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La Défense Courbevoie, Puteaux, Nanterre «Quand on avait vingt ans, autour de 1925, on a entendu parler des gratte-ciel. Pour nous, ils symbolisaient cette prospérité fabuleuse de l’Amérique. On les a découverts avec amuse- ment dans les films. Ils étaient l’architecture du futur, exactement comme le cinéma était l’art du futur et comme le jazz était la musique du futur.» Jean-Paul Sartre, New York, 1946. L a volonté d’aménager un axe du Louvre à la porte Maillot apparaît dès le XVII ème siècle. Le pont en pierre de Neuilly, construit en 1772, est orienté dans l’axe de la perspective des Champs-Elysées qui avait été tracée par Le Nôtre en 1664. Ce sont les débuts de ce qu’on appellera plus tard « l’axe historique ». En 1912, la voie reliant le pont à la place de l’Étoile, dite voie impériale sous Napoléon, est rebaptisée du nom républicain de voie triomphale. En 1931, un concours est lancé par la ville de Paris pour son aménagement et son embellissement. L’architecte André Granet, mais d’autres aussi, proposent d’y aménager une avenue de tours. L’esprit de La Défense est déjà présent. Pourtant, en 1950, la Défense n’est encore qu’un terrain de pavillons vétustes et d’industries en ruine, abandonnées en prévision de l’aménagement de Paris. Le ministre de la Reconstruction de l’époque, Claudius-Petit, engage pour les premières études d’aménagement trois architectes Grands Prix de Rome : Robert Camelot, Bernard Zehrfuss et Jean de Mailly. Les premières esquisses voient le jour, ordonnant la ville nouvelle de part et d’autre de cet inéluctable axe. Un an plus tard, le département de la Seine accepte que le quartier soit choisi comme centre d’affaires. En 1958, l’Établissement Public d’Aménagement de la Défense (epad)est créé. Il doit inventer ce nou- veau quartier, financer les infrastructures, acquérir les terrains, exproprier et reloger. C’est un véritable tournant pour le site, dont les limites sont désormais dessinées. Il s’agit d’une tranche de territoire prise dans la boucle de la Seine à l’ouest de Paris, couvrant 750 hectares pris sur les communes de Courbevoie, Puteaux et Nanterre. Ce pan de territoire est découpé en quatre zones aménageables (le quartier d’affaires, le quartier du parc, les quartiers d’opérations de relogement et les logements antérieurs). Le quartier d’affaires est celui que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « La Défense », il s’étend, au débou- ché du pont de Neuilly, sur un territoire en forme de poire d’une superficie de 190 hectares. Dès les années 1960, fait jour le premier plan d’aménagement d’ensemble de La Défense. Établi par les architectes Auzelle, Herbe, Camelot, de Mailly et Zehrfuss, ce premier plan-masse comporte trois ordres de bâtiments : des tours de bureaux de dimen- sions identiques (42 m x 24 m et 100 m de haut) ; des immeubles d’habitation formant de grandes cours • 1958-2015 La Défense, ou l’histoire d’un axe © Laurent Blossier, epad-epgd La Défense, 1958-2015 • Art, architecture et urbanisme • Document de synthèse pédagogique • septembre 2009 1

HISTOIRE DE LA DEFENSE

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Descriptif à l'usage du prochain projet de design d'espace des manaa de Vauréal.

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Page 1: HISTOIRE DE LA DEFENSE

La DéfenseCourbevoie, Puteaux, Nanterre

« Quand on avait vingt

ans, autour de 1925, on

a entendu parler des

gratte-ciel. Pour nous,

ils symbolisaient cette

prospérité fabuleuse de

l’Amérique. On les a

découverts avec amuse-

ment dans les films. Ils

étaient l’architecture

du futur, exactement

comme le cinéma était

l’art du futur

et comme le jazz était

la musique du futur. »

Jean-Paul Sartre,

New York, 1946.

La volonté d’aménager un axe du Louvre à la porte Maillot apparaît dès le XVIIème siècle. Le pont en pierre de Neuilly, construit en 1772, est orienté dans l’axe de la perspective des Champs-Elysées qui avait été

tracée par Le Nôtre en 1664. Ce sont les débuts de ce qu’on appellera plus tard « l’axe historique ». En 1912, la voie reliant le pont à la place de l’Étoile, dite voie impériale sous Napoléon, est rebaptisée du nom républicain de voie triomphale. En 1931, un concours est lancé par la ville de Paris pour son aménagement et son embellissement. L’architecte André Granet, mais d’autres aussi, proposent d’y aménager une avenue de tours. L’esprit de La Défense est déjà présent.Pourtant, en 1950, la Défense n’est encore qu’un terrain de pavillons vétustes et d’industries en ruine, abandonnées en prévision de l’aménagement de Paris. Le ministre de la Reconstruction de l’époque, Claudius-Petit, engage pour les premières études d’aménagement trois architectes Grands Prix de Rome : Robert Camelot, Bernard Zehrfuss et Jean de Mailly. Les premières esquisses voient le jour,

ordonnant la ville nouvelle de part et d’autre de cet inéluctable axe. Un an plus tard, le département de la Seine accepte que le quartier soit choisi comme centre d’affaires.En 1958, l’Établissement Public d’Aménagement de la Défense (epad)est créé. Il doit inventer ce nou-veau quartier, financer les infrastructures, acquérir les terrains, exproprier et reloger. C’est un véritable tournant pour le site, dont les limites sont désormais dessinées. Il s’agit d’une tranche de territoire prise dans la boucle de la Seine à l’ouest de Paris, couvrant 750 hectares pris sur les communes de Courbevoie, Puteaux et Nanterre. Ce pan de territoire est découpé en quatre zones aménageables (le quartier d’affaires, le quartier du parc, les quartiers d’opérations de relogement et les logements antérieurs). Le quartier d’affaires est celui que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « La Défense », il s’étend, au débou-ché du pont de Neuilly, sur un territoire en forme de poire d’une superficie de 190 hectares.Dès les années 1960, fait jour le premier plan d’aménagement d’ensemble de La Défense. Établi par les architectes Auzelle, Herbe, Camelot, de Mailly et Zehrfuss, ce premier plan-masse comporte trois ordres de bâtiments : des tours de bureaux de dimen-sions identiques (42 m x 24 m et 100 m de haut) ; des immeubles d’habitation formant de grandes cours

• 1958-2015

La Défense, ou l’histoire d’un axe

© Laurent Blossier, epad-epgd

La Défense, 1958-2015 • Art, architecture et urbanisme • Document de synthèse pédagogique • septembre 2009

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Page 2: HISTOIRE DE LA DEFENSE

carrées (dits « immeubles à patio »), des équipe-ments dans des volumes bas. L’autoroute, les voies de desserte, les parcs de stationnement sont rejetés en périphérie, ou sous la fameuse «dalle» de La Défense.Cette volonté novatrice de créer un urbanisme sur dalle, prisée à l’époque parce qu’elle permet la sépa-ration des circulations des piétons (en surface) et des automobiles (en dessous), est largement influencée par Le Corbusier qui en avait déjà proposé le prin-cipe lors d’un concours pour l’aménagement de la porte Maillot en quartier d’affaires en 1926. Plateau artificiel légèrement incliné vers la Seine, la dalle, qu’on appelle aussi « parvis » ou « esplanade de La Défense » a une superficie de 40 hectares. L’epad, incapable pour des raisons juridiques de vendre des terrains dont les sous-sols sont bâtis, vend dès lors des « volumes d’air » à construire.Il faudra attendre 1969 pour voir naître le deuxième plan-masse. L’objectif est de doubler le programme de bureaux (passant de 860 000 m2 à 1 550 000 m2) afin d’assurer l’équilibre financier de l’opération. Il s’agit aussi de réaliser des tours plus importantes et de mieux répondre ainsi à la demande des grandes sociétés. Les logements passent au second plan.À partir de 1972, on convoque l’art dont on veut faire, à La Défense comme dans d’autres villes nou-velles, un élément de composition indispensable à la fabrication même de la ville, et à son âme. Le quartier doit d’ailleurs son nom à une statue de Louis Ernest Barrias, toujours visible sur le site, érigée en 1883 en hommage aux défenseurs de Paris lors de la guerre de 1870 contre la Prusse. L’art à La Défense est, le plus souvent, un art monumental qui, à l’échelle du quar-tier, répond aux hautes architectures.

Créé en 2000, l’Établissement Public d’Aménagement Seine Arche (epasa) est chargé d’aménager la partie de Nanterre située derrière la Grande Arche de La Défense. L’idée proposée dès lors est de poursuivre l’axe historique. Dix-sept jardins sont imaginés pour se succéder en pente douce des pieds de l’Arche à la Seine sur 3,5 km. Ces « terrasses de Nanterre », proposées par l’agence d’architectes et d’urbanistes TGT (Treu-ttel-Garcias-Treuttel), lauréates du concours d’amé-nagement, constituent l’élément fondateur du projet Seine Arche. Le périmètre de 320 hectares et la situa-tion géographique emblématique entre La Défense et la Seine, font de l’opération, l’un des projets phares sur le plan national. C’est autour de cette grande perspective paysagère que se construisent de nouveaux logements, des bureaux, et de nouvelles liaisons vers les quartiers, l’université, la préfecture et l’ancien centre. L’ensemble a pris place sur d’anciennes infrastructures routières qui cisaillaient la ville en différentes géogra-phies étanches. Le plan de réaménagement cherche, au contraire, à renouer des liens entre les quartiers pour une meilleure urbanité de la ville et enterre ainsi les infrastructures gigantesques. Le projet prévoit préci-sément la construction de 3 500 logements (10 000 habitants) - dont 35 à 40% de logements sociaux - et 10 000 emplois.Les premiers immeubles de bureaux ouvrent en 2006 près du RER Nanterre-Préfecture en même temps que, à l’autre extrémité de la composition, sur les bords de la Seine, le parc du chemin de l’île. La fin du chantier des « Jardins de l’Arche », correspondant à la

Vers un prolongement de l’axe au-delà de La Défense

Le cnit, vers 1960 © epad-epgd

Quelques hauteurs de

La Défense :

• Grande Arche (1989) : 110m

• Tour Nexity (1966, réha-

bilitée en 2003) : 109m

• Tour Ève (1975) : 109m

• Tour First (1974, rénovée

en 2012) : 159m, puis 225m

• Tour Areva (1974) : 184m

• Tour Cœur Défense (2001) : 15 m

• Tour EDF (2001) : 165m

• Tour Granite (2008) : 183m

• Future tour Phare : 300m

• Future tour Signal : 301m

Quelques hauteurs de

Paris :

• Notre-Dame (1163-1351) : 69m

• Arc de Triomphe de

l’Étoile (1836) : 49,54m

• Tour Eiffel (1889) : 320m

• Tour Montparnasse (1973) : 209m

La Défense, 1958-2015 • Art, architecture et urbanisme • Document de synthèse pédagogique • septembre 2009

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Page 3: HISTOIRE DE LA DEFENSE

La première génération naît en 1965 avec la tour No-bel. C’est la première tour de La Défense. À l’époque, toutes doivent s’en tenir à des gabarits identiques : une base de 42 m sur 24 m, une hauteur de 100 m et une surface de 30 000 m2.Mais dès les années 1970, une seconde génération fait son apparition. Les tours sont plus larges et plus hau-tes (200 m). Elles sont conçues autour d’un « noyau technique » en béton contenant les ascenseurs et les réseaux. Elles disposent de grands « plateaux paysa-gers » avec air conditionné et lumière artificielle étu-diée, très en vogue outre-Atlantique (ex. : tour Areva, Skidmore et associés arch., 1974).En 1977, l’entrepreneur Christian Pellerin saisit les besoins nouveaux de la société et propose aux entre-prises des immeubles à bureaux individuels, fenêtres qui s’ouvrent, coûts de gestion moins élevés. Ce sont les tours de troisième génération. Après la polémique médiatique occasionnée par les hauteurs des tours de 2ème génération, l’objectif est aussi de rendre les tours « invisibles » ; c’est l’époque des tours aux façades de verre réfléchissant (ex. : tour Total, architectes Saubot et Jullien, 1985). La quatrième génération voit le jour au cours des années 1990. On recherche alors l’originalité des formes et la flexibilité des structures pour libérer les possibilités d’aménagement intérieur. La tour Société Générale, construite en 1995 par les architectes Andrault et Parat, en est un exemple parlant : composée de deux bâtiments jumeaux aux angles biseautés à leur sommet, la position des couloirs intérieurs peut être modulée. La dernière génération en date est celle des années 2000. Elle donne naissance à des tours aux formes plus arrondies et plus élancées, voire... à une tour couchée (la future salle des marchés

première phase du projet des Terrasses, est prévu pour 2012.À partir du 1er janvier 2010, l’EPASA fusionnera offi-ciellement avec l’EPAD, dont les compétences concer-nent le territoire de La Défense. Cette institution sera dès lors l’Établissement public d’aménagement de la Défense Seine-Arche (EPADSA). Cette fusion s’inscrit dans le projet du Grand Paris. Des évolutions urbanistiques sont donc encore à venir.Le cnit en 1958, puis l’immeuble Esso en 1965 sont pionniers sur le site de La Défense. Projets novateurs, ils marquent tous deux les prémices d’une recherche de plus en plus fine et remarquable en matière de tech-niques de constructions. Mais, aujourd’hui, le symbole de La Défense dans le monde n’est plus le cnit, ni la tour esso (détruite en 1993); c’est la Grande Arche. En effet, dès le mois d’avril 1983 « le Cube » est à l’unanimité considéré par le jury du concours pour l’aménagement de la Tête Défense comme le projet le plus novateur et le plus juste. Le lauréat est un danois alors inconnu : Johan Otto von Spreckelsen. Elle compte parmi les monuments les plus visités de France.

Mais au-delà de ces grands repères architecturaux, dès la fin des années 1960, ce sont les tours qui frappent les esprits. On les distingue par génération en fonction de leurs évolutions architecturales. Chaque génération doit être plus innovante, plus technique, plus monu-mentale pour faire rayonner la puissance économique de la France dans le monde.

La Défense, une architecture exposée au monde

La Défense en quelques

chiffres :

• 3 millions de m2 de bureaux

• 1 500 entreprises

• 150 000 salariés

• 10 000 logements

• 20 000 habitants

• 2 600 chambres d’hôtel

• 210 000m2 de commerces

(dont 110 000m2 au centre

commercial des 4 Temps)

• 31 Ha de dalles et

cheminements piétons

(esplanade : 22 Ha)

• 11 Ha d’espaces verts

• 20 bassins

• 50 escaliers mécaniques

• 50 cafés et restaurants

• 60 sculptures d’art

contemporain

• Densité brute du quartier

d’affaires (estimation):

> jour : 1 000 salariés/Ha,

> nuit : 26 habitants/Ha

• Densité Hauts-de-Seine :

8 137 hab./km2 (81 hab/Ha)

• Densité Île-de-France :

927 hab/km2 (9 hab/Ha)

Le grand stabile rouge de Calder © Guignard, epad-epgd

La Défense, 1958-2015 • Art, architecture et urbanisme • Document de synthèse pédagogique • septembre 2009

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Page 4: HISTOIRE DE LA DEFENSE

Chronologie.Les prémices

• Début XVIIème siècle : prémices d’un projet de relation directe du Louvre

à Saint-Germain-en-Laye.

• 1664 à 1672 : Louis XIV, sur propsoition de Colbert, demande à Le Nôtre de

dessiner les jardins des Tuileries et le « Grand Cours » (futurs Champs-Élysées).

• 1753 : ouverture d’un concours d’architecture pour l’aménagement de

l’esplanade du Pont-Tournant (future place de la Concorde). Gabriel, directeur

de l’Académie, en qualité de Premier architecte du Roi, est chargé d’établir un

projet empruntant les meilleures idées émises par les concurrents.

• 1772 : inauguration du pont en pierre de Neuilly.

• 1777 : ouverture à la circulation d’une voie reliant le pont de Neuilly à la

place de la Demi-Lune (futur rond-point de La Défense).

• 1806 : pose, place de l’Étoile, de la première pierre de l’arc de Triomphe.

• 1836 : érection de l’Obélisque de Louxor place de la Concorde.

• 1836-1846 : transformation de la place de la Concorde et des Champs-Élysées

par l’architecte Hittorf.

• 1883 : inauguration, place de la Demi-Lune, de la statue de La Défense.

• 1887 : pétition, signée de Maupassant et Dumas fils, condamnant la

construction de la Tour Eiffel, « vertigineusement ridicule ».

• 1912 : le projet napoléonien de voie impériale (reliant l’Étoile au pont de

Neuilly) est repris sous le nom républicain de voie triomphale.

• 1926 : concours Rosenthal pour l’aménagement de la porte Maillot en

quartier d’affaires.

• 1931 : concours d’idées lancé par la ville de Paris, sous la direction de l’urbaniste

Henri Prost, pour l’aménagement et l’embellissement de la voie triomphale.

• 1934 : le plan Prost, premier véritable plan d’organisation et d’urbanisme de

la région parisienne, confirme le prolongement de la voie triomphale

jusqu’au cœur de la forêt de Saint-Germain.

• 1950 : désignation de Robert Camelot, Bernard Zehrfuss et Jean De Mailly

pour imaginer La Défense.

• 1951 : début des achats de terrains dans le périmètre de La Défense.

• 1956 : volonté novatrice de créer un urbanisme sur dalle.

La Défense

de la Société générale conçue par Ateliers 234, prévue pour 2012). La période se caractérise aussi par des tra-vaux de réhabilitation, restructuration, voire transfigu-ration de tours à peine vieille de 40 ans. Ce travail sur le passé est révélateur de l’imaginaire avant-gardiste qui, toujours, règne à La Défense. La tour First, dont le chantier de transformation est en cours (Kohn Peder-sen Fox Architects), en est sans doute un des meilleurs exemples. En 2012, elle qui sera dès lors l’une des plus haute d’Europe, aura totalement changé d’apparence.

En janvier 2009, une nouvelle gouvernance se met en place, aux côtés de l’epad, est créé l’epgd, établisse-ment public de gestion chargé de gérer et d’animer le quartier d’affaires. On cherche toujours à se surpasser à La Défense. L’epad et l’epasa ont souhaité dès 2007 réaliser une étude sur le projet urbain « de la Seine à la Seine » concernant - encore - ce fameux territoire allant en droite ligne du pont de Neuilly jusqu’à la Seine à Nanterre. L’agence d’architecture et d’urbanisme Dusapin-Leclercq a été mandatée en 2009 pour établir un plan directeur donnant les orientations urbanisti-ques, pour les 20 ans à venir, de ce territoire sur lequel devrait prévaloir - plus qu’avant - le souci de mélanger activités, logements et bureaux. Mais, le site verra aussi prochainement la naissance d’une nouvelle génération de tours. Prévues pour 2015, elles devront être plus hautes, plus impressionnantes pour convaincre - toujours ! - de la puissance économique de la France. L’objectif principal est d’atteindre une très haute qualité environnementale. Les futures tours Signal et Morphosis sont les parangons des prouesses techniques et écologiques à venir •

Des évolutions encore à venir

Le rond-point de La Défense à Puteaux (vers 1900 ?) © epad-epgd

La Défense, 1958-2015 • Art, architecture et urbanisme • Document de synthèse pédagogique • septembre 2009

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Page 5: HISTOIRE DE LA DEFENSE

Chronologie.La naissance de l’epad, un tournant pour La Défense• 1958 : création de l’Établissement public pour l’aménagement de La

Défense (epad). Inauguration du cnit.

• 1964 : adoption du 1er plan d’aménagement du quartier (ou 1er « plan masse »).

• 1965 : l’immeuble Esso, pionnier sur le site, marque les esprits.

1ère génération de tours inaugurée avec la tour Nobel.

• 1967 : construction d’équipements techniques (voiries, parkings et réseaux)

sur six niveaux en dessous de l’esplanade de La Défense.

• 1969 : création du 2ème plan-masse. 2ème génération de tours.

• 1970 : arrivée du rer à La Défense.

• 1972 : hostilité médiatique générale à l’égard des tours, visibles depuis l’Arc de

Triomphe. « L’Oiseau mécanique » inaugure une série de commandes d’art.

• 1973 : 1er choc pétrolier, gel de tous les grands projets.

• 1974 : le Président de la République interdit la construction de tours dans Paris.

• 1977 : plan de relance pour La Défense. 3ème génération de tours

• 1979 : 2ème choc pétrolier.

• 1981 : inauguration du centre commercial des 4 Temps.

• 1983 : choix définitif du projet Tête Défense : la Grande Arche de

l’architecte Johan Otto von Spreckelsen.

• 1987 : prolongement de la ligne 1 du métro vers La Défense.

• 1989 : bicentenaire de la Révolution française. Inauguration de la pyramide

du Louvre et de la Grande Arche.

• Années 1990 : période des tours de 4ème génération.

• 1990 : poursuite du grand axe au-delà de l’Arche annoncée par le gouvernement.

• 1993-1997 :La Défense fait face à une nouvelle crise importante. Les

constructions s’essoufflent.

• 2001 : relance marquante. Tours de 5ème génération. Rénovation des tours

de premières générations.

• 07/2006 : adoption du Plan de renouveau de La Défense.

• 2009 : les architectes-urbanistes Dusapin-Leclercq sont mandatés pour

établir un plan d’orientation urbaine pour les 20 prochaines années.

• 2015 : une nouvelle génération de tours est attendue.

Chronologie.De la Défense à la Seine

• 2000 : création de l’Établissement public d’Aménagement Seine Arche

(epasa) qui, en opérant sur le territoire compris entre La Défense et la

Seine à Nanterre, prolongera l’axe historique des Tuileries.

• 2001 : création du périmètre de l’opération Seine-Arche, classée opération

d’intérêt national.

• 2002 : l’équipe d’architectes-urbanistes Treuttel-Garcias-Treuttel (TGT)

est nommée lauréate du concours d’aménagement d’ensemble du périmètre

avec le projet des « Terrasses de Nanterre ».

• 2003 : adoption du Plan local d’urbanisme de la commune de Nanterre

intégrant le projet des Terrasses.

• 2006 : livraison des premiers immeubles le long des Terrasses 14, 15, 16

(quartier du RER Nanterre Préfecture).

• 2007 : livraison des premières Terrasses, numérotées 14 à 17.

• 2010 : fusion de l’établissement public Seine-Arche avec l’EPAD pour

devenir Établissement public d’aménagement de la Défense Seine-Arche

(epadsa).

• 2012 : achèvement du chantier des « Jardins de l’Arche » (1er périmètre de

construction incluant les Terrasses 12 à 17).

Portrait.

Camelot,Zehrfuss & De Mailly

Suite à leur participation au

concours pour le réaménagement

de la porte Maillot (1926),

Bernard Zehrfuss (1911-1996),

Robert Camelot (1903-1992) et

Jean De Mailly sont chargés en

août 1950 par le ministère de

la Reconstruction et de l’Ur-

banisme de concevoir un plan

d’aménagement du secteur de

La Défense. La collaboration

entre ces trois architectes

titulaires du Grand Prix de

Rome sera intimement liée

à l’élaboration du nouveau

quartier de La Défense.

Concepteurs en 1958 du cnit,

leur plan d’aménagement est

finalement accepté en 1964 par

l’epad, créé entre temps par

l’État en 1958. Individuelle-

ment ou associés à d’autres,

ils participent par la suite

à l’émergence de quelques bâ-

timents dans le quartier comme

la tour Nobel (ou Nexity) de

De Mailly et Depussé, ou la

résidence Lorraine de Camelot

et Finelli•

La Défense vue depuis la tour Eiffel © Laurent Blossier, epad-epgd

La Défense, 1958-2015 • Art, architecture et urbanisme • Document de synthèse pédagogique • septembre 2009

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Page 6: HISTOIRE DE LA DEFENSE

Le CNIT, 1958(Centre des nouvelles industries et technologies, an-cien Centre national des industries et techniques)

« La fabuleuse aventure avait commencé par une technique inimaginable, celle de franchir la plus grande portée mondiale d’une voûte. »

Bernard Zehrfuss in Vie d’architecte, tapuscrit autobiographique.

Premier bâtiment construit sur le site de La Défen-se, le cnit, créé par le président du syndicat des

constructeurs français de machines-outils Emmanuel Pouvreau, était destiné à exposer les innovations de l’industrie française.Il a été conçu par les architectes Robert Camelot, Jean de Mailly et Bernard Zehrfuss (plus tard auteurs du premier plan d’aménagement de La Défense. Voir « Portrait ») et par l’ingénieur Nicolas Esquillan. Cette voûte en béton de cinquante mètres de haut a une portée de 220 mètres. Elle repose en trois points seulement, sur les angles d’un triangle équilatéral de 218 mètres de côté. Elle pourrait recouvrir la place de la Concorde à Paris. Les façades légères en panneaux de verre mobiles sont imaginées par Jean Prouvé. La construction de cette voûte autoportante commencée en mai 1956 dure dix-sept mois, elle est inaugurée par Charles-de-Gaulle le 12 septembre 1958. Elle consti-tue une telle prouesse technique et constructive, elle dégage une telle force expressive, qu’André Malraux la qualifiera de « cathédrale des temps modernes ». Depuis, à deux reprises, le cnit a fait l’objet de rénovations importantes. En 1989, sous la direction de l’architecte Michel Andrault, puis en 2008, cinquante ans après sa construction, où Unibail-Rodamco, son

actuel propriétaire, confie au cabinet Cuno Brull-mann et Jean-Luc Crochon + associés un nouveau et vaste projet de réorganisation (nouvelle liaison RER, création de patios sur parvis, restructuration des salles de congrès et d’exposition, des bureaux et commerces). (Photo page 2) •

La Grande Arche, 1989

Inaugurée le 14 Juillet 1989, jour du bicentenaire de la Révolution française, la Grande Arche fait

partie des « grands travaux » qui avaient été voulus par le président Mitterrand après son élection. Elle est née d’un concours international lancé en 1982 en vue de l’implantation à la Tête Défense, dans l’axe du Louvre, de la Concorde et de l’Arc de triomphe, d’un monument supposé alors abriter le carrefour de la communication. 424 architectes du monde entier avaient répondu parmi lesquels, inconnu, le danois Johan Otto Von Spreckelsen qui, avec ce cube évidé dont la clarté et la force symbolique avaient séduit l’homme d’État, est lauréat de la compétition. Légè-rement désaxé par rapport à l’axe historique, le cube répond symétriquement au décalage de la cour carrée du Louvre, point de départ de cette voie reliant le Louvre (résidence des rois de France avant Versailles) jusqu’au château de Saint-Germain-en-Laye. Il disait de son projet : « C’est un “arc de triomphe” moderne, à la gloire de l’humanité. C’est un symbole de l’espoir que, dans le futur, les hommes pourront se rencontrer librement ». Il conduira le projet en association avec l’architecte des aéroports de Paris, Paul Andreu.La Grande Arche, qui compte 35 étages, repose sur 12 piliers s’enfonçant jusqu’à 30 mètres dans le sol qui supportent les 300 000 tonnes du bâtiment. Avec des arêtes de 112 mètres, c’est une mégastructure de béton conçue de telle sorte que les forces auxquelles elle est soumise (son propre poids, le vent, etc) se répartis-sent dans toutes les directions ; tel un dé, la Grande Arche pourrait reposer sur n’importe laquelle de ses faces. Les poutres en béton précontraint de 70 m qui supportent le toit (dont la superficie est d’un hectare) ont été coulées à 110m de haut, avec une précision de l’ordre du millimètre. Leur fabrication a nécessité l’in-vention d’un béton spécialement résistant à base de fumée de silice. Malgré le décès de l’architecte en 1987 et la complexité du chantier (le sous-sol de l’Arche est encombré de routes et de voies ferrées ; la bâtir est un défi technique), sa construction n’a duré que quatre ans. Elle abrite aujourd’hui le ministère de l’éco-logie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire et des entreprises privées (87 000 m2 de bureaux) et leurs 2 000 employés. Son toit accueille des expositions, un restaurant, un musée de l’informatique et, depuis la terrasse, libère un pano-rama sur la ville de Paris et l’axe historique fondateur. Identique vue de l’ouest comme de l’est, la Grande Arche a pesé lourd dans la décision prise au tournant des années 2000 de poursuivre l’aménagement de cet axe inéluctable, à Nanterre, jusqu’à la Seine. Déjà, en 1983, Spreckelsen écrivait de manière prémonitoire dans la présentation de son projet : « C’est un cube ouvert, une fenêtre sur le monde, comme un point d’orgue provisoire sur l’avenue, avec un regard sur l’avenir. » •

La Grande Arche © Johan Otto Von Spreckelsen / epad-epgd

La Défense, 1958-2015 • Art, architecture et urbanisme • Document de synthèse pédagogique • septembre 2009

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Architectures de La Défense

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La tour First (ancienne tour UAP), 1974 & 2011

La tour First (ancienne tour UAP, dite aussi CB31) a été réalisée en 1974 par l’architecte Pierre Dufau

et ses associés Jean-Pierre Dacbert et Michel Stenzel pour le compte de l’UAP qui avait décidé d’y ras-sembler les salariés des trois compagnies d’assurance dont la fusion venait de donner naissance au groupe. Haute de 159 m, elle a en plan la forme d’une étoile à trois branches. Symbolisant le rassemblement des trois compagnies, le dispositif en étoile permettait aussi aux architectes de faire pénétrer la lumière profondément à l’intérieur de la tour. Depuis décembre 2006, elle fait l’objet d’une rénovation très lourde conçue par l’agence britanique Kohn Pedersen Fox Architects avec le cabinet d’ingénierie RFR et les architectes Saubot Rouit et associés. Leur projet, s’il conserve le plan en étoile, transfigure littéralement l’édifice dont la surélévation de l’une des branches et l’affaissement des deux autres permettront d’élancer cette ancienne tour tripode en lui imprimant une forme torsadée dont la flèche culminera à 225m. First deviendra alors (pour un temps) la tour la plus haute du quartier de La Défense, et l’une des premières tours françaises de haute qualité environnementale. Cette mue spectacu-laire a exigé de l’entreprise la mise au point de métho-des de construction tout à fait inédites tel un coffrage suspendu à quatre treuils permettant par exemple la réalisation, exécutée de haut en bas, de l’élargissement de la tour (+1,50m gagné par plateau sur toute la périphérie de l’édifice, permettant de créer 7 000 m2 de plancher supplémentaires). Les travaux de curage

(consistant à vider le bâtiment de tout élément non structurel), achevés en 2007, ont précédé la dépose des façades puis le remaniement de la structure de l’édifice (restructuration du noyau central destinée à renforcer le contreventement de la tour et destruction partielle des structures horizontales). Avec 83 000 m2 de bureaux (contre 68 000 m2 avant), l’hélicoïde, qui aura fait basculer la tour originelle dans la génération des tours du plan de renouveau de 2006, viendra modifier le skyline de La Défense en 2011 •

La tour EDF, 2001

Après avoir marqué le paysage parisien de la pyramide de verre du Louvre, l’architecte sino-

américain Ieoh Ming Peï pose en 2001 son empreinte sur le quartier de La Défense (un quartier sur lequel déjà, en 1972, il s’était penché une première fois en répondant à une consultation pour l’aménagement de la Tête Défense avec deux volumes symétriques reliés par une parabole formant porte ouverte sur le ciel). Réalisée en collaboration avec l’agence Cobb Freed et Partners, cette tour de bureaux, en plan, a la forme d’une lentille. Elle mesure 165 mètres de haut (40 niveaux au-dessus de l’esplanade + 5 niveaux en infrastructure) et développe une surface totale de 85 000 m2. Plus 3000 employés y travaillent. La forme étirée de son plan, dont la longueur moyenne est de 70 mètres et la largeur maximale de 32 mètres, permet un éclairage optimum des intérieurs, loin de l’éclairage en « deuxième jour », voire entièrement artificiel des tours des générations précédentes. Implantée en premier plan sur l’esplanade, face aux tours de Cœur Défense construites à la même période, elle se distin-

Future tour First (tour uap après rénovation) © Kohn Pedersen Fox architects / epad-epgd

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Tour edf © Philippe Guignard, epad-epgd

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gue par une extrusion conique qui, sur les 26 premiers étages, vient creuser la façade et marquer l’accès princi-pal du bâtiment. La tour est ainsi plus longue à son sommet qu’à sa base Cette fente élégante a la même hauteur que le cœur évidé de la Grande Arche. À ses pieds, l’entrée de la tour est surmontée d’un auvent circulaire de 24 mètres de diamètre •

La tour Phare

La tour Phare, qui devrait atteindre les 300 mètres de haut (quand la hauteur moyenne sur le quartier

s’établit entre 150 et 200 m) fait partie, avec les tours Generali (Valode et Pistre arch.), Signal ( Jean Nouvel arch.) et Hermitage (Norman Foster arch.), des quatre plus grandes tours appelées à concrétiser le plan de renouveau du quartier de La Défense acté en 2006. Un renouveau guidé par le diagnostic d’obsolescence des tours des années 1970, destiné à améliorer les conditions de vie dans le quartier mais aussi, dans la compétition à laquelle se livrent les métropoles du monde, destiné à rattraper le retard cumulé par Paris sur sa concurrente directe, Londres, en matière d’offre de bureaux haut de gamme. Organisé par Unibail, le concours international d’architectes pour une tour de bureaux monumentale située entre le cnit et la Gran-de Arche, la tour Phare, avait suscité de nombreuses réponses. Dix équipes de renom international avaient été retenues pour la phase finale du concours dont l’agence Morphosis, de l’américain Thom Mayne, était déclarée lauréate en novembre 2006. Sa tour, dont la livraison a été retardée en raison de la crise actuelle, était initialement prévue pour 2012. Elle sera dotée de deux escalators monumentaux qui permettront d’ac-

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Futures tour Phare (à gauche © Morphosis, Thom Mayne / epad-epgd) et Tour Signal (à droite © Ateliers Jean Nouvel / epad-epgd)

céder directement à 30 mètres de haut. Spectaculaire, elle est composée de deux bâtiments enlacés dont les lignes courbes lui donnent une silhouette organique et fluide. Énergétiquement performante, sa structure métallique est habillée, au nord, d’une simple peau de verre pour favoriser la pénétration de la lumière natu-relle et, sur les autres orientations, d’une double peau filtrante et protectrice. Des éoliennes installées en toiture alimenteront le bâtiment en air frais pendant cinq mois de l’année •

La tour Signal

L’architecte Jean Nouvel, à qui Paris doit notam-ment le musée du quai Branly, lauréat du Pritzker

Price en 2008, a remporté la même année le concours international pour la réalisation de la tour Signal (sym-bole majeur du plan de renouveau du quartier acté en 2006) . Mixité des fonctions et haute qualité environ-nementale étaient les deux exigences principales du maître d’ouvrage de ce nouvel igh*, l’epad. Située au sud-ouest de la Grande Arche, haute de 301 mètres, elle devrait développer une surface de 140 000 m2. Sa géométrie est élémentaire : un rectangle, qui s’élève régulièrement, divisé en quatre blocs superposés. Cha-que bloc est creusé d’une gigantesque loggia intérieure haute de 12 étages, ouvrant la vue sur l’extérieur. Cha-cune, assimilée par l’architecte à une place publique suspendue, affleure en façade avec sa propre couleur. La tour Signal (initialement prévue pour 2015) sera un des premiers exemples de tour mixte réalisée en France avec quatre programmes principaux : des com-merces, des bureaux, un hôtel et des logements de très haut standing •

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Autresarchitectures remarquablesLa tour Nexity RTE (ancienne tour Nobel), 1ère tour de La Défen-se, 1965Issue de la première génération de tours, ce gratte-ciel aux angles arrondis est une commande de la Centrale de Dynamite aux architectes Jean De Mailly et Jacques Depussé. Livrée en 1966, la construction de la structure de cette tour de 32 étages ne dure que 13 mois. Son ossature métallique s’appuie sur un noyau central en béton qui abrite les circulations verticales (ascenseurs et escaliers). La façade est conçue par l’architec-te Jean Prouvé. La tour a été réhabilitée par les architectes Valode et Pistre en 2003 •

Tour Areva (ancienne tour Fiat)Issue de la deuxième génération de tours, la Tour Areva, d’abord baptisée Tour Fiat du nom de son maître d’ouvrage est construite en 1974. Conçue par les architectes amé-ricains de l’agence Skidmore et associés et par Roger Saubot et François Jullien, elle se

distingue par son volume simple, un gigantes-que parallélépipède, et sa couleur noire (elle est couverte de granit et équipée de fenêtres sombres). Du haut de ses 184 mètres, elle a été, pendant les onze ans qui ont suivi sa construction, la plus haute tour de La Dé-fense (la seconde tour de France) •

Immeuble d’habitation de 1ère génération, type immeuble à patioLes immeubles de logements construits dans la première période du quartier devaient respecter une forme imposée par le plan d’aménagement acté en 1964. De forme carrée, ils sont organisés autour d’un patio-jardin. Ils ne devaient pas dépasser la dizaine d’étages, et devaient être bâtis devant les tours afin de bénéficier du soleil. La résidence Bœldieu (1966), conçue par les architectes Gilbert et Rabaud, et la résidence Lorraine (1969), réalisée par Bernard Camelot, sont les premiers immeubles de ce genre •

La tour ÈveConstruite en 1974 par les architectes Hour-lier et Gury, c’est la seule tour du quartier à accueillir à la fois des bureaux (sur neuf étages) et des logements. C’est aussi l’une des deux seules tours d’habitation de La Défense, l’autre est celle appelée « Défense 2000 ». Haute de 109 mètres, elle compte 37 étages •

La Défense, 1958-2015 • Art, architecture et urbanisme • Document de synthèse pédagogique • septembre 2009septembre 2009

Les 4 tempsOuvert en 1981, le centre commercial des quatre temps était alors le plus grand com-plexe commercial européen. Il a été conçu par les architectes Lagneau, Weill et Dimitrijevic. Son ouverture a équipé La Défense d’un pôle d’animation commerciale à son échelle. Long de 450 mètres et d’une surface de 105 000 m2, ce centre étagé sur trois niveaux héberge 240 commerces autour de rues et de places marchandes qui bénéficient de la lumière naturelle, une innovation dans l’ar-chitecture des centres commerciaux d’alors. De 2002 à 2008, il a fait l’objet d’une rénovation conduite par Antony Belluschi et l’agence OWP&P architectes, et absorbé quelques bâtiments voisins pour agrandir sa surface, notamment la géode de l’ancienne cité de l’automobile qui a été transformée en un multiplex cinématographique •

La maison d’égliseNotre-Dame de PentecôteSituée sur l’esplanade, entre la coque blanche du cnit et la tour noire d’Areva, Notre-Da-me-de-Pentecôte est tapie, compacte, derrière un fronton de verre opalescent de 35 mètres de haut. C’est un parallélépipède de verre et de béton posé sur pilotis en surplomb des voies rapides. Conçue par l’architecte Franck Hammoutène, elle a ouvert ses portes en 2001. Sa première pierre, posée en 1998, la seule, est visible à côté du baptistère •

Centre commercial Les 4 temps © Unibail / epad-epgd

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Maison d’église Notre-Dame de Pentecôte © Philippe Guignard, epad-epgd

Vue aérienne sur les tours Areva (noire, à gauche) et Cœur-Défense (blanche, au centre) - Tour Nexity rte © Philippe Guignard, epad-epgd Tour Ève © Luc Bœgly, caue92

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Cœur DéfenseConçu par Jean-Paul Viguier et livré en 2001, Cœur Défense est implanté sur le site de l’ancien siège Esso. Elle est caractéristique des tours de cinquième génération, aux for-mes arrondies. C’est non pas une tour mais une composition formant un « H » dont les deux branches externes, reliées entre elles au centre, sont formées de deux tours décalées. À leurs pieds : trois bâtiments plus bas (de 8 étages). Hautes de 154 mètres au-dessus du parvis, les tours comptent chacune 40 ni-veaux. Le site compte au total 353 000 m2 de planchers construits. (Photo page 9) •

Pour aménager les espaces publics de La Défense, dès l’origine, l’epad (Établissement public pour l’aménagement de la région de La Défense) a compté sur des urbanistes, des ingénieurs, des paysagistes mais aussi sur des artistes. Témoin d’une volonté essentielle, l’établissement public avait fait le pari de trois des plus ambitieuses commandes de son histoire (voir ci-contre) lors de la difficile période du premier choc pétrolier. Constitué progressive-ment depuis 1972 avec l’installation inaugurale de « l’oiseau mécanique » du grec Philolaos (au pied de l’immeuble Vision), le parvis est devenu un musée en plein air. Les plus grands noms de l’art contemporain des années 1960 à 1990, tout comme les espoirs en vue, ont apporté leur contribution à l’aménagement du quartier des affaires dont les sculptures, statues, peintures, fresques, fontaines et vitraux sont absolument constitutifs. On compte parmi les réalisations les plus connues la fontaine Agam, les personnages de Miro, le Stabile de Calder, le pouce de César ou le bassin de Takis. D’autres, comme Moretti, ou l’architecte Édouard François, ont réalisé d’authentiques œuvres sur les hautes cheminées d’aération des sous-sols. Plus de 70 œuvres, souvent monumentales, réalisées à l’échelle du quartier, ont été installées grâce à cette politique ambitieuse et volonta-riste de l’epad qui, dans l’art d’inventer la ville nouvelle, a réservé une place privilégiée à l’art contemporain •

Le Stabile de CalderInstallée en 1976, suite à la politique d’in-tégration d’œuvres d’art mise en place par l’EPAD, « l’araignée rouge » devient l’une des œuvres d’arts les plus remarquables du quartier de La Défense. Alexander Calder, à la fois sculpteur et peintre, avait lui-même choisi l’emplacement de sa sculpture en acier. Pesant près de 75 tonnes, elle constitue, désormais, un hommage à son réalisateur dé-cédé l’année de sa création. (Photo page 3) •

Les personnages de MiroCe duo de personnages de 12 mètres de haut, mi-fantastiques mi familiers, de couleurs vives, marque l’entrée du centre commercial des 4 temps. Ces sculptures en résine de po-lyester ont été restaurées en 2007. Elles font face, tout en rondeur, aux arêtes des gratte-ciels. Créés et installés en 1976, les deux géants débonnaires semblent jaillis d’une légende mythologique •

La fontaine AgamInstallée en 1977, située au centre de l’es-planade, cette fontaine monumentale a été d’emblée voulue spectaculaire, à la dimension du quartier. C’est un parfait exemple d’art cinétique où formes et couleurs donnent l’illusion du mouvement même lorsque la fontaine est inactive •

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L’art à La DéfenseLes personnages de Miro © Guignard, epad-epgd

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LexiqueArchitecte

« L’architecte est celui qui, maître en l’art de bâtir, conçoit et anime les lieux où passe et séjourne l’homme. ». Cette définition, acceptée par l’Union inter-

nationale des architectes en 1947 à Amsterdam, est toujours d’actualité. La définition du Petit Robert nous indique que le mot architecte vient du grec arkhi,

élément (qui exprime le premier rang) et tektôn, ouvrier : « personne diplômée, capable de tracer le plan d’un édifice et d’en diriger l’exécution ».

Immeuble de Grande Hauteur (IGH)

Les immeubles sont répartis en familles d’après la façon dont est assurée la sécurité de leurs occupants. Au-delà de 50m de haut pour les immeubles à usage

d’habitation (18 étages), et au-delà de 28 mètres pour tous les autres immeubles, il s’agit d’IGH, aux normes plus drastiques.

Livraison

Action de remettre au maître d’ouvrage le bâtiment à son achèvement.

Maître d’œuvre

Personne ayant la responsabilité de la réalisation d’un bâtiment. Ce poste est souvent occupé par un architecte.

Maître d’ouvrage

Personne physique ou morale qui décide de faire construire l’ouvrage.

Plan

Dessin usuel d’architecture. Représentation graphique en projection horizontale des différentes parties d’un édifice ou d’une ville. Un plan peut-être réalisé à

différentes échelles, présentant plus ou moins de détails.

Plan-masse

Vue du dessus d’un édifice ou d’un quartier, faisant apparaître l’organisation d’ensemble.

Bibliographie généraleHistoire et histoires, EPAD, octobre 1991.

Le guide Architecture, EPAD, s.d.

Le guide œuvres d’art, EPAD, s.d..

Esplanade, le magazine de la nouvelle Défense.

Georges Weill (Dir.), La Perspective de La Défense dans l’art et l’histoire, Archives Départementales de Hauts-de-Seine, 1983.

La Défense, L’esprit et le temps, Le Cherche Midi, 2009.

Jacques Bosser, La tour signal, Un nouveau défi pour La Défense, éditions de La Martinière, 2008.

Michel Moritz (Coord.), 423 et 1 projets pour la Tête Défense, éditions Électa Moniteur, 1989.

Michel Moritz, Gueorgui Pinkhassov, Une promenade à La Défense, éditions J.C. Lattès, 1993.

Jean-Claude Béhar (Dir.), La Défense, l’avant garde en miroirs, autrement, 1992.

Seloua Luste Boulbina, Grands travaux à Paris, éditions La dispute, 2007.

Virginie Lefebvre, Paris-Ville Moderne Maine-Montparnasse et La Défense 1950-1975, éditions Norma, 2004.

Paris-La défense métropole européenne des affaires, éditions Le Moniteur, 1987.

Paul Andreu et Hubert Tonka , Une architecture de Johan Otto Von Spreckelsen, éditions Demi-Cercle, 1989.

Gérard de Senneville, La Défense: Expression des arts urbains du XXe siècle, Albin Michel, 1992.

Desmoulins Christine, Bernard Zerhfuss, éditions Infolio, 2008.

Marquès Ruth, Gauthiez Bernard, Archéologie d’un projet urbain : La Défense ou l’histoire d’un espace moderne, Paris: ENPC, 1985.

Films de fiction et documentaires (sélection)Le signe du Lion (1959), d’Éric Rohmer.

Playtime (1966), de Jacques Tati.

Buffet froid, 1979, de Bertrand Tavernier avec Gérard Depardieu, Bernard Blier, Jean Carmet.

Un Indien dans la Ville, 1994, de Hervé Palud.

L’ivresse du Pouvoir, 2006, Claude Chabrol.

C’est pas sorcier, La grande arche de la Défense, de Christophe Renon. France Télévision distribution, 2002.

Plus de films sur : http://www.defense-92.fr/lestournages.html

WebographieSite de l’Epad et l’Epgd : www.ladefense.fr

Le toit de la Grande Arche : www.grandearche.com

Site des établissement publics d’aménagement de La Défense et Seine Arche : www.ladefense-seine-arche.fr

Liste des bâtiments de La Défense : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_bâtiments_de_la_Défense

La tour Signal : www.tour-signal-ladefense.com

Sites sur les tours de Paris : www.paris-skyscrapers.fr/ - http://archisky.info/

& quelques architectes :

Ateliers 234 : http://www.a234.fr/

Dusapin et Leclercq : http://www.dusapin-leclercq.fr/

Kohn Pedersen Fox Architects : http://www.kpf.com/

Morphosis, Thom Mayne : http://www.morphosis.com/

Jean Nouvel : http://www.jeannouvel.com/

Ieoh Ming Peï : http://www.pcfandp.com/

Valode et Pistre : http://www.valode-et-pistre.com/

TGT, Treuttel, Garcias, Treuttel : http://www.tgtfp.com

Jean-Paul Viguier : http://www.viguier.com/

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Perspective sur l’axe historique & LaDéfense depuis l’Arc de Triomphe. Photo Laurent Blossier © epad-epgd

Document pédagogique de synthèse sur l’histoire, l’invention progressive et la fabrication du quartier de La Défense > art, architecture et urba-nisme.

Un document conçu grâce au soutien et à la complicité de l’Établissement public de ges-tion de La Défense (epgd) et du Toit de la Grande Arche, réalisé par le Conseil d’archi-tecture, d’urbanisme et de l’environnement des Hauts-de-Seine (caue 92), sous la direc-tion de Laure Waast, avec la collaboration ré-dactionnelle de Jaouida Zehou, Agathe Sana-nes et Élina Rassay. [septembre 2009]

www.caue92.comwww.ladefense.frwww.grandearche.com

La Défense

CAUE92>>>>>>>