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FRANCE Le PS censure le gouvernement à l’Assemblée Nationale Délinquance : la droite et sa «frénésie sécuritaire» DOSSIER Le plan de relance du PS sous l’œil des experts N°516 • samedi 31 janvier 2009 • 1,5€ L L E ES S P PR RO OP PO OS SI IT TI IO ON NS S D DE ES S S SO OC CI I A AL LI IS ST TE ES S P P A AS SS SÉ ÉE ES S A AU U C CR RI IB BL L E E LE BON PLAN

hebdo des socialistes n°516

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FRANCE ■ Le PS censure le gouvernement à l’Assemblée Nationale ■ Délinquance : la droite et

sa «frénésie sécuritaire» DOSSIER ■ Le plan de relance du PS sous l’œil des experts ■

N°516 • samedi 31 janvier 2009 • 1,5€

LLEESS PPRROOPPOOSSIITTIIOONNSS DDEESS SSOOCCIIAALLIISSTTEESS PPAASSSSÉÉEESS AAUU CCRRIIBBLLEE

LE BON PLAN

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L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 31 JANVIER 2009

L’hebdo des socialistes•10, rue de Solférino 75333 Paris Cedex 07 • Tél. : 01 45 56 78 61•Fax: 01 45 56 76 83(Pour obtenir vos correspondants, composez d’abord le 01 45 56 ou écrire à : [email protected]) DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Maurice Braud

• DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Benoît Hamon • RÉDACTRICE EN CHEF: Ariane Gil (78.61) • RÉDACTION: Bruno Tranchant (77.33). Damien Ranger (76.37), Ariane Vincent(76.20), Fanny Costes (76.32). • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION: Élisabeth Philippe (76.27) • MAQUETTE: Pascale Lecomte (79.44) et Joëlle Moreau (77.16)

• PHOTO : Philippe Grangeaud (76.00) • SECRÉTARIAT: Odile Fée (78.61) • COMPTABILITÉ : Michèle Boucher (79.04) • ABONNEMENT : Sabine Sebah (78-57)• FLASHAGE ET IMPRESSION : PGE (94) Saint-Mandé • ROUTAGE: Inter Routage - 93300 Aubervilliers. N° commission paritaire : 0109 P 11 223)

• ISSN : 12786772 “L’hebdo des socialistes” est édité par Solfé Communications. Ce numéro a été tiré à 243 137 exemplaires.

Les rendez-vous ■ DU PARTI

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UNIVERSITE PERMANENTEDES CADRES FÉDÉRAUX PS/MJS

Le Secrétariat national à la Formation ouvre les InscriptionsL’Université Permanente s’adresse aux secrétaires fédé-raux, délégué(e)s fédéraux, aux membres des conseilsfédéraux ainsi qu’aux animateurs fédéraux MJS.

La formation se déroule sur quatre week-ends intensifs :trois au siège du Parti Socialiste10 Rue de Solférino - 75333 Paris Cedex 07et le week-end de l’Université d’Été qui formentun ensemble cohérent

Le nombre de places étant limité, les inscriptions serontenregistrées par ordre d’arrivée.Coût de la session : 200 euros payable par chèque à l’ordredu Parti socialiste.(Les frais de transports sont pris en charge par la fédération, sousréserve de son accord préalable).

CALENDRIER :� 1er week-end : du vendredi 13 mars 2009 (18 h)

au dimanche 15 mars 2009 (13 h 30)� 2ème week-end : du vendredi 15 mai 2009 (18 h)

au dimanche 17 mai 2009 (13 h 30)� 3ème week-end : UNIVERSITÉ D’ÉTÉLa date et le lieu vous seront communiqués ultérieurement� 4ème week-end : du vendredi 23 octobre 2009 (18 h)

au dimanche 25 octobre 2009 (13 h 30)* Toute demande de dossier d’Inscription s’effectue auprès du : Parti socialiste - Secrétariatnational à la Formation :Mireille Bourbon-Perez -10 Rue de Solférino - 75333 Paris Cedex 07Télécopie :01 45 56 76 45 - E-mail : [email protected]** Lors de la demande de dossier d’inscription, qui vous parviendra soit par e-mail,télécopie ou courrier, nous vous remercions de bien vouloir indiquer vos coordonnéesexactes (Nom, Prénom, Adresse postale, Tél, Portable, e-mail) et nous le retourneruniquement par courrier accompagné du règlement et de votre photo d’identité.

Organisée parles socialistes du

7ème arrondissementde Paris :

La politique pénalebouleversée : libertéspubliques en danger,indépendance dela justice menacée.Venez en débattre enprésence de HélèneFranco, Juge pour

enfants, Syndicat dela Magistrature etMe Isabelle Duruflé,

magistrate.

Rendez-vousle jeudi

5 février 2009à 20h au Musée

social(5 rue Las Cases -métro : Solférino)

Pour toute question :[email protected]

RÉUNION PUBLIQUE

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■ ÉDITO

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Le 20 janvier, les socialistes ont adopté lors d’un bureaunational extraordinaire “l’autre plan “ pour agir vraimentcontre la crise. Ce plan est massif, global et adapté auxenjeux. Il répond à l’urgence du pouvoir d’achat,à l’inquié-tude du chômage qui monte. Il propose une action fortepour soutenir nos entreprises en difficulté. Il est équilibréavec d’un côté 24 milliards d’euros de soutien à la consom-mation et de l’autre 26 milliards pour l’investissement.Les 24 et 25 janvier dans toute la France les militants socia-listes ont popularisé ces propositions auprès de nos conci-toyens. Cette mobilisation massive a permis la diffusionde plus de 2,5 millions de tracts, une présence sur les mar-chés, à la sortie des bureaux de poste…Cette action pour informer et convaincre se poursuivraavec la campagne «1000 initiatives pour agir vraimentcontre la crise» lancée lors de notre grande réunion dessecrétaires de section le 1er février.Le 27 janvier à l’Assemblée nationale avec la motion cen-sure des socialistes, l’actualité de la crise et les difficultésdes Français étaient au coeur du débat parlementaire.Cette motion n’était pas simplement un acte de résistanceface à un président de la République inefficace contre lacrise et autoritaire dans l’exercice du pouvoir.Elle représen-tait une véritable alternative à la politique gouvernemen-tale, car elle portait à la fois la critique et des propositionscrédibles sur les plans économique, social et écologique.Le 29 janvier, les socialistes étaient aux côtés des sala-riés et de leurs syndicats dans une grande mobilisationsociale comme notre pays n’en avait pas connu depuislongtemps.Cette semaine aura vu les socialistes au coeur de la contre-offensive sociale. Cette semaine aura vu les socialistes deretour sur tous les fronts au Parlement, dans la rue et pro-posant un autre chemin pour notre pays.

Actualités FranceAssemblée Nationale : motion de censure p.6Délinquance : la « frénésie sécuritaire » p.9DossierCrise : le bon plan des socialistes p.18TerritoiresRégions : combien de divisions p.30Vie du partiSOS, filière automobile en danger p.33

■ sommaire

Christophe Borgel,secrétaire nationalchargé des élections etde la vie des fédérations

Les socialistes sur tous les fronts

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Actualités ■ FRANCE

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ÉducationLe droit à l’école desenfants sans-papiers

Le Parti socialiste apporte sasignature à l’appel de Réseau

Education sans frontière, afin derégulariser les enfants et parentsd’élèves sans-papiers: « les intru-sions policières répétées au seindesécoles, les arrestations injusti-fiées de parents, les séparationsforcées et traumatisantes desenfants et de leurs parents, l’iso-lement des enfants dans deszones d’attentes avant expulsionsont autant de gestes d’inhuma-nité délibérés de la part d’ungou-vernement décidément peuregardant sur les droits del’Homme et les libertés dans sonpropre pays ».

LibertésLa CNIL pointedu doigt un fichierde police

Un nombre élevé d’erreursa été repéré par la

Commission nationale d’infor-matique et des libertés (CNIL)sur le fichier de police STIC(Système de traitement desinfractions constatées). Dansson rapport, elle s’inquiète d’er-reurs de saisie, d’absences demise à jour, et du défaut decontrôle qui ont conduit à laperte d’emploi ou à l’absenced’embauche de personnesrecensées sur le fondement dedonnées inexactes ou indûmentconservées dans le fichier.

PresseLes vœux pour riende Nicolas Sarkozy

Le chef de l’État a présenté sesvœux à la presse, le 23janvier.

Mais n’a pas jugé bon de rassurerses interlocuteurs, ni de leur par-ler de la crise qu’ils subissent.«Nicolas Sarkozy se méfie telle-ment du Parlement, qu’il n’aannoncé aucune réforme législa-tive majeure. Pourtant, pour ledroit d’auteur des journalistes à

l’ère numérique et la reconnais-sance juridique des équipesrédactionnelles, l’intervention dulégislateur est indispensablepour renforcer les droits légi-timesdes journalistes àune justerémunération et à une indépen-dance éditoriale», dénoncent lessocialistes.

EmploiPuni pour refus detravail le dimanche

Un salarié d’un hypermar-ché de Salon-de-Provence

a été mis à pied du 15 au 17 jan-vier pour avoir refusé de tra-vailler les dimanches du moisde décembre. La directionestime qu’il devait venir le14 décembre et qu’il ne s’étaitpas arrangé avec ses collègues.Et lui reproche des problèmesd'étiquetage dans son rayon.Selon les syndicats qui ontrévélé l’affaire, « c'est non seu-lement scandaleux mais tota-lement illégal (...). Le directeura voulu en faire un exemplepour le volontariat à venir »,souligne la CFDT, allusion auvolontariat qu'entend garantirle projet de loi Mallié sur le tra-vail dominical.

Page réalisée par Fanny Costes

Les subventions attribuées par l’État au conseil conjugal etfamilial ont diminué de 42% en 2009. Une réalité dénoncéepar le Planning familial qui se mobilisait le 27 janvier. Cettediminution entraînerait la disparitions d’1/3 des associations intervenant surl’accueil, l’information et l’orientation pour la contraception, la fécondité, lasexualité, mission confiée en 1967 par la Loi Neuwirth.

42Le cHiFFre

AFP/JULIE

NTACK

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EN IMAGE ■ Actualités

La Guadeloupe paralyséeLe département connaît depuis une semaine une grève générale pour la défense dupouvoir d’achat, à l’appel du mouvement social guadeloupéen. Parmi les revendi-cations de ce collectif, beaucoup correspondent aux mesures proposées par le PSdans son plan « agir vraiment contre la crise », comme la hausse immédiate duSMIC ou le gel des loyers. Si les socialistes regrettent les troubles à l’ordre publicet la paralysie engendrée par l’interruption de la distribution de carburant, ilsdemandent au gouvernement de s’engager dans des négociations ouvertes. Et derenoncer à sa loi de programme pour l’outre-mer qui doit être examinée au Sénaten mars, « avec deux ans de retard ».

L’imaGe De La semaineAFP/JULIE

NTACK

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Actualités ■ FRANCE

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Le Parti socialiste a présenté le 27 janvierune motion de censure, la deuxième depuisl’élection de Nicolas Sarkozy – la premièreconcernait l’engagement de troupes françaisessupplémentaires en Afghanistan – contre« l’inaction » économique du gouvernement.C’est Jean-Marc Ayrault, le président du groupesocialiste à l’Assemblée qui, à la tribune,a expliqué le texte aux députés.Présentant quelques heures auparavantla motion de censure à la presse, Martine Aubrya précisé : «Nous voulons être entendus.Nous voulons que le président de la Républiqueaccepte de reconnaître que sa politique nousa déjà menés à la récession, à la pertedu pouvoir d'achat, à l'augmentationdu chômage».

Motion de censureéconomique du

cg

estimé l’état du pays et a appelé dèsjuillet 2007 à ne pas dilapider au béné-fice d’une poignée de privilégiés, 15mil-liards d’euros à travers votre désas-treux «paquet fiscal ».•C’est cette voix encore qui a porté leprincipe d’un revenu de solidarité active,mais qui n’a pas accepté en septembredernier que les hauts revenus soient exo-nérés de son financement à cause devotre « bouclier fiscal ».• C’est cette voix qui n’a jamais refuséd’apporter des fonds propres auxbanques,mais qui, dès l’automne, vousa alertés sur la nécessité de soumettreces aides à l’exigence de contreparties.•C’est cette voix différente et utile quevous devriez écouter et pourquoi pas,entendre…Au début de ce mois, vous avez présenté

« Entendez-vous la colère qui montedans le pays ? »« La gravité du moment impose la res-ponsabilité et l’engagement total detous les acteurs de la vie publique.C’est pour cette raison que je suisaujourd’hui à cette tribune, dans cethémicycle que nous avons quitté il y aune semaine.C’est pour faire entendre une voix, cellede l’opposition. Cette voix, précisé-ment, que l’on voudrait brider, conteniret maîtriser. Pourtant, c’est cette voixde l’opposition qui, dès la précédentelégislature, a dénoncé les dangers duvote d’une loi encourageant le crédithypothécaire rechargeable, cette voixqui a dénoncé les « subprimes à la fran-çaise » que le candidat Nicolas Sarkozyproposait d’instaurer dans notre pays.• C’est cette voix qui n’a jamais sous-

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contre « l’inaction »gouvernement

un plan de relance.Mais une fois encore,vous réagissez de manière inadaptée.Tous les observateurs s’accordent à ensouligner l’insuffisance.Tôt ou tard – et le plus tôt sera lemieux –il vous faudra présenter un deuxièmeplan de relance qui, alors, devra être à lahauteur des enjeux.Il sera alors encore temps de vous inspi-rer des propositions queMartine Aubry aprésentées au nom du parti socialistemercredi dernier.Le plan que nous proposons aux Françaisnous l’avons voulu global, massif et àeffets immédiats.

Nous voulons d’abord un plan massifd’investissement de l’état en lien avec lescollectivités locales.À côté des investissements privés qu’il

faut encourager, il faut stimuler l’in-vestissement des collectivités localesqui assurent 75% des investissementspublics en France. Contrairement auxidées reçues, ces investissements necreusent pas la dette publique,mais for-gent la croissance de demain. Qu’ils’agisse de recherche, d’éducation, detransport public ou de logement,d’énergies renouvelables, nous savonsqu’il y a là les ressources pour tirer lepays vers une croissance durable.

Nous sommes favorables ensuite à desaides aux entreprises,mais assorties defortes contreparties.•Est-ce que vous trouvez normal quel’argent versé aux banques puisseencore servir au versement de divi-dendes, de parachutes dorés, de stock-options, ou de retraites chapeaux, sansque s’améliore même l’accès au crédit?•Est-ce que vous trouvez acceptable quel’usage de l’argent des contribuablespuisse ne pas donner lieu à un contrôlepublic de la façon dont il est utilisé ?•Est-ce que vous trouvez juste de nepas établir de différence entre les entre-prises qui réinvestissent leurs bénéficesdans l’outil de travail, l’emploi ou l’aug-mentation des salaires et celles qui pri-vilégient toujours la distribution dedividendes aux actionnaires ?• Est-ce que vous trouvez crédible deprétendre, à l’instar du chef de l’Etat,rompre avec le capitalisme financiersans rien entreprendre contre leslicenciements d’opportunités ou les« licenciements boursiers » ? Et bien,pas nous !

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Actualités ■ FRANCE

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DR

Nous prônons enfin, à côté des effortsd’investissement, le soutien à laconsommation desménages en amélio-rant leur pouvoir d’achat, et en offrantune aide accrue aux chômeurs.Pourquoi développons-nous ce volet quevous avez totalement éclipsé? Parce queles dépenses d’investissement stimulentl’activité, améliorent la compétitivité,ouvrent de nouvelles opportunités decroissance,mais leurs effets ne se ferontsans doute pas sentir avant 2011. Lesmesures stimulant la consommationont, elles, un impact immédiat et bénéfi-cient à l’ensemble de la population.Alors j’entends déjà vos réponses :500euros pour les plus modestes, larevalorisation du SMIC et des alloca-tions logement, la généralisation duchèque transport ou la réduction de laTVA... tout cela dégraderait notre com-merce extérieur !Ces 25 milliards allant directement aupouvoir d’achat, seraient du gaspillageet profiteraient principalement auximportations. À vous entendre lesbénéficiaires de nos mesures cour-raient dépenser cettemanne en écransplats produits en Asie. Quelle carica-ture ! Quel aveuglement quand onconstate que les restaus du cœur n’ontjamais connu une telle affluence etque le surendettement n’a jamais étéaussi répandu qu’aujourd’hui !J’entends aussi que nous serions rat-trapés par nos démons de 1981… Faut-ilque vous soyez à court d’arguments :tous les pays européens et les États-Unis procèdent simultanément à unerelance de la demande.Monsieur le PremierMinistre, je vous aientendu dire samedi que « tous lesFrançais sont dans le même bateau, lamême tempête ». Ce n’est pas contes-table. Ce qui l’est, c’est votre politique,parce qu’avec vous, c’est toujours desmêmes que l’on exige les sacrifices…

Entendez-vous la colère qui monte dansle pays ? Elle s’exprimera massivementjeudi prochain.Votre échec est là, et plutôt que de lereconnaître, vous préférez faire tairetous les contre-pouvoirs.•Est-il un seul pays pluraliste qui entre-prenne un tel retour en arrière avec lanomination de ses dirigeants de télévi-sion et radio par le président de laRépublique ?•Est-il un État de droit qui envisage deramener l’instruction judiciaire dans l’or-bite du pouvoir exécutif ?•Est-il une autre démocratie où rééquili-brer lespouvoirs entreGouvernement etParlement se solde concrètement parune limitation du droit d’amendementde l’opposition ?Comme lors de toutes les grandesépreuves, la Nation doit toute entièreêtremobilisée.Monsieur le Premier Ministre, vousnous demandez l’« union nationale »,mais qu’entendez-vous par là ? Un plé-biscite de votre politique ?Pour nous cette crise n’est pas un acci-dent regrettable. Elle est la consé-quence d’une idéologie ultralibérale.La question n’est pas simplement dejuguler dans l’urgence une hémorragiefinancière, il s’agit surtout d’interdiretout retour à la situation antérieure.À cette nécessité, vous restez sourdsparce que ce sont vos propres dogmesqu’il vous faudrait accepter de remet-tre en cause.Le véritable enjeu, c’est de prévenir denouvelles crises en modifiant en pro-fondeur le système lui-même. Ce n’estpas l’orientation que vous avez choiside prendre.

C’est pourquoi, je demande àl’Assemblée nationale, de bien vouloircensurer la politique de votre gouver-nement. »

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FRANCE ■ Actualités

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Sarkozy et Michèle Alliot-Marie, saministre de l’Intérieur,ont annoncé que la délin-quance a baissé en 2008 de0,86%. Quelle significationdonner à ce chiffre ?Aucune. Mélanger tout – lesmeurtres, les incestes, lesvols de voiture et de scooter,les cambriolages, les escro-queries à la carte bancaire, lesfumeurs de joints, les sans-papiers, les défauts de permisde conduire…–, appeler ça « Ladélinquance » et dire que çamonte ou que ça baisse, ça n’aaucun sens. On ne peut parlersérieusement que de chosesprécises. Il faut au moins dis-tinguer la baisse des vols et lahausse des atteintes aux per-sonnes. Et ni l’une ni l’autrene sont à porter au crédit deM. Sarkozy. Elles ont d’autresraisons.

Descentes de police dans leslycées, garde à vue de journa-listes, fichage, sommes-nousaujourd'hui victimes d'unefrénésie sécuritaire ?C’est bien le terme que nousemployons avec mes col-

lègues pour qualifier l’évolu-tion des politiques de sécuritédepuis 2002(1). C’est un empi-lement de lois, année aprèsannée, sans véritable évalua-tion. On fait voter une nou-velle loi alors qu’on ne peutpas encore mesurer l’impactde la précédente. Donc onn’est pas dans une démarcherationnelle mais dans uneposture idéologique ou dansune stratégie de communica-tion. De même quand le gou-vernement généralise lavidéosurveillance dans l’es-pace public, en dépit detoutes les études scienti-fiques qui montrent que l’im-pact de cette technologie estquasi nul en matière de pré-vention et de dissuasion.

Quand sommes-nous passés àcette frénésie sécuritaire ?2002 est évidemment untournant, à l’issue de cettecampagne obsessionnelle sur« l’insécurité ». Mais le Partisocialiste devrait aussi seposer des questions. La straté-gie du gouvernement Jospinétait de tenter de couper

l’herbe sous le pied de ladroite en récupérant à soncompte le thème de la sécu-rité. Loin de dépassionner ledébat, la gauche a contribué àune surenchère. Elle ne pou-vait que perdre en donnantl’impression de faire la mêmechose que la droite mais enplus « soft ». À mon sens, lagauche ne pourra s’en sortirque si elle retrouve un dis-cours qui permette de distin-guer clairement les solutions« de droite » et « de gauche ».

Le gouvernement ne joue-t-ilpas sur l’ambiguïté du terme« insécurité » ?Bien sûr. Lorsque l’on inter-roge nos concitoyens sur leursentiment d’insécurité dansla vie quotidienne, ils n’évo-quent pas les crimes qui sontà la Une des journaux ; ils par-lent d’incivilités et de petitedélinquance. Ils parlent ausside sentiments d’impuissanceou d’abandon et de crainteque la situation empire. Larhétorique des discours sécu-ritaires consiste à relier cespetites choses du quotidien

Lundi 19 janvier,Michèle Alliot-Marie, s’est félicitée d’une baissede 0,86% de la « délinquance générale », en 2008. Un terme qui englobeaussi bien les meurtres que les défauts de permis de conduire. Et qui neveut donc rien dire, comme l’analyse Laurent Mucchielli sociologue et

directeur de recherches au CNRS, qui revient également sur la « frénésie sécuritaire »de la droite.

« Parler de baisse de ladélinquance n’a aucun sens »

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avec de grandes menaces, telle terrorisme, pour donnerl’impression d’une continuité.Dès lors, les petits problèmesd’aujourd’hui annoncent lesgrands de demain, et il fautvoter pour ceux qui ont com-pris le danger. CQFD.

Concernant les mineurs, l'or-donnance de 1945 est-elle ledernier pilier à abattre ?Pilier très symbolique puisquece texte a déjà été modifié31 fois depuis 1945... Mais c’estbien à ce symbole que l’on enveut, surtout son préambulequi affirme le devoir éducatifde la collectivité à l’égard detous ses enfants. Les vraisenjeux ne sont pas tech-niques. Il s’agit de principesphilosophiques et de valeurs,d’où découlent des façons deprendre en charge les pro-blèmes des jeunes.

Le gouvernement argue d’unrajeunissement et d’un durcis-sement de la délinquance des

mineurs. Quelle est l'évolu-tion des chiffres de la délin-quance des mineurs ?Nous en sommes arrivés à desniveauxd’analyse tellement fai-bles et biaisés que j’ai étéamené à publier récemmentune petite note à ce sujet(2). J’ymontre que rien n’indique unrajeunissement et un durcisse-ment continus de la délin-quance, et qu’il n’y a pas nonplus de problème particulieravec les moins de 13 ans. Lesévolutions sont ailleurs.D’aborddans un processus de judiciari-sation au terme duquel despetites délinquances jadis régu-lées demanière informelle sontaujourd’hui portées devant lajustice, ce qui gonfle les statis-tiques. Les faits ne sont pas plusgraves, c’est notre façon de lesgérer qui a changé. Ensuitedans un processus de ghettoï-sation qui concentre une partieimportante des problèmes estdans un petit nombre de quar-tiers, avec comme premier fac-teur l’échec scolaire.

En quoi les différentes sorties deRachida Dati sur le sujet mon-trent-elles une volonté de durcirle traitement desmineurs délin-quants? On pense notammentà la polémique sur la prison à12ans, et au rapport Varinard...Les discours de la droiteactuelle sont purement rhéto-riques, ils visent à occuper unterrain politico-médiatique età entretenir une préoccupa-tion dans l’opinion, quitte àdéformer gravement la réalité,voir à mentir sans vergognecommeMme Dati récemmentsur un plateau de télévision(3).

Propos recueillis parStéphanie Platat

(1) : L.Mucchielli (sous la direction de),La Frénésie sécuritaire, Éditions LaDécouverte, 2008.

(2) : «Note statistique de (re)cadragesur la délinquance desmineurs »,http://champpenal.revues.org/document7053.html

(3) :D. Simonnot, « Un mineur 52 foiscondamné par Dati », Le Canardenchaîné, 5 novembre 2008.

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INTERNATIONAL ■ Brèves

Tempête dans le Sud-ouestSolliciter l’Europe

À l'initiative des députéssocialistes européens de la

grande région Sud-ouest, KaderArif, Gilles Savary, FrançoiseCastex, Michel Teychenné etBéatrice Patrie, un débat d'ur-gence au Parlement européen aété demandé afin d'activer lasolidarité européenne et les ins-truments de gestion et de pré-vention des catastrophes natu-rellespour lespays touchéspar latempête Klaus (France, Espagne,Portugal et Italie). «Nous enappelons augouvernement fran-çais pour qu'il saisisse officielle-ment et le plus rapidement pos-sible la Commission européenneafin de déclencher, entre autres,l'aide disponible au titre de l'ins-trument financier pour la protec-tion civile et le fondsde solidaritéde l'Union européenne. »

États-UnisObama s’engagecontre leréchauffementclimatique

A lors que George W. Bushs’était toujours refusé à

engager les États-Unis dans lalutte contre le réchauffement cli-

matique, Barack Obama l’a faitau septième jour de son entrée àlaMaison Blanche. Il a affirmé, le26 janvier,que sonpaysétait prêtà mener ce combat, appelant àune «coalitionmondiale» contrele phénomène, tout en souli-gnant la nécessité d’y inclure laChine et l’Inde. Et précisé qu’unetelle initiative jouerait en faveurde l’indépendance énergétiquedes États-Unis.

AgricultureLa FAO craint denouvelles pénuries

S elon Jacques Diouf, directeurgénéral de l'Organisation

des Nations unies pour l'alimen-tation et l'agriculture (FAO), larécente baisse des prix alimen-taires pourrait conduire certainsagriculteurs à renoncer à pro-duire et entraîner de nouvellespénuries. « Cela pourrait donner

lieu à une baisse significative dela production en 2009-2010 et àune hausse des prix supérieure àcelle de 2007-2008, à moinsqu'elle ne soit compenséepar leseffets de la récession », a-t-ildéclaré lors d'une conférence surla sécurité alimentaire àMadrid,les 26 et 27 janvier.

ItalieL’humour trèscontroverséde Berlusconi

Le Premier ministre italien,Sylvio Berlusconi, a estimé

qu'empêcher les viols était unemission impossible, car « il y atellement de belles filles ita-liennes que cela ne sera jamaispossible».Deux viols ont eu lieurécemment à Rome et dans sarégion. Après avoir qualifiéBarack Obama, il y a quelquessemaines, de « jeune, beau etbronzé », Berlusconi fait unenouvelle fois preuve d’unebêtise glaçante. Le leader del'opposition de gauche, WalterVeltroni, a aussitôt dénoncé un«manque de responsabilité etde sensibilité».

Page réalisée par Fanny Costes

Une nouvelle édition du forum socialmondial se tient à Belém, au Brésil,du 27 au 31 janvier. Près de 100 000personnes sont attendues pour réfléchir au mot d’ordre commun desmouvements socialiste, écologiste et altermondialiste : « Pour une mon-dialisation maîtrisée et solidaire ». Pour les eurodéputés socialistes,«ces trois forces convergent sur un “New Deal”, vert et international :équipements collectifs, infrastructures transnationales, économie verteet sans carbone, valorisation de la “matière grise”, sécurité et souverai-neté alimentaire, co-développement Nord-Sud... ».

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Les Français souffrent. La criseéconomique, qui s’étale à laUne de tous les journauxdepuis des semaines, n’est pasun simple phénomène média-tique. Lentement, insidieuse-ment, ou brutalement, ellefrappe. Et pas au hasard. Lespremiers dégâts se concentrentcomme toujours sur les plusfaibles, les plus fragiles. Bientôttout le pays sera touché.Chômage, plans sociaux, licen-ciements massifs, annulationde commandes, fermeturesd’usines, derrière les mots, desmaux d’une grave intensité.Et contre tout ça, rien. Ou sipeu. Nicolas Sarkozy multiplieles mesurettes, tout en obs-truant nos écrans de télévision.Alors, le Parti socialiste a décidéde prendre les choses en main.Et d’agir vraiment contre lacrise. Son plan, qui a le mérited’être massif et équilibré,s’atèle immédiatement à latâche.Pour ce dossier, la rédaction del’hebdo a rencontré des asso-ciatifs, des salariés, des syndi-calistes, des chefs d’entreprise,une mère de famille, un écono-miste. Alors que certains évo-quent les difficultés qui s’accu-mulent, auxquelles jour aprèsjour ils font vaillamment face,d’autres, les « experts », expli-quent en quoi « l’autre plan derelance », celui des socialistes,est -avec sans doute ses imper-fections, ses petites lacunes- lebon plan. Celui dont le gouver-nement ferait bien de s’inspi-rer, s’il veut enrayer une gravecrise sociale qu’il redoute tant.

Ariane Gil

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SommaireEric Heyer, économiste, approuve les grandes lignes du plan de relance socialiste p. 14 à 16Cinq séquences : Tranches de vie, propositions socialistes, analyse p. 17 à 29Emploi p. 17 à 19 Entreprises p. 20 à 21Pouvoir d’achat p. 22 à 24 Investissement p. 25 à 27Territoires p. 28 à 29

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La crise que nous traversons n’est-elle pasd’abord politique et sociale?Sur l’année 2008, il y a eu quatre chocs. Le pre-mier choc est la crise du pouvoir d’achat liée aufort regain de l’inflation qui est passée de 1 à3,6% en neuf mois alors que les salaires n’ontpas progressé à la même vitesse. Le deuxièmeest le retournement du marché immobilier. Il aété moins fort qu’aux États-Unis ou qu’enEspagne, mais il a quand même causé un effetde richesse sur les ménages propriétaires. Lesbiens immobiliers perdant en valeur, les pro-priétaires se sont considérés comme moinsriches et ont donc davantage épargné, ce qui arongé la croissance. Le troisième choc est unchoc de change : l’euro valait 1,60 dollar en juil-let, cela a nui à la compétitivité des entreprisesfrançaises et au commerce extérieur. Et enfin ily a eu le choc financier. La moitié de la crises’explique par le pouvoir d’achat, la crise finan-cière n’est que pour un quart dans le ralentis-sement économique. En 2009 par contre, ellesera la principale responsable.

Les décisions prises avant cet éclatementétaient-elles les bonnes ?Elles n’allaient pas forcément dans le bon sens.Le paquet fiscal est une mesure intéressante,mais elle est valable quand on dispose d’unemarge de manœuvre budgétaire, qu’on est enplein emploi et qu’on tourne à pleine capacité.Même chose pour la défiscalisation des heuressupplémentaires.Le paquet fiscal est une mesure spectaculairequi coûte 15 milliards d’euros. Il fait partie despromesses du candidat Sarkozy, mais il n’étaitpas adapté à la situation économique. Les déci-sions qui ont été prises n’étaient pas lesbonnes. Nous vivons une crise de régulation ducapitalisme : c’est une gouvernance qui aéchoué.

Quels sont les ingrédients d’un bon plan derelance ?L’action d’un plan de relance doit être rapide etréversible. À partir du moment où les chosess’arrangent, les mesures doivent être arrêtéesou inversées. Il doit être coordonné avec lesautres pays européens. Les mesures doiventêtre massives, et non pas ciblées. Sur cettegrille de lecture, on peut dire que le plan deSarkozy n’est pas assez massif, les 26 milliardsseront tout juste suffisants. Il aurait fallu faireun plan à 2 points de croissance et pas 1,3. Leplan socialiste remplit mieux cette condition.Le plan Sarkozy est difficilement réversible : il

« Le plan de relancesocialiste est équilibré »

Mercredi 21 janvier, le Parti socialiste a présenté son plan de relance.Un ensemble depropositions cohérentes pour agir vraiment contre la crise. Là où le plan Sarkozynéglige la relance de la consommation, le plan socialiste en fait une priorité, sansoublier d’agir aussi sur l’investissement. Il s’agit donc d’un plan équilibré, comme

l’analyse Eric Heyer, économiste et directeur adjoint au département analyse et prévi-sion de l’Observatoire français des conjonctures économiques.

«L’action d’un plan derelance doit êtrerapide et réversible »

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s’agit d’avancer des projets prévus pour 2010 à2009,mais si on décide de faire des rails, on neva pas arrêter au milieu.

En quoi la coordination au niveau européen est-elle importante ?En relance économique, les effets de fuite versl’épargne et vers les produits importés sont

incontournables. Une partie profite donc à l’ex-térieur. L’Angleterre a décidé de baisser sa TVA,mais cela va surtout profiter à tous ses concur-rents. C’est risqué. La baisse de la TVA est doncd’autant plus efficace si tout le monde la meten place. Car tout le monde récupère.

Pour résoudre la crise, le Parti socialiste a pro-posé un plan « qui marche sur deux jambes »,qui relance de la consommation et de l’investis-sement. Qu’en pensez-vous ?

En période de crise, il faut en effet soutenir lepouvoir d’achat. C’était vrai en 2008, ça le seraun peu moins en 2009.

Eric Heyer est directeur adjoint au départementanalyse et prévision de l’Observatoire françaisdes conjonctures économiques. Il consacre plusspécifiquement ses recherches aux déterminantsde la productivité du travail en France.

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En 2009, les prix ne devraient plus augmenter,on parle de 0,5% d’inflation pour 2009, certainsparlent même de déflation, mais les revenusvont baisser, du fait des licenciements et despertes d’emploi. Ce sont ceux qui vont perdreleur emploi, ou les bas salaires qui vont êtreexposés.

Le plan présenté par Martine Aubry propose lahausse du RMI, des aides aux chômeurs et auxjeunes. Faut-il agir principalement en faveurdes personnes les moins favorisées en temps decrise ?On sait que le taux d’épargne augmente avec lerevenu. Ainsi pour un revenu de 100 euros, lespersonnes au premier décile (les plus bas reve-nus) consomment tout, ceux qui gagnentdavantage épargnent. On sait aussi que la pro-portion à consommer des produits étrangerss’élève avec le salaire. Pour faire une relancekeynésienne efficace, il faut donc se concentrersur ceux qui épargnent le moins.Les personnes en emploi vont gagner en pou-voir d’achat en 2009, l’inflation passant. Celane sert donc à rien de les aider, contrairement à2008 où tout le monde était touché. Allongerde six mois la durée d’indemnisation du chô-mage va aider les jeunes et les chômeurs en finde droit, ceux-là même qui vont encore souffrirde la crise du pouvoir d’achat en 2009.Dansmagrille d’analyse cette mesure-là est donc par-faite.

Il y a également la proposition de baisser la TVApour relancer la consommation…Elle aurait été très efficace en 2008, moins en2009. C’est une mesure symbolique car elletouche tout le monde. Mais je ne suis pas sûr

que les chefs d’entreprise vont répercuter l’en-semble de cette baisse. Cette baisse de TVApeut être vue comme une manière de baisserles charges.En effet, l’augmentation de 3% du Smic propo-sée par le PS peut avoir un effet négatif sur lesentreprises en difficultés et les faire passer ducôté obscur. Conjuguée à une baisse de la TVAnon-répercutée intégralement, cela peut êtreintéressant…

Quelles sont les conséquences à prévoir sur l’em-ploi en France ?Il y a trois temps. Le premier, les entreprisesjouent sur le temps de travail : elles ont moinsrecours aux heures supplémentaires et utili-sent le chômage partiel. Dans un deuxièmetemps, elles se séparent des intérims et desCDD courts.Enfin, elles licencient. Nous sommes dans ladeuxième phase car il n’y a pas vraiment eud’ajustement via les heures supplémentaires àcause de la défiscalisation et il y a eu trois foismoins de chômage partiel qu’en 1993. C’estsans doute lié aux 35 heures, les entreprisesayant demandé à leurs salariés de passer enRTT. Par contre, on va rester un moment dans ladeuxième phase, les entreprises disposant d’unénorme vivier d’intérimaires - ils étaient 300000 en 1993, 700 000 début 2008 - et de CDDcourts, 57% des contrats signés fin 2007 contre36% début 2000.

Le deuxième volet du plan socialiste s’intéresseà l’investissement…C’est à peu près le même diagnostic que celuitiré par le gouvernement : pour parvenir à lareprise, il faut aider la trésorerie de l’entreprise.Nicolas Sarkozy aurait lancé son plan derelance avant, on aurait dit bravo. Aujourd’hui,il manque une partie. Il est important de relan-cer la consommation pour agir sur la crois-sance, mais cela ne dure qu’un temps, une foisque les gens ont tout dépensé c’est auxmesures sur l’investissement de prendre lerelais. Le plan socialiste est donc équilibré.

Propos recueillis par Stéphanie Platat«Il est important derelancer la consom-mation pour agirsur la croissance »

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A 45 ans, Lydia Campos est victimede la crise qui touche le secteurautomobile. Licenciée en décem-bre, elle craint de ne pas retrouverun emploi.

Lydia Campos, 45 ans, vit à Elbeuf(Seine-Maritime) avec son mari,employé au service qualité de RenaultCléon. Un site automobile qui n’a paséchappé à la crise. Le mari de Lydia estau chômage partiel depuis plusieurssemaines et risque de perdre bientôtune partie de son salaire. Une épée deDamoclès. Car Lydia a appris son licen-ciement de la société EMT composants,un sous-traitant automobile, le 10décembre dernier. Vingt ans qu’elle ytravaillait pour un salaire d’environ

1300 nets par mois. « Pour les licencie-ments, ils avaient établi des critères :enfonction des enfants à charges, on avaittant de points, suivant l’âge tant depoints… Ça n’a pas suffi à empêcher

« Ce sera très difficilede trouver un emploi »

LydiaCampos,tout justelicenciéepar unsous-traitantautomobile

Du collectif AC contre le chômage

« Pour AC contre le chômage, l’ensemble desmesures du plan de relance du PS vont dans le bonsens. Mais elles manquent parfois d’ambition. Lapossibilité d’augmenter le nombre d’heures dechômage partiel, par exemple, est très intéres-sante. Mais selon nous, quand une entreprise esten difficulté, il faudrait pouvoir maintenir lesalaire. Assurer 80% des revenus ne nous semblepas suffisant. Pour beaucoup,qui touchent déjà debas revenus, 20% e moins représente une perteconsidérable. Certains salariés ont engagé desfrais pour investir dans l’achat d’une maison parexemple. S’ils se voient amputés de plusieurs cen-taines d’euros par mois à cause du chômage tech-nique ou partiel, il devient extrêmement difficilede payer les factures. Il est évident que prolongerla période plutôt que de licencier va dans le bonsens. Mais il aurait fallu aller plus loin encore.

Nous ne voulons pas être trop gourmands,mais lavie a un coût mensuel.La prolongation de l’indemnisation chômage est,par ailleurs, une très bonne mesure. Car larecherche de l’emploi prend davantage de tempsaujourd’hui, et les pertes de salaire peuvent êtrebrutales. Pourtant, pourquoi a-t-on autant de per-sonnes au RMI ? Parce qu’on ne connaît pas l’étatréel du marché de l’emploi et des formations surl’hexagone. Il faut faire un travail de bilan d’abordet ensuite orienter mieux et plus en force les for-mations. Mais ça se fera évidemment sur le pluslong terme. Chacune des propositions socialistesdoit donc être approfondie pour éviter les faillesrépétitives de ces dernières années. En insistantnotamment sur la formation. Et en évitant de divi-ser les salariés entre eux. Accorder une prime auxbas salaires oui. Mais ne pas oublier ceux qui tou-chent autour de 1300 euros nets par mois et nerentrent dans aucun seuil. »

L’analyse de Marie Löhrer.../...

SÉQUENCE EMPLOI

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mon licenciement. Ils devaient licencier66 agents de production et ils m’ontmise dans le lot. Ce qui est injustepuisque j’étais opératrice sur presse pen-dant plusieurs années à faire de ladécoupe, à faire les mêmes tâches queles hommes », déplore Lydia. À 45 ans,elle a bien dumal à accepter cette situa-tion. Même si elle considère qu’elle a« la chance de ne plus avoir ses enfantsà charge », l’avenir lui fait peur. Pour lesgénérations suivantes d’abord : « Il n’y aplus de boulot. Et la seule issue

aujourd’hui c’est l’intérim et le travailprécaire ». Pour elle ensuite : elle qui aarrêté ses études à 16 ans, avait pu déve-lopper un savoir-faire dans le secteurautomobile. Moteur économique de larégion, la filière s’effondre aujourd’hui. Ilfaut donc penser à une reconversion.Après vingt ans de carrière, c’est loind’être évident. « Ça va être difficile deretrouver un emploi. J’ai toujours tra-vaillé dans le secteur automobile et c’estl’un des plus touchés. Je ne pourrai cer-tainement pas retrouver dans ce secteurd’activité cette année et même après. Etmes qualifications ne me permettentpas vraiment pour l’instant de me tour-ner vers autre chose. Peut-être qu’avecune formation, j’arriverai à exercer unautre métier. Mais j’accuse encore lecoup du licenciement. Et je ne sais pasdans quelle direction aller.

« Tout recommencer »

À 45 ans, c’est difficile de se dire qu’il fauttout recommencer », confie Lydia. Uneconvention de reclassement personna-lisé (CRP) lui a été proposée. « Mais je nepouvais pas décider en quatorze jours ceque j’allais faire après tant d’années decarrière. Je n’arrivais déjà pas à avaler lefait d’être virée ! » Devant ses collèguesqui subissent le même sort, elle tente detenir le coup. Certains connaissent dessituations encore plus dramatiques.Pourtant, comme eux, elle n’a rien tou-ché entre mi-décembre et le 22 janvier.Elle vient juste de recevoir une partie deson salaire. Et elle ne connaît pas encorele montant de son indemnité chômage.Face à cette situation, elle relativise. Cen’est « pas encore catastrophique ». Leplus dur en réalité c’est qu’ « on est sanscesse en train de nous faire sentir quenous avons perdu notre emploi. Et c’estlourd à porter », glisse-t-elle.

Fanny Costes

� Allongement de six mois de ladurée d’indemnisation du chômage

� Extension du chômage partiel

� Généralisation du contrat de tran-sition professionnelle

� Maintien du départ pour les car-rières longues à 40 annuités

� 100 000 emplois aidés supplé-mentaires

� 100 000 emplois verts et contratsassociatifs pris en charge à 75% parl’Etat

� Gel des 30 000 suppressionsd’emplois dans la fonction publique

� Gel des 20 000 suppressions depostes dans les hôpitaux

LES PROPOSITIONS SOCIALISTESpour lutter contrele chômage etdévelopperl’économie

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Secrétaire national à l’économie sociale du syn-dicat UNSA

« Ce plan est un juste équilibre entre relance dela demande, donc du pouvoir d’achat, et celle del’offre. Ce qui correspond à ce que nous souhai-tions. L’augmentation du chômage partiel va par-ticulièrement dans le sens de nos demandes.Dans cette période difficile, un certain nombred’entreprises sont amenées à faire peser desmenaces sur l’emploi. La possibilité de ral-longer la durée du chômage partiel et lemaintien de 80% du salaire peut doncpermettre de passer les instants diffi-ciles au salarié évidemment, maisaussi à l’employeur. Les emplois aidésde façon générale, surtout en périodede tension sur le marché du travail, etmême si l’idée est très critiquée par lesplus néo-libéraux, est effectivement unenécessité pour traverser les grossesdifficultés sur le marché de l’em-ploi. C’est un élément normal dela politique de l’emploi selon

nous. Ces emplois aidés doivent évidemment,ensuite, s’accompagner de mesures de qualifica-tion, et de perspectives de sortie par le haut.D’autre part, revenir sur les suppressions depostes dans la fonction publique dans unepériode paraît tout aussi nécessaire.Toutefois, il faut bien dire que ce plan part du prin-cipe que la crise financière est jugulée. Mais nousn’en sommes pas certains. Du coup l’efficacité des

mesures proposées est contrainte par la situa-tion financière actuelle. Si les banquesne font pas l’effort nécessaire endirection du crédit notamment, desPME, une amélioration sera diffi-cile. C’est quand même un facteurimportant de la lutte pour le main-tien de l’emploi et pour la péren-nité d’un certain nombre d’entre-prises aujourd’hui menacées. Et

c’est évidemment par un retour de lacroissance et du développement éco-

nomique que l’on pourra réel-lement retrouver une situationde l’emploi satisfaisante. »

L’analyse de Jean-Claude Tricoche

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La crise a fait vaciller de nom-breuses PME.Manque de finance-ment, problèmes de trésorerie, lesdéfaillances et les dépôts de bilansemultiplient. Patronne d’unePME innovante, Laetitia Gazel-Anthoine reconnaît que la périodeest difficile mais affronte la situa-tion avec pragmatisme.

Ne pas céder au catastrophismeambiant. C’est peut-être un des

secrets de Laetitia Gazel-Anthoine pourfaire face à la crise et aux menacesqu’elle fait peser sur les PME.Particulièrement sur les PME innovantes.Parce qu’elles présentent plus de risques,les investisseurs devenus frileux s’endétournent. Or, l’innovation est juste-ment la clé de voûte de l’entreprise deLaetitia : « Une entreprise innovantefondée sur des technologies inno-vantes », résume la jeune femme qui acréé Connecthings en 2007.Cette sociétéemploie aujourd’hui 6 personnes etdéveloppe des logiciels pour créer ducontenu géolocalisé pour téléphonesportables. Une idée astucieuse qui per-met de recevoir des informations cibléessur son mobile en fonction de l’endroitoù l’on se trouve. Les clients deConnecthings : les collectivités, lesmusées et tous les acteurs qui ont unespace ouvert au public. Pour l’instant,Laetitia n’a pas d’annulation de com-mandes à déplorer. Mais elle partage lescraintes de tous les patrons, dans cecontexte miné par l’incertitude et lemanque de visibilité. « Bien sûr, jeredoute quemes clients ne décalent leurprojet dans le temps ou annulent leurcommande du jour au lendemain,

admet-elle. Il se peut aussi qu’il y ait plusde freins à notre besoin de financement.Il sera sans doute plus difficile de leverdes fonds auprès des capitaux risqueursqui prennent désormais beaucoup plusde précautions. » Heureusement, pourl’heure, l’entreprise qui se trouve encoreau stade de l’amorçage n’a pas besoin denouveaux fonds. Et Laetitia pense davan-tage à recruter qu’à se séparer de sessalariés. Prévoyante, elle ne s’est pastrouvée dépourvue lorsque la crise estvenue :« Pour payermes salariés, j’ai faitappel à différents organismes commeOséo (établissement public qui financeles PME), l’ANR… et j’avais déjà préparémon financement pour 2009. »Foncièrement optimiste, Laetitia veutmême croire que la crise sera propice àl’innovation et donc à Connecthings.« Pour s’en sortir, il faut être astucieux etse montrer imaginatif pour trouver desfaçonsdebaisser les coûts oud’améliorerles ventes. » Pour autant, cette patronne

Secrétaire général de la CGPME (Confédération généraledu patronat des petites et moyennes entreprises)

« De façon générale, la CGPMEapprouve la dimension duplan socialiste qui agit sur l’offre. Nous sommes plusdubitatifs à l’égard des propositions visant à relancer lademande. Cela dit, certaines mesures nous paraissentd’autant plus pertinentes qu’elles concernent spécifique-ment les PME. Car avec la crise, la situation des PME estalarmante, quel que soit le secteur.Ainsi,unemesure comme le crédit impôt-recherche boni-fié spécifique nous intéresse particulièrement. Noussommes convaincus que la sortie de crise passe par l’in-novation. Seulement, cela représente un vrai risque pourles entreprises ainsi qu’un coût important. Le crédit envi-

L’analyse de Je

« Je redoute les commandes annuléesau dernier moment »

LaetitiaGazel-Anthoine,chefd’entreprise,Paris

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souriante n’est pas déconnectée des réali-tés et a conscience que la situation estloin d’être idyllique. Ne serait-ce qu’à tra-vers la situation de son mari. Employédans une grosse PME aéronautique, ilconnaît les ravages engendrés par desannulations de commandes. Et Laetitiasait que cela peut toujours lui arriver.« Pour l’instant, je ne suis pas particuliè-rement inquiète,mais peut-être que danstrois mois, je ne tiendrai pas le même dis-cours. » Une phrase accompagnée d’unrire, comme pour conjurer le pire.

Elisabeth Philippe

� Mettre en place un crédit impôt-recherche bonifié et spécifique pour lesPME-TPEinnovantes et intervenant dans l’écono-mie verte

� Moduler l’impôt sur les sociétés sui-vant que les bénéfices sont réinvestisoudistribués aux actionnaires

� Favoriser l’obtention de crédits parune intervention contraignante de l’Etatauprès des banques recapitalisées

� Soutenir la trésorerie à court termedes entreprises

LES PROPOSITIONS SOCIALISTESpour répondre auxdifficultés des PME

sagé par le PS s’adresse notamment aux entre-prises intervenant dans l’économie verte. Nouscroyons également en la croissance verte, d’unpoint de vue citoyen,mais aussi comme facteur dedéveloppement pour les entreprises. Mais noussouhaiterions aller encore plus loin en inscrivant ledépôt de marque, à savoir tout ce qui relève de lapropriété intellectuelle, dans les dépenses éligi-bles au crédit impôt-recherche.Nous sommes aussi favorables à la modulationde l’impôt sur les sociétés, suivant que les béné-fices sont réinvestis ou distribués aux action-naires. Nous l’avions nous-mêmes proposé, ensouhaitant toutefois que cette modulationsoit également valable pour les bénéfices

redistribués aux salariés ou remontés aux fondspropres de l’entreprise. Nous partageons égale-ment l’idée d’une intervention contraignante del’État auprès des banques recapitalisées pour favo-riser l’accès au crédit et ainsi soutenir la trésorerie

des PME. Dans la mesure où les banques ontpu compter sur l’aide de l’État, il est nor-mal qu’en retour, on s’assure que cetteaide contribue bien au financementdes PME et pas seulement à recapi-taliser les banques. Plus globale-ment, nous souhaitons sécuriserdavantage dans le temps les rela-

tions entre les banques et lesPME. »

alyse de Jean-Eudes Du Mesnil

SÉQUENCE ENTREPRISES

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Mère de deux enfants, CathyRobichon gagne 1400 euros netsparmois. C’est peu,mais c’estdéjà trop pour toucher certainesaides.Alors, en temps de crise, etavec l’inflation, les fins demoissont encore plus difficiles et l’ave-nir devient source d’angoisse.

«J’ai 43 ans et suis seule avec deuxenfants de 12 et 14 ans. Je travaillecomme télévendeuse dans une entre-prise agroalimentaire de Bretagne, depuis 24 ans. Je gagne environ 1400euros nets par mois. Je fais donc partie,selon les statistiques, de la classemoyenne. Mais lorsqu’on est commemoi en bas de l’échelle, on a de vraies

difficultés pour boucler les fins demois. Je dépasse tous les seuils. Je netouche aucune aide si ce n’est l’alloca-tion rentrée scolaire. Je n’ai pas le droitaux APL ou à la prime pour l’emploi.1400 euros du coup, c’est trop mais pasassez. Si je n’étais pas seule avec mesenfants, un deuxième salaire mêmepas très élevé changerait les choses. Jetouche une pension alimentaire de280 euros, mais les effets sont un peupervers, car cette somme est considé-rée comme un revenu.Heureusement mon entreprise seporte plutôt bien. Et mon travail meplaît. Toutefois, depuis l’arrivée del’euro et surtout depuis l’année der-

«Devraies difficultés pour boucler les fins de mo

CathyRobichon,43 ans, télé-vendeuse,Coëtmieux(Côtes-d’Armor)

.../...

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de mois »

L’analyse de Marie-Jeanne Husset,directrice de la rédaction de 60 millions de consommateurs

« Le gros problème du pouvoir d’achat aujourd’hui tient auxrevenus. Tout ce qui peut aider les familles et en particulier lesgens modestes, est essentiel. En particulier sur une année oùune série de plan sociaux est annoncée. L’aide de 500 eurosdestinée à plus de 12 millions de personnes est donc très bienvenue et répond à l’urgence. En revanche, la baisse de la TVApeut avoir des effets pervers. Il faudrait être sûr, et donc met-tre en place un contrôle, que cette baisse se répercute sur lesprix de vente. On constate en ce moment une baisse du prixdes matières premières. 60 millions de consommateurs vabientôt publier une étude sur le prix des produits courantsdans laquelle on voit que cette baisse ne se répercute pas surles prix à la consommation. De plus, beaucoup de produitssont importés, notamment depuis l’Asie. Cette baisse favorise-rait donc plutôt ces pays qu’une production nationale. Parcontre, une baisse de la TVA sur des produits ou des services deproximité pourrait avoir un effet sur les produits alimentairescomme les laitages, ou tout ce qui tourne autour du logement.Il faudrait donc préciser cette mesure et plutôt qu’une baissegénérale d’un point, la limiter à des productions françaises.Par ailleurs, la généralisation du chèque transport est unemesure importante. Il est difficile de mesurer son impactfinancier sur la population. Il s’agit pourtant un budget impor-tant. D’autant plus quand le prix du carburant augmente pourles utilisateurs de véhicules personnels. D’ailleurs, même lestransports en commun coûtent plus cher.Enfin, le gel des loyers dans les zones à forte hausse en 2009et 2010 est unemesure intéressante,mais on pourrait aller

plus loin. La hausse conséquente des loyers et du prixde l’immobilier est l’une des premières causes destagnation ou de baisse du pouvoir d’achat. Noussommes dans une période de baisse de l’immobi-lier, ne faudrait-il pas s’interroger sur une baissedes loyers plus que sur un gel ? C’est peut-êtreambitieux, mais les loyers doivent davantage cor-

respondre à la réalité de l’immobilier français. »

« 60 millions de consommateurs va bientôtpublier une étude sur le prixdes produits courants dans laquelle on voit

que cette baissene se répercute pas sur les prixà la consommation. »

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SÉQUENCE POUVOIR D’ACHAT

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nière, le coût de la vie n’a cessé d’aug-menter. Je me prive sur les sorties, lesloisirs ou l’habillement. Mais les prixde l’alimentation ont tellementgrimpé que là aussi, il faut faire atten-tion. On ne mange quasiment plus delégumes à la maison. Autre exemple,mon fils aîné et moi portons deslunettes.Avant, j’en avais pour unevingtaine d’euros de ma poche. Cetteannée, j’ai dû payer 120 euros. La sécuet les mutuelles ne remboursent plus.Notre système est beaucoup moinsprotecteur. Au quotidien, mes enfantsont bien compris que nous n’avionspas les moyens pour certains loisirs. Iln’y a pas de console de jeu à la maison,ni d’ordinateur.

Un avenir incertainJe suis propriétaire. Mon crédit merevient à 600 euros par mois. Et c’estfinalement moins cher qu’un loyer.Dans la région, il faudrait compter 700euros pour nous loger tous les trois. Ilme reste 6 ans à payer. Et j’espèrequ’avec la crise, je n’aurai pas de mau-vaise surprise pour mes rembourse-ments. Je vis à Coëtmieux, à troisminutes de mon lieu de travail et à dixkilomètres de la mer. Je bénéficie mal-gré tout une bonne qualité de vie.Quelqu’un avec la même situation quemoi, en région parisienne par exemple,n’a pas la possibilité de souffler en arri-vant chez lui. Je le sais pour y avoirvécu. Malgré tout, j’ai du mal à envisa-ger l’avenir. Pour l’instant, je fais aujour le jour. Je ne crois pas que je meserais lancée dans l’achat d’une mai-son maintenant. Je ne sais pas ce quipeut arriver demain. Perdre monemploi ? Je suis le seul salaire à la mai-son. Ce serait une catastrophe. »

Propos recueillis par Fanny Costes

� Une augmentation rapide des salaires, despensions et des prestations sociales, avec :

� Le versement d’une aide immédiate de 500euros dès le mois de février 2009 à tous les béné-ficiaires de la prime pour l’emploi (9 millions desalariés) ;

� Le versement d’une aide immédiate de 500euros dès le mois de février 2009 à tousles bénéficiaires des minima sociaux (minimumvieillesse, RMI-RSA, API, AAH,ASS,...) ;

� Une revalorisation du SMIC de 3 % au 1erfévrier 2009

� La soumission des exonérations de cotisationssociales à la conclusion effective d’accords sala-riaux annuels ;

� La généralisation obligatoire du chèque trans-port

� La revalorisation immédiate des allocationslogement de 10%.

� Une baisse de 1 point du taux normal de TVA,passant de 19,6% à 18,6% – pour soutenir le pou-voir d’achat des Français par une baisse généra-lisée des prix à la consommation, mais égale-ment la trésorerie des entreprises, en particulierdes PME et TPE.

� Un gel des loyers dans les zones de fortehausse en 2009 et 2010, et la limitation dela hausse de l’ensemble des autres loyers au tauxd’inflation ;

.../... LES PROPOSITIONS SOCIALISTESpour relancerimmédiatement lepouvoir d’achat etla consommation

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Tiraillée entre un secteur boostépar le Grenelle de l’environne-ment et une filière – le BTP - encrise, la société PougetConsultants a dû réorienter unepartie de ses activités pour ne passombrer.À sa tête,André Pougetévoque ses difficultés et sesefforts pour protéger sesemployés.

Il est étonnement calme derrière seslunettes vert fluo. D’ailleurs tout estcalme dans le bureau d’études d’AndréPouget.Des vélos hollandais sont encoregarés dans l’entrée malgré l’heure tar-dive, en ce vendredi soir. Ambiance stu-dieuse. Pourtant, cette PMEbasée à Pariset à Nantes, spécialisée dans les écono-mies d’énergie a dû ralentir son rythmede travail. Les dossiers ne s’accumulentplus autant. Crise oblige.La PME Pouget Consultants travaillepour le BTP, un secteur particulièrement

touché par la récession. Sur les douzederniers mois de 2008, le nombre demise en chantier a en effet connu unrepli global de 14,3% par rapport à 2007.Le nombre de permis de construire areculé de 24,4%. Au troisième trimestre2008, un peu moins de 16 300 loge-ments neufs ont été vendus, soit 44% demoins qu’au troisième trimestre 2007. Etle marché de l’ancien ne se porte pasbeaucoup mieux. Les agents immobi-liers ont en effet enregistré une baissede 20 à 25% de leurs transactions en find’année par rapport à 2007. Sans comp-ter la baisse, légère mais présente, desprix de l’immobilier. La dégringoladesubie par le secteur a été plus que bru-tale, concentrée sur les 4 derniers moisde l’année.L’entreprise d’André Pouget, créée en1982, fait travailler 24 salariés sur troisaxes : elle distribue de l’énergie écono-misée dans les secteurs du résidentiel et

Investissement : « 2009 s’annonce mal »

AndréPouget,patron de laPME PougetConsultants,spécialiséedans les éco-nomiesd’énergie

.../...

SÉQUENCE INVESTISSEMENT

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Dossier � LES PROPOSITIONS DES SOCIALISTES CONTRE LA CRISE : LE BON PLAN

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du tertiaire, conseille les architectes surla consommation d’énergie des construc-tions et assure également des missionsde maîtrise d’œuvre sur des chantiers.« J’ai connu deux crises avant celle-ci,raconte André Pouget. Les commandesavaient beaucoup baissé, mais une crisecomme celle qui s’annonce aujourd’hui,pour moi c’est la première et ça ne faitque commencer… »Pouget Consultants était en affaires avecles grands groupes de promotion immo-bilière qui sont aujourd’hui les premiersexposés. Ainsi, certains de ses projetsn’ont pas pu être menés à terme, fautede financement solide. Ils n’ont pasdépassé le stade du plan.« Certains projets de logements collec-tifs ou de villages groupés n’étaient pasfinancés, pour d’autres, le financementétait mal ficelé. Ce sont ces projets-là quisont tombés à l’eau ! » Et fatalement,Pouget Consultants a perdu des com-mandes. Un manque à gagner qu’a éva-lué l’entrepreneur : « À la fin de l’année2008, cela représentait une perte de 20%environ. »

Deux années de perdues

La PME réalise un chiffre d’affaires de 1,6million d’euros. « 2009 s’annoncemal, lerythme des études thermiques va bais-ser. Je pense que ça va beaucoup plonger,on s’attend à 20, voire 30% de réduction,explique André Pouget. Des confrèressont très inquiets, la période n’est passereine. Il y a des turbulences et à monavis, il n’y aura pas d’amélioration avant2010. »Presque deux années de perdues. Ledépart de quelques clients vers d’autresentreprises s’ajoute aux défections desgros groupes immobiliers. « En périodede crise, des concurrents qu’on neconnaissait pas sortent du bois, constate

.../...L’analyse d’Eric AubinSecrétaire général de la fédération CGT du bâti-ment et de la construction.

L’impact de la crise est particulièrement impor-tant dans le BTP. Et pour cause :la branche promotion et construction est touchéeavec des projets retardés ou annulés. La branchecarrière et matériaux a subi des restructurations.La maintenance dans le second œuvre est atteintecar elle faisait appel à la sous-traitance, à l’intérimet aux CDD. Pour 2009, on nous annonce 25 à30 000 emplois en moins.Nous avons beaucoup travaillé sur le Grenelle del’environnement et sur l’habitat écologique. Onpourrait profiter de cette période pour former lessalariés aux nouvelles techniques, et ainsi éviterles licenciements ou le chômage partiel. L’habitatécologique pourrait créer près de 100 000emplois. De fait, un plan de rénovation écologiqueet d’isolation des logements pourrait être unesolution efficace pour soutenir la filière.Les collectivités locales peuvent nous aider àretrouver un bon niveau d’activité concernant lesbâtiments publics. Le financement est probléma-tique. Il faudrait que soit inscrit dans le plan lapossibilité d’avoir des prêts à taux zéro pour queles collectivités locales puissent commander deschantiers de rénovation des universités, des hôpi-taux…Enfin, les entreprises de BTP peuvent effective-ment trouver du travail dans le cadre d’un plan demodernisation de l’hôpital public ainsi que danscelui de la rénovation de l’immobilier universi-

taire. L’Etat peut favoriser l’accès à descrédits pour lancer des opérations

immobilières au lieu de distri-buer de l’argent à des sec-teurs qui n’en ont pas vrai-ment besoin… L’état a tou-jours mené une politiquede grands travaux. Resteà décider si en période de

crise, elle ne doit pas êtrede plus grande ampleur.

Stéphanie Platat

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encore André Pouget. Ils cassent les prix,mais ne proposent pas forcément de laqualité. » Il reconnaît avoir ainsi reçu desappels de clients démarchés par ces nou-veaux venus dans le circuit, et qui se sontlaissé séduire. « La crise est d’autant plusressentie dans notre secteur que nousavions jusque-là connu une incroyableembellie », reconnaît l’entrepreneur.

Redéploiement

Pour autant, il ne s’alarme pas. Pourenrayer les effets de la crise, il n’a pourl’instant pris aucune mesure de tailledans l’effectif « Je ne veux pas y pen-ser », tranche-t-il. En octobre, les négo-ciations salariales ont été ouvertescomme l’année passée.« Même si les augmentations ont étémoins fortes que les années précé-dentes, elles sont un signal qu’il fautenvoyer à l’équipe. » Et malgré la dispa-rition de commandes, aucun des salariésn’a été mis au chômage technique. « Legroupe qui s’occupait des études ther-miques pour l’habitat privé a été réaf-fecté sur les projets de réhabilitation del’ancien et d’habitat social. »Les bonnes références de l’entreprisedans le milieu (prix du développementdurable de la ville de Paris en 2007) enfont un interlocuteur de choix auprès duministère du Logement entre autres,pour toutes les questions afférentes auGrenelle de l’environnement.L’entreprise est également investie dansle plan climat de la ville de Paris qui fixenotamment comme objectif la rénova-tion de 55 000 logements sociaux, soit25% du parc d’ici 2020 avec des exi-gences d’efficacité énergétique redouta-bles. « On compense, conclut AndréPouget. Encore heureux que nous ayonsanticipé pour nous placer sur ce marchétrès porteur, sans ça je ne sais pas tropcomment j’aurais géré la crise. »

LES PROPOSITIONS SOCIALISTESpour soutenir lesecteur du PTP etde la construction

� La mise en chantier dans lesdeux ans de 300 000 logementssociaux

� Un plan de rénovation écolo-gique et d’isolation des loge-ments, confié à l’ANAH (Agencenationale pour l’habitat), ainsiqu’un effort massif pour garantirl’accessibilité des bâtimentspublics aux personnes handica-pées (1 milliard d’euros)

� Un plan de réhabilitation et deconstruction de places d’héberge-ment d’urgence décentes supplé-mentaires (300 millions d’euros).

� La multiplication par 5 despénalités devant être payées àl’État par les communes, ne res-pectant pas l’obligation de propo-ser 20% de logements sociaux (loiSRU).

� Un plan de rénovation et deconstruction dans l’immobilieruniversitaire.

SÉQUENCE INVESTISSEMENT

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Dossier � LES PROPOSITIONS DES SOCIALISTES CONTRE LA CRISE : LE BON PLAN

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 31 JANVIER 2009

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Lamunicipalité de Saint-Étienne(Loire) subit de plein fouet lesconséquences de la crise et dudésengagement de l’État.Confronté à une dérive régulièredes dépenses, le maire,MauriceVincent, s’emploie à remettre lesfinances à flot.

Les difficultés actuelles trouvent leurexplication dans la dérive desdépenses sous la précédente manda-ture. « La rigueur de gestion de la droiteà été toute relative, ironise le maire (PS)Maurice Vincent. Au point que la situa-tion se solde par un effondrement del’épargne nette qui sert à financer lamaintenance des équipements et l’in-vestissement, et donc le financementde l’investissement par un recoursmas-sif à l’emprunt, autrement dit par lesgénérations futures ».

Restrictions

Crise financière oblige, les économiestouchent tous les secteurs, du déploie-ment de logiciels libres et gratuits(700 000 euros économisés) à la réduc-tion (- 30 %) des dépenses de personnel

du cabinet des élus. Soit, une réductionde 3 millions d’euros des dépenses cou-rantes sur 2008 (- 3,3 %). « Les effortspour 2009 seront encore plus impor-tants, souligne le maire. J’ai fixé, dèsjuillet 2008, un objectif de - 6 % surtoutes les dépenses, à l’exception desplus indispensables ».Les restrictions porteront, en particulier,sur les postes jugés les moins priori-taires : communication (-15 %), voyagesà l’étranger, frais de restaurant et decérémonies, dépenses du cabinet dumaire et des élus (- 14 %), restructura-tion et rationalisation de l’administra-tion pour éviter les doublons, mutuali-sation de certains services avec ceux del’agglomération. Jusqu’aux cérémoniesde vœux, qui ont occasionné unedépense de 190 000 euros en janvier2008 et dont le coût a été divisé parquatre cette année !L’État propose d’injecter des fondspublics pour contribuer à la relance ? Lamunicipalité et la métropole saisissentla balle au bond pour anticiper plu-sieurs opérations visant à doper l’em-ploi et l’économie. Maurice Vincent etson équipe proposent ainsi de venir enaide à un foyer de jeunes travailleurs età une auberge de jeunesse. Ils sollici-tent également l’aide du gouverne-ment pour procéder à la démolition delogements, dans le cadre de l’opération« Dame Blanche », et reconstruire dansla foulée des bâtiments en prêts locatifsaidés…

Désengagements

Autres priorités : la réalisation du trans-fert de la faculté des sciences sur le sitede la Manufacture, l’aménagement del’échangeur de la Varizelle, qui permet-trait de desservir deux grandes zones

Front uni à Saint-Etienne à la crise

MauriceVincent, enjuin 2007

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économiques situées à l’entrée de l’ag-glomération, et l’accélération des tra-vaux de protection des rivières pour limi-ter les risques de crue.Reste le problème du CHU. Le Conseild’administration a approuvé, à une trèscourte majorité, le principe d’un retour àl’équilibre qui prévoit, notamment, 400suppressions d’emplois. Opposés à cetteinitiative, les élus de la majorité ontdemandé que de nouvelles ressourcespuissent être trouvées, tout en veillant àune meilleure gestion de l’établisse-ment. « Le Plan de relance pourrait per-mettre aux hôpitaux français de rééquili-brer leurs comptes, estime MauriceVincent. Dans son plan de relance,Martine Aubry propose d’ailleurs le lan-cement d’un dispositif demodernisationd’un montant de 1,4 milliard d’euros,poursuivant les objectifs de l’égal accèsaux soins pour tous et de la préservationdu rôle de l’hôpital public au cœur del’excellence du système de santé ».Des projets plein la tête, mais peu definancements. C’est qu’à Saint-Étienne,comme partout ailleurs, les élus doiventde surcroît et depuis plusieurs annéesfaire face aux désengagements inces-sants de l’État, aux transferts de chargesnon compensés et au recul des dotations.

Bruno Tranchant

Député-maire de Grenoble, président del’Association des Maires des Grandes Villes deFrance (AMGVF)

« En fait, tout est dit dans le titre de ceplan de relance qui est d’agir vraimentcontre la crise avec une priorité immédiatedonnée au pouvoir d’achat qui reste unetrès forte préoccupation de nosconcitoyens. Je n’arrive d’ail-leurs pas à comprendre que legouvernement qui multiplie

les effets d’annonce oublie systématiquement larelance de la consommation ! Par ailleurs,

en tant que Président de l’Associationdes grandes villes de France, je sous-cris pleinement aux propositions derelance de l’investissement publicqui suggèrent notamment d’ac-compagner plus fortement les col-lectivités locales qui assurent déjà

aujourd’hui le financement de73 % des investissementspublics ».

� Doublement, en 2009, de laDotation globale d’équipement(DGE) et son inscription à la section« investissement » des collectivi-tés ;

� Doublement du Fonds d’aména-gement et de développement duterritoire (FNADT) ;

� Abondement exceptionnel dubudget de fonctionnement des col-lectivités, comprenant le rembour-sement des arriérés de paiementdu RMI, la restitution du ticketmodérateur payé par les collectivi-tés sur le plafonnement de la taxeprofessionnelle, le rattrapage dupacte de croissance et de solidaritéet l’octroi de prêts bonifiés pour lesinvestissements relevant de leurchamp de compétence.

LES PROPOSITIONS SOCIALISTESpour lescollectivitéslocales

L’analyse de Michel Destot

SÉQUENCE COLLECTIVITÉS

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L’HEBDO DES SOCIALISTES � 24 MAI 2008

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Territoires � DISPARITÉ

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 31 JANVIER 2009

C’est l’histoire du verre àmoitié plein. Le rapportde l’Observatoire des ter-

ritoires fournit un panoramacontrasté de la situation fran-çaise. Si, au regard de nos voi-sins européens, nos régionsconnaissent un relatif dyna-misme démographique, ledéséquilibre ne cesse de s’ac-centuer au détriment du Nordet de l’Est. Confrontées à unenvironnement de plus enplus concurrentiel, ces collecti-vités doivent faire face à ladélocalisation de nombreusesentreprises, parallèlement àune baisse du niveau de pro-duction, dont les principauxbénéficiaires sont le Sud etl’Ouest, d’une part, l’Île-de-

France et l’Alsace, d’autre part.Sur le long terme, les régionsles plus dynamiques se situentpour l’essentiel dans les Paysde la Loire, en Bretagne,Rhône-Alpes, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Languedoc-Rous-sillon et Poitou-Charentes.Trois d’entre-elles figurentd’ailleurs dans le « Top 20 »européen grâce à une activitésupérieure à la moyenne. Leniveaude PIB de l’Île-de-Franceen fait ainsi le premier élève dela classe, loin devant laLombardie et le GrandLondres. Rhône-Alpes et PACAoccupent respectivement lesseptième et quinzième rangs,tandis que le Nord-Pas-de-

Calais arrive en vingt-qua-trième position.Globalement, les trois-quartsde la production nationale seconcentrent sur dix régionsqui engrangent la quasi-tota-lité des dépenses nationalesen matière de recherche etdéveloppement. Autant direque les écarts se creusententre le dynamisme affichédes unes et le recul marquédes autres, même si, au final,elles se situent dans lamoyenne des pays de l’OCDE.

NatalitéLes auteurs associent le dyna-misme des pôles urbains à untaux de natalité particulière-ment soutenu. À l’exceptiondu Limousin et de l’Auvergne,les régions françaises « affi-chent les meilleurs soldesnaturels européens, à desniveaux que seuls l’Irlande, lesenvirons de Londres, leNord dela Pologne ou un couloir allantdu sud de la Bavière à laVénétie atteignent ».Sans sur-prise, le territoire francilien

Dans un rapport rendu public le 23 janvier, l’Observatoiredes territoires dresse un panorama complet desdynamiques et disparités géographiques du pays.Si les régions du sud et de l’ouest attirent des populationsde tous âges, celles du nord et de l’est – à l’exceptionnotable de l’Île-de-France et de l’Alsace, qui séduisent lesplus jeunes – sont en perte de vitesse.

Valeur ajoutée

Les rapporteurs en sont convaincus : l’ampleur des écarts entre terri-toires s’explique principalement par « les différences de structures pro-

ductives et par la plus ou moins grande capacité des régions à utiliser lesressources disponibles ». Ainsi, l’Île-de-France, PACA, l’Alsace,Champagne-Ardenne, la Haute-Normandie et l’Aquitaine peuvent se préva-loir d’activités à forte valeur ajoutée qui tirent leur niveau de PIB par habi-tant vers le haut. « Le bon niveau de la région des Pays de la Loire résulteplutôt d’une bonne mobilisation de l’emploi, poursuivent-ils. La régionCentre compense un positionnement sectoriel moins favorable par unemobilisation de l’emploi. À l’opposé, la Région Languedoc-Roussillon neparvient pas à compenser une situation défavorisée par le chômage et lenombre insuffisant d’emplois eu égard à la croissance de sa populationalors que sa structure positive est proche de la moyenne nationale ». B.T.

Régions, combien de divisions ?

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occupe ici encore le leadership,devant Rhône-Alpes, le Nord-Pas-de-Calais et l’Alsace.

Transformations« La transformation des es-paces périurbains et desbourgs ruraux, caractérisée àla fois par la croissance de lapopulation et de l’emploi,conduit à une recompositiondes territoires locaux établis-sant de nouveaux liens entrel’urbain et le rural », analysentles auteurs. Reste que l’inacti-vité et le chômage se concen-trent, pour l’heure, dans lesbassins d’emploi duNord,de laPicardie, de la Haute-Normandie, de la Lorraine etde la Champagne-Ardenne,victimes du déclin industriel.Ces inégalités de revenuscontribuent à leurmanière à laprécarisation des territoires.Tant et si bien que leLanguedoc-Roussillon et laCorse doivent composer avecun taux particulièrement élevéde ménages à bas revenus.

Bruno Tranchant

Une réponse au vieillissement de la population et à laquestion de l’aménagement du territoire. En partena-

riat avec la Mission régionale de santé (MRS), Jean-PaulDenanot, président du Conseil régional du Limousin vientd’officialiser la mise en place de Maisons pluridiscipli-naires de santé (MSP) dans des zones déficitaires ou enpasse de le devenir. Ce, afin d’assurer des soins de proxi-mité et de lutter contre la désertification socio-médicalesur un territoire manque déjà de kinésithérapeutes et dechirurgiens dentistes. Cette mesure doit égalementconcourir au maintien de services publics performants,ainsi qu’à l’amélioration de la qualité de vie des profes-sionnels de santé.Dans un premier temps, la MRS a identifié les zones consi-dérées comme « déficitaires » ou « fragiles ». L’objectif :inciter les collectivités et leurs groupements, dans lecadre des pays et des parcs naturels régionaux, à créer

des MSP visant à« conforter l’acces-sibilité, la coordina-tion, la continuité etla permanence desoins » et à « amé-liorer la qualité del’exercice profes-sionnel ».Ces maisons for-ment avant tout unespace de regrou-pement pour lespraticiens issus de

disciplines différentes offrant des soins courants à lapopulation. Elles doivent comprendre un noyau dur com-posé, au minimum, de deux généralistes, d’un infirmieret de stagiaires, et accueillir des acteurs de la préven-tion et du social. Quant au statut juridique, il peut varierau gré des situations : société civile de moyens, sociétécivile de professionnels, associations de professionnelsde santé ou encore groupement de coopération sani-taire. Choix d’autant plus crucial qu’il conditionne leversement des aides financières allouées à ces infra-structures. B.T.

La preuve par l’exemple

La mise enplace demaisonspluridiscipli-naires desanté vapermettred’assurerdes soins deproximité.

Jean-PaulDenanot,présidentdu Conseilrégionaldu Limousin.

Limousin :des remèdes contre les déserts sanitaires

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Territoires � BRÈVES

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Politique de la villePlan Banlieue : plusbeaucoup d’espoirCafouillages, retards, absencede volonté politique… À la lec-ture du bilan du plan « EspoirBanlieue », lancé par le gouver-nement, début 2008, c’est peudire que le plan Marshall pro-mis par Nicolas Sarkozy ne sou-lève guère l’enthousiasme àgauche. « Le compte n’y estpas ! », s’emporte ainsi GérardSégura, maire d’Aulnay-sous-Bois et président de la commis-sion Rénovation urbaine ausein de l’Association des mairesde l’Île-de-France (AMIF). Rien

ou presque pour compenserl’augmentation des coûts de laconstruction, dénonce-t-il.« Des projets vont rester enpanne ». L’élu évalue dans unefourchette de « 800 et 850mil-lions d’euros le différentiel enÎle-de-France » la différenceentre les coûts prévus et réelsdes travaux « et vraisembla-blement 1,6 milliard d’euros auniveau national ».

Réforme territorialeGare à « l’entour-loupe politicienne »À l’heure où le Comité Balladurs’apprête à présenter sesconclusions sur la réforme ter-ritoriale, Martine Aubry met engarde le chef de l’État contretoute utilisation abusive visantà reprendre des collectivitéslocales à la gauche. « Nous nelaisserons pas changer le modede scrutin des élections régio-nales comme nous ne laisse-rons pas redécouper les circons-criptions à des fins électora-listes, prévient la Premièresecrétaire qui devait présenter,le 28 janvier, les propositionsdu PS à ladite commission.

ÉducationLes collectivitésau premier rang

Selon une étude publiée par leministère de l’Éducation natio-nale – « L’état de l’école en2007 » -, la dépense intérieured’éducation s’élevait, en 2007, à125,3 milliards d’euros. Au total,les collectivités territoriales ontassuré 22,8 % du financementinitial, contre 21,3 % en 2006 et19,9 % en 2005. Leur part s’ac-croît notamment dans lesecond degré, à partir de 2006,du fait des transferts de per-sonnels TOS (technique, ouvrieret de service) dans le seconddegré et des nouvelles compé-tences en matière de forma-tions sanitaires et sociales,transmises aux régions dansl’enseignement supérieur. Laparticipation des ménagess’élève, quant à elle, à hauteurde 8 %. En 2007, la dépensed’éducation pour le premierdegré atteint 35,9 milliards,dont 40 % à la charge des col-lectivités.

Bruno Tranchant

Des compétences clarifiées

Auditionnés par le Comité Balladur, les maires des grandes villesde France (AMGVF) ont réaffirmé leur volonté de mettre un termeà l’enchevêtrement des compétences entre communes, départe-ments et régions. Ils souhaitent également limiter à deux le nom-bre de collectivités pouvant intervenir sur chaque projet et défen-dent le respect de la clause de compétence générale pour les com-munes. Enfin, ils se disent favorables à la mise enœuvre d’une col-lectivité urbaine unique, à l’horizon 2020, composée des munici-palités et de leur intercommunalité, autour des villes de plus de100 000 habitants.

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VIE DU PARTI � Secteurs

SOS, filière automobileen danger

Pourquoi qualifiez-vous « d’hémiplégiques »les mesures sarkozystes pour l’automobile ?Le gouvernement réduit les besoins de lafilière aux exigences des grands groupes, deleurs dirigeants et des actionnaires. Il oublieen chemin les vraies victimes de la crise : lessalariés en chômage partiel, licenciés oumenacés de l'être ; les PME-PMI de la sous-traitance, exsangues, faute de commandeset de trésorerie ; les consommateurs qui nepeuvent acheter les véhicules, faute de pou-voir d'achat et de crédit accessible.D’autre part, il fait preuve à l'égard desconstructeurs de la même faiblesse coupablequ’à l'égard des banques que l’État recapita-lise : il libelle des chèques de plusieurs mil-liards d'euros sans la moindre contrepartie.

Comment est-il possible de répondre à l’ur-gence économique et sociale ?En répondant aux attentes de la filière. Endirection des salariés, nous proposons lamise en œuvre, sur 18 mois, d’un système dechômage partiel prolongé de 800 heures,ainsi que la soumission de cette prolonga-tion à un avis conforme du comité d’entre-prise. Pour les travailleurs dont le poste estsupprimé pour motif économique, nousdemandons la généralisation du contrat detransition professionnelle à l’ensemble duterritoire, pour une durée de deux ans et àhauteur de 80 % du salaire. Dans de nom-breux cas, le recours à des mesures de prére-traite en lien avec la pénibilité s’impose.

En direction du tissu d'équipementiers,fournisseurs et distributeurs, l’État doitaccorder des facilités de trésorerie, pro-céder à un moratoire sur les dettes fis-cales et sociales dans le cadre d’uneconvention avec la puissance publique,ainsi qu'une modulation de la fiscalitépour les donneurs d’ordre qui ne respec-tent pas les délais de paiement à l’égarddes PME.Enfin, l'État doit contraindre les banquesà répercuter la baisse des taux pour le cré-dit à l'investissement pour la recherche etl'innovation et auprès des filiales de cré-dit des constructeurs, afin de faciliter l'ob-tention de prêt pour les particuliers. Nousplaidons aussi pour un renforcement dudroit à l'information des consommateurs.

Quelles contreparties faut-il exiger desconstructeurs en échange des aides d'État ?Elles doivent être fortes, précises et évalua-bles dans le temps : maintien de la produc-tion en France – avec retour sur les chaînesfrançaises de la fabrication d'un petit modèleéconomique et écologique –, moratoire surles suppressions de postes,maintien des bud-gets R&D (recherche et développement), res-pect des délais de paiement envers les sous-traitants, baisse du crédit en direction desclients, non affectation de l'argent public à larémunération des dirigeants et actionnaires.

Propos recueillis parBruno Tranchant

Guillaume Bachelay, secrétaire national à l’industrie, aux entrepriseset aux nouvelles technologies, décline le plan de relance présentépar Martine Aubry au secteur si durement frappé de l’automobile.

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L’HEBDO DES SOCIALISTES �31 JANVIER 2009

Culture � À LIRE,À VOIR

Une autre Europeest possible

O ser la démocratie avecla gauche, en Europe. Àl’heure où le capita-

lisme financier marque claire-ment ses limites, voici unouvrage qui apportera un peud’espoir à ceux qui sontconvaincus – et ils sont nom-breux – que la sacro-saintecoalition des conservateurs etdes néolibéraux ferme laporte à l’espérance d’uneUnion nouvelle.Une alliance progressive etmoderne s’avère nécessaire,voire indispensable, pourasseoir les bases d’un projetstructurant pour construire lesbases d’ungouvernement euro-péen responsable, doté d’unParlement reconnu, d’une sou-veraineté et d’une citoyenneténouvelles. Ce, afin de favoriserl’émergence d’une alliance pro-gressiste et moderne que

Stefan Collignon et ChristianPaul appellent de leurs vœux.

B.T.Stefan Collignon, Christian Paul, Pourla République européenne,Odile Jacob,2008, 296 pages, 26,50 euros.

À l’écoledu changement

L a société se transforme.L’école aussi. La mondiali-sation et les nouvelles

technologies ont bouleversénotre quotidien. Un simple clicdonne accès à une masseconsidérable d’informations.Mais qui dit génération vir-tuelle, dit communication nou-velle. «L’école reste un lieu derésistance au cœur d’unesociétémouvante», écrivent lesauteurs de Nouveaux profs… Lenouveauprof doit affronter desélèves zappeurs dont l’atten-tion diminue et qu’il faut sanscesse surprendre. Les ensei-gnants doivent s’adapter au

rythmed’une diversité efferves-cente. L’école doit apprendre às’ouvrir sur lemonde. Face à cesmutations, les professeurs sesentent souvent perdus, isolés.L’interdisciplinarité n’est-ellepas la réponse, le compagnon-nage des profs, la voie à suivre?Un essai original et intelligentsur l’école contemporaine. C.C.Maryline Baumard, Les NouveauxProfs, L’école change, eux aussi, ArteÉditions, 2009, 180 pages, 18 euros,livre + cd .

Jeux de l’amour

E t nos amoursFaut-il qu'il m'ensouvienne

La joie venait toujours aprèsla peineVienne la nuit sonne l'heureLes jours s'en vont je demeure(…/…) »Sean James Rose emprunte auxversd’Apollinairepour le titredeson très beau premier roman,Etnos amours. Parmi ces amours

LIVRES

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pourrait figurer celui que vouel’auteur à la langue française,qu’il manie avec volupté.Mais il s’agit avant tout de l’his-toire de vieux adolescents quiaborderont bientôt les rives dela quarantaine, qui doutent dela possibilité de donner un sensà l’existence et s’épuisent à larecherche de l’amour. Dans l’or-dre aléatoire de la mémoire dunarrateur, les vies de Pierre,Martin, Hannah et Hélène s’en-chevêtrent au rythme de leurscorps. «C’est elle qu’il portemais c’est lui qui plane,elle lui apardonné son retard commeelle lui pardonne tous sesdéfauts.Martin s’en tire bien. Ilsfont l’amour un peu, souvent,passionnément comme un jourils ne feront plus l’amour,commeun jour ils se quitteront.Un jour, pas ce jour. »Passions fragiles, destins pré-caires, illusions à la dérive, Etnos amours dessine le portraitintimiste d’une génération flot-tante pour qui la crise est un

état permanent, presque unélément d’identité.

T.C.Sean James Rose, Et nos amours,Denoël, 262 pages, 17 euros.

Récit d’un survivant

Publié pour la premièrefois, ce texte est untémoignage unique. Le

récit, d’un survivant qui a passéprès d’un an dans l’enfer deTreblinka, camp d’extermina-

tion nazi. La guerre n’est pasencore finie quand ChilRajchman, Polonais de 28 ans,écrit dans l’urgence l’horreurqu’il a vécue. Pas de commen-taire ou presque mais les faitsbruts, restitués dans toute leurbarbarie : les femmes nues queles SS s’amusent à faire atten-dre dans la neige avant des lesconduire dans les chambres àgaz, les coups de fouet quipleuvent sur les prisonniersplus morts que vifs qui doiventfaire disparaître les cadavres etsurtout la terrifiante rationali-sation de ce massacre demasse. Chil Rajchman fait par-tie des rares déportés qui sontparvenus à s’évader après lesoulèvement du camp, le2août 1943. Après la guerre, ilpart vivre en Uruguay où ilmeurt en 2004. Un écrit aussiessentiel que ceux de PrimoLevi ou ElieWiesel. E.P.Chil Rajchman, Je suis le dernier Juif,Treblinka (1942-1943), Les arènes,152pages, 14,80 euros.

À LIRE,À VOIR � Culture

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L’info illustrée

Une exposition réjouissante et enrichissante ! Articulée autour decinq thèmes dont la liberté d’expression, l’avenir de la planèteou encore la tolérance liée aux pratiques culturelles et reli-

gieuses, cette expo fait le tour du monde du dessin de presse. Plantupour la France, Ali Dilem pour l’Algérie, Gado pour le Kenya, GiorgioForattini pour l’Italie ou encore Kichka pour Israël, une kyrielle de dessi-nateurs sont rassemblés autour des principes de paix et de tolérance.Leur regard singulier sur l’actualité nous informe toujours, nous fait rire souvent… Une autre façonde traiter des faits pour mieux nous interpeller. Avec l’espoir d’esquisser un monde meilleur. C.C.Permis de croquer, un tour dumonde du dessin de presse,Bibliothèque historique de la ville de Paris, 22 ruemalher Paris IVe,du 6 décembre au 8mars 2009, 4 euros tarif plein (2 euros tarif réduit).

Pages réalisées par Thomas Colognac, Chloé Costes, Elisabeth Philippe et Bruno Tranchant

EXPOSITION

D.R.

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Communication de crise!

Face à la crise, pas de demi-mesure,en politique comme en communication !Le Parti socialiste se met en quatre pouroffrir aux militants tout le matérielnécessaire pour faire connaître notrecontre-plan de relance. Tracts, affiches,diaporama animé, notes de synthèse…retrouvez dans vos sections etfédérations tout ce dont vous aurezbesoin pour mener une campagneintensive etcréative.

Tout au long du mois defévrier rendez-vous surwww.agirvraimentcontrelacrise.fr pourconnaître les 1 000 initiatives mises en place parles socialistes pour populariser les mesures.Faites d’ailleurs remonter vos propres initiativeset compte rendus pour enrichir ce site.

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