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Histoire de la Franc-Maçonnerie by André CombesReview by: Jean-Pierre LaurantArchives de sciences sociales des religions, 44e Année, No. 108 (Oct. - Dec., 1999), p. 64Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127465 .

Accessed: 17/06/2014 20:26

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

l'enseignement mais abhorrant le sang, peuvent elles seules opdrer cette transaction.

A.C. utilise ddlibdrdment une lecture freu- dienne de ses sources. S'il convient qu'il ne faut pas abuser de ce type d'approche, il mon- tre qu'elle peut ici trouver sa place. Les textes bouddhiques ont en effet une cruditd lorsqu'ils parlent du corps, des d6sirs et des punitions, que la philologie traditionnelle a parfois ten- dance B noyer. Les discours sur le lait mater- nel, par exemple, donnent lieu i de vastes l61aborations assez imag6es. De m~me, les re- lations humaines mises en scene au travers des diff6rentes histoires-paraboles utilisdes par les sutras, sont gdn6ralement invraisemblables, violentes et psychotiques. La plus c61lbre de toutes, celle de Mulian, qui a fini par rassem- bler tous les themes autour de la relation pas- sionnelle et exclusive entre la miere et le fils, est elle-m~me pleine de crises et de rdactions pathologiques. La psychologie de la dette ma- ternelle est assez ambigui : elle s'impose en Chine comme une nouveaut6, mais elle s'adapte aussi i la morale confucdenne de la primaut6 des parents sur l'dpoux. Plus le fils est pieux en effet, plus il maltraite sa femme (quand il est mari6). La femme est done bonne ou mauvaise, selon qu'on est son mari ou son fils.

La grande qualitd du livre rdside dans son traitement du discours bouddhique comme une iddologie; l'6criture est assez enlev6e et les formules provocatrices font souvent mouche. 11 se place volontairement A contre-pied de la bouddhologie traditionnelle drudite. On peut donc lui reprocher aisdment d'aller vite en be- sogne, de faire des amalgames faciles: il est vrai que sa lecture des sources antiques sur la piete filiale (chap. 2) ou sur l'ethnologie con- temporaine de la famille chinoise sont assez lapidaires. On aurait pu aussi souhaiter, mais ce serait sans doute un autre livre, que l'A. itudie la rdpercussion de ce theme dans l'im- mrnense littdrature biographique et hagiographi- clue, concernant aussi bien les moines que les fiddles lai'cs, oii la relation fils-mbre apparait aussi comme un leitmotiv. II affirme dans son introduction avoir simplement voulu faire en sorte que l'on lise d6sormais moins beno"ite- ment les textes bouddhiques sur la famille; il y a sans doute r6ussi.

Vincent Goossaert.

108.32 COMBES (Andre).

Histoire de la Franc-Maqonnerie. (t. II), Mo- naco, Editions du Rocher, 1999, 429 p. (index).

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Ce second volume couvre la pdriode 1862- 1913, depuis l'Empire libdral, sous la Grande maitrise du mardchal Magnan jusqu'g la veille de la Grande Guerre : un d6coupage chronolo- gique correspondant i l'dvolution de la magon- nerie francaise qui s'efforga, tout au long du siicle de demeurer i l'avant-garde de la lai'ci- sation de la socidtd et, dans le domaine politi- que, de lutter, ardemment pour certains, pour I'6tablissement de la R6publique.

Cependant, I'affirmation puis le renforce- ment rigulier de ce courant de pensde g l'int6rieur de l'institution magonnique ne si- gnifiaient pas l'uniformisation et les prises de position qui se firent souvent avec hdsitation et toujours selon des proc6dures complexes qu'il est particulibrement dilicat mais int6res- sant de retracer. L'historien se trouve ainsi confront6 i une efflorescence qui timoigne de la vitalitd de l'ordre tout en 6garant trop sou- vent le chercheur. Le grand mdrite de ce tra- vail, d6ji evident dans le tome 1 (cf. Arch. no 106.16) est d'avoir ddmel1 les tendances, les appartenances et les stratdgies au moment des grandes crises traversdes par I'institution. Ces crises furent soit intdrieures, A l'occasion de choix d6cisifs comme l'abandon de la rdfd- rence obligatoire au Grand Architecte de l'Uni- vers, la revision des rituels << spiritualistes >> dont I'inspiration chr6tienne paraissait g~nante dans la nouvelle perspective a humaniste sicu- laris6e >, soit extdrieures. La Commune de Pa- ris, le boulangisme, I'affaire Dreyfus furent l'occasion pour la presse et la littirature polk- mique antimagonnique de d6noncer un complot de l'ordre. Ces crises mirent en fait les obd- diences souvent partagdes dans l'embarras. A.C. analyse avec beaucoup de pr6cision la di- versit6 des tendances au sein des loges qui ex- plique la difficultd des organismes dirigeants i choisir : la prudence, I'opportunisme mime fu- rent toujours de rigle, notamment i l'occasion du drame de la Commune. II dclaire tout par- ticulibrement le fonctionnement des circuits du pouvoir dans le monde magonnique et la com- plexit6 des rouages de la d6cision. L'analyse, centr6e sur le Grand Orient, est sans conces- sion, mettant en valeur la vitalit' de cette ma- gonnerie laicisante frangaise du XIXe sibcle, comme les intrigues, voire les mesquineries de certains de ses dirigeants; elle inclut la ma- gonnerie coloniale et les relations internationa- les.

Une telle justesse d'apprdciation suppose la parfaite connaissance des m6canismes de l'ins- titution.

Jean-Pierre Laurant.

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