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Histoire de Paris - Yvan Combeau

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Historia de Paris, Colección.

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  • QUE SAIS-JE ?

    Histoire de Paris

    YVAN COMBEAUDrofesseur des Universits en histoire

    contemporaine

    Huitime dition mise jour

    18e mille

  • Introduction

    aris, fille de la Seine et du roi, est,selon lexpression de Paul Valry, laville la plus complte qui soit aumonde . Complte ? Car il nen voitpoint o la diversit des occupations,des industries, des fonctions, desproduits et des ides soit plus riche etmle quici .

    En ce sens, tout au long de cet ouvrage,notre ambition premire a t demarquer les dimensions exceptionnelleset la place singulire de Paris sur plus

    P

  • de vingt et un sicles dhistoire. Notreligne directrice tait fixe : comprendrela construction de cette capitalepolitique, conomique, culturelle etsaisir la mesure de sa prminence danslhistoire de France. Dans les limites duprsent livre, il nous fallait oprer deschoix et adopter des angles danalyse.Selon les priodes tudies se sontimposs les thmes qui apparaissaientles plus significatifs, quil sagisse de lacroissance de la ville, de lorganisationde son espace ou du rle du pouvoir, dela capitale et de ses habitants dans la viepolitique franaise.

    En crivant les pages de cette courteHistoire de Paris, nous avons

  • continuellement gard lesprit ces versdu pote Pierre Harel-Darc : Quelleautre ville que Paris ?, quelle autre villeau monde en pourrait dire autant ?

  • Chapitre IGensedune cit

    I. Un site exceptionnelvoquer et comprendre lhistoire deParis, cest en tout premier lieureconnatre la place dterminante dunsite qui a t form entre lePalolithique et le Nolithique. lmentessentiel de ce site et de son unit : lefleuve de plusieurs kilomtres de largeurque constitue la Seine prhistorique. Lecours deau, lorigine 25 m au-dessusdu niveau de la mer, sest lentement

  • dplac du lit creus au pied descollines nord (Chaillot, Montmartre,Belleville) son trac actuel (est-ouest)avec le petit affluent la Bivre. En 1910,les fortes inondations parisiennes ontdailleurs fait rapparatre le bras nordinitial du fleuve.

    Paris a le privilge de natre au curdun carrefour, au milieu duneconvergence naturelle (Beaujeu-Garnier). La Seine est le centre dubassin. Au nord, sur la rive droitejusqu Montmartre, se trouve toutdabord une large zone de marcages (leMarais) ceinture par une chane decollines entre 70 et 130 m de hauteuravec deux troites valles (cols de

  • Monceau et de La Chapelle). JulesCsar voque un marais continu quise dverse dans le fleuve. Dans le fonddu lit du fleuve prhistorique, la boucledessine laisse merger de nombreusespetites les, premiers refuges despopulations : lle Louviers (runie larive droite en 1848), lle aux Vaches etlle Notre-Dame (rattaches ds lexviie sicle), lle de la Cit. Sur la rivegauche, la montagne Sainte-Geneviveest le plus haut point (65 m).

    Le sous-sol du bassin sdimentaire estdune grande richesse : argile, calcaire,sable et gypse. Autant de matriaux qui,avec les immenses forts entourant laville, sont la base de la construction de

  • la ville. Ds le Palolithique infrieur, ilest possible de parler dun habitatdispers (Montmartre, Grenelle) surle site de la future capitale. AuNolithique (IVe et IIIe millnaires av.J.-C.), le lieu est occup par unepopulation sdentaire (levage,agriculture). cette priode existentdj des changes. La Seine et sesaffluents jouent un rle moteur dans lacirculation des hommes et des produits.Indices de ces communications, ladcouverte dans le fleuve de hachesvenues de lEurope orientale.

    partir du milieu du iiie sicle avantJsus-Christ (entre 250-225), ge du fer,les Parisii, peuple celte qui va donner

  • son nom la ville, sinstallent sur llede la Cit. Sur cet oppidum (position dedfense), les Parisii fondent leurcapitale Lucoticia (Lutce). Un murdenceinte est bti au tout dbut du iiesicle. Des ponts remplacent le bac. Lesspcificits du site expliquentgrandement le rle et les activits de cespopulations, qui profitent des changessur laxe de circulation Mditerrane-les Britanniques et se livrent unimportant commerce sur la Seine. Lecommerce fluvial, mais aussi routier, lestaxes appliques aux changes lors despassages sur (et sous) les deux pontsrejoignant les deux rives sont loriginede la prosprit de Lutce. Les nautes(corporation des bateliers) occupent

  • dailleurs une position dominante dansla vie de lle. Les statres dor,monnaie frappe en grande quantit(lavers prsente un profil humain ; lerevers, un cheval), tmoignent delintensit de lactivit conomique dela ville. Les rcentes fouillesarchologiques sur le site nolithique(Bercy) confirment lexistencedchanges commerciaux.

    II. Du village gaulois la cit gallo-romaineEn dcidant (53 av. J.-C.) le transfert delAssemble des peuples gaulois

  • (probablement dans la plaine du Landit,entre Lutce et Saint-Denis), Csarrenforce la position gographiquestratgique de Lutce et lui confre unefonction religieuse. Un geste imprialqui ne peut tre dissoci de lchec deCsar dans sa tentative de dbarquementen Bretagne et de sa volont desoumettre les Carnutes et les Snons. Saprsence lors de la clture delAssemble souligne la symbolique desa dcision et limportance quil attache la fidlit des Parisii.

    Lanne 52 perturbe ce dessein. LesParisii rallient le chef arverneVercingtorix qui est la tte dusoulvement gaulois. La bataille de

  • Lutce rgle ce conflit. Ces combatsnous sont principalement connus par lelivre de Jules Csar (La Guerre desGaules). Un texte discutable, puisqueCsar na pas particip ces combats.Pour la premire fois dans lhistoirecrite, la ville des Parisii, situe surune le de la Seine , est voque. Alorsque Csar sengage contre les Arvernes,son lieutenant, Labienus, entreprend lareconqute de Lutce. Face seslgions, lAulerque Camulogneorganise la dfense de lle. Aprs savictoire Sens, Labienus lancehabilement son attaque travers lemarcage parisien. Lchec de cetteoffensive le conduit modifier sesplans. Les troupes romaines se dirigent

  • vers Melun o elles parviennent franchir le fleuve. Pris revers,Camulogne prend la dcision dedtruire les ponts et de mettre le feu lle de la Cit. Aprs un simulacre demanuvre nouveau vers Melun,Labienus parvient atteindre avec unepartie de son arme la rive gauche. Laphase finale de ces combats se drouledans la plaine de Grenelle.Affrontements des plus ingaux auregard du nombre de soldats de chaquecamp : la bataille de Lutce sachvedans un bain de sang. Camulogne meurt,la victoire est romaine.

    Rome a dsormais entre les mains uneville dtruite par les incendies, mais elle

  • a reconquis avec ce succs militaire uneposition cruciale dans la Gaulechevelue, et plus largement dans sonempire. Lorsque les Romains prennentpossession de Lutce, loppidumnexiste plus. La ville est reconstruire.Ds le dbut du ier sicle, le cadre estfix avec un quadrillage rgulier partirdes deux axes fondamentaux. Le cardo(nord-sud) est laxe principal. Il lie larive gauche et la rive droite (Grand-Pontet Petit-Pont) et correspond aux ruesSaint-Jacques de la cit Saint-Martin.Sur la rive gauche, un cardo secondairese situait lemplacement du boulevardSaint-Michel. Le decumanus (est-ouest)recoupe les rues Cujas, Soufflot et descoles. Ces routes larges de plusieurs

  • mtres et paves de larges dalles de grssont bordes de villas. Ds le Haut-Empire, paralllement laxe premierconstitu par le cardo, les Romainsconstruisent sur la rive droite uneseconde voie (actuelle rue Saint-Denis)conduisant vers Rouen. Sur cette mmerive, aprs le Grand-Pont, la route delEst (Saint-Antoine, Saint-Honor)conduit vers Melun. Ces voies ont unevocation essentiellement commerciale.Lle de la Cit maintient sa fonctionportuaire (port prs du Petit-Pont debois) et abrite le sige deladministration romaine.

    " Cest au dbut du iiie sicle queLutce atteignit son plus grand

  • dveloppement. Ctait alors une petiteville de ngociants qui faisaient uncommerce actif sur la Seine et lYonne,que parcouraient de Sens Lillebonneles barques de ses marchands. Elletait en relations avec les villesvoisines de Chartres, Rouen, Beauvais,Senlis, Melun et Orlans auxquellesconduisaient ces belles voies romainespresque indestructibles. (HenriLemoine.) "

    Le dveloppement des nouvellesconstructions se fait principalement surla rive gauche (environ 44 ha),davantage protge des crues. Danslesprit des Romains, la civilisation estfondamentalement urbaine. En haut de la

  • montagne Sainte-Genevive se trouve leForum dcouvert en 1860 par Th.Vacquer. Il se situe entre le boulevardSaint-Michel et la rue Saint-Jacques etcouvre donc sur sa longueur (prs de180 m) lactuelle rue Soufflot. Cebtiment avait une largeur de 100 m. Ilrunit un temple, une basilique civile etun portique intrieur o se placent desboutiques. Il regroupe les activitscommerciales et constitue le lieuprivilgi des rencontres et le centre dela vie administrative.

    Sur cette mme rive se situent aussi unthtre et des arnes. Les arnes sont enfait un somptueux thtre-amphithtre scne (36 tages de gradins) que les

  • fouilles entreprises la fin du xixesicle (1867) et le travail derestauration ont remis lhonneur danslespace parisien (situ rue Monge). Cesont plus de 10 000 spectateurs quipouvaient se runir dans cet hmicyclede gradins (un chiffre suprieur lapopulation parisienne). L se donnentles reprsentations thtrales, les jeuxdu cirque, les combats danimaux

    Parmi les lments caractristiques delurbanisation romaine, il faut voquerle rseau hydraulique mis en place partir des sources des bassins de Rungiset Wissous. Laqueduc qui amne ceseaux vers les thermes est long de 16 km.Le dbit tait de 2 000 m3 en une

  • journe. La cit possde trois thermes(rue Gay-Lussac, rue Saint-Jacques,Cluny). Les plus clbres, les thermesde Cluny, datent de la fin du iie sicle.Les dix annes de fouilles commencesen 1946 (sous la direction de Paul-Marie Duval) ont mis en valeur unmonument exceptionnel, tmoin du fasteet de la grandeur des travaux romains.Ces thermes stendent sur un peu plusde 6 000 m2. Les murs de lentre ontjusqu 2,50 m dpaisseur. La grandefaade nord souvre par 14 baies sur lefleuve. Ldifice comporte unfrigidarium (21 m sur 11, 14 m dehauteur). Les eaux de Cluny scoulentpar un gout jusqu la Seine. En dehorsde la ville se situent, comme le veut la

  • religion, les cimetires. Cest l unindicateur des limites de lespacehabit. Les fouilles de Vacquer ontpermis de dcouvrir, au Sud de Lutce,une grande ncropole romaine (ruePierre-Nicole). Une seconde ncropolea t localise prs de la placeBaudoyer.

    La Pax Romana est une priode fastepour la cit gallo-romaine o viventprs de 6 000 habitants. La ville est uncarrefour dchanges, bien relie par sesroutes vers Orlans, Senlis, Soissons,Reims, Rouen, Chartres Expressionde cette prosprit : ldification par lariche corporation des nautes du piliervotif en lhonneur de lempereur Tibre

  • (14-37) et de Jupiter. Les nautesparticipent dailleurs trs largement(vergtisme des iie et iiie sicles) lhistoire monumentale de Paris(thermes de Cluny). Ce pilier exprimeaussi les convergences, ce qui nest pasfusion, des deux polythismes enprsence (gaulois et romain), puisquesont reprsents Jupiter, Mars, Mercure,mais aussi Cerunnos et Smertios.Cependant, la cit ne doit pas treconsidre comme le cur de laprovince de Quatrime Lyonnaise ausein de lEmpire romain. Sens demeurela capitale de la province. Une donnequi explique jusquau xviie sicle ladpendance de Paris vis--vis delarchevch sensois.

  • III. La citadelle duBas-Empire

    Au iiie sicle, les premires attaques desGermains (les Alamans ds 275)entranent un mouvement dune largepartie de la population vers lle de laCit. La rive gauche est juge peu sre(pillages, incendies sur la montagneSainte-Genevive que les fouilles duxixe sicle ont rvls), et le replisimpose. Cette migration partielle deshabitants saccompagne dunedmolition des grands monuments de larive gauche pour consolider lenceinteautour de lle. Il faut cependant se

  • garder dune vision par tropcaricaturale. La rive gauche continue vivre. De mme, plusieurs habitationsapparaissent sur les hauteurs de la rivedroite, longtemps abandonne.

    En ce sicle, le nom de Lutce disparatau profit de lexpression cit desParisii (Civitas Parisiorum) avant quele nom de Paris soit dfinitivementadopt. La vie et les activits deshabitants se concentrent sur les quelqueshectares de la ville fortifie. Dans cesannes marques par les affrontementsmilitaires sur la frontire du Rhin, Parisoccupe une fonction de base arrire pourles armes romaines. Entre 358 et 360,la cit accueille Julien, fils cadet de

  • Jules Constance et neveu de Constantinle Grand, et Valentinien (365-366).Aprs chaque campagne militaire(victoire sur les Alamans Strasbourgen aot 357), Julien sinstalle Parispour la saison dhiver. la suite de ladcision de lempereur Constance de luiretirer une partie de son arme, sestroupes le proclament empereur(lvation sur le pavois) en fvrier 360devant le palais de lle de la Cit.Avant de quitter la cit et de menerbataille contre les Perses, Julien ardig plusieurs textes sur sa chreLutce. Ses rcits soulignent combien ilprend plaisir vivre dans la ville(douceur du climat et splendeurs de lavgtation). Il nous laisse aussi un

  • tmoignage prcieux sur la citadelleromaine qutait devenue Paris en cetteseconde moiti du ive sicle.

    Il se trouvait que je cantonnais, cethiver-l, dans ma chre Lutce : cestainsi que les Celtes dsignent le fortdes Parisiens. Cest une le de faibletendue au milieu du fleuve, et lerempart lentoure en cercle de toutesparts ; des ponts de bois, partis dechaque rive, y donnent accs. Le fleuve,au milieu duquel elle est tendue, estpaisible et rgulier : son eau est trsagrable contempler, tant elle estlimpide ; elle est aussi trs bonne boire, et les habitants viennent lapuiser la rivire. Lhiver ny est pas

  • rude et la clmence de la tempratureest si grande quon voit crotre, auxenvirons une vigne de bonne qualit (lempereur Julien).

    Cest au milieu du iiie sicle (rgne deDecius) que le christianisme faitrellement son apparition. La traditiondpeint lvque vanglisateur saintDenis comme le btisseur de lglise deParis. La confusion, entretenue parlouvrage Passion dHilduin, abb deSaint-Denis au ixe sicle, entre saintDenis et Denis lAropagite, disciple desaint Paul, nest plus de mise. Mais nousne possdons que peu dlments sur savie et son rle, souvent exagr par lesessais hagiographiques (Grgoire de

  • Tours). La lgende a surtout retenu lescirconstances de sa mort (vers 250) surle mont des Martyrs (Montmartre).Arrt, avec Rustique et leuthre, parle prfet Fescenninus, il est dcapit. Ilaurait alors ramass sa tte et march 6000 pas jusquau bourg de Catulliacus,actuel Saint-Denis (miracle de lacphalophore). Le dveloppement duchristianisme nous est connu parquelques faits et dates. Le premiervque de Paris est Victorin. En 360 serunit un concile. Quant la premireglise parisienne, sa construction estdate du ive sicle. Elle sera ddie saint Marcel, neuvime vque (mort en435).

  • Ds les premires annes du ve sicle,les invasions barbares sont plusnombreuses. En 406, le Rhin, pris dansles glaces, nest plus un obstacle. LesWisigoths, les Burgondes, les Francs,les Alamans occupent la Gaule. pargndans un premier temps, Paris fait face partir du milieu du ve sicle aux attaquesdes Huns. En 451, Attila, aprs avoirdvast Trves, Metz et Reims, prend ladirection de Paris. Personnage centralde lhistoire parisienne de ce ve sicle,sainte Genevive (422-502), ne Nanterre, sainte patronne de la cit,appelle la rsistance. Elle estprsente dans de nombreux textescomme une bergre, gurisseuse demalades par des onctions dhuile, ayant

  • ralis plusieurs miracles. La principalesource de ces lgendes (La Vie de sainteGenevive) est cependant un documentessentiel pour le rcit de ces vnementset lhistoire de Paris au ve sicle. SainteGenevive impose le combat auxParisiens qui prfraient la fuite etillustre ainsi la perte dinfluence delarme romaine dans la province (476 :dernier empereur Romulus Augustule).Les Huns dcident finalement demarcher sur Orlans et se dtournent deParis. Ce nest quun court rpit,puisque, en 470, les Francs saliensconduits par Childric Ier (436-481,pre de Clovis) pillent les campagnessur lOuest de Paris et assigent la ville.Ce sige dure un peu plus de dix annes.

  • Sainte Genevive russit briser leblocus et ravitailler la populationparisienne avec du bl de la Brie et dela Champagne grce la circulationdune flottille de bateaux (11 pniches)sur la Seine et lAube jusqu Arcis-sur-Aube. En 481, Clovis, g de 16 ans,rgne sur un territoire comprenant laBelgique et une partie du Nord de laGaule. Cinq ans plus tard, il abat ledernier symbole de lEmpire romain(Syagirus) Soissons. Sans mener deguerre contre la ville, Clovis parvient,en accord avec sainte Genevive, occuper Paris. Il est dsormais matre detoute la partie de la Gaule situe au nordde la Loire. Converti au catholicismepar son pouse (la reine Clotilde,

  • princesse burgonde catholique) et lesvques Avit et Rmi, il est baptis Reims par saint Rmi au milieu de sessoldats en lan 496. Paris devient lacapitale de son royaume.

  • Chapitre II

    La ville mdivale

    I. La villemrovingienne

    partir de 486, Clovis rgne pendantprs dun quart de sicle sur Paris.Sainte Genevive, qui a accept depactiser, meurt en 502 lge de 80 ans.

  • En 507 (Vouill), Clovis crase lesWisigoths. En 511, Clovis est proclamroi des Francs rhnans. En 508, Paris,sige du roi, peut dsormais treconsidre comme la capitale du vasteRoyaume mrovingien.

    Sous Clovis Ier, puis son fils Childebert,Paris a confort son autorit politique,mais elle exerce aussi une forteinfluence religieuse. Dans la vie deParis, la place du religieux est de plusen plus clatante. Elle se marque toutdabord par les trs nombreusesconstructions dglises et abbayes.Comme le note Alfred Fierro : Parisse couvre dglises sous lesMrovingiens. Elles se localisent

  • principalement sur la rive gauche.Clovis dcide ldification (507) duneglise en lhonneur des aptres Pierre etPaul sur le haut de la montagne Sainte-Genevive (proche de lancien forum).Il sy fait ensevelir en 511. Sont aussibties, en cette priode, lglise Saint-Marcel, lglise de Saint-Julien-le-Pauvre, proche du Petit-Pont. En 543,Childebert fonde la basilique Sainte-Croix-Saint-Vincent (Saint-Germain-des-Prs) o sont conserves desreliques royales. Plusieurs couventssimplantent : Saint-Christophe et Saint-Martial dans lle de la Cit, pour lesfemmes ; Saint-Laurent et Saint-Vincentsur chaque rive, pour les hommes. Laforce du religieux est aussi remarquable

  • lorsque lon dnombre les conciles tenus Paris (six dans la seconde moiti duvie sicle).

    Au ve-vie sicle, la population se situeentre 15 000 et 20 000 habitants. Malgrlincendie qui, en 585, la dvastepartiellement, lle de la Cit demeure lecur de la ville. La forteresse souvreau nord et au sud par deux larges portessitues sur le trac du cardo. lintrieur se retrouvent les pouvoirsroyaux, religieux et lembryon des futurscentres denseignement. La grandecathdrale Saint-tienne, une des plusgrandes glises de Gaule, est btie sousle rgne de Childebert. Situe surlemplacement de lactuelle Notre-

  • Dame, elle se compose de cinq nefs.

    Les activits conomiques de lle sonttoujours troitement lies au commercefluvial avec Auxerre et Rouen, lafabrication dorfvrerie (prs du Petit-Pont) ou de verreries. De la porte nord la porte sud, les rues sont bordes demagasins. Latelier parisien dmissionsdes monnaies (le deuxime aprsMarseille) frappe les trmisses, picesdor qui circulent tant en Gaule quenAngleterre. La prsence de marchandsvenus dOrient (Syriens, Juifs) confirmelintensit des changes et lattrait desports et des foires de la cit. Lacommunaut juive est regroupe prs dela porte du Midi dans la rue des Juifs.

  • Lpoque mrovingienne voit lacroissance (habitants et difices) desdeux rives. Les glises Saint-Jacques-de-la-Boucherie, Saint-Gervais et Saint-Jean-de-Grve sont construites sur lesdeux hauteurs de lEst de la rive droite.Sur cette mme rive, le port (la Grve)est un ple trs actif de lconomieparisienne.

    la mort de Clovis, son royaume estpartag entre ses quatre fils. Parisdevient un enjeu pour ses successeurs.De Childebert Clotaire II, la villeconserve, voire renforce son autoritpolitique. Mais elle est surtout une placeconvoite qui lgitime nombre derivalits entre les trois royaumes

  • (Austrasie, Neustrie, Bourgogne). lamort de Childebert, ses fils (Clotaire etCaribert) se dchirent pour lapossession de Paris. partir de la mortde Caribert, la capitale est le biencommun de tous les royaumesmrovingiens. Aucun des souverains nepeut y rsider sans le consentement desdeux autres.

    La fin du viie sicle marque le dclin durle politique de Paris. Dj Clotaire IIinstalle son palais Clippiacus(Clichy). Autre signe tangible de cetteperte dinfluence : labsence de toutenouvelle monnaie au cours du sicle. Lepouvoir est dsormais caractris parson errance. Les monarques (dits rois

  • fainants) se dplacent de palais enpalais. La victoire de Ppin II deHerstal, maire du palais, Tertry (687)raffermit le poids de lAustrasie, laxedominant constitu par la valle de laMeuse, la force de la dynastie desPippinides et a contrario labaissementde la Neustrie et donc de Paris. Cestdailleurs Soissons en 751 que PpinIII le Bref (fils de Charles Martel) sefait lire roi. Son successeur,Charlemagne, construit sa rsidenceprincipale Aix-la-Chapelle. Sous lesCarolingiens, Paris est rduite lordinaire : une ville de second rang.

    Cest un mouvement extrieur auRoyaume, les attaques normandes, qui

  • paradoxalement redonne son prestige Paris.

    Les invasions normandes dbutentvritablement dans les annes quisuivent la fin du rgne de Louis le Pieux(840). Ds 845, la Seine devient leprincipal vecteur de ces vaguesdenvahisseurs vikings. En 856-857, ilsoccupent la rive gauche, pillant etdvastant les glises, abbayes et lesterres cultives. Labbaye de Saint-Germain-des-Prs est dtruite etincendie (861). Plus que jamais, lledevient le lieu du repli. Le 24 novembre885, ce ne sont pas moins de 40 000Normands et 700 vaisseaux sous lecommandement de Siegfried qui se

  • prsentent devant Paris. Lvque Gozlinleur refuse le passage vers lamont dufleuve. Le sige de deux annes, lesassauts des envahisseurs, lhroquecombat des Parisiens (le clbrepisode du Petit-Pont, le 6 fvrier 886),le courage du comte de Paris, Eudes, filsan de Robert le Fort, nous sontlargement connus par le rcit dAbbon(moine de Saint-Germain-des-Prs). Siles rives sont frquemment dvastes,lle-forteresse (constructions de tourssur les ponts) rsiste toutes lesoffensives. Les protections stendentafin de prserver le bourg de Saint-Germain-de-lAuxerrois. En 887, leprestige de la ville est redor. Nonseulement Paris a vaillamment dfendu

  • son espace, mais encore les Parisiensont combattu pour la dfense delintgrit du Royaume.

    II. La capitale desCaptiensAu-del de ces batailles se prolongelascendant du comte de Paris, Eudes, etde la dynastie robertienne. Inversement,Charles le Gros est dconsidr par sacapitulation devant les envahisseurs. Ilest destitu en 887. sa mort (888), lesgrands du Royaume procdent llection dEudes comme roi. Charlesle Simple (fils posthume de Louis II)

  • naccepte pas la dsignation dun non-Carolingien. Sacr en 893, il ne rgnevritablement quaprs la mort dEudes(898). Ces diffrends dynastiques nesont pourtant pas consomms. En 922,Robert Ier, frre dEudes, est lu roi deFrancie occidentale. Aprs ladomination dHugues le Grand (habilepolitique entre les Carolingiens et lesOthoniens), son fils, Hugues Capet, estproclam roi de France (987). Pendanttrois sicles, les Captiens font de Parisleur capitale. Avant de tenir le premierrang (vers le xiie sicle), la ville doitdans un mme temps sortir de lasituation catastrophique issue desinvasions et reconqurir sa place faceaux cits concurrentes des puissants

  • vassaux. Les successeurs dHuguesCapet ne vont pas cesser de bataillerpendant plusieurs dcennies pourredonner Paris un espace, un pouvoir.Philippe Ier annexe le Gtinais, Gisors,Bourges. Louis VI assure la scurit dudomaine royal. Philippe Augusteagrandit ce domaine (le multipliant parquatre) et simpose ses vassaux. Parissest ainsi affirme.

    Pourtant, la ville est encoreprofondment marque par cette longuepriode dinvasions. Le comt de Paris(civitas) garde de profondes traces desdvastations normandes. Sur la rivegauche, la plus touche, nombredglises sont toujours ltat de ruine.

  • En 1111, les deux ponts de lle de laCit sont encore incendis par leseigneur de Meulan (situ sur leshauteurs de Saint-Gervais).

    Dans lle de la Cit se concentretoujours une large partie de lapopulation et des habitations de la ville.Roi et vque exercent une dominationconcurrente. La restauration par Robertle Pieux (970-1031) du palais de la Cit(Ouest de lle) est le symbole de lareconqute de lautorit royale dans lavie des Parisiens. La rsidence royaleest tablie pour plusieurs sicles.Jusquau milieu du xve sicle, le Palaisest la demeure des rois de France.

  • Lle se caractrise par ses ponts, sespetites ruelles, ses choppes, sesmarchs (parvis Notre-Dame) et sonport. Les ponts ont toujours t deslments vitaux pour lle. Le Petit-Pontla relie la rive droite ; le Grand-Pont, la rive gauche. Il faut ajouter lesPlanches de Mibray , passerelleconstruite en bois (pont Notre-Dame).Axe majeur du cur de la ville : le traccouvrant la rue du Petit-Pont, la rue dela Juiverie, la rue de la Lanterne et larue de la Vieille-Draperie. Le nombreimportant de boutiques souligne lerenouveau du commerce et la circulationdes marchandises. La halle au bl sesitue dans la rue de la Juiverie. Sur lescts de ces rues troites (4-5 m) se

  • dressent les maisons des plus humbles(deux ou trois tages construits entorchis et en bois), des demeuresbourgeoises (avec chemine et cuisine)et des htels opulents.

    Dans lespace de lle de la Cit,lglise est fortement prsente (richessedu clerg, glises). Le Palaispiscopal ( lest) se prsente comme lependant du Palais-Royal. Lvquepossde une large fraction des terresparisiennes (Cit et les deux rives). Lacathdrale Notre-Dame romane(reconstruite en partie aprs lesinvasions normandes) est une imposanteconstruction localise lest delancienne glise Saint-tienne. Son

  • parvis, place encore de petitesdimensions, accueille un march. Laforce spirituelle se marque aussi par lacration, dans les premires dcenniesdu xiie sicle, de trois paroisses (Saint-Pierre-des-Arcis, Saint-Pierre-aux-Bufs et Sainte-Croix).

    Les hpitaux, linstar de lHtel-Dieu,accueillent les plus pauvres. Construitsaux abords de la cathdrale ou duncouvent, les hpitaux sont luvre delglise. Le personnel est uniquementreligieux. Les malades et les dmunisreoivent soins et nourriture. Au xiiiesicle est fonde par Louis IX la maisondaveugles des Quinze-Vingts. Un nomqui est d au nombre daveugles reus :

  • 300, soit 15 fois 20. Il faut attendre lexive sicle pour constater la prsencepermanente de mdecins et dechirurgiens dans les hpitaux.

    Dans les rues et les venelles de Parismarchent les hommes et gambadent lesanimaux. La mort du prince Philippenest-elle pas cause par la peur de soncheval qui se cabre et lenvoie frapperune borne, devant le dferlement decochons dans une rue prs de Saint-Gervais ? Quant aux eaux sales, ellescoulent sur les pavs et finissent le plussouvent leur course dans la Seine ou laBivre.

    Mais la cit-forteresse est un espace

  • rduit de quelques hectares. Dsormais,hors des murailles, le nombre deshabitants ne cesse de crotre. la fin duxie sicle, la rive droite se composeessentiellement de Saint-Germain-lAuxerrois, Saint-Gervais et Saint-Martin-des-Prs. Le mouvementmarquant des xiie et xiiie siclescaptiens rside certainement danslessor de la rive droite. Comme le noteJacques Boussard : La rive droite futla premire se dvelopper en quartiercommerant. Certes, il existe dj desimplantations, mais le dveloppement duport le long du quai de Grve est lorigine dun quartier de marchands(viandes, poissons) et dartisans. Leplus large des bras de la Seine offre de

  • meilleures possibilits daccostage. Larrivent le charbon, les vins, le bois, lesel ou les grains. Dcision de grandeimportante pour la rive : lamnagementdu plus grand march de Paris surlcart les Champeaux . Un site desplus propices aux changes, puisquilassocie le commerce fluvial, les liensavec la Cit, les routes vers la Mancheet le Nord du Royaume. Prs duChtelet, solide forteresse difie parLouis VI le Gros, se multiplient lesmtiers de la boucherie (rue de laGrande-Boucherie, rue de la Tuerie).Quant aux changeurs de monnaies, ils seretrouvent sur le Grand-Pont (Pont-au-Change). Enfin, le drainage des maraisde lancien lit de la Seine apporte la

  • ville un espace maracher (fruits,lgumes). Le dveloppement ducommerce fluvial est lorigine, audbut du xiie sicle, de la naissance dela puissante corporation des marchandsde leau dont le rle dans la vie de Parissera si dterminant.

    Au regard dune telle croissance, la rivegauche parat connatre une phase destagnation. Autour des trois abbayes(Saint-Germain-des-Prs, Sainte-Genevive et Saint-Marcel), le site seprsente comme un territoire couvert dechamps et de vignes. Son essor est avanttout li la vitalit du renouveauintellectuel entre le xiie et le xive sicle.Ablard symbolise ce mouvement. lve

  • de Guillaume de Champeaux (cole duclotre de Notre-Dame), il ouvre sapropre chaire dans le clotre de Sainte-Genevive. Pendant plus de trenteannes, Ablard, le philosophe, lemoine, se dmarque du pouvoir delvque et enflamme une partie de lajeunesse de Paris. Combattu parlglise, condamn par le concile deSens, il finit son existence labbaye deCluny. Toute sa vie, Ablard a jou de ladispute, de largumentation. Il est un despres de la future universit de Paris.Labbaye de Saint-Victor devient au fildes dcennies un foyer essentiel de lavie religieuse. Son cole, fonde parHugues de Saint-Victor, accueille denombreux matres (Achard, Richard ou

  • Thomas Gallus). Une fonction perptue la fin du xiie sicle par lcole deSainte-Genevive.

    III. Lempreintede PhilippeAugusteDans luvre des Captiens, PhilippeAuguste (huitime descendant du frredEudes) tient une place dexception.Son rgne (1180-1223) constitue unephase dacclration dans lhistoire deParis. Cest bien entre le xiie et le xiiie

  • sicle que Paris cesse dtre ce simplecarrefour (Jean Favier). Le roi fdrele pouvoir de la noblesse, de lglise etle dynamisme commercial de labourgeoisie parisienne. Au dbut du xiiesicle, Paris est encore administre parle prvt du roi, reprsentant dusouverain dans la capitale. La ville nestpas une relle municipalit au sens oelle na pas t directement concernepar le mouvement communal et nest pasrgie par une charte comme Laon ouCambrai. Avec la croissance urbaine etla vitalit du commerce fluvial, ladualit des pouvoirs (prvt du roi etprvt des marchands) simposeprogressivement. La bourgeoisieacquiert une position centrale dans

  • ladministration de la ville. Ds 1160,elle dsigne un prvt et quatrechevins. Quels sont les grands travauxde ce souverain ( premier roi de Pariset second fondateur aprs Clovis ) ?Philippe Auguste est la fois unbtisseur (rues paves, Louvre),lunificateur de la ville (scurit delenceinte, administration avec lesbourgeois) et le fondateur deluniversit.

    Ce souverain se passionne pourlurbanisme de la ville qui compte alorsprs de 20 000 habitants (chiffre avancpar Michel Robin). Par une dcisiondatant de 1186, il entreprend un grandchantier : lamlioration de la voirie.

  • Depuis le pavage romain, les rues sontrecouvertes dune boue pestilentielle. Ilsagit de mettre un terme aux dangers dela circulation sur de telles voiesglissantes, labsence dhygine et auxtrs mauvaises odeurs qui incommodenttoute la ville. La rue Barillerie (entre larue Calandre et la rue de la Draperie),qui fait face au Palais-Royal, est lapremire concerne. Les principalesartres (vers les ponts et les portes) etles places sont progressivementrepaves de solides pierres carres. Leroi est aussi le pre des futures Halles.Il a largement impuls le dveloppementdu quartier des Champeaux et lesactivits commerciales quil abrite. Lesmarchands bnficient dsormais de

  • deux halles couvertes. Mais PhilippeAuguste est probablement dabord connudes Parisiens pour lenceinte quil a faitconstruire. Cette muraille (voir figure 2,p. 25) tablit les limites de la ville et laprotge des invasions. Elle estlexpression dune volont royaleconjuguant la dfense et le souci descurit avant le dpart du roi encroisade, et la concrte ralisation dunprojet associant largent de la ville et duroi. Dans un premier temps (1189-1190),ce rempart de 2 m dpaisseur neconcerne que les quartiers de la rivedroite. Vingt annes aprs, lenceinte sedploie sur la rive gauche (murs de 8 mde haut). Ces deux demi-cercles dechaque ct de la Seine souvrent sur six

  • portes en direction de Rouen, Dreux,Orlans, Sens Lenceinte est unlment unificateur (la conscience dtreune unit) dans lhistoire de Paris. Ellemarque une tape dans la croissance desquartiers. En un quart de sicle, Parisdevient la premire place forte duRoyaume. ce dispositif sajoute laforteresse du Louvre. Le nom sexpliquepar le lieu, ancienne louveterie, surlaquelle est dress le bastion. lintrieur de lenceinte, le roi dcideldification (1190-1202) dun donjoncirculaire ( la base 15 m de diamtre,31 m de hauteur, murs de 4 mdpaisseur) entour de quatre tours (25m de hauteur). Dans le systme dfensifde la capitale, cest une pice

  • impressionnante qui domine la cit etpermet de surveiller la campagneenvironnante. Symbole du Royaume ?Cur du Royaume ? Le Louvre nedevient rsidence royale quavecCharles V.

    Le xiie sicle voit la confirmation desples denseignement qui se sontdvelopps sur la rive gauche. En 1200,le roi accorde aux coles un privilgeconsidrable en les plaant hors duchamp dautorit du prvt royal. Cetacte de Philippe Auguste rdig en cedbut de sicle a souvent t considrcomme lacte de naissance (et, plussrement, de reconnaissance) deluniversit. Ainsi, son auteur est

  • frquemment prsent comme le prefondateur de luniversit de Paris. Par-del la puissance royale, le dbat sepoursuit au sein de lglise.Lopposition entre lvque et labb deSainte-Genevive est laboutissementdune situation ne du refus des matreset des tudiants de subir la dominationdu chancelier des coles cathdrales. En1221, le pape Honorius III (1216-1227),en se rangeant aux cts de sainteGenevive, renforce la position de cequi va bientt devenir le Quartier latin.

    Il [Ablard] avait sem sur lamontagne Sainte-Genevive desgraines quaucun concile ne pouvaitextirper. Sa mthode denseignement,

  • reprise par ses disciples, continuadattirer des tudiants de tous les pays,et de former des matres. Son cole lui survcut si bien quelle dure encore; elle fut lembryon de linstitution qui,moins de soixante-quinze ans aprs lamort dAblard, reut officiellement lenom duniversit de Paris. (MauriceDruon.)

    Ds 1215, les premiers statuts deluniversit de Paris sont fixs parRobert de Couron. Elle seule dcerneles titres de bachelier, de licenci ou dedocteur. Un pas considrable verslautonomie de luniversit est franchiavec la bulle papale Parensscientanorum (1231) signe par

  • Grgoire IX (1227-1241). Les tudessorganisent au travers de quatre facults(arts et lettres, mdecine, droit canon,thologie).

    Tout au long du xiiie sicle, le Quartierlatin prend forme. Ce sont prs de 10000 tudiants qui tudient et vivent(tapage, jeux, rixes) sur la rivegauche. Les collges (Collegiumpauperum magistrorum) en fait, depetits htels de mdiocre construction accueillent les escholiers les pluspauvres qui y sont logs et nourris. Leplus clbre (le plus ancien), futureSorbonne, est fond rue Coupe-Gueuleen 1253 (ouvert vritablement en 1257)par le chapelain de Saint-Louis, Robert

  • de Sorbon, qui devient lun desprotecteurs de ltablissement. Degrands noms de lhistoire de France(Cond, Richelieu ou Mazarin) et desmatres prestigieux (Guillaume de Saint-Amour ou Henri de Gand) contribuentgrandement lessor de cette institution.

    IV. La bourgeoisieet la guerre deCent AnsCette renaissance urbaine se prolongesur prs dun sicle avec Louis IX,Philippe III le Hardi et Philippe IV le

  • Bel. La ville prend les allures dunegrande capitale. Elle connat unepriode faste (activits commerciales,croissance dmographique). Le roirside essentiellement Paris. La Courdes comptes (Temple) et la Cour duparlement (Palais de justice) sont deuxpiliers de lorganisation monarchique.Les prrogatives du prvt royal(Chtelet) couvrent les affairesmilitaires, de police et de justice. Leguet royal et le guet des mtiers ont encharge la scurit de la ville.

    Au cur de la Cit, la cathdrale Notre-Dame connat dimportantestransformations. Ldifice roman estreconstruit sous lautorit de lvque

  • Maurice de Sully. Il y consacre sa vie etune large part de ses revenus. Pourfaciliter lensemble des travaux (1160-1330), il tablit un axe de circulation(rue Neuve-Notre-Dame) devant lacathdrale. Tout au long du xiiie sicle,Jean de Chelles puis Pierre de Montreuildonnent ldifice la splendeur quenous lui connaissons (les portails, lesgaleries, les tours sur une hauteur de 69m). Avec la Sainte-Chapelle, Louis IXoffre Paris un chef-duvrearchitectural. Inaugur en 1348, aprscinq six annes de travaux, louvrageexprime admirablement la majest etllgance de lart gothique.

    Lhistoire de Paris ne peut tre distincte

  • de lhistoire de France. En 1328,lorsque meurt le dernier des Captiensdirects, Charles IV, la ville estrapidement au cur de la batailledynastique qui oppose Franais etAnglais.

    Ds 1346, Paris doit de nouveau faireface la guerre que conduit douard III.Il lui faut prparer sa dfense. cesambitions dynastiques se juxtapose unconflit entre les bourgeois parisiens et leroi propos des exigences royales enmatire dimposition (croisades, ranonen cas demprisonnement). Depuisplusieurs dcennies, les bourgeois ont lesentiment dtre durement touchs parles tailles (aides et malttes). Avec la

  • guerre, la pression fiscale ne cesse desaccrotre. En novembre 1347, PhilippeVI runit les tats gnraux Paris. Aulendemain des svres dfaites de Crcy(aot 1346) et de Calais (aot 1347), leroi a grand-peine obtenir desbourgeois les subsides ncessaires pourrenforcer son potentiel militaire(soldats, chevaux, navires) face lAngleterre. Philippe VI puis Jean leBon profitent de cette priode de non-guerre (1347-1355) pour lever unearme et reconstruire sa flotte. Enseptembre 1355, le Prince Noir, filsddouard III, dbarque Bordeaux. Enquelques mois, les tats gnraux sontconvoqus deux reprises (nov. 1355,mars 1356). Il sagit chaque fois de

  • dbattre daides financires et denouvelles impositions. Lanne 1356 estaussi marque par deux dvaluations dela livre. La dfaite franaise Poitiers(19 septembre 1356) etlemprisonnement du roi permettent auprvt des marchands de Paris, tienneMarcel, de jouer sa propre partition. Ceriche drapier est issu dune des grandesfamilles bourgeoises parisiennes.Accusant le monarque et la noblessedincapacit, le leader du tiers tatexerce sa domination avec laide delvque de Laon (Robert Le Coq) surles tats gnraux runis dans leparlement de Paris (oct. 1356). Ilcontraint le jeune dauphin, Charles, gde 18 ans, la cration dun Conseil de

  • gouvernement (mars 1357). Cetteordonnance tablit un rgimedassemble et porte atteinte au pouvoirmonarchique. Alors que Jean II tentedobtenir la signature dun trait de paixavec les Anglais, tienne Marcel dcidela construction dune enceinte afindintgrer les nouveaux quartiers de larive droite. Lenceinte, la troisimeaprs la muraille gallo-romaine etluvre de Philippe Auguste, portera lenom de Charles V (1338-1380). Saconstruction ncessite prs dun quart desicle de travaux, qui se droulent dansune phase de paix. La muraille court sur5 km. Cest un dispositif des plusimpressionnants avec deux fosss largeset profonds. Le Louvre est dsormais

  • situ lintrieur de lenceinte. Sixbastides (Saint-Honor, Montmartre,Saint-Denis, Saint-Martin, Temple etSaint-Antoine) renforcent le dispositif.Pice matresse de ce rempart, laforteresse de la Bastille (bastide deSaint-Antoine). Sur la rive gauche,lenceinte de Philippe Auguste estremise en tat.

    tienne Marcel compte dans sa stratgiepersonnelle sur le soutien de Charles leMauvais (1322-1387). Les tensionssexacerbent au dbut de lanne 1358.Chaque camp assassine : le massacre deJean de Conflans, marchal deChampagne, et de Robert de Clermont,marchal de Normandie, dans la

  • chambre mme du dauphin rpond aumeurtre de Perrin Marc. tienne Marcel,matre de la ville, coiffe le dauphin duchaperon aux couleurs de Paris (bleu etrouge). Il veut maintenant propager laprovince ce mouvement de rvoltecommunale. Si lon exceptelengagement ses cts dAmiens etLaon, les autres villes ne sassocient pas ce dessein. Au contraire, Charlescontre-attaque. Il se proclame rgent etaffirme ainsi sa volont de rgner. Aveclappui de la noblesse des tats deChampagne, il organise le sige deParis. Lalliance tactique dtienneMarcel avec la Jacquerie et GuillaumeCarle ne lui donne quun court rpit.Pour continuer de simposer dans Paris,

  • il se rallie Charles le Mauvais et auxAnglais. Le 22 juin 1358, les troupesanglo-navarraises pntrent dans lacapitale. tienne Marcel est en faitisol. Il ne parvient pas mobiliser lesvilles flamandes, et les bourgeois semontrent de plus en plus hostiles devantcet acte de trahison parisienne.Lchevin Jean Maillard symbolise ceretournement dune partie de labourgeoise de la ville en faveur durgent. Le 31 juillet 1358, alorsqutienne Marcel tente douvrir auxAnglais les portes de la capitale, il estassassin par Maillard. Le 2 aot, lergent rentre dans Paris.

    Paris et Charles se retrouvent. Le rgent

  • runit dans la capitale les tats gnrauxdu Royaume. Les bourgeois parisiensrefusent le trait de paix de Jean II (trait ni passable ni faisable ) etconcdent de nouveaux subsides pour lapoursuite de la guerre ( ordonnrent defaire bonne guerre auxdits Anglais ).Paris exprime l ce sentiment nationalqui progresse dans le Royaume. Cettevolont de rsister aux Anglais semanifeste en ces annes par les travauxde lenceinte dite de Charles V (roidepuis 1364). En 1380, Charles VI,sacr Reims, fait une entre triomphaledans Paris. Cette alliance entre la villeet son roi ne peut cacher le climat detensions que connat la cit. Lesbourgeois et la monarchie sont

  • confronts ce permanent problmefinancier : comment soutenir leffort deguerre sans faire subir aux Parisiens unepression fiscale (directe et surtoutindirecte) qui soit insupportable ? Dansune ville puise par la Peste noire,affaiblie par les mauvaises conditionsconomiques, la moindre convulsionpeut crer des meutes dvastatrices. Ennovembre 1380, ce sont les Juifs quisont la cible (les boucs missaires) dumcontentement populaire. En dcembre1381, Hugues Aubriot, prvt royal, estaccus par une foule regroupanttudiants, bourgeois et ecclsiastiques.Dans ce mme contexte survient larvolte dite des Maillotins (mars 1382). lorigine de ce soulvement dune

  • partie de la population : le refus desimpts indirects qui psent durement surle petit peuple. Pendant plusieurssemaines, matres des quartiers, ilscirculent dans les rues arms de petitsmaillets en plomb (do le nom donn cette meute) et occupent lHtel deVille et lArsenal. Ils sattaquent auxcollecteurs dimpts, aux maisons desriches bourgeois. En janvier 1383, lesarmes royales rpriment brutalementles meutiers. Le 21 janvier, dans lagrande salle de son Palais, Charles VIsanctionne durement la ville : perte detoute autonomie, suppression de laprvt des marchands et de lchevinat.Paris est prive temporairement de sesliberts municipales. La ville profite des

  • luttes intestines puis de la guerre civile(Armagnacs contre Bourguignons) liesaux crises de folie du roi. Avec JeanJouvenel, la capitale retrouve un prvtdes marchands. Jean sans Peur, duc deBourgogne, promet le retour lautonomie de ladministration(ordonnance royale du 20 janvier 1412)et compte ainsi gagner la sympathie dela bourgeoisie. Lanne 1413 estdomine par les meutes diriges parSimon Caboche. Cet corcheur donneson nom au mouvement dit cabochien quiimpose la terreur dans les quartiersparisiens. Avec la puissante et redoutecorporation des bouchers, il estlinstrument politique de Jean sans Peur.Durant le printemps et lt 1413, les

  • cabochiens se rendent matres de laBastille, rdigent les ordonnances ditescabochiennes (26 au 27 mai), dcidentla dcapitation du prvt du roi Pierredes Essarts (1er juillet) et commandentaux Parisiens darborer leur emblme(le chaperon blanc). Ces violencesprovoquent un revirement de labourgeoisie parisienne, qui rejoint lacause armagnac. La fuite de Jean sansPeur (22 aot), lentre de CharlesdOrlans, la rpression des meneurscabochiens ne constituent quune courteparenthse. Les Armagnacs neparviennent ou ne savent pas conserverParis. Les Bourguignons multiplient lescomplots. Dans la nuit du 28 mai 1418,les portes de Saint-Germain-des-Prs

  • sont ouvertes Villiers de lIsle-Adam,qui massacre plusieurs centaines departisans du futur Charles VII.Lassassinat de Jean sans Peur (10septembre 1419) par les Armagnacs surle pont de Montereau renforce mmeladhsion des Parisiens au nouveau ducde Bourgogne (Philippe le Bon). Cedernier contraint le dauphin signer letrait de Troyes (21 mai 1420) qui faitdu roi dAngleterre, Henri V, lhritierde la couronne de France. Paris estdsormais entre des mains anglaises.Ds le 1er dcembre 1420, et pendantseize annes, la ville est occupe par lestroupes dHenri V, puis du duc deBedford (rgent partir de 1422). Unpeu moins de 200 soldats sont prsents

  • (principalement la Bastille, au Louvre, Vincennes) et obtiennent la soumissionde luniversit et de la bourgeoisie, quiprivilgient la dfense des intrtsparisiens. Le sacre de Charles VII Reims (17 juillet 1429), la paix dArras(21 septembre 1435) puis la mort deBedford affaiblissent considrablementles positions des Anglo-Bourguignons.Les gestes du jeune roi en direction de lapopulation parisienne (amnistie,constitution dun parti franais ) luivalent le concours dune fraction deshabitants regroups autour de Michel deLaillier. La ville est reprise par lestroupes royales le 13 avril 1436. Enavril 1436, Paris se libra. Une meuteclata le 13, linstigation du

  • Bourguignon Jean de Villiers, seigneurde lIsle-Adam, celui-l mme qui avaitjou un rle important dans la reprise deParis aux Armagnacs, en 1418, et dansla dfense de la capitale contre lesFranais, en 1429, ainsi que de Michelde Laillier, conseiller la Chambre descomptes. Son but tait dattirer lesAnglais vers la porte Saint-Denis.Richemont en profita pour forcer laporte Saint-Jacques. Laccueil de lapopulation fut chaleureux. La garnisonanglaise et les Franais renis les pluscompromis, rfugis la Bastille, purentse retirer, sous les hues de la foule.Ctait leffondrement de luvre deHenri V et de Bedford. La reprise deParis refaisait lunit du Royaume. Les

  • cours souveraines sy runifirent. Maisle roi et son conseil restrent enTouraine. Charles VII ne pardonnait pasaux Parisiens les preuves quil avaitconnues en 1418. Le 12 novembre1437, Charles VII, en entrant dans Paris,mrite bien son surnom : le Victorieux. Ilfaut cependant attendre 1453 pour queprenne vritablement fin cette guerredite de Cent Ans.

    Quelle est la situation de Paris en cemilieu du xve sicle ? Alfred Fierrocrit, trs justement : Paris est revenueau roi de France, mais la ville est-elleredevenue la capitale de la France ? La mfiance, la dfiance, tels sont lessentiments royaux devant le rle et la

  • place de Paris. Trs concrtement, lescentres du pouvoir royal sous CharlesVII, puis Louis XI, se dplacent. En1461, aprs son sacre Reims, le roiinstalle son gouvernement en Touraine.Ville crainte, Paris est aussi une citpuise. Pendant plus dun sicle etdemi, elle vit au rythme de la guerre, desassassinats politiques, des revirementsdalliances. Paris subit aussi la Pestenoire (1348-1349). Ce flau (pestebubonique venue dAsie centrale) seconjugue la guerre sur tout le Royaumeentre 1347 et 1349. Touche aussi pardes hivers terribles (les loups sont dansles faubourgs) et des priodes de famine(1420-1440), la ville perd prs de 100000 habitants, et de nombreux quartiers

  • sont abandonns entre la fin du xivesicle et le milieu du xve.

  • Chapitre III

    La cit moderne(XVIe-XVIIIe)

    I. La populationparisienne

    a capitale stend dsormais lintrieur de lenceinte de Charles VL

  • sur une superficie de 439 ha. Cet espacese reconstruit progressivement aprs desdcennies de guerre. Principalescaractristiques de cette croissanceurbaine : la construction de nouvellesrues, dhtels et la diminution dessurfaces non bties. Le xvie et le xviiesicle voient le dveloppement desfaubourgs. Ces derniers (faubourgsSaint-Honor, Saint-Martin,Montmartre) constituent un lment dedsordre pour la ville close. Lesoppositions entre bourgeois de la villeet habitants des faubourgs sont de plusen plus aigus. cette rivalit sajoutele thme de linscurit. Lenceinte perdde son efficacit quand les constructionsextrieures sont autant de points de

  • force, de hauteurs et donc dappuis pourles ennemis ventuels (Anglais,Espagnols) ou les siges.

    La ville est dcoupe en secteursdistinguant les quartiers de ville et lesquartiers de police. Les quartiers depolice correspondent au dcoupageopr par le Chtelet (sige de laprvt de la ville) en vue dassurer lascurit de la capitale. Au xvie et auxviie sicle, il existe paralllement 16quartiers dont les superficies varientconsidrablement. Le dcoupage en 20quartiers nest ralis quen 1702, sousLouis XIV.

    Le quartier est la cellule de base pour de

  • nombreuses charges et activits de la vieparisienne (taxes, dfense de la ville,nettoyage des rues). la tte de cetensemble administratif se trouve lequartenier. Si, longtemps, il a donn auquartier son nom, lordonnance de 1588modifie cette habitude et impose le plussouvent le nom de la plus importanteglise (voir tableau 1 ci-dessous).

    Tableau 1. Les 16 quartiers

    1. Notre-Dame 9. Saint-Martin2. Saint-Germain-lAuxerrois 10. De la Grve

    3. Saints-Innocents 11. CimetireSaint-Jean4. Saint-Honor 12. Du Temple

  • 5. Saint-Eustache 13. Saint-Gervais6. Saint-Jacques-de-lHpital

    14. Saint-Antoine

    7. Saint-Jacques-de-la-Boucherie

    15. Sainte-Genevive

    8. Saint-Spulcre 16. Saint-Sverin

    Le dnombrement de la population auxvie sicle est un problme pour tout leRoyaume. Les indications desambassadeurs vnitiens sont le plusfrquemment reprises par lesdmographes. Lun des intrts de cessources est sans conteste de venircombler un vide d aux destructions de

  • lHtel de Ville en 1871. partir de cesdonnes, il est possible destimer lapopulation au dbut du xvie sicle 250000 Parisiens. la fin du sicle, la villecompterait 300 000 habitants. Lespidmies de peste (1580), le sige desguerres de Religion expliquent cettestagnation. Inversement, le xviie sicleconnat une phase de progression : Parisrassemble prs de 450 000 personnes.

    Au xvie sicle, la capitale saffirmecomme la chose royale. Le prvt nestplus quun garde de la prvt. Le roisinquite de leur ascendant et limiteleurs pouvoirs (Jean de La Barre sousFranois Ier).

  • Le gouverneur pour Paris et lle-de-France nomm par le roi a en charge ledomaine militaire et la responsabilit delordre public. Il est la tte de lanoblesse provinciale et premiermagistrat de la capitale. Cette positionest occupe par des familles de la hautenoblesse (Bourbons, Montmorency,Rochefoucault). Quant lvque, ilapparat de plus en plus comme unadjuvant du pouvoir royal.

    La Maison aux Piliers accueille, depuis1357, le Bureau de la Ville(anciennement hanse des marchands deleau). Le pouvoir municipal est dfinipar lordonnance de 1415. Le Bureau,qui est responsable de

  • lapprovisionnement et des rentes,placements de la bourgeoise parisienne,est en fait lunion du Grand et du PetitBureau. Le Petit Bureau est le noyau dela gestion avec le prvt des marchands,le procureur du roi et de la ville etquatre chevins. Le Grand se structureautour de ce premier ensemble auquelsajoutent 24 conseillers dsigns par uncorps lectoral compos de bourgeois.La premire pierre de lHtel de Ville,place de Grve, est pose le 15 juillet1533. Les travaux dbutent souslautorit du clbre architecte italienDominique de Cortone surnomm leBoccador et durent jusquen 1628. Unetable de marbre est appose pourrappeler cette fondation :

  • Le corps de la Ville, le peuple et lesnobles de la ville de Paris, ayant bienmrit de lui, Franois Ier, roi deFrance, trs puissant, leur a commandet confi la construction de cet dificedestin aux assembles et augouvernement des affaires publiques,lan de grce 1533, le 15 juillet. Graven 1533, le 13 septembre. Pierre Viole,prvt des marchands, Claude Daniel,Jean Barthlemy, Martin deBragelongne, Jean Courtin, chevin ;Dominique de Courtonne, architecte.

    partir de la pose de la premirepierre de ldifice, la constructiontraversa un certain nombre devicissitudes, darrts et de reprises,

  • suivant les circonstances du moment,selon la paix, selon la guerre, selonlargent plus ou moins abondant. Ontrouve la trace de ces fluctuations dansles documents darchives etparticulirement dans les dlibrationsdu Bureau de la Ville. Ce sont, si lonpeut dire, les diffrentes tapes deldification ; elles suivront un cours peu prs normal, de 1533, date du pointde dpart, 1628, poque delachvement.

    Les guerres de Religion. Paris estdurablement touche par les guerres deReligion. Les dogmes de Luther et deCalvin sont rfuts par la Sorbonne. Lesaffrontements religieux commencent

  • avec la mort de Jean Vallire, brl le 8aot 1523. Lglise rforme reoitlappui de Marguerite dAngoulme,reine de Navarre aprs son mariageavec Henri IV. Face linfluence deNicolas Cop, Jean Calvin ou GrardRoussel, aprs les placards affichs surla porte de la chambre du roi Amboise, Franois Ier organise une prerpression. Le roi quitte son habit desouverain tolrant et engage une lutteimplacable. Paris connat lesperscutions, les processionsantiluthriennes et les bchers contre leshrtiques. Henri II accentue cetteguerre. Il est un adversaire inflexible duprotestantisme parisien. Le 8 octobre1547, la Chambre ardente se met en

  • place pour juger et condamner mort leshrsies. En 1551, ldit deChateaubriand interdit limpression detout ouvrage religieux sans laval desthologiens de la Sorbonne. Ldit deCompigne (24 juillet 1557) punit lessjours Genve et la possession delivres sacrilges. La persistance duneforte communaut protestante (prs de20 000 Parisiens) et le maintien de leursassembles au temple de Poppincourt, la maison du Patriarche ou au Pr-aux-Clercs suscitent la colre du particatholique (les Guise). Le massacre dela Saint-Barthlemy dclenche ce quilest convenu dappeler la quatrimeguerre de Religion (1572-1573). Dslaube du 24 aot 1572, Paris subit six

  • journes dhorreur ; 5 000 6 000personnes (protestants et catholiques)sont victimes de cette tuerie qui stendau reste du Royaume. La capitale vaencore souffrir durant vingt annes surcette braise. La tentative de conciliationdHenri III avec le roi de Navarreentrane la cration de la Ligue dedfense de la sainte glise catholique.Paris devient, partir de mai 1588, laforteresse dHenri de Guise, desJsuites et des Franciscains. Sonassassinat, puis celui dHenri III (1eraot 1589) placent la ville dans uneopposition directe avec le futur Henri IV.Cinq annes de sige assoient Paris dansson rle de citadelle catholique face auxhuguenots. La ville supporte des mois de

  • sacrifices pour tenir. Les Parisiens sontaffams, obligs de manger chiens,chats, rats mais ne cdent pas. Lechiffre de 30 000 morts est le plusfrquemment retenu. Paris doit trecontourne politiquement par laconversion royale au catholicisme. Laformule est clbre : Paris vaut bienune messe. Le 22 mars 1594, Henri IVentre dans une ville puise.

    Ltat de cette ville tait dplorable,peu de maisons entires, la plupartinhabites, les campagnes dsertes et enfriche. Cependant Paris ne tarda pas renatre.

  • II. La renaissanceurbaineAprs le temps de la disgrce (le roistait install sur les bords de la Loire),Paris retrouve avec Franois Ier uneplace centrale (1528). Il est lun desartisans de ce renouveau urbain du dbutdu xvie sicle.

    Dans un sicle encore jeune qui croitau progrs et aux bienfaits delexpansion, ainsi qu la matrise delhomme dtat sur les phnomnessocio-conomiques, Franois Ier serjouit de lexplosion urbaine de Paris

  • et il en est fier. Bien plus, il participelui-mme activement alimenter lemouvement en donnant lotir en 1543tous les grands domaines inutiles quilpossde encore en ville, suivant en ceciun exemple dj donn par Charles V,contraire au dogme de linalinabilitdu domaine royal, ainsi quen faisantouvrir la porte de Buci de lenceintesur le bourg Saint-Germain, dcisionqui va donner un coup de fouet laconstruction dj trs active autour dela vieille abbaye.

    Avec Franois Ier, la ville traverse unepriode dembellissement. Les premiersplans prcis de la capitale sontimprims en cette premire moiti du

  • xvie sicle.

    Linfluence royale se traduit par tout lecourant humaniste, lascendant de lartitalien, la place du gothique. Le roi aengag des dizaines de projetsarchitecturaux dont lachvementintervient la fin du xvie, voire aumilieu du xviie sicle. la constructionde lHtel de Ville, dj voque, il fautajouter la ralisation de laileoccidentale du Louvre. Pierre Lescotsigne l un ouvrage inspir du nouveaustyle de la Renaissance. Sur le Clos desTuileries, Catherine de Mdicis dcide(1564) ldification dun palais.Philibert de lOrme sera le premiergrand ordonnateur du pavillon central.

  • Jean Bullant lui succde. Mais la rgentene rsidera jamais dans le palais. En1570, elle prfre une position plus sre: lhtel de Soissons (aujourdhui laBourse du Commerce). Cependant, lesTuileries sont une nouvelle tape, danslagrandissement de la ville hors de sonenceinte.

    Le roi dcide de btir ou de restaurer unnombre impressionnant dglises. Legothique le gothique flamboyant marque la plupart de ces ralisations,quil sagisse de Saint-Merry, Saint-Eustache ou Saint-Victor.

    Sur la rive gauche, deux quartiers(Sainte-Genevive [Quartier latin] et

  • Saint-Sverin) hbergent toujourslessentiel de la vie universitaire etintellectuelle. La population estmajoritairement composedecclsiastiques, de matres etdtudiants. Les collges, dont nousvoquions les aspects misrables duxiie-xiiie sicle, se transforment enauthentiques lieux denseignement etdhumanisme (latin, grec, hbreu), quiaccueillent dornavant aussi destudiants fortuns. Les fils de grandesfamilles (nobles ou bourgeoises)frquentent ces tablissements. En 1556,le collge Sainte-Barbe est fond. En1530, Franois Ier fait ouvrir le Collgedes lecteurs royaux. Dans cetteconfrontation entre collges, la

  • compagnie de Jsus conquiert partir dumilieu du xvie sicle une position trsinfluente. La rvolution de lcrit(imprimeries, librairies) a trouv sonespace. Rue Saint-Jacques, la boutique Soleil dOr est le haut lieu delimpression des textes sacrs et dedroit. Les mtiers de limprimerie, de lareliure, de la dorure sont prsents lelong de la rue Saint-Jacques ou rueMontorgueil.

    Dans ces sicles, le problme centraldemeure li la croissance de la ville.La question de lextension desfaubourgs, de laugmentation de lapopulation, ne peut tre dissocie de lacrainte royale de voir la ville grossir

  • dune population incontrlable et de savolont doprer plus globalement unquilibre entre Paris et la province.

    Commence sous Franois Ier, lanouvelle enceinte est acheve avecLouis XIII. Ce rempart bastionn enserreexclusivement la rive droite de la portede la Confrence la porte Saint-Denis.Il intgre le faubourg Saint-Honor et lequartier de la rue Richelieu.

    La ville de Paris, situe au centredune belle plaine sans montagne nicolline dans son voisinage, jouit dunair parfait. La ville sans les faubourgscompte en ligne droite 3 820 pas delong (mesure de Rome) et 3 650 de

  • large ; les faubourgs ont chacun peuprs 1 000 pas. Le faubourg Saint-Jacques, par o lon entre dans la ville,dpasse les autres de 1 740 pas ; demme que le faubourg Saint-Marcel ; lefaubourg Saint-Germain, le plus grandde tous, est comme une ville ; avant lesdernires guerres, la population entait, dit-on, de 18 000 mes. La ville a14 portes, dont 5 tout en maonnerie (extrait de la description de Paris deFrancisco Grgory dIerni en 1599).

    Le rgne dHenri IV est une priodedimportantes modifications du paysagede la capitale (hpitaux, fontaines,ponts, places, rues). Avec Maximilien deSully et Franois Miron (prvt des

  • marchands de 1604-1605), le roiimpulse et concrtise de nombreuxprojets. Ces oprations architecturalesont fait respirer Paris en ouvrant desespaces, en facilitant la distribution deleau ou en amliorant la circulation.Exemple emblmatique de cesconceptions royales : le Pont-Neuf, dontles travaux commencs en 1578 sousHenri III sachvent en juillet 1606.Cest l une uvre des plus originalesdue larchitecte Baptiste Androuet DuCerceau. Il tablit le premier lien direct(270 m) entre les deux rives du fleuve. Ilprsente aussi la particularit dtre unpont sans habitation avec de largestrottoirs rehausss. Il devient un axe decirculation de premire importance,

  • mais aussi un lieu de promenades. Aprsla mort dHenri IV, Jean de Bologneralise une statue questre du roi. LePont-Neuf est rest ce trait dunion aucur de la ville ( Le Pont-Neuf estdans la ville ce que le cur est dans lecorps humain , Louis-SbastienMercier). En amont, la runion de lleNotre-Dame et de lle aux Vaches(1614) permet ldification du pontMarie (nom du constructeur).

    Autre trait remarquable de lhistoiremonumentale de Paris sous Henri IV :les places. Entre ce nouveau pont et lePalais, le roi dcide (1607) laconstruction de la rue et de la placeDauphine. Le souverain clbre ainsi,

  • six ans aprs sa naissance, le dauphin,futur Louis XIII. La place a la formedun triangle isocle dirig vers le Pont-Neuf. Trois noms sont attachs cetteralisation prestigieuse : JacquesAndrouet, Claude Chastillon et LouisMtzeau.

    Sur la rive droite, la place Royale,quadrilatre de 144 m de ct, estconstruite sur les terrains qui abritaientlancien htel des Tournelles (demeurede Charles VII et Louis XI). Elle nat dela volont formellement exprime par leroi Henri IV dans un dit de 1605.

    Ldit de juillet 1605 expose le cahierdes charges que les architectes et les

  • futurs propritaires devront respecter :neuf pavillons sur les quatre ctsdune place carre avec faades debriques et chanages de pierre.Derrire les faades uniformes, chacunorganisera son htel comme il luiplaira.

    En 1612, deux ans aprs la mort du roi,la place est totalement acheve. Cettemme anne, elle accueille les ftesdonnes en lhonneur du mariage deLouis XIII. En 1639, la statue du roi estdresse au centre de la place.

    Quelques mois avant son assassinat,Henri IV a souhait btir sur des terrainsmarachers (entre le Marais et le mur

  • denceinte) une troisime place. Cetteentreprise est confie ClaudeChastillon et Jacques Alleaume. En1610, les travaux sarrtent. La place deFrance restera, hlas, ltat de plan. ces projets dembellissements sajoutentla construction de la Samaritaine (situesur le Pont-Neuf, cette pompe permetune meilleure diffusion des eaux dufleuve dans la capitale) et la restaurationde plusieurs hpitaux (Htel-Dieu,lhpital de la Charit, lhpital Sainte-Anne et Saint-Louis).

    Sous son rgne, Louis XIII prolongelaction de son pre. Sous la directionde Salomon de Brosse, Marie deMdicis entreprend (1615) le palais

  • Mdicis, futur palais du Luxembourg,sur le modle du palais Pitti deFlorence, et termine plusieursmonuments parisiens. Richelieu dirigede 1624 1636 la construction dunnouveau palais (Palais-Cardinal, futurPalais-Royal). En 1622, date dcisivedans son histoire, Paris devient le sigedun archevch.

    Le xviie sicle voit la formation denouveaux quartiers. Les constructionsimpulses par Marguerite de Valois auPr-aux-Clercs et la renaissance duPont-Royal sont lorigine dudveloppement de llgant faubourgSaint-Germain. Les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Honor sagrandissent.

  • Le quartier du Marais profite de lattraitde la place Royale. Dans lle Saint-Louis, de riches financiers sinstallentdans la partie orientale : cest lessor denouveaux espaces (cration delotissements) lis de plus en plus laspculation.

    III. La ville sousLouis XIV et LouisXVParis est une construction royale et unecit impressionnante pour le reste duRoyaume. Vincent Milliot a tudi ce

  • phnomne au travers de la littrature decolportage.

    Dj, sous lAncien Rgime, Pariscrase les autres villes du Royaume desa masse dmographique comme de lasomptuosit de son spectaclemonumental. Toute la symbolique despouvoirs inscrite dans lespace et dansla pierre par la soif de constructionmonarchique et religieuse peut nourrirles mythes et impressionner les esprits.La ville a une histoire qui se confondavec la Geste des rois de France et lesconqutes du catholicisme. Phare dunmonde urbain restreint au sein duneFrance majoritairement rurale, cevaste monde de Paris affirme encore

  • son originalit comme lieu duneintense circulation des hommes et deschoses.

    Le dernier quart du xviie sicle et lexviiie sicle scellent cette placeexceptionnelle dans lhistoire duRoyaume.

    Paris est la ville de la Fronde (desparlementaires et des nobles), le foyerdune priode de troubles (1648-1652).Profitant de la minorit du roi (n en1638), du mcontentement devantlaugmentation des taxes ( dit du Tois), le parlement de Paris affronte lecardinal Mazarin. Aprs la journe desbarricades (26 aot 1648), qui a

  • mobilis des centaines de Parisiens, lacour se retire Saint-Germain-en-Layeet dcide de faire assiger la capitalepar larme de Cond.

    Des barricades, on nen avait pas vuesdepuis le mois de mai 1588, mais lesouvenir sen tait transmis, trs vif. Le26 aot 1648, la Ligue hantait lesmmoires, elle armait parfois bras etpoitrines de pices darmement quiavaient dormi soixante ans dans lesgreniers.

    La paix de Rueil (mars 1649) puis leretour de la cour Paris (18 aot) nefont que prcder de quelques semainesla Fronde des Princes. Lalliance entre

  • Cond, le prince de Conti, le cardinal deRetz et le duc de Longueville entrane laville dans une nouvelle phase dedsordres. Le jeune roi est oblig uneseconde fois de fuir Paris. Le 2 juillet1652, le faubourg Saint-Antoine, qui sesitue hors de lenceinte, est le lieu deviolents combats entre larme deTurenne et de Cond. Mlle deMontpensier (la Grande Mademoiselle),fille de Gaston dOrlans, offre lavictoire Cond en faisant tirer le canonde la Bastille et ouvrir la porte Saint-Antoine. Deux jours plus tard, Condsoppose la municipalit de Paris,ouvre le feu sur la foule devant lHtelde Ville. Devant lhostilit de labourgeoisie parisienne, le prince de

  • Cond quitte la capitale (13 octobre1652) pour trouver refuge aux Pays-Basespagnols. Une fois encore, Paris ftelentre dun roi dans son enceinte. Le21 octobre, Louis XIV et AnnedAutriche sont acclams par lesParisiens. Les grandes ftes en lhonneurdu roi neffacent pourtant pas les tracesprofondes des dramatiques vnementsquil a subis. Pour dvidents motifs descurit, Louis XIV prfre le Louvre auPalais-Royal. Il demeure Parisjusquen 1671. Le 10 fvrier 1671, leroi abandonne la capitale pour sonpalais de Versailles. Dornavant, lecentre du pouvoir royal et la cour sontdistants de plusieurs dizaines dekilomtres. Sous le rgne de Louis XIV,

  • la ville continue pourtant de sagrandiret de sembellir.

    Avec ses 400 000 500 000 habitants,Paris reste la capitale, o Colbertespra longtemps ramener son matre.En 1663, dans une lettre fameuse, il luireproche de prfrer Versailles Pariso ministres et courtisans ontdailleurs gard leurs rsidencesprincipales Toutes les grandesinstitutions, cours suprmes etParlement, justice et police, acadmies,tablissements scientifiques,manufactures royales y sont rests.Mais cest de Versailles et des conseilsdu roi qumanent les dcisionsgouvernementales. En revanche, ce

  • qucrivait Colbert dans sonInstruction son fils Seignelay restevrai vingt ans plus tard, malgrlinstallation dfinitive Versailles :Paris, estant la capitale du Royaumeet le sjour des roys, il est certain, quetoutes les affaires du dedanscommencent par elle

    Pendant les annes parisiennes du roi, laville connat dimportantestransformations. Colbert, surintendantdes btiments, rve de faire de lacapitale une nouvelle Rome. Il souhaiteainsi attacher le roi sa ville et lier lenom de Paris et de ses habitants lapuissance monarchique. Pour mener bien ses projets, Colbert peut compter

  • sur le lieutenant de police de la ville,Nicolas de La Reynie. Avec ces deuxhommes se conjuguent les exigences degrandeur et de propret. Les grandstravaux de cette priode entrent biendans ce double dessein. Les principauxarchitectes qui donnent leur nom cesprojets sont Louis Le Vau (1612-1666),Franois dOrbay (1634-1697), LibralBruant (1637-1697) et Jules Hardouin-Mansart (1646-1708).

    La Cour carre du Louvre (aile nordpuis sud) est acheve. Larchitecte-sculpteur italien Bernin ne parvient pas imposer ses vues, et Claude Perraultfait difier la clbre Colonnade (1670).Les Tuileries sagrandissent avec le

  • pavillon nord dessin par Le Vau et lemagnifique jardin ralis par Le Ntre.Lhpital des Invalides, construit aprslHpital gnral (La Salptrire), apour mission dhberger les soldatsblesss. Au cur de la plaine deGrenelle, ce splendide ensemblearchitectural (avec deux glises) ouvreses portes en 1674. Deux grandes placessont difies en lhonneur du roi. Ceturbanisme courtisan se retrouve dans laplace des Victoires (1689) et la placeVendme (1698) ralises linitiativedu marchal de La Feuillade et deLouvois.

    Toutes ces ralisations ont donc tluvre de courtisans. Tout ce qui sest

  • fait Paris, cette poque, a t axsur la personne de Louis XIV [ qui]quelques individus sappliquent plaire. En somme, la personne royaleclipse les proccupationsdurbanisme, sil en ft, et lacomparaison de Paris avec la Romeantique procde aussi, directement, dece souci de flatterie.

    Avec Louis XIV, Paris devient une villeouverte. Les succs militaires de laFrance paraissent assurer la scurit dela capitale. la fin des annes 1660, laFrance possde la premire armeeuropenne et vient, par la signature dutrait dAix-la-Chapelle (mai 1668),dannexer Lille et une partie des

  • Flandres. Trente annes aprslachvement de lenceinte bastionne (enceinte des Fosss-Jaunes ), le roi faitraser les remparts. La dcision(ordonnance du 7 juin 1670) estdimportance et rvle un changementcomplet dorientation. Le trac durempart prfigure les grands boulevardsparisiens. La ville a dsormais de vastesespaces de circulation plants darbres( le Nouveau Cours ). En 1672 et1676, deux arcs de triomphe (porteSaint-Denis et porte Saint-Martin)clbrent ce geste royal.

    La porte Saint-Denis, dresse dans larue du mme nom, la Voie royale duParis dalors, qui conduit de la

  • basilique Saint-Denis lle de la Cit,est construite aux frais de ville, en1672. Elle exalte la victoire du roi surla frontire du Rhin, les 40 placesfortifies conquises en moins de deuxmois. Architecture trop pesante etdpourvue de colonnes, lensemble estsans grce ; les bas-reliefs des frresAnguier, illustrant le passage du Rhinct Paris et la prise de Mastrichtct oppos, des pyramides couvertesde trophes, ravivent un peu le premierdes arcs de triomphe parisiens. Laporte Saint-Martin est galementluvre de Blondel, mais elle estconstruite par son lve Pierre Bulleten 1674. Elle commmore la prise deBesanon et les dfaites des armes

  • allemande, espagnole et hollandaise.Elle comprend trois baies et des bas-reliefs signs Desjardins, Marsy,Lehongre et Legros. Le roi y figure enHercule, nu et perruqu.

    La ville gagne encore des espaces surles faubourgs. Consquence de cettesituation, le nouveau lieutenant gnralde police, Marc Ren Le Voyer dePaulmy dArgenson, appliquelordonnance royale du 12 dcembre1702 et scinde la ville en 20 quartiers.

    Avec la mort du roi (1715), la Rgencesaccompagne dun retour rapide dujeune roi (5 ans) dans la capitale (le 12septembre 1715). Paris redevient pour

  • quelques annes la ville de la cour etdes plaisirs. Rien ne serait pourtant sifaux que de considrer que la capitaleattendit 1715 pour se divertir. Depuisplusieurs annes, les spectacles dethtre se donnaient dans les nombreusessalles de jeu de paume. En 1643, Jean-Baptiste Poquelin sinstalle rueMazarine. La Comdie-Franaise, creen 1681, occupe le jeu de paume deltoile (rue des Fosss-Saint-Germain).Les jardins particuliers et publics, lesponts, les cours sont des espaces dedistraction et de promenades. Le Jardinroyal des plantes mdicales (jardin desPlantes), les Tuileries, le Cours-la-Reine, le Pont-Neuf sont autant delieux la mode, qui accueillent des

  • milliers de Parisiens venus sy montrer,dambuler entre les tals des marchandsou applaudir les attractions dessaltimbanques. Dans le dernier quart duxviie sicle, la bourgeoisie parisiennegote aux merveilles du caf Procope(1686) lanc par lItalien FrancescoProcopio dei Coltelli.

    Rjouissance et drame conomique : leprojet de lcossais Law installe denouveau Paris (et plus particulirementla rue Quincampoix, sige de la Banquegnrale) sur le devant de la scne. Lacapitale vit pendant quatre annes(1716-1720) au rythme des projets(banque, monnaie de papier) et de ladroute du riche financier ami du duc

  • dOrlans.

    Larrire-petit-fils du Roi-Soleil laisse Paris son empreinte avec lamnagemententre le Cours-la-Reine et les Tuileriesde la statue questre de Louis XV (futureplace de la Rvolution, puis de laConcorde) inaugure le 20 juin 1763. Le30 mai 1770, sur cet espace une grandefte est donne loccasion du mariagedu dauphin avec la jeune archiduchesseMarie-Antoinette. Journe de plaisirsavec un feu dartifice grandiose et deconsternation, puisque la liesse sachvedans une bousculade mortelle. Le rgnede Louis XV apporte quelquesinnovations dans le paysage parisien.Lcole militaire (1773), tant souhaite

  • par Mme de Pompadour, est construitepar Ange-Jacques-Gabriel ; lcole dechirurgie, par Jacques Gondoin (1775).Lhtel des Monnaies (1768), uvre deJacques-Denis-Antoine, inaugure le styledit Louis XVI. La construction duPanthon (ancienne glise Sainte-Genevive) occupe une grande partie dela seconde moiti du xviiie sicle. Plusde trente annes scoulent entre lesplans de Soufflot (1757) et lexcutiondes travaux la veille de la Rvolution.Paralllement, la ville profite duneextension notable en direction de louestavec lessor du quartier du Roule et laprolongation de la perce forestire desChamps-lyses du Rond-Point laButte (toile) puis jusqu la Seine. La

  • question des limites de Paris, de lasparation ville-faubourg, est un souciconstant du pouvoir royal qui redoutecette croissance anarchique et craintlaugmentation de la populationparisienne. Les ordonnances royales neparviennent pourtant pas stopper, voire ralentir, ce mouvement dexpansion la priphrie.

    Dans la ville, tout au long du xviiiesicle, le paysage urbain est aussitransfigur par une succession detouches lies des ordonnances royales,des initiatives individuelles ou de laprvt. La physionomie de la ruechange. Des plaques (en fer-blanc ou enpierre) indiquent le nom de la voie, et un

  • numro permet dornavant didentifierchaque demeure. Les priorits (hygine,scurit, amlioration de la circulation)dfinies par les lieutenants de police(Argenson, Sartine, Lenoir) seconcrtisent. Lclairage par desrverbres lhuile se gnralise dansles dernires dcennies du sicle. Lespompes vapeur de Gros-Caillou etChaillot construites par la Compagniedes eaux des banquiers Prier (1777)perfectionnent les circuits dedistribution en eau potable etlalimentation des bains publics. Lesinventions de Nicolas Sauvage et deBlaise Pascal facilitent les dplacements chevaux (fiacres, carrosses,cabriolets) entre les quartiers. Les

  • chaises porteurs disparaissent et, en1750, plus de 10 000 carrosses delouage et de remise circulent dans lacapitale. La multiplication des pompes incendie et lorganisation du service despompiers ( les gardes des pompes duroy ) par Antoine Gabriel de Sartine(1729-1801) garantissent une meilleurescurit des habitants face aux prils desincendies (le 8 juin 1781, lOpra duPalais-Royal avait t la proie desflammes). La salubrit des rues est unedes priorits de la prvt. Par soucidhygine, tous les principaux lieux depassage (cours, ponts, trottoirs) sontarross. Le rejet des eaux uses est unproblme crucial. La Bivre, coursdeau de la rive gauche, joue depuis des

  • sicles le rle dgout ciel ouvert.Prvt des marchands pendant onzeannes, Michel Turgot lance plusieursgrands travaux : le creusement duncanal et dun vaste rservoir (rue desFilles-du-Calvaire).

    IV. La rvolutiondans la citSix annes aprs la proclamation deLouis XVI roi de France, en 1780, Parisse referme partiellement avec laconstruction du mur dit des Fermiersgnraux. terme, cette nouvelleenceinte vise tablir un contrle sur la

  • circulation des denres et faire payerun droit de page sur les marchandisesvenant des faubourgs vers la ville. Ceprojet ne peut tre dissoci de laquestion de la croissance et de ladfinition, dj voque, des limites dela capitale. Faire payer loctroi, cest la fois enrichir ltat, la ville et poserphysiquement une dmarcation entreParis et les faubourgs. La dcision duministre Anne-Robert Turgot (1727-1781), fils de lancien prvt desmarchands, est un vident coup darrt la fraude. Les Fermiers gnrauxobtiennent donc la construction duneenceinte page, qui accentue ladfiance et le mcontentement desParisiens ( le mur murant Paris rend

  • Paris murmurant ). lextrieur,aucune maison ne peut tre construite moins de 100 m de ce nouveau trac,limite administrative de la capitalejusquen 1860. Le mur court sur 25 kmavec une hauteur de 4 5 m et 56 portesavec des bureaux de recette ( propylesde Paris ) dessins par larchitecteClaude-Nicolas Ledoux (1736-1806).Le Parisien daujourdhui peut retrouverquelques traces de cet ouvrage Denfert-Rochereau et Nation.

    Voulez-vous juger Parisphysiquement ? Montez sur les toursNotre-Dame. La ville est ronde commeune citrouille ; le pltre qui forme lesdeux tiers matriels de la ville, et qui

  • est tout la fois blanc et noir, annoncequelle est btie de craie, et quellerepose sur la craie. La fume ternellequi slve de ces cheminesinnombrables drobe lil le sommetpointu des clochers ; on voit comme unnuage qui se forme au-dessus de tantde maisons, et la transpiration de cetteville est pour ainsi dire sensible (Louis-Sbastien Mercier, Tableau deParis, 1780).

    Dans cette capitale de 550 000 et 600000 habitants, soit 3,5 % de lapopulation du pays (25 millions deFranais), la plus peuple dEurope, sepropage la Rvolution. Il nest pas dansnotre intention dtudier la Rvolution

  • franaise Paris, mais de souligner lesgrands moments dune histoire qui apour cadre Paris.

    Cest Versailles, contre lavis descahiers de dolances des Parisiens, queLouis XVI runit les tats gnraux. LesParisiens entrent en scne lors desjournes des 12, 13 et 14 juillet. Lerenvoi de Necker, la peur des rgimentstrangers et la prise de la Bastille fontde Paris un acteur, un modlervolutionnaire. Le 13, lHtel de Villeest occup. La Fayette prend la tte de laGarde nationale qui doit dfendre laville. Temps fort de ce mouvement, laprise de la Bastille est un actesymbolique dont lcho rsonne dans les

  • campagnes franaises et Versailles.Jacques de Flesselles, prvt desmarchands, et le gouverneur de Launaysont assassins. Le 17 juillet, le roi, quivient de rappeler Necker, se rend lHtel de Ville. Depuis le 15 juillet,Jean Sylvain Bailly est maire de Paris.Le clbre astronome est le reprsentantde la nouvelle organisation de la ville.La capitale a dj mis terre les habitsinstitutionnels de lAncien Rgime. Le17, Bailly accueille le souverain Chaillot ( Sire, japporte VotreMajest les clefs de sa bonne ville deParis. Ce sont les mmes qui ont tprsentes Henri IV ; il avaitreconquis son peuple, ici le peuple areconquis son roi ). Journe de

  • rconciliation ? Louis XVI porte lacocarde tricolore (bleu et rouge :couleurs de Paris, et le blanc royal) et lamunicipalit conoit le projet dunestatue du roi sur la place de la Bastille.Journe de dupes ? Le 22 juillet, lelieutenant de police, reprsentant du roi,Bertier de Sauvigny, est arrt etdpec.

    Le 4 octobre 1789, les Parisiens sortentde la ville. La protection royale, cetespace-temps de quelques heures entreVersailles et la capitale, sefface en unejourne. La rvolte de la capitale seretrouve sous les fentres de Versailles.Le boulanger, la boulangre et le petitmitron sont ramens aux Tuileries. Paris

  • sest impose : la famille royale, legouvernement et lAssemble sontdsormais dans la capitale. Cetteposition, cette fonction politique deParis se retrouvent dans le dcret du 21mai 1790 dfinissant le nouveau statutde la ville. La ville smancipe dupouvoir royal. Elle est divise en 48sections. La municipalit, dfinie parlarticle 5 (voir ci-dessous), est lue parun collge restreint compos des seulscitoyens actifs. Cinq commissions ontpour mission de grer les dossiers de lapolice, des finances, des subsistances,des tablissements publics et destravaux publics.

    Article 5 : La municipalit sera

  • compose dun maire, de seizeadministrateurs, de trente-deuxmembres du conseil, de quatre-vingt-seize notables, dun procureur de lacommune, de deux substituts qui serontses adjoints et exerceront ses fonctions son dfaut.

    Le 2 aot 1790, Bailly devienteffectivement, aprs son lection, mairede Paris. Il assure un mandat de deux ansjusquau 11 novembre 1791. Luisuccdent : Jrme Ption, PhilibertBorie, Ren Boucher, Nicolas Chambonet Jean-Nicolas Pache. Ce dernier,girondin ralli aux montagnards, estsurtout connu par la devise Libert,galit, Fraternit, quil fait graver sur

  • les difices publics.

    Lopposition royale la Constitutioncivile du clerg, la tentative de fuiterate du roi alourdissent le climatparisien. Le souverain est soussurveillance. Le 20 juin 1792, plus de20 000 patriotes parisiens venus desfaubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau envahissent les Tuileries. Ils nerepartiront quaprs avoir oblig le roi se coiffer dun bonnet rpublicain. Dansce contexte, la Communeinsurrectionnelle (288 membres) du 10aot 1792 est une rponse aux menacesdu duc de Brunswick contre lesParisiens. La Terreur sinstalle dans lacapitale : suspects, emprisonnements,

  • jugements rapides, guillotine. Le 21janvier 1793, le roi est conduit lchafaud. Les lieux de culte sontferms, la censure sexerce sur la presseet le thtre. Le Comit de salut publicimpose ses choix politiques laCommune. La minorit rvolutionnaire,qui dirige la capitale et la France, meten scne sur le Champ-de-Mars lagrande fte de ltre suprme enlhonneur de Robespierre. Devantlcole militaire se dresse le temple delImmortalit. Ce qui apparat en ce 20prairial de lan II (8 juin 1794) commeune manifestation de glorification est enfait lexorde dun dernier acte. Le 26juillet (8 thermidor), la Conventiondcrte larrestation de Robespierre,

  • Saint-Just, Couthon et Lebas. Lesdernires heures du mouvement sedroulent entre les Tuileries, le quai desOrfvres (administration de la police),lHtel de Ville. La guillotine a tretire de la place du Trne-Renverspour tre dresse place de laRvolution. Le couperet qui fait tomberla tte de Robespierre annonce laraction thermidorienne et la Rpubliquebourgeoise (1794-1799). Les Parisiensdemeurent encore les premiers acteursde la vie politique de la fin de laConvention ou du Directoire.Symboliquement, la place de laRvolution devient place de laConcorde (14 juillet 1795), mais la villeconnat toujours une situation de grande

  • dtresse face la pnurie et de trsvives tensions entre rpublicains etroyalistes. Le 1er avril et le 20 mai1795, la Convention riposte uneinsurrection des habitants des quartierspopulaires et des faubourgs (les ventres creux ). meutes de la faim,que larme de Pichegru et Legendrerprime svrement. Le faubourg Saint-Antoine, principal foyer de ces rvoltes,est cern et dsarm. Le 13 vendmiaire(5 octobre 1795), ce sont les royalistesqui tentent dinvestir la Convention.Dautres revendications et surtoutdautres quartiers situs sur la rivedroite (rue Saint-Honor, rue Richelieu)sont lorigine de ce soulvement. Lesmonarchistes sont dfaits par le jeune

  • Bonaparte. Lordre rgne dsormaisdans la capitale. Le dcret du 11 octobre1795 (antithse de celui du projet de1790) place la ville sous la surveillancedu Directoire excutif . Paris estdivise en douze municipalits de quatresections avec un bureau central depolice et de subsistance. La crainte de lapremire ville franaise nourritdirectement cette logique dudmembrement. Principe simple quiinspire les diffrents pouvoirs (empire,monarchie ou rpublique) : lunitmunicipale est un danger. Le Consulatpuis lEmpire gardent ce cap.Noublions pas que cest Saint-Cloud,loin dventuelles meutes parisiennes,que le coup dtat du 18 brumaire

  • sorganise.

  • Chapitre IV

    La grande ville duxixe sicle

    I. La villeimpriale

    aris sous la Rvolution na pas connude grands changements architecturaux.P

  • Cest paradoxalement davantage le viden de lmigration qui retient lattention.De nombreux htels privs et btimentsreligieux sont abandonns. LaCommission des artistes (Verniquet,Wailly, Pasquier, Gombault), chargepar la Convention en 1793 de faire despropositions en vue de la ralisation denouvelles voies, ne tire pas parti de cecontexte singulier. Il lui tait pourtantpermis denvisager expropriations etdestructions en labsence despropritaires. Rien nest mis en chantier,et il ne reste des travaux de cettecommission dissoute en 1797 quunprojet de plan, dit plan des artistes.

    Sous le Premier Empire, la ville connat

  • une vidente renaissance. Renaissance rime ici avec surveillance .Napolon prive la capitale duneadministration autonome. Certes, la villecompte 12 maires darrondissement,mais aucun maire de Paris sigeant lHtel de Ville. Le conseil municipalest avant tout un organe denregistrementdes dcisions ministrielles.Dornavant, deux prfets (de la Seine etde la police) ont en charge les affairesde la commune. Le prfet de la Seine(Frochot puis Chabrol de Volvic)devient le personnage central delorganisation, de la gestion parisienne :homme lige du pouvoir.

    En 1804, la capitale est en de des 580

  • 000 habitants, cest dire les pertessubies pendant les annes de rvolution.Inversement, lEmpire est une phase decroissance dmographique (700 000hab. en 1814).

    Globalement, cette dcennie imprialecorrespond lachvement de plusieurstravaux initis antrieurement et auxlancements dimportants ouvragestermins aprs 1815.

    Le temps ne lui [Napolon] permettrapas dachever ce quil a entrepris, maisil laissera dadmirables bauches. Entout cas, tant que durera son rgne, ilmettra tous ses soins embellir, reconstruire, assainir, fortifier et

  • gayer cette ville unique quil prenddans la dcrpitude et quil laisse danslpanouissement.

    Ainsi, laxe constitu par la rue deRivoli (jusqu la place des Pyramides),projet hrit du Consulat (1801), voit lejour grce aux architectes de lempereurPercier et Fontaine. Et le grand desseinimprial, qui sexprime dansldification, la barrire de ltoile deNeuilly, dun arc de triomphe la gloiredes armes impriales, ne trouve saconcrtisation que le 29 juillet 1836.

    Lhistoire architecturale de la capitaledoit bien souvent tre rattache auxpisodes de lhistoire napolonienne.

  • Pour le sacre de 1804, le parvis deNotre-Dame est agrandi. La dmolitionde plusieurs glises et le transfert dunepartie de lHtel-Dieu dessinent unespace de prs de 80 m de ct. Lacolonne de Vendme (1806-1810) estdifie par Gondoin et Lepre sur lemodle de la colonne Trajane avec les 1200 canons pris aux Autrichiens et auxRusses en 1805. Deux victoires donnentleur nom aux ponts dAusterlitz (1802)et Ina (1807). Mme empreinteguerrire avec larc de triomphe deltoile, puis larc de triomphe duCarrousel (1806-1808), imitation pource dernier des