richesse et le pouvoir- 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage
DATE CLE17 octobre : Journée internationale de l’éradication de la pauvreté
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Santé
Groupe parmi les plus vulnérables, les personnes
handicapées des pays du Sud bénéficient très peu des
services de santé : seules 2%1 d’entre elles ont accès aux
soins de base. Les personnes handicapées sont plus
exposées aux risques de malnutrition et de maladies, et peu
bénéficient des campagnes de sensibilisation et de prévention.
La situation que vivent les personnes handicapées dans le
Sud en matière d’accès aux soins de santé diffère donc
radicalement de celle que l’on peut observer en Belgique. En
effet, ici, avec la sécurité sociale et la proximité des principaux
centres de santé, on estime que l’accès aux soins de santé
pour les personnes handicapées est plus aisé.
1 Unesco (2004), consulté le 9 novembre 2009, http://portal.unesco.org
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« LA POSSESSION DU MEILLEUR ETAT DE SANTE QU’IL EST CAPABLE D’ATTEINDRE CONSTITUE L’UN DES DROITS FONDAMENTAUX DE TOUT ETRE HUMAIN »
Le droit à la santé est reconnu dans plusieurs conventions internationales :
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamen-taux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ». (Extrait de la Constitution de l’OMS)
« Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le loge-ment, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté ». (Article 25 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme)
« Les personnes handicapées ont droit au meilleur niveau de santé possible sans subir de discrimination au motif de leur handicap. Elles doivent bénéficier de soins gratuits ou abordables aussi étendus et répondant aux mêmes normes de qualité que pour toute autre personne, ainsi que des services sanitaires que nécessite leur handicap et ne pas être victimes de discrimination en matière d’assurance santé ». (Article 25 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées)
SANS SANTE, PAS DE VIE DECENTE !
De même que l’éducation, la santé est un droit en tant que tel qui est intimement lié à l’application d’autres droits. En effet, une personne en mauvaise santé ne peut ni aller à l’école, ni se former, ni travailler. Par consé-quent, elle a peu de chance d’avoir suffisamment de ressour-ces pour vivre dignement. Entre autres pour se soigner, ce qui crée un cercle vicieux, sa santé se dégradant.
Quelles sont les causes de déficiences les plus courantes ?
Une déficience peut être causée par une grande série de facteurs. Parmi eux : des mala-dies, des malformations congénitales, des accidents de la route ou de travail, des catas-trophes naturelles, des conflits armés, etc. Les causes de déficiences sont donc nom-breuses et variées, directes ou indirectes. Les facteurs sont eux-mêmes dépendants du contexte politique, social, économique et culturel dans lequel la situation de handicap se construit.
Les principales causes de déficiences en Belgique
Cette question est assez complexe et en raison de la multiplicité des institutions en charge du handicap ( le domaine du handi-cap est partagé entre les institutions fédérales, régionales, communautaires et communales), i l est difficile de trouver une étude unique sur les causes de déficiences en Belgique. Ceci étant, une étude montre quelles sont les causes les plus courantes mettant des personnes en situation de handicap. En 20002, la répartition était la suivante :
Maladies : 41,9%Affections congénitales : 10,8%Accidents industriels : 8,7%Maladies professionnelles : 7,4%Accidents domestiques : 4,3%Accidents de la route : 5,2%Accidents de sport : 0,8%Autres : 20,9%
Les principales causes de déficiences dans les pays du sud
Dans les pays du Sud, la difficulté de trouver des informations sur le sujet est encore plus grande en raison de l’absence parfois totale de statistiques. Malgré cela, les situations de handicap rencontrées dans les pays du Sud peuvent être reliées à des phénomènes fréquents dont :
Des maladies infectieuses (poliomyélite3, éléphantiasis4, SIDA, lèpre, diabète, etc.)Des maladies pendant la grossesseDes malformations congénitales
2 A. LEVÊQUE, Y. COPPIETERS, R. LAGASSE, Accidents de la route et handicap. Etude sur l’importance et la mesure du handicap, ESP/ULB, juin 2000
3 Selon l’OMS, entre 10 et 20 millions de personnes à travers le monde sont handicapées à cause de la poliomyélite. Plus de détails : voir fiche thématique « 3. Déficience motrice »
4 L’éléphantiasis, ou filariose lymphatique, est due à un ver transmis par un moustique, et provoque d’importants gonflements des membres. Souvent, la maladie est invalidante. Selon l’OMS, plus de 40 millions de personnes dans le monde seraient handicapées en raison de cette maladie. Plus de détails : voir fiche thématique « 3. Déficience motrice »
Chine, Pék in, service collectif profitant aux personnes âgées et handicapées. Ici un homme retraité de 69 ans atteint d’une sévère scoliose depuis l ’enfance.© Jacques Grison / Rapho
France, Seine-et-Marne, séance de kinésithérapie : Marisa et Teddy© Jérôme Deya
Santé
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Santé
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Des accidents à la naissanceL’alcoolisme et l’usage de droguesLa malnutritionDes accidents de la routeDes accidents de travailDes accidents domestiquesDes catastrophes naturellesLes explosions de mines et d’armes à sous-munition
Pourquoi un même phénomène est plus grave dans les pays du Sud qu’en Belgique ?
Comme décrit ci-dessus, la plupart des causes de déficiences sont similaires tant en Belgique que dans les pays du Sud. Ce qui diffère entre un pays comme la Belgique et les pays du Sud, c’est :
Proportionnellement à l’ensemble de la population mondiale, un plus grand nombre de personnes sont touchées par des causes de handicap dans les pays du Sud
Exemple : En ce qui concerne les accidents de la route, 90% des victimes sont situées dans les pays du Sud.
L’impact d’une cause sur la situation de handicap est plus important dans les pays du Sud
Exemple :Une fracture multiple due à un accident de la route risque davantage de conduire à une situation de handicap dans les pays du Sud qu’en Belgique, en raison, souvent, de la difficulté d’accès aux soins de santé.
L’accès aux soins de santé est limité
Etre en situation de handicap nécessite, outre les soins de santé de base, des soins très spécifiques.
Or, les personnes handicapées ont peu d’accès aux soins de base, et encore moins aux soins spécifiques, pour différents types de raisons :
1. Raisons économiques
Les traitements médicaux (consultations et médicaments) et soins récurrents (kinésithérapie) sont trop chers pour les personnes handicapées et leurs familles
Le budget public alloué à la santé par l’Etat est insuffisant : aucune ou peu de sécurité sociale est organisée
Pauvreté et mauvaise santé sont en étroite relation
2. Manque d’accès à l’information
Les personnes handicapées et leurs familles ne bénéficient pas des campagnes de prévention :
- soit parce qu’elles n’ont pas été considérées comme groupe bénéficiaire- soit parce que les moyens de communication sont inadaptés aux personnes
déficientes intellectuelles ou sensorielles
Les personnes handicapées et leurs familles sont peu informées sur les traite-ments médicaux nécessaires pour guérir ou diminuer leur déficience.
Le personnel soignant et le corps médical manquent de connaissances sur les différents types de handicap, ce qui entraîne - outre des prises en charges inap-propriées - , une mauvaise compréhension des patients et de leur situation.
Le niveau d’éducation d’une population influence fortement son état de santé.
3. Manque d’accessibilité physique
I l y a peu de dispensaires ou de centres de réadaptation à proximité (surtout dans les zones rurales)
Il n’y a pas de transports adaptés pour s’y rendre
Il existe de nombreux obstacles à l’intérieur des centres (absence de rampes, couloirs trop étroits, tables d’examens inaccessibles)
4. Barrières socioculturelles5
Les personnes handicapées et leurs familles n’ont pas recours aux services de santé pour prévenir, soigner ou guérir un handicap, également pour des raisons culturel-les. Dans de nombreuses sociétés, le système de croyances est basé sur la force des ancêtres, le destin, le karma ou encore la punition divine, ce qui fait du handicap un phénomène faisant partie intégrante de l’ordre naturel des choses. Dès lors, la population ne considère pas les personnes handicapées comme différentes. Aucune raison n’existe alors de chercher à diminuer l’impact du handicap sur la vie d’une personne. Il n’est donc pas nécessaire d’être suivi médicalement lorsqu’on est porteur d’un handicap.
Afin de mieux cerner les spécificités de la problématique de l’accès aux soins de santé pour les personnes handicapées dans les pays du Sud, il est important de mettre en avant deux éléments spécifiques compliquant le problème dans les pays du Sud :
Cambodge, Phnom Penh, bidonville © C. Simon - Handicap International
5 Voir fiche thématique « 20. Culture »
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a. Handicap et genre
Les femmes rencontrent des obstacles supplémentaires d’ordre économique et culturel. En effet, dans de nombreuses sociétés, elles ont un statut en général inférieur à celui des hommes, elles n’ont pas de pouvoir de décision et les foyers dépensent moins pour leur santé. Les femmes handicapées sont également parmi les plus pauvres de la planète, ce qui a tendance à limiter leurs possibilités d’accès à des traitements coûteux ou à des examens. De plus, leur faible niveau d’éducation ne leur permet pas d’avoir accès à l’information adéquate et de comprendre la nécessité de certains soins6.
b. Handicap et sida
Le sida est une des maladies invalidantes les plus importantes dans les pays du Sud. Selon la Banque Mondiale, 80% des personnes handicapées sont exclues des programmes de prévention sida, et ce alors qu’elles sont tout autant, voire plus,
exposées à la maladie. Cette exclusion est large-ment liée à un des stéréotypes concernant les personnes handicapées qui consiste à croire qu’elles sont « asexuées », sans vie sexuelle, et n’ont donc pas besoin de bénéficier de programmes de prévention contre les maladies sexuellement transmissibles. Par ailleurs, les professionnels de la santé ne pensent pas toujours à faire des tests de dépistage chez cette catégorie de personnes. Pourtant, les personnes handicapées ont une vie sexuelle et familiale7 mais sont aussi plus fréquemment exposées aux violences sexuelles8, phénomène qui peut s’accentuer dans les régions où les croyances populaires attribuent aux personnes vierges le pouvoir de guérison de maladies9. On oublie aussi souvent les personnes handicapées des programmes de sensibilisation aux risques de transmission liés à l’allaitement.
Burk ina Faso, femme atteinte de la filar iose© Jean-Charles Bétrancourt - pour Handicap International
6 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 39
7 Voir fiche thématique « 16. Famille, sexualité, parentalité »
8 Voir fiche thématique « 22. Violence »
9 Voir fiche thématique « 20. Culture »
Kenya, séance de prévention et de sensibilisation à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le sida.© C. Smets / Luna - pour Handicap International
Notons aussi que la plupart des personnes handicapées, suite à une maladie ou un accident, ont été exposées à l’usage d’une aiguille ou à une transfusion de sang poten-tiellement contaminée par le virus du sida. En effet, il arrive que dans certaines condi-tions et dans certains pays du Sud, le matériel stérile fasse défaut et que le risque de contamination augmente.
COMMENT AGIR POUR AMELIORER L’ACCES AUX SOINS DE SANTE ?
Afin de limiter la présence de handicaps dans les pays du Sud, il est nécessaire de mener une action autour de trois niveaux d’intervention :
1. La prévention
Pour éviter ou diminuer une situation de handicap, la prévention trouve tout son sens. Il s’agit du moyen le plus efficace pour diminuer le nombre de personnes en situation de handicap et s’adresse à l’ensemble de la population. Tous les types de causes de déficiences peuvent être touchés par la prévention.
Concrètement on peut mener des campagnes de :
Sensibilisation, que ce soit en Belgique ou dans les pays du Sud.
Exemples :En Belgique, afin de prévenir les spina bifida10, des campagnes de sensibilisation sont menées auprès des femmes enceintes pour qu’elles prennent de la vitamine B9 (acide folique) au début de la grossesse, lors de la phase embryonnaire. Dans un pays où sévissent encore des mines anti-personnel, des campagnes d’éducation aux risques des mines sont organisées auprès des populations vivant dans les zones infectées11.Accidents de la route : port du casque pour les (moto)cyclistes.
Laos, sensibil isation à la sécurité routière© Handicap International
10 Le spina bifida est une malformation congénitale de la colonne vertébrale, pouvant entraîner, à des degrés divers, des malformations des membres ou de l’appareil urinaire, des méningites, etc.
11 Voir fiche thématique « 24. Guerres : mines et armes à sous-munition »
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Vaccination
Exemples :La loi belge oblige les parents à faire vacciner leur enfant contre la poliomyélite12 depuis 1956, ce qui a fait disparaître la maladie de notre pays. Ailleurs, particulièrement en Afrique, la loi n’oblige pas cette vaccination. Dès lors, de nombreuses campagnes de vaccination ont été menées par les gouvernements nationaux ou par des organisations étrangères. Mais cela n’a pas suffi à éradiquer la maladie et de nombreuses personnes sont encore en situation de handicap moteur suite à la contraction de la polio-myélite pendant l’enfance.
Déminage de surfaces infectées par des mines ou des armes à sous-munition non explosées13.
2. Réadaptation ou revalidation
Ce niveau d’intervention consiste à apporter des soins/appareils adaptés le plus tôt possible après l’apparition de l’incapacité. Il s’agit donc de permettre à chaque personne handicapée d’avoir accès à un soutien médical, ce qui inclut l’approvisionnement en médicaments, la chirurgie ou la fourniture d’assistance orthopédique et d’aides tech-niques. La réadaptation vise à restaurer l’état physique ou mental d’une personne et par conséquent, sa participation à tous les actes de la vie quotidienne14.
Exemples :Une fracture nécessite d’être soignée correctement et rapidement après son apparition, sinon elle peut se transformer en incapacité définitive. Une personne qui a perdu la vue suite à une maladie a besoin d’une canne pour se déplacer.
3. Réinsertion
De manière large, la réinsertion vise l’amélioration des conditions de vie pour diminuer l’impact du handicap dans la vie quotidienne d’une personne mais aussi de son entourage, de sa communauté.
Ce domaine vise donc avant tout à mettre en place des initiatives permettant aux personnes en situation de handicap qui ne peuvent plus exercer leur activité professionnelle de retrouver une activité génératrice de revenus15. Un autre objectif est d’éviter le rejet de la personne par sa communauté et de favoriser son insertion sociale. Le travail se fait principalement au sein de la communauté : démystification du handicap, projets communautaires où la personne handicapée elle-même s’intègre au groupe social dont elle fait partie. Les activités sportives et de loisirs peuvent à cette fin jouer un rôle important16.
12 La poliomyélite est une maladie contagieuse. Plus d’infos, voir fiche thématique « 3. Déficience motrice »
13 Voir fiche thématique « 24. Guerres : mines et armes à sous-munitions »
14 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 39
Bénin, Lokossa, Centre de rééducation Béthesda, traitement des malformations par le plâtre@ Jérôme Deya
Burundi, près de Bujumbura, groupe de personnes aveugles travail lant dans les champs© Dieter Telemans - pour Handicap International
15 Voir fiche thématique « 13. Travail »
16 Voir fiche thématique « 15. Sport et loisirs »
Santé
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 2. Généralités sur le handicap- 3. Déficience motrice- 20. Culture- 12. Education- 10. Pauvreté- 13. Travail
VOIR ACTIVITES - 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage
DATES CLES7 avril : Journée mondiale de la santé1er décembre : Journée mondiale de lutte contre le sida
Santé
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Education
L ’accès à l’éducation pour les enfants handicapés constitue
un sujet d’actualité préoccupant partout dans le monde. Au
sein de l’Union Européenne, un quart des enfants handicapés
sont scolarisés dans une école ordinaire. Les autres sont soit
scolarisés dans des écoles spéciales ou ne le sont pas du
tout1. Dans les pays du Sud, entre 50 et 70%2 des enfants vont
à l’école. Seulement 2%3 des enfants handicapés sont
scolarisés, et les filles handicapées sont encore plus exclues
du système scolaire que les garçons. Sur l’ensemble des
enfants non scolarisés à travers le monde, un tiers4 représente
des enfants handicapés. De plus, 30%5 des enfants des rues
sont handicapés.
1 B. ROSE & D. DOUMONT, Quelle intégration de l'enfant en situation de handicap dans les milieux d'accueil ?, Série de dossiers techniques, 07 – 45, vol.1, 26 p., UCL - RESO, Bruxelles, 2007, p. 5
2 Programme de Nations Unies pour le développement, consulté le 5 novembre 2009, http://www.undp.org/french.
3 Unesco, Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2003/4, consulté le 05 novembre 2009, http://portal.unesco.org/education/fr/ev.php-URL_ID=24155&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html.
4 Missing Millions report FTI 2007, consulté le 5 novembre 2009, http://www.ifiwatchnet.org/?q=en/node/3732.
5 Unicef, consulté le 5 novembre 2009, http://www.unicef.org/french.
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LE DROIT A L’EDUCATION, RECONNU DANS LES TEXTES LEGAUX INTERNATIONAUX
De nombreux textes légaux internationaux mentionnent les droits des enfants :
article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948)« Toute personne a droit à l’éducation, et l’enseignement élémentaire et fondamental
doit être gratuit et accessible à tous »
article 28 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (1989) « Tous les enfants ont droit à un enseignement primaire adéquat et doivent avoir le
même accès à l’enseignement secondaire »
article 23 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (1989) Cet article évoque spécifiquement les droits des enfants handicapés : à la dignité, aux soins de santé, etc.
article 24 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées (2006)« Les Etats assureront un accès égal à l’éducation primaire et secondaire, à la forma-
tion professionnelle, à la formation des adultes et à l’éducation permanente. Les méth-odes d’éducation employées doivent inclure les matériaux, techniques pédagogiques et autres formes de communication adéquats. Les élèves qui en ont besoin doivent recevoir un soutien pédagogique et ceux qui sont aveugles ou sourds doivent bénéficier des
modalités les plus appropriées de la part d’enseignants maîtrisant parfaitement la langue des signes ou le Braille. L’éducation des personnes handicapées doit avoir pour objectif de favoriser leur participation à la vie en société, leur sentiment de dignité et leur estime de soi et d’encourager le plein développement de leur potentiel, de leur personnalité, de leur créativité et de leurs aptitudes ».
L’EDUCATION, CLE DE VOUTE DU DEVELOPPEMENT HUMAIN
Droit en tant que tel, l’éducation est aussi une condition pour accéder aux autres droits civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels. En cela, elle représente une des clés de voûte du développement. Etre analphabète suppose directement ne pas pou-voir voter, accéder à une formation supérieure ou à tout type de travail, etc. Aussi, l’éducation permet tant l’épanouissement individuel que le renforcement d’une société. Ne pas y avoir accès constitue avant tout un frein !
L’ACCES A L’EDUCATION POUR LES ENFANTS HANDICAPES, EN BELGIQUE ET EN EUROPE
Dans les pays de l’Union Européenne, les enfants en situation de handicap représentent 2% de la population totale en âge scolaire. Un quart de ceux-ci sont scolarisés dans une école ordinaire, les autres sont scolarisés dans des écoles spécialisées ou ne sont pas scolarisés6.
Les politiques nationales diffèrent d’un pays à un autre dans le domaine. L’Italie, le Danemark, la Norvège et la Finlande ont peu recours aux écoles spécialisées.
6 B. ROSE & D. DOUMONT, Quelle intégration de l'enfant en situation de handicap dans les milieux d'accueil ?, Série de dossiers techniques, 07 – 45, vol.1, 26 p., UCL - RESO, Bruxelles, 2007, p. 5
Colombie, école © Phil ippe Revell i - pour Handicap International
Colombie, Rosa, jeune fille amputée en classe© Gaël Turine - pour Handicap International
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Quant à la Belgique, elle présente un parcours atypique : elle a supprimé, en 1970, ses classes intégrées accueillant des enfants « valides » et handicapés - jugées ségrégatives - au profit d’écoles spécialisées répondant mieux aux besoins des enfants en situation de handicap. Elle revient progressivement vers l’intégration depuis 19867. Cependant, l ’enseignement spécialisé constitue encore une part importante de la scolarisation des enfants handicapés et reste séparé de l ’enseignement « ordinaire ». La frontière entre les deux types d’enseignement est bien figée.
Ceci s’explique entre autres de plusieurs façons :
D’une part, la croyance générale repose sur le fait que les enfants handicapés ont nécessairement besoin d’un ensei-gnement « spécialisé » et qu’ils ne sont pas capables d’intégrer l’enseignement « ordinaire ». Les attitudes discrimina-toires et idées reçues des institutions publiques, des directions d’écoles, des professeurs, des autres élèves, sont encore fréquentes. Ce qui a pour conséquence que la plupart des enfants handicapés suivent l’enseignement « spécialisé ».
D’autre part, de nombreux bâtiments scolaires et transports restent inac-cessibles aux enfants handicapés, cequi constitue un autre élément empêchant les enfants handicapés d’accéder à l’enseignement ordinaire.
Enfin, les professeurs sont démunis pour inclure des enfants handicapés dans leur classe : manque de connaissance sur le handicap en général, d’outils spécifiques aux différents types de handicap, et d’une pédagogie différenciée pour enseigner à une classe mixte.
Ceci étant, il va sans dire que certains enfants handicapés ont réellement besoin d’un accompagnement pédagogique spécialisé en raison de leur déficience.
L’ACCES A L’EDUCATION POUR LES ENFANTS HANDI-CAPES DANS LES PAYS DU SUD
Dans les pays du Sud, la question se pose différemment. Le taux de scolarisation reste parfois bas pour les enfants non porteurs d’un handicap. Alors, que dire de la situation des enfants handicapés ?
Parmi les différentes raisons de non scolarisation des enfants handicapés, plusieurs sont à souligner et à ajouter à celles décrites ci-dessus :
Souvent démunis8, les parents ne peuvent pas payer les coûts de scolarisation de leurs enfants, qu’ils préfèrent dès lors envoyer travailler ou mendier.
Peu de parents voient l’intérêt d’envoyer leurs enfants handicapés à l’école. L’enfant handicapé est en effet souvent perçu comme un fardeau familial qui ne présente que des incapacités.
Les politiques nationales prennent peu en compte les enfants handicapés comme public à scolariser. De fait, aucune mesure concrète n’est prise pour inclure les enfants handicapés au système scolaire.
L’EDUCATION INCLUSIVE L’éducation inclusive est un système éducatif qui répond aux besoins d’apprentissage de tous les enfants et adolescents : enfants des rues, enfants issus de minorités ethniques, filles, enfants atteints du sida, enfants handicapés, etc. L’éducation inclusive vise à offrir les mêmes droits et opportunités à ces enfants qu’aux autres, et à dynamiser les interactions sociales entre eux. L’éducation inclusive concerne tant le système scolaire formel que tout autre système éducatif non formel, comme l’enseignement à la maison ou dans la communauté
Cambodge, Phoas, enfant amputée dans la cour de son école© Nathalie Moindrot - Handicap International
7 B. ROSE & D. DOUMONT, Quelle intégration de l'enfant en situation de handicap dans les milieux d'accueil ?, Série de dossiers techniques, 07 – 45, vol.1, 26 p., UCL - RESO, Bruxelles, 2007, p. 5
France, Juliette, étudiante en faculté © Jérome Deya
8 Deux facteurs de pauvreté sont à identifier ici : le contexte socio-économique fragile des pays du Sud engendrant la pauvreté de la majorité de la population, et les surcoûts de soins de santé, d’appareillage, etc. pour un enfant handicapé.
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 8. Accessibilité- 7. Droits des personnes handicapées- 13. Travail- 20. Culture
VOIR ACTIVITES -2. Un pas en avant !- 6. Tous enfants, tous des droits !- 7. Photo-langage
DATES-CLES8 septembre : Journée internationale de l’alphabétisation20 novembre : Journée internationale des droits des enfants
même. En ce qui concerne la question du handicap, il s’agit aussi de favoriser la collaboration entre les écoles spécialisées et les écoles « ordinaires ». L’éducation inclusive ne fonctionne pas toute seule, elle est une des facettes du « développement inclusif ».
La mixité au sein d’un même groupe d’enfants agit également sur les relations sociales entre les enfants. C’est également l’occasion pour les enfants handicapés d’être pleinement intégrés dans la société, au niveau de l’école. Quant aux autres enfants, l’expérience de la mixité les rend plus ouverts et tolérants par rapport à la différence.
République Démocratique du Congo, enfant handicapé scolarisé© Layla Aerts - pour Handicap International
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Travail
Selon l’Organisation Internationale du Travail, 80% des
personnes handicapées dans le monde sont sans emploi.
Selon la Banque Mondiale, 80% des personnes handicapées
des pays du Sud, vivent avec moins de 1 dollar par jour. En
Belgique, le taux de chômage des personnes handicapées est
de 2 à 3 fois1 plus élevé que le reste de la population. Les
personnes handicapées restent encore très invisibles dans le
monde du travail, alors que le travail est la clé de voûte du
quotidien de nombre d’entre nous !
1 Cf. L. Fohal, L’intégration professionnelle des personne handicapées ; les stratégies possibles, AWIPH, mai 2005
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DU TRAVAIL DECENT !
Selon l’article 23 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, « toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfai-santes de travail et à la protection contre le chômage ».
Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant, ainsi qu'à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale. De même, toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.
Le droit au travail est également repris dans la récente Convention Internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées : « Les personnes handicapées jouissent pleinement du droit de travailler et de gagner leur vie. Les pays interdiront la discrimi-nation dans les matières touchant à l’emploi, encourageront les activités indépendan-tes, l’entrepreneuriat et la création d’entreprises, engageront des personnes handica-pées dans le secteur public, encourageront leur recrutement dans le secteur privé et garantiront que les lieux de travail soient aménagés dans la mesure du raisonnable».
Le travail : élément central de l’émancipation individuelle et collective
Le travail représente pour chacun l’occasion d’avoir des revenus, d’obtenir de la recon-naissance, d’établir des liens sociaux, de participer activement à la société, de structurer son quotidien, etc.
Les sources de revenus des familles proviennent généralement des rémunérations liées au travail. Les personnes sans emploi sont en général celles qui sont en premier lieu touchées par la question de la pauvreté.
Il est généralement difficile d’obtenir des statistiques concernant les personnes handi-capées. Il est encore moins évident d’en obtenir en ce qui concerne leur place dans le marché du travail. Cependant, nous pourrons remarquer de manière générale que les études concernant le taux de chômage des personnes handicapées est extrêmement important au Nord comme au Sud.
L’EMPLOI DES PERSONNES HANDICAPEES EN BELGIQUE
Dans la plupart des pays du Nord, le taux de chômage officiel des personnes handica-pées en âge de travailler est au moins deux fois supérieur à celui des personnes qui n’ont pas de handicaps2. En effet, parmi les personnes handicapées en âge de travailler, 50 à 70% d’entre elles seraient sans emploi3.
Plusieurs raisons expliquent cette situation :
Les employeurs sont discrimi-nants à l'embauche
Les infrastructures sont inadap-tées en matière d’accessibilité (bâtiments, ordinateurs, etc.)
Les personnes handicapées n’ont pas de qualifications suffisantes (parfois parce que leurs propres parents ne les ont pas inscrites à l’école primaire)
Certaines professions que pouvaient exercer les personnes déficientes intellectuelles disparaissent (il y a de moins en moins d'emplois dans les secteurs primaire et secondaire)
Par ailleurs, les personnes handicapées qui travaillent n’ont bien souvent pas choisi leur emploi. Nombreuses d’entre elles sont engagées dans des entreprises de travail adapté (ETA), « réservées » aux personnes handicapées. Pourtant, dans de nombreuses situa-tions, les personnes handicapées pourraient travailler comme tout autre personne, en lien avec leur cursus et leurs propres centres d’intérêt.
L’EMPLOI DES PERSONNES HANDICAPEES DANS LES PAYS DU SUD
80% des personnes handicapées dans les pays du Sud sont sans emploi. Le taux de chômage des personnes handicapées est d’autant plus important dans les régions du Sud que la pauvreté y est grandement présente. Cependant, il peut être intéressant d’avoir ici une approche régionale de la problématique.
En Asie du Sud-Est, on trouve 370 millions de personnes handicapées, dont 238 millions qui sont en âge de travailler. Leur taux de chômage est le double de celui de la popula-tion en général et il atteint souvent 80%, voire plus4. En Amérique latine, environ 80 à 90% des personnes handicapées n’ont pas d’emploi. La plupart de celles qui travaillent reçoivent une rémunération faible ou nulle5. Enfin, selon des chiffres avancés par le parlement européen, le non emploi toucherait 70% de la population adulte du conti-nent africain6.
4 D. A. Perry, Disability issues in the employment and social protection, ILO Bangkok, 2002
5 Banque mondiale, Disability and inclusive development : Latin America and the Caribbean, 2004
6 Résolution du parlement européen sur le handicap et le développement, consulté le 06 novembre 2009,http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+MOTION+B6-2006-0035+0+DOC+XML+V0//FR
France, Paris, Maggy travail le en jardinant, depuis son fauteuil roulant. Les bacs à plantes sont surélevés. © Jérôme Deya
2 ONU, Enable, Faits et chiffres sur le handicap et l’emploi, consulté le 6 novembre 2009, http://www.un.org/french/disabilities/default.asp?navid=34&pid=1412
3 Ibidem
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Dans les pays du Sud, les personnes handicapées n’ont souvent d’autre choix que la mendicité, que l’on rencontre principalement en ville.
En plus des difficultés rencontrées au niveau de l’emploi en Belgique, les personnes handicapées dans les pays du Sud sont confrontées à d’autres phénomènes :
Les personnes handicapées sont parfois exclues pour des raisons culturelles (l’image même du handicap vu comme une punition divine sur la famille, un mau-vais sort, etc.), d’où un grand fatalisme par rapport au handicap7.
Le contexte économique fragile laisse peu de place à l’emploi stable assorti de revenus décents.
Les personnes handicapées ne sont pas toujours suffisamment en bonne santé ou bien alimentées pour travailler.
Les rares personnes handi-capées qui travaillent dans les pays du Sud exercent souvent dans le secteur non formel. Par exemple, il n’est pas rare que les femmes handicapées se tournent vers la prostitution pour subvenir à leurs besoins.
Autre exemple : au Bénin, les personnes handicapées sont les seuls Béninois « auto-risés » à s’approvisionner en essence au Nigeria, important producteur de pétrole. Pour organiser ce « trafic », elles
fabriquent des « cargos » pour transporter la marchandise qui sera revendue aux prix fort au Bénin.
Dans le secteur formel, les personnes handicapées trouvent parfois du travail dans les associations de personnes handicapées qui produi-sent et vendent de l’artisanat. Là, elles vivent des rentrées des produits vendus.
De mauvaises conditions de travail Les conditions de travail peuvent être aussi à la source de maladies professionnelles et d’accidents de travail. Dans les pays du Sud, ces risques sont d’autant plus grands que les moyens de prévention, de sécurité, etc. sont plus faibles. De plus, l’organisation syndicale fait souvent défaut pour défendre collectivement les travailleurs quand c’est nécessaire.
Par exemple, par manque de mesures de sécurité, un ouvrier n’est pas à l’abri d’une chute pouvant entraîner la mort ou un lourd handicap.
Autre exemple, celui des maladies invalidantes provoquées par des produits toxiques utilisés notamment en agriculture. Ainsi, l’utilisation de certains pesticides peut conduire à l’atteinte du système nerveux, allant jusqu’à la paralysie d’un ou plusieurs membres ou à une déficience sensorielle8.
DU TRAVAIL DECENT POUR LES PERSONNES HANDICAPEES L’amélioration de l’accès à l’emploi pour les personnes handicapées passe par de nom-breux domaines :
Le changement des mentalités
Sensibiliser les employeurs qui marquent de fortes résistances par simple peur ou par méconnaissance des personnes handicapéesSensibiliser les employés à la question du handicap et des réalités des personnes handicapées
L’insertion socio-économique
I l est primordial de se focaliser sur ce que le travailleur handicapé peut faire, et ainsi entrer dans une dynamique d’inclusion. Au lieu de relever ce qu’il ne peut pas faire, et de procéder à de la discrimination.Employer des travailleurs handicapés donne une image positive à l’entreprise.En analysant les besoins des personnes handi-capées, on améliore le bon fonctionnement de l’entreprise.La présence d’une personne handicapée conscientise les collègues, favorise l’esprit d’équipe et la coopération. Elle peut devenir une force de motivation interne. Sa faculté à surmonter les difficultés liées à son handicap peut agir comme stimulant pour chacun.Engager une personne handicapée, c’est une valeur ajoutée!
7 Voir fiche thématique « 20. Culture »
Togo, Lomé, homme handicapé des quatre membres qui mendie en rue pour pouvoir payer les personnes qui l ’aident au quotidien© Jérôme Deya
Bénin, Cotonou, ateliers de fabrication de « cargos » pour la contrebande de l’essence provenant du Nigeria
© Jérôme Deya
8 Voir fiche thématique « 21. Pollution »
Bénin, Bohicon, jardin collectif de l ’association de personnes handicapées« L’union fait la force »© Jérôme Deya
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 10. Pauvreté- 12. Education- 14. Genre- 20. Culture- 21. Pollution
VOIR ACTIVITES
- 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage
DATES-CLES1er mai : Fête du travail3 décembre : Journée internationale des personnes handicapées
L’accès à l’éducation et à la formation
Inclure les enfants handicapés dans le système ordinaire quand c’est possibleRendre accessibles aux personnes handicapées des formations professionnelles qualifiantes après l’école Etc.
Au niveau légal et politique
Consulter des associations représentatives des personnes handicapées pour orienter les politiquesGarantir le droit à la sécurité sociale et le droit de se syndiquerInstaurer des quotas d’emploi9 de personnes handicapées pour les entreprises Instaurer des mesures de protection contre l'exploitationEtc.
En matière d’accessibilité
Améliorer l’accès au lieu du travail et en son seinSensibiliser les institutions de micro-finance afin qu’elles octroient également des crédits aux personnes handicapées pour démarrer leurs projets générateurs de revenusEtc.
9 En France, la loi oblige les entreprises de plus de 20 personnes à engager au moins 6% de personnes handicapées. Si cette obligation n’est pas respectée, l’entreprise doit payer une amende en guise de sanction, qui alimente les caisses des instances publiques d’intégration des personnes handicapées.
Liberia, réparation de roues par Diago© Handicap InternationalTravail
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Genre
Les femmes en situation de handicap sont doublement
discriminées, du fait d’être femme et du fait d’être handicapée.
Cette double discrimination s’accentue encore dans les pays
du Sud, si bien que les femmes handicapées des pays du Sud
comptent parmi les plus pauvres de la planète. En effet, 70%
des personnes pauvres sont des femmes1. Et parmi les 300
millions de femmes handicapées, seulement 1% sont
alphabétisées. Elles sont aussi deux fois moins nombreuses
que les hommes à trouver un emploi2.
1 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 16
2 Le forum européen des personnes handicapées (FEPH), le manifeste des élections européennes 2009 axe sur la prise en compte du genre: Rien pour les femmes et les hommes handicapés sans les femmes et les hommes handicapés
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UNE DOUBLE DISCRIMINATION, INTERDITE DANS DE NOMBREUSES CONVENTIONS ET TRAITES INTERNATIONAUX ET NATIONAUX
I l est important d’abord de redéfinir la notion de « genre » qui a fait son apparition progressive dans les années 80 et qui a été soutenue par différents mouvements de femmes. L’approche par le « genre » met en évidence le fait que les rôles féminins et masculins ne sont pas définis par le sexe (caractères biologiques), mais évoluent de façon différente suivant les situations sociales, culturelles et économiques. Les relations liées au sexe sont hiérarchisées, ce qui explique que certaines inégalités entre hommes et femmes sont considérées comme normales.
La thématique « handicap et genre » est d’une importance considérable parce qu’elle cumule deux problématiques se renforçant l’une et l’autre quand il s’y ajoute la ques-tion de la pauvreté.
Premièrement, il est important de rappeler les engagements des principaux pays du Nord lors de la conférence mondiale des Nations-unies sur les femmes à Pékin en 1995.« Nous, gouvernements participant à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, [...] sommes convaincus que [...] les droits des femmes sont des droits fondamentaux de la personne ; nous sommes résolus à [...] assurer l’égalité d’accès à l’éducation et aux soins de santé, ainsi qu’un traitement égal des femmes et des hommes, et améliorer la santé en matière de sexualité et de procréation ainsi que l’éducation des femmes »3.
En ce qui concerne le handicap au travers de la dimension « genre », la récente Conven-tion internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées reconnaît que « les femmes et les filles handicapées sont exposées à de multiples discriminations »4. Les Etats parties ratifiant cette Conven-tion s’engagent à prendre les mesuresnécessaires afin d’assurer « le plein épanouissement, la promotion et l’autonomisation des femmes, afin de leur garantir l’exercice et la jouissance des droits de l’Homme et des libertés fondamentales »5.
Les droits fondamentaux garantis dans ces Conventions sont loin d’être une réalité pour la plupart des femmes et des filles handicapées dans le monde. En effet, quel que soit leur âge, les jeunes femmes et les filles handicapées sont parmi les plus vulnérables et marginalisées de la planète.
LES DROITS DES FEMMES ET DES FILLES HANDICAPEES, BAFOUES AU NORD COMME AU SUD
Bien que violés au Nord comme au Sud, les droits des femmes handicapées font encore plus défaut dans les pays du Sud, où règne la pauvreté économique.
L’accès à l’éducation6
« Le taux d’alphabétisation mondial des adultes handicapés est de moins de 3%. Il atteint 1% dans le cas des femmes handicapées selon une étude du PNUD de 1998 »7. En ce qui concerne les enfants et adolescents souffrant d’un handicap « moins de 5% d’entre eux ont accès à l’éducation et à la formation. Les jeunes filles et les femmes se trouvent face à d’importantes barrières lorsqu’il s’agit de participer à la vie sociale et au développement »8.
Différents types d’obstacles peuvent être identifiés dans l’accès à l’éducation pour les femmes handicapées :
Les difficultés d’accès aux transports et aux bâtiments concernent toutes les personnes handicapées. Cependant, les obstacles structurels semblent plus difficiles à surmonter pour les filles, généralement surprotégées.
Une étude menée en Ouganda, et présentée à l’occasion du sommet mondial de l’OMS en 2004, démontre que lorsque les ressources financières sont maigres, la priorité, notamment dans l’accès à l’éducation, est donnée aux enfants non handi-capés, puis aux garçons handicapés.
Dans certaines cultures, les compétences des filles handicapées sont sous-estimées, ce qui les cantonne à la sphère familiale. Comme les familles pensent que la fille sera difficile à marier, il est prévu qu’elle reste au sein de sa famille tout au long de sa vie, sans qu’il soit besoin de procéder à son éducation9.
Au niveau de la formation scolaire, les parents ont tendance à garder davantage les filles ayant une déficience intellectuelle ou auditive à la maison par crainte qu’elles ne soient victimes d’abus sexuels10.
6 Voir fiche thématique « 12. Education »
7 Nations-Unies, Faits et chiffres sur les femmes handicapées, extrait, le 21 octobre 2009, http://www.un.org/french/disabilities
8 Ibidem
9 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 17
10 Voir fiche thématique « 22. Violence »
France, Priscil le Vincens, peintre indépendante. Elle a été amputée de plusieurs membres suite à un grave accident.© Jérôme Deya
3 Organisation Internationale de la Francophonie, Question du genre… , publié le 21 octobre 2004, consulté le 21 octobre 2009, http://www.fidh.org/question-du-genre
4 Nations-Unies, Convention internationale sur les droits des personnes handicapées, disponible sur internet : http://www.un.org/french/disabilities/convention
5 Ibidem
Genre
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La plupart des études montrent qu’au Nord comme au Sud, le pourcentage de femmes handicapées ayant accès à une formation professionnelle est très peu élevé. Au niveau de l’éducation, 15% des femmes handicapées ont effectué des études supérieures au sein de l’Union Européenne contre 23% de la population féminine vivant sans handicap11.
Hors, la formation professionnelle et l’accès à l’éducation permettent davan-tage d’autonomie notamment au travers de l’apprentissage d’un métier. En con-séquence, les personnes handicapées restent fortement dépendantes de leur entourage familial.
L’accès à l’emploi12
Si l’on se réfère à la parité des sexes, les femmes handicapées ont deux fois moins de chances de trouver un travail que leurs homologues masculins. Le taux de chômage des femmes handicapées est donc plus élevé. Ici aussi, l’image des rôles sexuels permet de rendre compte de la difficulté d’accès à l’emploi pour une femme handicapée. Au sein de l’Union Européenne, certaines statistiques démontrent que le taux d’emploi des femmes handicapées est de 25%13.
Lorsqu’elles travaillent, ces femmes sont victimes de discriminations notamment au niveau du recrutement. Par ailleurs, on observe une différence de salaire, pour un travail égal, entre les femmes handicapées et les hommes handicapés : un écart de revenus de 39,4% existe entre une femme handicapée et un homme handicapé14. Les pays du Sud, quant à eux, connaissent un taux de chômage et de pauvreté bien plus conséquent encore que celui présent dans les pays du Nord, obligeant ainsi les femmes handicapées à vivre dans une situation de grande précarité.
Pour toutes les femmes handicapées qui ne travaillent pas, on observe une dépendance très forte de leur entourage pour survivre. De plus, parce que les femmes handicapées courent beaucoup de risques en vivant seules (surtout après le décès de leurs parents et en milieu urbain), elles vivent souvent sous le seuil de pauvreté et ne savent pas faire face aux dépenses médicales occasionnées par leur handicap, ce qui peut l’aggraver15.
L’accès aux soins de santé16
Les difficultés d’accès aux soins de santé peuvent être un facteur à la fois causant et aggravant le handicap. Rappelons aussi que, pour des raisons parfois culturelles, les femmes ne peuvent se faire examiner ou soigner par un homme, un étranger, etc.
« Les femmes handicapées, quelque soit leur âge, ont souvent des difficultés à accéder physiquement aux services de santé. Les femmes souffrant d’un handicap mental sont particulièrement vulnérables alors qu’il existe, en général, une com-préhension limitée de la grande variété des dangers existants pour la santé men-tale des femmes, dangers auxquels elles sont exposées de façon disproportionnée. Ils sont le résultat de la discrimination homme-femme, de la violence, de la pauvreté, des conflits armés, des déplace-ments et d’autres formes de privation sociale17».
La sexualité18 Si le droit à la sexualité est souvent reconnu pour les hommes handicapés, il est rare qu’il soit reconnu pour les femmes handicapées, souvent considérées comme asexuées.
De nombreux préjugés portent sur l’idée que les filles handicapées n’ont pas de sexe et n’ont pas le droit de trouver un partenaire. Comme elles ne correspondent pas toujours aux critères traditionnels de séduction, elles se voient dépouillées de leur qualité de femme et sont relayées au rang de non-personne19.
A titre d’exemple, en Afrique ou en Asie, une jeune fille aveugle est très dévalorisée et aura peu de chance de se marier. Elle se retrouve ainsi exclue du rôle traditionnel d’épouse et de mère.
En effet, dans la plupart des régions du monde, le droit de fonder une famille et d’avoir des enfants pour les personnes handicapées et plus encore s’il s’agit d’une femme, leur est nié. Eduquées avec cette représentation et découragées par le corps médical d’avoir des rapports sexuels, les femmes handicapées ne peuvent souvent accéder à leur sexualité et leur statut de femme. Certains cas de stérilisations et d’avortements sans consentement de la personne témoignent de ce fait.
De plus, il apparaît que les jeunes filles handicapées consultent rarement des gynéco-logues, et sont peu informées à propos de la sexualité, ce qui les vulnérabilisent. 11
Ibidem, p.36
12 Voir fiche thématique « 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination »
13 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 17
14 Le forum européen des personnes handicapées (FEPH), le manifeste des élections européennes 2009 axe sur la prise en compte du genre: Rien pour les femmes et les hommes handicapés sans les femmes et les hommes handicapés.
15 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 17
16 Voir fiche thématique « 11. Santé »
17 Organisation des Nations Unies, Faits et chiffres sur les femmes handicapées, extrait le 23 octobre 2009, http://www.un.org.
18 Voir fiche thématique « 16. Famille, sexualité, parentalité »
19 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 16
Bénin, Lokossa, Centre de rééducation de Béthesda© Jérôme Deya
Laos, fillettes à l ’école © Koen Baetens - Handicap International
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 10. Pauvreté- 11. Santé- 12. Education- 13. Travail- 16. Famille, sexualité, parentalité
VOIR ACTIVITES- 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage
DATE-CLE8 mars : Journée internationale de la femme
Le droit à la sécurité
Les femmes et les filles handicapées sont particulièrement exposées à la maltraitance. Au Canada, des études ont montré que le taux de violence physique et sexuelle sur les femmes handicapées équivaut plus ou moins au double par rapport aux autres femmes, alors que celles-ci sont déjà plus sujettes à la violence que les hommes20. Le risque de violence semble s’accroître en fonction du degré de l’incapacité et de la dépendance qui en résulte. Une petite étude réalisée en Inde en 2004 montre que presque toutes les femmes et filles handicapées interrogées sont battues à domicile, 25% de femmes déficientes intellectuellessont violées et 6% des femmes handicapées stérilisées de force21.
L’accès au logement
Les femmes handicapées sont davantage discriminées dans la recherche d’un logement que les hommes handicapés. Comme on apu le voir précédemment, le pourcentage de femmes handicapées, ayant l’opportunité de faire des études ou des formations, est très faible. Il en découle un accès à l’emploi réduit, et dès lors, de plus faibles rentrées financières. Le coût d’un logement étant con-séquent, les femmes handicapées se retrouvent exclues de la course aux logements décents. Si on ajoute à cela l’impossibilité pour elles d’obtenir un crédit et la montée de certaines pratiques traditionnelles discriminatoires, les femmes handicapées se retrou-vent contraintes à être placées en institutions22.
VERS UNE EGALITE DES GENRES I l est essentiel de se soucier de l’amélioration des conditions de vie des femmes handi-capées si l’on veut réduire le taux de pauvreté mondiale, comme le préconise un des Objectifs du Millénaire.
De façon générale, nous pouvons remarquer que les femmes et filles handicapées rencontrent les mêmes problèmes que le reste des populations pauvres des pays du Sud ; mais de façon exacerbée. Si l’on veut que les programmes de développement aient un impact sur les femmes et les filles handicapées, il faut prendre en considération deux éléments lors de l’élaboration de ces programmes : d’une part l’intégration trans-versale du handicap et d’autre part celle du « genre ».
20 C. BLASCO, Handicap, femmes et mondialisation, consulté le 20 novembre 2009, <http://www.afmeg.info/spip.php?article129>
21 Voir fiche thématique « 20. Violence »
22 Organisation des Nations Unies, Faits et chiffres sur les femmes handicapées, extrait le 23 octobre 2009, http://www.un.org
Cambodge, handi-sport© Phil ippe Revell i - pour Handicap International
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Sport et loisirs
Les activités sportives et culturelles sont des outils essen-
tiels pour développer les capacités des individus. Pour les
personnes handicapées, pratiquer du sport peut être un
moyen de se réapproprier son corps, de redécouvrir ses pos-
sibilités et retrouver une confiance en soi au travers d’activités
ludiques. De plus, les activités sportives peuvent également
être un lieu de rencontre et d’échanges entre des personnes
handicapées et d’autres. Cela vaut aussi pour les loisirs, qu’il
s’agisse du cinéma, du théâtre, d’expositions, etc.
THEMA 15
LE DROIT AUX LOISIRS POUR TOUS !
L’article 30 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handica-pées stipule que chacun a « droit aux loisirs ». Les Etats parties leurs reconnaissent le « droit de participer à la vie culturelle » et s’engagent à « prendre toutes les mesures pour qu’elles aient accès aux lieux d’activités culturelles » pour qu’elles « puissent y développer et réaliser leur potentiel créatif, artistique et intellectuel non seulement dans leur propre intérêt, mais aussi pour l’enrichissement de la société ».1 Bien que violés au Nord comme au Sud, les droits des femmes handicapées font encore plus défaut dans les pays du Sud, où règne la pauvreté économique.
Le sport est porteur de valeurs telles que la solidarité, l’entraide, la cohésion sociale, le dépassement et l’estime de soi. Ces valeurs sont les mêmes pour tout le monde. Mis en relation avec la problématique du handicap, d’autres bénéfices peuvent être ajoutés à la liste. En effet, le sport participe à la rééducation en (ré)apprenant le fonctionnement de son corps, de ses limites, du dépassement de la déficience et de ses propres compé-tences. Par exemple, dans le domaine de l’orthopédie et de la neurologie, le sport con-tribue à améliorer la coordination motrice et l’usage des appareillages. Au niveau de la réadaptation, le sport est ainsi un moyen agréable de faire des exercices afin, par exemple, de s’habituer à l’utilisation d’une prothèse. D’autre part, les activités collec-tives permettent une rencontre entre les gens et donc de rompre avec l’isolement que connaissent les personnes handicapées. Ici, la mixité des activités sportives ou culturel-les peut être un élément important permettant l’élaboration de rapports sociaux entre personnes handicapées et d’autres, et peut favoriser une meilleure compréhension mutuelle.
LE DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES SPORTIVES ET CUL-TURELLES POUR PERSONNES HANDICAPEES EN EUROPE
Le sport
Les sports organisés pour les personnes handicapées sont répartis selon les différentes déficiences. Chaque groupe a son histoire, ses organisations, ses compétitions et sa vision du sport.
En ce qui concerne les personnes sourdes et malentendantes, la première compétition internationale connue sous le nom de « Silent Games » fut organisée à Paris en 1924 par le Comité International des Sport Silencieux et a réuni 145 athlètes de 9 pays européens. Depuis, ces jeux mondiaux, appelés désormais « deafolympics », ont lieu tous les 4 ans.
Les jeux paralympiques réunissent des athlètes présentant des déficiences physiques ou visuelles de tous les pays pour des épreuves de handisports. Le handisport est un sport dont les règles ont été aménagées pour pouvoir être pratiqué par des personnes ayant un handicap physique ou sensoriel, comme par exemple le basket-ball en chaise roulante. Par ailleurs, parmi ces sports, certains ont été créés de toutes parts pour les personnes handicapées, comme le Torbal ou Goal-ball, qui sont des jeux avec des ballons sonores pour les personnes aveugles et malvoyantes.
Les premiers jeux ont été organisés en 1948 et avaient pour objectif de promouvoir la réhabilitation par la pratique du sport des vétérans et victimes de la deuxième guerre mondiale devenus paraplégiques. Les jeux paralympiques ont également lieu tous les 4 ans et sont organisés par le Comité international paralympique.
Enfin, les jeux olympiques spéciaux s’adressent à des personnes déficientes intellectu-elles âgées de 8 à 80 ans. Ils recherchent plus la participation de chacun plutôt que l’exploit sportif. Ces compétitions ont commencé pendant des jeux d’été organisés par l’épouse de Kennedy en 1962.
En Belgique, le mouvement sportif pour personnes handicapées a été fondé en 1954. Aujourd’hui, une ligue organise des activités autour de 16 sports paralympiques (tennis, équitation, aviron, tir à l’arc) et 14 sports non paralympiques (football, randonnée, badminton …)2.
Les loisirs
Sur le plan culturel, en France, une charte d’accueil des personnes handicapées a été mise en place par le Ministre de la Culture et de la Communication afin d’établir les bases minimales permettant de rendre accessibles tous les lieux culturels et de presta-tions artistiques. Cette charte n’a pas de texte législatif équivalent au sein de notre pays. Trois points sont à relever lorsqu’on parle d’accessibilité à la culture. Premièrement, il est nécessaire que les personnes handicapées puissent accéder aux bâtiments. Ensuiteil faut qu’elles aient accès à l’information, c'est-à-dire qu’elles bénéficient d’une démarche de communication ciblée.
2 Ligue handisport francophone, consulté le 24 novembre 2009, http://www.handisport.be/sports
1 Convention sur les Droits des Personnes Handicapées, disponible sur le site internet : www.un.org/french/disabilities/convention.
Colombie, nageur amputé@ Gaël Turine - pour Handicap International
Sport et loisirs
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Enfin, il est nécessaire que le personnel soit formé à la problématique du handicap. En Belgique, certains musées ont développé des programmes d’accueil spécialisés des personnes handicapées sensorielles ou intellectuelles. C’est le cas pour le Musée des Instruments de Musique ou pour les Musées Royaux des Beaux-Arts où 17 personnes sourdes ont été formées pour qu’elles puissent exercer le métier de guide-conférencier. Par ailleurs, les musées possèdent également un programme d’accueil spécifique pour les visiteurs aveugles et déficients auditifs.
LE SPORT ET LES LOISIRS DANS LES PAYS DU SUD
Dans les pays du Sud, les infrastructures sportives destinées aux personnes handicapées sont rares, voire inexistantes. Cela pose un problème en termes d’isolement des personnes handicapées. Les raisons sont d’une part le manque d’investissement dans les structures pouvant accueillir les personnes handicapées et d’autre part les distances à parcourir pour se rencontrer.
Les projets de développement autour de la thématique sportive est d’une importance considérable parce que, même s’ils ne correspondent pas aux canaux traditionnels de la coopération (nourriture, eau et santé), ils permettent aux personnes handicapées de se reconstruire une base nécessaire à la vie communautaire.
Les projets visant à utiliser le sport comme outil permettent également de regrouper des associations de personnes handicapées autour d’une même thématique et de travailler avec elles sur l’accès à d’autres droits, comme l’emploi, la santé, l’information, l’accessibilité et toute autre forme de thématique.
Par exemple, au Bangladesh, un projet mené à proximité de Dhaka qui avait pour objectif de créer une équipe sportive a eu des répercussions sur l’ensemble des conditions de vie des personnes handicapées. En effet, afin de fonder cette équipe, il a fallu apporter du matériel spécialisé comme des prothèses ou des fauteuils roulants pour permettre aux personnes de se déplacer. Ensuite, des entraîneurs ont été formés aux spécificités du handicap qui ont par la suite eux-mêmes transmis leurs connaissances aux éducateurs. De plus, les parties et les entraînements se déroulant dans les cours des écoles, il a fallu les rendre accessibles pour les personnes handicapées en construisant des rampes. Ces travaux ont également permis aux écoles d’accueillir les enfants handicapés au sein de leurs classes3.
Les activités culturelles peuvent également permettre de sensibiliser les populations et les responsables politiques à la problématique du handicap. En Afghanistan, une troupe de théâtre professionnelle mélangeant des acteurs valides et des personnes handicapées met en scène des situations où se confrontent les incapacités des personnes handicapées et le regard des personnes extérieures sur celles-ci. Toujours en Afghanistan, des associations organisent des visites commentées sur les sites historiques permettant aux personnes handicapées de découvrir leur patrimoine4.
Au Cambodge, Handicap International a longtemps pris en charge trois équipes de volley. Depuis 2006, celles-ci ont intégré la ligue cambodgienne de volley pour les personnes handicapées.
3 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale , Milan, Toulouse, 2008, p. 55
4 Ibidem
Cambodge, tournoi de pétanque @ Phil ippe Revell i - pour Handicap International
France, Paris, Musée du Louvre, visite organisée pour des personnes présentant une déficience intellectuelle© Jérôme Deya
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VOIR FICHE THEMATIQUE- 11. Santé
VOIR ACTIVITES- 7. Photo-langage- 9. Défis-sens
DATE-CLE17 février : Journée mondiale de l’exercice physique
Vietnam, joueurs de volley en fauteuil roulant© Rozenn Le Mentec - Handicap International
Sport et loisirs
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Famille, sexualité, parentalité
Le droit à la sexualité, à la famille ou à la parentalité des
personnes handicapées est un sujet controversé, peu connu
et propice aux idées préconçues. Une personne en fauteuil
roulant peut-elle avoir une sexualité épanouie ? Deux parents
aveugles ou sourds peuvent-ils éduquer leurs enfants de
façon autonome ? La parentalité des personnes déficientes
intellectuelles est souvent la plus débattue. La stérilisation est
d’ailleurs une pratique courante, tantôt illégale, tantôt
obligatoire, selon les pays. Autant de sujets tabous qui
méritent d’être posés sur la table….
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LA SEXUALITE ET LA PARENTALITE, DEUX DROITS RECONNUS POUR LES PERSONNES HANDICAPEES !
Au niveau législatif, l’article 23 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées vise à limiter la discrimination à l’égard des personnes handica-pées dans tout ce qui a trait au mariage, à la famille, à la fonction parentale et aux relations personnelles, sur base de l’égalité avec les autres. Plus précisément, il recon-naît aux personnes handicapées le droit de se marier ou de fonder une famille, le droit de décider du nombre de leurs enfants et de l’espacement entre les naissances, le droit à l’information et à l’éducation en matière de procréation et de planification familiale. Afin de lutter contre les stérilisations forcées, la Convention stipule également que les personnes handicapées, y compris les enfants, conservent leur droit à la fertilité. Enfin, le droit de tutelle, de curatelle1, de garde et d’adoption des enfants est également reconnu aux personnes handicapées bien que dans tous les cas, l’intérêt supérieur de l’enfant soit primordial.
L’ar ticle 16 de la Déclaration universelle des droits de l ’Homme stipule qu’à partir de l 'âge nubile2, l 'homme et la femme, sans aucune restr iction quant à l ’or igine ethnique, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. I ls ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution. De plus, le mariage ne peut être conclu qu'avec le libreet plein consentement des futurs époux. Cette dernière phrase est importante en matière de déficience intellectuelle parce que certains pays interdisent le mariage aux personnes présentant une défi-cience intellectuelle, estimant que celles-ci ne peuvent comprendre la nature même du mariage et des obligations qui en découlent. Enfin la Convention européenne des droits de l’Homme précise que l’homme et la femme ont le droit de se marier à l’âge défini par la loi et de fonder une famille mais n’apporte pas de précisions concer-nant les personnes handicapées laissant de fait une large part d’appréciation aux Etats.
Au cours des 20 dernières années, le secteur médico-social a constamment évolué afin d’œuvrer à l ’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées.
Une des caractéristique est de pousser à la plus grande autonomie les personnes handi-capées, ce qui les mène naturellement vers l’envie d’avoir la vie la plus « normale », de vivre avec et comme les autres. Elles souhaitent se déplacer seules, prendre les trans-ports en commun, travailler, gagner leur vie, partir en vacances, avoir des amis, avoir une vie amoureuse, se marier et avoir des enfants3.
Le problème est que bien souvent, ces personnes sont considérées comme des êtres asexués qui n’ont pas besoins d’affections (intimes) et qui n’éprouvent pas de désirs. Aujourd’hui, la société propulse les personnes handicapées vers le plus de conformité au travers des valeurs d’intégration et d’émancipation personnelle. Cette émancipation a conduit tout naturellement à une reconnaissance de leur vie affective en dépit du handicap. La reconnaissance de la vie affective et de la sexualité pose la nécessité de leur prodiguer une éducation sexuelle. L’accès à l’information apaise les interrogations, joue un rôle préventif notamment en matière de maladies sexuellement transmissibles, mais elle induit elle aussi un processus d’escalade de nouvelles demandes.
LA SEXUALITE ET LA PARENTALITE DES PERSONNES HANDICAPEES DANS LES PAYS DU NORD
En Belgique, les personnes handicapées ont le droit de se marier sans discrimination, confor-mément aux textes internationaux cités plus haut. Pourtant, il existe des obstacles pratiques qui tendent à limiter ce droit. Plusieurs associa-tions y font référence autour du slogan « le prix de l’amour ». Par ce terme, il faut entendre la perte totale ou partielle de l’allocation pour des personnes handicapées adultes du fait de la mise en ménage (cohabitation ou mariage) de la personne handicapée.
Il n’y a pas de loi en Belgique interdisant les personnes handicapées d’avoir des enfants. La question est marquée sur le plan idéologique par un clivage entre les partisans d’un refus catégorique de la parentalité (contraception obligatoire, dramatisation extrême de la ques-tion) et ceux de la permissivité totale (tout accepter, nier les difficultés inhérentes au handicap)4. Comme précisé plus haut, c’est une question délicate qui est directement affectée par les valeurs de chacun.
3 UNAPEI, Parentalité et déficience intellectuelle, extrait le 20 octobre 2009, http://www.unapei.org.
4 SAFEMO, Soutenir les personnes handicapées dans leur autonomie : Travail, parentalité et sexualité, Dans : Cahier Labiso Périodique N°2, aussi disponible sur le site internet : http://new.labiso.be.
1 En droit, la curatelle est le contrôle d'une personne ayant atteint la majorité mais estimée incapable de certains actes, en particulier de gérer son patrimoine.
2 Nubile : se dit d'une fille en âge de se marier, qui est pubère.
Suède, Täby, famille avec un père et ses deux enfants© Jérôme Deya
France, Marie-Antoinette et Sébastien en couple© Jérôme Deya
Famille,parentalité,
sexualité
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Famille,parentalité,sexualité
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Sur le terrain, on observe que certaines institutions imposent aux femmes souhaitant y entrer de prendre un contraceptif5. D’autres imposent même la stérilisation, ce qui pose un problème éthique de taille6. En effet, les parents qui ont un enfant présentant une déficience intellectuelle sont exposés à la crainte que leur enfant devienne parent et à l’angoisse psychologique d’imposer une stérilisation à leur enfant.
En Albanie, la loi stipule que les personnes déficientes intellectuelles qui n’ont pas la faculté de comprendre la nature du mariage ne peuvent pas se marier. Certains projets d’amendement ont tenté de définir plus précisément la nature du handicap. Ceux-ci classifiaient parmi les personnes concernées, celles atteintes de schizophrénie, de troubles maniaco-dépressifs, de certaines psychoses et de certaines déficiences intel-lectuelles. Un autre amendement précise que pour se marier civilement, les futurs époux devront fournir des certificats médicaux prouvant qu’ils sont exempts des mala-dies et des handicaps mentionnés ci-dessus7.
LA SEXUALITE ET LA PARENTALITE DES PERSONNES HANDICAPEES DANS LES PAYS DU SUD
Premièrement, le droit de rencontrer quelqu’un, de se marier, d’avoir une sexualité et enfin le droit à la parentalité peuvent varier en fonction de l’approche culturelle du handicap. En effet, aborder la question de la sexualité comme un droit est un point de vue très occidental et dans beaucoup de pays du Sud, cette approche est inimaginable. Au Laos, le handicap est perçu dans les croyances populaires comme un héritage de fautes commises dans une vie antérieure. Les personnes sont donc en quelque sorte responsables de leur handicap. En Afrique de l’Ouest, au-delà de la pulsion
amoureuse, le mariage a une fonction sociale où chacun des époux a des tâches et des responsabilités. L‘homme doit assurer la subsistance de la famille et la femme doit cuisi-ner, piler, semer, etc. Une déficience peut empêcher de remplir certaines de ces tâches et donc être un obstacle important à la vie et à la liberté de se mettre en couple pour une personne8.
Certains pays interdisent aux personnes handicapées de se marier. Au Chili par exemple, seules les personnes pouvant parler ou écrire ont le droit de se marier. Les personnes déficientes intellectuelles, aveugles pratiquant le Braille ou sourdes pratiquant la langue des signes sont donc directement pénalisées par cette loi9.
En Chine, il est fait obligation aux médecins qui diagnostiquent à l ’issue d’un examen prénuptial une maladie génétique grave, incompatible - du point de vue médical - avec la procréation, d’exposer la situation aux futurs conjoints et de leur donner un avis médical. Les futurs conjoints peuvent se marier s’ils acceptent de ne pas procréer en se soumettant à des mesures contraceptives à long terme ou de subir une stérilisa-tion. En cas de pathologie fœtale, le médecin doit exposer la situation au couple et lui proposer de mettre un terme à la grossesse. Le consentement écrit et signé de l ’intéressé doit être obtenu avant qu’il ne soit procédé à une interruption de grossesse ou à une stérilisation. Si l ’intéressé est incapable, le consentement écrit et signé de son tuteur doit être obtenu10.
En Afrique du Sud, selon la loi du 28 février 1975, il est nécessaire d’obtenir une autorisa-tion écrite du Ministère de la Santé après accord de deux médecins dont un psychiatre attestant que la personne n’est pas atteinte d’une affection héréditaire susceptible d’entraîner la naissance d’enfant atteint d’un problème physique ou mental. Les personnes déficientes intellectuelles qui ne seraient pas capables de comprendre les conséquences de la sexualité ou d’assumer la responsabilité parentale sont aussi exclues du droit à la parentalité11.
LEVER LES TABOUS
Pour aider les personnes handicapées dans leurs rôles de parents, il existe des institu-tions qui accompagnent et soutiennent la parentalité12. Soulignons tout de même que ne pas interdire le droit à la parentalité ne veut pas dire l’encourager dans tous les cas. Il semble essentiel avant tout d’établir un dialogue avec les personnes handicapées désirant avoir des enfants afin de mieux cerner leurs besoins et leurs attentes, d’où l’importance d’une éducation sexuelle spécifique. Il faut aussi travailler en amont de cette réflexion en y incluant, outre un avis médico-psychologique, les membres de l’entourage éducatif et familial13.
Soutien à la sexualité
Partant du principe que chacun, handicapé ou non, a droit à une vie affective et sexuelle, de nombreuses personnes et associations tentent de lancer le concept d’ assistant sexuel".
9 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 46
10 P. CESBRON, Stérilisation des enfants handicapés, disponible sur le site internet http://www.ancic.asso.fr, consulté le 20 octobre 2009
11 Ibidem
12 UNIVERSITE DES FEMMES, Sexualité et handicap : quand handicap rime avec vie affective et sexuelle, disponible sur : http://www.bougetapomme.be, consulté le 20 octobre 2009
13 C. DISERENS, Parentalité et handicap mental : entre droit, conformité et rêve Dans : Schweizerische zeitschrift für heilpädagogik/Pédagogie adaptée, 2008, p. 32
Cambodge, père amputé avec ses deux enfants© Handicap International
5 Pour plus d’information sur le sujet – REVUE EUROPEENNE DU HANDICAP MENTAL, La stérilisation des personnes handicapées mentales, France, 2000.
6 UNIVERSITE DES FEMMES, Sexualité et handicap : quand handicap rime avec vie affective et sexuelle, disponible sur le site internet http://www.bougetapomme.be, consulté le 20 octobre 2009.
7 Amnesty International, Albanie, le droit au mariage des personnes atteintes d’un handicap, disponible sur le site internet http://www.amnestyinternational.be, consulté le 20 octobre 2009.
8 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 46
Famille,parentalité,
sexualité
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Famille,parentalité,sexualité
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 14. Genre- 22. Violence
VOIR ACTIVITES- 7. Photo-langage- 12. Let’s talk about sex !
DATE-CLE15 mai : Journée internationale des famillesCambodge, père et fils amputés, 2006
© Paul Franck - Handicap International
Dans la foulée du Danemark, des Pays-Bas et de l'Allemagne, et en attendant peut-être la Belgique, la Suisse a récemment vu apparaître un nouveau métier, celui d'assistant sexuel pour les personnes handicapées. Principalement issus du secteur médical ou paramédical (kinés, psys, infirmiers, etc.), ces professionnels accomplissent des massa-ges et caresses érotiques à la demande de personnes qui ne peuvent pas ou plus (bien) le faire, une tâche jusqu'ici dévolue à des prostituées. Cela pour accompagner des personnes en situation de handicap qui le demandent expressément. Cette nouvelle "profession" suscite de vifs débats.
Soutien à la parentalité
Les soutiens à la parentalité qui existent pour des personnes handicapées peuvent prendre des formes très différentes selon les situations et le type de déficience du (ou des) parent(s). En effet, pour une personne sourde, il pourra s’agir de moyens techni-ques comme des lampes qui réagissent aux sons et qui permettent aux parents de voir quand l’enfant pleure par exemple. Pour des personnes déficientes intellectuelles, il s’agira plutôt d’accompagnement humain, de dialogue et de conseils aux parents pour savoir comment réagir lors de situations particulières.
Et au Sud ?
Les soutiens et aides à la sexualité n’existent pas formellement dans les pays du Sud. Néanmoins, on peut se référer à la fiche thématique « 20. Culture » pour cette partie, chaque culture appréhendant différemment la sexualité et la parentalité des personnes en situation de handicap. De manière générale, notons tout de même que la majorité des cultures mettent des freins et barrières à l’accès à la vie affective, sexuelle et à la parentalité des personnes handicapées.
Famille,parentalité,
sexualité
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Famille,parentalité,sexualité
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Politique
La prise en compte du handicap au sein des politiques
nationales et internationales est essentielle pour qu’il y ait
une amélioration des conditions de vie des personnes
handicapées. Il est important qu’il existe des programmes
d’actions qui leurs soient directement adressés et qu’elles
puissent elles-mêmes prendre part à l’élaboration de ces
programmes pour augmenter leur efficacité. Pour mettre en
relation la situation politique avec la thématique du handicap
au Nord comme au Sud, il faut s’appuyer sur les modèles
« médical » et « social » dans la perception du handicap.
Cette évolution a été soutenue par de nombreux
mouvements sociaux liés à la problématique du handicap.
THEMA 17
LES DROITS POLITIQUES DES PERSONNES HANDICAPEES
L’article 28 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handica-pées garantit aux personnes handicapées « la jouissance de droits politiques et la possibilité de les exercer sur la base de l’égalité avec les autres ». Cette même Conven-tion évoque d’autres droits qui ne peuvent être possibles sans une reconnaissance poli-tique des personnes handicapées. Citons à titre d’exemple, le droit à « un niveau de vie décent et à la protection sociale », le droit à « la participation à la vie culturelle et spor-tive » ou encore le droit à « l’éducation ». Pour garantir ces droits, il est essentiel que les personnes handicapées soient intégrées au sein des programmes politiques d’un pays. L’évolution de cette intégration peut être analysée comme le passage d’une conception « médicale ou caritative » du handicap vers une approche politique issue du modèle « social »1.
En effet, dans la conception issue du modèle « médical ou caritatif », l’Etat reconnaît les personnes handicapées en tant que « minorité ». La prise en compte des personnes handicapées au sein de la société se fait à travers la mise en place de programmes qui leur sont directement destinés. Cependant, le handicap y est perçu comme un problème individuel limitant la participation sociale. On ne va donc pas transformer les structures de la société pour pouvoir permettre un accèsde la personne handicapée à la vie sociale et politique d’une communauté puisque la responsabilité du handicap est individuelle. Les programmes politiques sont, selon cette approche, essentiellement constitués d’aides économiques telles que des allocations spéciales ou une augmentation des allocations familiales et, d’autre part, des actions visant à favoriser l’accès aux soins de santé. « Dès qu’on parle d’une personne handicapée, on voit le plus souvent la jambe qui manque et non l’homme qui reste2»
L’approche politique issue du « modèle social » renvoie quant elle à l’idée que les causes du handicap ne sont pas individuelles mais que les incapacités résultent de l’environnement sociétal. Cela signifie qu’il faut adapter l’environnement et les services afin de les rendre accessibles et utilisables pour les personnes ayant des incapacités physiques, sensorielles et intellectuelles. Cette approche issue des mouvements sociaux prône donc une intégration inclusive des personnes handicapées au sein de la société. Pour résumer, « une personne est handicapée lorsqu’elle ne peut pas profiter des services offerts à l’ensemble de la communauté dans les domaines essentiels de l’existence3» .
Ces deux modèles sont des outils permettant d’appréhender la prise en compte des personnes handicapées au sein de politiques nationales. La frontière entre les modèles est loin d’être étanche et l’évolution n’est pas toujours linéaire. Cependant, ils permet-tent de simplifier une analyse de l’intégration politique du handicap. Nous allons dès à présent parcourir l’évolution de cette intégration politique en Belgique avant de voir celle de quelques pays du Sud. Certains pays du Nord visent une approche plus inclu-sive (modèle social) et d’autres se situent davantage dans le modèle médical, où la société est divisée en deux : le monde des personnes handicapées, spécialisé, et le monde « ordinaire ». Dans les pays du Sud, le manque de ressources financières ne permet même pas la mise en place de politiques de soutien économique ou médical aux personnes handicapées (modèle médical).
EVOLUTION DE LA SITUATION POLITIQUE DU HANDICAP
En Belgique
En Belgique, de plus en plus de personnes handicapées bénéficient de l ’ensemble de leurs droits politiques. On peut remarquer l’évolution du « modèle médical » vers le « modèle social » dans l’histoire de l’intégration politique des personnes handicapées. Ceci dit, trop de personnes handicapées restent encore dans une situation de non droits politiques.
Premièrement, le pays a destiné aux personnes handicapées des programmes spécifi-quement axés sur une aide économique et médicale. Ces programmes consistent en une aide individuelle et ne visent pas à inclure la participation de ses destinataires au sein de la société. Parmi ceux-ci, divers types d’allocations vont être octroyées par l’Etat à partir de la seconde guerre mondiale. Depuis 1963, il existe également des structures permettant aux personnes handicapées de renforcer leur chance de s’intégrer profes-sionnellement à travers la mise en place d’ateliers protégés, de services de réadaptation
1 Voir fiche thématique « 2. Généralités sur le handicap »
2 Handicap solidarité, Décennie africaine des personnes handicapées : Pour un nouveau regard des personnes handicapées, bulletin d’information trimestriel du cabinet du président de la fédération ouest africaine des associations pour la promotion des personnes handicapées (foaph), Mars 2004, p. 1
3 Ibidem, p. 1
Suède, Stockholm, métro accessible© Jérôme Deya
France, sensibilisation au handicap en prison (valides en fauteuil)© Jérôme Deya
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fonctionnelle et de formation professionnelle4. De plus, la sécurité sociale réglemente de façon individuelle l ’accès aux soins de santé. Ces différentes mesures garantissent à leurs bénéficiaires la satisfaction de leurs besoins élémentaires et donc un niveau de vie minimal5.
Progressivement, grâce notamment à l ’action des mouvements sociaux, vont se déve-lopper des programmes plus inclusifs qui marquent l ’intégration du « modèle social » au sein des politiques belges. Depuis les années 90, un des objectifs principaux est de garantir une participation plus large des personnes handicapées à la vie sociale. Plusieurs mesures doivent être réalisées dans ce cadre : éliminer les barrières architec-turales, améliorer l ’accès aux services généraux destinés à l ’ensemble de la popula-tion, donner la priorité à une politique globale qui inclut la prévention des handicaps, l ’adaptation et l ’intégration des personnes handicapées dans une perspective de meilleure qualité de vie, et enfin encourager la participation active des personnes handicapées, de leur famille et de leurs associations à l ’élaboration des mesures qui les concernent.
Aujourd’hui, les politiques en faveur des personnes handicapées sont intégrées au sein des structures étatiques belges. Elles sont donc réparties entre une entité fédéra-tive (l ’Etat belge), et des entités fédérées, les Communautés et les Régions. Ci-dessous se trouve un tableau récapitulatif des différents niveaux d’intervention des pouvoirs publics en Belgique.
Notons qu’en matière d’enseignement, la Belgique a un parcours atypique puisqu’elle a supprimé, en 1970, ses classes intégrées – jugées ségrégatives – au profit d’écoles spécialisées répondant mieux aux besoins des enfants en situation de handicap. Elle revient pourtant progressivement vers l’intégration depuis 19866.
Dans les pays du Sud
Dans les pays du Sud, la prise en compte des personnes handicapées au sein des politi-ques est variable selon les régions et la place du handicap au sein de la société. Cepen-dant, bien que des avancées puissent être soulignées dans certains pays, la plupart des pays du Sud ne se situent pas totalement dans une « approche caritative ou médicale » et parfois loin d’une approche « sociale » de la thématique du handicap.
Dans de nombreux Etats, il n’y a pas encore de reconnaissance officielle des personnes handicapées en tant que « minorité » et il n’y donc pas de programmes politiques spéci-fiques qui leur sont destinés. Dans ces pays, les personnes handicapées doivent généra-lement faire face à des situations d’extrême pauvreté et à une forte exclusion sociale. Lorsqu’il y a une prise en compte des personnes handicapées par les instances politi-ques, d’autres problèmes peuvent empêcher la mise en place de programmes spécifi-ques. Parmi ceux-ci, un des principaux est le manque de ressources économiques de l’Etat. Dans la plupart des pays du Sud, les personnes handicapées ne bénéficient pas d’allocations particulières ou d’aide à l’emploi, ce qui signifie qu’elles doivent vivre dans une situation de pauvreté extrême. Ensuite, le manque de budget destiné aux soins de santé a tendance à limiter une prise en charge particulière ou adaptée des personnes handicapées. Dans de nombreux pays africains, moins de 10% de la population active bénéficient d’une couverture sociale y compris d’une assurance santé7. Au niveau mon-dial, il y aurait environ seulement 20% de la population totale qui bénéficierait d’une sécurité sociale8. Les personnes handicapées auront généralement peu de chances de faire partie de cette frange privilégiée de la population.
Ensuite, peu de pays de Sud ont les possibilités financières d’améliorer l’environnement et l’accès aux infrastructures de base pour les personnes handicapées, comme le préco-nise une approche sociale du handicap. Cela a pour conséquence de limiter l’intégration des personnes handicapées au sein de la société. Dans de nombreux pays du Sud, peu de personnes handicapées ont accès aux services publics, à l’éducation et aux activités sportives et elles sont donc marginalisées de fait d’une participation effective à la société.
6 B. ROSE & D. DOUMONT, Quelle intégration de l’enfant en situation de handicap dans les milieux d’accueil, Unité RESO, Education pour la Santé, Faculté de Médecine, Université catholique de Louvain, 07-45, p. 5
7 Xe Conférence régionale africaine, Sécurité sociale en Afrique: un besoin universel, consulté le 17 novembre 2009, http://www-ilo-mirror.cornell.edu/public/french/bureau/inf/features/03/africa_2.htm
8 Ibidem
4 Voir fiche thématique « 13. Travail »
5 Agence Wallonne pour l’Intégration des Personnes Handicapées, consulté le 17 novembre 2009, http://www.awiph.be/AWIPH/handicap_Belgique/histoire/index.html
LES DIFFERENTS NIVEAUX D’INTERVENTION DES POUVOIRS PUBLICS EN BELGIQUE
Fédéral
Communautaire
Régional
- Allocations- Réadaptation fonctionnelle- Réductions fiscales et tarifs sociaux- Protection juridique - Sécurité sociale - Enseignement spécial et intégré- Sport pour personnes handicapées- Accessibilité des bâtiments publics- Avantages en matière de logement social- Transport des personnes à mobilité réduite- Accueil et hébergement- Formation et emploi
- Aide matérielle
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Togo, Lomé, handi-basket-ball© Jérôme Deya
Prenons dès à présent quelques exemples concrets de divers types de niveaux d’intégration du handicap au sein des systèmes politiques.
En Guinée-Bissau s’est fait en 2009 le premier recensement général des personnes handicapées dans le but de créer pour elles les meilleures conditions de vie possibles. Les personnes handicapées y seront donc officiellement reconnues en tant que bénéfi-ciaires de programmes politiques spéciaux visant à lutter contre la pauvreté. Le gouver-nement alloue déjà des allocations. L’objectif est de tout faire pour que les personnes handicapées « se sentent chez elles en Guinée-Bissau et qu’elles aient quelque chose à dire à leur société »9. Le pays possède déjà des programmes politiques spécifiques à la thématique du handicap. L’essentiel de ceux-ci visent à réduire la pauvreté et sont proches du modèle « caritatif » comme par exemple l’établissement d’allocations spéci-fiques. Cependant, les pressions de mouvements sociaux sur le gouvernement sem-blent revendiquer des droits plus inclusifs (modèle social) pour les personnes handica-pées au sein de l’élaboration des politiques.
En Afrique du Sud, le gouvernement a mis en place un large système de protection sociale destiné entre autre aux personnes handicapées faisant partie des couches de la population trop pauvres pour pouvoir subvenir à leurs besoins élémentaires. En effet, tous les ans, la sécurité sociale verse des allocations sociales à 5 millions de Sud-Afri-cains et notamment à 70% des personnes âgées, à la moitié des personnes handicapées
9 Jeune Afrique, Guinée-Bissau, Le gouvernement va recenser les personnes handicapées, consulté le 17 novembre 2009, http://www.jeuneafrique.com
10 E. HARSCH, L’Afrique du Sud face aux inégalités sociales, consulté le 17 novembre 2009, http://www.un.org
11 Le cercle des droits, La sécurité sociale comme droits humains, consulté le 11 novembre 2009, http://www1.umn.edu/humanrts/edumat/IHRIP/frenchcircle/M-11.htm
12 Discours du président d’Afrique du Sud lors de l’assemblée générale de l’Union des personnes aveugles, consulté le 17 novembre 2009, http://www.cocnet.org
13 Ibidem
14 Ibidem
15 Ibidem
16 Le cercle des droits, La sécurité sociale comme droits humains, consulté le 17 novembre 2009, http://www1.umn.edu/humanrts/edumat/IHRIP/frenchcircle/M-11.htm
et à 15% des enfants de moins de 7 ans10. Le système de sécurité sociale est un des mieux développés d’Afrique11. Au niveau de l’accès aux soins de santé, l’Afrique du Sud possède un double système qui se caractérise par la coexistence du secteur public et du secteur privé. Le système public financé par l’Etat garantit aux personnes handica-pées un accès gratuit aux soins de santé. De plus, les pouvoirs politiques montrent une réelle motivation à intégrer les personnes handicapées au sein de l’élaboration des poli-tiques. En effet, un bureau relatif aux statuts des personnes handicapées a été installé dans les locaux de la Présidence12. 16 députés de l'Assemblée Nationale d'Afrique du Sud sont des personnes handicapées, 3 d'entre elles sont malvoyantes. Par ailleurs, beaucoup de personnes handicapées ont été nommées à des postes de direction dans plusieurs institutions étatiques13.
De ce fait, les programmes ont tendance à développer également une approche « sociale » dans l’orientation de leurs actions. En effet, une stratégie générale à l’échelle nationale a été lancée avec la participation des organisations de personnes handica-pées qui vise les questions prioritaires telles que l’éducation, la formation profession-nelle, le travail, le soutien financier, la sécurité et le logement des personnes handicapées14. Au niveau de l’emploi, de nombreux textes législatifs ont pour objectif d’intégrer les personnes handicapées dans des programmes. Le gouvernement s’est engagé depuis 1998 à consacrer 5% des dépenses publiques pour la promotion des petites entreprises employant des personnes handicapées15.
Cependant, malgré l’ensemble des mesures prises en faveur de l’intégration de person-nes handicapées, celles-ci restent inaccessibles pour une partie considérable de la population. En effet, beaucoup de personnes handicapées ne sont toujours pas couver-tes par ces programmes et même celles qui en bénéficient se heurtent parfois à des difficultés. Parmi celles-ci, un certain nombre de problèmes administratifs empêchent notamment l’accès aux allocations16.
Enfin, Cuba constitue un cas particulier d’intégration des personnes handicapées de par la situation politique du pays. Néanmoins, le manque de ressources y constitue égale-ment un frein important à la mise en place de programmes efficaces. Premièrement, il n’existe pas de système de classification administrative du handicap. Les personnes han-dicapées ne reçoivent pas d’allocations spécifiques. Il n’y a pas d’établissements spécia-lisés, les Cubains handicapés sont accueillis dans les mêmes maisons d’accueil et de retraite que les autres. Selon la Constitution, « tous les Cubains ont les mêmes droits et la sécurité sociale fonctionne de la même manière pour tout le monde ».
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 1. Généralités sur les pays du Sud - 2. Généralités sur le handicap
VOIR ACTIVITE- 7. Photo-langage
Cuba, deux musiciens aveugles© Alexandre Hippert - Handicap International
Une des difficultés majeures que rencontrent les personnes handicapées à Cuba concerne notamment l’accès au matériel adéquat pour les déficiences lourdes. Malgré ces difficultés, le gouvernement est caractérisé par une réelle « volonté politique d’intégration des personnes handicapées à plusieurs niveaux ». L’aide humaine y est principalement apportée par la famille, mais si ce n’est pas possible, l’assistance sociale attribue une personne qui assure cette aide et vit en permanence avec la personne han-dicapée. L’enseignement y est inclusif. I l s’effectue de manière ordinaire pour la plupart des enfants et des jeunes handicapés. L’enseignement à distance est possible grâce à la télévision éducative qui passe 10 à 12 heures sur deux chaînes différentes. En complé-ment, des professeurs ambulants enseignent à des élèves qui ne peuvent pas se dépla-cer et qui vivent dans les zones isolées. Les élèves concernés sont inscrits dans l'école la plus proche, ils y vont au moins une journée par semaine, et s'ils ne peuvent s'y rendre, ce sont leurs camarades de classe qui viennent au domicile. Des établissements spécialisés reçoivent les enfants handicapés moteurs, sourds ou aveugles, le temps nécessaire pour qu'ils y acquièrent le minimum de connaissances nécessaires pour inté-grer l'école ordinaire. Les lieux publics, les logements et les lieux de travail posent d’importants problèmes d’accessibilité pour les personnes handicapées. En effet, tout les bâtiments appartiennent à l’Etat qui décide seul et selon des modalités complexes des adaptations nécessaires. En matière d’accès au sport, le gouvernement a pour objectif que chaque personne handicapée puisse participer à une activité physique au sein de sa communauté de vie.
Le système cubain a donc une approche proche du modèle social dans les politiques en ce qui concerne les personnes handicapées. Malheureusement, le manque de moyens disponibles et certaines particularités du système politique tendent à limiter l’impact des programmes.
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Urgence
Quand une catastrophe naturelle, une catastrophe d’origine
humaine ou un conflit armé survient, les personnes
handicapées sont parmi les plus vulnérables, mais aussi les
plus oubliées. Jusqu’à 80% des personnes qui restent dans
des zones dangereuses lors de désastres sont des personnes
handicapées, qui ne reçoivent dès lors aucune assistance. De
plus, lors d’une crise, on compte en moyenne quatre blessés
pour une personne décédée. Et parmi les personnes blessées,
certaines risquent un handicap permanent…
1 Notre Planete, consulté le 24 novembre 2009, http://www.notre-planete.info/geographie/risques_naturels/catastrophes_naturelles.php
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LA SECURITE, UN DROIT FONDAMENTAL
L’article 11 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handica-pées stipule que « les États parties prennent, conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, notamment le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’Homme, toutes mesures nécessaires pour assurer la protection et la sûreté des personnes handicapées dans les situations de risque, y compris les conflits armés, les crises humanitaires et les catastrophes naturelles ».
UNE CATASTROPHE, C’EST QUOI ?
Une catastrophe est un événement qui survient brutalement, d’origine naturelle ou humaine et qui cause en général la mort et la destruction à grande échelle.
D’origine naturelle, elle peut prendre la forme :
d’un cyclone (ex : cyclone Nargis au Myanmar en mai 2008) d’une inondation ou d’un raz-de-marée (ex : Tsunami en Asie du Sud-Est en décembre 2004) d’un tremblement de terre (ex : séisme du Sichuan en Chine en mai 2008)d’une éruption volcanique, plus rare
Une catastrophe d’origine humaine peut être :
technologique ou industrielle :- accident chimique dans une usine avec nuage de gaz toxique, à Bhopal en Inde, en décembre 19842
- accident nucléaire dans une centrale, à Tchernobyl en Ukraine, en avril 19863
militaire (ex : bombardement d’une bombe atomique) liée au transport de personnes (accident d’avion, de train, etc.)
Quant au conflit armé, le droit international humanitaire en distingue deux types :
le conflit armé international, qui oppose deux États ou plusle conflit armé non international, qui oppose les forces gouvernementales à des groupes armés non gouvernementaux, ou des groupes armés entre eux.
CONSEQUENCES DES CATASTROPHES ET DES CONFLITS ARMES
Au moment d’une catastrophe ou d’un conflit armé, toute personne cherche à éviter les dangers en fuyant, où qu’elle soit au moment crucial. Les familles sont parfois disloquées à cet instant : les enfants sont à l’école, la mère au champ, le père au magasin, la grand-mère à la maison, etc.
Les conséquences de ces événements peuvent être entre autres un déplacement massif de population vers une zone moins dangereuse. Mais répondre aux besoins de milliers de personnes qui arrivent presque en une fois dans un lieu est souvent impossible pour les autorités locales : pas d’accès à l’eau potable, pas de logement, pas de nourriture, pas de vêtements, pas de médicaments, etc.
On se trouve alors dans une situation d’urgence ou de crise, nécessitant la plupart du temps une aide humani-taire qui vient de l’extérieur. Souvent, en cas de déplacement de population, des camps de réfugiés sont alors montés pour organiser et coordonner l’aide. Ces situations concernent davantage les pays du Sud car ces derniers ont moins de moyens pour y faire face et sont plus dépendants d’une aide extérieure.
Chine, tremblement de terre dans la province de Sichuan, en mai 2008 © Graziella Lippolis - Handicap International
Afghanistan© Frédéric Meunier - Handicap International
2 Voir fiche thématique « 21. Pollution »
3 Idem
Rwanda, Camp de réfugiés en 1994 © Claude Simonnot - Handicap International
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EN SITUATION D’URGENCE, PAS LE TEMPS DE PENSER « HANDICAP » !
En situation d’urgence, le handicap peut être évoqué à deux niveaux différents :
Suite à une blessure non ou mal soignée, une personne peut devenir handicapée
Pour les personnes handicapées, l’accès à l’aide humanitaire est parfois difficile ou l’aide est inadaptée
Dans bien des cas, les personnes handicapées n’ont pas accès à l’aide humanitaire et/ou l’aide est inadaptée, car :
Elles sont souvent invisiblesI l arrive fréquemment que les personnes handicapées soient laissées pour compte : restées à la maison, elles ne sont pas secourues par les membres de la famille qui n’ont souvent pas le temps de passer à la maison, avant de prendre la fuite.
De plus, une personne handicapée éprouve plus de difficultés que quelqu’un d’autre pour se sauver et fuir rapidement, et ce pour plusieurs raisons : elle ne court pas assez vite, elle ne voit pas, elle n’entend pas les signaux de détresse, etc. Les personnes handi-capées représentent un groupe très vulnérable, comme les femmes et les enfants.
Ainsi, lors de la distribution de nourriture par exemple, les personnes présentes uniquement bénéficient de l’aide humanitaire. Souvent, les personnes handicapées sont absentes dans ces moments. A l’inverse, il est important de ne pas privilégier les personnes handica-pées par rapport aux autres, pour éviter qu’elles ne se fassent agresser suite à un sentiment d’injustice, d’envie ou de jalousie.
Les personnes handicapées sont donc souvent invisibles, et en situation d’urgence, on pense rarement à les identi-fier et à les localiser, pour leur venir en aide. Les organisations humanitaires veulent aider le plus efficacement possible le plus grand nombre de personnes. Cette vision écarte les personnes handicapées
représentant un public minoritaire et spécifique que le personnel humanitaire ne cherche pas souvent à atteindre.
Les personnes handicapées ont des besoins spécifiquesEn cas de blessures, les personnes handi-capées ont besoin d’être soignées comme quiconque et doivent avoir accès aux soins. Mais souvent, elles nécessitent des soins spécifiques qui sont rarement pris en compte, et pour lesquels le personnel formé et spécialisé fait défaut.
L’accessibilité4 aux dispositifs de l’aide humanitaire est spécifique aux personnes handicapées : rampes pour les personnes en chaise roulante, toilettes adaptées, signaux sonores pour les personnes malvoyantes et aveugles, etc. En situa-tion d’urgence, l’accessibilité est oubliée la plupart du temps.
COMMENT PENSER « HANDICAP » EN SITUATION D’URGENCE ?
Pour les personnes handicapées
PréventivementOrganiser des systèmes d’alerte que chacun peut percevoir en fonction de sa déficience : signaux visibles, sonores, etc.Sensibiliser et former les professionnels de l’aide humanitaire à secourir les personnes handicapées dans les situations de crise, comme toute autre personne
Pendant Recenser, identifier, localiser et emmener les personnes handicapées le plus vite possible dans un lieu sécuriséAssurer l’accessibilité des dispositifs d’aide humanitaire aux personnes handicapées : donner de l’information, installer des rampes d’accès, etc.Garantir l’accès à des soins adaptés, donnés par du personnel spécialisé
Pour les autres personnes
I l s’agit d’éviter qu’une blessure ne se transforme en handicap !Identifier les blessés présentant un risque de séquelles invalidantesAssurer des soins adaptés le plus vite possible Assurer un suivi adapté des soins
4 Voir fiche thématique « 8. Accessibilité »
Indonésie, enfant victime du Tsunami © Marie Chuberre - Handicap International
Bangladesh, inondations de 2005 © Handicap International
Guerre dans les Balkans, années 90 © UNHCR
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 19. Coopération au développement- 21. Pollution
VOIR ACTIVITE- 7. Photo-langage
Chine, tremblement de terre dans la province de Sichuan, mai 2008 © Handicap International
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Coopération au développement
Un des objectifs majeurs de la coopération au
développement consiste en la réduction de la pauvreté au
niveau mondial. En effet, le premier Objectif du Millénaire pour
le Développement consiste à réduire l’extrême pauvreté et la
faim, et a pour cible principale de réduire de moitié d’ici 2015
la proportion de la population dont le revenu est inférieur à
un dollar par jour. Selon la Banque Mondiale, parmi les
personnes les plus pauvres, une personne sur cinq est
handicapée. La prise en considération de la thématique du
handicap apparaît comme inévitable pour atteindre la
réalisation des objectifs majeurs de la coopération, elle se
doit donc d’être intégrée au sein des politiques de
développement.
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L’IMPORTANCE DE LA PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION DU HANDICAP DANS L’ATTEINTE DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR LE DEVELOPPEMENT
En septembre 2000, les États membres de l'Organisation des Nations Unies (ONU) ont convenu d'atteindre d'ici 2015 les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), au nombre de huit. Parmi ceux-ci, six des huits objectifs ont un lien direct avec la thématique du handicap et ne pourront être réalisés qu’à travers une prise en compte de cette thématique.
Réduction de l’extrême pauvreté et de la faimSelon la Banque Mondiale, parmi les personnes les plus pauvres de la planète, une personne sur cinq est handicapée1. Les personnes handicapées sont confrontées à de nombreux obstacles les empêchant de prendre part à la vie socio-économique de leur communauté et d’avoir accès à leurs droits fondamentaux. Le handicap et la pauvreté sont deux facteurs se renforçant l’un et l’autre pour former un cercle vicieux. En effet, la pauvreté génère du handicap et ce dernier génère de la pauvreté2.
Garantir un enseignement primaire universel Dans les pays du Sud, 98% des enfants handi-capés ne sont pas scolarisés. De plus, le taux mondial d’alphabétisation pour les adultes handicapés ne dépasse pas les 3%3. Les personnes handicapées sont souvent victimes de discriminations importantes concernant l ’accès à l ’éducation lorsqu’elles vivent dans un contexte de pauvreté importante. Cette marginalisation du système éducatif est encore plus important au sein de la popula-tion féminine des pays du Sud4.
Promouvoir l’égalité des sexes et l’émancipation de la femmeLes femmes et les jeunes filles handicapées sont souvent victimes d’une double discrimination du fait de leur sexe et de leur handicap. En effet, 70% des personnes pauvres sont des femmes. Parmi celles-ci, les personnes handicapées sont encore plus vulnérables5. Dans les pays du Sud, les femmes handicapées ont plus de diffi-cultés à avoir accès à l’éducation, aux soins de santé ou à l’emploi. De plus, elles sont également fortement exposées aux violences sexuelles, familiales et institutionnelles6.
Réduction de la mortalité infantileLe contexte de pauvreté dans les pays du Sud a tendance à favoriser la mortalité des enfants handicapés. Par manque de moyens, les enfants handicapés sont souvent abandonnés ou placés dans des centres ou encore quelques fois tués à cause de leurs déficiences. La plupart d’entre eux auraient pu survivre grâce aux soins qu’ils auraient pu recevoir dans les pays du Nord7.
Améliorer la santé maternelleA l’échelle mondiale, plus de 50 millions de femmes reçoivent des soins de santé précaires en matière de maternité8. Les femmes handicapées ont très peu de soutien et d’accès aux soins de santé maternelle. Le plus souvent, elles sont consi-dérées comme asexuées et comme des personnes n’ayant pas la possibilité de procréer9. Les femmes handicapées enceintes doivent être largement prises en compte en ce qui concerne l’amélioration des soins de santé.
Lutter contre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladiesLes personnes handicapées sont le plus souvent exclues des programmes de lutte et de prévention contre le sida et les autres maladies invalidantes. Pourtant, elles y sont fortement exposées notamment à cause des violences sexuelles qu’elles subissent, de l’utilisation d’aiguilles lors de leurs traite-ments médicaux ou suite à un accident, ou encore par la transmission d’une maladie de la mère à l’enfant10.
Il est donc plus que nécessaire de prendre en compte la dimension du handicap et de l’intégrer au sein des différents programmes de développement afin de pouvoir tendre vers la réalisation des Objectifs du Millénaire. L’article 32 de la récente Convention inter-nationale relative aux Droits des Personnes Handicapées stipule que les Etats doivent prendre les mesures nécessaires pour « faire en sorte que la coopération internationale – y compris les programmes de développement international – prenne en compte les personnes handicapée et leur soit accessible ».
Cette prise en compte du handicap au sein de la coopération doit également être mise en parallèle avec une évolution de la vision des personnes handicapées et de leurs droits.
7 IDDC, Développement inclusif et Convention internationale globale et intégrée pour la promotion et la protection des droits et de la dignité des personnes handicapées, 2005, p. 8
8 Cette statistique a été fournie par le groupe de la banque mondiale, voir http://www.developmentgoals.org/Maternal_Health.htm
9 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, France, 2008, p. 16
10 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, France, 2008, p. 41
Afghanistan© Handicap International
1 P. RESTOUX , Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 12
2 Voir fiche thématique « 10. Pauvreté »
3 P. RESTOUX , Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 48
4 Voir fiche thématique « 12. Education » et « 14. Genre »
5 P. RESTOUX , Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 16
6 Voir fiche thématique « 14. Genre » et « 22. Violence »
Chine, entraînement des joueurs de Tai Ji dans les jardins de la bibliothèque nationale de Pékin© Jacques Grison / Rapho
Coopération audéveloppement
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Coopération audéveloppement
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UNE NOUVELLE APPROCHE DES QUESTIONS LIEES AU HANDICAP DANS LA COOPERATION AU DEVELOPPEMENT
L’aide aux personnes handicapées a pendant longtemps été élaborée dans une concep-tion caritative essentiellement basée sur la charité publique et l’attente de soins médi-caux individuels. Dans ce contexte, la plupart des organisations ont en quelque sorte maintenu l’exclusion des personnes handicapées en créant des services spécifiquement conçus pour elles. Bien souvent, les personnes handicapées étaient elles-mêmes exclues du fonctionnement de ces institutions spécifiques. Ces dernières années ont été marquées par une évolution considérable dans l’approche du handicap suite à l’introduction d’une double dimension dans la thématique du handicap11.
Le développement inclusif
Le développement « inclusif » consiste à impliquer les personnes handicapées à toutes les phases d’un programme (international, national ou local) pour que leurs besoins spécifiques soient pris en compte. Les différentes phases d’un programme consistant en la programmation, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation. Cette notion est donc basée sur le respect des droits de l’Homme et est située dans le prolongement de l’apparition du « modèle social » dans la perception du handicap.
La réadaptation à base communautaire (RBC)
Ce concept a pour objectif l’implication de l’ensemble d’une communauté, c'est-à-dire les familles, les autorités locales, les services publics et les associations, au sein du processus de réadaptation des personnes handicapées12. Par exemple, dans le cadre de maladies invalidantes, le patient et son entourage sont formés à la compréhension de ce type de maladies, à leur dépistage et à leur prise en charge. Ils peuvent ainsi véhicu-ler ces messages et ce savoir au sein des populations13. Cette approche est une alterna-tive à la simple mise en place de services spécialisés comme par exemple les centres orthopédiques qui ne permettent pas d’atteindre toutes les personnes handicapées et ne contribuent pas à une réelle inclusion de celles-ci au sein de la société.
En Asie (Népal, Inde, Philippines), la réadaptation à base communautaire s’articule autour de quatre dimensions. Premièrement, certains programmes visent à renforcer les capacités des communau-tés, à prévenir et à identifier le handicap. D’autres actions ont pour objectif de renforcer les processus d’intégration et de défense des droits des personnes handi-capées. Un troisième ‘volet’ consiste en la formation des organisations de dévelop-pement présentes sur le terrain et des membres de la famille ou de la commu-nauté aux méthodes de réadaptations depersonnes handicapées. Enfin, la gestion de la mise en place de réseaux d’échanges a pour objectif le renforcement de la capacité des différents acteurs14.
A Madagascar, les programmes en faveur des personnes handicapées sont organisés autour de deux axes : la prévention des risques d’incapacité et la promotion des droits, et l’insertion sociale. Ces projets intègrent différents acteurs afin de rendre possible la réalisation de leurs objectifs. Outre le soutien des initiatives des personnes handica-pées, l’ensemble de la communauté est sensibilisée et, dans la mesure du possible, formée à la problématique du handicap. Les pouvoirs locaux font également partie des projets RBC notamment en favorisant l’accessibilité des villes et des différents services publics aux personnes handicapées. Enfin, un fonds d’aide aux associations de personnes handicapées est destiné à subventionner leurs projets et à leur donner la possibilité de participer en tant que personnes à la réalisation de celui-ci15.Libéria, apprentissage du langage des signes
© Handicap International
Cambodge, paysan amputé© John Vink - pour Handicap International
11 Voir fiche thématique « 2. Généralités sur le handicap »
12 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, France, 2008, p. 33
13 Ibidem
14 Ibidem
15 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, France, 2008, p. 35
Coopération audéveloppement
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Coopération audéveloppement
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 10. Pauvreté- 11. Santé- 12. Education- 14. Genre
VOIR ACTIVITES- 2. Ne coupons pas les ponts !- 7. Photo-langage
DATE-CLE24 octobre : Journée mondiale d’information sur le développement (qui coïncide, en principe, avec la Journée des Nations Unies)
Coopération audéveloppement
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Coopération audéveloppement
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Culture
Pourquoi parler de culture lorsque l’on parle de handicap ?
La perception du handicap et de la personne handicapée est
intrinsèquement liée à la culture. Ce qui est considéré comme
un handicap dans une région ne l’est pas forcément dans une
autre. De même, une même personne handicapée peut être
considérée très différemment d’un pays à un autre. Les
comportements envers les personnes handicapées et la place
de celles-ci dans la société découlent généralement des
représentations sociales que se fait cette société de ses
membres présentant une déficience.
14
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elle est interprétée comme le signe d’une vocation que les esprits lui ont attribuée et non comme un handicap.
Dans certaines régions d’Asie de l’Est et du Sud-Est, on retrouve au sein de la mytholo-gie antique une forte croyance commune en l’intégration de personnes handicapées au sein de la communauté d’origine. Loin du schéma classique de l’exclusion com-munautaire, la personne handicapée pouvait occuper divers rôles importants au sein de la société. On retrouve dans les anciens romans des témoignages de la présence de personnes handicapées au sein des fonctions religieuses, dans celles de garant de la mémoire orale ou encore et de façon plus générale autour des fonctions
artistiques. Ce souci d’intégration de la personne handicapée aurait été détruit suite à l’arrivée des premiers missionnaires et l’installation d’une ségrégation marquée envers les personnes handicapées notamment en les enfermant au sein d’institutions. Depuis quelques décennies, le développement et l’application des concepts d’éducation inclusive et de réhabilitation commu-nautaire dans ces régions marquerait un retour aux valeurs antiques. c’est-à-dire à la nécessité d’intégrer les personnes handicapées au sein de leur communauté2.
En Jordanie, le handicap est perçu comme quelque chose de honteux, un supplice pour la famille. Souvent, les familles arabes n’admettent pas avoir une personne handicapée en leur sein, de peur d’être moins bien considérées par le voisinage. Les sentiments de culpabilité ou de pitié amènent certains parents à cacher leur enfant handicapé, ce qui revient à nier les opportunités d’obtenir des services compétents qui sont nécessaires à son intégration. C’est notamment le cas pour les filles handicapées, qui sont parfois cachées car elles peuvent remettre en question des alliances de mariage possible avec d’autres membres de la famille. De manière générale, on observe souvent que la femme handicapée est davantage exclue dans ces sociétés que les hommes3.
LA PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION CULTURELLE DU HANDICAP…
Ces exemples témoignent du fait que nos perceptions sont conditionnées par notre bagage culturel et que les changer n’est pas quelque chose qui se fait de manière spontanée. La place et la représentation de la personne handicapée sont intrinsèquement liées à la culture. Des programmes de développement en faveur des personnes handicapées dans les pays du Sud doivent donc tenir compte des référents culturels des communautés locales pour attein-dre leurs objectifs.
LA CULTURE, PLUS QU’UN CONCEPT
La culture peut être définie comme l’ensemble des représentations, des croyances, des valeurs, des traditions, des coutumes, des modes de pensée, des visions du monde, etc. d’une société qui permet à ses membres d’interpréter les événements qu’ils observent et de communiquer avec leurs semblables. La culture est souvent assimilée au sens commun, elle renvoie à un système de significations, elle permet la communication. Elle fait partie de notre identité, mais ne cesse d’évoluer au contact des autres.
La manière dont nous percevons certains phénomènes, en fonction de notre bagage culturel, va déterminer notre comportement. Dans ce cas-ci, la façon dont nous percevons les personnes handicapées va engendrer certains comportements vis-à-vis de celles-ci et donc un système d’intégration ou d’exclusion, de mobilisation ou non de la société en faveur des personnes handicapées. Elle va également déterminer la nature des programmes mis en place pour celles-ci. Le handicap est bel et bien défini par la culture.
Qu’est-ce qui se cache derrière le mot « handicap » ?
Avant de parler de handicap, il importe de se rendre compte que dans beaucoup de socié-tés, il n’y a pas de traduction mot à mot du terme « handicap ». En Chine par exemple, la traduction la plus proche de l’équivalent de handicap, c’est « avoir une maladie parce qu’on est cassé » ou « être malade parce qu’on est un déchet ». Au Liban, on traduit le
handicap par « être confronté à un obstacle ». Au Laos ou au Cambodge c’est « être amputé ». Aux Philippines c’est « avoir des incapacités » ou « un manque de chance ».
On retrouve systématiquement dans la conception du handicap dans ces pays un aspect « surhumain » ou du moins « pas humain » et souvent on peut constater que la vision du handicap est négative.
De plus, ce que chaque culture inclut sous le terme « handicap » diffère de l’une à l’autre. Par exemple, la dyslexie va êtreconsidérée comme un handicap dans notre société car elle constitue un frein dans l’obtention d’un emploi et dans l’exercice d’une citoyenneté active, tandis que dans d’autres sociétés à tradition orale, la dyslexie ne sera pas considérée comme un handicap lourd.
Autre exemple : pour les Touaregs du Mali, avoir des taches de rousseur et des petites fesses sont un sérieux obstacle au mariage et peuvent être considérés comme une forme de handicap.
En d’autres termes, la manière dont les sociétés envisagent le handicap est déterminée par diverses variables culturelles.
LES REPRESENTATIONS DE LA PERSONNE HANDICAPEE 1. En Belgique
Les perceptions de la personne handicapée n’ont cessé d’évoluer au fil des siècles et, parallèlement, les comportements vis-à-vis de ces personnes aussi.
Durant l’Antiquité gréco-romaine, le handicap d'un enfant était vu comme une punition infligée par les dieux, ce qui expliquait sa mise à l’écart de la société. Cette époque était très marquée par la peur de la déviance. Au nom de l'esthétique, on croyait que laisser vivre trop d'enfants « différents » pouvait menacer l'espèce humaine.
Dans le Premier Testament, le handicap est considéré comme une impureté. Celui qui présente des imperfections est tenu loin des lieux sacrés, afin de ne pas offenser le Dieu tout puissant. Par contre, dans le Deuxième Testament, on recommande de s’approcher des « infirmes », de les aider, de les soigner. C’est à partir de là que naît l’éthique d’un système caritatif.
Au cours des siècles suivants, on a vu tantôt une sacralisation, tantôt une diabolisation des personnes handicapées. Les attitudes et comportements de la société se caractérisent par une profonde ambivalence.
Fin du 19ème siècle, la grande loi d'obligation scolaire élève les exigences de l'école au rang de norme pour distinguer les enfants dits « normaux » de ceux que l'on qualifie d' « anormaux ».
Cambodge, spectacle réalisé par des femmes handicapées © Bruno Harmant - Handicap International
Laos, isolement d’une personne handicapée© Laurence De Greef - Handicap International
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elle est interprétée comme le signe d’une vocation que les esprits lui ont attribuée et non comme un handicap.
Dans certaines régions d’Asie de l’Est et du Sud-Est, on retrouve au sein de la mytholo-gie antique une forte croyance commune en l’intégration de personnes handicapées au sein de la communauté d’origine. Loin du schéma classique de l’exclusion com-munautaire, la personne handicapée pouvait occuper divers rôles importants au sein de la société. On retrouve dans les anciens romans des témoignages de la présence de personnes handicapées au sein des fonctions religieuses, dans celles de garant de la mémoire orale ou encore et de façon plus générale autour des fonctions
artistiques. Ce souci d’intégration de la personne handicapée aurait été détruit suite à l’arrivée des premiers missionnaires et l’installation d’une ségrégation marquée envers les personnes handicapées notamment en les enfermant au sein d’institutions. Depuis quelques décennies, le développement et l’application des concepts d’éducation inclusive et de réhabilitation commu-nautaire dans ces régions marquerait un retour aux valeurs antiques, c’est-à-dire à la nécessité d’intégrer les personnes handicapées au sein de leur communauté2.
En Jordanie, le handicap est perçu comme quelque chose de honteux, un supplice pour la famille. Souvent, les familles arabes n’admettent pas avoir une personne handicapée en leur sein, de peur d’être moins bien considérées par le voisinage. Les sentiments de culpabilité ou de pitié amènent certains parents à cacher leur enfant handicapé, ce qui revient à nier les opportunités d’obtenir des services compétents qui sont nécessaires à son intégration. C’est notamment le cas pour les filles handicapées, qui sont parfois cachées car elles peuvent remettre en question des alliances de mariage possible avec d’autres membres de la famille. De manière générale, on observe souvent que la femme handicapée est davantage exclue dans ces sociétés que les hommes3.
LA PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION CULTURELLE DU HANDICAP…
Ces exemples témoignent du fait que nos perceptions sont conditionnées par notre bagage culturel et que les changer n’est pas quelque chose qui se fait de manière spontanée. La place et la représentation de la personne handicapée sont intrinsèquement liées à la culture. Des programmes de développement en faveur des personnes handicapées dans les pays du Sud doivent donc tenir compte des référents culturels des communautés locales pour attein-dre leurs objectifs.
Après la deuxième guerre mondiale, on passe d’une approche caritative du handicap à une approche sociale. On commence à envisager l’intégration des personnes handica-pées grâce à certains programmes spécifiques. Mais le changement des mentalités ne se fait pas du jour au lendemain, l’évolution est lente, comme cela a été le cas pour beaucoup d’autres sujets de société, comme l’égalité hommes-femmes.
Le concept de handicap apparaît comme plus pertinent dans une société industrialisée, où l’on se centre davantage sur l’individu, plutôt que sur la collectivité comme dans de nombreux pays du Sud. En effet, plus d’efforts sont déployés dans les pays occidentaux pour définir les degrés de handicap et réduire les effets du handicap. Tous ces efforts sont faits parce que les systèmes de valeurs de la plupart des sociétés occidentales sont basés, du moins en théorie, sur les notions fondamentales des droits de l’Homme qui disent que tous les êtres humains sont égaux devant la loi.
On note aujourd’hui différents changements visant l’égalité des droits des personnes handicapées : éducation, accès à la culture, mobilité, etc. On peut constater certains changements visant à favoriser l’intégration des personnes handicapées dans notre société : rampe d’accès dans les lieux publics et culturels, transports en commun adap-tés, feux de signalisation sonore, etc.
Cependant, si les droits de l’Homme existent en théorie, dans la pratique, la réalité est bien différente et les discriminations restent encore nombreuses (accès au travail, à l’enseignement général, etc.).
On constate peu de mixité entre les personnes handicapées et les autres et trop peu d’actions sont menées pour travailler sur le changement des mentalités. Le handicap fait encore partie des tabous de notre société.
Pour mieux comprendre les politiques d’intervention au niveau du handicap, il importe de se référer au cadre de référence internationale de l’Organisation Mondiale de la Santé1. Les politiques d'intervention tentent de mesurer et de qualifier les déficiences, les incapacités et les handicaps pour orienter et définir des normes d'action.
Cette conception normative exprime surtout des représentations de manques, de diffi-cultés, d'incapacités, d'inadaptations, etc.
Ce type de différence stigmatise la personne handicapée dans des images négatives. La personne handicapée est souvent infantilisée, réduite à son handicap. On accentue souvent les différences et on a tendance à refuser les ressemblances. C’est ce qui explique pourquoi on se focalise sur la disparition de la différence plutôt que sur l’intégration de celle-ci.
Il ne suffit pas d'intégrer la personne handicapée en ayant d'elle ces images de manques et d'inadaptations ; il faut lui donner ses chances de participer réellement à la vie sociale. Pour cela,
un changement de représentations est nécessaire dans notre société : les notions de rendement, capacité, efficience, progrès, adaptation, devraient remplacer les notions négatives qui caractérisent la personne handicapée. Si certaines institutions et organisations vont dans ce sens, un travail de sensi-bilisation doit encore être réalisé au niveau des citoyens.
2. Dans d’autres cultures
I l existe des facteurs culturels qui expliquent pourquoi les personnes handicapées et leurs familles n’ont pas toujours recours aux services de santé pour prévenir, soigner ou guérir un handicap.
Dans de nombreuses sociétés non occidentales, le système de croyances basé sur la forces des ancêtres, le destin, le karma ou encore la punition divine fait du handicap un phénomène faisant partie intégrante de l’ordre naturel des choses. Dès lors, la population ne catégorise pas les personnes handicapées comme différentes des autres et ne cherche pas à diminuer l’impact du handicap sur la vie d’une personne.
La manière dont on voit le handicap influence la manière dont on va le soigner. Si le handi-cap est vu comme une malédiction, on va faire appel aux esprits, aux dieux, etc., s’il est perçu comme une cause médicale, on va faire appel à la médecine.
Dans la plupart des pays du Sud, le handicap n’est habituellement pas vu comme une priorité dans le développement, sauf pour les personnes handicapées et leurs familles.
Le contexte culturel doit donc être pris en compte dans les projets de développement. Il importe d’éviter une vision ethnocentrique du handicap pour éviter les conflits de valeurs. En effet, un projet de développement en faveur des personnes handicapées a peu de chance de fonctionner si on n’a pas conscience de la représentation du handicap et de la personne handicapée dans la région du monde où le projet a lieu. Pourquoi les gens iraient écouter les représentants des projets de développement si la personne handicapée n’a pas d’importance dans la société, si telle ou telle incapacité n’est pas considérée comme un handicap ou bien encore si la société voit le handicap comme une malédiction ?
Au Bénin ou encore au Sénégal, certaines déficiences sont soignées par les guérisseurs et d’autres pas, cela dépend de la cause du handicap, du type de déficience et du moment où il survient. Certains guérisseurs disent traiter la personne handicapée seulement au tout début de la « maladie ». Ils disent ne pas être compétents pour les maladies congénitales. Dans la plupart des cas, les guérisseurs se définissent eux-mêmes en relation avec la cause du handicap. Pour un certain nombre d’entre eux, seulement quand la cause n’est pas naturelle mais mystique ou occulte, ils peuvent intervenir. Un guérisseur qui bénéficie de l’intervention des esprits est capable de traiter des handicaps causés par ces mêmes esprits. Si la déficience intellectuelle d’une personne est perçue comme le pouvoir d’un esprit, celui-ci fera appel à un guérisseur qui peut neutraliser cet esprit.
Dans certaines régions des Andes en Bolivie, ce qui est différent n’est pas dévalué, mais au contraire valorisé. Par exemple, une personne qui a les mains mutilées ou estropiées est honorée lors de certaines cérémonies. Cette déficience octroie une plus-value à la personne,
France, deux amis : Christophe et Michael© Jérôme Deya
1 Voire fiche thématique « 2. Généralités sur le handicap ».
Qu’est ce qu’un handicapé ? Celui qui te fait croire que tu es normal…
“”Simone Sausse
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elle est interprétée comme le signe d’une vocation que les esprits lui ont attribuée et non comme un handicap.
Dans certaines régions d’Asie de l’Est et du Sud-Est, on retrouve au sein de la mytholo-gie antique une forte croyance commune en l’intégration de personnes handicapées au sein de la communauté d’origine. Loin du schéma classique de l’exclusion com-munautaire, la personne handicapée pouvait occuper divers rôles importants au sein de la société. On retrouve dans les anciens romans des témoignages de la présence de personnes handicapées au sein des fonctions religieuses, dans celles de garant de la mémoire orale ou encore et de façon plus générale autour des fonctions
artistiques. Ce souci d’intégration de la personne handicapée aurait été détruit suite à l’arrivée des premiers missionnaires et l’installation d’une ségrégation marquée envers les personnes handicapées notamment en les enfermant au sein d’institutions. Depuis quelques décennies, le développement et l’application des concepts d’éducation inclusive et de réhabilitation commu-nautaire dans ces régions marquerait un retour aux valeurs antiques, c’est-à-dire à la nécessité d’intégrer les personnes handicapées au sein de leur communauté2.
En Jordanie, le handicap est perçu comme quelque chose de honteux, un supplice pour la famille. Souvent, les familles arabes n’admettent pas avoir une personne handicapée en leur sein, de peur d’être moins bien considérées par le voisinage. Les sentiments de culpabilité ou de pitié amènent certains parents à cacher leur enfant handicapé, ce qui revient à nier les opportunités d’obtenir des services compétents qui sont nécessaires à son intégration. C’est notamment le cas pour les filles handicapées, qui sont parfois cachées car elles peuvent remettre en question des alliances de mariage possible avec d’autres membres de la famille. De manière générale, on observe souvent que la femme handicapée est davantage exclue dans ces sociétés que les hommes3.
LA PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION CULTURELLE DU HANDICAP…
Ces exemples témoignent du fait que nos perceptions sont conditionnées par notre bagage culturel et que les changer n’est pas quelque chose qui se fait de manière spontanée. La place et la représentation de la personne handicapée sont intrinsèquement liées à la culture. Des programmes de développement en faveur des personnes handicapées dans les pays du Sud doivent donc tenir compte des référents culturels des communautés locales pour attein-dre leurs objectifs.
VOIR FICHES THEMATIQUES- 2. Généralités sur le handicap- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination- 14. Genre
VOIR ACTIVITES- 7. Photo-langage- 11. Contes
DATE-CLE21 mai : Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et pour le développement
Rwanda, jeune garçon amputé© Denis Mangenot - Handicap International
2 B. HOLZER, A. VREEDE & G. WEIGT (eds), Disability in different Cultures, Reflections on Local Concepts, Biefield, transcript Verlag, 1999, p.88
3 Voire fiche thématique « 14. Genre ».
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elle est interprétée comme le signe d’une vocation que les esprits lui ont attribuée et non comme un handicap.
Dans certaines régions d’Asie de l’Est et du Sud-Est, on retrouve au sein de la mytholo-gie antique une forte croyance commune en l’intégration de personnes handicapées au sein de la communauté d’origine. Loin du schéma classique de l’exclusion com-munautaire, la personne handicapée pouvait occuper divers rôles importants au sein de la société. On retrouve dans les anciens romans des témoignages de la présence de personnes handicapées au sein des fonctions religieuses, dans celles de garant de la mémoire orale ou encore et de façon plus générale autour des fonctions
artistiques. Ce souci d’intégration de la personne handicapée aurait été détruit suite à l’arrivée des premiers missionnaires et l’installation d’une ségrégation marquée envers les personnes handicapées notamment en les enfermant au sein d’institutions. Depuis quelques décennies, le développement et l’application des concepts d’éducation inclusive et de réhabilitation commu-nautaire dans ces régions marquerait un retour aux valeurs antiques, c’est-à-dire à la nécessité d’intégrer les personnes handicapées au sein de leur communauté2.
En Jordanie, le handicap est perçu comme quelque chose de honteux, un supplice pour la famille. Souvent, les familles arabes n’admettent pas avoir une personne handicapée en leur sein, de peur d’être moins bien considérées par le voisinage. Les sentiments de culpabilité ou de pitié amènent certains parents à cacher leur enfant handicapé, ce qui revient à nier les opportunités d’obtenir des services compétents qui sont nécessaires à son intégration. C’est notamment le cas pour les filles handicapées, qui sont parfois cachées car elles peuvent remettre en question des alliances de mariage possible avec d’autres membres de la famille. De manière générale, on observe souvent que la femme handicapée est davantage exclue dans ces sociétés que les hommes3.
LA PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION CULTURELLE DU HANDICAP…
Ces exemples témoignent du fait que nos perceptions sont conditionnées par notre bagage culturel et que les changer n’est pas quelque chose qui se fait de manière spontanée. La place et la représentation de la personne handicapée sont intrinsèquement liées à la culture. Des programmes de développement en faveur des personnes handicapées dans les pays du Sud doivent donc tenir compte des référents culturels des communautés locales pour attein-dre leurs objectifs.
Pollution
La pollution a un lien direct avec le développement de
différents types de déficiences. L’histoire du 20ème siècle est
riche d’exemples en la matière. Par souci de clarté, nous
distinguerons quatre types de pollution : la pollution de l’air,
l’utilisation de pesticides, les catastrophes humaines et la
gestion des déchets toxiques. En Chine, la pollution de l’air a
pour conséquence une malformation de 7% des enfants à leur
naissance1. Trop méconnue, la catastrophe de Bhopal2 en Inde
en 1984 a déjà causé la mort de près de 30.000 personnes
suite à des brûlures et des intoxications et a provoqué de
graves maladies chez près d’un million de personnes !
L’utilisation massive de pesticides dans l’agriculture ou lors de
conflits armés a également de lourdes conséquences sur les
populations. Enfin, l’exposition à des déchets toxiques peut
également être une cause de déficiences comme l’illustre le
désastre causé par l’explosion d’un des réacteurs de la
centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986.
1 PsychoMedia, Des malformations chez 7% des nouveaux-nés en Chine : la pollution en cause, 03/02/2009, consulté le 24 novembre 2009, http://www.psychomedia.qc.ca
2 Bophal (Inde)-catastrophe industrielle : explosion d’une usine de pesticides qui a dégagé plus de 40 tonnes d’isocyanate de méthyle dans l’atmosphère et qui aurait tué 8.000 personnes le jour de la catastrophe.
formes. Seule une interdiction totale de l’extraction, de la transformation et de l’utilisation de l’amiante pourra limiter une épidémie de maladies associées à cette substance16.
En effet, l’inhalation de particules d’amiante peut provoquer de nombreuses mala-dies comme la fibrose musculaire, des cancers broncho-pulmonaires, des cancers de la plèvre et des cancers des voies digestives.
Les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) Avec le développement constant des biens électriques et électroniques dans le monde, une nouvelle catégorie de déchets dangereux pour la santé humaine s’est développée : les « e-déchets ». Ils contiennent des substances chimiques toxiques ainsi que des métaux lourds. Pour en extraire les métaux convoités (cuivre, or, argent, acier…), les travailleurs utilisent des acides extrêmement puissants et nocifs sans utiliser la moindre protection. Ce sont actuellement les déchets qui, quantitativement, augmentent le plus rapidement. Les innovations technologiques aujourd’hui sont telles que la durée de vie d’un ordinateur ou d’un téléphone portable a diminué de trois quarts, ce qui constitue une nouvelle masse considérable de déchets à traiter. Ce sont donc des millions de tonnes de déchets dangereux qui sont chaque année envoyés, et ensuite traités, dans les pays du Sud. En plus du contact direct qui affecte les travailleurs, ces déchets toxiques s’entassent dans d’énormes décharges à ciel ouvert et finissent par contaminer l’air, l’eau et la terre aux alentours.
Une exposition chronique aux DEEE peut conduire à une atteinte des fonctions de l’apprentissage et de la mémoire, des troubles comportementaux chez le fœtus, des déficiences intellectuelles et des retards du développement cérébral. Ils peuvent également affecter le système reproductif, les reins, etc.
LA POLLUTION EN BELGIQUE
La Belgique et la plupart des pays du Nord ont une législation contraignante en ce qui concerne les différents types de pollution. Alors que les industries y sont en masse, les populations du Nord sont moins exposées aux risques liés à la pollution que celles du Sud.
Les pays du Nord ont aujourd’hui complètement intégré l’importance de l’environnement au sein de leurs objectifs politiques. La preuve concrète en est l’apparition du parti Ecolo en tant que force politique en Belgique et dans la plupart des autres pays européens. On retrouve des mouvements luttant pour la défense de l’environnement dès les années 60. Plus tard, les catastrophes industrielles de Bophal (1984) ou encore de Tchernobyl (1986) vont massivement interpeler l’opinion publique autour des questions de la production et de la gestion des déchets toxiques, de produits chimiques et d’énergies nucléaires. En réaction à ces événements et suite à la préoccupation liée à la croissance des pays du Sud, la notion de « développement durable » va progressivement faire son apparition. Selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’Environnement et le Développement dans le Rapport Brundtland, le développement
VERS UN MONDE PROPRE ?
Diminuer la consommation énergétique mondialeLa surconsommation propre à notre époque est en grande partie responsable de la pollution. Face à ce constat, une des pistes très concrètes de changement repose sur la diminution drastique des consommations énergétiques, en favorisant des alternatives à nos modes de consommation actuels. Bien que cet effort doive être effectué au Nord comme au Sud, la diffusion d’agents polluants a lieu surtout dans les pays du Nord. Dans les pays du Sud, il est urgent que les gouvernements élaborent des règles con-traignantes visant à limiter la pollution au sein des activités industrielles ou agricoles.
Contrôler légalement la diffusion d’agents polluants Sur le plan international, plusieurs traités et protocoles ont été signés pour lutter contre la pollution. Citons par exemple le protocole de Kyoto qui, concrètement, tend à limiter l’émission de gaz à effet de serre, ou encore le sommet de Bali en décembre 2007. Durant ce dernier, les dirigeants des pays du Nord ont mis sur pied un système de con-trôle des émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci établit une quantité de droits d’émission prédéfinie par pays. Les pays du Nord pourraient dans ce système racheter des droits d’émission aux pays du Sud.
Défendre l’agriculture non polluante Au Sud comme au Nord, il est essentiel de promouvoir un retour à une agriculture paysanne, durable et locale. Il faut absolument limiter la place prépondérante des productions de matières premières destinées à l’exportation, très polluantes, au profit des cultures vivrières. La diversité agricole au niveau rural permettrait aux pays du Sud de retrouver leur souveraineté alimentaire et donc de ne pas devoir importer des produits qu’ils pourraient produire pour nourrir leurs populations. Enfin, ce retour à une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement marquerait également une diminution importante de l’utilisation des pesticides.
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LES DIFFERENTS TYPES DE POLLUTION
1. La pollution de l’air
Depuis la seconde guerre mondiale, la pollution de l’air a augmenté de façon considéra-ble. La raison principale de cette augmentation est la multiplication des agents polluants liés aux activités industrielles et au développement continu des transports.
Parmi ceux-ci, citons :
Le dioxyde de soufre (SO2) produit par la combustion du fuel, du gasoil et encore du charbon pour le chauffage et la production industrielle.
Les oxydes d’azote (NOx) produits par les moteurs lors de combustions à haute température.
L’ozone (O3), constituant naturel de l'atmosphère, indispensable à la vie sur terre.
Les gaz à effet de serre (CO2, CH4, CFC) rejetés entre autres par l'indus-trie et l'agriculture.
La situation est d’autant plus préoccupante qu’aujourd’hui, la moitié de la population mondiale vit dans de grandes agglomérations. Les taux de pollution émanant de ces villes sont extrêmement importants.
La province de Shanxi, au Nord de la Chine, est spécialisée dans les industries liées au charbon et enregistre un nombre record de naissance d’enfants handicapés. Le taux de naissance d’enfants handicapés a augmenté de 40% entre 2001 et 20063. Les malforma-tions les plus courantes sont les becs de lièvres, des pathologies cardiaques, un nombre anormal de doigts ou d’orteils ou encore des malformations du tube neural4. La fréquence de retard dans le développement moteur chez les enfants de 2 ans serait 60% plus élevée dans cette région que dans les autres parties de la Chine5.
2. L’utilisation de pesticides
Le développement des techniques depuis la fin de la seconde guerre mondiale a fait émerger de nouveaux produits chimiques, tels les pesti-cides, de plus en plus utilisés dans l’agriculture. L’exposition importante aux pesticides aug-mente le risque de perturbations du système endocrinien6, de malformations congénitales, d’anomalies reproductives, d’infertilités, de mort fœtale, de neurotoxicité7, d’atteintes rénales, respiratoires, cutanées et oculaires. On distinguera ici deux contextes d’utilisation de pesticides : l’agriculture et les conflits armés.
L’agricultureL’augmentation de l’utilisation de pestici-des correspond entre autres à l’industrialisation massive et mondiale de l’agriculture. Environ 85% des pesticides actuellement utilisés dans le monde sont d’ailleurs employés dans le secteur agricole8. Les populations agricoles sont les premières victimes de cette utilisation
Chine, Hubei, pollution de l’air - industrie chimique à Shishou © Sean Maynard
Etats-Unis, épandage aérien de pesticides© Charles O'Rear3
PsychoMedia, Des malformations chez 7% des nouveau-nés en Chine: la pollution en cause, 03/02/2009, consulté le 24 novembre 2009, http://www.psychomedia.qc.ca
4 Les anomalies du tube neural sont des malformations congénitales. Ces malformations apparaissent au sein des cellules qui forment le système nerveux (elles vont se replier sur elles-mêmes jusqu’à former un tube : le tube neural). Les conséquences de ces malformations peuvent être des entraves au bon développement du cerveau.
5 PsychoMedia, La pollution élevée affecte le développement mental des enfants, 15/07/2008, consulté le 24 novembre 2009, http://www psychomedia.qc.ca/pn/modules.php?name=News&file=article&sid=6120
Source : Nations Unies
Proportion de la population vivant en ville en 2007, par continent
81 %
74 %
78 %
73 %
41 %
41 %
Amérique du Nord
Amérique latine
Europe
Océanie
Asie
Afrique
0 20 40 6080 100Proportion (%)
6 Le système endocrinien est composé par l’ensemble des organes possédant des fonctions hormonales.
7 La neurotoxicité se caractérise par un système nerveux endommagé par des toxines.
8 Cf. Etude de Handicap International, Handicap et pollution : déficiences liées aux dégradations de l’environnement et des conditions de travail dans les pays en développement économique, 2007
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croissante de produits toxiques. L’engouement actuel des pays r iches pour les « agro-carburants » amplifie encore ce phénomène. En Argentine, la plupart des terres agricoles de la pampa sont util isées par faire pousser du soja transgéni-que. Le glyfosate, un herbicide très puissant, y est répandu sur les champs par avion si bien que les communautés locales ou les travailleurs des champs y sont fortement exposés. Ces dernières années, le nombre de malformations congéni-tales, de décès prénataux et d’avortements spontanés est en constante augmen-tation. Il existe des cas de filles réglées dès l’âge de trois ans…9 Outre les cultures intensives de soja, les bananeraies et les champs de canne à sucre constituent d’autres exemples où les pesticides font des ravages sur la santé humaine.
Les conflits armésLes pesticides ont également été utili-sés dans le cadre de conflits armés, comme en témoigne la guerre du Vietnam, avec le célèbre « agent orange », herbicide contenant le com-posé le plus toxique parmi les dioxi-nes. Ainsi, entre 1961 et 1971, 83 millions de tonnes de pesticides ont été répandues dans le Sud du pays afin de procéder à une défoliation10 et une destruction des cultures pour faciliter de futurs bombardements. Entre 2,1 et 4,8 millions de personnes auraient été touchées par ces épandages. Ces produits toxiquessont toujours présents dans le sol et dans les aliments cultivés dans cette région. Aujourd’hui, 30 ans après le conflit, environ 60.000 adultes et 200.000 enfants souf-frent toujours de l’ « agent orange »11, responsable, dans la plupart des cas, de malformations congénitales et de déficiences motrices et intellectuelles.
3. Les catastrophes humaines
Catastrophe industrielle lors de la production de pesticides : le cas de BhopalLa catastrophe de Bhopal, survenue la nuit du 3 décem-bre 1984, est la plus importante catastrophe industrielle à ce jour. L’exposition d’une usine de pesticides a dégagé 40 tonnes d’isocyanate de méthyle dans l’atmosphère de la ville, tuant près de 30.000 personnes, dont 8.000 la première nuit.
Catastrophe nucléaire : le cas de Tchernobyl Enfin, l’explosion d’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en 1986, a été une des catastrophes majeures du 20ème siècle, rejetant des produits très radioactifs sur des zones géographiques immenses. Outre le nombre de cancers considérables qui se sont multipliés dans cette région, l’impact sanitaire de cet événement est toujours présent. Parmi les effets dévastateurs des radiations, nous pouvons citer des atteintes des systèmes immunitaires et endocriniens, un vieillisse-ment accéléré, une augmentation des défor-mations sur les fœtus et enfants, des aberra-tions au niveau des chromosomes, ainsi que des maladies cardio-vasculaires, sanguines et psychologiques12.
4. Le déversement et le stockage de produits toxiques
Les pays du Nord produiraient chaque année 300 millions de tonnes de produits toxiques selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. La Convention de Bâle ratifiée en 1992 par 103 pays des Nations Unies a pour objectif de limiter le transfert des déchets dangereux entre les contrées développées et les pays du Sud. En effet, « les mouvements transfrontières de déchets dangereux doivent être réduits au minimum, conformément à leur bonne gestion environnementale. Ils doivent être traités et éliminés aussi près que possible de leur source de production. Enfin, leur production doit être réduite et minimisée à la source »13. En 1995, la Convention est même renforcée en rendant illégales les exportations des déchets toxiques des pays du Nord vers les pays du Sud parce que ces derniers n’ont pas les moyens d’éliminer ces déchets dans les règles. Cependant, cette Convention est très peu respectée tant le trafic des déchets toxiques est une activité lucrative. Parmi ces déchets les plus dan-gereux, nous pouvons citer à titre d’exemple, les pesticides obsolètes (500.000 tonnes stockées dans les pays du Sud), la démolition navale et les déchets électroniques14.
L’amiante dans la démolition navale L’amiante est la substance la plus cancérigène rencontrée dans le monde du travail. Au lieu d’être résolus, les problèmes ont été déplacés dans les pays du Sud et les experts du monde entier s’accordent à dire qu’il s’agit d’une véritable bombe à retardement. En moyenne, un bateau qui va être démonté au Bangladesh ou en Inde contient six tonnes d’amiante15. Pourtant, l’Organisation Internationale du Travail (OIT ) a adopté en 2006 une résolution interdisant l’amiante sous toutes ses
12 GREENPEACE, Le vingtième anniversaire de Tchernobyl, consulté le 24 novembre 2009,http://www.greenpeace.org/belgium/fr/press/releases/20eme-anniversaire-de-tchernob
13 Y. ARRIEUX, Transfert de déchets toxiques : pays du Sud, poubelles du Nord, 2003, consulté le 24 novembre 2009, http://lachaineverte.fr.msn.com/dossiers/dechets
14 Ibidem
15 Cf. Etude de Handicap International, Handicap et pollution : déficiences liées aux dégradations de l’environnement et des conditions de travail dans les pays en développement économique, 2007
Vietnam, écolière née sans bras, victime de l’agent orange © Alexis Duclos (www.alexisduclos.com)
Inde, manifestation pour nettoyer le site de Bhopal
© Joe Athialy
Biélorussie, Minsk, Michael et Vladimir Iariga, deux frèresjumeaux âgés de 16 ans. Michael est un enfant hydrocéphale et sourd © Robert Knoth
9 M.-M. ROBIN, Le monde selon MONSANTO, La Découverte, France, p.371
10 La défoliation est le fait pour un arbre ou un buisson de perdre une partie ou l’entièreté de ses feuilles de façon non naturel. Ex : L’armée américaine a utilisé un défoliant (l’agent orange) pour détruire la forêt durant la guerre du Vietnam.
11 A. DUCLOS, Vietnam: trente ans après la guerre, l’agent orange continue d’empoisonner, http://www.vn.refer.org/vietnam/article.php3?id_article=299
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Cambodge, bidonville dans la périphérie de Phnom Penh© C. Simon - Handicap International
16 Cf. Rapport de la fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), Où finissent les bateaux poubelles ? Les droits des travailleurs dans les chantiers de démolition d’Asie du Sud-Est, décembre 2002.
durable correspond à « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l ’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir»17.
LES PAYS DU SUD, « POUBELLES » DES PAYS POLLUEURS
La plupart des personnes handicapées à cause de la pollution se trouvent dans les pays du Sud. Les raisons sont multiples.
Premièrement, la plupart des mégalopo-les (qui ont un taux de pollution élevé) se trouvent dans les pays du Sud. Ensuite, la législation des pays du Sud et des pays émergents reste faibles en ce qui concerne le rejet de produits toxiques par les industries ainsi que le traitement des déchets. Cette situation profite essentiellement aux multinationales qui s’y installent pour développer leurs affai-res industrielles ou simplement pour y déposer des produits toxiques. En effet, les contraintes législatives liées à l’élimination des déchets dans les pays du Nord poussent les industries vers le Sud.
Au niveau agricole, les importantes taxes issues des exportations des produits
transgéniques incitent les gouvernements des pays du Sud à limiter les contrôles sur l ’emploi des pesticides. Les économies de ces pays sont pour la plupart caractérisées par un modèle économique basé sur l ’exportation massive de matières premières. Les multinationales actives dans ce secteur ont généralement des relations privilégiées avec les gouvernements.
Les personnes travaillant à proximité de décharges toxiques ou de champs « arrosés » de pesticides sont exposées à des risques de maladies ou de cancers accrus. De plus, le danger de contamination de la terre et donc de la nourriture, implique également des risques pour les générations à venir dans ces régions. Il en va de même pour les popula-tions vivant à proximité de centrales ou de produits nucléaires. De façon plus générale, le réchauffement climatique lié à l’augmentation de la pollution affecte en premier lieu les populations des zones arides. Les plus démunis sont les premières victimes liées à la dégradation de l’environnement et donc forcément les plus exposées aux risques de handicaps qui en découlent.
17 Développement durable, consulté le 10 novembre 2009, http://www.developpement-durable.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=768
formes. Seule une interdiction totale de l’extraction, de la transformation et de l’utilisation de l’amiante pourra limiter une épidémie de maladies associées à cette substance16.
En effet, l’inhalation de particules d’amiante peut provoquer de nombreuses mala-dies comme la fibrose musculaire, des cancers broncho-pulmonaires, des cancers de la plèvre et des cancers des voies digestives.
Les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) Avec le développement constant des biens électriques et électroniques dans le monde, une nouvelle catégorie de déchets dangereux pour la santé humaine s’est développée : les « e-déchets ». Ils contiennent des substances chimiques toxiques ainsi que des métaux lourds. Pour en extraire les métaux convoités (cuivre, or, argent, acier…), les travailleurs utilisent des acides extrêmement puissants et nocifs sans utiliser la moindre protection. Ce sont actuellement les déchets qui, quantitativement, augmentent le plus rapidement. Les innovations technologiques aujourd’hui sont telles que la durée de vie d’un ordinateur ou d’un téléphone portable a diminué de trois quarts, ce qui constitue une nouvelle masse considérable de déchets à traiter. Ce sont donc des millions de tonnes de déchets dangereux qui sont chaque année envoyés, et ensuite traités, dans les pays du Sud. En plus du contact direct qui affecte les travailleurs, ces déchets toxiques s’entassent dans d’énormes décharges à ciel ouvert et finissent par contaminer l’air, l’eau et la terre aux alentours.
Une exposition chronique aux DEEE peut conduire à une atteinte des fonctions de l’apprentissage et de la mémoire, des troubles comportementaux chez le fœtus, des déficiences intellectuelles et des retards du développement cérébral. Ils peuvent également affecter le système reproductif, les reins, etc.
LA POLLUTION EN BELGIQUE
La Belgique et la plupart des pays du Nord ont une législation contraignante en ce qui concerne les différents types de pollution. Alors que les industries y sont en masse, les populations du Nord sont moins exposées aux risques liés à la pollution que celles du Sud.
Les pays du Nord ont aujourd’hui complètement intégré l’importance de l’environnement au sein de leurs objectifs politiques. La preuve concrète en est l’apparition du parti Ecolo en tant que force politique en Belgique et dans la plupart des autres pays européens. On retrouve des mouvements luttant pour la défense de l’environnement dès les années 60. Plus tard, les catastrophes industrielles de Bophal (1984) ou encore de Tchernobyl (1986) vont massivement interpeler l’opinion publique autour des questions de la production et de la gestion des déchets toxiques, de produits chimiques et d’énergies nucléaires. En réaction à ces événements et suite à la préoccupation liée à la croissance des pays du Sud, la notion de « développement durable » va progressivement faire son apparition. Selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’Environnement et le Développement dans le Rapport Brundtland, le développement
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VOIR FICHES THEMATIQUES- 7. Droits des personnes handicapées- 11. Santé- 13. Travail
VOIR ACTIVITES- 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage
DATE-CLE5 juin : Journée mondiale de l’environnement
VERS UN MONDE PROPRE ?
Diminuer la consommation énergétique mondialeLa surconsommation propre à notre époque est en grande partie responsable de la pollution. Face à ce constat, une des pistes très concrètes de changement repose sur la diminution drastique des consommations énergétiques, en favorisant des alternatives à nos modes de consommation actuels. Bien que cet effort doive être effectué au Nord comme au Sud, la diffusion d’agents polluants a lieu surtout dans les pays du Nord. Dans les pays du Sud, il est urgent que les gouvernements élaborent des règles con-traignantes visant à limiter la pollution au sein des activités industrielles ou agricoles.
Contrôler légalement la diffusion d’agents polluants Sur le plan international, plusieurs traités et protocoles ont été signés pour lutter contre la pollution. Citons par exemple le protocole de Kyoto qui, concrètement, tend à limiter l’émission de gaz à effet de serre, ou encore le sommet de Bali en décembre 2007. Durant ce dernier, les dirigeants des pays du Nord ont mis sur pied un système de con-trôle des émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci établit une quantité de droits d’émission prédéfinie par pays. Les pays du Nord pourraient dans ce système racheter des droits d’émission aux pays du Sud.
Défendre l’agriculture non polluante Au Sud comme au Nord, il est essentiel de promouvoir un retour à une agriculture paysanne, durable et locale. Il faut absolument limiter la place prépondérante des productions de matières premières destinées à l’exportation, très polluantes, au profit des cultures vivrières. La diversité agricole au niveau rural permettrait aux pays du Sud de retrouver leur souveraineté alimentaire et donc de ne pas devoir importer des produits qu’ils pourraient produire pour nourrir leurs populations. Enfin, ce retour à une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement marquerait également une diminution importante de l’utilisation des pesticides.
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ViolenceLe nombre de personnes handicapées suite à des actes de
violence se compte en millions à travers le monde. Il existe un
réel lien de filiation entre les thématiques de la violence et du
handicap. Premièrement, la violence sous ses différentes
formes peut être génératrice de handicaps. Par ailleurs, une
personne handicapée multiplie les risques de violence sur sa
propre personne. Ici nous établirons le lien entre le handicap,
la violence sexuelle et familiale, ainsi que la violence au sein
des institutions de placement. Ces problèmes concernent
encore davantage les enfants et les femmes. Les enfants
handicapés seraient deux à quatre fois plus maltraités que les
autres enfants1. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les
conflits armés et la violence politique sont directement
responsables des déficiences de 4 millions d’enfants. Une
enquête menée par Human Rights Watch en 1996 sur les
comportements inhumains dans les orphelinats d’état chinois
y dénonce un taux de mortalité de plus de 75% en
conséquence de la faim, de la torture et des violences
sexuelles subies2 .
1 P. RESTOUX , Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 15
2 Ibidem
Les complications qui en découlent sont nombreuses, à commencer, si elles ne sont pas mortelles, par de graves conséquences physiques et psychologiques sur la femme. L'Unicef affirme qu’« une jeune fille ou une femme qui a été 'coupée' a de plus grands risques de complications à l'accouchement, qui peuvent accroître les risques de mort ou de handicap pour la mère comme pour l'enfant »14. La question de considérer les MGF comme handicaps se pose aujourd’hui dans de nombreux pays du Nord.
Citons aussi le risque de placement en institution qui est d’autant plus important dans les pays du Sud que le travail de l’enfant est considéré comme une ressource économique nécessaire à la survie de la famille. Dans les pays les plus pauvres, les enfants handicapés sont bien souvent jugés incapables de contribuer à l’effort collectif15. De plus, le manque de budget consacré à la santé, notamment à cause de l’application des plans d’ajustements structurels dictés par le FMI, limite la possibilité de développement de centres spécialisés et adaptés aux personnes handicapées.
POUR MOINS DE VIOLENCE…
En ce qui concerne les violences sexuelles ou familiales, il est nécessaire d’informer les populations du Nord comme du Sud à travers un large travail de sensibilisation de l’opinion publique. Celui-ci peut se faire à travers les réseaux éducatifs traditionnels, spécialisés ou encore au travers du tissu associatif travaillant sur la thématique.
Il est également essentiel de soutenir le développement d’une législation et de son application prenant en considération les difficultés réelles des personnes handicapées au Nord comme au Sud.
Au niveau international, il faut soutenir les différents processus de démocratisation et de pacification dans les zones de conflits avec une intention particulière à la problématique des enfants soldats au travers d’un large travail de réintégration dans la société civile.
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LE DROIT A LA NON VIOLENCE
Selon la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées, toute personne handicapée a le « droit de ne pas être soumis à la torture, ni à des peines ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants » (Art.15). De plus, l’article 16 précise que toute personne a le « droit de ne pas être soumis à l’exploitation, à la violence et à la maltraitance ».
LA VIOLENCE, CAUSE DE DEFICIENCES, ICI ET AILLEURS
De manière générale, des actes de violence portés sur une personne peuvent avoir de graves impacts, dont des incapacités permanentes. Nous évoquerons ici deux domaines particuliers de la violence : la violence faite aux femmes et la violence dans le cadre des conflits armés.
La violence faite aux femmes Les coups portés sur les femmes enceintes engendrent différents problèmes. Cela peut provoquer des grossesses à risques, des complications à l’accouchement ou des défi-ciences de l’enfant. On peut ajouter à cela le risque de traumatismes crâniens, thoraci-ques, abdominaux, osseux, qui provoquent la cécité, la paralysie ou même des lésions pulmonaires et des invalidités permanentes.
Selon une enquête menée par Amnesty International, en Belgique, une femme sur cinq serait confrontée à la violence conjugale au cours de son existence. Dans le monde, cela correspondrait à 3 femmes sur 5. Bien qu’il soit difficile de mentionner ici des statistiques précises, il est important de prendre conscience de l’importance du phénomène en Belgique et à travers le monde. De plus, ces chiffres sont encore bien en dessous de la réalité parce qu’ils ne correspon-dent qu’au nombre de cas déclarés3.
La violence lors de conflits armés Dans certaines régions du monde, la guerre et les conflits armés sont les sources de déficiences les plus impor-tantes. Ces dernières décennies, la propor-tion des victimes civiles des conflits armés a augmenté de façon spectaculaire, elle dépasserait à présent les 90%5. Le problème touche encore davantage les enfants. Pour chaque enfant tué pendant un conflit armé, 3 sont blessés et handicapés. Chaque année, 40% des victimes de mines antipersonnel sont des enfants6. Par ailleurs, soulignons aussi l ’importance de la problématique des enfants soldats en tant que source de handicaps. Ce phéno-mène est aussi bien présent en Améri-que latine (Colombie), qu’en Afrique (Burundi, Côte d’Ivoire, Ouganda, République démocratique du Congo, Somalie, Soudan, Tchad) ou qu’en Asie (Myanmar, Philippines, Népal, Sri Lanka)7.
Les enfants sont le plus souvent drogués et postés en première ligne lors des affronte-ments. Ils sont également utilisés en éclaireur pour frayer un passage dans les zones fortement minées. Selon l’Unicef, le nombre d’enfants soldats utilisés par les groupes et les forces armées dans le monde est estimé à 250.0008.
LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP, PLUS EXPOSEES A LA VIOLENCE
Les personnes handicapées souffrent plus souvent de violence du fait de leur incapacité à se défendre. Celle-ci résulte de leur déficience et de leur dépendance aux fournisseurs de soins. En effet, les difficultés de communication et les carences fréquentes en normes relationnelles font de ces personnes des proies faciles, souvent incapables de rapporter des faits de violence.
Mais de manière générale, la maltraitance envers les personnes handicapées est un phénomène complexe. En effet, elle peut être « active », et donc volontaire (abus phy-siques, sexuels, etc.), ou « passive » et résulter de négligences ou d’oublis.
Londres, manifestation « Million women rise »© Jess Mc Cabe
Irak, Kurdistan, séance de rééducation pour des blessés de guerre © Julien Chatelin - Handicap International
3 Voir campagne Amnesty International, Halte à la violence faite aux femmes, consulté le 23 novembre 2009, http://www.amnestyinternational.be/doc/rubrique649.html.
4 La définition qu’en donne Médecins Sans Frontières est la suivante : (ce sont) « les pratiques rituelles, traditionnelles, dénuées de toute implication religieuse, qui consistent à enlever de façon partielle ou majeure certaines parties des organes génitaux féminins et à mutiler ces derniers de façon permanente, irréversible, affectant ainsi la santé des femmes et des enfants »
5 UNICEF, Protection de l’enfant contre la violence et les mauvais traitements, consulté le 23 novembre 2009, http://www.unicef.org/french/protection/index_armedconflict.html
6 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 15 Plus de détail : Voir fiche thématique « 24. Guerres : mines antipersonnel et armes à sous-munition »
7 M. FONTAINE, Comprendre le phénomène des enfants soldats et les actions d’UNICEF dans ce domaine, p. 1, disponible sur internet, http://www.unicef.fr/mediastore/7/3057-4.pdf
8 Ibidem
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La violence sexuelle et familiale
La violence familiale signifie ici les abus physiques, psychologiques ou sexuels de personnes handicapées par l’entourage familial. Une des raisons qui explique la fréquence importante de ce type de violence est que l’entourage familial d’une personne handicapé, est souvent élargi de la simple famille nucléaire (parents et enfants) pour englober toutes les personnes qui aident la personne durant les différents actes de la vie quotidienne (grands-parents, oncles, tantes, voisins, etc.). Ce grand nombre de personnes, et les contacts physiques et émotifs rapprochés qu'entraînent les soins fournis, augmente grandement le risque que soient maltraitées les personnes handicapées.
Des études démontrent que la fréquence des violences sexuelles subies par les personnes déficientes intellectuelles est 3 à 5 fois supérieure que dans la population générale9. Plusieurs causes peuvent expliquer ces chiffres. Certaines personnes atteintes de déficience intellectuelle peuvent être plus vulnérables suite à des manque-ments affectifs et cela aussi bien en famille qu’en institution, les lacunes en matière d’éducation sexuelle, le manque de capacité à se défendre, l’impossibilité de rapporter les faits, la dépendance à la personne commettant ces faits, etc.
La violence au sein des institutions
De manière générale, la violence et la maltraitance envers les personnes handicapées vivant en institutions est un phénomène souvent méconnu et trop peu étudié. En France, une étude10 avance que 30% des cas de maltraitance envers les personnes handi-capées se déroulent en institution. Les violences sexuelles représentent en moyenne 60% (70% pour les mineurs) des maltraitances en établissement médico-social et 6 fois sur 10, les violences physiques ou sexuelles sont le fait d'autres résidents handicapés.
Plus vulnérables, les enfants handicapés peuvent être rejetés du fait qu’ils sont moins productifs. Ils sont parfois placés dans des orphelinats d’état, où les négligences graves rivalisent avec les maltraitances physiques. De nombreuses organisations des droits de l’Homme ont dénoncé les terribles violences et négligences graves subies par les enfants handicapés dans des institutions qui en ont la charge. A titre d’exemple, un rapport présenté devant le parlement jamaïcain, en 2003, dénonçait les conditions de vie de ces enfants : isolement, absence de soins et de stimulations, injures, viols et coups. Nous avons déjà évoqué l’enquête d’Human Rights Watch réalisée dans les orphelinats d’état chinois. Une autre enquête de la même organisation menée en Russie rapporte le traitement des enfants handicapés confinés dans leurs berceaux, ne rece-vant aucune stimulation sensorielle ou affective. Silencieux, repliés sur eux-mêmes, ces enfants étaient dès l’âge de 4 ans, orientés dans des internats neuropsychiatriques11.
LA VIOLENCE DANS LES PAYS DU NORD
I l est difficile d’établir des statistiques précises concernant les différents points sur lesquels la thématique du handicap et celle de la violence peuvent être mises en relation. Néanmoins, de façon générale, la violence faite aux femmes dans les pays du Nord semble moins importante qu’au Sud selon les statistiques et les études menées sur le sujet12. Deux éléments permettant d’expliquer cet état de fait sont les différences de niveau d’éducation et de précarité des populations. Cette observation semble égale-ment pertinente en ce qui concerne le taux de violence sexuelle envers les personnes handicapées.
Depuis la construction de l’Union Européenne au lendemain de la deuxième guerre mondiale, l’Europe n’a plus connu de conflits armés. L’absence de conflits armés internes dans la plupart des pays du Nord est bien sûr une autre raison de la prédomi-nance de la problématique de violence dans les pays du Sud.
Par ailleurs, la qualité des soins et la formation du personnel des institutions spéciali-sées pour les personnes handicapées au Nord est également un facteur permettant de limiter la violence au sein de ces institutions.
I l ne faut cependant pas sous-estimer l’importance de ce problème dans les pays du Nord. En effet, ces sujets sont difficiles à appréhender de par la difficulté d’accès à l’information. Il est nécessaire d’avoir également une évolution des mentalités en ce qui concerne la perception de la personne handicapée notamment sur les questions de la sexualité.
LA VIOLENCE DANS LES PAYS DU SUD
En ce qui concerne les violences familiales et sexuelles envers les femmes, elles sem-blent corrélées aux taux d’éducation et de pauvreté.
Comme précisé plus haut, la plupart des conflits armés sont actuellement situés dans les pays du Sud. Ces affrontements sont une des principales sources de déficiences.
Les mutilations génitales féminines (MGF) se pratiquent dans certaines régions du Sud, mais aussi au Nord, au sein de plusieurs communautés de migrants13.
12 Voir campagne Amnesty International, Halte à la violence faite aux femmes, consulté le 23 novembre 2009, http://www.amnestyinternational.be/doc/rubrique649.html
13 Ministère de la Santé et des Solidarités, Colloque : Pour en finir avec les mutilations sexuelles féminines, Paris, le 4 décembre 2006, consulté le 26 novembre 2009, www.gynsf.org/MSF/parisdossierpresse.pdf
Laos, victimes de mine antipersonnel© Jim Holmes
9 J. EVRARD, Violence sexuelle et personne handicapée, disponible sur internet, http://www.ententecarolo.be/dossier53e.html
10 Handicap. Fr, consulté le 26 novembre 2009, http://informations.handicap.fr/art-actualites-1.0.0.0-800.php
11 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milans, Toulouse, 2008, p. 15
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14 Centre de nouvelles ONU, L'UNICEF appelle à mettre fin aux mutilations génitales féminines, consulté le 26 novembre 2009, www.un.org/apps/newsFr/storyFAr.asp?NewsID=18392&Cr=femmes&Cr1=mutilation
15 P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, 2008, p. 14
VOIR FICHES THEMATIQUES- 14. Genre- 16. Famille, sexualité, parentalité- 24. Guerres : mines et armes à sous-munitions
VOIR ACTIVITES- 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage
DATES-CLES6 février : Journée mondiale contre les mutilations génitales féminines25 novembre : Journée internationale pour l’élimination de la violence envers les femmes
Les complications qui en découlent sont nombreuses, à commencer, si elles ne sont pas mortelles, par de graves conséquences physiques et psychologiques sur la femme. L'Unicef affirme qu’« une jeune fille ou une femme qui a été 'coupée' a de plus grands risques de complications à l'accouchement, qui peuvent accroître les risques de mort ou de handicap pour la mère comme pour l'enfant »14. La question de considérer les MGF comme handicaps se pose aujourd’hui dans de nombreux pays du Nord.
Citons aussi le risque de placement en institution qui est d’autant plus important dans les pays du Sud que le travail de l’enfant est considéré comme une ressource économique nécessaire à la survie de la famille. Dans les pays les plus pauvres, les enfants handicapés sont bien souvent jugés incapables de contribuer à l’effort collectif15. De plus, le manque de budget consacré à la santé, notamment à cause de l’application des plans d’ajustements structurels dictés par le FMI, limite la possibilité de développement de centres spécialisés et adaptés aux personnes handicapées.
POUR MOINS DE VIOLENCE…
En ce qui concerne les violences sexuelles ou familiales, il est nécessaire d’informer les populations du Nord comme du Sud à travers un large travail de sensibilisation de l’opinion publique. Celui-ci peut se faire à travers les réseaux éducatifs traditionnels, spécialisés ou encore au travers du tissu associatif travaillant sur la thématique.
Il est également essentiel de soutenir le développement d’une législation et de son application prenant en considération les difficultés réelles des personnes handicapées au Nord comme au Sud.
Au niveau international, il faut soutenir les différents processus de démocratisation et de pacification dans les zones de conflits avec une intention particulière à la problématique des enfants soldats au travers d’un large travail de réintégration dans la société civile.
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Sécurité routière
L ’Organisation Mondiale de la Santé estime que 1,2 mill ions
de personnes sont tuées et 500 mill ions blessées chaque
année dans le monde suite à des accidents de la route.
Dans les faits, 90% des victimes vivent dans les pays du Sud.
En Belgique, depuis le début des années 701, on assiste à
une diminution progressive du nombre d’accidents sur les
routes et de victimes. Dans les pays du Sud, par contre, les
accidents de la route sont en constante augmentation
depuis plusieurs années. I ls sont à l’origine d’un nombre
croissant de décès, de déficiences motrices et sensorielles,
et de séquelles psychologiques. Le coût économique en
matière de sécurité routière des pays du Sud se chiffre à 65
mill iards de dollars, c’est-à-dire plus que le montant de l’aide
publique au développement reçue.
1 Service public fédéral Economie, Direction générale statistique et information économique, PME, classes moyennes et énergie, http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/index.jsp, consulté le 24 novembre 2009
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LES VICTIMES DE LA ROUTE
En Belgique, la catégorie d’âge la plus touchée reste celle des jeunes conduc-teurs - 18 à 34 ans – davantage enclins à conduire sous l’effet de l’alcool ou de drogues. Dans l’ensemble de la popula-tion handicapée belge, 5,2%2 des person-nes sont handicapées suite à un accident de la route. Et parmi elles, 63,6%3 sont en permanence gênées dans leurs activités quotidiennes. Ceci dit, de manière géné-rale, la prise en charge médicale actuelle permet, plus que par le passé, d’éviter un certain nombre d’incapacités.
Dans les pays du Sud, par contre, la situa-tion est tout autre :
Les risques d’incapacité suite à un accident de la route sont plus grandsLe risque d’être impliqué dans un accident de la route est plus grand également
POURQUOI PLUS DE VICTIMES DANS LES PAYS DU SUD ?
Dans de nombreux pays du Sud, l’urbanisation effrénée et non planifiée – due à l’exode rural4 – devient incontrôlable au niveau de l’infrastructure routière, impli-quant un taux élevé d’accidents de la route pour diverses raisons :
Les usagers sont en surnombre sur la route car le marché de l’automobile, des motos, etc. s’est fortement développé5 et parallèlement, le nombre de citadins augmente sur une même surfaceLes usagers sont aussi en surnombre dans ou sur un même véhicule. Pour un seul accident, le nombre de victimes peut être grand ! Les infrastructures routières ne sont pas toujours adaptées au niveau de la sécurité : revêtement de sol inadéquat, absence de berme centrale et de bas-côté, pas de séparation entre l’espace réservé aux voitures, aux motos, aux piétons, etc. Le code de la route est peu respecté, entre autres en raison de la densité du trafic.
De plus, tous les usagers de la route n’ont pas eu de cours de conduite. Dans certains pays, il suffit en effet d’acheter son permis de conduire.L’état des véhicules n’assure pas non plus la garantie de sécurité : âge des véhicules, absence de contrôle tech-nique, etc.La population a parfois peu conscience des dangers de la route.
Les victimes des accidents de la route appar-tiennent en grande partie aux groupes les plus pauvres de la population. En effet, les personnes les plus vulnérables ne reçoivent pas de soutien durable en cas de séquelles à long terme ; et elles ont aussi un accès limité aux soins d’urgence après l’accident.
Laos, camionnette accidentée© Patrick Le Folcalvez - Handicap International
Vietnam, un homme en chaise roulante accompagnéde son fils au milieu du trafic © Patrick Le Folcalvez - Handicap International
Laos, famille sur un vélomoteur © Philippe Revelli – pour Handicap International
2 A. LEVÊQUE, Y. COPPIETERS, R. LAGASSE, Accidents de la route et handicap. Etude sur l’importance et la mesure du handicap, ESP/ULB, juin 2000
3 Idem
4 L’exode rural est un phénomène migratoire des populations des campagnes vers les villes. Il est le fruit d’une situation de vie de plus en plus difficile en zone rurale dans les pays du Sud qui pousse les ruraux - entre autres de nombreux paysans – à trouver un avenir meilleur en ville.
5 Notamment avec l’arrivée du marché chinois en Afrique
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LA PREVENTION DES HANDICAPS PASSE PAR LA SECURITE ROUTIERE A un niveau national et international, la sécurité routière représente aujourd’hui une urgence en matière de santé publique. Pour gagner en impact, les campagnes de sensibili-sation à la sécurité routière doivent s’adresser aux :
Populations les plus usagères de la routeElèves des écoles primaires et secondairesInstances publiques en charge des transports, de l’urbanisme, etc.
VOIR FICHES THEMATIQUES- 11. Santé- 20. Culture
VOIR ACTIVITES - 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage
DATE-CLE3ème dimanche de novembre : Journée mondiale du Souvenir des victimes de la route
Vietnam, prévention routière auprès d’élèves© Patrick Le Folcalvez - Handicap International
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Guerres : mines et armes à sous-munitions
Les conflits armés n’ont malheureusement pas encore
disparu et font parfois la une dans certains pays d’Afrique,
d’Amérique latine ou d’Asie. En situation de guerre, des
armes sont util isées, comme les mines antipersonnel ou
encore les armes à sous-munitions1. Dans 98%2 des cas
recensés, les victimes de ces armes sont des civils, et 27%3
d’entre eux sont des enfants.
1 Plus communément appelées bombes à sous-munition (BASM)
2 Handicap International, Circle of Impact: The Fatal Footprint of Cluster Munitions on People and Communities, Bruxelles, Mai 2007
3 Idem
THEMA 24
LA SECURITE, UN BESOIN ESSENTIEL
La sécurité fait partie des besoins fonda-mentaux qui doivent être satisfaits pour que tout être humain puisse vivre. Selon l’OMS, « la sécurité est un état où les dan-gers, et les conditions pouvant provoquer des dommages d’ordre physique, psycholo-gique ou matériel sont contrôlés de manière à préserver la santé et le bien-être des individus et de la communauté. C’est une ressource indispensable à la vie quoti-dienne qui permet à l’individu et à la com-munauté de réaliser ses aspirations. La sécurité est considérée comme un état résultant d’un équilibre dynamique qui s’établit entre les différentes composantes d’un milieu de vie donné. Elle est le résultat d’un processus complexe où l’être humain interagit avec son environnement. Par environnement, nous entendons non
seulement l’environnement physique mais également les environnements, culturel, techno-logique, politique, social, économique et organisationnel. »
QUE SONT LES MINES ANTIPERSONNEL ET LES ARMES A SOUS-MUNITIONS? Une mine antipersonnel se présente en général comme une petite boîte conte-nant une substance explosive. Générale-ment recouverte d’une fine couche de terre, la mine explose du fait du contact ou de la présence d’une personne.
Il y a différentes sortes de mines : anti-chars, antipersonnel, etc. Les mines anti-personnel sont fabriquées spécialement pour tuer ou blesser les personnes. Elles sont le plus souvent placées une par une à la main par des êtres humains.
Quelques pays encore infestés par les mines antipersonnel :
CambodgeColombieAngolaAfghanistanIrakBosnie-Herzégovine
Une arme à sous-munitions est un conteneur (bombe, obus, missile, roquette, etc.), qui – largué par voie aérienne (avion, hélicoptère, etc.) ou tiré depuis le sol (canon, lance-roquettes, etc.) – disperse jusqu’à plusieurs centaines de mini-bombes explosives, appelées sous-munitions. En touchant le sol, ces petites bombes sont censées exploser.
Mais, 5 à 40 % des sous-munitions n’explosent pas à l’impact, se transformant alors en mines antipersonnel. Elles se dispersent au hasard dans les champs, dans les arbres, sur les toits-terrasses, etc. sur de très larges surfaces (parfois plusieurs centaines d’hectares).
Les enfants représentent 27% des victimes des sous-munitions non explosées. Attirés par leurs couleurs vives, ils les confondent parfois avec des rations alimentaires ou des jouets.
Quelques pays infestés par les armes à sous-munitions :
Kosovo (1999)Afghanistan (2001-2002)Irak (2003)Liban (2006)
Liban, guerre en 2006@ Bruno Stevens - pour Handicap International
Mine antipersonnel © Handicap International
Cambodge, ensemble d’armes à sous-munitions retrouvées
© John Vink - pour Handicap International
Liban, sous-munition non explosée dans un arbre © Ursula Meissner - pour Handicap International
© Frédéric Escoffier, Handicap International
Arme à sous-munitions
Ouverture du conteneur Dispersion des sous-munitions
Guerres : Mineset armes à sous-
munitions
THEMA 24
Guerres : Mineset armes à sous-munitions
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232 233
EFFETS SUR LES ETRES HUMAINS
Les mines antipersonnel et les armes à sous-munitions peuvent avoir différents effets sur les personnes, allant jusqu’à la mort. Souvent, les personnes sont victimes de très graves blessures, de mutilations, d’amputation d’un ou de plusieurs membres, de cécité, etc.
L’INTERDICTION DE CES ARMES Pour interdire ces armes, il faut développer des instruments juridiques internationaux. Depuis 1997, les mines antipersonnel sont interdites partout dans le monde, grâce à l’application du Traité d’Ottawa. Handicap International a été très active dans l’élaboration de ce traité au sein de la Campagne Internationale contre les Mines (ICBL) qui a d’ailleurs reçu cette année-là le Prix Nobel de la Paix.
En mai 2008, une conférence internationale qui s‘est déroulée à Dublin a abouti à un texte interdisant les armes à sous-munitions, insistant particulièrement sur l’assistance aux victimes que les Etats devront prendre en charge. Ce texte a été signé en décembre 2008 à Oslo, puis devra être appliqué partout dans le monde. Par ailleurs, les pétitions concernant l’interdiction de ces armes ont donné l’occasion à tout un chacun de s’engager à titre individuel dans le combat.
LE DEMINAGEEncore aujourd’hui, de très nombreuses armes (mines et armes à sous-munitions) n’ont pas encore fini de sévir dans plusieurs régions du monde. Là, il est important de procéder au déminage des zones infestées, afin d’éviter de nouvelles vicitmes.
Pour ce faire, des professionnels – les démineurs – s’attèlent à cette tâche ardue du déminage, en repérant d’abord l’arme au détecteur à métaux, et ensuite en la faisant exploser. Le risque est donc toujours là, de faire une fausse manœuvre, que l’engin explose trop tôt, et qu’alors le démineur soit blessé ou tué.
LES CAMPAGNES DE SENSIBILISATION DES POPULATIONS
Dans les zones encore infestées, les campagnes de sensibilisation de la population aux dangers des mines et des armes à sous-munitions prennent tout leur sens. Pour éviter que ces armes ne mutilent ou ne tuent encore plus…
Liban, déminage @ John Rodsted - pour Handicap International
Afghanistan, sensibilisation aux dangers des mines @ Hugues Laurenge
Guerres : Mineset armes à sous-
munitions
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Guerres : Mineset armes à sous-munitions
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234 235
VOIR FICHES THEMATIQUES- 11. Santé- 18. Urgence
VOIR ACTIVITES- 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage
DATES-CLES4 avril : Journée internationale des Nations Unies pour la sensibilisation aux mines et l’assistance à la lutte contre les mines21 septembre : Journée internationale de la paix
Laos, démineur© Handicap International
Guerres : Mineset armes à sous-
munitions
THEMA 24
Guerres : Mineset armes à sous-munitions
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236 237
MigrationsLes questions des migrations et du handicap sont au cœur
des enjeux liés aux thématiques du développement. D’une
part, les migrations deviennent inévitablement l’une des
caractéristiques d’une économie mondialisée. En effet, les flux
migratoires sont loin d’être marginaux. A titre d’exemple, Les
Nations Unies évaluent le nombre de migrants internationaux à
191 millions en 20051 . Il est donc nécessaire d´intensifier et
de mieux coordonner la réflexion sur le thème de la migration
au niveau international. D’autre part, les personnes
handicapées sont parmi les couches de la population
mondiale les plus touchées par les phénomènes de migration.
80% des personnes handicapées vivent dans les pays du Sud,
ceux-ci constituant les principaux foyers de migrations. De
plus, certaines situations particulières comme les conflits
armés ou les catastrophes naturelles ont tendance à
accentuer parallèlement les flux migratoires et l’importance
des problèmes relatifs aux diverses formes de handicaps.
1 UN Department of Economic and Social Affairs, Population Division, consulté le 21 octobre 2009, http://www.un.org/french/events/migrations/factsheet_french.pdf
THEMA 25
HANDICAP ET SITUATIONS D’URGENCE
Pour plus d’informations concernant cette thématique, se référer à la fiche « 18. Urgence ».
HANDICAP ET CONDITIONS D’IMMIGRATION
La législation en matière d’immigration diffère selon les pays, et les éventuelles disposi-tions particulières en matière de handicap aussi. Dans certains pays, le handicap peut être un facteur d’exclusion des possibilités d’immigration. Par exemple, la loi cana-dienne de l’immigration exige que soient rejetées les demandes d’immigration des personnes souffrant de n’importe quel(le) « maladie, désordre, incapacité ou tout autre affaiblissement de la santé » qui pourrait faire en sorte qu’elles soient « un danger à la santé ou à la sécurité publique » ou dont on pourrait s’attendre à ce qu’elles présentent « des besoins excessifs en services de soins de santé ou en services sociaux »2. Cette loi est donc discriminatoire pour l’ensemble des personnes handicapées. Pourtant, même si la dimension éthique de cette loi est fortement discutable, l’uniformisation des diffé-rentes formes de handicaps sans en distinguer les particularités l’est tout autant. En effet, si l’on prend le cas de la surdité, il est évident qu’elle ne constitue pas « un danger à la santé ou à la sécurité publique » parce qu’elle n’est pas contagieuse. De plus, la surdité ne nécessite pas de soins constants, de médicaments spécialisés ou d’hospitalisation prolongée. Il semble donc que la contrainte d’une exploitation des services de santé et sociaux ne soit pas pertinente en ce qui concerne ce handicap.
En Europe, il n’y a pas de lois spécifiques excluant les personnes handicapées de l’immigration. Bien que les institutions européennes tentent d’harmoniser les différen-tes législations nationales afin de lutter efficacement contre l’immigration clandestine, chaque Etat conserve le droit de décision en la matière.
HANDICAP ET IMMIGRATION ILLEGALE
Les personnes vivant en situation irrégulière sont souvent confrontées à des conditions de travail et de vie difficiles. Parmi celles-ci, les personnes handicapées ou malades ne vont consulter un médecin ou une structure médicale qu’en cas d’extrême urgence de peur d’être dénoncées aux services de l’immigration. Ce problème d’accès aux soins de santé peut être à l’origine de l’apparition ou de renforcement de handicaps. En Belgique, la situation pour les personnes migrantes illégales est encore plus complexe. « En effet, Les zones d’ombre de la législation et le manque de coordination des soins médicaux prodigués aux immigrés illégaux au sein des CPAS ont abouti à un système disparate et incertain. La procédure en vue d’obtenir des soins médicaux diffère d’une commune à l’autre et peut être aussi efficace que ‘kafkaïenne’.
Une pratique courante dans certaines communes, par exemple, consiste à demander à un patient d’aller voir un médecin pour prouver qu’il est malade avant de pouvoir con-sulter un médecin qui puisse le soigner »3. Alors que le système de santé devrait subve-nir aux besoins de chacun, beaucoup de personnes dont les personnes en situation illégale y sont de fait exclues.
Rappelons aussi que les conditions de transport clandestin des personnes clandestines vers l’Europe et les Etats-Unis sont dangereuses et peuvent, sinon entraîner la mort, être la source de nouveaux handicaps.
ETRE MIGRANT ET HANDICAPE, UN DOUBLE HANDICAP
Au sein de la diversité que l’on peut observer au sein des migrants, une catégorie reste souvent dans l’ombre, et est peu mise en évidence malgré ses particularités et surtout sa représentativité. Il s’agit des migrants handicapés. Ceux-ci se trouvent face à une situation doublement désavantageuse. D’une part, par leur déficience, et d’autre part, par leur condition de migrant. Il est donc essentiel de les mettre en lumière et de pren-dre des mesures adaptées à leur situation particulière et ce dans l’ensemble des situa-tions auxquelles ils peuvent être confrontés.
2 Association canadienne pour l'intégration communautaire, Immigration et incapacité, Mémoire présenté au Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration, Canada, avril 2005, p. 1
3 C. MORENVILLE, Accès aux soins de santé en Belgique : MSF dénonce, le 01 novembre 2004, consulté le 21 octobre 2009, http://www.revue-democratie.be
Guerre dans les Balkans, années 90 © UNHCR
Migrations
THEMA 25
Migrations
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VOIR FICHE THEMATIQUE- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination
VOIR ACTIVITES- 2. Un pas en avant !- 7. Photo-langage
DATE-CLE18 décembre : Journée internationale des migrants
Migrations
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Migrations
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FICHES D’ACTIVITES
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LE
La ruée pourla richesse
etle pouvoir
Source : “La ruée pour la richesse et le pouvoir”,Repères, Manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de
l’homme avec les jeunes, Conseil de l’Europe, p. 160
Niveau : Taille du groupe : Durée :
1-212 à 3045 min à 1h30
ACTIVITE 1
Objectifs INSTRUCTIONSExpliquer au groupe qu’il s’agit d’une simulation de la vie réelle, où les participants doivent se répartir les richesses et le pouvoir entre eux.
Partie 1 : la ruée – 10 min.
Selon la taille du groupe, 1 ou 2 participants reçoit une paire de chaussettes qu’il enfile aux mains pendant toute la durée de la 1ère partie1 ou 2 participants reçoit un casque anti-bruit qu’il met sur sa tête1 ou 2 participants reçoit un foulard ou une paire de lunettes « malvoyance » et se bande les yeux ou met les lunettes pendant toute la durée de la 1ère partie
Le but du jeu est pour chacun de réunir des capsules pour vivre au quotidienIl y a une seule règle au jeu : les participants ne peuvent pas se toucher (en cas de non respect, on peut prévoir une « punition » : confisquer les capsules par ex.)Tout le monde s’assied par terre ou sur des chaises en cercleLes capsules mises de côté lors de la préparation (cf. tableau des capsules) sont distribuées au hasard à 1 personne sur 5 du groupe, à raison de 6 capsules par personne
Les pièces restantes sont éparpillées de façon régulière à l’intérieur du cercleAu signal donné par l’animateur, les participants tentent de ramasser les capsules. Ce moment sera très court !Lorsque toutes les capsules sont ramassées, chacun communique le nombre de capsules qu’il possède et l’animateur remplit le tableau des richessesLes résultats sont communiqués comme suit :
- 6 capsules et plus → satisfaction des besoins fondamentaux et de la plupart des « désirs »- Entre 3 et 5 capsules → satisfaction des besoins fondamentaux - 2 capsules et moins → difficultés de vie, besoins fondamentaux non satisfaits
Partie 2 : les dons – 10 min.
S’ils le souhaitent, les participants peuvent donner des capsules aux autres, afin de mieux répartir les richesses et le pouvoir. Faire un don signifie renoncer à une partie de ses ressources…
Pendant 3-4 minutes, chacun peut faire don de capsules à une ou plusieurs personnes de son choixL’animateur note sur le tableau le nom des donateurs qui ont fait des dons ainsi que leur montantL’animateur demande qui a changé de catégorie et le note sur le tableau des richesses, à l’aide de flèches
VARIANTE (UNIQUEMENT POUR LE NIVEAU 2)
Partie 3 : la recherche d’égalité – 40 min.
Les participants se répartissent en 3 groupes, selon les résultats du tableau final des richesses. Un porte-parole est élu au sein de chaque groupeL’animateur distribue les grandes feuilles et les marqueurs
- Sensibiliser au handicap dans les pays du Sud
- Porter un regard critique sur les causes et les
conséquences du handicap et de la pauvreté
dans les pays du Sud
Cette activité est une simulation de la ruée
pour la richesse et le pouvoir, des inégalités
rencontrées dans le monde, particulièrement
pour les personnes handicapées vivant dans
les pays du Sud
Aperçu
- Droits des personnes handicapées
- Satisfaction des besoins fondamentaux
- Différences besoin/désir
- Pauvreté
Thèmes
- capsules (nombre cf. tableau des capsules)
- 1 ou 2 paires de chaussettes
- 1 ou 2 foulards ou lunettes « malvoyance »
- 1 ou 2 casques anti-bruit de chantier
- 2 grandes feuilles et quelques marqueurs
(uniquement pour la partie 3)
- Local suffisamment grand pour que tout le
groupe puisse s’asseoir en cercle (par terre ou
sur des chaises)
Matériel
- Mettre de côté des capsules selon la taille du groupe
(nombre cf. tableau des capsules)
- Préparer un tableau des richesses et un tableau des
donateurs
Préparation
La ruée pour la richesse et le pouvoir
249
La ruée pour la
richesse et le pouvoir
ACTIVITE 1
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ACTIVITE 1
Chaque groupe réfléchit au programme à mettre en œuvre pour répartir de manière égale les richesses et le pouvoir entre tous, en répondant aux questions suivantes :
- Comment répartir les capsules de manière équitable ?- Montrer en quoi le programme vise la répartition égale
Chaque groupe a 10 min. pour définir son programme et le note sur une grande feuille Les porte-parole présentent les 3 programmes à tout le monde et l’animateur en note les idées principales sur une grande feuilleUn vote des programmes a lieu et la répartition des voix se fait comme suit :
- Participant très riche et très puissant = 5 voix- Participant relativement riche et relativement puissant = 2 voix- Participant peu riche et peu puissant = ½ voix
Chacun vote, l’animateur note les résultats et annonce le plan choisiLe plan choisi est mis à exécution et les capsules redistribuées si nécessaire
DEBRIEFINGPartage du ressentiAvez-vous apprécié l’activité ?Qu’ont ressenti les participants qui avaient des capsules dès le départ ?Qu’ont ressenti les participants qui avaient une paire de chaussettes, de lunettes, un casque ou un foulard ?Qu’ont ressenti les participants qui ont donné des capsules et ceux qui en ont reçu ?
Réflexion sur le jeuQue représentent les participants qui ont reçu des capsules avant le début du jeu ?Ceux qui avaient une paire de chaussettes, un foulard, une paire de lunettes ou un casque?Que pensez-vous de la façon dont vous avez obtenu les capsules ?Avez-vous été tous traités de la même façon ?Pendant le jeu, avez-vous pensé à aider ceux qui ne parvenaient pas à ramasser de capsules ?Uniquement pour la 3ème partie - Pourquoi certains avaient plus de voix que d’autres ?
Lien avec des enjeux macroQui sont les personnes riches et les personnes pauvres dans le monde ? Quelles sont les réalités des personnes handicapées en Belgique ? Dans les pays du Sud ?Quelles sont les causes d’exclusion des personnes handicapées ?Est-ce une situation normale en Belgique ? Dans les pays du Sud ?Que peut-on faire pour améliorer leur situation ?Que peuvent-elles faire elles-mêmes ?
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 1. Généralités sur les pays du Sud- 2. Généralités sur le handicap- 3. Déficience motrice- 4. Déficience visuelle- 5. Déficience auditive- 6. Déficience intellectuelle- 8. Accessibilité- 10. Pauvreté
Nombre de personnes Nombre de capsules à mettre de côté avant le début du jeu
Nombre de capsules nécessaires
TABLEAU DES CAPSULES
CONSEILS POUR L’ANIMATEUR
- L’activité risque de confirmer des inégalités existantes. L’animateur veillera à
connaître les antécédents du groupe afin de pouvoir orienter les discussions
- Pour que les objectifs du jeu soient atteints, les participants doivent s’impliquer
le plus possible dans la simulation, pour qu’ils agissent comme dans une situa-
tion réelle.
- Insistez sur le fait que dans la réalité, perdre des richesses ou du pouvoir signifie
perdre des privilèges. Si c’est nécessaire, donnez des exemples
La ruée pour la richesse et le pouvoir
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La ruée pour la
richesse et le pouvoir
ACTIVITE 1
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36
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Nom
Relativement riches et relativement puissants (entre 3 et 5 capsules)
Très riches et très puissants
(6 capsules et plus)
TABLEAU DES RICHESSESPeu riches et
peu puissants (2 capsules et moins)
Nom Nombre de capsules données
TABLEAU DES DONATEURS
La ruée pour la
richesse et le pouvoir
ACTIVITE 1
252
Un pasen
avant !
Niveau : Taille du groupe : Durée :
2-312 à 301h30
Source : “Un pas en avant !”,Repères, Manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de
l’homme avec les jeunes, Conseil de l’Europe, p. 278
Objectifs- Se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre et s’approprier un personnage
en faisant appel à son imagination
- Informer sur les différentes causes de déficiences en fonction de différents
contextes socio-économiques
- Faire prendre conscience de l’inégalité des chances et des injustices dues
à la différence, particulièrement liées handicap, au sein de toute société
- Sensibiliser aux conséquences de l’appartenance à un groupe minoritaire
- Développer l’empathie vis-à-vis des personnes différentes
Jeu de rôle et de simulation. ‘Nous sommes
tous égaux, mais certains plus que d’autres’.
Les participants vont faire l’expérience d’être
quelqu’un d’autre dans la société et leur propre
évolution au sein de celle-ci.
Aperçu
- Inégalité dans l’accès aux droits humains
- Discrimination liée à la différence
- Exclusion sociale
Thèmes
- 1 carte « rôle » par participant
- Liste des situations / événements
- Espace (de préférence intérieur) de minimum
10 mètres de long
Matériel
Choisir les cartes rôles en fonction du profil du groupe et
des thèmes prioritaires à aborder
Préparation
INSTRUCTIONS1. Au hasard, distribuez une carte « rôle » à chacun des participants. Demandez-leur de la conserver et de ne pas la montrer.
2. Invitez-les à lire leur carte « rôle ». Laissez-leur 5 à 10 minutes pour se mettre dans la peau de leur personnage. Incitez-les à faire un effort d’imagination. Pour les aider à s’approprier le personnage, vous pouvez leur poser les questions suivantes :
Comment s’est passé votre enfance ? Comment était votre maison ? Quel métier exerçaient vos parents ? À quels jeux jouiez-vous ? À quoi ressemble votre vie aujourd’hui ? Que faites-vous de vos journées ? À quoi ressemble votre mode de vie ? Où vivez-vous ? Combien gagnez-vous ? Que faites-vous dans vos loisirs ? Qu’est-ce qui vous motive et qu’est-ce qui vous fait peur au quotidien ?
3. Demandez aux participants de se mettre en ligne au bout de la pièce. Expliquez-leur que vous allez leur énoncer une liste de situations ou d’événements. À chaque fois qu’ils sont en mesure de répondre « oui » à l’affirmation, ils doivent faire un pas en avant. Dans le cas contraire, ils restent sur place.
4. Lisez les situations une par une. Marquez une pause entre chacune afin que les participants puissent éventuellement avancer. Observez leur place par rapport à celle des autres.
5. Demandez enfin aux participants de prendre note de leur position finale.
DEBRIEFINGRetour en plénière et reprise de l’animation
Donnez quelques minutes aux participants pour sortir de la peau de leur personnage (mais sans révéler leur identité fictive aux autres) puis interrogez-les.
Quelles sont les caractéristiques des personnes qui ont peu ou pas avancé ?Où vous situiez-vous ?Comment vous êtes-vous senti ?Y a-t-il une différence entre les personnes handicapées vivant dans un pays du Nord et celles vivant dans un pays du Sud ? Si oui, lesquelles ?Concernant les droits des personnes handicapées, quels sont ceux qui sont bafoués ?Qu’avez-vous ressenti en faisant le pas en avant/en restant sur place ?Concernant ceux qui avançaient souvent, à quel moment avez-vous constaté que les autres n’avançaient pas aussi vite que vous ?Certains ont-ils eu le sentiment que leurs droits fondamentaux n’étaient pas respectés ?
Allez plus loin : du point de vue des participants, que reflète cette activité ? Où chacun se situerait-il Un pasen avant !
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Un pasen avant !
ACTIVITE 2
254
ACTIVITE 2
s’il avait joué son propre rôle ? Quelle est notre position par rapport à la majorité de la population mondiale ? Quelle est notre position par rapport aux personnes handicapées dans notre pays et celles vivant dans les pays du Sud ?
Remarques
les situations peuvent être différentes en fonction du pays d’appartenance du personnage imaginé. on peut proposer une réflexion plus poussée sur ce qui pourrait aider les personnages dans leur accès aux droits fondamentaux (ce qu’ils pourraient faire eux-mêmes / ce que nous pour-rions faire ici, depuis la Belgique).
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 1. Généralités sur les pays du Sud- 2. Généralités sur le handicap- 7. Droits des personnes handicapées- 8. Accessibilité- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination- 11. Santé- 12. Education
LES CARTES « ROLE »
Vous êtes un jeune Vietnamien, amputé d’une jambe suite à un accident
de moto
Vous êtes un jeune homme cubain, déficient intellectuel
Vous êtes une femme congolaise de 31 ans et vivez
dans un village reculé. Vous êtes malvoyante
depuis la naissance
Vous êtes un père de famille colombien. Vous avez une
maladie respiratoire chronique due aux pesticides
toxiques utilisés dans la bananeraie où vous travaillez.
Vous êtes propriétaire d’une chaîne de magasins
de grande distribution en Australie
Vous êtes amputé des deux jambes et vivez de mendicité
à Kinshasa
Vous êtes soldat rebelle dans une armée au Rwanda
Vous êtes une jeune femme malentendante et
travaillez dans un bureau de Handicap International
au Tibet
Vous êtes une personne âgée atteinte de polyarthrite aiguë
et vivez en Belgique. A certains moments, vous ne
pouvez presque plus bouger
Vous êtes une jeune femme au Mali et vous travaillez
dans une rizière
Vous êtes la fille d’un ambassadeur américain
Vous êtes conducteur de minibus au Mexique
Vous êtes Belge, fils d’un professeur et d’un médecin.
Vous suivez un cursus universitaire en droit
Vous êtes femme d’affaires en Argentine
Vous êtes employé dans une banque au Vietnam
Vous êtes un ouvrier à la retraite d’une usine de
métallurgie en Belgique
Vous êtes vendeur ambulant à Abidjan en Côte d’Ivoire
Vous êtes un père de famille sans-papier équatorien, arrivé
en Belgique il y a deux ans pour trouver du travail
Vous êtes maçon en Bolivie et père de 4 enfants
Vous êtes enseignante en arts plastiques à Cuba
Vous êtes un jeune homosexuel au Maroc
Vous êtes mère de famille de 5 enfants et travaillez dans les
cultures maraîchères en Thaïlande
Vous êtes une lesbienne de 22 ans
et vivez en France
Vous êtes conducteur de taxi en Chine
Vous êtes à la tête d’une entreprise informatique en
Inde
Vous travaillez à la réception d’une association en France
et vous êtes malvoyant
Vous êtes un jeune garçon vivant dans une banlieue en
Afrique du Sud
Vous êtes la petite amie d’un jeune artiste héroïnomane à
Londres
LISTE DES SITUATIONS OU EVENEMENTS
Vous avez un logement décent avec électricité et eau potable.Vous n’avez jamais été inquiété de ne pas pouvoir manger à votre faim.Vous êtes allé à l’école et êtes capable de lire le journal.Vous bénéficiez d’une protection sociale et médicale adaptée à vos besoins.Vous n’avez jamais eu de graves difficultés financières.Vous possédez téléphone, télévision, voiture.Vous n’avez jamais fait l’objet de discrimination du fait de votre origine ou de votre physique.Vous avez une vie intéressante et vous êtes optimiste concernant votre avenir.Vous pensez pouvoir étudier et exercer la profession de votre choix.Vous n’avez pas peur d’être harcelé ou attaqué dans la rue ou par les médias.Vous n’êtes pas inquiet pour l’avenir de vos enfants.Vous pouvez tomber amoureux de la personne de votre choix.Vous avez l’impression que vos compétences sont appréciées et respectées.Vous n’avez pas de difficultés pour trouver un emploi stable.Vous avez facilement accès aux bâtiments et aux transports publics.Vous pouvez pratiquer un sport ou une activité artistique.Vous avez accès à Internet.
Un pasen avant !
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Un pasen avant !
ACTIVITE 2
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ACTIVITE 2
- 13. Travail- 14. Genre- 21. Pollution- 22. Violence- 23. Sécurité routière- 24. Guerres : mines et armes à sous-munitions- 25. Migrations
Ne coupons pas les ponts !
Niveau : Taille du groupe : Durée :
16 à 301h
ACTIVITE 3
Source : “Jeunes et handicapés”,Compagnon, Guide d’action pédagogique pour la diversité,
La participation et les droits de l’homme, Conseil de l’Europe, p. 32
Objectifs- Sensibiliser les participants aux droits des
personnes handicapées
- Se mettre dans la peau d’une personne handi-
capée
- Démontrer l’importance de la coopération
entre tous les membres d’une société
- Améliorer les compétences en matière de
communication et de travail d’équipe
L’activité consiste à construire un pont en
petits groupes mélangeant personnes handi-
capées et autres personnes.
Aperçu
- Participation et inclusion des personnes handica-
pées dans la société
- Stigmatisation et discrimination liées au handicap
- Coopération entre personnes handicapées et
autres personnes
Thèmes
- Vieux journaux, magazines ou papier de
brouillon, carton, ciseaux, ficelle, ruban adhésif,
et tout autre matériel pouvant servir à la
construction du pont
- Divers instruments pour représenter les diffé-
rentes déficiences : casques anti-bruit (couvrir
les oreilles), cordes (attacher les mains), foulards
(bander les yeux)
Matériel
INSTRUCTIONS
Expliquez aux participants que l’activité consiste à travailler en petits groupes pour effectuer une tâche donnée et qu’elle permet de tester leurs capacités de création, de coopération et de communication.
Formez des groupes de 4 à 5 personnes et distribuez les accessoires représentant une déficience. Chaque groupe devra compter une seule personne non handicapée, les autres membres du groupe auront tous une déficience différente. Tous les participants doivent abso-lument respecter les consignes liées à leur rôle.
Expliquez en quoi consiste la tâche : chaque petit groupe doit fabriquer un pont sur une rivière imaginaire. Précisez que le pont devra tenir debout tout seul et qu’une personne doit pouvoir passer en dessous. Vous pouvez éventuellement ajouter qu’il doit pouvoir, dans la mesure du possible, résister au passage de véhicules lourds ou résister aux inondations et autres intempé-ries ! Indiquez le matériel pouvant être utilisé pour réaliser l’exercice.
Précisez aux groupes qu’ils ont 30 minutes pour fabriquer le pont, et que chaque personne doit respecter le rôle qui lui est attribué.
La personne sourde et muette a du papier collant sur la bouche et un casque sur les oreilles, elle n’a pas le droit d’enlever son casque ou de retirer le papier collant pour parler. Son seul moyen de communiquer est de faire des gestes ou des signes.La personne aveugle a un foulard sur les yeux, elle n’a pas le droit de le déplacer ou de l’enlever. La personne amputée d’un bras a sa main (la plus forte de préférence) attachée à l’épaule du même bras. Elle ne peut en aucun cas se détacher pour s’en servir.La personne sourde a également un casque sur les oreilles, elle n’a pas le droit de l’enlever pour écouter.
La personne qui ne présente aucune déficience doit trouver des façons adaptées pour commu-niquer, sans tricher, avec les autres membres du groupe.
Au cours de l’exercice, gardez un œil sur les participants pour voir s’ils respectent bien les règles du jeu et s’ils « n’oublient pas » leur déficience. Essayez de ne pas intervenir, à moins que l’un d’entre eux ne respecte pas les consignes.
Au bout de 30 minutes, annoncez la fin de la fabrication du pont et demandez aux participants d'enlever leurs accessoires. Récupérez-les et commencez à appeler les participants par leur vrai prénom pour qu’ils se détachent de leur rôle. Invitez les participants à aller voir le pont des autres groupes : essayez de récompenser chaque pont en le désignant « gagnant » dans telle ou telle catégorie. Rassemblez les participants en cercle et passez au débriefing.
DEBRIEFING
Comment vous êtes-vous senti pendant l’activité ? Avez-vous trouvez l’exercice facile ou difficile ?Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous dans ce rôle ? Avez-vous été satisfait de votre contribution au résultat final ?
Ne coupons pas les ponts !
261
Ne coupons
pas lesponts !
ACTIVITE 3
260
ACTIVITE 3
Pensez-vous avoir réussi à jouer votre rôle de manière réaliste ou vous êtes-vous fondé sur des stéréotypes sur les personnes handicapées ?Comment avez-vous fonctionné en tant que groupe ? Pensez-vous que les tâches ont été réparties équitablement ?A-t-il été difficile de communiquer ? Si oui, pourquoi ? Comment avez-vous fait face aux problèmes de communication ? Avez-vous essayé de vous aider mutuellement ?Qui a pris le rôle de leader ? Comment cela s'est-il mis en place ?Les membres du groupe représentant les personnes handicapées ont-ils ressenti un senti-ment d’exclusion, ou un sentiment de pitié, de charité ?Les membres du groupe représentant les personnes handicapées ont-ils eu le sentiment de pleinement participer à la construction du pont, d’être un membre du groupe à part entière ?Que pensez-vous du fait que des personnes handicapées soient pleinement incluses dans la société ?La déficience vous a-t-elle empêché d’avoir des idées ou de vouloir participer à l’exercice ?Avez-vous ressenti à certains moments que votre contribution n’était pas comprise ou estimée à sa juste valeur par d’autres membres du groupe ?Pensez-vous que la coopération entre les personnes handicapées et les autres soit positive pour l’ensemble de la société ?Dans quelle mesure la simulation se rapprochait-elle d’une situation de la vie réelle ?Comment imaginez-vous la vie d’une jeune personne handicapée dans votre pays ? Et dans les pays du Sud ?Qu'avez-vous tiré comme enseignements de cette simulation ?
VARIANTESEn fonction du matériel dont vous disposez ou des caractéristiques des groupes, vous pouvez leur assigner une tâche différente : par exemple, dessiner un portrait, exécuter une danse ou préparer un spot télévisé.
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 2. Généralités sur le handicap- 3. Déficience motrice- 4. Déficience visuelle- 5. Déficience auditive- 6. Déficience intellectuelle- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination- 8. Accessibilité- 19. Coopération au développement
CONSEILS POUR L’ANIMATEURLors de la distribution des rôles, au début, il est déconseillé de laisser aux partici-pants le choix de leur déficience. Essayez de les encourager à adopter d’emblée une attitude de respect vis-à-vis du rôle qu’ils vont jouer. Pour cela, expliquez-leur que le but de l’activité est de les aider à comprendre les vraies difficultés que rencontrent les personnes handicapées dans un monde qui ne les comprend pas très bien. Encouragez les participants à jouer leur rôle de manière naturelle, sans exagérer ni « surjouer » le rôle.
Si le groupe dans son ensemble ou des groupes individuels ne parviennent pas à réaliser la tâche ou s’ils ne sont pas satisfaits de leur résultat, faites-leur remarquer que cela reflète ce qui se passe dans la réalité et que cela ne signifie pas pour autant que l’activité (ou le groupe) a échoué. Il serait bon, lors du débriefing, d’examiner les raisons pour lesquelles le résultat voulu n’a pas été obtenu ou n’a pas satisfait certains participants.
Ne coupons pas les ponts !
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Ne coupons
pas lesponts !
ACTIVITE 3
262
ACTIVITE 3
Le roides droits
Niveau : Taille du groupe : Durée :
34 à 301h
ACTIVITE 4
Source : “Le droit des enfants”,Repères, Manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de
l’homme avec les jeunes, Conseil de l’Europe, p. 191
Objectifs- S’informer et promouvoir la Convention internationale
relative aux Droits des Personnes Handicapées
- Provoquer un débat et une réflexion sur la situation des
personnes handicapées en général grâce aux différents
articles de la Convention
- Développer un esprit critique
- Faire les liens entre les informations reçues et la réalité
quotidienne
Débat autour des droits des personnes handi-
capées à partir de la hiérarchisation subjective
de différents droits, provenant de la Conven-
tion internationale relative aux Droits des
Personnes Handicapées
Aperçu
- Convention internationale relative aux
Droits des Personnes Handicapées
- Droits des personnes handicapées
- Droits de l’Homme en général
Thèmes
- Un jeu de neuf cartes marqué des droits de la Convention par sous-groupe
- Un tableau ou une affiche sur lequel peuvent être notés les différents droits des
personnes handicapées
- Un local suffisamment grand pour que chaque sous-groupe puisse travailler
de façon indépendante
Matériel
- Servez-vous de la version simplifiée et abrégée de la Convention (voir annexe) et
sélectionnez neuf articles susceptibles de déclencher la discussion la plus intéressante
au sein de votre groupe. Réfléchissez aux questions qui touchent le plus les membres
de votre groupe et celles qui seront le plus sujettes à controverse.
- Dans un ordre aléatoire, notez les neuf articles que vous avez choisis sur un tableau
ou sur une grande feuille de papier que vous afficherez.
- Distribuez à chaque groupe une enveloppe contenant les neuf articles que vous avez
décidé d’aborder
Préparation
INSTRUCTIONS
Partie 1
Commencez par présenter brièvement la Convention. Demandez aux participants ce qu’ils en savent. Passez en revue les principaux articles notés sur votre affiche.
Partie 2
Invitez les participants à former des petits groupes de quatre ou cinq personnes. Distribuez les enveloppes contenant les neuf articles choisis.
Partie 3
Expliquez-leur la procédure de la hiérarchisation « en diamant » : les groupes vont devoir exami-ner les neuf articles qui leur sont proposés et évaluer leur pertinence. Ils vont ensuite devoir disposer les cartes selon leur importance, à la manière des facettes d’un diamant. Ils devront poser la carte la plus importante sur la table. Ensuite, en dessous, ils place-ront côte à côte les deux cartes un peu moins importantes puis, sous celles-ci, les trois cartes de moindre importance. Le quatrième étage devra être formé de deux cartes et le cinquième d’une seule carte, la moins importante. Les cartes ainsi disposées reproduiront la structure d’un diamant.
Partie 4
Donnez aux groupes 25 minutes pour discuter et décider de leur hiérarchisation.
Partie 5
Lorsque tous les groupes auront terminé, les participants pourront observer la façon dont les autres groupes ont classé leurs articles. Réunissez tous les participants en plénière pour le compte-rendu.
DEBRIEFINGCommencez en demandant aux groupes de présenter tour à tour les résultats de leurs discussions. Puis demandez aux participants s’ils ont apprécié l’activité et ce qu’ils ont appris.
En quoi les résultats des discussions des différents groupes sont-ils comparables ? Quelles sont les similitudes et les différences ?Après avoir écouté les autres, un des groupes souhaite-t-il revoir sa décision concernant le classement des cartes ? Quels arguments ont été les plus convaincants ?Généralement, quels droits sont le plus souvent non respectés, en Belgique ? Dans les pays du Sud ?Voyez-vous des droits qui ne figurent pas dans la Convention et qui, selon vous, devraient être inclus ?Selon vous, les personnes handicapées ont-elles besoin de leur propre Convention ? Pourquoi ? Le roi
des droits
267
Le roides droits
ACTIVITE 4
266
ACTIVITE 4
Les personnes handicapées ont certes des droits en vertu de cette Convention mais, dans la réalité, peuvent-elles facilement les revendiquer ?Généralement, de quelle façon les individus revendiquent-ils leurs droits ?Vers qui les personnes handicapées peuvent-elles se tourner en cas de graves violations de leurs droits, en Belgique ? Dans les pays du Sud ?
SUGGESTIONS DE SUIVIDes petits sketches ou mimes peuvent être organisés par petits groupes de deux à quatre. Le reste du groupe peut alors deviner de quel droit il s’agit.Des œuvres peuvent être créées sur chaque droit (dessins, collages, sculptures, etc.).Des ateliers d’écriture peuvent être mis sur pied sur différents thèmes (poésie, chansons, rap, contes, etc.).
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 2. Généralités sur le handicap- 7. Droits des personnes handicapées- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination - 8. Accessibilité- 11. Santé- 12. Education- 13. Travail - 14. Genre- 15. Sport et loisirs- 16. Famille, sexualité, parentalité- 18. Urgence- 19. Coopération au développement- 22. Violence
CONSEILS POUR L’ANIMATEURPrécisez au groupe qu’il n’existe pas de bonne ou de mauvaise façon de classer les cartes. Ils doivent savoir que chacun a une vision différente et donc des priorités diffé-rentes qu’il faut respecter. Néanmoins, au sein de leur groupe, les participants doivent tenter de parvenir à un consensus sur le classement. Après tout, dans la vraie vie, il faut établir des priorités et prendre des décisions dans l’intérêt de tous !
CONVENTION INTERNATIONALERELATIVE AUX DROITS DESPERSONNES HANDICAPEES
Article 5 Égalité et non discrimination
Toutes les personnes sont égales devant la loi. Dès lors, toutes les discriminations fondées sur
le handicap sont interdites.
Article 6 Femmes handicapées
Les femmes handicapées ont le droit de jouir pleinement et sans aucune discrimination de
tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales.
Article 7 Enfants handicapés
Les enfants handicapés ont le droit de jouir pleinement et sans aucune discrimination de
tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales.
Article 8 Sensibilisation
L’ensemble de la société doit être sensibilisée à la situation des personnes handicapées. Il faut promouvoir le respect des droits et la dignité
des personnes handicapées ainsi que combattre les stéréotypes et les préjugés.
Article 9 Accessibilité
Les personnes handicapées ont le droit de vivre de façon indépendante et de participer pleinement à tous les aspects de la vie. Dès
lors, sur base du principe d’égalité, les person-nes handicapées ont le droit d’accéder à tout équipement et service fourni au public. (Ex :
transports, bâtiments, écoles, logements, lieux de travail, hôpitaux…)
Article 11 Situations de risque et situations
d’urgence humanitaire
Les personnes handicapées ont le droit de bénéficier d’une protection dans des situations de risque comme les conflits armés, les crises humanitaires et les catastrophes naturelles.
Version simplifiée et abrégée
Le roides droits
269
Le roides droits
ACTIVITE 4
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ACTIVITE 4
Article 15 Droit de ne pas être soumis à la torture ni à
des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
Aucune personne handicapée ne peut être soumise à la torture, à des peines ou à des
traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Article 16 Droit de ne pas être soumis à l’exploitation,
à la violence et à la maltraitance
Les personnes handicapées ont le droit d’être protégées, à leur domicile comme à l’extérieur,
contre toutes formes d’exploitation, de violence et de maltraitance.
Article 23 Respect du domicile et de la famille
Les personnes handicapées ont le droit de se marier et de fonder une famille, elles ont
également le droit de décider librement du nombre d’enfants qu’elles souhaitent. En
aucun cas, un enfant ne doit être séparé de ses parents en raison de son handicap ou du
handicap d’un ou des deux parents.
Article 24 Éducation
Les personnes handicapées ont le droit à l’éducation. Des aménagements doivent être prévus pour permettre à l’enfant handicapé de suivre les cours dans les mêmes conditions que les autres. (Ex : faciliter l’accès pour les personnes handicapées
aux bâtiments scolaires, utiliser divers moyens de communication pour transmettre le contenu des cours
(langage des signes, manuels en Braille…).
Article 19 Autonomie de vie et inclusion dans la société
Les personnes handicapées ont le droit de vivre dans la société, avec la même liberté de
choix, la même qualité d’intégration et le même degré de participation que les autres
personnes. Les différents services existant dans la société doivent être adaptés aux besoins des
personnes handicapées.
Article 20 Mobilité personnelle
Les États ont le devoir d’assurer la mobilité personnelle des personnes handicapées, pour favoriser leur plus grande autonomie possible.
Article 21 Liberté d’expression et d’opinion et accès à
l’information
Les personnes handicapées ont le droit à la liberté d’expression et d’opinion, y compris la liberté de demander, de recevoir et de com-muniquer des informations et des idées, en
recourant à tous moyens de communication de leur choix. (Ex : utilisation de la langue des
signes, du Braille…)
Article 22 Respect de la vie privée
Les personnes handicapées ont droit au respect de la vie privée ainsi qu’au respect de la
confidentialité concernant des informations personnelles et des informations relatives à la
santé.
Article 25 Santé
Les personnes handicapées ont le droit de jouir du meilleur état de santé possible sans
discrimination fondée sur le handicap. Le coût, la qualité ou la diversité des soins ne peut
différer en fonction de l’existence d’un handicap ou non.
Article 27 Travail et emploi
Les personnes handicapées ont le droit d’accéder au travail et à la possibilité de gagner leur vie en accomplissant un emploi librement
choisi. Ils ne peuvent faire l’objet d’une quelconque discrimination lors de l’entretien
d’embauche due à leur handicap.
Article 30 Participation à la vie culturelle et
récréative, aux loisirs et aux sports
Les personnes handicapées ont pleinement le droit de participer à la vie culturelle et sportive de la société. Des mesures appropriées doivent
être prises afin de permettre l’accès aux personnes handicapées à toutes les activités
culturelles et sportives.
Article 32 Coopération internationale
Les programmes de développement et de coopération internationale doivent prendre en
compte la question du handicap et être accessibles aux personnes handicapées.
Le roides droits
271
Le roides droits
ACTIVITE 4
270
ACTIVITE 4
Qui estderrière moi ?
Niveau : Taille du groupe : Durée :
1-210 à 2030 à 40 min
ACTIVITE 5
Source : “Qui est derrière moi ?”,Repères Junior, Manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de
l’homme avec les enfants, Conseil de l’Europe, p. 177
Objectifs- Discuter de l’impact des stéréotypes et du fait de
coller des étiquettes sur des personnes handicapées
- Comprendre le lien entre stéréotypes, préjugés et
discriminations
Les enfants devinent quelle est la personne
représentée dans leur dos en fonction des
réactions de leurs camarades
Aperçu
- Stéréotypes et préjugés, discrimination
- Exclusion des personnes handicapées
- Analyse du rôle des médias dans le
renforcement des stéréotypes et des
préjugés
Thèmes
- Autant de photographies (portraits) de
personnes handicapées qu’il y a d’enfants (se
référer aux différentes photographies proposées
dans le portfolio de ce manuel)
- Papier collant
- Tableau
- Papier et stylos
Matériel
Préparer un assortiment de photographies (portraits) de
personnes présentant différents types de déficiences
dans différentes régions du monde et dans différentes
situations.
Préparation
INSTRUCTIONS 1. Expliquez l’activité aux enfants
a. Chacun d’entre vous aura dans le dos la photo d’une personne, fixée avec du papier collant. Voici l’ensemble des photos (montrez-les sans faire de commentaires), vous en rece-vrez chacun une au hasard.b. Vous allez ensuite tous circuler dans la pièce. Quand vous croiserez quelqu’un, observez la photo dans son dos et dites-lui quelques mots qui expriment l’opinion générale sur la personne de la photo. Ces mots ne refléteront pas nécessairement votre opinion, mais les étiquettes ou stéréotypes qui collent à ce genre de personnes ; ils peuvent être positifs, négatifs et même méchants. Chacun note les mots employés pour exprimer l’opinion des autres sur la personne de la photo.
2. Préparez l’activitéa. Collez une photo dans le dos de chaque enfant, sans la lui montrer. b. Donnez à chacun du papier et un stylo afin qu’il note les mots employés pour parler de la personne en photo dans son dos.
3. Commencez l’activité a. Les enfants se mêlent les uns aux autres et notent les mots employés à « leur » sujet. Cette phase dure entre 5 et 10 minutes.b. Ensuite, les enfants se rassoient et doivent deviner l’identité de la personne de la photo collée dans leur dos. Chacun, à tour de rôle, propose une idée et décrit sa photo, s’inspirant des réactions de ses camarades, et expliquant ses suppositions. Si la proposition est juste, retirez la photo et montrez-la au reste du groupe. c. Retranscrivez au tableau les mots qui ont été utilisés pour décrire la personne de la photo.
4. Discutez des photosQuand chacun a deviné sa photo et que les mots utilisés ont été retranscrits au tableau, discutez brièvement de chaque photo :
a. Dans quel pays se trouve la personne représentée sur cette photo ?b. Qu’est-ce que cette personne est en train de faire ?c. Qu’a-t-elle comme type de déficience ?d. Quelle en est la cause ?
DEBRIEFING1. Faites le débriefing de l’activité en posant des questions comme celles-ci :
a. A-t-il été difficile de trouver les mots justes pour exprimer ce que disent les gens à propos de personnes telles que celles représentées sur les photos ?b. Qu’avez-vous ressenti en prononçant des mots durs ou injustes à propos de la personne de la photo ?c. A-t-il été difficile de deviner l’identité du personnage représenté sur votre photo à partir de ce que disaient vos camarades ?d. Quelle a été votre impression en entendant ce que vos camarades disaient de la personne que vous représentiez ?e. Les idées que vous vous faisiez des personnes photographiées étaient-elles différentes des commentaires que vous receviez ?f. Certains d’entre vous ont-ils été incapables de deviner leur photo ? A votre avis, pourquoi ont-ils trouvé cet exercice difficile ?
Qui est derrière moi ?
275
Qui est derrière
moi ?
ACTIVITE 5
274
ACTIVITE 5
2. Dressez la liste des mots employés pour décrire les personnages et faites une corrélation avec les différents types de déficiences. Veuillez à utiliser les mots « étiquettes » et « stéréotypes », et posez des questions à propos de la liste :
a. Connaissez-vous personnellement des personnes handicapées ?b. Pensez-vous que les personnes qui véhiculent des préjugés et stéréotypes connaissent personnellement des personnes handicapées ? Sur quoi fondent-elles leurs idées au sujet de ces personnes ? Leur arrive-t-il de changer d’avis ?c. Est-ce que quelque chose peut modifier le jugement que vous portez sur une personne ?d. En quoi les étiquettes et les stéréotypes sont injustes ?e. En quoi les étiquettes et les stéréotypes renforcent l’exclusion des personnes handicapées ? f. Que suggèrent ces réponses sur la façon dont les gens perçoivent les autres ? Est-ce que les gens doivent tous voir les choses de la même manière ?g. Faites observer que les médias jouent un rôle important dans la perception que nous avons de l’autre et notamment des personnes handicapées, d’ici et des pays du Sud. Discu-tez du rôle joué par les médias dans la fabrication des stéréotypes en posant des questions comme celles-ci :
- Quelle est la place accordée par les médias aux personnes handicapées belges (films, dessins animés, journaux, magazines, affiches, etc.) ? Celles des pays du Sud ?- En quoi les médias renforcent-ils les étiquettes et les stéréotypes ?
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 2. Généraliéts sur le handicap- 3. Déficience motrice- 4. Déficience visuelle- 5. Déficience auditive- 6. Déficience intellectuelle - 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination
CONSEILS POUR L’ANIMATEUR- Veuillez à ce qu’aucun texte ne subsiste sur l’image mais notez bien les légendes et l’ensemble des informations permettant de pouvoir répondre aux questions des enfants.- Pour que les enfants comprennent bien l’activité, vous pourriez l’expliquer au préala-ble à l’aide d’une photo.- Les photos doivent rendre compte de la grande diversité que peut prendre le handi-cap. Elles doivent aussi représenter différents continents, et différents contextes dans lequel prend place le handicap.- Plusieurs enfants seront dans l’incapacité de distinguer les réactions stéréotypées de leurs propres opinions. Bien que cette activité puisse leur poser problème, elle ouvre néanmoins des perspectives nouvelles très importantes.
Qui est derrière
moi ?
ACTIVITE 5
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Niveau : Taille du groupe : Durée :
2-34 à 321h30
ACTIVITE 6
Tous enfants,tous des droits !
Source : “Liens entre droits”, S. FONTAIN, Education pour le développement humain,
De Boeck, p. 173
Objectifs- Familiariser les élèves avec la Convention
relative aux Droits de l’Enfant
- Faire prendre conscience que tous les enfants,
handicapés ou non, ont les mêmes droits, et ce
où qu’ils vivent
- Etablir des liens entre l’abstraction des droits et
une certaine réalité.
Les enfants forment des paires entre un droit et
un personnage dont le droit est bafoué. Dans
un deuxième temps, ils cherchent des solu-
tions à la situation des différents personnages.
Aperçu
- Droits des personnes handicapées
- Droits des enfants
- Education
Thèmes
- Huit cartes résumant des articles au choix de
la Convention relative aux Droits de l’Enfant.
- Huit cartes personnages représentant des
enfants handicapés, chacune décrivant la
violation d’un droit de la Convention (disponible
en annexe)
Matériel
- Se munir des cartes personnages ainsi que des cartes
droits de la Convention.
Préparation
INSTRUCTIONS Les élèves forment des paires. Chaque paire reçoit soit une carte avec un résumé d’un article de la Convention relative aux Droits de l’Enfant, soit une carte personnage, avec l’histoire d’un enfant illustrant une violation d’un des droits (si la taille de la classe est inférieure à 32, certains élèves peuvent travailler seuls).Les paires se déplacent ensemble à travers la pièce, pour découvrir les autres cartes. Une fois que deux paires pensent s’être trouvées, ils apparient un article de la Convention avec l’histoire correspondante, ils forment ainsi un groupe de quatre.Chaque groupe comprenant un personnage et le droit bafoué tente de trouver des pistes de solution afin que la situation du personnage s’améliore (et que le droit ne soit plus bafoué). Ils choisissent de présenter leurs solutions sous forme de dessin collectif, de collage ou de saynète théâtrale.Le groupe se réunit en cercle et le débriefing peut commencer.
DEBRIEFINGUne fois que les doubles paires se sont constituées, nous passons alors au moment le plus impor-tant et le plus intéressant, celui de l’analyse en groupe.
Demandez aux élèves sur base de quels critères ils ont décidé de s’unir Que pensent-ils du droit ou du personnage qui leur a été attribué Connaissaient-ils la Convention relative aux Droits de l’Enfant ? Considèrent-ils, en tant qu’enfants, que leurs droits sont respectés ? Que ceux des enfants handicapés sont respectés en Belgique ? Dans les pays du Sud ? Ont-ils rencontré des difficultés pour former les paires ? Si oui, lesquelles ?Ont-ils hésité avec d’autres rôles/d’autres droits ? Si oui, à cause de quoi ? Quels sont les éléments qui leur ont permis d’établir un rapprochement ?Etc.
Dans un deuxième temps, demandez aux différents groupes de présenter les pistes de solution qu’ils ont envisagées et discutez-en.
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 2. Généralités sur le handicap- 7. Droits des personnes handicapées- 12. Education
CONSEILS POUR L’ANIMATEUR- Veillez à ce que tous les enfants aient bien compris le personnage ou le droit qui leur est attribué. Une fois le jeu lancé, ne dites plus rien, et laissez-les faire, n’intervenez plus que pour expliquer un concept ou un terme qu’ils auraient mal saisis. Le fait qu’ils se trompent permettra d’enrichir davantage le débat qui suivra le jeu.- Veillez également à ce que le choix de former une double paire soit le fruit de discus-sions entre les différents élèves, le but étant d’échanger un maximum d’arguments et non pas d’imposer son avis sans tenir compte de celui des autres.
Tous enfants,tous des droits !
279
Tous enfants,tous des
droits !
ACTIVITE 6
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ACTIVITE 6
Article 2
Tous les enfants ont les mêmes droits et ne peuvent pas être discriminés en raison de leurs différences. Les différences peuvent être liées à
la langue, la religion, la richesse, le handicap, etc.
Article 19
Tous les enfants ont le droit à la protection contre toutes formes de violence, d’abandon
ou de négligence.
Article 6
Tous les enfants ont le droit au développement et à la vie.
Article 31
Tous les enfants ont le droit au repos et aux loisirs.
Article 24
Tous les enfants ont le droit à la santé, aux services médicaux et à l’alimentation.
Article 28
Tous les enfants ont le droit à l’éducation.
Article 32
Tous les enfants ont le droit à la protection contre l’exploitation économique et le travail qui compromet leur éducation ou qui nuit à
leur développement.
Article 23
Les enfants handicapés ont le droit à une vie pleine et décente, comme tout enfant y a droit.
I. DROITS (Convention des Droits de l’Enfant)
Je m’appelle Michel, j’ai 8 ans et je vis au Congo. J’ai eu un problème à la naissance : je
suis né avec un retard mental. Je me rends compte qu’on se moque souvent de moi et qu’on me rejette quand je veux jouer avec
d’autres enfants.
Je m’appelle Ana, j’ai 14 ans et je vis au Pérou. Je suis née avec une malformation aux bras et aux jambes. Ma famille n’a pas pu s’occuper de
moi et m’a abandonnée très petite. Maintenant, je vis dans la rue et parfois, la nuit,
je me fais agresser.
Je m’appelle Jacinto, j’ai 9 ans et je vis en Angola. Ma petite sœur n’a pas bien respiré à
sa naissance, ce qui l’a rendue handicapée physique et mentale. Au village, elle portait
malheur à cause de son handicap, on pensait qu’on avait jeté un mauvais sort sur la famille.
On a décidé de la rendre à la nature, en l'abandonnant dans la forêt.
Je m’appelle Buu, j’ai 11 ans et je vis au Vietnam. Je suis paralysé des jambes et je travaille 12 heures par jour dans un atelier de couture. Quand je rentre à la maison,
je suis tellement fatigué que je vais dormir tout de suite. Je joue très rarement.
Je m’appelle Pema, j’ai 13 ans et je vis au Tibet. Je suis devenue malentendante à cause d’un
médicament que j’ai pris contre le mal de tête. Je pourrais mieux entendre grâce à un appareil
auditif, mais cela coûte beaucoup trop cher...
Je m’appelle Awa, j’ai 11 ans et je vis au Sénégal. Je suis née handicapée motrice et je ne peux pas marcher. Je ne suis jamais allée à
l’école car je ne peux pas me déplacer et aucun moyen de transport n’est organisé pour moi. Je
reste toute la journée à la maison.
Je m’appelle Julio, j’ai 14 ans et je vis en Colombie. J’ai été gravement brûlé quand
j’étais enfant et je suis devenu aveugle. J’ai dû arrêter l’école car mes parents n’avaient plus assez de moyens. Maintenant, je passe mon
temps à demander dans la rue quelques pièces aux passants.
Je m’appelle Martine et je suis trisomique. J’habite en Belgique et mes parents ont
tellement honte de moi qu’ils me cachent. Je n’ai pas le droit de sortir et de rencontrer des gens, je dois rester toute la journée dans ma
chambre.
II. CARTES PERSONNAGES
Tous enfants,tous des droits !
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Tous enfants,tous des
droits !
ACTIVITE 6
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ACTIVITE 6
Photo-langage
Niveau : Taille du groupe : Durée :
1-2-34 à 301h30
ACTIVITE 7
Objectifs- Découvrir les différents types de déficiences,
leur origine et les réalités des pays du Sud dans
le domaine du handicap.
- Mettre en image le handicap
- Déconstruire les stéréotypes et préjugés liés au
handicap et / ou aux pays du Sud.
Les élèves, divisés en groupe, découvrent le
handicap ici et dans les pays du Sud à partir
de photos qu’ils analysent.
Aperçu
Ensemble des thèmes repris dans les
fiches thématiques, choisis en fonction
des photos sélectionnées.
Thèmes
- Photos de personnes en situation de handicap
dans les pays du Nord et du Sud (disponibles
dans le portfolio de ce manuel)
- Un planisphère (éventuellement)
Matériel
- Sélectionner les photos
- Diviser la classe en petits groupes de 4 ou 5 élèves
maximum et leur remettre à chacun une photo
- Préparer les questions relatives aux photos choisies
Préparation
INSTRUCTIONS 1. Sélection des photographies (au préalable)Dans un premier temps, choisissez les photos que vous allez remettre aux groupes d’élèves. Afin d’avoir la discussion la plus variée et enrichissante possible, tentez de choisir une gamme de photos reprenant un ensemble de situations différentes ou de handicaps différents (une personne handicapée motrice en Angola qui joue sur une plage, une personne déficiente visuelle en Colombie à une exposition accessible aux personnes présentant cette déficience, une personne déficiente intellectuelle en Suède à l’école, etc.). Pour toutes les photos choisies, soyez attentif à posséder les légendes les plus complètes possible, reprenant :
Le pays où la photo a été priseLa déficience de la personne sur la photoLa cause de la déficience (maladie, accident, etc.)
Vous pouvez aussi sélectionner une série de photos en fonction d'un thème précis (santé, etc.)
2. Lancement de l’activitéDivisez la classe en petits groupes et remettez une photo sélectionnée par groupe. Demandez à chaque groupe de répondre à trois questions :
Où la photo a-t-elle été prise ? (ils peuvent s’aider pour cela du planisphère)Qui sont les personnes handicapées ?Quel est le type de déficience ?Quelle est la cause de la déficience, comment cela lui est-il arrivé ?
Ajoutez qu’ils doivent élire démocratiquement une personne porte-parole dans chaque groupe qui devra expliquer la photo aux autres élèves de la classe.Laissez les groupes débattre seuls pendant une dizaine de minutes. Pendant ce temps, tournez dans chaque groupe et discutez brièvement des réponses qu’ils fournissent aux photos en leurs faisant découvrir les bonne réponses. Dès que vous êtes passé dans tous les groupes, annoncez la fin des discussions et demandez-leur de s’asseoir en cercle pour commencer le débriefing.
DEBRIEFINGChaque groupe, tour à tour, vient présenter sa photo aux autres. Profitez-en, après la présenta-tion de chaque photo par les enfants, pour expliquer un maximum de caractéristiques propres aux différents types de déficiences (voir fiches thématiques liées aux déficiences). Lancez ensuite une discussion avec les élèves sur leurs connaissances des déficiences et sur la situation dans laquelle est la personne sur la photo.
Exemple de questions que vous pouvez poser :Pensez-vous que les causes de déficiences sont les même dans les pays du Sud et dans ceux du Nord ?Pourquoi ?
Si une photo aborde le thème de la déficience auditive :Comment ces personnes font-elles pour se comprendre et pour nous comprendre ?Existe-t-il une ou plusieurs langues des signes sur terre ?Quelle est l’origine de la surdité ?Faites remarquer l’invisibilité de cette déficience (et d’autres).Etc.
Photo-langage
285
Photo-langage
ACTIVITE 7
284
ACTIVITE 7
Si une photo aborde la question de la scolarisation :Que pensez-vous de l’accès à l’éducation pour les personnes handicapées ?Dans quel type d’école les enfants présentant une déficience doivent-ils être intégrés ? Imaginez-vous qu’un enfant handicapé se retrouve dans votre classe ? Pourquoi ?Etc.
Si une photo aborde la question de l’accès à la santé :L’accès à la santé est-il le même ici ou dans un pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine ?Pourquoi est-ce différent ?Quelles sont les différences que l’on peut observer entre un pays du Sud et du Nord ?Abordez la question de la vaccination si une des photos présente un cas de poliomyélite.Etc.
SUGGESTIONS DE SUIVIA partir de ce jeu, vous pouvez décider d’aborder une des thématiques qui suscitait l’intérêt des élèves.
FICHES THEMATIQUES A LIRERéférez-vous aux thématiques touchées par les photos que vous avez choisies.
CONSEILS POUR L’ANIMATEUR Il peut être intéressant de faire ce jeu après l’activité « 2. Un pas en avant ! », qui permet au groupe d’avoir une première approche des différents types de déficiences qui existent.
- Veillez à bien connaître les thématiques abordées par les photos pour pouvoir répondre à un maximum de questions posées par les élèves. - Veillez à déconstruire un maximum de préjugés et stéréotypes que l’on peut avoir sur le handicap et les pays du Sud.
Médias-débat
Niveau : Taille du groupe : Durée :
2-34 à 301h30
ACTIVITE 8
Photo-langage
ACTIVITE 7
286
Objectifs- Observer la manière dont le handicap est
appréhendé par les médias
- Déconstruire les stéréotypes et préjugés sur les
personnes handicapées d’ici et des pays du Sud
Les élèves, de façon individuelle ou collective,
analysent un média abordant la thématique
du handicap, avant de le présenter à
l’ensemble du groupe. Un débat et une
réflexion collective s’ensuivent..
Aperçu
- Stéréotypes et préjugés, discrimination
- Généralités sur le handicap
- Les thèmes varient en fonction des
médias soumis aux élèves
Thèmes
- Articles
- Publicités
- Autres médias (films, documentaires, etc.)
Matériel
Sélection au préalable d’articles, publicités et autres
médias pertinents abordant la thématique du handicap,
ici et dans les pays du Sud, par l’animateur ou par les
élèves.
Préparation
INSTRUCTIONS 1. Sélection des médiasA travers l’actualité, l'animateur ou les élèves (recherche à domicile) opèrent une sélection d’articles et/ou publicités pertinents traitant du handicap. Essayez de trouver des articles présentant différentes visions des personnes handicapées, spécifiquement des pays du Sud, afin d’enrichir les discussions de groupe.
2. Première analyse des médias par les élèvesLes élèves sont divisés en petits groupes de réflexion autour d’un média. Demandez-leur de faire l’analyse la plus poussée possible de la vision prônée par l’article/pub/etc.Voici quelques exemples de questions :
Comment la photo a-t-elle été prise ? En plongée ou contre-plongée ? Que signifie ce choix ?Quels noms communs et adjectifs sont utilisés pour décrire la personne ? Proposez de les lister et d’en retirer le sens.La personne est-elle présentée comme un héros ? Comme quelqu’un qui suscite la pitié ? Comme toute autre personne ?
3. Présentation de l’analyse de médiaPar groupe, les élèves présentent leur article et leur analyse au reste de la classe. 4. Lancement des discussions/ débatsCf. Débriefing
DEBRIEFINGQuestions pour enrichir le débat :
Avez-vous des éléments à ajouter aux analyses et présentations des autres groupes ?La présentation du handicap dans les médias proposés vous a-t-elle interpellé ?Avez-vous trouvé des points communs entre les médias ?Pensez-vous que les personnes handicapées soient traitées de la même façon par les médias que des personnes ne présentant aucune déficience ?Connaissez-vous des personnes célèbres qui sont handicapées ? Quelles sont leur profession ?Pensez-vous que ces célébrités soient traitées différemment par les médias que les person-nes célèbres non handicapées ?
SUGGESTION DE SUIVI Cette activité peut facilement être poursuivie par l’activité « 10. Petit reporter sans frontières »
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 2. Généralités sur le handicap - 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination- Selon les thématiques abordées par les médias
Médias-débat
289
Médias-débat
ACTIVITE 8
288
ACTIVITE 8
CONSEILS POUR L’ANIMATEURN’hésitez pas à approfondir une thématique plus précise abordée par un média suscitant l’intérêt des élèves.
Médias-débat
ACTIVITE 8
290
Défis-sens
Niveau : Taille du groupe : Durée :
1-2-38 à 301h30
ACTIVITE 9
Objectifs- Découvrir les difficultés quotidiennes liées aux
différentes déficiences
Petits ateliers où des défis seront réalisés par
les élèves, en se mettant dans la peau d’une
personne présentant une déficience.
Aperçu
- Déficience motrice
- Déficience auditive
- Déficience visuelle
Thèmes
- Bandeaux
- Casques de chantier anti-bruit
- Chaises roulantes (si possible)
- Béquilles (si possible)
- Pour le matériel par poste, se référer à l’activité
Matériel
- Préparer les différents postes dans un local suffisam-
ment grand
Préparation
INSTRUCTIONSDifférentes activités peuvent être organisées, voici quelques suggestions.
Déficience visuelle Se déplacer jusqu’à une table les yeux bandés. S’asseoir, prendre une bouteille d’eau et verser le contenu dans le verre.Payer une somme exacte avec des pièces d’euros à reconnaître au toucher (on peut faire la même chose avec des billets)Reconnaître des lettres en relief au toucher et reconnaître le mot formé avec ces lettres.Rechercher un objet précis dans une pièce en suivant des indications données.Ecrire une phrase (dictée) sur un papier les yeux bandés.Reconnaître des sons, savoir de quel côté ils viennent et avec quoi ils sont faits.Parcours d’ « obstacles » uniquement muni d’une canne.Reconnaître une personne en touchant son visage (placer cette personne couchée pour qu’elle ne puisse pas être reconnue par sa taille).Quizz-odoratProposer au groupe de former un tunnel en plaçant les uns à côté des autres des couples de personnes placées face à face, les bras en l'air accrochées à ceux du partenaire. Quand le tunnel humain est fait, une personne y entre et le traverse sans en toucher les bords.
Déficience auditive Prononcer une phrase sans émettre de son, et faites-la deviner à une personne qui a les oreilles couvertes par un casque anti-bruit. Veuillez à articuler le plus clairement possible.Faire comprendre un petit texte/une situation sans parler, à une autre personne.Entamer une conversation pendant quelques minutes sans prononcer la moindre parole (utilisez les gestes, l’espace, le corps, etc.). Une fois la conversation finie, demander ce que le public a compris de la conversation.
Déficience motriceTenter de rentrer dans l’école en chaise roulante ou en béquillesFaire un parcours d’obstacles en chaise roulante ou en béquillesEcrire une phrase à l'aide de la bouche
DEBRIEFINGRéunissez les élèves en cercle et demandez-leur :
Avez-vous apprécié le jeu ?Certaines épreuves étaient plus difficiles que d’autres ? Lesquelles ?Connaissez-vous des personnes handicapées ?Avez-vous mieux compris les difficultés vécues par des personnes présentant une déficience ?Comment peut-on concrètement aider les personnes handicapées dans toutes ces activités ?Etc.
Défis-sens
293
Défis-sens
ACTIVITE 9
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ACTIVITE 9
SUGGESTION DE SUIVICette activité ne met pas en perspective la dimension Sud du handicap. Bonne introduction au handicap de manière générale, elle peut être suivie de l'activité « 1. La ruée vers la richesse et le pouvoir » ou de l'activité « 2. Un pas en avant ! »
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 2. Généralités sur le handicap- 3. Déficience motrice- 4. Déficience visuelle- 5. Déficience auditive- 8. Accessibilité- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination
CONSEILS POUR L’ANIMATEURSoyez suffisamment d’animateurs pour organiser toute les activités
Défis-sens
ACTIVITE 9
294
Petit reportersans frontières
Niveau : Taille du groupe : Durée :
2-312 à 301h30 à plusieurs jours
ACTIVITE 10
Objectifs- Amener les élèves à s’investir sur une théma-
tique liée au handicap dans les pays du Sud
- Développer les capacités de réflexion,
d’imagination et de rédaction
- Développer la capacité de travail en groupe
Organiser un atelier d’écriture, s’improviser
journaliste, jouer au reporter dans la ville en
repérant tous les endroits inaccessibles,
interviewer des spécialistes du handicap ou
des personnes handicapées : l’objectif est de
mener une action directement sur le terrain et
de la verbaliser sous la forme d’un article,
journal, carnet de voyage, etc.
Aperçu
Selon les thématiques abordées par
les élèves
Thèmes
- Feuilles et stylos
- Ordinateurs avec accès à Internet (facultatif)
- Caméra (facultatif)
- Appareil photos (facultatif)
Matériel
Faire un brainstorming avec les sujets que le groupe a
le plus envie d’aborder
Préparation
INSTRUCTIONS Divisez la classe en petits groupes de 2 à 5 et proposez-leur de se transformer en reporter d’un (ou plusieurs) jour(s). Chaque groupe choisit une des thématiques liées au handicap et rédige un (ou plusieurs) article(s), réalise un petit reportage vidéo, crée un blog ou autres sur celle-ci.
Dans un deuxième temps, organisez une mini-expo ou une présentation des travaux des élèves.
DEBRIEFINGAvez-vous aimé approfondir une thématique ?Que pouvez-vous tirer des reportages présentés ?Avez-vous appris des choses ?Voyez-vous les choses autrement ?Etc.
SUGGESTION DE SUIVI Cette activité peut être précédée d’autres activités permettant d’introduire la thématique du handicap ici et dans les pays du Sud, particulièrement « 8. Médias-débat ». « Petit reporter sans frontières » est une activité qui permet, au travers des réalisations propres des groupes, d’analyser la manière dont les groupes appréhendent les thématiques liées au handicap.
FICHES THEMATIQUES A LIRESelon les reportages faits par les élèves.
CONSEILS POUR L’ANIMATEUR- Lancez ce jeu après avoir abordé en classe un minimum la thématique du handicap avec les élèves- Motivez-les à aller interroger des personnes handicapées pour mieux comprendre les difficultés quotidiennes qu’elles peuvent vivre ou faire tomber les préjugés et stéréoty-pes qu’ils nourriraient à leur égard.- Demandez-leur de faire une comparaison entre les situations que peut vivre une personne handicapée ici et dans les pays du Sud.
Petitreporter sansfrontières
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Petit reporter sans
frontières
ACTIVITE 10
296
ACTIVITE 10
Contes
Niveau : Taille du groupe : Durée :
1-212 à 301h30
ACTIVITE 11
Objectifs- Découvrir le handicap par le conte
- Aborder la thématique de la différence
- Relever et déconstruire les stéréotypes et
préjugés liés au handicap et/ou aux pays du sud
dans les contes
A partir de la lecture d’un conte, découvrir le
handicap par le débat, le dessin, etc.
Aperçu
- Le handicap en général
- Les différents types de déficiences
- Les préjugés, discriminations et stigmatisations
Thèmes
- Conte
- Se référer à l’activité envisagée
- Un coussin pour chacun
Matériel
- Choix des contes (annexe ou recherche personnelle)
- Installer un lecteur CD et choisir une musique calme
Préparation
INSTRUCTIONS Lancez la musique et créez une atmosphère convivialeLisez un des contes aux participantsDébriefing
DEBRIEFINGDans quel pays se passe l’histoire ? Pourquoi ?Comment avez-vous trouvé le conte ?Qui étaient les personnes handicapées ?Comment cette personne était présentée ?Quelle est la morale de l’histoire ? Qu’en pensez-vous ?Etc.
SUGGESTIONS DE SUIVIIllustrer le conte, via une saynette, un dessin, etc. Cette activité peut se faire individuelle-ment ou collectivement. Inventer un conte. Exemple de méthode : le premier participant commence à inventer le début, le deuxième prend le relai et ainsi de suite. Prendre soin d’intégrer dans l’histoire une ou plusieurs personnes présentant une déficience.Ecrire un conte sur la thématique du handicap
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 2. Généralités sur le handicap- 3. Déficience motrice- 4. Déficience visuelle- 5. Déficience auditive- 9. Stéréotypes & préjugés, discrimination- 20. Culture
ContesContes
ACTIVITE 11
300
ACTIVITE 11
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Les trois sourds
C’est l’histoire d’une femme. Elle était sourde, tellement sourde qu’elle n’entendait rien.Tous les matins, elle portait son enfant sur son dos et elle se rendait à son champ. Elle avait un immense champ d’arachides.
Un matin qu’elle était là, tranquillement à travailler dans son champ, arriva un monsieur. Un monsieur tellement sourd qu’il n’entendait rien. Et ce monsieur cherchait ses moutons.
Ecoutez-bien ! Il s’adressa à la dame :
— « Madame, je cherche mes moutons, leurs traces m’ont conduit jusqu’à votre champ. Est-ce que vous ne pourriez pas m’aider à les retrouver ? D’ailleurs, on les reconnaît bien mes moutons : parmi eux, il y a un mouton blessé. Madame, si vous m’aidez à retrouver mes moutons, je vous donnerai ce mouton blessé et vous pourrez toujours vous en servir ».
Mais elle, n’ayant rien entendu, rien compris, elle pensa que ce monsieur lui demandait juste jusqu’où s’arrêtait son champ. Elle se retourna pour lui dire :
— « Mon champ s’arrête là-bas. »
Le monsieur suivit la direction indiquée par la dame et, par un curieux hasard, il trouva ses mou-tons en train de brouter tranquillement derrière un buisson. Tout content, il les rassembla et vint remettre à la dame le mouton blessé.
Mais celle-ci, n’ayant rien entendu, rien compris, elle pensa que ce monsieur l’accusait d’avoir blessé son mouton. Alors elle se fâcha :
— « Monsieur, je n’ai pas blessé votre mouton. Allez accuser qui vous voulez mais pas moi. D’ailleurs des moutons, je n’en ai jamais vu. »
Quand il vit que la femme se fâchait, le monsieur pensa que cette femme ne voulait pas de ce mouton mais qu’elle voulait un mouton plus gros. Et à son tour, il se fâcha :
— « Madame, c’est ce mouton que je vous ai promis. Il n’est pas du tout question que je vous donne le plus gros de mes moutons. »
Tous les deux ils se fâchèrent, ils se fâchèrent à un tel point qu’ils finirent par arriver au tribunal.
Dans cette Afrique d’il y a longtemps, le tribunal se passe sur la place du village, à l’ombre d’un grand arbre : l’arbre à palabres, le plus souvent un baobab.Et le juge, qui était en même temps le chef du village, était là entouré de tous ces gens qu’on appelle les notables.
La dame et le monsieur arrivèrent tout en continuant leur querelle. Et après les salutations, c’est elle qui parla la première :
— « Ce monsieur m’a trouvé dans mon champ, il m’a demandé jusqu’où mon champ s’arrêtait. Je lui ai montré et j’ai repris mon travail. Ce monsieur est parti et quelques instants après, il est
revenu avec un mouton blessé m’accusant de l’avoir blessé. Or, moi je jure que des moutons, je n’en ai jamais vu. Voilà pourquoi on est ici monsieur le juge.»
C’était au tour du monsieur :
— « Je cherchais mes moutons, dit-il, et leurs traces m’ont conduit jusqu’au champ de cette dame. A cette dame, j’ai dit que si elle m’aidait à retrouver mes moutons, je lui donnerais l’un d’entre eux mais j’ai bien précisé qu’il s’agissait du mouton blessé. Elle me montra mes moutons, c’est ce mouton blessé que je lui donnai. Elle voulait un mouton plus gros. Pensez-vous que je vais lui donner le plus gros de mes moutons à deux pas de la fête des moutons ? »
Le juge se leva. Il était aussi sourd qu’un pot. Et quand il vit l’enfant sur le dos de sa mère, il pensa qu’il ne s’agissait là que d’une petite querelle de ménage. Alors il s’adressa au monsieur :
— « Monsieur. Cet enfant est votre enfant. Regardez d’ailleurs comment il vous ressemble. A ce qu’il me semble, vous êtes un mauvais mari. Et vous madame, des petits problèmes comme cela, ce n’est pas la peine de venir jusqu’ici étaler ça devant tout le monde. Rentrez chez vous ! Je souhaite que vous vous réconciliiez. »
Ayant entendu ce jugement, tout le monde éclata de rire. Et le rire contamina le juge, la dame et le monsieur.
Que firent-ils ? Ils éclatèrent de rire bien que n’ayant rien compris…
ContesContes
ACTIVITE 11
302
ACTIVITE 11
303
L’aveugle et le lait
Un aveugle de naissance demanda à un voyant :— De quelle couleur est le lait ?Le voyant lui répondit :— La couleur du lait est comme le papier blanc.— Eh quoi, demanda l’aveugle, est-ce que cette couleur est aussi soyeuse au toucher que le papier ?Le voyant répondit :— Non, elle est blanche comme la farine est blanche.— Comment ? reprit l’aveugle ; est-elle aussi molle et pulvérisée que la farine ?— Non, répondit le voyant, elle est tout simplement blanche comme le lièvre blanc.— Alors, reprit l’aveugle, elle est aussi velue et aussi douce que la peau du lièvre ?— Non, répondit le voyant, la couleur blanche est comme la neige.— Alors, reprit l’aveugle, elle est aussi froide que la neige ?Et, malgré tous les exemples que le voyant citait à l’aveugle, celui-ci ne pouvait se représenter la couleur blanche du lait.
ContesContes
ACTIVITE 11
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ACTIVITE 11
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Un simple bonheur
Deux hommes (tous les deux gravement malades) occupaient la même chambre d'hôpital : l'un d'eux devait s'asseoir dans son lit pendant une heure chaque après-midi afin d'évacuer les sécré-tions de ses poumons (son lit était à coté de la seule fenêtre de la chambre) et l'autre devait passer ses journées couché sur le dos...
Les deux compagnons d'infortune se parlaient pendant des heures... Ils parlaient de leurs épou-ses et familles, décrivaient leur maison, leur travail, leur participation dans le service militaire et les endroits où ils étaient allés en vacances... Et chaque après-midi, quand l'homme dans le lit près de la fenêtre pouvait s'asseoir, il passait le temps à décrire à son compagnon de chambre tout ce qu'il voyait dehors... L'homme dans l'autre lit commença alors à vivre pour ces périodes d'une heure où son monde était élargi et égayé par toutes les activités et les couleurs du monde extérieur...
De la chambre, la vue donnait sur un parc avec un beau lac, les canards et les cygnes jouaient sur l'eau tandis que les enfants faisaient voguer leurs bateaux modèles réduits... Les amoureux marchaient bras-dessus, bras-dessous, parmi des fleurs aux couleurs de l'arc-en-ciel, de grands arbres décoraient le paysage et on pouvait apercevoir au loin la ville se dessiner... Pendant que l'homme près de la fenêtre décrivait tous ces détails, l'homme de l'autre côté de la chambre fermait les yeux et imaginait la scène pittoresque... Lors d'un bel après-midi, l'homme près de la fenêtre décrivit une parade qui passait par là... Bien que l'autre homme n'ait pu entendre l'orchestre, il pouvait le voir avec les yeux de son imagination, tellement son compagnon le dépeignait de façon vivante...
Les jours et les semaines passèrent ainsi... Un matin, à l'heure de la toilette, l'infirmière trouva le corps sans vie de l'homme près de la fenêtre, mort paisiblement dans son sommeil... Attristée, elle appela les préposés pour qu'ils viennent prendre le corps. Dès qu'il sentit que le temps était approprié, l'autre homme demanda s'il pouvait être déplacé à côté de la fenêtre... L'infirmière, heureuse de lui accorder cette petite faveur, s'assura de son confort, puis elle le laissa seul... Lentement, péniblement, le malade se souleva un peu, en s'appuyant sur un coude pour jeter son premier coup d'œil dehors... Enfin, il aurait la joie de voir par lui-même ce que son ami lui avait décrit tant de jours durant... Il s'étira pour se tourner lentement vers la fenêtre près du lit...
Or, quelle ne fut pas sa surprise quand il vit un mur !!!
Étonné, l'homme demanda à l'infirmière pourquoi son compagnon de chambre décédé lui avait dépeint une toute autre réalité... L'infirmière répondit que l'homme était aveugle et ne pouvait même pas voir le mur !! « Peut-être a-t-il seulement voulu vous encourager », commenta-t-elle.
L'aveugle et le boiteux
Un pauvre homme qui avait perdu la vue depuis plusieurs années, allait un soir sur le grand chemin, en tâtonnant avec son bâton. Que je suis malheureux, s'écriait-il, d'avoir été obligé de laisser mon pauvre petit chien malade en logis ! J'ai cru pouvoir me passer aujourd'hui de ce guide fidèle pour aller au village prochain. Ah ! Je sens mieux que jamais combien il m'est néces-saire. Voici la nuit qui s'approche ; ce n'est pas que j'y vois mieux pendant le jour, mais au moins je pouvais rencontrer à chaque instant quelqu'un sur ma route, pour me dire si j'étais dans le bon chemin ; au lieu qu'à présent je dois craindre de ne plus rencontrer personne. Je n'arriverai pas aujourd'hui à la ville, et mon pauvre petit chien m'attend pour souper. Ah ! Comme il va être chagrin de ne pas me voir !
A peine avait-il dit ces paroles qu'il entendait quelqu'un se plaindre tout près de lui. Que je suis malheureux ! disait celui-ci ; je viens de me démettre le pied dans cette ornière ; il m'est impossi-ble de l'appuyer à terre. Il faudra que je passe ici toute la nuit sur le chemin. Que vont penser mes pauvres parents?
— L'aveugle : Qui êtes-vous, s'écria l'aveugle, vous que j'entends pousser des plaintes si tristes?— Le boiteux : Hélas ! répondit le boiteux, je suis un pauvre jeune homme, à qui vient d'arriver un cruel accident. Je revenais tout seul du village voisin ; je me suis démis le pied, et me voilà condamné à coucher dans la boue.— L'aveugle : J'en suis bien fâché, je vous assure, mais dites-moi, y a-t-il encore un reste de jour, et pouvez-vous voir le grand chemin?— Le boiteux : Ah! si je pouvais marcher aussi bien que j'y vois, j'aurais bientôt tiré mes chers parents d'inquiétude.— L'aveugle : Ah ! si je pouvais y voir aussi bien que je marche, j'aurais bientôt donné à souper à mon chien.— Le boiteux : Vous n'y voyez donc pas, mon cher ami?— L'aveugle : Hélas ! non ; je suis aveugle comme vous êtes boiteux. Nous voilà bien chanceux l'un et l'autre. Je ne puis pas avancé plus que vous.— Le boiteux : Avec quel plaisir je me serais chargé de vous conduire!— L'aveugle : Comme je me serais empressé d'aller vous chercher des hommes avec un brancard.— Le boiteux : Écoutez, il me vient une idée. Il ne tient qu'à vous de nous tirer de peine tous les deux.— L'aveugle : Il ne tient qu'à moi ? Voyons, quelle est votre idée ? — Le boiteux : Les yeux vous manquent, à moi ce sont les jambes. Prêtez-moi vos jambes, je vous prêterai mes yeux, et nous voilà l'un et l'autre hors d'embarras.— L'aveugle : Comment arrangez-vous cela, s'il vous plaît ?— Le boiteux : Je ne suis pas bien lourd, et vous me paraissez avoir de bonnes épaules.— L'aveugle : Je les ai assez bonnes, Dieu merci.— Le boiteux : Eh bien, prenez-moi sur votre dos ; vous me porterez et moi je vous montrerai le chemin. De cette manière, nous aurons à deux tout ce qu'il faut pour arriver à la ville.— L'aveugle : Est-elle encore loin?— Le boiteux : Non, non ; je la vois d'ici.— L'aveugle : Vous la voyez ? Hélas ! il y a dix ans que je ne l'ai vue. Mais ne perdons pas un moment. Votre invention me paraît fort bonne. Où êtes-vous? Attendez, je vais m'agenouiller comme un chameau ; vous en grimperez plus aisément sur mon échine.— Le boiteux : Rangez-vous un peu à droite, je vous prie.— L'aveugle : Est-ce bien comme cela?
— Le boiteux : Encore un peu plus. Bon, je vais passer mes bras autour de votre cou. Vous pouvez maintenant vous relever.— L'aveugle : Me voilà debout. Vous ne pesez plus qu'un moineau.
Ils se mirent en route aussitôt ; et comme ils avaient en commun deux bonnes jambes et deux bons yeux, ils arrivèrent en un quart d'heure aux portes de la ville. L'aveugle porta ensuite le boiteux jusque chez ses parents, et ceux-ci, après lui avoir témoigné leur reconnaissance, le firent conduire auprès de son petit chien.
C'est ainsi qu'en se prêtant un mutuel secours, ces deux personnes parvinrent à se tirer d'embar-ras ; autrement ils auraient été obligés de passer la nuit sur le grand chemin. Il en est de même pour tous les hommes ; l'un a communément ce qui manque à l'autre ; et ce que celui-ci ne peut pas faire, celui-là le fait. Ainsi, en s'assistant réciproquement, ils ne manquent de rien ; au lieu que s'ils refusent de s'aider entre eux, ils finissent par en souffrir également les uns les autres.
ContesContes
ACTIVITE 11
306
ACTIVITE 11
307
Let’s talkabout sex !
Niveau : Taille du groupe : Durée :
310+1h
ACTIVITE 12
Source : “Parlons sexe !”,Repères, Manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de
l’homme avec les jeunes, Conseil de l’Europe, p. 217
Objectifs- Aborder les questions et les droits liés à la sexualité et la
parentalité des personnes handicapées
- Ouvrir un espace de débat sur des sujets tabous
- Déconstruire des préjugés et stéréotypes liés à ce sujet
Cette activité repose sur la technique des trois
chaises (cf. Introduction, p. 7) permettant
d’analyser, entre autres, les attitudes en
matière de sexualité.
Aperçu
- Famille, sexualité, parentalité
- Stéréotypes & préjugés, discrimination
Thèmes
- 3 chaises
- Papier et stylo individuel
- Un chapeau
Matériel
- Soyez conscient du fait que, dans de nombreux milieux, la
sexualité est un domaine sensible, et soyez prêt à adapter la
thématique ou la méthodologie.
- Repérez quelques élèves capables de parler très librement de
la sexualité.
- Proposez au groupe de s’asseoir en cercle.
Préparation
INSTRUCTIONS 1. Présentez brièvement la thématique de la sexualité et de la parentalité chez les personnes handicapées. Présentez notamment les droits dont bénéficient les personnes handicapées en cette matière et présentez très succinctement les différents problèmes qui se posent (notamment chez les personnes présentant une déficience intellectuelle).
2. Distribuez des petites feuilles de papier et des stylos, et demandez aux participants de formu-ler par écrit toutes les questions qu’ils se posent au sujet de la sexualité et de la parentalité des personnes handicapées, puis de placer leurs petites fiches dans le chapeau. Les auteurs des questions doivent en principe rester anonymes.
3. Expliquez aux participants que cette activité vise à explorer les attitudes et points de vue concernant la sexualité et la parentalité chez les personnes handicapées. Chacun doit se sentir libre d’exprimer son point de vue, que celui-ci soit traditionnel ou non, polémique ou icono-claste. Chacun doit pouvoir exprimer son point de vue qu’il approuve – ou désapprouve –, sans aucune crainte du ridicule ou du mépris des autres.
4. Disposez les trois chaises en triangle, dos au groupe, elles sont destinées aux « intervenants » qui vont s'y asseoir. Les autres participants sont disposés en cercle autour, en position d’observateur (il s’agit du cercle du silence).
5. Expliquez la règle du jeu : vous commencez par inviter deux volontaires à se joindre à vous sur la scène du débat (chaises). Si, à tel ou tel moment, quelqu’un souhaite rejoindre ce clan du débat, il pourra librement le faire – mais étant donné qu’il n’y a que trois places dans ce cercle, il doit toucher l’épaule d’un des « débatteurs », qui lui cèdera automatiquement la place et retour-nera à la position de simple observateur silencieux, dans le cercle du silence.
6. Encouragez les participants à oser exprimer leur point de vue personnel, mais aussi d’autres points de vue – qu’ils ne partagent pas forcément. On pourra ainsi donner une chance aux opinions plus polémiques, « politiquement incorrectes », voire inimaginables, et aborder sous différents angles le thème en question.
7. Demandez à un volontaire (du cercle de la parole) de tirer une question du chapeau, et de donner son avis sur le thème ainsi choisi. Débattez la question jusqu’à épuisement du thème.
8. Demandez ensuite à trois volontaires d’aborder un autre thème, et d’entamer un autre débat – selon les règles observées précédemment.
9. Abordez autant de questions que vous le pourrez dans le temps imparti et en fonction de l’intérêt manifesté par le groupe. Avant de passer à la phase de débriefing, faites une courte pause, afin de permettre aux différents « débatteurs » de sortir de leur rôle – d’autant plus en cas de débat particulièrement passionné et polémique.
Let’s talkabout sex !
311
Let’s talkabout sex !
ACTIVITE 12
310
ACTIVITE 12
DEBRIEFINGCommencez par analyser brièvement le sentiment des participants. Puis abordez les différents points de vue qui se sont exprimés, et les enseignements que les participants ont tirés de cette activité :
Quelqu’un a-t-il été choqué ou surpris par certains points de vue ? Si oui, lesquels et pourquoi ?A votre avis, dans la société, quelle ouverture d’esprit a-t-on par rapport à la sexualité en géné-ral, et plus particulièrement concernant certains groupes comme les personnes handicapées ?Sur quoi reposent les valeurs des uns et des autres en matière de sexualité ? Sur quelles valeurs reposent les tabous entourant la sexualité des personnes handicapées ?En cette matière, pensez-vous que votre avis diverge de celui de vos parents ou grands-pa-rents ? Si oui, pourquoi ?Dans certains pays, et même en Belgique, la législation et les pressions sociales entravent le droit de tout être humain au respect et à la dignité, à s’éprendre de la personne de son choix, à se marier en toute liberté, etc. Comment résoudre ce type de conflit ?
SUGGESTION DE SUIVID’autres sujets et thématiques peuvent être abordées par cette méthode de débat.
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 6. Déficience intellectuelle- 16. Famille, sexualité, parentalité
CONSEILS POUR L’ANIMATEUR- Il est important qu’en tant qu’animateur, vous réfléchissiez à vos propres valeurs, et que vous sachiez que ceux-ci vont transparaître dans tous vos actes et propos (et même dans vos interdits et silences). Cela afin qu’à leur tour les participants puissent s’exprimer librement sur leurs valeurs et leur raison d’être.- Décidez, en tant qu’animateur, si vous voulez plutôt prendre la position de modéra-teur, extérieur au groupe et à la discussion, gérant le temps des débats et éventuelle-ment le remplacement des « débatteurs » ou si vous préférez jouer le jeu, au même titre que les participants.
Let’s talkabout sex !
ACTIVITE 12
312
Le jeu des chaises
Niveau : Taille du groupe : Durée :
1-2-312 à 5045 min
ACTIVITE 13
Source : Iteco
Objectifs- Prendre conscience de façon vivante du
développement inégal de la planète sur le plan
démographique, économique et énergétique.
La pièce représente la Terre et le groupe la
population mondiale. Il s’agit d’une représenta-
tion spatiale de la répartition des habitants,
des richesses et de la consommation
d’énergie par continent.
Aperçu
- Démographie
- Inégale répartition des richesses et de con-
sommation d’énergie.
- Indice de développement humain (IDH)
- Empreinte écologique
Thèmes
- Tableaux de chiffres (voir annexes).
- Affichettes des cinq continents : Afrique,
Amérique du Nord, Amérique Latine, Asie-
Océanie, Europe.
- Autant de chaises que de participants
- Autant de cartons verts, de feuilles d’arbres
ou d’autre « symbole environnemental » que de
participants.
- Un tableau
Matériel
- Placer toutes les chaises empilées, au centre de la
pièce
Préparation
INSTRUCTIONS
Partie 1 : répartition de la population mondiale
Dans un premier temps, l’animateur du jeu répartit les affichettes des cinq continents sur les murs de la salle. Puis il annonce que l’ensemble du groupe constitue la population mondiale. Il peut dire ce que chacun des participants représente en nombre d’habitants. Ensuite, il demande aux participants de se répartir dans le local et de se regrouper sous les affichettes des continents de façon à représenter la répartition de la population mondiale.
Une fois que le groupe est stabilisé dans ses déplacements, l’animateur donne les chiffres réels et corrige la représentation de la répartition des habitants dans le monde. Il peut inscrire les chiffres énoncés au fur et à mesure de la séance sur le tableau.
Partie 2 : répartition de la richesse mondiale
Dans un deuxième temps, on s’intéresse à la répartition de la richesse mondiale symbolisée par les chaises. Le terme de richesse mondiale est, en soi, un peu vague : en fait dans le jeu, la richesse est représentée par l’indicateur du PIB, produit intérieur brut, exprimé en parité de pouvoir d’achat1. Cette mesure de l’activité macroéconomique est souvent utilisée et prend en compte la valeur de tous les biens et services produits, durant une période donnée (un an dans le cas du jeu des chaises), sur un territoire donné. Même si on peut arguer du fait que le PIB ne tient pas compte des paiements de transferts internationaux comme les profits reçus de l’étranger2, il est nettement le plus répandu des indicateurs de richesses car il reste facile à utiliser pour des raisons de disponibilité des données.
Une fois clarifiée la définition de cet indicateur de richesse, l’animateur peut dire ce que chaque chaise représente en milliards de dollars. Après des négociations plus ou moins courtes, le groupe répartit les chaises sous les affichettes. L’animateur donne ensuite les chiffres réels et corrige la représentation de la répartition des richesses. Les participants doivent ensuite occu-per toutes les chaises : s’étaler sur les chaises vides dans le cas des habitants des pays européens ou en Amérique du Nord, ou bien se regrouper et s’accrocher à un accoudoir dans le cas des Africains ou des Asiatiques … L’idée des pateras utilisées par les personnes tentant d’immigrer en Europe n’est jamais très loin des discussions ni trop difficile à suggérer.
Partie 3 : répartition de l’empreinte écologique
Dans un troisième temps, et après avoir visualisé la répartition de la population et de la richesse, l’animateur annonce aux participants que l’on va visualiser la répartition de l’empreinte écologi-que. L’empreinte écologique (d’un pays, d’une ville ou d’une personne) est la surface totale nécessaire pour produire son infrastructure, la nourriture et les fibres qu’il consomme et absor-ber les déchets provenant de sa consommation d’énergie. Il s’agit donc des surfaces occupées
Le jeudes chaises
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Le jeudes chaises
ACTIVITE 13
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ACTIVITE 13
1 Les PPA, parités de pouvoir d’achat, sont des taux de conversion monétaire qui éliminent les différences de niveau de prix entre pays, en comparant des paniers-type. Ainsi, on admet qu’il vaut mieux utiliser le pouvoir d’achat « réel » dans chaque pays, sur la base des prix nationaux.
2 Le Revenu national brut (RNB), par exemple, prend en compte ces flux. Cependant, le PNUD utilise le PIB, le RNB n’étant pas connu pour tous les pays.
par l’infrastructure, ainsi que les surfaces biologiquement productives telles que les forêts, l’eau douce, les pâturages (pas les déserts par contre, ni les calottes glaciaires, ni les grands fonds des océans).
Un rappel et une mise en contexte sur l’empreinte écologique peut parfois s’avérer nécessaire. L’empreinte écologique globale actuelle est de 13,7 milliards d’hectares, symbolisés par autant de feuilles d’arbres ou de cartons verts que le nombre de participants. De la même manière que lors des étapes précédentes, les participants doivent se répartir les feuilles par continents.
L’animateur rétablit ensuite les chiffres corrects (suivant les tableaux). On peut faire remarquer que jusque vingt participants environ, le nombre de feuilles correspond exactement au nombre de chaises. L’empreinte écologique semble donc directement liée à la production de richesses, en tout cas dans le modèle de développement dominant actuellement.
L’animateur doit ensuite informer que l’empreinte écologique actuelle est de 21% supérieure à la capacité de régénération des surfaces productives de la planète. Nous consommons donc « 1,21 planète ». Pour que la planète puisse rester en équilibre, il faudrait donc réduire l’empreinte écologique globale.
Après avoir donné le nombre de feuilles ou de cartons verts correspondant à la taille du groupe, il s’agit donc de réduire ce nombre total de cartons pour que la planète reste en équilibre d’un point de vue environnemental. Par exemple, dans le cas de vingt participants, il s’agit de réduire le nombre de feuilles ou de cartons verts à seize. Les participants doivent alors négocier entre continents pour savoir où doit se faire cette réduction et ce que cela implique pour chacun des continents concernés.
Une fois la négociation avancée ou aboutie, l’animateur peut souligner la difficulté des négocia-tions actuelles sur la question et faire lien avec des débats en cours (droit de polluer, Kyoto, etc.). Si l’Amérique du Nord (au hasard) est d’accord pour donner deux feuilles par exemple, cela implique-t-il aussi qu’elle donne deux chaises ?
FICHES THEMATIQUES A LIRE- 10. Pauvreté- 19. Coopération au développement- 21. Pollution
Nombrede joueurs
Europe AfriqueAsie et
OcéanieAmérique
latineAmériquedu Nord
Un joueurreprésenteen millionsd’habitants
REPARTITION DE LAPOPULATION MONDIALE
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Le jeudes chaises
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528 489 452 422 396 372 352 333317 301 288 275 264 253 243 234 226 218211 204 198 192 186 181 176 171167 162 158 154 151 147 144141 138 135 132 129 127
112222222233333333334444445555555555556
222222233333344444444455555566666666777
78891010111112131314151516171718181919202021222323242425252627272829293030
111111111111111122222222222222222333333
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ACTIVITE 13
Nombrede joueurs
Europe AfriqueAsie et
OcéanieAmérique
latineAmériquedu Nord
Une chaisereprésenteen milliardsde dollars
REPARTITION DEL’EMPREINTE ECOLOGIQUE
Nombrede joueurs
Europe AfriqueAsie et
OcéanieAmérique
latineAmériquedu Nord
Un joueurreprésenteen millionsd’habitants
REPARTITION DE LAPOPULATION MONDIALE
Nombre de feuilles
pouréquilibre
1213141516171819202122232425 26272829303132333435363738394041424344454647484950
501946334302401537643543334631703012286827342619251024102316223121512077200819431882182517721721167316281585154415061469143414011369133813091282125512291205
334444555566667778888999101010101011111111121212121313
011111111111111111111111111222222222222
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3333444445556666667777888899999910101011111111
111111122222222233333333333333444444444
1213141516171819202122232425 26272829303132333435363738394041424344454647484950
11461058983917860809764724688655625598573550529509491474458444430417405393382372362353344335328320313306299293287281275
3334444455556666777778888899910101010101111111111
111111111112222222222222333333333333344
55666778889991010111111121212131313141415151516161717171818191920
2333444445555566677777888889999910101010111111
111111222222222222233333333333344444444
101112131414151616171819202122222324252627272829303132323334353637373839404142
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ACTIVITE 13
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PIB (PPA) annuel enmilliards
de dollars
Part de PIB en pourcentage
Nombred’habitantsen millions
Pourcentaged’habitants
PIB (PPA)par habitant
en dollars
REPARTITIONPAR CONTINENT
2486406348480634821688
22451349545842436215546
60232
4%22%8%40%26%
100%
9033325413838717
6331
14%5%9%61%11%
100%
AfriqueAmérique du Nord
Amérique latineAsie et Océanie
Europe
TOTAL