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Histoire des arts De l’Antiquité au IX e s. Du IX e s. à la fin du XVII e s. XVIII e et XIX e s. Le XX e s. et notre époque Domaines artistiques Arts De L’espace Arts Du Langage Arts Du Quotidien Arts Du Son Arts Du Spectacle Vivant Arts Du Visuel Thématiques artistiques Art, Créations, Cultures Art, Espace, Temps Arts, Etats & Pouvoir Arts, Mythes & Religions Arts, Techniques, Expressions Arts, Ruptures, Continuité Référence artistique CARTEL Titre Autorretrato como Tehuana Diego en mi pensamiento Pensando en Diego Artiste/Auteur Frida Kahlo Date de création 1943 Nature de la production Autoportrait dimensions 75 x 60 cms techniques Peinture à l’huile Lieu d’exposition Collection Jacques y Natasha Gelman l’auteur et le contexte Magdalena Carmen Frida Kahlo Calderón est une artiste peintre mexicaine du XXème siècle, née en 1907 dans la maison bleue de Coyoacán, quartier populaire au Sud de Mexico DF. Fille de Matilde Calderón, une mexicaine d’origine indienne, et de Wilhelm (ou Guillermo) Kahlo, un photographe juif hongrois d’origine allemande. Elle est atteinte de poliomyélite à l’âge de 6 ans ; sa jambre droite est plus courte que la gauche, ce qui lui valut le surnom de « Frida, la boîteuse ». En 1922, elle entre dans ce qui était alors considéré comme le meilleur établissement éducatif du Mexique ; la Escuela Nacional Preparatoria, et s’intéresse tout particulièrement à la biologie et à l’anatomie en vue de devenir médecin. Ses projets se voient très vite anéantis, puisqu’en 1925, sur le trajet de l’école à la maison, le bus dans lequel elle se trouve se heurte violemment à un tramway. Elle passe un mois à l’hôpital, reste alitée plusieurs mois dans son lit, et porte divers corsets de plâtre sur lesquels elle commence à dessiner. Soucieux du bien-être physique et moral de leur fille, et voyant naître un génie créatif, ses parents lui installent un miroir au dessus de son lit et lui offrent un chevalet ainsi qu’une palette et des pinceaux pour qu’elle puisse (se) peindre. Dès lors, elle se concentre essentiellement sur elle, peint de nombreux autoportraits et, dès lors que sa santé se rétablit, elle montre son travail au célèbre muraliste mexicain, Diego Rivera. Tous deux, lui en particulier, auront à cœur d’affirmer leur « mexicanité » ; cette identité nationale dont le gouvernement issu de la Révolution de 1917 a besoin pour s’assurer la cohésion de son peuple.

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Histoire des artsDe l’Antiquité au IXe s. Du IXe s. à la fin du XVIIe s. XVIIIe et XIXe s. Le XXe s. et notre époque

Domaines artistiques

Arts De L’espace Arts Du Langage Arts Du Quotidien Arts Du Son Arts Du Spectacle Vivant Arts Du Visuel

Thématiques artistiques

Art, Créations, Cultures Art, Espace, Temps Arts, Etats & Pouvoir Arts, Mythes & Religions Arts, Techniques, Expressions Arts, Ruptures, Continuité

Référence artistique

CARTEL

Titre

Autorretrato como Tehuana Diego en mi pensamientoPensando en Diego

Artiste/Auteur Frida Kahlo

Date de création 1943

Nature de la production Autoportrait

dimensions 75 x 60 cms

techniques Peinture à l’huile

Lieu d’expositionCollection Jacques y

Natasha Gelman

l’auteur et le contexte

Magdalena Carmen Frida Kahlo Calderón est une artiste peintre mexicaine du XXème siècle, née en 1907 dans la maison bleue de Coyoacán, quartier populaire au Sud de Mexico DF. Fille de Matilde Calderón, une mexicaine d’origine indienne, et de Wilhelm (ou Guillermo) Kahlo, un photographe juif hongrois d’origine allemande.Elle est atteinte de poliomyélite à l’âge de 6 ans ; sa jambre droite est plus courte que la gauche, ce qui lui valut le surnom de « Frida, la boîteuse ». En 1922, elle entre dans ce qui était alors considéré comme le meilleur établissement éducatif du Mexique ; la Escuela Nacional Preparatoria, et s’intéresse tout particulièrement à la biologie et à l’anatomie en vue de devenir médecin. Ses projets se voient très vite anéantis, puisqu’en 1925, sur le trajet de l’école à la maison, le bus dans lequel elle se trouve se heurte violemment à un tramway. Elle passe un mois à l’hôpital, reste alitée plusieurs mois dans son lit, et porte divers corsets de plâtre sur lesquels elle commence à dessiner. Soucieux du bien-être physique et moral de leur fille, et voyant naître un génie créatif, ses parents lui installent un miroir au dessus de son lit et lui offrent un chevalet ainsi qu’une palette et des pinceaux pour qu’elle puisse (se) peindre.Dès lors, elle se concentre essentiellement sur elle, peint de nombreux autoportraits et, dès lors que sa santé se rétablit, elle montre son travail au célèbre muraliste mexicain, Diego Rivera. Tous deux, lui en particulier, auront à cœur d’affirmer leur « mexicanité » ; cette identité nationale dont le gouvernement issu de la Révolution de 1917 a besoin pour s’assurer la cohésion de son peuple.

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Frida se représentera telle qu’elle est, en n’oubliant aucun élément : les cheveux noirs, la peau brune, les sourcils épais et réunis, la moustache naissante, les longs cheveux enroulés sous des tresses relevées, les bijoux, les robes traditionnelles, notamment le costume de Tehuana, et le sourire figé, les larmes coulant parfois sur son visage, mais l’amour des couleurs, de la vie, plus que tout.Dès 1928, et sous l’influence de Diego, elle s’inscrit au Parti Communiste Mexicain et milite pour l’émancipation des femmes dans la société mexicaineEn 1929, ils se marient ; leur relation est dès lors très tumultueuse, et notamment marquée par les nombreuses infidélités de Diego (avec ses modèles, et surtout, avec la sœur de Frida, Cristina). Ils divorceront 10 ans plus tard, pour se remarier en 1940.D’années en années, Frida devient de plus en plus fragile, sa santé se détériore, elle subira plus de 30 opérations tout au long de sa vie. Elle assiste, allongée, et ce malgré les recommendations de son médecin, en 1953, à la première exposition de ses œuvres dans son pays. Elle meurt en 1954 dans la maison bleue de Coyoacán, aujourd’hui musée.

ANALYSE DE L’ŒUVRE

L’analyse de l’œuvre peut se faire en trois axes dans la mesures où Frida se représente en mexicaine, en femme forte et amoureuse.I/ La mexicanité dans l’œuvre de FridaL’élément principal caractéristique de l’œuvre est sans aucun doute la mise en valeur de sa mexicanité par le port de la tenue traditionnelle de Tehuana, propre à cette région du sud ouest du Mexique ayant conservé les traditions matriarcales. Les femmes y sont, encore aujourd’hui, les chefs de famille, et ce sont elles qui contrôlent les richesses. Le costume se compose de deux parties : el huipíl, (la blouse), et la falda, (la jupe). Les deux pièces sont brodées, colorées et se caractérisent principalement par l’utilisation de la dentelle sur la jupe et des fleurs sur l’ensemble. La toile sur laquelle sont brodées les fleurs peut-être réalisée en satin ou en velours. Enfin, les femmes ont l’habitude d’assortir l’ensemble avec des fleurs sur la tête, des bijoux en or, voire d’une coiffe de dentelle entourant leur visage. Dans l’œuvre de Frida, il convient de remarquer les nervures qui jaillissent de cette coiffe, caractérisée par les fleurs entrelacées de fils blancs et de racines noires, montrant ainsi l’attachement de Frida à sa terre natale.Frida réaffirme sa fierté pour sa culture alors que certains mexicains la rejetaient pour imiter le modèle européen : en l’occurrence, elle n’hésite pas à peindre ses sourcils épais, elle ne les dissimule pas, contredisant ainsi la mode de l’époque.

II/Frida : la femme forteL’œuvre est marquée par le caractère omnipotent de Frida et sa domination, qu’elle soit spatiale ou morale ; spatiale, puisque son costume occupe tout l’espace de la toile, le blanc également, et nous permet d’établir un parallèle entre la froideur du regard de Frida et celle de son costume. D’une part, le blanc symbolise la pureté, et par là-même, l’affirmation de sa nationalité, sans artifice ; d’autre part, Frida se retrouve cachée sous une masse, ce qui lui confère une certaine autorité. Frida se représente en femme forte, son regard pénétrant perturbe le spectateur, elle n’hésite pas à le regarder dans les yeux, et semble déterminée. Sa coiffe fait office de barrière infranchissable ; elle ne laisse rien passer, elle (se) protège, tel un bouclier.Elle affirme sa volonté de s’éloigner de l’image traditionnelle de la femme douce et belle avec ses traits fortement masculinisés : la moustache apparente, les sourcils très épais, les cheveux noirs tirés, et les lèvres fermées et figées.On ne voit que son visage et ses yeux profonds qui tentent de nous hypnotiser. Le fait qu’on ne voit que le haut de son corps rappelle également les souffrances endurées face à son corps meurtri et endolori, et cette difficulté à bouger ; en occultant le bas de son anatomie, elle demeure forte.Elle incarne le nouveau modèle de femme qui va à l’encontre de l’image traditionnelle de la femme inférieure à l’homme dans la société très machiste mexicaine ; une femme forte, qui sait ce qu’elle veut, et qui subvient à ses besoins, seule. Si l’on compare l’espace qu’elle occupe avec celui de Diego, on voit clairement que celle qui domine, c’est elle. Elle occupe toute la toile, comme la toile d’araignée qu’elle est en train de tisser, occupe tout l’espace.

III/ Frida : la femme amoureuseLa force de Frida s’arrête lorsqu’elle parle d’amour, de son amour pour Diego qui la fait se sentir forte et faible à la fois. Son visage est figé, mais son regard est perçant, ses lèvres sont rouges, ses sourcils pourraient presque dessiner la forme d’un cœur. Frida est amoureuse, follement amoureuse, elle ne pense qu’à un être : Diego. Il occupe toutes ses pensées et par là-même, il apparaît sur son front ; montrant ainsi l’amour obsessif de Frida pour Diego, et la présence constante de l’être aimé dans son esprit. Frida est tellement amoureuse qu’elle se représente portant le costume que Diego aimait tant. Elle emprisonne Diego dans une toile d’araignée, elle l’a pris au piège de sa toile, dans les deux sens du terme. Il est important de noter la forme triangulaire que crée son corps dans le tableau et qu’au sommet de ce triangle se trouve Diego. Par conséquent, si elle s’impose par sa taille dans le tableau, il n’en demeure pas moins que celui qui s’impose dans son esprit, c’est son mari.De plus, les racines des feuilles qu’elle porte dans les cheveux, suggèrent une toile d’araignée dans laquelle elle cherche à attirer et à capturer sa proie, Diego. La miniature de ce dernier sur son front montre l’amour obsessionnel de Frida

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pour le muraliste mexicain et la peur de le perdre qui l’envahit. Diego est un homme séducteur et infidèle, Frida le sait, mais elle l’aime, et a besoin de lui ; c’est pour cette raison qu’elle lui déclare tout son amour.

Citations célèbres en lien avec l’œuvre étudiée :

* « Porque estoy sola tan a menudo y soy la persona que conozco mejor. » = Parce que je suis souvent seule et que je suis la personne que je connais le mieux.

* « Pies, ¿para qué los quiero si tengo alas para volar ? » = Des pieds, pour quoi faire si j’ai des ailes pour voler ?

* « He sufrido dos grandes accidentes en mi vida, uno fue en aquel camión y el otro, Diego. » = J’ai eu deux accidents dans ma vie, l’un dans ce bus et l’autre, Diego ».

Parallèles possibles à établir :

-la vision de la mort au Mexique (le jour des morts, la Catrina, José Guadalupe Posadas).

Pour une découverte plus approfondie :

Frida Kahlo y Diego Rivera, 1931 Couverture de Vogue , 1939 Pensando en la muerte, 1943

La Catrina : figure créée par le graveur mexicain José Guadalupe Posada en vue de se moquer de la bourgeoisie naissante et des mexicains soucieux d’adopter un style de vie plus riche, car plus européen.