143
Livre du professeur Nouveau programme Cristhine Lécureux IA-IPR Histoire et géographie Académie d’Orléans - Tours Alain Prost IA-IPR Histoire et géographie Académie de Nice Nathalie Beriou Agrégée d’histoire et géographie Lycée Honoré-d’Estienne-d’Orves, Nice Florence Bocognani-Fayolle Agrégée de géographie Lycée Guillaume-Apollinaire, Nice Gérard Chatelet Agrégé d’histoire et géographie Lycée Raoul-Follereau, Nevers Joël Dubos Agrégé d’histoire Lycée Édouard-Branly, Dreux Claire Fredj Maître de conférences en histoire contemporaine Université de Paris Ouest Nanterre La Défense Florence Giry Agrégée d’histoire et géographie Lycée Duhamel-du-Monceau, Pithiviers Yves Letertre Professeur d’histoire et géographie IUFM de Bretagne Éric Lima Professeur d’histoire et géographie Académie d’Amiens Sylvain Venayre Maître de conférences en histoire contemporaine Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ST2S 1 re H ISTOIRE G ÉOGRAPHIE É DUCATION CIVIQUE

Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

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Page 1: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Livre du professeur

Nouveau programme

Cristhine LécureuxIA-IPR Histoire et géographieAcadémie d’Orléans - Tours

Alain ProstIA-IPR Histoire et géographie Académie de Nice

Nathalie BeriouAgrégée d’histoire et géographieLycée Honoré-d’Estienne-d’Orves, Nice

Florence Bocognani-FayolleAgrégée de géographieLycée Guillaume-Apollinaire, Nice

Gérard ChateletAgrégé d’histoire et géographieLycée Raoul-Follereau, Nevers

Joël DubosAgrégé d’histoireLycée Édouard-Branly, Dreux

Claire FredjMaître de conférences en histoire contemporaineUniversité de Paris Ouest Nanterre La Défense

Florence GiryAgrégée d’histoire et géographieLycée Duhamel-du-Monceau, Pithiviers

Yves LetertreProfesseur d’histoire et géographieIUFM de Bretagne

Éric LimaProfesseur d’histoire et géographieAcadémie d’Amiens

Sylvain VenayreMaître de conférences en histoire contemporaineUniversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne

ST2S1rehistoiregéographie

Éducation civique

Page 2: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Histoire - Géographie - Éducation civique2

RepèRes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

A. QUesTION OBLIgATOIRe

L’Europe, un espace marqué par deux conflits mondiauxCOURs 1 La Première Guerre mondiale :

l’entrée dans la guerre totale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

COURs 2 La Seconde Guerre mondiale : une guerre d’anéantissement . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

COURs 3 Les peuples européens dans la guerre totale . 35

COURs 4 Auschwitz, au cœur du système concentrationnaire nazi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

COURs 5 Construire la paix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

B. sUjeT d’ÉTUde AU ChOIx

1. Vivre dans l’Italie mussolinienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

2. Combattre pour la République : Jean Moulin . . . . . . 42

3. Les espoirs d’un ordre mondial au lendemain des conflits : de la SDN à l’ONU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

OBjeCTIf BAC

CApACITÉs eT mÉThOdes Cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire et le mettre en relation avec une situation historique . . . . . . . . . . . . . . . . 51

veRs Le BAC Question obligatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

Sujets d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

2T h è m e Guerres et paix, 1914-1945

RepèRes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

A. QUesTION OBLIgATOIRe

Un moment d’innovation : la deuxième révolution industrielleCOURs 1 La deuxième révolution industrielle . . . . . . . . . . . 59

COURs 2 Les progrès des savoirs scientifiques . . . . . . . . . . . 59

COURs 3 La multiplication des nouveaux produits . . . . . . 61

COURs 4 Inventer, innover, produire : un processus . . . . . 63

COURs 5 Des attitudes différentes face au changement . . 64

B. sUjeT d’ÉTUde AU ChOIx

1. Les Curie, une dynastie scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

2. Le projet Manhattan : la science en débat . . . . . . . . . . . . 74

3. La pénicilline : du laboratoire à la société, naissance d’un médicament . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

OBjeCTIf BAC

CApACITÉs eT mÉThOdes Nommer et périodiser les continuités et ruptures chronologiques . . . . . . . . . . . . . . 87

veRs Le BAC Question obligatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

Sujets d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

3T h è m e Science, innovation technique, société, années 1850-1950

RepèRes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

A. QUesTION OBLIgATOIRe

Moments et actes fondateurs, 1880-1919COURs 1 L’établissement de la République . . . . . . . . . . . . . . 11

COURs 2 Les grandes crises politiques de la fin du xixe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

COURs 3 L’affirmation d’une République laïque . . . . . . . . . 12

COURs 4 Appartenir à une même nation . . . . . . . . . . . . . . . . 12

B. sUjeT d’ÉTUde AU ChOIx

1. Incarner la République . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2. 1936 : la République et la question sociale . . . . . . . . 16

3. Louise Weiss (1893-1983) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

OBjeCTIf BAC

CApACITÉs eT mÉThOdes Situer un événement dans le temps court ou le temps long . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

veRs Le BAC Question obligatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Sujets d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

1T h è m e La France en République, 1880-1945Histoire

Couverture, maquette et réalisation : Delphine d’Inguimbert, Valérie Goussotwww.hachette-education.com© Hachette Livre 2012, 43, quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15ISBN : 978-2-01-182131-7Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L. 122-4 et L. 122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représenta-tion ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ».Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

Page 3: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

3SOMMAIRE

RepèRes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107

A. QUesTION OBLIgATOIRe

Acteurs et enjeux de l’aménagement et du développement des territoiresCOURs 1 Des politiques d’aménagement du territoire

décentralisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108

COURs 2 Les transformations des collectivités territoriales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

COURs 3 Des nouveaux territoires de proximité : l’intercommunalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

COURs 4 Des acteurs nombreux et variés . . . . . . . . . . . . . . 110

COURs 5 De nombreux enjeux de développement . . . . . 110

B. sUjeT d’ÉTUde AU ChOIx

1. Une communauté urbaine, d’agglomération ou de communes

A. Une communauté de communes : la Communauté de communes du Nord Martinique 111

B. Une communauté d’agglomération : Lannion-Trégor Agglomération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

C. Une communauté urbaine : le Grand Toulouse . . . . 113

2. La gestion de l’eau par une grande agence de l’eau : l’Agence Seine-Normandie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

3. La région de l’établissement

Deux exemples de régions : A. Les choix de développement et d’aménagement : la Région Limousin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

B. L’affirmation d’une identité régionale : la Région Bretagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

OBjeCTIf BAC

CApACITÉs eT mÉThOdes Utiliser des cartes et des photographies aériennes du site Géoportail . . . . . . . . 118

veRs Le BAC Question obligatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

Sujets d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

5T h è m e Les territoires de proximité en France

RepèRes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

A. QUesTION OBLIgATOIRe

La France, un territoire dans l’Union européenneCOURs 1 Les élargissements successifs de l’Union

européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

COURs 2 La dynamique d’intégration de l’Union européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

COURs 3 L’espace français dans l’Union européenne . . . 127

COURs 4 La connexion du territoire français à l’espace européen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

B. sUjeT d’ÉTUde AU ChOIx

1. Circuler en France et en Europe : le réseau TGV . . . . . . 130

2. L’espace Schengen : de nouvelles frontières pour la France ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

3. L’agriculture française face aux mutations de la Politique agricole commune . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136

OBjeCTIf BAC

CApACITÉs eT mÉThOdes Utiliser de manière critique les moteurs de recherche et les ressources en ligne . . . . 141

veRs Le BAC Question obligatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

Sujets d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

6T h è m e La France dans la dynamique européenne

RepèRes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

A. QUesTION OBLIgATOIRe

Habiter, travailler : les espaces du peuplement et du travailCOURs 1 Les espaces du peuplement et de l’urbanisation 92

COURs 2 Les espaces du travail : les mutations des espaces productifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

COURs 3 Une population mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

COURs 4 Une organisation territoriale en mouvement . 93

B. sUjeT d’ÉTUde AU ChOIx

1. Soigner en France : disparités et maillage . . . . . . . . . . . . 94

2. Un territoire de l’innovation : la Communauté urbaine du Grand Lyon . . . . . . . . . . . . . . 96

3. Un espace rural en déprise : l’Auvergne . . . . . . . . . . . . 97

OBjeCTIf BAC

CApACITÉs eT mÉThOdes Réaliser un croquis à partir d’une photographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

veRs Le BAC Question obligatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

Sujets d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103

4T h è m e La France : dynamique de localisation des activités et des populationsGéographie

Page 4: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

PROGRAMME Bulletin officiel spécial n° 9 du 1er mars 2012

1. Les thèmes au programme de l’enseignement d’histoire et de géographie sont au nombre de six

Ils ont été choisis de manière à :– faire bénéficier les lycéens de cette série de l’apport de l’histoire

et de la géographie en matière de formation intellectuelle et de culture générale, en vue de leur réussite dans l’enseignement secondaire puis supérieur ;

– assurer la continuité avec le programme de la classe de seconde générale et technologique ;

– transmettre des éléments de culture géographique et historique communs aux lycéens de toutes les séries ;

– prendre en compte, dans toute la mesure du possible, les spécificités de la série.

En cohérence avec les programmes des séries STD2A, STI2D, STL et STMG, chaque thème articule une question obligatoire et des sujets d’étude au choix (trois pour chaque thème).Le professeur a toute liberté pour construire son propre itinéraire en traitant les thèmes dans un ordre différent de celui de leur présentation.

2. L’articulation entre question et sujet d’étude est souple, mais répond à une cohérence.

La question obligatoire constitue le développement général du thème et bénéficie donc d’un volume horaire significatif (entre 5 et 4 heures). Le commentaire - colonne de droite - en précise les contenus. La question s’articule avec les notions indiquées, qui constituent un élément explicite et évaluable du programme.Le sujet d’étude (entre 4 et 3 heures) ouvre une possibilité de choix de contenu et d’itinéraire pédagogique. Il est choisi en fonction de la classe, de l’environnement local ou régional du lycée, des ressources documentaires, des équilibres entre les différents champs de l’histoire et de la géographie, des projets initiés dans l’établissement. Il est forcément articulé avec la question, mais est étudié au moment que le professeur juge pertinent. Du choix de ce moment dépend une partie des objectifs attribués au sujet d’étude : en amont, il permet d’iden-tifier quelques enjeux, problèmes et notions, développés dans le traitement de la question ; en aval, il permet d’approfondir et d’incarner certains contenus de la question.

3. Les démarches pédagogiques sont diversifiées et complémentaires.

Elles traduisent la pluralité des voies qui permettent le question-nement et la découverte intellectuels, l’apprentissage de l’histoire et de la géographie, la préparation de l’examen.

Dans l’enseignement de la question obligatoire, le professeur met en œuvre une démonstration. Il a pour objectif l’acquisition d’un bagage factuel et notionnel, modeste mais durable, et l’ouverture des lycéens aux problématiques des sciences humaines. Il diversifie les situations d’apprentissage, en visant l’efficience, et sans privilégier a priori le cours dialogué. Il recourt en tant que de besoin, et sans systématisme, à des documents. Les sujets d’étude visent l’autonomisation des lycéens. Ils consti-tuent un espace significatif (une vingtaine d’heures) de diversi-fication pédagogique et de production effective. Le travail en autonomie est fondé à chaque fois sur un corpus documentaire construit pour poser un problème. Ce corpus comporte géné-ralement un faible nombre de documents, afin de rendre possible une analyse non superficielle ; il est composé à partir du manuel et de l’ensemble des ressources documentaires disponibles, pour autant qu’elles soient adaptées à la classe ; il est apporté par le professeur ou par des lycéens, certains sujets d’étude incitant fortement à la réalisation de recherches documentaires par les élèves, notamment grâce à un recours aux Tice. Ce travail en autonomie des lycéens, très majoritaire durant le traitement des sujets d’étude, ne peut produire ses fruits ni préparer à l’examen sans interventions professorales ponctuelles et ciblées.

4. Éducation civique, géographie et histoire. La géographie et l’histoire ont un fort potentiel d’instruction et de formation civiques ; leurs objets d’étude constituent souvent des enjeux majeurs pour notre société et sa jeunesse. Cela se vérifie dans l’ensemble des voies et à tous les niveaux d’ensei-gnement.Le programme de première ST2S est porteur de cette dimension civique, tant dans les capacités et méthodes – « Critiquer des documents de types différents (textes, images, cartes, graphes, etc.) », « Utiliser de manière critique les moteurs de recherche et les ressources en ligne (internet, intranet de l’établissement, blogs) », « Confronter des situations historiques ou/et géogra-phiques » etc.). - que dans les questions obligatoires (« L’inser- tion de la France dans l’Union européenne », etc.) ou les sujets d’étude (« Combattre pour la République : Jean Moulin », « Les espoirs d’un ordre mondial au lendemain des conflits : de la SDN à l’Onu », « Soigner en France : disparités et maillage », etc.).

Deux thèmes de ce programme l’illustrent tout particulièrement :– La France en République 1880-1945 en histoire.– Les territoires de proximité en France en géographie.

Histoire - Géographie - Éducation civique en classe de 1re de la série sciences et technologies de la santé et du social

Histoire - Géographie - Éducation civique4

Page 5: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Bulletin officiel spécial n° 9 du 1er mars 2012

5Programme

I. TABLEAU DES CAPACITÉS ET MÉTHODES (classe de seconde générale et technologique et classes de première)

Les capacités et les méthodes présentées dans ce tableau figurent explicitement dans les objectifs d’apprentissage. Il revient à l’équipe disciplinaire d’histoire-géographie du lycée ou à chacun(e) des enseignant(e)s d’évaluer leur niveau de maîtrise à l’issue de la classe de seconde, de penser la progressivité de leur apprentissage au fil de l’année de première et de construire les situations d’enseignement les plus propices à leur maîtrise par les lycéens.

I - Maîtriser des repères chronologiques et spatiaux1. Identifier et localiser – nommer et périodiser les continuités et ruptures chronologiques

– nommer et localiser les grands repères géographiques terrestres

– situer et caractériser une date dans un contexte chronologique – nommer et localiser un lieu dans un espace géographique

2. Changer les échelles et mettre en relation

– situer un événement dans le temps court ou le temps long – repérer un lieu ou un espace sur des cartes à échelles ou systèmes de projections différents

– mettre en relation des faits ou événements de natures, de périodes, de localisations spatiales différentes (approches diachroniques et synchroniques)

– confronter des situations historiques ou/et géographiques

II - Maîtriser des outils et méthodes spécifiques1. Exploiter et confronter des information

– identifier des documents (nature, auteur, date, conditions de production)

– prélever, hiérarchiser et confronter des informations selon des approches spécifiques en fonction du document ou du corpus documentaire

– cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire, et le mettre en relation avec la situation historique ou géographique étudiée

– critiquer des documents de types différents (textes, images, cartes, graphes, etc.)

2. Organiser et synthéti-ser des informations

– décrire et mettre en récit une situation historique ou géographique

– réaliser des cartes, croquis et schémas cartographiques, des organigrammes, des diagrammes et schémas fléchés, des graphes de différents types (évolution, répartition)

– rédiger un texte ou présenter à l’oral un exposé construit et argumenté en utilisant le vocabulaire historique et géographique spécifique

– lire un document (un texte ou une carte) et en exprimer oralement ou par écrit les idées-clés, les parties ou composantes essentielles ; passer de la carte au croquis, de l’observation à la description

3. Utiliser les TIC – ordinateurs, logiciels, tableaux numériques ou tablettes graphiques pour rédiger des textes, confectionner des cartes, croquis et graphes, des montages documentaires

III - Maîtriser des méthodes de travail personnel1. Développer son expression personnelle et son sens critique

– utiliser de manière critique les moteurs de recherche et les ressources en ligne (internet, intranet de l’établissement, blogs)

– développer un discours oral ou écrit construit et argumenté, le confronter à d’autres points de vue

– participer à la progression du cours en intervenant à la demande du professeur ou en sollicitant des éclairages ou explications si nécessaire

2. Préparer et organiser son travail de manière autonome

– prendre des notes, faire des fiches de révision, mémoriser les cours (plans, notions et idées-clés, faits essentiels, repères chronologiques et spatiaux, documents patrimoniaux)

– mener à bien une recherche individuelle ou au sein d’un groupe ; prendre part à une production collective

– utiliser le manuel comme outil de lecture complémentaire du cours, pour préparer le cours ou en approfondir des aspects

Page 6: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Histoire - Géographie - Éducation civique6

II - PROGRAMME D’HISTOIRE

1. La France en République 1880-1945 (8 h) Question obligatoire (A)

et Sujets d’étude (B) Notions Commentaires

A – Moments et actes fondateurs (1880-1919)

Démocratie libéraleDroits sociauxLaïcitéLibertés fondamentalesNation République

La République, forme française de la démocratie libérale, est le produit d’une construction.Le régime républicain s’affirme à la fin du xixe siècle autour de grands principes, fondateurs et intangibles. Les libertés, la laïcité et les droits sociaux, souvent acquis dans la lutte, en sont des marqueurs essentiels.De grands soubresauts (l’affaire Dreyfus) divisent les Français, mais ne remettent pas en cause une République qui résiste à l’épreuve de la Grande Guerre.

B – Sujet d’étude au choix :– Incarner la République Les arts et le pouvoir se sont toujours étroitement conjugués. On montre à partir de

l’étude des Mariannes et d’un lieu emblématique (une place de mairie ou une école) comment l’art est un langage exprimant les valeurs, la grandeur et les combats de la République.

– 1936 : la République et la question sociale

Le Front populaire, malgré sa brièveté, marque durablement l’histoire de la France, parce qu’il a impulsé des avancées sociales et a cristallisé de grands débats républicains. Il est devenu une référence majeure et mobilisatrice.

– Louise Weiss (1893-1983) La figure de Louise Weiss reflète les combats de son siècle : féministe, pacifiste, antitotalitaire, européen. On s’intéresse à ses engagements de la Première à la Seconde Guerre mondiale.

2. Guerres et paix, 1914-1945 (8 h)Question obligatoire (A)

et Sujets d’étude (B) Notions Commentaires

A – L’Europe, un espace marqué par deux conflits mondiaux

Crime contre l’humanitéCrime de guerreGénocideGuerre totaleNationalisme

La guerre marque profondément l’Europe du premier xxe siècle et ses peuples.Une double étude permet de le comprendre :– celle des dimensions géopolitiques des deux conflits mondiaux, de leurs caractères

spécifiques, de la violence vécue par les combattants et par les civils ;– celle du complexe de camps d’Auschwitz : il constituait un élément de la politique

concentrationnaire nazie et surtout un instrument majeur de la politique d’extermina-tion des juifs d’Europe ; il est devenu un lieu de mémoire.

B – Sujet d’étude au choix :– Vivre dans l’Italie

mussolinienneL’Italie, ébranlée par la Première Guerre mondiale, devient un pays totalitaire. On étudie la réalité de la vie quotidienne sous le fascisme.

– Combattre pour la République : Jean Moulin

La figure de Jean Moulin a valeur exemplaire. Elle permet de mieux comprendre les motivations de ceux qui défendirent la République à un moment où celle-ci était menacée de l’extérieur et de l’intérieur, et la nature de leur combat.

– Les espoirs d’un ordre mondial au lendemain des conflits : de la SDN à l’ONU

La création de la SDN en 1919 constitue la première tentative de mise en place effective d’un ordre international fondé sur le droit. Son échec éclaire la mise en place de l’Onu, son organisation, ses buts et ses moyens.

Page 7: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

7Programme

3. Science, innovation technique, société - années 1850-années 1950 (8 h)Question obligatoire (A)

et Sujets d’étude (B) Notions Commentaires

A – Un moment d’innova-tion : la deuxième révolution industrielle

FordismeInnovationPropriétéIntellectuelleRévolutionIndustrielleSystème technique

On étudie l’émergence d’un nouveau monde industriel fondé sur l’électricité, le moteur à explosion et la chimie organique.Son essor est intimement lié aux progrès des savoirs scientifiques et à la multiplication des innovations techniques qui s’enchaînent, transformant à la fois les produits et les procédés de production : on concrétise ce processus par la présentation d’un choix limité d’innovations emblématiques.On dégage quelques-unes des caractéristiques des innovations étudiées : elles sont progressivement l’œuvre d’entreprises collectives - les laboratoires - plutôt que d’inventeurs isolés ; elles sont à l’interaction du travail et de stratégies d’un grand nombre d’acteurs ; elles peuvent être acclamées, mais aussi accueillies avec réticence, voire refusées ; elles sont de plus en plus encadrées (brevets, acceptation par la communauté scientifique).

B – Sujet d’étude au choix :– Les Curie, une dynastie

scientifiqueL’aventure scientifique marque la vie personnelle, professionnelle et publique des hommes et des femmes qui s’y engagent. L’étude de la famille Curie sur deux générations permet de le montrer.

– Le projet Manhattan : la science en débat

On présente le projet Manhattan. On montre à cette occasion que l’utilisation de la science et de l’innovation technique soulève également la question de la responsabilité des scientifiques.

– La pénicilline : du laboratoire à la société, naissance d’un médicament

L’étude de la découverte de ce médicament célèbre, depuis les premières observations scientifiques en 1870 jusqu’à son application thérapeutique au cours de la Seconde Guerre mondiale, permet de montrer le fonctionnement de la recherche pharmaceu-tique : travail en laboratoire, mobilité des scientifiques, rôle de l’État et des industriels.

Page 8: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Histoire - Géographie - Éducation civique8

III - PROGRAMME DE GÉOGRAPHIE

1. La France : dynamique de localisation des activités et des populations (8 h)Question obligatoire (A)

et Sujets d’étude (B) Notions Commentaires

A – Habiter, travailler Les espaces du peuplement et du travail

Bassin d’emploiMétropolePopulation / peuplementTerritoire

On analyse les dynamiques territoriales contemporaines à partir de la répartition de la population (inégale densité, métropolisation, mobilités) et des espaces productifs. Cette analyse peut déboucher sur une typologie des territoires, construite à partir de critères majeurs : spécialisation des activités, origine des ressources principales des habitants, dynamisme démographique, accessibilité ou enclavement, etc.

B – Sujet d’étude au choix : Des sites internet proposent de nombreuses données pour étudier les réalités territoriales locales : les sujets d’étude proposés permettent de sensibiliser les lycéens à ces outils de l’aménagement et du développement et de leur donner une occasion de les utiliser.

– Soigner en France : disparités et maillage

On étudie les disparités de répartition de certaines pathologies, le vieillissement de la population, la répartition des professions médicales sur le territoire. On confronte ainsi la demande à l’offre de soins puis on aborde le problème du maillage hospitalier et de son évolution.

– Un territoire de l’innovation On présente le dynamisme démographique et économique d’un territoire spécialisé dans les fonctions de recherche et d’innovation, et fondé sur des activités productives de haute technologie.On souligne l’importance des politiques industrielles sectorielles et l’impact de politiques d’aménagement du territoire dans ce décollage, et l’insertion des activités dans des échelles et des réseaux de coopération européens et mondiaux.

– Un espace rural en déprise En utilisant un certain nombre d’indicateurs (baisse démographique, vieillissement, exode rural, recul agricole, etc.), on présente le processus et les effets de la déprise d’un espace rural. On en souligne les contraintes et les atouts – effectifs ou potentiels – dans le cadre de l’évolution des demandes sociales et des politiques d’aménagement du territoire. Ces atouts peuvent déboucher sur une nouvelle attractivité, à l’échelle nationale ou européenne. Le tout fonde la nécessaire création de nouvelles entités de gestion intercommunale adaptées aux zones rurales.

2. Les territoires de proximité en France (8 h)Question obligatoire (A)

et Sujets d’étude (B) Notions Commentaires

A – Acteurs et enjeux de l’aménagement et du développement des territoires

DécentralisationDéveloppement durableCollectivité territorialeIntercommuna-litéRégion

On montre que la décentralisation administrative et politique transforme les modes d’organisation et de gestion des collectivités territoriales et l’aménagement des territoires. Cette dynamique s’inscrit plus largement dans un rééquilibrage des pouvoirs entre État et collectivités territoriales. Ce changement d’échelle et les nécessaires coopérations entre collectivités aboutissent à la définition progressive de « nouveaux territoires » : communauté de communes, communauté d’agglomération et région. On présente leurs grandes compétences - en évolution - et le rôle des acteurs politiques, économiques et associatifs, aux logiques territoriales parfois divergentes.

B – Sujet d’étude au choix : Chacun des sujets d’étude est l’occasion de présenter les grandes compétences et le rôle d’un acteur particulier de l’aménagement du territoire. Des sites internet proposent de nombreuses données pour étudier les réalités territoriales locales : les sujets d’étude proposés permettent de sensibiliser les lycéens à ces outils de l’aménagement et du développement et de leur donner une occasion de les utiliser.

– Une communauté urbaine, d’agglomération ou de communes

On étudie une communauté urbaine, d’agglomération ou de communes, en montrant que les lois de décentralisation et les progrès de l’intercommunalité ont débouché sur ce nouveau territoire de gestion. On insiste sur le jeu des acteurs et les choix opérés en étudiant son périmètre géographique, son mode d’organisation, ses compétences et ses modes de financement. On souligne l’importance progressive acquise par cette communauté face au pavage communal ancien.

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9Programme

– La gestion de l’eau par une grande agence de l’eau

Ce sujet est étudié dans une perspective d’éducation au développement durable. La recherche toujours plus loin et de façon toujours plus différenciée (captages, pompages, interconnexions) de l’eau dont les populations et les activités ont besoin explique l’importance des grandes agences de l’eau. L’approvisionnement, la gestion de la distribution, la surveillance sanitaire, la collecte et le traitement des eaux usées sont étudiés à l’intérieur d’un système qui s’exprime à la fois par des réseaux d’approvisionne-ment et des modes de gestion étendus à tout un bassin hydrographique.

– La région de l’établissement On présente cette région. À cette échelle, on rend concrets l’extension des compé-tences régionales depuis les différentes lois de décentralisation, les principaux choix de développement et d’aménagement, les efforts de construction d’une identité régionale.

3. La France dans la dynamique européenne (8 h)Question obligatoire (A)

et Sujets d’étude (B) Notions Commentaires

A – La France, un territoire dans l’Union européenne

Aménagement et développe-ment territorialFrontièreIntégration

On présente la dynamique d’élargissement de l’Union européenne - avec ses logiques successives - et sa dynamique d’intégration : politique agricole commune, politiques régionales, marché unique, euro.Ces processus aboutissent à d’importantes mutations du territoire français ; ils reconfigurent progressivement ses modes d’articulation au territoire européen.

B – Sujet d’étude au choix :– Circuler en France et en

Europe : le réseau TGVLe réseau des trains à grande vitesse a profondément modifié la relation espace/temps sur le territoire de la France et de l’Europe. Appelé à s’étendre dans sa dimension nationale et européenne, il est générateur de nouvelles dynamiques d’organisation du territoire à différentes échelles.

– L’espace Schengen : de nouvelles frontières pour la France ?

L’espace Schengen est organisé autour du principe de libre circulation des hommes dans les États adhérents. Le corollaire est la régulation des flux migratoires, en reportant les contrôles dans les zones frontalières externes et au sein même de cet espace. L’espace Schengen illustre le fait que l’Union européenne est une construction complexe, qui relève d’emboîtements territoriaux.

– L’agriculture française face aux mutations de la politique agricole commune

Les défis de la politique agricole commune (coût, problèmes environnementaux, attentes des consommateurs, etc.), dans un contexte mondial de spéculation sur les denrées agricoles, conduisent à de nouvelles stratégies en termes d’aménagement et de productions. La profonde réforme de la Pac oblige l’agriculture française – qui en est la principale bénéficiaire – à des remises en cause et à des initiatives : politique de labels de qualité, diversification des activités, approches agro-environnementales.

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Histoire10

Histoire

1THÈME La France en République, 1880-1945

tion. Après la liberté et la laïcité, les droits sociaux sont des marqueurs essentiels de ce régime.

Le sujet d’étude Louise Weiss illustre la dynamique de l’histoire de la République : la démocratie qui la carac-térise se construit progressivement dans les luttes pour l’extension des droits, notamment celui des femmes. Il illustre également les crises qu’a dû surmonter le régime, notamment la Grande Guerre et ses consé-quences, comme la naissance des totalitarismes euro-péens et la menace qu’ils font placer sur la paix mondiale.

Présentation de la double page d’ouverture (p. 10-11)

Présentation et mise en relation des documents

Doc. 1 Alfred-Henry Bramtot, Le Suffrage universel, 1890 (p. 10)

Retrouvez une lecture d’image de ce tableau dans le manuel numérique enrichi.

Doc. 2 « L’action féministe », Le Petit Journal, mai 1908 (p. 11)

La double page d’ouverture présente deux documents : le tableau de Bramtot représentant le suffrage universel en 1890 et une illustration du Petit Journal illustré de 1906 montrant une action féministe dans un bureau de vote.Tous deux permettent de traiter :

1. Les modalités de l’exercice du suffrage universel (l’urne, les assesseurs, les symboles de la République).

2. La question des combats féministes pour le droit de vote des femmes, obtenu par les Françaises seulement en 1944.

Présentation du thème

Ce thème, situé à la croisée de l’Histoire et de l’Éducation civique, vise à donner aux élèves une connaissance de l’histoire politique de la IIIe République afin de mieux saisir les valeurs qui vont fonder leur citoyenneté.

Rappel des notions associées au thème

Démocratie libérale : système de gouvernement combi-nant l’élection des représentants au suffrage universel et la garantie des libertés fondamentales.Droits sociaux : ensemble de lois protégeant les indivi-dus en matière de santé, de travail, de logement, etc.Laïcité : principe d’impartialité de l’État à l’égard des Églises ou de toute confession religieuse.Libertés fondamentales : ensemble des droits primor-diaux de l’individu, assurés dans un État de droit.Nation : communauté humaine soudée par la conscience d’une histoire et d’une culture communes.République : régime politique reposant sur les valeurs des droits de l’homme et caractérisé par un équilibre entre le pouvoir exécutifet le pouvoir législatif (Parlement).

Les articulations possibles entre la Question obligatoire et les Sujets d’étude au choix

Le sujet d’étude Incarner la République facilite le pas-sage de la dimension locale au cadre national, il articule les dimensions du politique à différentes échelles. Par une démarche analytique, il devient ainsi possible de retrouver les grandes orientations de la politique de la République au niveau symbolique.

Le sujet d’étude 1936 : la République et la question sociale illustre le fait que la République, forme française de la démocratie libérale, est le produit d’une construc-

Doc. 4 Des crises et des renouvellements, 1914-1945Une frise chronologique représentant les principales dates de la vie politique française entre 1914 et 1945.

Doc. 5 Le vote socialiste aux élections législatives de 1936Une carte représentant le pourcentage des suffrages socialistes par département aux élections législatives de 1936.

Doc. 1 L’enracinement de la République. Une frise chro-nologique représentant les principales dates de l’enraci-nement de la République en France entre 1870 et 1914.

Doc. 2 Les institutions de la IIIe République. Un schéma des institutions adoptées par l’Assemblée nationale en 1875.

Doc. 3 Le vote républicain aux élections législatives de 1881. Une carte représentant le pourcentage des suf-frages républicains par département aux élections légis-latives de 1881.

repères p. 12-13

Page 11: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

111. La France en République, 1880-1945

Réponses aux questions

1. Les institutions de la IIIe République sont mises en place en 1875. Le régime établi par ces institutions est un régime parlementaire, c’est-à-dire un régime caractérisé par un équilibre entre le pouvoir exécutif (gouverne-ment) et le pouvoir législatif (Parlement).

2. Les grandes ruptures de l’histoire de la IIIe République sont les suivantes : la proclamation de la République (1870), le vote des lois constitutionnelles (1875), le vote des lois libérales et scolaires (1881-84), l’affaire Dreyfus (1898-99), la Séparation des Églises et de l’État (1905), la Grande Guerre (1914-18), la chute de la République (1940).

3. Les élections législatives de 1881 sont les premières à confirmer la victoire des républicains après les incerti-tudes des années 1870. Les élections de 1936 voient la victoire du Front Populaire : c’est la première fois que les socialistes sont au gouvernement.

4. Les régions socialistes en 1936 sont souvent les mêmes que les régions républicaines en 1881, à deux exceptions près : les régions du nord-est, qui votent républicain en 1881 parce que les républicains veulent reprendre l’Alsace-Lorraine ; et les régions ouvrières (notamment le Nord).

cours 1 p. 14-15

L’établissement de la République

Présentation des documents

Doc. 1 : Un « camembert » représentant l’Assemblée nationale au lendemain des élections législatives de 1881.Doc. 2 : Un protège-cahier de 1900 représentant les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.Doc. 3 : La photographie de la mairie-école d’Arcy-sur-Cure, construire sous la IIIe République.

Réponses aux questions

1. Trois dates-clés de l’installation de la République en France : la proclamation de la République (1870), les lois constitutionnelles (1875), les lois scolaires (1881-1882).2. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen est une référence importante de la Révolution pour les républicains.3. Trois grandes lois républicaines des débuts de la Troisième République : la liberté de la presse (1881), les lois scolaires (1881-82), l’autorisation des syndicats (1884).4. Pour les républicains, la politique scolaire est impor-tante, dans la mesure où il faut instruire les citoyens afin que ceux-ci puissent voter en toute connaissance de cause.

BilanD’abord, les républicains instaurent un régime parlemen-taire dans lequel les députés sont élus au suffrage univer-sel. C’est l’égalité civile.Ensuite, les républicains mettent en place une politique

Présentation

« La République, forme française de la démocratie libé-rale, est le produit d’une construction.Le régime républicain s’affirme à la fin du xixe siècle autour de grands principes, fondateurs et intangibles.Les libertés, la laïcité et les droits sociaux, souvent acquis dans la lutte, en sont des marqueurs essentiels.De grands soubresauts (l’affaire Dreyfus) divisent les Français, mais ne remettent pas en cause une République qui résiste à l’épreuve de la Grande Guerre. » (Bulletin officiel n° 9 du 1er mars 2012).

Présentation générale des pages de COURSConformément aux commentaires du programme, le plan retenu est le suivant :Cours 1 L’établissement de la République. Ce cours est l’occasion de présenter le régime parlementaire mis en place en 1875, les lois fondatrices de la République et la politique scolaire.Cours 2 Les grandes crises politiques de la fin du xixe siècle. Ce cours permet de présenter la crise bou-langiste, l’avènement d’une contestation d’extrême-gauche (socialiste et anarchiste) et l’affaire Dreyfus.Cours 3 L’affirmation d’une République laïque. Ce cours est l’occasion de réfléchir à la notion de laïcité, notamment par l’étude du radicalisme et de la sépara-tion des Églises et de l’État.Cours 4 Appartenir à une même nation. Ce cours examine la façon dont la République a renforcé le sentiment national français, depuis la propagande des valeurs républicaines jusqu’à la victoire républi-caine de 1918, en soulignant la place de l’armée dans la République. Il est aussi l’occasion d’une réflexion sur la politique coloniale républicaine.

question obligatoireAMoments et actes fondateurs (1880-1919)

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Histoire12

de défense des libertés : liberté de la presse, liberté de réunion, liberté syndicale.

Enfin, les républicains initient une ambitieuse politique scolaire, afin que les citoyens libres et égaux en droit bénéficient également d’une certaine égalité des chances sociales.

cours 2 p. 16-17

Les grandes crises politiques de la fin du xixe siècle

Présentation des documents

Doc. 1 : Une couverture de partition illustrée d’une chan-son boulangiste et antiparlementaire en 1888.Doc. 2 : Un extrait du discours du député J.-L. Breton à l’Assemblée nationale en 1906 à propos du transfert des cendres d’Émile Zola au Panthéon.Doc. 3 : La couverture de L’Humanité de 1909 sur la manifestation du 1er mai pour réclamer la journée de huit heures.

Réponse aux questions

1. Les nationalistes, les anarchistes et les socialistes constituent trois courants d’opposition à la politique républicaine à la fin du xixe siècle.2. L’antisémitisme est un racisme dirigé contre les Juifs.3. Émile Zola est entré au Panthéon car les républicains ont considéré, au lendemain de l’affaire Dreyfus, qu’il avait défendu, avec la justice et la vérité, des valeurs républicaines.4. Les socialistes s’adressent à l’ensemble des prolétaires, c’est-à-dire aux ouvriers.

BilanD’une part, l’extrême-gauche reproche à la République d’être un régime dirigé par les riches bourgeois et de ne pas mettre en place une politique d’égalité sociale et sexuelle.D’autre part, l’extrême-droite reproche à la République d’être un régime sans autorité, faible vis-à-vis des étran-gers et refusant de tout mettre en œuvre pour reprendre l’Alsace-Lorraine.

cours 3 p. 18-19

L’affirmation d’une République laïque

Présentation des documents

Doc. 1 : Une illustration de La Presse illustrée de 1881 et un extrait d’un article du journal catholique L’Univers de 1882 sur la laïcisation des bâtiments publics au début des années 1880.

Doc. 2 : Un extrait du livre de Mona Ozouf sur la laïcisation de l’enseignement primaire entre 1878 et 1907 et un histogramme représentant les effectifs des écoles publiques et privées laïques et congréganistes en 1878-1879 et 1906-1907.Doc. 3 : Une carte postale représentant une photographe des inventaires à Sainte-Anne d’Auray en Bretagne en 1906.

Réponses aux questions

1. La politique laïque des républicains s’est notamment traduite par l’affirmation de la liberté de conscience, par l’interdiction des prières publiques au Parlement, par le retrait des crucifix des bâtiments publics et, surtout, par la politique scolaire – en attendant la séparation des Églises et de l’État en 1905.2. Jules Ferry et Émile Combes ont incarné cette poli-tique républicaine de laïcité.3. Les républicains veulent garantir la laïcité afin que l’Église, soutien traditionnel de la monarchie, n’interfère pas dans les affaires de l’État. Ils veulent aussi garantir la liberté de conscience, afin que chaque citoyen soit seul juge de ses actes politiques.4. Au tournant des xixe et xxe siècles, l’Église catholique fut la principale opposante à la politique républicaine de laïcité.

BilanPourquoi ? Les républicains ont appliqué le principe de laïcité pour deux raisons : d’une part, il s’agissait de faire de chaque citoyen un sujet libre ; d’autre part, il s’agissait de lutter contre l’influence de l’Église catholique, soutien traditionnel de la monarchie.Comment ? Les républicains ont d’abord garanti la neu-tralité de l’État (retrait des crucifix des édifices publics, instauration d’une école laïque), puis, en 1905, ils ont opéré la séparation des Églises et de l’État.

cours 4 p. 20-21

Appartenir à une même nation

Présentation des documents

Doc. 1 : Une illustration tirée d’une Histoire de France de 1933 représentant la fête du 14-Juillet.Doc. 2 : Une photographe de tirailleurs sénégalais dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale.Doc. 3 : Un extrait du discours de Clemenceau à l’Assem-blée nationale le 11 novembre 1918.

Réponses aux questions

1. Le drapeau tricolore, le chant La Marseillaise, la figure de Marianne et la fête du 14-Juillet sont trois symboles de la République française.

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131. La France en République, 1880-1945

2. Les valeurs et les symboles républicains sont diffusés dans l’ensemble de la société française par le discours politique, l’école républicaine et le service militaire.3. Du point de vue républicain, les militaires ne peuvent pas intervenir dans la vie politique, dans la mesure où l’armée doit être au service de la nation souveraine et ne doit pas être en mesure (comme ce fut le cas avec Napoléon Ier) de prendre le pouvoir elle-même.4. Le service militaire a pour fonction de faire de chaque citoyen un soldat capable de défendre la patrie, d’une part, et d’inculquer le patriotisme dans l’esprit de chaque citoyen, d’autre part.

BilanSous la IIIe République, les Français doivent apprendre à connaître et à aimer la nation par trois moyens :D’abord, les Français doivent connaître les différents sym-boles de la République, régulièrement présentés à l’occa-sion de fêtes civiques comme celle du 14 Juillet.

Ensuite, les jeunes Français apprennent les valeurs répu-blicaines à l’école primaire.Enfin, les hommes continuent à apprendre à connaître et à aimer la nation lors de leur service militaire.

À lireVincent Duclert, La République imaginée, 1870-1914, Belin, 2010.Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la IIIe République, Éditions du Seuil, « Points-Histoire », 1984.À voirJulien Duvivier, La Belle Équipe, 1936.Jean Renoir, La Grande Illusion, 1937.Bertrand Tavernier, La Vie et rien d’autre, 1987.À consulterwww.assemblee-nationale.frwww.senat.fr

Pour AllEr loin

sujet d’étude 1 p. 24-29

Incarner la République

Les commentaires du programme« Les arts et le pouvoir se sont toujours étroitement conjugués. On montre à partir de l’étude des Mariannes et d’un lieu emblématique (une place de mairie ou une école) comment l’art est un langage exprimant les valeurs, la grandeur et les combats de la République. » (BO n° 9 du 1er mars 2012).

Place dans le thèmeCe sujet d’étude facilite le passage de la dimension locale au cadre national, il articule les dimensions du politique à différentes échelles. Par une démarche analytique, il devient ainsi possible de retrouver les grandes orien-tations de la politique de la République au niveau symbolique.La question obligatoire Moments et actes fondateurs, 1880-1919 permet de montrer combien la République s’est construite dans les combats par l’affirmation de ses valeurs. L’art a représenté un moyen important pour ancrer le régime au cœur même de l’espace géogra-phique et social national. Jusque dans les plus petits villages de la France entière, la République a pu inscrire sa victoire à travers des symboles forts qui ont scandé la vie du citoyen : l’école et la mairie pour l’architecture, le monument aux morts et le buste de Marianne pour la sculpture publique, le drapeau tricolore et les inscriptions

sujet d’étude au cHoixB

commémoratives pour les arts décoratifs. Cet enracine-ment artistique, qui se double d’un ensemble de célébra-tions, pose la victoire de la démocratie républicaine comme l’aboutissement d’un combat engagé depuis le xviiie siècle. En ce sens, la République hérite et reprend à son compte l’utilisation des arts par la monarchie absolue pour promouvoir et commémorer sa grandeur.

Présentation du planLe sujet d’étude est abordé à travers l’inscription spatiale d’une symbolique artistique riche et cumulative, qui mène de l’extérieur, à travers essentiellement le lieu central de la place publique, jusqu’à l’intérieur, dans l’école aussi bien que dans la mairie. La place symbolise le pouvoir comme lieu de son exercice, mais aussi de sa mise en représentation. Dans ses différentes déclinaisons, politique, administrative, scolaire, militaire, voire spiri-tuelle, le pouvoir de la république prend une dimension particulièrement visible. À l’intérieur de la mairie ou de l’école, avec la présence de Marianne et le rappel des valeurs républicaines (patriotisme, liberté, égalité, justice), il fait œuvre de pédagogie et se coule dans une solennité que cherchent à traduire les portraits des présidents.

a La place et les monuments républicains (p. 24-25)

Présentation des documentsTrois photographies et une illustration permettent d’aborder l’architecture, la sculpture et la célébration

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Histoire14

publique comme autant de registres artistiques utilisés par la République pour s’inscrire dans la durée symbolique.

Présentation de l’Activité Histoire des ArtsL’activité proposée incite l’élève à constituer puis à exploi-ter une banque de données : à la phase de la compilation, succède une démarche de classification et d’identifica-tion, dans un va-et-vient constant entre le contexte historique global et sa traduction locale. La réalisation d’une typologie vise à créer une situation pédagogique dynamique face à un corpus de documents, puis à affiner l’approche sélective. Les monuments aux morts, derrière l’apparente homogé-néité de leur réalisation et de leur fonction, présentent plus ou moins de similitudes les uns par rapports aux autres. Les organiser en groupe permet de travailler sur les différents symboles mis en œuvre, sur l’importance qui leur est accordée, et sur l’idéologie qu’ils sous-tendent. Autant de démarches à la base de l’histoire des arts.

Réponses aux questions

Inscrire le pouvoir dans l’espace urbain (doc. 1 à 4)1. La République a marqué sa victoire politique par un programme de construction dans l’espace civil d’une ampleur sans équivalent. Avec la réalisation des mairies-écoles dans chaque commune de France, à l’échelle du village voire bien souvent du simple hameau, le régime se rend visible à chaque citoyen dans son espace le plus quotidien. L’enjeu ne se cantonne pas pour autant à l’ins-cription physique et architecturée de son règne. Par son réseau dense de mairies, c’est l’état de droit qui affirme son ambition ; avec le quadrillage des écoles municipales, c’est une grande partie de la jeunesse qui peut être éduquée aux valeurs de la citoyenneté républicaine ; avec le monument aux morts, se trouve posée la force patriotique de la nation tout entière.2. La place centrale de Dreux permet de percevoir com-bien la République s’inscrit dans la continuité. L’église renvoie à l’encadrement spirituel mais aussi administratif exercé pendant tout le Moyen Âge par le clergé dans l’héritage de l’Empire romain. Le beffroi, élevé au xvie siècle à la place d’un bâtiment plus ancien, évoque la conquête des droits communaux face à la puissance seigneuriale (en l’occurrence celle du roi de France). La mairie des années 1890 prend ainsi le relais d’un mou-vement ancien, alors que le monument aux morts, placé de manière peu anodine entre l’église et la mairie, marque la réconciliation d’une nation autour du patriotisme.3. La statuomanie, grand mouvement de réalisation de sculptures publiques, lancé dès avant le triomphe de la République et puissamment alimenté par les monuments aux morts, présente aux citoyens une vision des grands hommes et des grands événements qui ont forgé l’unité nationale dans le rassemblement. Les monuments aux

morts s’inscrivent dans cette perspective en présentant les insignes du pays (le drapeau, le coq, la France, la ville, comme sur le monument aux morts drouais) et du régime (Marianne, la liberté) aux côtés des soldats morts pour la patrie, c’est-à-dire pour que les survivants puissent jouir des valeurs républicaines.

Incarner les valeurs de la République (doc. 2 à 4)4. Le doc. 2 marque l’osmose affirmée entre la République et les valeurs des Lumières (démocratie, liberté, égalité). Les doc. 2 et 4 permettent de mesurer le patriotisme du régime. L’école du doc. 3 renvoie à un souci d’égalité et de laïcité, sans négliger la scolarisation obligatoire pour les filles et les garçons, premiers pas vers la reconnaissance de la pleine égalité homme-femme.5. Les luttes du régime sont évoquées successivement dans leur dimension politique (doc. 2, le difficile avène-ment de la IIIe République, après trois générations de combats contre le pouvoir autoritaire), idéologique (doc. 3, l’école de l’instituteur républicain face à l’ensei-gnement du curé catholique et souvent monarchiste) et national (doc. 4, les soldats français vainqueurs de la guerre contre le puissant voisin allemand).6. Pour promouvoir ses valeurs, la République a su porter le combat politique sur le terrain symbolique (statues et inscriptions publiques) autant que sur l’exercice direct et quotidien du pouvoir administratif (mairie, école). Elle recourt aux procédés allégoriques, à l’accumulation des emblèmes et des manifestations dans une dyna-mique de renforcement, et à la fusion des thématiques (Marianne symbolise ainsi autant la nation et le patrio-tisme que la République et la liberté). Et elle s’inscrit dans le quotidien de chaque citoyen, selon ses différentes déclinaisons (écolier, soldat, administré) et dans les différents temps de la vie (fête, mariage ou deuil).

aCTiViTÉ BilanLieu de l’activité quotidienne, l’espace public se trouve davantage parcouru qu’observé. Afin d’inciter les élèves à scruter ce qu’ils voient et à comprendre ce qu’ils regardent, la réalisation d’un reportage permet de relier le cours au vécu quotidien de la citoyenneté. C’est égale-ment l’occasion de se familiariser avec les conditions de la réalisation de photographies exploitables et de tra-vailler avec des logiciels de mise en page type Powerpoint.

b Les objets et symboles républicains (p. 26-27)

Présentation des documentsL’évocation de la République constitue le fil directeur de cet ensemble documentaire. Incarnée par une figure féminine clairement identifiable (la Marianne des docu-ments 5, 6, 7 et 9) ou par les initiales RF (doc. 8), le prin-

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151. La France en République, 1880-1945

cipe républicain accumule les attributs et les références à l’intérieur de l’espace public, sur un mode identique à celui étudié pour l’espace extérieur.

Présentation de l’Activité T i C ECette recherche vise à impliquer l’élève dans l’identifica-tion d’une chaîne généalogique. La République n’a pas inventé les symboles qu’elle met en exergue. D’origine parfois antique (le bonnet phrygien) ou moderne (le pré-nom populaire Marianne), ces symboles renvoient pour la plupart à la période de la Révolution (drapeau tricolore) ou du Premier Empire (Légion d’honneur). Plusieurs sont également le produit d’un glissement (la palme des mar-tyres chrétiens, les rayons du Dieu catholique, le glaive ou la francisque des rois de France, et le coq, emblème national officiel depuis Louis-Philippe). Ils appartiennent également à plusieurs registres : militaire, idéologique ou social. La recherche d’autres symboles républicains invite à prolonger et à compléter la démarche. On pourra ainsi ajouter un certains nombres d’objets (cocarde, arbre de la liberté, gerbe) et de textes (Marseillaise, devise).

Réponses aux questions

Les Mariannes (doc. 5 à 7)7. Les trois documents permettent de comparer plu-sieurs représentations de Marianne : sculpture, illustra-tion, photographie. Marianne est aisément identifiable grâce à deux attributs : le bonnet phrygien et la robe à l’antique. Sa féminité, évocation de la dimension mater-nelle, est affirmée par la chevelure longue et soignée en nattes, tresses ou boucles, et la poitrine marquée. Les détails de l’habillement, de la pose ou des attributs permettent de percevoir des nuances dans la représenta-tion. Certaines différences invitent ainsi à moduler l’inter-prétation : le sein découvert renvoie à la mère nourricière, la lumière à la propagation du progrès, la gerbe à la pros-périté économique, l’épée à la lutte patriotique. 8. Les détails jouent un rôle essentiel pour comprendre les différentes images données de la France par chaque Marianne. Le doc. 5 permet ainsi de distinguer plusieurs variantes : le progrès avec le triangle ensoleillé et le large bonnet pour la Marianne d’Hébert ; l’abondance avec les végétaux sculptés par Guérin ; les valeurs guerrières avec la cuirasse musclée pour la Marianne très martiale d’Hercule.

Les symboles républicains (doc. 5 à 9)9. La République est présentée sous un jour positif autour des valeurs de courage patriotique (doc. 5 et 9), de protection (doc. 5 et 6), de solennité (doc. 5 et 9) et d’éducation (doc. 5 et 6). Ces représentations insistent tour à tour sur la dignité, la bienveillance ou l’optimisme.10. Tous ces documents sont des œuvres d’art (doc. 5) ou des objets culturels à forte intensité artistique (doc. 6, 7, 8 et 9). Mais leur but explicite consiste à faire passer

un certain nombre de scansions idéologiques qui se répondent l’une l’autre dans un corpus doctrinaire très cohérent. La multiplication et la redondance des sym-boles s’expliquent également par le souci de toucher, aussi bien par le texte que par l’image ou le décorum, une population inégalement cultivée. Cette abondance donne son efficacité à l’affirmation de la victoire, de la force et de la capacité à promouvoir un ordre neuf fondé sur les nouvelles valeurs du régime républicain.

aCTiViTÉ BilanCette activité permet de regrouper et de synthétiser les différentes réponses autour de l’idée de la mise en représentation des valeurs de la République. Plusieurs objectifs sont ici recherchés : tout d’abord, le choix d’un fil directeur et la réalisation d’un plan. Puis le tri et la réorga-nisation des éléments de réponse. Enfin, la référence aux documents.On peut partir de l’abondance des représentations. Puis distinguer trois dimensions : la protection et l’égalité garanties par l’État de droit, la promotion des idées des Lumières, le patriotisme. Pour conclure sur l’efficacité du régime républicain dans l’explicitation et la transmis-sion de ces valeurs, notamment par l’utilisation des arts.

Recherche T i C E (p. 28)Cette Recherche TICE invite à constituer puis à travailler sur un corpus d’images autour du genre du portrait présidentiel.1. La liste des Présidents peut donner lieu à la réalisation d’une frise chronologique.2. L’analyse des tableaux est destinée à stimuler l’obser-vation dans sa dimension comparative. Les éléments de réponse peuvent être puisés notamment dans la liste ci-jointe :

Cadrage du portrait

Pose du Président

Habit, décoration

Objets présents

Direction du regard

Impression d’ensemble

En buste, en pied, à l’améri-

caine

Solennelle, naturelle, artificielle

Redingote, habit de

cérémonie, en complet.

Cravate,collier, croix, boutonnière

pour la Légion

d’honneur

LivresTable

NappeBoiseries

en arrière-

plan

De face, de côté

en direction

du spectateur,

lointain

Force, rigidité, chaleur,

sympathiehumanitéfroideur

3. Une classification aisée partant du tableau précédent peut faire apparaître les couples suivants : en buste/en pied ; regard tourné vers l’extérieur/vers le spectateur ; présence/absence de décor à l’arrière-plan.4. 5 et 6. Les questions 4, 5 et 6 conduisent à comparer les différentes représentations du Président Grévy, notamment les photos et le tableau, ce qui montre l’hésitation qui a alors prévalu : le portrait officiel

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Histoire16

pouvait-il être une photo ? Quelle attitude donner au Président ? Quelle position privilégier ? Dans quelle tenue ? Etc. L’option finalement retenue, proche du portrait officiel d’Adolphe Thiers, révèle qu’un modèle tend à se mettre en place, qui reste quasi inchangé jusqu’aux débuts de la Ve République.

sujet d’étude 2 p. 30-35

1936 : la République et la question sociale

Rappel des commentaires du programme« Le Front populaire, malgré sa brièveté, marque durable-ment l’histoire de la France, parce qu’il a impulsé des avancées sociales et a cristallisé de grands débats répu-blicains. Il est devenu une référence majeure et mobilisa-trice. » (BO n° 9 du 1er mars 2012).

Place dans le thèmeCe sujet d’étude illustre le fait que la République, forme française de la démocratie libérale, est le produit d’une construction. Après la liberté et la laïcité, les droits sociaux sont des marqueurs essentiels de ce régime.

Présentation du plan Le sujet d’étude s’organise en deux parties : la première consacrée à la victoire du Front populaire et les espoirs de changements qu’il porte en lui ; la seconde consacrée aux réalisations sociales du Front populaire, par lesquelles ce bref moment est devenu une référence majeure et mobilisatrice.

a La victoire du Front populaire (p. 30-31)

Présentation des documents

Doc. 1 : brochure éditée par le Front populaire au prin-temps 1936, présentant de manière claire les ennemis de la coalition de gauche : la misère, le fascisme et la guerre, auxquels s’oppose un programme s’opposant terme à terme à ces maux : le pain, la paix, la liberté.Doc. 2 : le 14 juillet 1936 se trouvent à la tribune place de la Nation à Paris les principaux leaders du Front popu-laire, représentant les partis formant la coalition électo-

Maurice agulhon, Marianne au combat, l’imagerie et la symbo-lique républicaine de 1789 à 1889, Flammarion, 1979 ; Marianne au pouvoir, Flammarion, 1989.annette Becker, Les monuments aux morts, Mémoire de la Grande Guerre, Errance, 1988.Pierre nora (dir.), Les lieux de mémoire, 3 tomes, Gallimard, 1984-1992.Philippe Poirier (dir.), Art et pouvoir de 1848 à nos jours, SCEREn/CnDP, 2006.

Pour AllEr loin

rale qui vient de remporter les élections. Cette majorité est composée des trois grands partis (PC, SFIO, Parti radical) mais aussi de divers groupements de gauche représentant un nombre non négligeable de voix.Doc. 3 : l’hebdomadaire Voilà, qui rend compte de la nomination de trois femmes dans le gouvernement de Léon Blum, est un magazine de reportages fondé en 1931 par Gallimard. Il connaît une forte diffusion (350 000 exemplaires) jusqu’à sa disparition en juin 1940.Doc. 4 : extrait de documents d’archives, rapports de la gendarmerie de Brive en Corrèze sur les grèves de 1936 conservés aux archives départementales de Corrèze (www.archives.cg19.fr).Doc. 5 : Une de l’hebdomadaire illustré Miroir du Monde (1930-1937), qui fusionne en 1937 avec un autre journal illustré, le Monde illustré.Doc. 6 : Un mois après la victoire de la coalition du Front populaire, le 6 juin 1936, Léon Blum se présente devant la Chambre. Il annonce qu’il appliquera le programme d’une majorité de rassemblement qui n’est pas celle du parti socialiste (http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/Leon_Blum.asp).

Réponses aux questions

La victoire du Front populaire (Repères, doc. 1 à 3)1. Le Front populaire est un rassemblement de partis de gauche envisagé dès 1935 et concrétisé en vue de la préparation des élections législatives d’avril-mai 1936.Le contexte donnant naissance au Front populaire est formé de plusieurs éléments. D’abord le malaise social lié à la crise économique : les ouvriers sont touchés par le chômage, les agriculteurs et les fonctionnaires par la baisse de leurs revenus. La crise sociale se double d’une crise politique : les ligues d’extrême droite, se revendiquant parfois du fascisme, contestent violem-ment la Troisième République dans une tradition antipar-lementaire alimentée par divers scandales. Face à la mon-tée des régimes autoritaires et totalitaires, se développe en France l’antifascisme. D’abord rassemblement d’intel-lectuels, il pénètre dans les partis politiques de gauche, notamment le Parti communiste qui, lui-même, connaît une évolution : parti révolutionnaire isolé au début des années 1930, il change de stratégie et commence à se présenter fin 1934 comme un grand parti populaire, national et ouvert. La SFIO accueille favorablement le tournant stratégique du PC. Le but de la gauche est ainsi de réaliser le rassemblement des ouvriers et des classes moyennes. L’aile gauche des radicaux rejoint les socialistes et les communistes pour organiser le 14 juillet 1935 des manifestations unitaires. La Ligue des droits de l’homme et du citoyen s’y associe, ainsi que les syndicats de gauche.Les principales forces du Front populaire sont donc le Parti radical et radical socialiste, fondé en 1901, la Section

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171. La France en République, 1880-1945

française de l’Internationale ouvrière (SFIO), fondée en 1905 par l’agrégation de plusieurs tendances du socialisme français et officiellement révolutionnaire, et le Parti Communiste (PCF), né en 1920 lors du Congrès de Tours qui voit la scission de la SFIO en deux : la SFIO demeure, plutôt réformiste et le PC est fondé avec les socialistes acceptant le communisme révolutionnaire tel qu’il est défini par Lénine en Russie soviétique.2. Les élections des 26 avril et 3 mai 1936 voient la vic-toire du Front populaire. Les socialistes ayant le plus grand nombre de députés, c’est leur dirigeant, Léon Blum, qui est choisi pour présider le gouvernement. Son gouvernement est notamment composé de jeunes gens, de personnes parfois sans expérience gouverne-mentale et, pour la première fois, de femmes, lesquelles n’ont alors pas le droit de vote. Trois d’entre elles sont en effet nommées sous-secrétaires d’État. Cécile Kahn-Brunschvicg (1877-1946). Elle épouse en 1899 Léon Brunschvicg, un philosophe féministe membre de la Ligue des Droits de l’Homme, puis vice-président de la Ligue des électeurs pour le suffrage des femmes. Elle adhère en 1907 à l’Union française pour le suffrage des femmes (UFSF) dont elle devient secrétaire générale puis présidente entre 1924 et 1946, ainsi qu’au Conseil national des femmes française. Elle aide à la création de centres sociaux et à l’École des surintendantes d’usine (1917). Elle adhère en 1924 au Parti républicain, radical et radical-socialiste (ou PRS). Elle participe à la création des cantines scolaires, au développement de la sur-veillance de la délinquance et des risques sanitaires ainsi qu’à la promotion de l’éducation des filles.Suzanne Lacore (1875-1975), institutrice puis directrice d’école primaire en Dordogne, elle est la première militante de la SFIO en 1906. Elle dirige le Comité national des femmes socialistes. Elle écrit des articles pour le jour-nal Le Travailleur du Périgord. Comme sous-secrétaire d’État à la Protection de l’enfance, elle institue notam-ment les visiteuses sociales, la formation des jeunes salariées et prend des mesures pour accompagner les enfants abandonnés.Irène Joliot-Curie (1897-1956). Elle obtient avec son mari Frédéric Joliot, le prix Nobel de chimie en 1935 pour leur découverte de la radioactivité artificielle, un pas impor-tant vers la découverte de la fission nucléaire. Ils tra-vaillent dès 1939 au projet d’une bombe atomique fran-çaise. Membre du gouvernement du Front populaire, elle démissionne au bout de trois mois pour problèmes de santé.

Le programme du Front populaire (doc. 1 et 6)3. Les projets politiques du Front populaire visent à approfondir les libertés démocratiques dans le cadre républicain et à lutter contre le fascisme. En ce qui concerne les projets économiques et sociaux, il s’agit

d’améliorer la vie des travailleurs et, en période de crise, utiliser les grands travaux pour relancer la croissance, faire baisser le chômage mais aussi améliorer l’équipe-ment du territoire.4. Le discours de Léon Blum affirme la continuité du Front populaire avec les institutions républicaines. Il se place dans le cadre du parlementarisme (les partis qui composent la majorité), démocratique (le peuple français) et libéral (les libertés démocratiques). En même temps, il se veut par son programme économique héritier de la minorité qui, lors de la Révolution de 1789 ou celle de 1848, réclame la mise en place non seulement d’une démocratie libérale mais également d’une démocratie sociale.

Les grandes grèves de 1936 (doc. 4 et 5)5. Les documents 4 et 5 suggèrent que plusieurs types d’activités sont touchés par les grèves : des activités industrielles (ardoisiers des chantiers, sabotiers dans les ateliers, usines de plus grande taille) et des activités relevant du secteur tertiaire (garçons de cafés). Ils récla-ment des augmentations de salaires. Les témoignages décrivent le PCF et la CGT pris de court par le mouve-ment, comme le reconnaît Léon Jouhaux. Ces grèves correspondent aux secteurs de syndicalisation particuliè-rement faible. Aucune force politique ou syndicale natio-nale n’a voulu ces grèves. Ce mouvement né de la base est repris par les syndicats qui enregistrent une forte croissance de leurs effectifs au mois de juin.La victoire du Front populaire s’accompagne d’une vague de grèves d’une ampleur jamais atteinte. Elle commence le 11 mai 1936 au Havre, en protestation contre le licen-ciement d’ouvriers grévistes le 1er mai. La semaine qui suit enregistre une première vague de grèves dans les usines d’aviation et d’automobiles de la région parisienne. La reprise semble acquise le 30 mai. Pourtant, la grève repart vigoureusement le 2 juin. Le dimanche 7 juin, c’est le début des négociations à Matignon. Contrairement à la version de Blum lui-même, une première rencontre a eu lieu dans la nuit du 4 au 5, tant la situation paraît grave. Blum a pu constater que le patronat ne faisait pas de l’évacuation des usines un préalable. Les accords Matignon, connus le 8 juin, n’arrêtent pas la deuxième vague de grèves. Au contraire, elles s’étendent à d’autres professions : grands magasins, bâtiments, assurances. Au milieu de la semaine, on compte 1,5 millions de grévistes. Le reflux commence à la fin de la semaine, alors que la CGT, le PC et la SFIO se mobilisent pour la reprise. Mais pour que la grève cesse, il faut que les négociations locales aboutissent, et elles sont parfois longues. En mai-juillet, seuls trois départements ne connaissent pas les grèves. La troisième vague éclate fin juillet-début août. Elle concerne d’une part des secteurs paisibles, où les ouvriers avaient fait le choix de la négociation (chaussure,

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Histoire18

Doc. 8 : affiche créée par l’illustrateur Léon Blot, publiée en mai 1936, défavorable à la semaine des 40 heures. Doc. 9 : interview du député Léo Lagrange (1900-1940), sous-secrétaire d’État aux Loisirs et aux Sports, à Vendredi, hebdomadaire qui paraît de novembre 1935 à décembre 1938.Doc. 10 : le 20 juin 1936, le Journal Officiel publie la loi instituant 15 jours de congés payés annuels et les semaines de 40 heures. Cette année-là, 600 000 per-sonnes partent en vacances. Léo Lagrange négocie avec la compagnie de chemin de fer un billet populaire de congés annuel à tarif réduit dont 907 000 personnes bénéficient en 1937.Doc. 11 : Serge Wolikow, né en 1945, est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne à partir de 1991, spécialiste entre autres de l’histoire du mouvement ouvrier.

Présentation de l’Activité T i C ECe film de 1’11’’ insiste sur la nouveauté du départ en vacances, la découverte de la nature par les urbains et la liberté que ces congés apportent (on est prisonnier à Paris, liberté, évasion, indépendance…). Il insiste égale-ment sur le rôle du train, à une époque où les automo-biles sont encore réservées à une élite aisée.

Réponses aux questions

Les lois sociales du Front populaire (Repères, doc. 7 et 8)7. Le lendemain de son investiture, Léon Blum réunit à Matignon (lieu de la présidence du Conseil), les dirigeants de la Confédération générale du patronat français et la CGT pour négocier les conditions de la sortie de crise. C’est la première fois qu’un chef de gouvernement intervient pour favoriser ce genre de dialogue. Un terrain d’entente est trouvé et les accords dits « de Matignon » sont signés dans la nuit du 7 au 8 juin 1936. Les patrons renoncent à sanctionner les ouvriers grévistes en échange de la promesse de la CGT à reprendre le travail. Les accords admettent l’établissement immédiat de contrats collectifs de travail. Ceux-ci sont d’ordre public et leur contenu doit faire l’objet non d’une négociation personnelle mais d’une négociation entre syndicat et patronat. Les conventions collectives, qui existent depuis 1919, ne se généralisent véritablement qu’en 1936.Les accords reconnaissent également aux salariés le droit d’adhérer au syndicat de leur choix et prévoient une aug-mentation de salaires entre 7 et 15 %. Pour le Front popu-laire, la démocratie sociale est le prolongement de la démocratie politique. Il cherche donc à redéfinir les rela-tions dans le monde du travail et remplacer la gestion autoritaire par un fonctionnement contractuel. La loi du 31 décembre 1936 institue un arbitrage obligatoire dans les conflits sociaux avant le recours à la grève. D’autres mesures sont annoncées le 6 juin par Blum dans son dis-

porcelaine) et d’autre part les petites entreprises dont les patrons ne peuvent payer les augmentations. Elle n’a pas l’importance des deux précédentes mais donne le sentiment que toute la France est touchée. Au total, 12 000 entreprises en grève, dont 9 000 occupées. Les grèves n’ont affecté ni les chemins de fer, ni les PTT, ni les services publics de l’État. Mais, pour le secteur privé, c’est sans précédent 6. Le document montre des grévistes en train de danser dans la cour de l’usine occupée, illustrant l’ambiance festive qui a dans l’ensemble caractérisé le mouvement. Tous les témoins s’accordent sur le climat « joyeux » de libération régnant dans les ateliers et autour des usines (cortèges, représentations théâtrales). Les occupations d’usine frappent par leur aspect festif. Les grèves se déroulent en effet simultanément sur deux plans : la revendication et la fête, affirmation d’une liberté conquise sur le temps et l’espace du travail. Une véritable mythologie s’est créée depuis qui laisse oublier que ces grèves furent très mal ressenties par une part impor-tante de la population, pour qui elles furent synonymes de crainte d’un bouleversement. Cette mythologie contribue à faire du Front populaire un « moment heu-reux », quoique bref, de l’entre-deux-guerres.

aCTiViTÉ BilanDans un contexte de crise intérieure et extérieure, le Front populaire, alliance électorale de trois grands partis de gauche et d’extrême-gauche, arrive au pouvoir en mai 1936. Si la crainte de voir arriver les thuriféraires de la révolution bolchévique est réelle dans une partie de l’opinion, la victoire du Front populaire est aussi un immense espoir pour les catégories populaires. À peine Léon Blum a-t-il nommé son gouvernement que la classe ouvrière – hétérogène et peu syndiquée – affirme sa force en lançant une vague inédite de grèves, qui pendant près de trois mois touchent une grande partie des métiers et concernent tout le territoire. Malgré l’occupation des usines et les négociations âpres, c’est une ambiance festive qui caractérise ce mouvement.Les débuts du Front populaire sont aussi marqués par une série de mesures sociales, à la fois destinées à arrêter les grèves (accords de Matignon) mais qui font aussi partie du programme de gouvernement visant à amélio-rer sur plusieurs plans la vie des travailleurs.

b Les réalisations du Front populaire (p. 32-33)

Présentation des documentsDoc. 7 : en regard de l’extrait des accords de Matignon signés le 7 juin 1936, on trouve l’annonce de cette nou-velle à la Une du Peuple, quotidien du syndicalisme, organe officiel de la CGT depuis 1921, qui remplace La Bastille (1911-1921).

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191. La France en République, 1880-1945

cours de politique générale à la Chambre comme la semaine de 40 h et deux semaines de congés payés pour tous les salariés.8. La semaine de 40 heures (au lieu de 48 heures) sans diminution du niveau de vie couronne une législation sur la durée du travail : en 1906, la législation prévoit un jour de repos hebdomadaire. En 1919, la journée de travail à 8 heures maximum est accordée. La loi sur les 40 heures permet notamment d’avoir une semaine anglaise. Mais le patronat s’oppose fortement à cette loi, qui n’est d’ailleurs appliquée que de manière partielle et quasiment enterrée en 1938. L’affiche de Léon Blot insiste sur le coût de la mesure, qui aura des conséquences sur l’ensemble de l’économie et retombera sur le travailleur : en effet, en temps de crise mondiale, le financement d’une telle mesure est présentée comme ayant des réper-cussions sur le prix du travail, donc des ventes dans le pays et à l’étranger, alimentant la spirale de l’inflation et du chômage. La politique de croissance par la relance de la consommation menée par le Front populaire n’atteint d’ailleurs pas ses résultats : le déficit de la balance commerciale se creuse, l’inflation reprend.

La vie quotidienne sous le Front populaire (Repères, doc. 9 et 10)9. Pour la première fois, un sous-secrétaire d’État aux loisirs et aux sports est nommé. Léo Lagrange propose le développement du tourisme, du sport (l’État, en 1936, lance la construction de 235 stades), des fêtes, de la culture, par exemple par des bibliothèques ambulantes. Léo Lagrange développe le sport dans les écoles avec l’instauration d’un terrain de jeu dans chacune d’entre elles. En même temps, les activités culturelles et les loisirs montent en puissance : les auberges de jeunesse, recon-nues par l’État, se multiplient ainsi que les maisons de la culture. Des tarifs spéciaux sont instaurés dans les musées et les théâtres à destination des organisations ouvrières et des mouvements de jeunesse. Si Léon Blum est très favorable aux congés payés, c’est qu’il voit en eux un moyen d’émancipation du peuple par la culture et les loisirs que ce temps libre permet. Les congés payés apparaissent comme un moyen d’éducation et d’émanci-pation populaire.10. L’accent mis sur les loisirs rappelle (cf. fin du docu-ment 9) que le Front populaire a un projet social plus large que l’amélioration matérielle de la condition populaire (travail mais aussi santé par le sport). Il cherche à émanci-per l’homme, à le rendre libre (culture, scolarité obliga-toire allongée, centres d’entraînement aux méthodes actives cherchent à rénover les pratiques pédagogiques) et lui donner des armes pour se défendre. Il insiste aussi sur la notion de « bonheur », d’harmonie populaire.

La mémoire du Front populaire (doc. 11)11. Serge Wolikow parle de deux traditions : la tradition

républicaine qui commence sous la Révolution française et se construit dans les luttes pour les libertés, notam-ment politiques (suffrage universel masculin en 1848) et la tradition ouvrière qui rejoint en partie la première, mais qui s’en détache dans les dernières décennies du xixe siècle, se concentrant sur les luttes sociales, éventuel-lement hors du parlementarisme libéral.12. Le Front populaire permet que ces deux traditions se rejoignent. La gauche française (socialiste mais surtout communiste) qui se réclame du Front populaire utilise cette synthèse pour se revendiquer comme progressiste (visant à l’amélioration de la condition des travailleurs) mais aussi nationale, puisque dans la continuité d’une longue tradition historique.

aCTiViTÉ BilanLe Front populaire est un mouvement qui commence avec les manifestations du 12 février 1934, puis les élec-tions municipales de 1935 et les législatives de 1936. Il s’agit d’une époque scandée par d’innombrables cor-tèges et meetings, de défilés. La mobilisation s’effectue dans la rue et la manifestation devient alors la forme privilégiée de l’affirmation et de la propagande. Les mani-festations constituent l’un des lieux d’émergence d’une culture du Front populaire qui réconcilie héritage républi-cain et lutte des classes. Se crée alors, selon l’historienne Danielle Tartakowsky, une culture antifasciste, démocra-tique et populaire qui relève d’une pédagogie de masse.Le Front populaire a eu pour ambition d’approfondir la démocratie politique en lui donnant un pendant social (lois sociales), visant à ce que le travailleur émancipé puisse pleinement exercer son rôle de citoyen.L’expérience du Front populaire est de courte durée : dès juin 1937, Léon Blum démissionne. Cet échec est en par-tie dû au coût de la vie qui augmente et annihile la hausse des salaires, au chômage qui reste fort. En 1938, Daladier redevient président du Conseil et décide de « remettre la France au travail » revenant aux 48 heures de travail hebdomadaire. Le Front populaire reste pourtant dans la mémoire des Français comme l’un des moments les plus importants du xxe siècle. Exerçant le pouvoir pour la première fois, les socialistes font adopter des mesures qui deviennent de véritables acquis sociaux. Il a incarné l’espoir et l’utopie d’une société meilleure mais n’a pas fait cesser les conflits sociaux, la violence politique et la crise du modèle républicain.

Recherche T i C E (p. 34)Activité 11. La Une de L’Humanité (quotidien fondé par Jean Jaurès en 1904, journal des socialistes jusqu’en 1920 puis du Parti communiste français) utilise un gros titre en caractères gras au centre et des photos d’une foule compacte qui illustrent la seule information présentée en première page, la réussite du cortège du 14 juillet.

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Histoire20

La photographie de Une du Figaro, quotidien fondé en 1826 et proche de la droite, prend beaucoup moins de place et contient une plus grande diversité d’informa-tions.2. La photo de L’Humanité insiste sur le fait que le 14 juillet est un rassemblement populaire et festif, celle du Figaro sur la force et la discipline de l’armée, qui défile le même jour.3. Dans L’Humanité, Marcel Cachin (1869-1958, un des fondateurs du Parti communiste en 1920, directeur de L’Humanité [1918-1958] et membre du bureau poli-tique du PCF à partir de 1923) utilise pour qualifier le défilé du 14 juillet des termes : « populaire », « discipliné », « enthousiaste », « unité », « fraternité », « réconciliation », « appui confiant », « loyauté ». Il parle aussi du lien entre l’armée et le peuple.4. Le Figaro évalue le nombre de manifestants à environ 400 000, L’Humanité à plus d’un million.5. Le Figaro insiste sur la place que tiennent le discours et les chants révolutionnaires parmi les manifestants, donc sur l’aspect dangereux du gouvernement.6. Le journal insiste également sur la forte présence de l’Union soviétique, fût-elle symbolique, dans les cortèges de gauche, l’URSS qui est le modèle explicite du PCF.Activité 21. La page contient une colonne et demie de texte et une photographie de cortège à Paris. La mise en page est sobre.2. L’article évalue à plus d’un million le nombre de mani-festants.3. Le trajet des manifestants les conduit de la place de la Bastille à celle de la Nation. Ces deux lieux sont hautement symboliques puisque c’est du premier que l’on fait habituellement commencer la Révolution fran-çaise, le renversement de l’Ancien Régime et la mise en place d’un système fondé sur la souveraineté nationale, et que le second symbolise l’unité nationale mais aussi la République, depuis qu’y a été placée en 1889 une statue de Jules Dalou, allégorie de la nation française unie dans la République, lors du centenaire de la Révolution française.4. Les délégations ouvrières représentées sont celles du bâtiment, des métaux, du métro, des garçons des grands magasins, des travailleurs de l’alimentation, des char-bonniers, des mineurs.

sujet d’étude 3 p. 36-41

Louise Weiss (1893-1983)

Les commentaires du programme« La figure de Louise Weiss reflète les combats de son siècle : féministe, pacifiste, antitotalitaire, européen. On s’intéresse à son engagement de la Première à la Seconde Guerre mondiale. » (BO n° 9 du 1er mars 2012).

Place dans le thèmeCe sujet d’étude illustre la dynamique de l’histoire de la République : la démocratie qui la caractérise se construit progressivement dans les luttes pour l’extension des droits, notamment celui des femmes. Il illustre également les crises qu’a dû surmonter le régime, notamment la Grande Guerre et ses conséquences, comme la naissance des totalitarismes européens et la menace qu’ils font placer sur la paix mondiale.

Présentation du plan Le sujet d’étude est organisé en deux parties, l’une consa-crée à Louise Weiss, pacifiste et européenne ; l’autre aux combats féministes de Louise Weiss.

a Louise Weiss, pacifiste et européenne (p. 36-37)

Présentation des documentsDoc. 1 : photographie représentant l’inauguration de la Nouvelle École de la Paix, un établissement libre d’ensei-gnement supérieur destiné à soutenir l’action de la Société des Nations (SDN), fondé par Louise Weiss en 1930.Doc. 2 : article que la journaliste et romancière Marguerite Grépon (1897-1980) consacre à Louise Weiss dans la revue féminine La Femme de France, qui paraît entre 1915 et 1938.Doc. 3 : L’Europe Nouvelle, « revue hebdomadaire des questions extérieures, économiques et littéraires », est lancée par Louise Weiss, Hyacinthe Philouze et Guy Rol, principaux bailleurs de fonds. Le titre rappelait celui de l’hebdomadaire britannique, The New Europe. Weekly Review of Foreign Affairs, publié à Londres depuis 1916. L’Europe nouvelle a pour ambition de contribuer à la nais-sance d’un nouvel ordre international fondé sur la démo-cratie, l’autodétermination des peuples et la sécurité collective pour assurer durablement la paix. Louise Weiss est d’abord secrétaire de rédaction de la revue, puis rédacteur en chef, avant de diriger seule la revue à partir de 1932.Pendant les années vingt, L’Europe Nouvelle engendre des bénéfices croissants. Elle devient le point d’ancrage de nombreuses activités qui lui permettent d’accroître

antoine Prost, « les grèves de 1936 revisitées », Le Mouvement Social, n°200, juillet-septembre 2002, p. 33-54.Danielle Tartakowski, Le Front populaire, coll. « Découvertes », Gallimard, 1996.Serge Wolikow, le Front populaire en France, coll. « Question du xxe siècle », Complexe, 1996.

Pour AllEr loin

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211. La France en République, 1880-1945

son rayonnement : en 1919, une collection appelée « Les Éditions de L’Europe Nouvelle » voit le jour ; à partir de 1924, La Lettre financière de L’Europe Nouvelle paraît régulièrement ; de 1928 à 1933, le Prix politique de L’Europe Nouvelle d’un montant de 10 000 francs est décerné annuellement ; en 1930, une bibliothèque appelée La Librairie de l’Europe Nouvelle et une école baptisée La Nouvelle École de la Paix ouvrent leurs portes dans les locaux de la revue situés au 73 quai d’Orsay depuis 1930. Néanmoins, le tirage de la revue, connu seu-lement à partir de 1921, reste modeste : il passe de 8 000 exemplaires en 1921 à 20 000 exemplaires en 1928, année de son apogée (http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/ger-flint/RU-Irlande4/reytier.pdf ).Doc. 4 : page de Une du Petit Journal Illustré, supplément hebdomadaire du quotidien Le Petit Journal depuis 1890.Doc. 5 : extrait de l’autobiographie de Louise Weiss, com-posée de ses Souvenirs d’une enfance républicaine (1937), Ce que femme veut (1946) et des Mémoires d’une Européenne, parus entre 1968 et 1976, composés pour la période qui nous intéresse de Une petite fille du siècle (1893-1919), de Combats pour l’Europe (1919-1934) et de Combats pour les femmes (1934-1939).

Réponses aux questions

Une femme d’influence (Biographie, doc. 1 à 3)1. Agrégée de lettres en 1914, Louise Weiss est destinée à devenir professeur. Quand la guerre éclate, elle devient infirmière. Elle se tourne ensuite vers le journalisme, au Radical d’abord puis au secrétariat de rédaction de L’Europe nouvelle dont elle devient rédactrice en chef en 1920. Femme de lettres, journaliste, elle termine sa carrière élue du Parlement européen de Strasbourg.2. Elle rencontre pendant la guerre (en 1916) des « patriotes de l’Europe centrale » (doc. 2), avant tout des Tchèques et des Slovaques, notamment Milan Stefanik, Thomas Masaryk, Edvard Bénès. Les deux der-niers ont été les deux premiers Présidents de la nouvelle république tchécoslovaque créée à la fin de la Première Guerre mondiale (les « précieuses amitiés internatio-nales » du doc. 2). Elle a aussi des relations avec le monde politique français, particulièrement Aristide Briand, mais aussi Paul Painlevé, etc.

Un combat pour la paix et l’Europe unie (Biographie, doc. 1 à 4)3. Dès 1917, Hyacinthe Philouze et Guy Rol proposent à Louise Weiss de fonder une revue de politique française et internationale, L’Europe Nouvelle, dont le premier numéro paraît en janvier 1918. Elle en est d’abord secré-taire de rédaction, démissionne un an plus tard pour revenir rédactrice en chef adjointe en 1920. La revue, tirée à peu d’exemplaires, s’adresse aux élites dirigeantes de tous les pays. Revue d’idées et de documentation,

L’Europe Nouvelle étudie les conditions de la vie politique, économique et sociale de l’Europe. Elle se spécialise dans la publication des textes des grands traités internatio-naux et les comptes rendus des sessions de la Société des Nations à Genève. La revue suit en effet une ligne « wilsonienne » du nom du président de la République des États-Unis, Thomas Woodrow Wilson : elle défend l’indépendance des minorités nationales en Europe, la démocratie et appelle à la paix par la sécurité collective et le désarmement (doc. 3). 4. Louise Weiss et les pacifistes soutiennent l’arbitrage et la coopération entre les États par l’intermédiaire de la Société des Nations, le rapprochement franco-allemand, le désarmement : elle assure notamment le secrétariat du congrès de 1931 (doc. 3). Face à la montée du nazisme en Allemagne, dont elle perçoit très rapidement la dan-gerosité, elle fonde L’École de la paix (doc. 1), qui, face à des opinions qui se radicalisent, ferme en 1936.Elle soutient également pleinement les projets euro-péens d’Aristide Briand, dont l’action, comme l’illustre le document 4, vise à lier « paix européenne » et « États-Unis d’Europe ». Le 5 septembre 1929, le ministre des Affaires étrangères prononce en effet devant la SDN un discours en faveur de la future mise en place d’un « lien fédéral » entre pays européens. Les gouvernements européens confient au gouvernement français le soin d’élaborer un mémorandum portant « sur l’organisation d’un régime d’Union fédérale européenne », publié en mai 1930. Le texte parle d’une association d’États, une fédération assez souple, exerçant son activité. Cette union serait rendue possible par des unions douanières, auxquelles plusieurs réfléchissent depuis 1919, destinées à rapprocher les éco-nomies européennes de diverses manières.

Le refus du totalitarisme (doc. 5)5. La démission de Louise Weiss de L’Europe nouvelle en janvier 1934 est liée au contexte international : l’arrivée du nazisme en Allemagne, la politique de réarmement du Reich, l’agression de la Mandchourie par le Japon, l’échec des conférences sur le désarmement. Elle estime que ces événements signent l’échec de son combat pour le rap-prochement franco-allemand, la paix en Europe et dans le monde. Elle estime également que face à l’extension des dictatures en Europe, la position de la revue risque de devenir intenable puisqu’elle pourrait devenir la caisse de résonance des régimes autoritaires et totalitaires que Louise Weiss ne cesse de dénoncer. C’est aussi par lassi-tude qu’elle quitte l’organe de presse qu’elle a soutenu plus de quinze ans.

aCTiViTÉ BilanComme beaucoup d’individus de sa génération, Louise Weiss a été fortement marquée par la Première Guerre mondiale qui, pendant quatre ans, déchire avant tout le continent européen, constitué de peuples dont les

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Histoire22

puis suffrage universel). Elle défend donc le droit au travail des femmes (égalité de salaires et d’avancement), envisageant également l’aménagement des conditions de certains métiers pour défendre la famille.Le 4 juin 1936, elle est nommée sous-secrétaire d’État à l’Éducation nationale, poste qu’elle occupe jusqu’en juin 1937. Elle deviendra également vice-présidente du Conseil supérieur de l’Hygiène sociale. Elle contribue à la création de cantines scolaires, met en place des formations destinées à l’enseignement, aux enfants défi-cients ainsi que des formations de moniteurs spécialisés dans les établissements d’éducation surveillée.

Réponses aux questions

Louise Weiss et le vote des femmes (doc. 6 et 7)6. Les arguments de Louise Weiss en faveur du vote des femmes sont de plusieurs ordres.Elle estime d’abord que puisque les femmes participent à la vie économique de la nation de différentes manières et qu’elles payent des impôts comme les hommes (doc. 6), que leur « argent est utile à la France » (doc. 7), il est normal qu’elles votent : il est en effet illogique que leur argent soit utile et non leur opinion.Elle met aussi en avant les compétences particulières qu’auraient les femmes (« améliorations sociales » (doc. 6) ; « administrer les intérêts de la cité comme elle administre les intérêts de son foyer » (doc. 7)) et qui feraient que la nation entière profiterait de cet apport.Elle insiste enfin sur le fait que les femmes ont beaucoup de devoirs, mais peu de droits. Or, compte tenu de leur rôle, elles sont dignes d’avoir des droits, des libertés et des responsabilités. Le vote en fait partie.7. Comme beaucoup de féministes, Louise Weiss met l’accent sur des prédispositions particulières aux femmes utiles à la nation toute entière et justifiant qu’on leur accorde le vote. Celles-ci concernent notamment les « améliorations sociales » et particulièrement les ques-tions d’hygiène et de protection de la petite enfance. C’est toute la puissance de la nation qui est ici concernée puisque de la santé et du nombre des enfants dépend la puissance de l’État. La question n’est en rien anodine en 1925, alors que la saignée de la guerre s’est fait sentir dans un pays à la démographie déjà déprimée et où nata-lité et fécondité sont particulièrement basses, notam-ment par rapport à l’Allemagne. Dès la création de sa revue L’Europe Nouvelle, Louise Weiss s’intéresse au droit de vote des femmes. Elle estime que l’accession des Françaises au suffrage permettrait d’empêcher une nou-velle guerre.

La France en retard (Repères, doc. 6 et 8)8. Dans un article de 1925, Louise Weiss mentionne certains pays où les femmes disposent du droit de vote. La Suède est en effet pionnière puisque les femmes

racines communes sont cependant soulignées. L’impact de la guerre amène au développement d’un mouvement pacifiste, d’une ampleur différente selon les pays. Louise Weiss travaille de plusieurs manières à promouvoir la paix en Europe, condition sine qua non de la paix mondiale, avant tout par la propagande. Celle-ci prend plusieurs chemins.Cheville ouvrière de la revue L’Europe nouvelle, Louise Weiss s’attache à défendre numéro après numéro l’indé-pendance des nouveaux États européens, la démocratie, le désarmement. Elle se fait notamment l’écho d’Aristide Briand, qu’elle admire profondément et dont elle partage les idées, en particulier sur la nécessité d’un rapproche-ment franco-allemand et d’une union européenne, quand bien même la forme de celle-ci reste encore floue. Le journalisme de Louise Weiss se nourrit de ses ren-contres avec des personnalités politiques diverses, fran-çaises et étrangères. Son rôle dans la promotion de la paix passe également par l’organisation de conférences, dans le cadre par exemple de son École de la paix. Elle a égale-ment un rôle important dans le déroulement du congrès sur le désarmement qui se tient à Paris en 1931. Elle se décrit elle-même comme un intermédiaire apportant aux élites de bonne volonté « l’appui qui leur est nécessaire ».Les déceptions cependant sont vives : l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933 sonne le glas du rapprochement franco-allemand, déjà moins d’actualité après la mort de Briand en 1932. Elle quitte L’Europe nouvelle en 1934, ferme son école en 1936. Le combat féministe est cependant une manière pour elle de continuer de lutter pour la paix. Elle joue également un petit rôle dans la résistance en 1943-1944.

b Louise Weiss et le combat féministe (p. 38-39)

Présentation des documentsDoc. 6 : cf. la présentation du doc. 3.Doc. 7, 8 et 10 : Louise Weiss prend contact avec les res-ponsables des mouvements suffragistes afin d’établir un programme commun. Elle crée un mouvement de propa-gande La Femme Nouvelle qui organise de nombreuses manifestations.Doc. 9 : cf. la présentation du doc. 5.

Présentation de l’Activité T i C EL’activité propose aux élèves une recherche sur l’action de Cécile Brunschvicg sur www.archivesdufeminisme.fr.C’est par l’action philanthropique, banale dans le milieu bourgeois dont est issu Cécile Brunschvicg, qu’elle arrive au féminisme. Elle commence par militer en faveur de la syndicalisation des femmes, puis en faveur du suffrage féminin, éventuellement par étapes (suffrage municipal

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231. La France en République, 1880-1945

mentaires au déversement de sacs de farine sur des politiciens connus et, plus dangereusement, à des lacéra-tions de tableaux dans les musées et au dépôt d’explosifs de faible puissance dans les stades. Les affrontements avec la police ne sont pas rares, certaines manifestantes s’enchaînant même à des grilles pour ne pas être empor-tées ou faisant des grèves de la faim. Ces actions valent aux militantes des passages en prison. Louise Weiss appelle donc à utiliser la communication, notamment les moyens les plus modernes (cinéma, radio) pour se faire entendre de l’opinion et ainsi faire pression sur les parle-mentaires.11. « À l’attaque ! » aurait-elle dit à Cécile Brunschvicg, trop timorée. Louise Weiss se lance donc dans les actions de propagande spectaculaire. En 1935, elle présente par exemple sa candidature symbolique aux élections municipales, défilant dans la rue. 16 852 bulletins de vote sont déposés en sa faveur (doc. 7, 8). Pour les élections de 1936, les féministes de La Femme nouvelle s’égaillent sur la pelouse de Longchamp, portant des affiches au message clair : « la Française doit voter ».

aCTiViTÉ BilanAlors qu’après la Première Guerre mondiale, de plus en plus de pays accordent le droit de vote aux femmes, les Françaises, malgré des tentatives qui ont commencé au xixe siècle, n’obtiennent toujours par d’être des citoyennes à part entière dans l’entre-deux-guerres, du fait de l’oppo-sition du Sénat. Le combat féministe porte largement sur cette question d’égalité des droits politiques.L’argumentation pour défendre le droit de vote des femmes repose sur plusieurs éléments : plusieurs d’entre elles insistent sur le fait que les femmes participent à la vie économique de la nation de différentes manières, qu’elles payent des impôts comme les hommes et qu’il est normal qu’elles votent. On met souvent en avant les compétences particulières supposées des femmes : on insiste sur leur capacité à s’occuper du « social », de leur compréhension des questions de la famille, des enfants, de l’assistance, du fait de leur « nature de femmes ». On estime également qu’elles seraient plus pacifiques que les hommes. Leur donner le droit de vote serait un moyen d’améliorer l’harmonie au sein de la nation et la paix entre les nations.Le combat féministe passe par la création de journaux, d’associations, par l’organisation de réunions à l’échelle nationale et internationale, mais aussi par la mise au point d’actions destinées à frapper l’opinion publique, sur le modèle des suffragettes britanniques, et ainsi faire pression sur les parlementaires. Louise Weiss est un bon exemple d’un combat qui passe largement par la com-munication comme le montrent la photo d’elle prise derrière une grande affiche de son mouvement avec

votent partiellement à partir de 1862 puis deviennent citoyennes à part entière en 1919. Les dominions britan-niques font voter les femmes avant même la métropole (Nouvelle-Zélande en 1893, Australie du Sud en 1894, Commonwealth d’Australie en 1902) ainsi que quelques États des États-Unis. En Europe, la Finlande accorde le droit de vote et d’éligibilité aux femmes en 1906, la Norvège en 1913, le Danemark en 1915. Après 1918, le mouvement s’accélère et de nombreux États euro-péens accordent le droit de vote aux femmes (Royaume-Uni, 1918 ; Allemagne, 1919…) ainsi que plusieurs États à travers le monde.9. La question du vote des femmes est régulièrement posée au Parlement au début du xxe siècle. Si la Chambre des députés émet depuis 1919 des avis favorable, le Sénat en revanche s’y oppose à plusieurs reprises (Repères). Le Sénat, alors dominé par les radicaux, est une chambre plus conservatrice – et voulue comme telle par les rédacteurs des lois constitutionnelles de 1875 et 1876. Une des raisons des radicaux de s’opposer au vote des femmes repose sur la certitude qu’ils ont que les femmes seraient trop dépendantes de l’Église et que leurs voix iraient systématiquement vers les candidats de droite, défenseurs du cléricalisme qu’ils abhorrent et qui est pour eux une menace même au régime républicain. En tous les cas, l’ennemi est bien identifié, comme le montre l’affiche brandie par Louise Weiss en avril 1935 : « l’oppo-sition du Sénat doit cesser » (doc. 8). Mais une fois encore, le vote d’une loi en faveur du suffrage féminin échoue en raison de l’hostilité de la Chambre haute.

Combattre pour le droit de vote des femmes (doc. 9 et 10)10. En 1934, Louise Weiss prend contact avec les respon-sables des mouvements suffragistes afin d’établir un programme commun. Elle prend en main le mouvement de propagande « La Femme Nouvelle ». Elle critique les manières de faire des féministes françaises (doc. 9), parlant de « réunions oiseuses » aboutissant à des com-muniqués que personne ne lit. La manière de procéder doit être plus offensive, à l’exemple d’Emmeline Pankhurst (1858-1928), la suffragette britannique qui, aidée de son mari et ses filles, notamment Christabel, a donné au combat pour les droits civiques des femmes des formes spectaculaire, propre à frapper l’opinion. En 1903, elle fonde l’Union sociale et politique des femmes (Women’s Social and Political Union ou W.S.P.U.). Contrairement à d’autres groupes féministes, elle ne croit plus à l’efficacité de la propagande pacifique : la violence seule lui paraît capable de secouer l’apathie des hommes et de créer un mouvement d’opinion qui convaincrait le Parlement. Cette violence prend des formes variées : de l’interruption de meetings ou de séances des Communes aux manifes-tations de rues, de l’envoi de poudre à éternuer aux parle-

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Histoire24

3. Ayant envisagé en 1945 de reprendre la publication de L’Europe nouvelle, Louise Weiss entreprend des voyages sur le continent américain, en Afrique et en Asie. Ces voyages lui permettent d’étudier les causes des conflits qui éclatent dans le cadre de la décolonisa-tion et de la guerre froide. De ses voyages, Louise Weiss rapporte de nombreux films documentaires et photo-graphies.4. Outre son activité journalistique, elle crée en 1945 l’Institut de polémologie avec Gaston Bouthoul. Gaston Bouthoul (1896-1980) juriste, économiste et sociologue, est le fondateur et le promoteur d’une nouvelle disci-pline qu’il désigna « polémologie » (de polemos, « la guerre »), lui fixant pour objectif d’entreprendre l’étude scientifique de la guerre et des formes d’agressivité organisées dans les sociétés, afin de comprendre la place dans l’histoire humaine de ces phénomènes et en proposer des substituts. Auteur de nombreux ouvrages universitaires, Gaston Bouthoul pensait que cette connaissance était en mesure de jeter les fondements d’un nouveau pacifisme « scientifique ».En 1971, Louise Weiss a créé la Fondation Louise Weiss et un prix annuel pour prolonger son action en faveur de l’unité européenne et de l’avancement des sciences de la paix. Ce prix est destiné à récompenser les auteurs ou les institutions ayant le plus contribué à l’avancement des sciences de la paix, à l’amélioration des relations humaines et aux efforts en faveur de l’Europe. 5. En 1979, Louise Weiss, candidate gaulliste, entre au Parlement européen élu pour la première fois au suffrage universel. À 86 ans, au titre de doyenne, elle prononce le discours d’ouverture lors de la première session de ce nouveau Parlement à Strasbourg (www.ina.fr/politique/politique-internationale/video/VDD09019206/parlement-europeen-discours-de-louise-weiss.fr.html). En hommage à son combat pour l’Europe, un des principaux bâtiments du Parlement de Strasbourg porte son nom.6. Outre son activité de journaliste, Louise Weiss est l’auteur de plusieurs ouvrages, romans (Délivrance, 1936 ; Sabine Legrand, 1951, etc.), pièces de théâtre, récits de voyages, c’est néanmoins son autobiographie, commencée en 1937 et qu’elle continue jusqu’en 1976 (Mémoires d’une Européenne) qui constituent son œuvre majeure.

un slogan clair : « La femme doit voter », ou encore l’inva-sion par les suffragettes de l’hippodrome de Longchamp un jour de grand prix.

Recherche T i C E (p. 40)Activité 11. Louise Weiss est interviewée sur l’hippodrome de Longchamp, alors qu’elle et son mouvement viennent d’interrompre le départ du Grand prix de Paris le 28 juin 1936.2. Louise Weiss parle de la propagande féministe avec des mots dynamiques comme « passion », « force », « courage », pour mieux aller à la « conquête » de droit. Elle parle aussi de son action comme étant à « l’extrême limite des moyens légaux ».3. Les buts de cette action visent à conquérir pour les femmes un nouveau statut civil et politique (notam-ment le droit de vote), une étape qui permettra de d’améliorer le sort du peuple.4. Selon Louise Weiss, cette amélioration passera entre autres par l’évolution du « sort de nos enfants ». Elle mentionne la suralimentation intellectuelle et appelle à revoir les rythmes scolaires.5. Louise Weiss dit avoir envoyé une lettre à Léon Blum, président du Conseil du Front populaire depuis quelques jours. Surtout, elle fait écho aux revendications en cours. Alors, dit-elle, que les enfants travaillent entre 25 et 30 heures à l’école et ont plusieurs heures de devoirs à la maison, il faut demander pour eux la « semaine des 40 heures » qui sera votée quelques jours plus tard pour les salariés.

Activité 21. Louise Weiss effectue dans l’entre-deux-guerres de nombreux voyages pour assister aux grandes confé-rences internationales et pour étudier les nouveaux pays nés du découpage de l’Europe (Europe centrale, Europe de l’Est). Elle est une des premières journalistes à se rendre à Moscou en 1921. 2. Louise Weiss et la revue L’Europe Nouvelle soutiennent la politique de rapprochement avec l’Allemagne esquis-sée à partir de 1921 par Aristide Briand, alors ministre des Affaires étrangères, et qui se concrétise par la signa-ture du Pacte de Locarno en octobre 1925 et l’admission de l’Allemagne à la SDN en septembre 1926. Cette poli-tique en faveur de la paix en Europe est favorisée par le pacte Briand-Kellog, pacte de renonciation à la guerre signé en août 1928. En 1927, Aristide Briand devient président d’honneur du mouvement paneuropéen créé en 1921 par l’Autrichien Richard de Koudenhove Kalergi. Louise Weiss, qui fait partie de l’entourage d’Aristide Briand, soutient ce projet dans sa revue et L’École de la Paix qui défendent des idées pionnières sur la construction européenne.

Célia Bertin, Louise Weiss, albin Michel, 1999.louise Weiss, Souvenirs d’une enfance républicaine, Denoël, 1937 ; Mémoires d’une Européenne, albin Michel, 1968-1976, dont Combat pour les femmes, t.3, 1970.

Pour AllEr loin

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251. La France en République, 1880-1945

oBjECTif BAC

Situer un événement dans le temps court ou le temps long

application 1 Jaurès, la République et l’école

1. Identifier le contextea. En 1894, la France vit sous le régime de la IIIe

République. Celle-ci a été proclamée le 4 septembre 1870, mais sa constitution n’est adoptée qu’en 1875 et les Républicains ne deviennent majoritaires qu’après les élections législatives de 1877 et les élections sénatoriales de 1879.b. En 1881-1882, sont votées, à l’initiative de Jules Ferry, les « lois scolaires ». La loi du 16 juin 1881 rend l’enseigne-ment primaire public et gratuit. Celle du 28 mars 1882 rend cet enseignement laïc et obligatoire pour tous les enfants, garçons et filles, de 6 à 13 ans. Une loi de 1886 exigera que les personnels enseignants des écoles publiques soient des laïcs.

2. Situer l’événement dans le temps courta. Pour Jules Ferry, comme pour la plupart des républi-cains de l’époque, il s’agit de réduire l’influence de l’Église catholique sur la jeunesse. C’est pourquoi, l’école devient le lieu d’apprentissage essentiel de la République, de la laïcité. Il est significatif que soit placé au premier rang des matières à enseigner à l’école (avant la lecture et l’écri-

ture), « l’enseignement moral et civique » (loi de mars 1882).b. Est également évoqué dans le document le débat sur la laïcité, valeur essentielle de la République. Le 9 décembre 1905 sera votée la loi dite « de séparation des Églises et de l’État »

3. Situer l’événement dans le temps longa. Jaurès évoque la Révolution de 1789, événement fon-dateur pour les Républicains de la fin du xixe siècle. Empreints de l’esprit des Lumières, ceux-ci considèrent que c’est bien au moment de la Révolution que s’est constitué le corpus idéologique de la République, autour des valeurs de liberté, de justice, de démocratie (cf. la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen d’août 1789).b. Les questions de la laïcité et de l’école sont des « actes fondateurs » pour Jaurès parce que ces valeurs ont été abandonnées pendant près d’un siècle et qu’elles doivent marquer les temps nouveaux qui s’ouvrent, autour d’une « culture républicaine » qui va s’enraciner durablement dans le pays.

application 2 L’affaire Dreyfus, la République et l’antisémitisme

1. Identifier le contexteDoc. 1 : 1894, début de l’affaire Dreyfus.Doc. 2 : 1940, les premiers mois du gouvernement du maréchal Pétain.

2. Situer l’événement dans le temps courta. La caricature accuse Dreyfus d’être un traitre (comme Judas). Il aurait trahi la France, en ayant divulgué des secrets militaires « à une puissance étrangère » (l’Allemagne).b. Les Juifs sont exclus des métiers de la fonction publique et de ceux du spectacle, parce qu’il s’agit de métiers qui peuvent influencer la façon de penser des gens. Évincer les Juifs de ces métiers, c’est, pour Pétain, essayer de retrouver une « pureté » idéologique et morale (le Juif « contamine » l’esprit national – cf. lois de Nuremberg adoptées en 1935 en Allemagne).

c. Le statut de 1940 écarte les Juifs de la communauté nationale parce qu’ils sont désignés comme « coupables », malfaisants et parce qu’on les exclut de nombreuses professions (mesure discriminatoire). Ils ne sont plus citoyens français à part entière puisque privés de certains droits essentiels, comme la liberté d’exercer un métier.

3. Situer l’événement dans le temps longa. « Judas ! » évoque la traitrise (le baiser de Judas/ le baiser de Dreyfus à la République) ; on retrouve cette accusation dans le statut de 1940 par l’interdiction faite aux Juifs d’être officier (le Juif n’est pas patriote, selon Pétain).b. L’autre marque de l’antisémitisme est le prétendu goût des Juifs pour l’argent (Dreyfus tient un sac à la main) et le statut de 1940 leur interdit la profession de banquier.

capacités et métHodes p. 42-43

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Histoire26

3. Les personnages de part et d’autre représentent l’aristocratie à gauche, le clergé et un aigrefin (filou) à droite. Ils sont reconnaissables à leurs vêtements (perruque, redingote, culotte et bas pour l’aristocrate ; soutane pour le curé).4. Ces personnages expriment l’effroi, la peur, la colère, l’inquiétude. Ils sont ici considérés comme les représen-tants de la tendance antirépublicaine et sont donc épouvantés par ce chant qui symbolise les valeurs de la République. On notera que le dessin date de février 1878 et que La Marseillaise n’est redevenue hymne national qu’en février 1879, mais qu’elle avait déjà eu ce statut d’hymne national de 1795 jusqu’au Premier Empire.5. Cette caricature est un témoignage des principes de la IIIe République : la lutte contre les ennemis de la République et contre le cléricalisme, l’exaltation du patriotisme, sans oublier la référence à la période révolu-tionnaire de 1789-1799.

sujet d’etude 2

1936 : la République et la question sociale (p. 46)

1. Léon Blum prononce ce discours le 6 juin 1936 devant les députés récemment élus. Les 26 avril et 3 mai 1936 ont eu lieu, en effet, les élections législatives victorieuses pour le Front populaire. Ensuite, Léon Blum s’attache à former le gouvernement qu’il va diriger dans un pays où les grèves se multiplient (salaires, durée du travail).2. En employant cette expression (« le suffrage universel est notre maître à tous »), Blum rappelle une des bases essentielles de la démocratie : le suffrage universel, symbole d’égalité entre les citoyens qui expriment librement leurs choix et qui accorde une authentique légitimité à ceux qui gouvernent. 3. Léon Blum fait ici allusion, sans les citer précisément, à ceux qui mènent ou ont mené des actions antiparle-mentaires et antirépublicaines (extrême droite, ligues - 6 février 1934). On peut aussi rappeler que Blum lui-même fut victime d’une agression menée par des militants d’extrême droite (Action française) le 13 février 1936.4. Réformes mises en œuvre : une hausse des salaires de 7 à 15 % (accords de Matignon du 7 juin 1936) ; une loi créant les congés payés pour tous (loi du 20 juin 1936) ; la semaine de 40 heures (loi du 21 juin 1936), et une amé-lioration des allocations chômage (août 1936).

vers le bac p. 44-47

question obligatoire

Moments et actes fondateurs (1880-1919) (p. 44)

1. Parmi les écrivains ayant soutenu Dreyfus, on peut citer Émile Zola, Marcel Proust, Jules Renard. Parmi les écrivains antidreyfusards : Maurice Barrès et Charles Maurras.2. La loi de 1905 garantit à la fois la liberté de conscience (croire ou ne pas croire) et la liberté de pratiquer la reli-gion de son choix. Elle prévoit aussi que la République « ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».3. L’action de Jules Ferry est importante dans deux domaines : – il est le fondateur de l’école de la République (gra-

tuite, laïque) ; – il est un des partisans les plus fervents de la colonisa-

tion (Ferry-Tonkin ; débat à la Chambre des députés en juillet 1885 entre Ferry et Clemenceau).

4. Deux crises majeures ont menacé la République à la fin du xixe siècle : le boulangisme et l’affaire Dreyfus.5. Le 14 Juillet (fête nationale), La Marseillaise (hymne national), les bustes de Marianne dans les mairies sont des symboles républicains installés sous la IIIe République.6. Antiparlementarisme : opposition au régime parle-mentaire synonyme de corruption et d’instabilité poli-tique.7. Les années 1880 sont les années où la République s’enracine durablement en France : les républicains devenus majoritaires dans le pays rétablissent les libertés fondamentales (presse, réunion, syndicats), diffusent la culture républicaine (symboles, école) fondée sur la démocratie libérale et parlementaire et la laïcité.8. 1881 : lois scolaires à l’initiative de Jules Ferry.1894-1906 : affaire Dreyfus.1905 : loi de Séparation des Églises et de l’État.1905 : création de la SFIO autour de Jean Jaurès.

sujet d’etude 1

Incarner la République (p. 45)

1. Le personnage illustrant La Marseillaise ressemble beaucoup à Marianne (une femme « libre », cheveux défaits portant un bonnet phrygien). Elle porte un glaive à son côté (République combattante – référence à 1792, date de création de l’hymne).2. Devant elle marchent 6 enfants (de la patrie, de la République) qu’elle guide avec bienveillance et qu’elle protège.

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271. La France en République, 1880-1945

5. Dans ce discours, Blum apparaît comme : – un républicain : glorification du suffrage universel,

refus de l’antiparlementarisme, volonté de faire respecter les institutions de la République et de pro-mouvoir un « esprit républicain » ;

– un socialiste : lutter contre le chômage, améliorer la condition des plus modestes (les salariés).

sujet d’etude 3

Louise Weiss (1893-1983) (p. 47)

1. En France, les femmes n’ont pas le droit de vote pen-dant la période de l’entre-deux-guerres. À la fin de la Première Guerre mondiale, la question revient au premier plan dans le débat politique : il importe que les femmes obtiennent l’égalité civique après avoir acquis pendant la guerre une place essentielle dans le corps social. Si le Parti socialiste (SFIO) y est favorable, les anticléricaux et la droite y sont opposés, les uns par peur que les femmes ne soient influencées par un clergé réactionnaire, les autres par une conception rétrograde de la place des femmes dans la société (la politique n’est pas une affaire de femmes).Situation paradoxale que celle de la France puisque les femmes d’autres pays, à la même période acquièrent ce

droit : Pologne, Canada, Allemagne en 1918 ; Luxembourg, Autriche, Tchécoslovaquie, Suède, Pays-Bas en 1919 ; Royaume Uni en 1928 pour les plus de 30 ans puis pour toutes en 1938.2. Le sénateur Bérard développe les arguments tradition-nels antiféministes : la femme a un rôle dans la société qui se limite à être séduisante et à assumer la maternité. Pour lui, la politique doit rester la chasse gardée des hommes.3. Louise Weiss, au contraire, pense que la femme a déjà un rôle social : elle travaille et paie des impôts. Cela lui donne le droit de participer à la vie civique.4. Les actions menées par Louise Weiss sont souvent des actions symboliques et médiatisées (« jeter le féminisme dans l’arène de l’opinion ») : tracts, articles dans la presse, défilés, interventions lors de manifestations publiques, votes « sauvages » organisés dans les rues, etc.5. Il s’agit ici simplement de remettre en forme les réponses aux questions 2 et 3, en utilisant également les pages 38-39 du manuel. Le site internet de l’Assemblée Nationale (http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/femmes/citoyennete_politique_anthologie.asp) propose un utile complément documentaire pour traiter cette question.

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Histoire28

Histoire

2THÈME Guerres et paix, 1914-1945Le terme est repris en 1948 par l’ONU, mais exclut, sous la pression de l’URSS, les groupes politiques pour dési-gner tout acte « commis avec l’intention de détruire, totalement ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel ».Guerre totale : ce terme, employé dès 1919 par le maré-chal allemand Ludendorff dans ses mémoires et popula-risé dans un ouvrage publié en 1936, désigne la réalité nouvelle de la guerre. L’ensemble des composantes d’une société est mobilisé pour mener à bien le conflit (atteindre les objectifs fixés, vaincre l’ennemi voire l’anéantir). Il est fondé sur une dynamique de radicalisation. Nationalisme : c’est un principe politique, né à la fin du xviiie siècle qui tend à légitimer l’existence d’un État-nation pour chaque peuple et qui s’est imposé au xixe siècle. Aspiration d’un peuple se considérant comme une nation à l’existence d’un État, il peut se transformer en mouvement politique voulant exalter sa nation par rapport aux autres.

Les articulations possibles entre la Question obligatoire et les Sujets d’étude au choix

Les trois sujets d’étude approfondissent la réflexion engagée lors du traitement de la question obligatoire.

Le sujet d’étude 1, Vivre dans l’Italie mussolinienne, permet de comprendre comment l’Italie, ébranlée par la Première Guerre mondiale devient un régime totalitaire. L’objectif est donc de montrer comment l’expérience de la « violence de guerre » porte en elle les germes de la transformation des sociétés et des rapports qu’elles entretiennent à l’État. On étudie la réalité de la vie quoti-dienne sous le fascisme, en s’interrogeant sur le degré d’adhésion réelle des populations au régime. Cette réflexion prolonge plus particulièrement le cours 1 et 3 en interrogeant la notion de brutalisation des sociétés européennes et le cours 5 par l’analyse des conséquences de la Première Guerre mondiale en Europe.

Le sujet d’étude 2, Combattre pour la république : Jean Moulin, s’intègre plus particulièrement dans les cours 2 et 3 et permet de conduire une réflexion sur l’acte de résistance et ses liens avec le combat républicain. Il inter-roge la question du consentement des populations et les formes de la résistance. Le façonnement de la mémoire collective, longtemps dominée par le résistancialisme, est abordé par l’analyse de la place de Jean Moulin dans la mémoire nationale.

Le sujet d’étude 3, Les espoirs d’un ordre mondial au

Présentation du thème

Centrée sur le premier xxe siècle et l’Europe, cette séquence questionne les deux guerres mondiales, leurs marques sur les territoires et les peuples et les héritages qui en découlent. Elle analyse la manière dont elles témoignent de l’entrée dans l’ère de la guerre « totale » en privilégiant la place des hommes et en s’interrogeant sur le sort réservé aux combattants et aux populations, sur la violence subie et consentie. Ce thème historique a par ailleurs une forte dimension civique : L’analyse des génocides permet d’en comprendre les spécificités et les mécanismes, une démarche essentielle pour la prévention des génocides et la lutte contre les négation-nismes. Le parcours de Jean Moulin a une valeur exem-plaire pour comprendre les motivations de deux qui défendirent la République.

Elle permet d’ouvrir les élèves aux problématiques des sciences humaines, par l’étude de nouveaux objets d’histoire (la mémoire des guerres et des lieux qui y sont attachés), domaine de recherche (histoire du genre) et la découverte de certains débats historiographiques (consentement des populations ? Contrainte ? Brutalisation des sociétés européennes ?), qui montrent une recherche historique active.

Rappel des notions associées au thème

Crime contre l’humanité : le concept apparaît pour la première fois en tant que notion juridique en 1945, dans le statut du tribunal de Nuremberg, établi par l’accord de Londres, en août 1945 qui met en place le cadre juri-dique pour juger les responsables des atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1968, le crime contre l’humanité est déclaré imprescriptible. Crime de guerre : un crime de guerre est une violation des lois et coutumes de guerre d’une gravité particulière. Ils sont définis dans l’accord de Londres pour juger les responsables nazis au tribunal de Nuremberg. Génocide : néologisme forgé en 1944 par Raphaël Lemkin, juriste juif d’origine polonaise, réfugié aux États-Unis en 1941, à partir du grec genos (« race, peuple »), et du suffixe latin –cide (de caedere, « tuer ») pour désigner « la multiplicité des actions visant à détruire les bases de survie d’un groupe en tant que groupe ». Ce dernier, touché par l’immunité dont bénéficient les auteurs du génocide arménien, témoin direct des persé-cutions dont les Juifs sont victimes après 1914, milite dès les années 1930 pour faire évoluer le droit international.

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292. Guerres et paix, 1914-1945

de nombreux témoins ». Les soldats semblent résignés ou indifférents.

On peut aussi conduire une analyse critique d’images, en suivant la méthode proposée par le CNDP :http://www.cndp.fr/tdc/tous-les-numeros/la-vie-dans-les-tranchees/videos/article/les-archives-realite-ou-reconstitution.html

Retrouvez une lecture d’image de la photographie dans le manuel numérique enrichi.

Doc. 2 Une famille juive déportée à Auschwitz en 1944

Après la guerre, le père de famille Louis Lazar, Juif sarrois, réfugié à Nyons, tente de retrouver la trace de sa famille : il a rassemblé les photos individuelles de son épouse Berthe, de ses enfants Ruth, Gunther, Kurt et Francine et de son neveu Werner Strauss, tous arrêtés le 21 janvier 1944. Avec cet avis de recherche en 1945, il espérait encore retrouver leur trace. Tous sont morts à Auschwitz, déportés par le convoi n°67. Ayant perdu tout espoir de les retrouver, il mit fin à ses jours.Ce parcours familial permet d’aborder le génocide juif, révélateur de la dimension d’anéantissement de la guerre au xxe, mais aussi de soulever de nombreuses questions.• L’ampleur et la spécificité du bilan caractérise un géno-

cide : une famille entière est décimée. Ce sont des juifs, tués pour ceux qu’ils sont (Francine Lazar a 4 ans quand elle est déportée) et non pour ce qu’ils font, au nom d’un projet idéologique.

• La chronologie des persécutions et la collaboration du régime de Vichy : les Lazar ont d’abord fui les persécu-tions en Allemagne et se sont réfugiés en France. Le nom donné à leur dernière enfant, Francine, née à Nyons en 1939 montre tous leurs espoirs. Après la défaite, la ville est en zone libre. Louis Lazar est d’abord interné dans une compagnie de travailleurs étranger (GTE) à Crest, créée par le régime de Vichy pour régler le problème «  des travailleurs en surnombre dans l’économie nationale ». Une première rafle a lieu en août 1942, en lien avec les accords Bousquet-Oberg de juillet 1942. À partir de novembre 1942, la ville est placée sous l’autorité de l’Italie, puis à partir de septembre 1943, elle est occupée par les Allemands. Le 21 janvier 1944, vers 23 heures, la Gestapo, accompagnée de miliciens, arrive à Nyons et procède à de nombreuses arrestations de résistants et de juifs. Ils sont déportés à partir du camp de Drancy. Le train, qui part de Paris-Bobigny le 3 février, est chargé de 1 214 personnes, mélangées dans les wagons sans distinction d’âge et de sexe. Parmi eux, 184 enfants (dont 4 bébés et 26 enfants de moins de 5 ans), mais aussi des personnes âgées,

lendemain des conflits : de la SDN à l’ONU, prolonge la réflexion sur la guerre totale qui a pour caractéristique de restructurer le monde. Les deux conflits mondiaux conduisent à la prise de conscience de la nécessité d’une régulation pour préserver la paix et à la création des conditions nécessaires à cette régulation. Il questionne aussi le pacifisme des sociétés européennes et montre son évolution.

Présentation de la double page d’ouverture (p. 48-49)

Présentation des documents

Doc. 1 Des soldats sur le front en 1916 durant la bataille de Verdun

La bataille de Verdun a lieu du 21 février au 19 décembre 1916. L’offensive, lancée par le général Erich Von Falkenhayn, avec comme nom de code « gericht » (« tribu-nal », au sens aussi de jugement dernier) sur un des saillants de la ligne de front, vise à « saigner à blanc l’armée française ». La photographie a été prise après un assaut d’artillerie, permettant aux allemands d’occuper une tranchée française qui semble avoir été abandonnée (casque de poilu sur la gauche). La photographie montre la nature nouvelle du conflit et de l’expérience combat-tante par rapport aux conflits antérieurs :• L’évolution du combat, avec le passage de la guerre de

mouvement à la guerre de position. Les soldats s’en-terrent le long du front dans les tranchées. C’est une guerre d’usure, rythmée par des offensives pour rompre le front, où assauts et contre-assauts se succèdent. Le champ de bataille semble vide, les soldats sont disper-sés à dessein, ce que permet l’efficacité des armes nou-velles et ce qu’exige leur dangerosité sans précédent.

• La puissance de feu et de destruction liées aux armes nouvelles : le paysage ravagé témoigne des impacts d’obus destinés à mitrailler le front avant de lancer l’offensive. Dès 1914-1918, l’artillerie est responsable de 70 à 80 % des blessures enregistrées dans les armées. On voit aussi l’utilisation de la mitrailleuse, de la gre-nade à main, mais aussi des gaz asphyxiants, utilisés pour la première fois dans le secteur d’Ypres en Belgique et dont l’usage s’est généralisé.

• Une violence d’un genre nouveau, avec des conditions d’existence difficile (froid, boue), l‘omniprésence de la mort (présence de casques sans soldats), l’anonymat de cette mort qui peut « tomber du ciel », le sentiment d’impuissance et de grande vulnérabilité. Le soldat doit désormais s’enfoncer dans les tranchées, s’accroupir pour se déplacer dans les zones exposées, se coucher dès qu’il est sous le feu et non combattre debout et en groupe. Stéphane Audouin-Rouzeau note ainsi que « l’expérience combattante est désormais toute de laideur, le mot boucherie se retrouvant sous la plume

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La confrontation de ces documents introduit les prin-cipales problématiques du cours : • La question de la guerre totale, puisque les documents

témoignent d’un changement de nature du conflit, le franchissement de seuil de violence et montre que tous les moyens sont mis en œuvre pour aboutir à la destruc-tion de l’adversaire.

• La spécificité de chaque conflit, que l’on peut voir à la nature des victimes. Peut-on ainsi mettre la violence de la Première Guerre mondiale sur le même plan que celle de la Seconde. Est-ce une différence de degré ou de nature ? Ne faut-il pas plutôt parler d’une totalisation du conflit ?

• Les filiations entre les deux conflits, par exemple la question de la brutalisation des sociétés européennes, notamment de la société allemande qui résulte de la Première Guerre mondiale et qui en ferait « une guerre matricielle ».

• La question du consentement de la population : pour-quoi et comment les hommes ont-ils tenu dans les tran-chées ? Comment le génocide juif a-t-il été possible ? Quelles ont été les réactions de la population ?

• La question des marques : comment et sur quelles bases, après une « guerre civile de Trente Ans » reconstruire l’Europe ? On peut élargir la réflexion, en évoquant le sujet des mémoires (Verdun, symbole de l’affrontement puis de la réconciliation franco-allemande).

riales de l’Europe centrale selon les principes wilsoniens.

Réponses aux questions

1. Les pays de l’Entente sont composés de la Serbie, de la Russie de la France, du Royaume-Uni et leurs empires coloniaux. Ils sont entrés en guerre entre le 28 juillet et le 4 août. La crise, à l’origine localisée dans les Balkans (assassinat le 28 juin 1914 de François-Ferdinand héritier du trône d’Autriche-Hongrie), devient européenne du fait de la mécanique des alliances. De nouveaux pays rejoignent ensuite les pays de l’Entente : l’Italie (mai 1915), le Portugal (mars 1916), la Roumanie (octobre 1916) la Grèce (novembre 1916).

2. et 3.Pour l’année 1914À l’ouest, l’Allemagne est à l’origine des offensives. Elle doit en effet se battre sur deux fronts et prévoit d’en finir rapidement avec la France avant de se retourner contre la Russie. Elle attaque la Belgique, pourtant neutre, en août 1914. D’abord couronnée de succès, l’offensive est brisée lors de la bataille de la Marne entre le 6 et 10 septembre 1914. Chaque camp essaie ensuite de déborder l’autre

14 ayant plus de 80 ans. Le train met trois jours et quatre nuits pour atteindre Auschwitz. 985 des personnes transportées dans ce convoi sont gazées à l’arrivée à Auschwitz. Seul le père, Louis Lazar, venu en permission depuis le GTE se cache et échappe à l’arrestation.

• La diversité de la réaction des français : collaboration, collaborationnisme, mais aussi résistance sous de formes multiples. 22 familles sur 27 ont réussi à se cacher, avec l’aide de la population lors de la première rafle. En janvier 1944, Frégate RJ 232, groupe de résis-tants de la préfecture, prévient de l’arrestation immi-nente de réfugiés juifs afin de leur permettre d’y parer. L’alerte est donnée et les familles sont d’abord cachées avant de rentrer chez elle.

• L’ampleur du traumatisme moral : Toute la famille de Louis Lazar a disparu, ainsi que la famille du frère de sa femme. Il se suicide, le génocide semble peu reconnu. Cependant, dès 1943 est fondé le centre de documenta-tion juive contemporaine dans le but de recueillir tout document concernant la persécution des juifs d’Europe et dont les premiers travaux sont utilisés au tribunal de Nuremberg. Le centre est depuis 1997 partie intégrante du mémorial de la shoah.

À lire : http://www.museedelaresistanceenligne.org/pageDoc/p a g e D o c . p h p ? i d _ e x p o = 2 & i d _ t h e m e = 6 & i d _stheme=27&id_sstheme=107&id_media=319#media

L’étude des cartes et de la chronologie permet de caracté-riser les deux conflits mondiaux, mais aussi de de montrer comment les deux guerres mondiales ont profondément modifié, à l’échelle d’une vie humaine, l’organisation géo-politique de l’espace européen.

Retrouvez les cartes et les frises des pages Repères dans une version interactive dans le manuel numérique enrichi.

(p. 50-51)La carte 1 présente les empires centraux et les pays de l’Entente et peut servir à évoquer les tensions territoriales qui opposent notamment la France et l’Allemagne. La localisation des principales offensives et des principaux fronts et bataille, en lien avec le document 3 montre l’am-pleur du conflit et sa progressive extension à l’échelle européenne et de le caractériser. La carte 2, avec ses différentes décompositions, témoigne des rapides modifications territoriales de l’Europe après la guerre. Son étude permet de voir la disparition des empires centraux ainsi que les recompositions territo-

repères p. 50-53

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312. Guerres et paix, 1914-1945

lors de la course à la mer. Le front se stabilise du fait de l’équilibre des forces sur 800 km. Sur le front sud-est, les Autrichiens tentent à trois reprises d’envahir la Serbie, mais échouent. À l’est, l’offensive est lancée par les Russes qui envahissent une partie de la Prusse et de l’Autriche. Leur offensive est stoppée en août 1914, après la bataille de Tannenberg.

Pour l’année 1918À l’ouest, au début de l’année, l’Allemagne lance plusieurs offensives. Mais les Alliés, sous le commandement unique du Maréchal Foch, reprennent l’offensive en juillet. L’usage d’armes nouvelles (chars, avions) et l’arrivée des américains sont décisifs.

4. La présence de quatre fronts permet de souligner l’extension géographique du conflit.• À l’ouest, en France et en Belgique.• À l’est, entre la Russie et l’Allemagne : après la stabilisa-

tion des fronts, les Allemands reprennent l’offensive sur le front Russe dès 1915 et remportent des victoires décisives, occupant toute la Pologne, la Lituanie et une partie de la Lettonie. Une offensive, lancée par les pays de l’Entente aux Dardanelles pour contrôler les détroits et soulager la Russie échoue. La Russie, très affaiblie, voit en 1917 deux révolutions renverser le pouvoir politique. Les Bolcheviks signent le traité de Brest-Litovsk, en mars 1918.

• Dans le sud-est, entre les pays de l’Entente (Serbie, Roumanie, Grèce), pris en étau entre l’Empire austro-hongrois et la Bulgarie et l’Empire ottoman. On peut aussi noter le front entre la Russie et l’Empire ottoman. L’attaque de Sarikamich, dans le Caucase en décembre 1914-janvier 1915, où près de 100 000 soldats ottomans meurent, ouvre l’Anatolie aux armées du Tsar.

• Entre l’Empire ottoman et la Grande-Bretagne qui essaie de l’affaiblir sur son flanc sud : Une rébellion, soutenue par Lawrence d’Arabie pour le compte des Britanniques est menée entre 1916 et 1916 par Hussein Ibn Ali, chérif de La Mecque afin de libérer la péninsule ara-bique de l’Empire Ottoman. En 1917, le ministre des Affaires étrangères britannique Lord Arthur Balfour promet l’établissement d’un État juif en Palestine. Les Britanniques envahissent la Palestine dont ils gardent le contrôle jusqu’en 1947.

5. Le front ouest bouge peu, au maximum de 150 km.

6. On peut donc distinguer deux phases dans la guerre : • Une guerre de mouvement, stratégie militaire où on

utilise des déplacements rapides pour remporter une victoire décisive.

• Une guerre de position : les armées sont enterrées de part et d’autre du front et ne sont séparées que par quelques centaines de mètres, recouverts de barbelés (le no man’s land). La stratégie consiste à défendre

ses positions, « grignoter » les positions adverses, et à lancer des offensives pour percer le front.

7. Le terme de bataille désigne un affrontement extrême sur un temps bref. En citant les principales batailles, on mesure leur durée inédite (ex. : la bataille de Verdun a lieu de février à décembre 1916) et de leur caractère très meurtrier (elle fait 300 000 morts en 1916, 700 000 hommes au total) ; la bataille de la Somme destinée à soulager le front à Verdun fait 1 000 000 morts. L’armée anglaise perd ainsi près de 60 000 hommes dès le premier jour.

8. De nouveaux territoires sont créés en Europe centrale et Orientale : Estonie, Lettonie, Pologne, Tchécoslovaquie, Autriche, Hongrie, Yougoslavie.

9. Ces territoires appartenaient aux empires austro-hon-grois et russe, qui étaient des empires multinationaux. Ce découpage est fondé sur l’idée du droit des peuples à dis-poser d’eux-mêmes. Il cherche aussi à amoindrir la puis-sance de l’Allemagne, séparée en deux par le corridor de Dantzig et à isoler la Russie devenue communiste. Les gouvernements des États vaincus marquent leur désap-probation, vis-à-vis de traités signés selon eux sous la contrainte et sont soutenus par leur opinion publique pour laquelle les sacrifices endurés pendant la guerre ne peuvent avoir été vains.

(p. 52-53)La carte 1 de l’Europe en 1942 permet de caractériser le continent à l’heure allemande et de mesurer les implica-tions territoriales et humaines de l’idéologie nazie. La carte 2 de l’Europe libérée permet de comprendre l’affaiblissement de l’Europe et les nouveaux rapports de force à l’origine de la guerre froide, étudiée en Terminale. La chronologie permet de préciser les phases du conflit et les dynamiques d’anéantissement présentes dans cette guerre.

1. Le Grand Reich est constitué de l’Allemagne à laquelle ont été annexés l’Autriche, une partie de la Bohème et de la Pologne, l’Alsace, la Lorraine, le Luxembourg et la Slovénie. Ces territoires sont considérés comme allemands. La guerre-éclair a permis à Hitler de se rendre maitre de ces territoires, en Pologne (les combats durent un mois), à l’Ouest (3 mois), en URSS (de juin à décembre 1941).

2. Les autres États européens sont passés sous le contrôle du Reich. Ce vaste espace est découpé en fonction de présupposés raciaux et d’alliances de circonstances. On note ainsi des territoires administrés par le Reich et promis à l’annexion, car considérés comme l’espace vital (gouvernement général de Pologne, l’Ostland et l’Ukraine). D’autres États (Nord de la France, Belgique, Pays-Bas, Grèce) bien qu’officiellement indépendants sont placés sous l’administration directe des Allemands, ce statut étant justifié par le départ des dirigeants

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Présentation générale des pages de COURSLe programme invite à une étude globale des deux conflits, l’approche choisie est donc thématique : les cours 1 et 2 présentent les spécificités de chaque conflit et sont centrés sur la notion de guerre totale afin de montrer une totalisation du conflit et les différents aspects de la notion, notamment la volonté politique d’anéantir l’adversaire qui conduit à brouiller la dis-tinction entre les combattants et les civils. C’est dans ce cadre qu’est abordée la question des génocides. Les cours 3 et 4 privilégient la place des hommes, en s’intéressant aux violences subies, consenties et posent la question de la brutalisation des sociétés européennes, celle aussi du consentement ou non consentement de la population. Auschwitz, lieu de mémoire permet d’aborder la question des mémoires de guerre.

Présentation

« La guerre marque profondément l’Europe du premier xxe siècle et ses peuples. Une double étude permet de le comprendre :• celle des dimensions géopolitiques des deux conflits

mondiaux, de leurs caractères spécifiques, de la vio-lence vécue par les combattants et par les civils

• celle du complexe du camp d’Auschwitz : il constituait un élément de la politique concentrationnaire nazie et surtout un instrument majeur de la politique d’extermi-nation des juifs d’Europe ; il est devenu un lieu de mémoire. (BO n° 9 du 1er mars 2012).

question obligatoireAL’Europe, un espace marqué par deux conflits mondiaux

en Angleterre ou par l’importance stratégique de ces territoires. Enfin, des pays ont choisi de s’allier avec l’Allemagne : l’Italie, la Slovaquie, La Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la France de Vichy.

3. L’année 1942 constitue un tournant de la guerre : le 22 juin 1941, l’Allemagne attaque l’URSS et conquiert très rapidement une partie du territoire soviétique. Cependant, la guerre-éclair butte sur la longueur du front (1 500 km du nord au sud), l’usure du matériel, le froid précoce et la résistance des Soviétiques. Le siège de Leningrad débute le 8 septembre 1941 et dure jusqu’en janvier 1944. L’offensive allemande est arrêtée à Moscou en octobre 1941, qui est libérée par une vaste contre-offensive soviétique à partir de janvier 1942. Hitler conquiert de mai à septembre 1942 de nouveaux espaces au sud. La résistance soviétique se concentre sur Stalingrad. L’armée du général Von Paulus est encer-clée et capitule en février 1943. Cette victoire soviétique met fin au mythe de l’invincibilité de l’armée allemande.

4. La carte et la chronologie permettent de préciser l’ampleur des crimes nazis et leurs nouveautés, du fait de leur dimension idéologique :• Les crimes de guerre sont multiples : des millions de

prisonniers soviétiques meurent au moment de leur capture ou plus tard de faim.

• Les civils sont pris pour cible : la bataille d’Angleterre fait 60 000 morts ; une répression intense se met en place dans l’Europe occupée (camps de concentration).

• À l’est de l’Europe, l’Allemagne conduit une guerre d’extermination et de conquête de l’espace vital. On

observe une radicalisation de la violence de guerre qui conduit au génocide juif. Les juifs de Pologne sont d’abord contraints de se rassembler dans des ghettos. Après l’invasion de l’URSS, 4 Einsatzgruppen reçoivent l’ordre d’exécuter les membres du Parti communiste et les juifs. En janvier 1942, l’extermination de 11 millions de juifs européens est planifiée. Au total, le bilan des victimes est de 6 millions de juifs.

5. L’Europe est pour l’essentiel libérée par des forces exté-rieures, avec les États-Unis (débarquement en Afrique du nord, Italie, puis France) et l’URSS qui, après la bataille de Stalingrad, libère l’Europe de l’Est. Les Alliés mobilisent tous les moyens pour aboutir à l’anéantissement de l’ad-versaire : nouveaux armements de destruction massive, par exemple des bombardiers à long rayon d’action ; bombardements stratégiques qui visent l’Allemagne pour la contraindre à plier. Les crimes de guerre sont aussi nombreux (viols de femmes allemandes par les Soviétiques). Les résistances ont pu jouer un rôle impor-tant et la Yougoslavie s’est libérée seule.

6. Deux conséquences sont identifiables : • La nécessité de juger les crimes nazis, avec le procès de

Nuremberg, de novembre 1945 à octobre 1946. • Des conférences visent à réorganiser l’Europe (confé-

rence de Yalta en février 1945, puis de Postdam en juillet-août 1945). La carte permet cependant de lire les nouveaux rapports de force : l’Europe de l’Ouest est libérée et occupée par les Américains, l’Europe de l’Est par les Soviétiques. On voit donc les germes de la future bipolarisation de l’Europe.

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332. Guerres et paix, 1914-1945

enfants, et construit une représentation, en décalage avec les réalités. La guerre est en effet une rupture, non pas par l’entrée des femmes sur le marché du travail, car elles y sont déjà présentes, mais par le fait que les femmes exercent seules les responsabilités et occupe des emplois nouveaux.

• La mobilisation économique, à travers la nécessité du financement de la guerre par le recours à l’emprunt, pour financer l’armement (voir les fusils en arrière-plan).

• La mobilisation des esprits avec ici la propagande qui vise les civils. On peut voir les éléments d’une culture de guerre qui justifie le conflit : le patriotisme (évoqué dans le texte, suggéré par les couleurs), le sens du devoir et la conviction d’être dans son bon droit (on libère le territoire qui a été envahi ; on défend sa famille).

• La mobilisation de tous les niveaux de l’échelle sociale : ce n’est pas l’État qui organise cette propagande, mais ici la Fédération nationale de la mutualité française. La guerre est l’affaire de tous, même les enfants visés par cette affiche, pour qu’ils acceptent l’idée du sacrifice d’un proche et apprennent leur rôle de citoyen.

Le document soulève la question du consentement de la population qui ne résulte pas seulement d’un bourrage de crâne, mas qui s’appuie sur un ensemble de représen-tations du conflit, qui lui donne un sens et qui vient de la population elle-même.

3. Le compte-rendu du Petit Journal permet de dresser les caractéristiques d’un génocide, tel qu’il a été défini par Raphaël Lemkin, puis par la convention de l’ONU de 1948.• Un groupe-cible, dont la définition est donnée par

le persécuteur selon des critères objectifs ou subjectifs. Il s’agit ici des Arméniens, minorité chrétienne localisée dans le nord-est de l’Anatolie que le pouvoir, alors que l’Empire ottoman implose, définit comme une menace à son unité. Les références à l’islamisation montrent l’idéologie des Jeunes-turcs arrivés au pouvoir en 1913 qui veulent renforcer le caractère turc et musulman de l’Empire ottoman et procèdent avant la guerre à des déplacements de population. Ils rendent ensuite les Arméniens coupables des défaites contre la Russie.

• Le degré d’intentionnalité : l’article suggère l’idée d’un plan concerté visant à l’extermination du groupe-cible. Cette idée de plan est confirmée par de nombreuses sources (Livre bleu du Parlement britannique, Fonds DH.SFR du ministère de l’Intérieur, bureau du chiffre). Si la question d’un ordre donné par Talat Pacha reste posée, la responsabilité du pouvoir central reste entière, car il ne pouvait ignorer le caractère meurtrier de la déportation.

• Les modalités de l’extermination : les actes de violence sont d’abord orientés vers des cibles précises (les intel-lectuels, les hommes d’affaires, les ecclésiastiques), puis touche l’ensemble de la population (déportation

Le cours 5 est axé sur la question des conséquences des deux conflits pour l’Europe qui a été, quoiqu’iné-galement, le théâtre principal des deux guerres mon-diales.

cours 1 p. 54-55

La Première Guerre mondiale : l’entrée dans la guerre totale

Présentation des documents

Les trois documents datent de l’année 1915 au moment où la guerre de mouvement se transforme en guerre de position. Le document 1, une peinture-poème réali-sée par Gino Severini en 1915, permet de comprendre la nature nouvelle de la guerre et le vécu des soldats. Le document 2 est une affiche d’emprunt de la défense nationale publiée par la Fédération nationale de la mutualité française, fondé en 1902, qui est une mutuelle de santé. Elle soulève la question de la mobilisation de la population et de la culture de guerre. Le document 3 est un extrait du Petit Journal de décembre 1915 qui décrit le génocide arménien.

Réponses aux questions

1. Gino Severini n’a pas participé à la guerre en tant que combattant mais il a tenté de la représenter à partir des acquis du cubisme français et du futurisme italien dont il est l’un des principaux adeptes. Le tableau est autant à lire qu’à regarder. Il intègre dans sa composition des objets de guerre (le canon) et veut montrer la puissance de feu des armées nouvelles en retranscrivant le souffle et le vacarme de l’explosion («bboumm» de la détona-tion). Il nous montre une guerre technique et industrielle, où l’artillerie domine. Les mots recouvrent l’image et la complètent puisqu’elle ne peut, à elle seule, rendre l’expérience perceptive, psychique, mentale, totale, du tir d’un canon en action (le frémissement de l’herbe, le soulèvement de la terre). Il rend compte de l’angoisse nouvelle des soldats exposés à des bombardements incessants, montre leur déshumanisation (leur portrait sont juste esquissés ; ils se transforment en soldats-machines). Le document permet de poser la question de la violence subie et de la contrainte exercée.

2. Différents mobilisations peuvent être identifiées.• La mobilisation humaine, avec les soldats qui partent

sur le front (vers l’est). L’affiche rend compte de la mobi-lisation du monde rural, qui compose l’essentiel des armées avec les fantassins (3 700 000 agriculteurs incor-porés, 673 000 morts). La mobilisation de l’arrière est évoquée avec les femmes. L’affiche montre une femme qui reste ainsi à la ferme, dont le devoir est d’élever les

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de l’URSS, qui montre l’action des Einsaztgruppen, évo-qués dans le document 2 dans le territoire polonais jusqu’alors sous domination soviétique. Il montre les acteurs et la nature de leurs actions. Il faut la replacer dans le contexte des directives données par Hitler pour préparer la guerre à l’Est (3 mars 1941, instruction trans-mise à Jodl, chef d’état-major de la Wehrmacht : « la cam-pagne à venir est plus qu’une simple lutte armée : elle conduit à l’affrontement de deux visions du monde. Pour mettre fin à cette guerre, il ne suffira pas, vu l’espace à dominer, d’écraser l’armée ennemie […] La classe intel-lectuelle judéo-bolchevique qui opprime le peuple jusqu’à aujourd’hui, doit être éliminée » ; décret du 13 mai qui empêche les tribunaux militaires de punir, sauf exception, les actions des soldats contre les civils).

Réponses aux questions

1. Les forces alliées sont composées de la Grande Bretagne, les États-Unis et l’URSS qui ont créé en janvier 1942 la Grande alliance contre les forces de l’Axe. D’autres forces se joignent au combat, notamment des gouverne-ments en exil à Londres, des mouvements qui continuent la lutte, comme celui de la France Libre, ou des pays qui luttent contre les forces de l’axe, comme la Chine. On reconnaît les drapeaux de la Grèce, la Belgique, la Norvège, la Chine (drapeau depuis 1928, aujourd’hui celui de Taïwan) sur la droite ; Pays-Bas ou Luxembourg, France, République tchèque, Pologne sur la gauche.

2. La mobilisation est humaine avec les soldats mobilisés en grand nombre (2,3 millions pour l’armée britannique en décembre 1941 ; 8,8 millions pour les États-Unis en 1945) et les ouvriers dans les usines. D’énormes quantités d’armement sont produites grâce à une production standardisée. Les armements sont perfectionnés (porte-avion, chars). Les États-Unis, avec le Victory Program lancé en janvier 1942 par Roosevelt, deviennent l’arsenal de la démocratie et fournissent aux Alliés, grâce à la loi prêt-bail des armes, des biens d’équipement et de consommation. Le document témoigne aussi de l’achar-nement des combats (on voit une forteresse volante en train d’être chargée, des soldats qui débarquent). La mobilisation idéologique entretient le moral des armées, justifie le combat et doit décourager l’adversaire : le V de la victoire, la présence des pays occupés par l’Allemagne nazie et des soldats de chaque armée renforcent l’idée d’une guerre démocratique et juste.

3. La guerre est pour Hitler une guerre raciale, puisqu’il s’agit de conquérir l’espace vital nécessaire, d’après les nazis, pour assurer la survie de la « race aryenne ». Il donne l’ordre de mettre à mort les Polonais, parce qu’ils sont d’ascendance et de langue polonaise et considérés comme une race inférieure. C’est une guerre d’anéantis-sement, car la violence militaire est sans précédent.

vers les zones désertiques de Syrie et d’Irak conduisant inévitablement à la mort). L’armée et des groupes para-militaires procèdent à des massacres. L’objectif est de détruire un groupe en tant que tel.

4. Le bilan est très lourd : 10 millions de soldats sont morts, 17 millions ont été blessés. Les deux-tiers de la communauté arménienne ont été décimés.

bilanLes documents montrent une « totalisation du conflit », pour reprendre l’expression d’Annette Becker. En 1914, l’idée d’un conflit court n’induit pas la construction men-tale d’une guerre totale. Elle le devient avec la durée de la guerre et le passage de la guerre de mouvement à la guerre de position. La guerre totale suppose la mobilisation de la totalité des forces militaires, économiques, humaines, psycholo-giques, l’accroissement du rôle de l’État et l’effacement progressif de la frontière entre civils et militaires. Elle mobilise ainsi tous les niveaux de l’échelle sociale (sol-dats, femmes, enfants, artistes). Permis par la guerre totale, le génocide arménien en illustre les dynamiques, sans pour autant être nécessaire-ment un élément de définition, car les victimes sont d’une autre nature. Les Arméniens sont définis avant la guerre comme un ennemi intérieur qui menace l’unité de l’État et se voit progressivement exclu et déshumanisé. La dynamique de la guerre totale, la haine de l’ennemi et l’élévation du seuil de tolérance à l’acceptation de la vio-lence facile le passage à l’acte. La guerre offre par ailleurs une couverture, en rendant difficile toute intervention pour faire stopper le massacre.

cours 2 p. 56-57

La Seconde Guerre mondiale : une guerre d’anéantissement

Présentation des documents

Le document 1 est une affiche imprimée en Angleterre après 1942 qui témoigne de la mobilisation des Alliés et de la nature de leur combat. Cet assemblage de photo-graphies montre des hommes au combat ou en usines. Au premier plan, des soldats de tous les pays alliés. Le document 2 est un extrait du discours tenu par Hitler auprès de ses généraux réunis à l’Obersalzberg le 22 août 1939. Les notes ont été retranscrites par Canaris, qui a fait passer une transcription à l’étranger en espérant que la mention du massacre des Arméniens toucherait les diri-geants occidentaux. Alors que l’armée allemande envahit la Pologne le 1er septembre 1939 en prétextant des pro-vocations le long de la frontière, cet extrait montre la pré-méditation de l’action. Le document 3 est une photo datée de septembre 1941, après l’attaque en juin 1941

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programme conduisant à l’extermination) et fonctionna-listes (qui l’expliquent essentiellement par le contexte de la guerre et la rivalité entre les différentes instances entourant Hitler, dictateur faible) est donc aujourd’hui dépassé. Ce qui fait basculer dans le génocide, c’est la rencontre entre une situation diplomatico-stratégique, une structure idéologique préexistante qui lui donne du sens et le pousse à l’action, et des initiatives locales qui légitiment les pratiques (voir Philippe Burin, Hitler et les juifs, genèse d’un génocide, Seuil, 1989). La décision du génocide aurait donc été prise à l’automne 1941, dans un contexte de difficultés et non dans l’euphorie de la vic-toire.

bilanLe bilan de la Seconde Guerre mondiale est beaucoup plus lourd (18 millions de morts en Europe, 20 millions en URSS), ce qui témoigne d’une totalisation plus grande du conflit. C’est en effet un affrontement total par la volonté poli-tique d’anéantir l’adversaire dont font preuve les belligé-rants. Il oppose deux projets idéologiques opposés avec des pays qui mènent alors une véritable croisade en mobilisant toutes leurs forces. Les belligérants disposent par ailleurs de moyens de des-truction qui rendent possible les massacres à grande échelle. La logique d’anomie croissante conduit à brouil-ler la distinction entre les civils et les militaires. Les déci-sions préalables et le contexte de la guerre mènent au génocide juif.

cours 3 p. 58-59

Les peuples européens dans la guerre totale

Présentation des documents

Le document 1 est un extrait de La Main coupée, œuvre autobiographique de Blaise Cendrars qui porte un regard personnel sur son expérience de la guerre. Une première version entreprise dès 1918 mais restée inachevée est très différente de ce récit publié en 1946. Cette descrip-tion rare d’un nettoyage de tranchée est aussi une interro-gation sur sa responsabilité d’homme qui prend tout son sens au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Le document 2 (une affiche publiée en 1940 à Londres par le Ministère de la Santé) et le document 3 (une photo de partisans en Italie en 1944) montrent la plus grande implication des civils dans le conflit. Leur confrontation permet aussi de questionner la place des femmes dans la guerre, et en suivant les grilles de lecture de l’histoire du genre, de comprendre la construction des normes de genre, par des représentations (la femme apeurée sous un déluge de bombes qui protège sa famille), différentes des réalités sociales (la femme qui combat).

Elle vise à anéantir l’adversaire en éliminant les élites, puis en déportant les populations, selon la méthode utilisée avec les Arméniens. Cette citation témoigne que les SS ont reçu une mission spéciale : les Einsatzgruppen se mettent en place dès 1939 et procèdent à des massacres de masse, ce qui suscite un profond malaise dans l’armée (comme en témoigne l’envoi de ces notes par Canaris aux dirigeants occidentaux).

4. Le document 3 permet de caractériser l’action des Einsatzgruppen après l’invasion de l’URSS : des juifs de tout âge sont concernés et désormais on exécute des enfants. Ils sont dénudés avant d’être exécutés par balle, les corps étant jetés ensuite dans des fosses communes. On identifie sur la photo des civils et des soldats de la Wehrmacht, ce qui témoigne de la participation de l’armée régulière (accord signé en mai 1941 entre le haut commandement et le RSHA) et de la complicité des populations locales (violence « spontanée » ou recrute-ment dans les unités d’auxiliaires depuis juillet 1941). Il y a donc le franchissement d’un nouveau seuil de violence, qui témoigne d’une radicalisation de la guerre et d’un consentement au génocide au nom de la survie biologique de la race. Ce basculement ne correspond pas seulement à un ordre venu d’en haut, mais à un basculement sur le terrain, parce que la guerre est plus dure que prévue. Le bilan s’élève à 1 million de juifs exécutés d’août à décembre 1941.

5. Une rupture s’est opérée dans la politique d’exclusion des juifs, puisqu’on bascule dans le génocide organisé. Le projet hitlérien visait d’abord à exclure les juifs de la communauté nationale et d’Europe (projet Madagascar ; concentration des juifs à la périphérie de l’Europe nazie). À l’automne 1941, l’échec de la guerre-éclair ne permet plus à Hitler d’envisager de chasser vers l’Est des millions de juifs résidant dans les régions désormais occupées par l’Allemagne. Le débridement de la violence et l’habitude de régler son sort à des populations entières, les difficul-tés posées par les exécutions par balle, la peur de la défaite provoquée par l’entrée en guerre des États-Unis justifient l’idée chez les nazis que les juifs méritent une extermination urgente et sans rémission. Le premier camp d’extermination (camions à gaz mobiles) est créé en décembre 1941 à Chelmno, dans la partie de la Pologne annexée à l’Allemagne. En 1942, dans le Gouvernement Général de Pologne, les nazis ouvrent les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka (dans le cadre de l’Action Reinhardt) pour assassiner systématiquement les Juifs de Pologne. La construction d’Auschwitz II, ou Auschwitz-Birkenau, commence en octobre 1941. Une chambre à gaz temporaire entre en service dès janvier 1942. Le débat entre intentionnalistes (qui voient le génocide inscrit dans Mein Kampf et l’application rigoureuse d’un

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Histoire36

3. La photographie illustre la notion de résistance et en montre la grande diversité. Le débarquement des Alliés en Sicile, le 10 juillet 1943, provoque un véritable choc et la révolte du Grand Conseil Fasciste contre Mussolini. Celui-ci est renversé, emprisonné et remplacé par le maréchal Badoglio qui signe un armistice avec les Alliés et déclare la guerre à l’Allemagne. Celle-ci réagit en occupant les deux tiers de l’Italie du Nord jusqu’à Rome. Mussolini qui a été libéré par une poignée de fidèles s’installe à Salo où il fonde une « république sociale ita-lienne » sous protectorat allemand (23 septembre 1942). La période qui suit est celle d’une longue et difficile conquête du pays par les Alliés (débarquement à Salerne en septembre 1943). Pendant ce temps au nord et au centre, les résistants affrontent les Allemands et les troupes de Mussolini. Le document montre un engage-ment des femmes dans la résistance qui ne se limite pas à la résistance civile, puisqu’elles portent des armes et combattent. On voit un groupe exclusivement formé de femmes, peut-être parce qu’elles ne sont pas acceptées par leurs compagnons masculins. Lors de la formation, en novembre 1943, de l’organisation unitaire des femmes résistantes, le choix du nom « groupe de défense de la femme et de soutien aux combattants de la liberté » illustre la façon dont elles sont perçues : des femmes qu’il faut protéger et dont l’action se limite à un seul soutien. Ce document montre donc qu’il faut avoir une autre approche de la Résistance : elle a longtemps été étudiée sous l’angle des structures (mouvements, réseaux, résis-tance intérieure, extérieure). Son histoire suscite, notam-ment en France, des débats et des controverses. À la légende rose d’une France résistante, s’est substituée après 1969 (Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls) la légende noire d’une France collaboratrice et opportu-niste où les Français, dans leur grande majorité, auraient surtout été préoccupés par leur survie, indifférents au sort des persécutés (concept d’« accommodation » de Philippe Burin). Les historiens plaident aujourd’hui pour la reconnaissance d’une « résistance civile », de « gestes de résistance » qui complètent ceux de la résistance orga-nisée. Pierre Laborie pense que s’il est abusif de parler d’une société en résistance, on peut avancer l’idée d’une société de « non consentement », avec des décalages dans la chronologie et selon les lieux (Le chagrin et le venin. La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues, Bayard, 2011).

4. Les violences auxquelles sont exposées les popula-tions civiles sont multiples : violence de la guerre (bom-bardements stratégiques, mais aussi participation aux combats avec les Résistances) ; violence de l’occupation allemande en Europe (privations, arrestations, déporta-tions…), mais aussi privations et difficultés liées aux destructions et à la mise en place d’une économie de

Réponses aux questions

1. Le document 1 permet d’approcher la question de brutalisation des comportements. On voit en effet dans cet extrait comment la violence subie « ensauvage » les soldats au point de les rendre violents eux-mêmes. Blaise Cendras évoque d’abord l’extrême dureté des com-bats (obus, grenade, mitrailleuse) puis ses sentiments lors du nettoyage de la tranchée ennemie, montrant une sorte d’enivrement, de plaisir à tuer, le conduisant à bafouer les lois de la guerre (sort fait aux prisonniers). On comprend alors comment la guerre déshumanise et crée les conditions de sa propre violence. Le sentiment d’insécurité conduit à tuer avant être tué. L’accoutumance à l’horreur est soutenu par une indifférence refoulant toute émotivité et le sentiment d’être immortel. À cela s’ajoutent l’appartenance à un groupe et l’adhésion du plus grand nombre à un code d’honneur viril (apparte-nance à un groupe primaire). Ce consentement à la vio-lence, qui se nourrit du sens du devoir et de la haine de l’ennemi (« le boche »), s’explique aussi par le poids de la discipline et la contrainte.

2. Le débat sur les liens entre les violences de la Première et de la Seconde Guerre mondiale est posé : comme l’a montré l’exemple de Rudolph Höss, commandant du camp d’Auschwitz, connu par ses mémoires romancées en 1952 dans La mort est mon métier de Robert Merle, l’expérience de guerre peut construire un monstre. Les fondateurs du nazisme ont fait la guerre et ont été traumatisés par la défaite. La génération née après 1900, comme Himmler, l’a connue indirectement (propagande, acculturation par les jeux guerriers, difficultés liées aux privations, au deuil d’un père). George Mosse, historien américain d’origine allemande dont la famille a fui le nazisme, établit une filiation entre le vécu du soldat de la Grande Guerre et sa capacité à transmettre au fait politique la violence rencontrée, reçue et commise lors du conflit. Elle crée le terreau d’une acceptation de la violence dans l’espace civil, ce qui expliquerait le phéno-mène totalitaire. La multiplication des crimes de guerre à l’Est, pendant la Seconde Guerre mondiale, s’explique par le caractère racial et idéologique de l’affrontement et la déshumanisation des victimes qui en découle, mais aussi par cette expérience de la Première Guerre mon-diale qui abaisse les seuils de tolérance, par les mêmes mécanismes de peur et d’obéissance, de déresponsabili-sation conduisant à l’acceptation du crime. Cependant, cette notion est discutée car elle ne s’applique pas à tous les combattants, ni à tous les pays comme le montre le développement du pacifisme. La place occupée, dans la construction de ce concept, par les sources documen-taires venues des élites semble trop importante pour permettre d’englober toute la population.

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mis en service en juin 1943.À voir : http://sonderkommando.info/skauschwitz/temoi-gnages/art/olere/ Le document 3 est un discours de Simone Veil lors de la commémoration du 60e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, date que les Nations Unies ont alors choisie comme Journée internationale de commémora-tion de l’Holocauste. C’est un témoin de première impor-tance : arrêtée le 30 mars 1944, elle arrive à Auschwitz le 15 avril, où elle échappe à la sélection en affirmant avoir 18 ans et participe au travail forcé. Elle participe aux marches de la mort qui l’emmène jusqu’au camp de Bergen-Belsen où elle est libérée par les Britanniques en avril 1945. Enfin, par ses témoignages, son autobiogra-phie intitulée Une vie publiée en 2007, son action à la tête du Mémorial de la Shoah, elle contribue à la constitution de la mémoire du génocide juif.

Réponses aux questions

1. Les camps d’Auschwitz se trouvent en Pologne, en Silésie du Nord, région annexée par l’Allemagne en 1939. Le lieu est relativement écarté, mais bénéficie d’une bonne liaison ferroviaire avec Cracovie (60 km), Varsovie (300 km), Vienne (400 km). Sa construction commence en mai 1940 dans des bara-quements abandonnés de l’artillerie polonaise, situés dans la banlieue de la ville. Himmler décide en mars 1941 de raser le village de Brzezinka, à trois km au nord-ouest pour construire un nouveau camp (Auschwitz II). Dans le même temps, à 7 km à l’est, des détenus sont affectés à la construction d’une zone industrielle (Auschwitz III).

2. Les déportés sont acheminés en masse vers ce lieu par train, dans des wagons à bestiaux. Ils viennent de France comme dans le cas des auteurs et témoins des docu-ments 2 et 3, mais aussi de tous les pays d’Europe. On estime qu’1,3 millions de juifs et de non-juifs ont été déportés, avec 200 000 survivants en janvier 1945.

3. Les installations sont gigantesques (40 km2). Le docu-ment 1 illustre les différentes fonctions du camp : un camp de concentration, destiné à la répression des oppo-sants et des populations jugées déviantes. Il comporte des blocs en dur, les éléments « classiques » d’un camp avec la tour d’entrée et sa grille (« Arbeit macht frei »), une place d’appel, des cuisines, des douches, des latrines. Auschwitz II est un centre de mise à mort assorti d’un camp destiné aux juifs « sélectionnés pour le travail » qui pouvaient détenir jusqu’à 60 000 détenus dans des baraques en bois, très sommairement aménagées. Auschwitz III est un camp de travail destiné à alimenter la machine de guerre allemande : 10 000 détenus travaillent dans la ville-usine de Buna, édifiée pour le compte d’IG Farben qui produit du méthanol et du caoutchouc synthétique. Des kommandos dépendant de ce camp

guerre dans les pays occupés ; violences liées à l’idéologie raciste nazie (les Repères font référence à l’extermination des Juifs).

bilanL’analyse des réactions des populations pendant les deux guerres soulève le débat du consentement ou non des populations. On peut évoquer la réaction des soldats, avec pour la Première Guerre mondiale, l’approche par le consente-ment défendu par l’école dite de « Péronne » et celle de la contrainte, évoquée par l’école dite de « Craonne », qui s’appuie notamment sur l’exemple des mutins (entre 45 000 et 80 000 soit 1 % des soldats mobilisés). On peut amener les élèves à réfléchir à la question de la brutalisa-tion des sociétés européennes, mais aussi au rejet de cette violence, avec le développement après la guerre du pacifisme, qui tend à présenter les soldats comme des victimes et masque le consentement des populations (Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18, Retrouver la guerre, Gallimard, 2000).L’analyse de la réaction des civils, victimes des violences de guerre, pris entre l’acceptation de la guerre pendant la Première Guerre mondiale ou la Seconde (devoir patriotique évoqué dans le document 2) et les nécessités de la survie, peut donner une approche passéiste. L’étude de la Résistance pendant la Seconde Guerre mon-diale montre l’existence d’une « société de non consente-ment » et permet de dépasser une vision manichéenne.

cours 4 p. 60-61

Auschwitz, au cœur du système concentrationnaire nazi

Présentation des documents

Le document 1 est une carte du complexe concentra-tionnaire d’Auschwitz datant de 1943 qui permet de mesurer l’ampleur du système concentrationnaire. Le document 2 est un témoignage de l’expérience vécue par David Olère, déporté en 1943 après avoir été arrêté par la police française. Matriculé 106144, il est choisi pour faire partie du Sonderkommando, dont le rôle principal est de sortir les corps des chambres à gaz et de récupérer sur leurs cadavres tout objet de valeur avant de les enfourner dans les crématoires manufacturés par la firme Topf. Les membres des Sonderkommandos sont régulière-ment gazés eux-mêmes afin d’éviter toute possibilité de transmission d’informations sur la nature de l’extermina-tion. David Olère échappe à ce sort en calligraphiant des lettres de SS, et en les décorant de dessins. Il retient de nombreux lieux, moments et expériences du camp et témoignent de son expérience dans ses dessins, réalisés entre 1945 et 1962. Il représente ici le Krematorium III,

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Histoire38

politique. En corollaire de la prégnance de la mémoire nationale polonaise, une mémoire catholique s’exprime avec force sur le site (hommage au père franciscain Kolbe qui avait pris volontairement la place d’un autre Polonais ; rôle du pape Jean-Paul II). Le témoignage de Simone Veil est plus tardif. Elle évoque souvent l’impossible témoi-gnage après la guerre, la volonté d’oubli et de silence tant des Français que des déportés raciaux. À partir des années 1970, on assiste à la constitution d’un groupe porteur de mémoire, qui revendique la reconnaissance de son histoire. Cela se traduit par l’ouverture en 2005 du Mémorial de la Shoah, l’apparition de nouvelles commé-morations, mais aussi la reconnaissance, par l’État français de sa responsabilité (1995). Le rôle d’Auschwitz dans l’ex-termination des juifs d’Europe est reconnu, mais le lieu focalise aussi l’attention des négationnistes.

bilanAuschwitz s’est imposé comme un symbole des crimes contre l’humanité. En effet se juxtaposent dans un même lieu deux politiques radicalement différentes : le phéno-mène concentrationnaire, ciblant des populations diverses et la politique de mise à mort des Juifs. L’importance du nombre des déportés, leur origine diverse, mais aussi le nombre des survivants contribuent à en faire un lieu de mémoire aux dimensions euro-péennes. Ce lieu a aussi un caractère unique, du fait du nombre des victimes (1,1 millions), du processus de rationalisation, d’industrialisation de la mort et de la négation de l’huma-nité. On mesure alors la réalité du génocide. C’est pour-tant une exception dans le processus d’extermination des Juifs d’Europe, tant par les méthodes utilisées (les 5 chambres à gaz et les fours crématoires) que par le pro-cessus de sélection de masse. Dans les autres centres de mise à mort, l’extermination est directe. Auschwitz est devenu progressivement le lieu de mémoire de la Shoah. Pour Tal Bruttman, Auschwitz, lieu de mémoire, occulte par la force des représentations qui s’y attachent des pans entiers de l’extermination des juifs d’Europe (par exemple la mort dans les ghettos). L’unicité du lieu, camp de concentration et centre de mise à mort, en brouille la compréhension. D’autres historiens comme Annette Wiervorka ou Anne Grynberg se demandent ainsi ce que sa visite peut apporter à la compréhension du processus d’extermination.

cours 5 p. 62-63

Construire la paix

Présentation des documents

Le document 1, une affiche publicitaire de Michelin pour ses guides illustrés des champs de bataille datant de

regroupent jusqu’à 25 000 déportés travaillant aux alen-tours.

4. Les documents permettent de décrire le processus d’extermination des juifs et d’en montrer le caractère industriel.À leur arrivée, les juifs sont sélectionnés : le dessin de David Olère montre un groupe essentiellement composé de femmes, d’enfants, de personnes âgées ou affaiblies qui se dirigent vers le Krématorium. 80 % des juifs sont exterminés dans les heures qui suivent leur arrivée à Auschwitz. Le processus est de plus en plus rationnel et a lieu, à partir du printemps 1944 sur la rampe qui entre à l’intérieur du camp. Les juifs sont acheminés vers les chambres à gaz. Le premier gazage a lieu dans les sous-sols du Block 11 d’Auschwitz I mais les SS sont gênés par les problèmes d’aération. À partir de 1942, deux chambres à gaz provi-soires sont aménagées dans le bois de bouleau au nord du camp, les corps sont brulés et entassés dans des fosses communes. Puis, pour incinérer un nombre crois-sant de victimes, on construit les Krématorium à forte capacité et techniquement au point. Les dessins d’Olère permettent d’en reconstituer les différents éléments : une salle de déshabillage (au sous-sol pour les Krématorium II et III qui disposaient d’un ascenseur pour hisser les cadavres dans la salle des fours), une chambre à gaz, une salle de crémation équipée des fours Topf (avec plusieurs creusets incinérateurs).Auschwitz est un centre de mise à mort industriel : 437 000 juifs de Hongrie, 250 à 300 000 juifs de Pologne, 69 000 juifs de France (sur 76 000) y sont morts, ainsi que des juifs des Pays-Bas, de Grèce… Les Tziganes occupent une place à part. Avant la guerre, ils sont combattus comme « asociaux », pour leur nomadisme. Entre 1941 et 1944, Himmler ordonne la déportation de tous les Tziganes du Reich, mais leur mort systématique n’est pas prévue car il y a un désaccord sur leur nature raciale. 19 000 sur les 23 000 Tsiganes déportés à Auschwitz y périrent.

5. Les victimes ont témoigné dès l’après-guerre. Tout le travail de David Olère est axé de 1945 à 1962 dans cette perspective de témoignage. Ses dessins constituent des documents visuels uniques du processus d’extermination confirmés par les divers témoignages trouvés par la suite (photos de SS, manuscrits enterrés d’autres membres de Sonderkommando, témoignages de survivants). Cependant, la chronologie montre que la mémoire du génocide a du mal à s’imposer. Le musée a d’abord ali-menté la mémoire polonaise de la déportation (ce n’est que dans les années 1960 que des blocs, dédiés à d’autres pays sont aménagés). Le monument international inau-guré en 1967 est dédié aux victimes du fascisme, avec en son centre un triangle, symbole de la déportation

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392. Guerres et paix, 1914-1945

1919, soulève la question des sorties de guerre et de la démobilisation culturelle de la société. Le document 2, une photographie datée du 1er mai 1945, alors qu’Hitler vient de se suicider après la prise de Berlin par les Soviétiques, permet de comprendre la situation de l’Europe en 1945. Le document 3, constitué d’extraits du réquisitoire du procureur américain au tribunal de Nuremberg, témoigne de la prise de conscience de la nature des crimes nazis et de la nécessité de faire évoluer le droit international. Les Alliés (France, Royaume-Uni, URSS, États-Unis) décident d’organiser à Nuremberg, un procès sans précédent, de novembre 1945 à octobre 1946. C’est dans la ville même où ont été édictées les lois de 1935 et où se tenaient les congrès nazis que sont jugés 22 responsables nazis, mais aussi des organisations nazies. C’est un des plus grand procès de l’histoire (40 séances, 116 témoins, 42 volumes d’archives) filmé et retranscrit afin d’avoir une portée éducative.

Réponses aux questions

1. Le document 1 montre l’affaiblissement démogra-phique de la France : 1,4 millions de soldats sont morts soit 16,5 % de pertes parmi les mobilisés. Une femme seule est représentée, peut-être une veuve de guerre (600 000 en France). À cela s’ajoute un déficit des nais-sances estimé à 1 million d’enfants. On peut aussi s’inter-roger sur l’impact moral de la guerre qui a vu le processus d’industrialisation de la mort. Le pèlerinage sur les champs de bataille montre ainsi la nécessité de se recueillir : voir le lieu de bataille permet de mieux accepter le deuil. Ce sont aussi les monuments aux morts qui vont être les espaces privilégiés du deuil et de la commémoration. L’acceptation de la mort passe par la notion de sacrifice.

2. Michelin incite le public à acheter ses guides pour financer une œuvre de repopulation. L’Alliance nationale contre la dépopulation est une association nataliste fon-dée en 1896 dans un contexte de revanche sur l’Alle-magne, dont l’idée centrale est que la baisse de la natalité met la France en danger et que le déséquilibre démogra-phique entre la France et ses voisins risque d’entraîner une nouvelle guerre. L’affiche illustre l’ambivalence des sentiments : elle témoigne d’un certain soulagement, voire d’un certain pacifisme. Pourtant, cet appel à la repo-pulation n’est pas exempt d’un certain bellicisme, puisqu’on évoque, fût-ce métaphoriquement, les enfants qui « vous piloteront sur les champs de bataille ». La démobilisation culturelle est donc lente et la culture de guerre reste prégnante.

3. À l’arrière-plan, on distingue les destructions maté-rielles de Berlin. Plus de 600 000 logements ont été détruits, 2,8 millions d’habitants vivent dans la rue. La mainmise des soviétiques est par ailleurs rapide comme en témoignent l’installation des panneaux de propa-

gande qui mettent en valeur l’idéologie communiste et le culte de la personnalité ou l’organisation du 1er mai, fête des travailleurs. L’accueil semble très mitigé, d’autant que l’arrivée des Soviétiques s’est accompagnée de vio-lences multiples (viols, pillages).

4. Le réquisitoire du procureur cherche à montrer la nécessité de ce procès rendu au nom de la civilisation. Les crimes nazis sont spécifiques et ne peuvent être tolérés. Devant le choc moral représenté par la nature de ces crimes, il faut réaffirmer le droit à la dignité de chaque être humain et placer chaque accusé devant ses respon-sabilités.

5. Le procureur souhaite donc une évolution du droit international et la condamnation des responsables nazis pour de nouveaux crimes, définis par des lois rétroac-tives : les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. 12 condamnations à mort, 7 à la prison à vie, et 5 acquit-tements sont prononcés.

bilanLe bilan peut être articulé autour du bilan humain, écono-mique, moral et politique des deux guerres et doit mon-trer un continent très affaibli, devenu selon Aron « une zone de vide où le pouvoir est à prendre ». Les deux guerres amorcent ainsi le déclin de l’Europe et marquent durablement la mémoire des peuples européens.

Sur les guerres, des approches croiséesS. audoin-Rouzeau, La guerre au xxe siècle. 1. L’expérience combattante, la Documentation photographique n° 8041, 2004.b. bruneteau, Le siècle des génocides, armand Colin, 2004.J. Chapoutot, Le nazisme, une idéologie en actes, la Documen-tation photographique, n° 8085, janvier-février 2012. J.-l. Dufour, M. Vaïsse, La guerre au xxe siècle, Hachette supé-rieur, « Carré Histoire », 2004.a. Duménil, La guerre au xxe siècle. 2. L’expérience des civils, la Documentation photographique n° 8043, 2005.b. lefebvre, S. Ferhadjian, Comprendre les génocides du xxe siècle, bréal 2007.F. Rousseau (dir.), Guerres, paix et sociétés, 1911-1946, atlande, 2004.

Sur la question de la mémoirePour mémoire : l’armistice du 11 novembre 1918, site réalisé par le CnDP qui offre des ressources multiples : http://www.cndp.fr/entrepot/index.php?id=2.

À l’initiative des ministères de la Défense (anciens Combattants) et du Tourisme, ce site recense les lieux suscep-tibles d’entretenir la mémoire collective. l’histoire des fortifi-cations, les guerres de 1870-1871, 1914-1918, 1939-1945 sont abordées. Un accès géographique ou thématique est proposé. De nombreuses ressources sont associées : www.cheminsdememoire.gouv.fr. Histoire et mémoires des deux guerres mondiales, site crée par J-P. Husson : www.cndp.fr/crdp-reims/memoire : auschwitz, lieu central de Seconde

Pour AllEr loin

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Histoire40

sujet d’étude 1 p. 66-71

Vivre dans l’Italie mussolinienne

Les commentaires du programme« L’Italie, ébranlée par la Première Guerre mondiale, devient un pays totalitaire. On étudie la réalité de la vie quotidienne sous le fascisme. » (BO n° 9 du 1er mars 2012).

Place dans le thèmeDans une nation encore jeune – l’unité italienne est seulement achevée en 1870 – les valeurs nationales sont fortement présentes au début du xxe siècle. Le pays reste, en partie, à l’écart des grandes évolutions économiques et sociales apparues au xixe siècle au Royaume-Uni puis en France (la « révolution industrielle »). Mais la matrice du totalitarisme italien est la Première Guerre mondiale : l’expérience de la violence vécue par les combattants se poursuit après la guerre sur le terrain politique. Le traité de Versailles est ressenti comme humiliant (on parle de « victoire mutilée ») par de nom-breux Italiens qui considèrent que leur pays n’a pas obtenu ce qu’il pouvait en espérer. Des groupes paramili-taires composés de nombreux anciens combattants entretiennent alors un climat de guerre civile. Les difficul-tés économiques, le chômage rendent la société italienne encore plus facilement perméable aux idées extrémistes et nationalistes prônées par Mussolini.Le sujet d’étude doit permettre de montrer comment le fascisme mussolinien, né des traumatismes liés à la Première Guerre mondiale, a cherché à imposer ses conceptions totalitaires à toute la société italienne.

sujet d’étude au cHoixB

Présentation du planL’étude s’articule autour de 2 thèmes :– l’exercice du pouvoir par Mussolini : idéologie, méthodes

d’accession au pouvoir, place écrasante du « chef », embrigadement des masses ;

– l’encadrement de la société : organisations de jeunesse, utilisation du sport, des médias, de l’architecture à des fins idéologiques.

a Le fascisme au pouvoir (p. 66-67)

Présentation des documents

Doc. 1 : le discours de Mussolini du 20 septembre 1922 montre le lien entre fascisme et « séquelles » de la Première Guerre mondiale ; par ailleurs, il indique quelle conception Mussolini a de l’exercice du pouvoir (discipline, rejet de la démocratie).Doc. 2 : la photo du saccage du journal socialiste Il Paese illustre les méthodes politiques fascistes fondées sur la vio-lence et l’intimidation (voire l’assassinat) des opposants.Doc. 3 : l’extrait des « lois fascistissimes » montre en quoi le système mussolinien exerce un pouvoir centralisé, autoritaire et totalement antidémocratique (malgré la fiction du roi chef de l’État).Doc. 4 : le tableau d’Ambrosi est un « classique » du culte du chef ; celui-ci représente l’autorité absolue autour de laquelle tout, y compris l’histoire et l’urbanisme romains, s’organise.Doc. 5 : la photo d’un rassemblement à Turin illustre comment, dans l’idéologie totalitaire, l’organisation de cérémonies grandioses est censée mobiliser les masses, rassembler les énergies autour du chef.

Guerre mondiale : a. Wierviorka, Auschwitz, 60 ans après, Robert laffont, 2005.

http://irice.univ-paris1.fr/iMG/pdf/pdf_Volume_integral_Cahier_7_-_copie.pdf : Le futur d’Auschwitz, actes de la journée d’études du 11 mai 2010, Université Paris-i Panthéon-Sorbonne en partenariat avec la Commission « Mémoire et transmission » de la Fondation pour la mémoire de la Shoah : http://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-la-shoah-2005-1-page-15.htm : Grynberg anne, « la pédagogie des lieux », les Cahiers de la Shoah, 2005/1 no 8, p. 15-56.

revues1914-1918, La Grande Guerre, les Collections de l’Histoire, n° 21, octobre-décembre 2003. « le génocide des arméniens, archives inédites », L’Histoire n° 341, avril 2009. Hitler, le nazisme et les allemands, les Collections de l’Histoire n° 18, janvier-mars 2003. Auschwitz, la Solution finale, les Collections de l’Histoire n° 3, octobre 1998. « les bourreaux nazis, la vraie histoire des Bienveillantes », l’Histoire n° 320, mai 2007. La Wehrmacht dans la Shoah, Revue d’histoire de la Shoah n° 187, juillet 2007.

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412. Guerres et paix, 1914-1945

Réponses aux questions

L’installation du pouvoir mussolinien (doc. 1, 2 et 3)1. Les coupables désignés par Mussolini sont « la classe politique », c’est-à-dire les partis démocratiques « tradi-tionnels » qui sont désignés comme « dépassés » et notamment le Parti populaire italien (droite chrétienne) et surtout les Parti socialiste et communiste. Plus généra-lement, selon Mussolini, le responsable de la situation de l’Italie dans les années 1920 est la démocratie.2. Les principes de gouvernement énoncés par Mussolini sont :– le refus des partis ;– une discipline de fer, une soumission totale à sa per-

sonne ;– le pouvoir exécutif en totalité dans les mains du Duce ;– un contrôle strict du pouvoir législatif ;– la restriction drastique des libertés.3. Le système mussolinien est antidémocratique puisqu’il vise à éliminer toute opposition (y compris par le meurtre) ; à confier l’essentiel des pouvoirs à un seul homme ; à supprimer toute pratique démocratique (élections libres, multipartisme) ; à ériger l’arbitraire en méthode de gouvernement.

La mobilisation des masses (doc. 4 et 5)4. Le culte du chef s’exprime principalement par une propagande effrénée. Par ailleurs, les rassemblements de masse sont l’occasion, répétée ad nauseam, de glorifier le Duce et d’entretenir une forme de ferveur populaire.5. La propagande utilise tous les vecteurs disponibles : slogans, affiches, tracts, presse aux ordres, radio, cinéma (les « actualités »), œuvres d’art.

aCTiViTÉ bilanL’élève doit ici reprendre sous une forme structurée les réponses aux questions précédentes. Le plan adopté peut être chronologique et comprendre 2 parties : 1. La prise du pouvoir : causes, méthode d’accession au pouvoir (élimination des opposants, coup de force). 2. La mise en place de la dictature : arsenal législatif (lois fascistissimes), propagande, contrôle de la société et des médias.

b « Croire, obéir, combattre » (p. 68-69)

Présentation des documents

Doc. 6 : le texte montre comment Mussolini prend en mains l’économie italienne, dans une politique d’« autar-cie » qui vise à réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étran-ger. L’assèchement des régions au sud de Rome, leur mise en culture, la « bataille du blé » sont les formes embléma-tiques de ce contrôle de l’économie italienne par le fascisme.

Doc. 7 : la photographie de la famille fasciste idéale illustre un aspect particulier des conceptions sociales et sociétales de Mussolini : incitation à la natalité (prime aux familles nombreuses, surtaxe fiscale sur les céliba-taires), place de la femme dans la société. Accessoirement, la photo montre également l’embrigadement de la jeunesse dans ses multiples organisations (« enfants de la louve », « balillas », jeunesses fascistes,…).Doc. 8 et 9 : les photographies de l’équipe italienne de football et de l’inauguration de Cinecittà permettent de montrer comment le fascisme utilise les loisirs popu-laires pour en faire des instruments de propagande et de contrôle de la société. Le football, avec l’organisation de la Coupe du monde en 1934 que l’équipe italienne a remportée, glorifie cette « Italie nouvelle » que Mussolini entend construire et dans laquelle la virilité – inspirée de la Rome antique – est une vertu cardinale. Le cinéma, loisir populaire par excellence, est aussi l’objet de l’atten-tion du Duce : il sait quel est son pouvoir sur les masses.Doc. 10 : la vignette antisémite illustre la reprise par le pouvoir fasciste des conceptions raciales et antisémites développées par Hitler (lois de Nuremberg, 1935). Ce n’est en effet qu’à partir de 1938 que se met en place un arsenal législatif destiné à évincer les Juifs italiens de la vie sociale, les écartant de certaines professions, interdisant les mariages « mixtes », etc.

Présentation de l’Activité T i C ELe site de l’INA propose, par exemple, un court extrait d’un film des actualités italiennes montrant Mussolini participant lui-même à la « bataille du blé » (scène de battage). On voit clairement comment le pouvoir fasciste utilise le cinéma à des fins de propagande.Le film montre en effet une mise en scène de Mussolini, vêtu comme un paysan, souvent au centre de l’image, et participant « réellement » au travail collectif. Une popu-lation très nombreuse l’entoure, dans une ambiance à la fois joyeuse et active. Il s’agit bien de montrer ici la forte mobilisation collective et nationale dans la « bataille du blé ».

Réponses aux questions

L’économie mussolinienne (doc. 6)6. Mussolini, pour sortir le pays de la crise économique et réduire le chômage, fait entreprendre une série de grands travaux, notamment dans le secteur agricole : « bataille du blé » et assèchement de régions marécageuses qui sont « colonisées » et mises en cultures. Il s’agit d’accroître la production agricole « nationale » pour parvenir à l’autosuffisance et éviter ainsi les achats à l’étranger.7. Le terme de « bataille » est utilisé car Mussolini entend engager le pays tout entier dans ces actions (en y partici-pant lui-même dans des mises en scène un peu gro-tesques). Il s’agit bien d’un effort considérable de mobili-

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Histoire42

Les travaux d’EUR 42 commencent en 1936. La guerre interrompt tous les chantiers. Même si d’exposition il ne fut plus question, le quartier reste baptisé EUR (Exposition Universelle Rome).Cette nouvelle Rome a été l’occasion pour les architectes d’expérimenter le mélange entre urbanisme classique romain et suggestions technologiques nouvelles. Le résultat est une mise en valeur du caractère classique (nombreuses références à l’Antiquité) et monumental des édifices disposés sur des axes orthogonaux.Volonté d’ordre, géométrie, gigantisme, références « nationales » (la Rome antique) témoignent ainsi de l’utilisation de l’urbanisme et de l’architecture à des fins de politique et de propagande.

Serge berstein et Pierre Milza, L’Italie contemporaine du Risorgimento à la chute du fascisme, armand Colin, coll. U Histoire, 1995 ; Le Fascisme italien, 1919-1945, Seuil, Points Histoire, 1980.Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, éd. Robert laffont, 2007.Emilio Gentile, La religion fasciste, trad. de l’italien, Perrin, 2002.Pierre Milza, Mussolini, Fayard, 1999.Didier Musiedlak, Mussolini, Presses de Sciences Po, 2004.Salvatore lupo, Le Fascisme italien, Flammarion, 2003.

Pour AllEr loin

sujet d’étude 2 p. 72-79

Combattre pour la République : Jean Moulin

Les commentaires du programme« La figure de Jean Moulin a valeur exemplaire. Elle per-met de mieux comprendre les motivations de ceux qui défendirent la République à un moment où celle-ci était menacée de l’extérieur et de l’intérieur, et la nature de leur combat. » (BO n° 9, 1er mars 2012)

Place dans le thèmeLe sujet d’étude permet de travailler sur la biographie d’un personnage historique de premier plan et de relever dans son action ce qui à la fois fait écho aux préoccupa-tions et aux engagements d’une partie de ses contempo-rains, mais aussi ce qui relève du caractère exemplaire de ses activités toujours placées au service de l’État répu-blicain.Bien que le programme n’y incite pas explicitement, la question civique de l’engagement est ici pleinement posée, de même que celle qui interroge la relation de l’histoire à la mémoire à travers ses « grands hommes ».S’inscrivant dans le thème relatif aux guerres et aux espoirs de paix du xxe siècle, ce sujet d’étude permet d’affiner les concepts d’expériences des civils et d’expé-

sation nationale qui est demandé pour exploiter au mieux la plaine du Pô, conquérir de nouvelles terres. L’aspect « nationaliste » de cet effort en fait l’équivalent d’une guerre contre la misère et les importations.

Une société encadrée (doc. 7 à 9)8. Les valeurs mises en avant sont la famille, le service de l’État fasciste, la virilité, le patriotisme.9. « L’individu n’est rien, l’État est tout » est une des nom-breuses devises mussoliniennes. C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’utilisation du sport collectif comme exemple, la victoire de sportifs italiens manifestant la supériorité du fascisme. Le cinéma est quant à lui un formidable outil de propagande (actualités – la télévision n’existe pas !). Au total, le fascisme souhaite « contrôler » non seulement l’ensemble des activités politiques, économiques, sociales, culturelles de la nation mais aussi les formes de sociabilité les plus populaires (football, cinéma) en les mettant au service de l’idéologie.

Un régime antisémite (doc. 10)10. La législation antisémite italienne « copie » la législa-tion allemande : pureté de la race, interdiction de cer-taines professions (armée, fonction publique), exclusion de la vie économique (il s’agit de « protéger » l’État fasciste) et sociale (interdiction de posséder un poste de radio, par exemple).

aCTiViTÉ bilanOn attend de l’élève un développement structuré qui insiste principalement sur deux points :– l’embrigadement de la population dans des structures,

des organisations collectives (parti, organisations pro-fessionnelles, de jeunesse, de loisirs,…) et le recours périodique à de grands rassemblements de foule ;

– le recours à une propagande intense, utilisant tous les moyens de la culture de masse (radio, cinéma, presse), valorisant le Chef et les réussites (réelles ou supposées) du régime.

Il serait bienvenu que la conclusion indique que cette volonté d’embrigadement rencontre soit l’opposition, soit la passivité d’une partie de la population italienne.

Recherche T i C E (p. 70)Les deux activités proposées invitent à montrer com-ment, selon Mussolini, « la Troisième Rome se répandra sur d’autres collines le long du fleuve sacré jusqu’aux rives de le mer Tyrrhénienne » (discours du 31 décembre 1925).En 1928 est inaugurée la liaison Rome-Ostie : c’est à cette occasion que naît l’idée de développer la capitale vers la mer. Mussolini souhaite organiser une exposition universelle pour le vingtième anniversaire de la marche sur Rome en 1942. Mais, pour atteindre ses objectifs urbanistiques, le Duce est aussi le destructeur de la ville ancienne et de certains quartiers populaires.

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432. Guerres et paix, 1914-1945

du 18 juin 1940 du général de Gaulle. Ils pourront étudier les activités et les personnages clés de la France libre à travers une autre étude de cas laissée au choix de chacun. Il s’agit ici de sortir du cadre strict du sujet d’étude pour relever d’autres formes d’engagement. Les élèves pourront également élargir le champ de leurs recherches en se documentant sur les femmes dans les FFL, l’escadrille de « Normandie Niemen » ou l’Empire français dans la guerre.

Réponses aux questions

L’engagement au service de la République contre l’Allemagne nazie (doc. 1 à 3)1. Jean Moulin est préfet et entame une carrière poli-tique, étant successivement chef adjoint du cabinet du ministère des Affaires étrangères puis chef de cabinet du ministre de l’Air. Il exerce donc des responsabilités au plus haut niveau de la République française.2. La France demande l’armistice à l’Allemagne en juin 1940 et accepte de faire allégeance. Les préfets comme Jean Moulin ont ordre de rester en place dans leurs départements malgré l’invasion ennemie pour organiser l’évacuation des civils. Le maréchal Pétain prend la direction de la France et choisit la collaboration avec l’Allemagne. Il demande aux responsables de la République de se mettre à disposition des Allemands.

L’engagement dans la Résistance (doc. 3 et 4)3. Jean Moulin refuse de reconnaître la culpabilité des troupes coloniales dans le massacre perpétré près de Chartres par soucis d’égalité entre les Français, refusant d’admettre la hiérarchie raciale défendue par les nazies et la mauvaise réputation de populations de couleur qui en dépend. Il se permet même de sourire devant la mauvaise foi des nazis cherchant dans les meurtres la preuve irréf table de l’origine ethnique des criminels. Il défend l’intégrité de l’armée française par patriotisme et se refuse à admettre qu’elle ait pu commettre des exactions. Enfin, malgré les pressions exercées sur lui par ses tortionnaires, il continue à préserver la vérité, mettant à l’honneur sa liberté et son indépendance. Pour s’être opposé frontalement à la violence nazie afin de préserver ses valeurs, il est emprisonné et torturé. Il tente même de mettre fin à ses jours en se tranchant la gorge, crai-gnant de révéler des informations sous la torture. Cela l’obligera par la suite à toujours dissimuler son cou derrière un foulard pour cacher la cicatrice qui en résulte. Il sera finalement révoqué par le régime de Vichy de ses fonctions de préfet. Il décide alors de quitter la France pour rejoindre le général De Gaule au Royaume-Uni, rompant définitivement avec le gouvernement légitime mais collaborateur du maréchal Pétain.4. Avec l’aide des Anglais et des résistants de l’extérieur, il se fait fabriquer plusieurs jeux de faux papiers afin

riences combattantes en plaçant la Résistance comme notion à leur croisement. L’étude portant sur Jean Moulin peut à ce titre être menée en amont de la question obligatoire en permettant d’identifier les particularités de la guerre au xxe siècle qui précipite plus que toute autre les civils au cœur des combats. Elle peut également avantageusement être menée en aval en tant qu’approfondissement des notions d’engagement des civils dans la guerre.

Présentation du planL’étude s’articule sur les trois dimensions que revêt l’action de Jean Moulin.L’engagement au service de la République du préfet Jean Moulin, profondément pétri de culture humaniste et républicaine. C’est au nom de ces valeurs et dans le cadre de ses fonctions préfectorales qu’il entre très précocement en résistance. Cette première partie du sujet d’étude permet d’aborder les principes qui fondent l’engagement personnel de Jean Moulin en tant que serviteur et représentant de l’État.La seconde partie du sujet prend appui sur le rôle joué par Moulin dans l’organisation de la Résistance pour aborder les différentes facettes de l’action résistante ainsi que la diversité de ses composantes.La dernière partie du sujet d’étude s’intéresse à la mémoire résistante et à la construction politique de la figure héroïque de Jean Moulin. Elle permet d’aborder de manière cri-tique les relations entre histoire et mémoire collective.

a S’engager au service de la République (p. 72-73)

Présentation des documentsDoc. 1 : une photographie de Jean Moulin où il officie en tant que préfet de l’Aveyron en 1938.Doc. 2 : une lettre de Jean Moulin à sa mère et à sa sœur au moment de l’invasion allemande en 1940.Doc. 3 : un extrait des mémoires de Jean Moulin, Premier combat, paru aux Éditions de Minuit en 1947.Doc. 4 : des faux papiers d’identité de Jean Moulin pen-dant la Seconde Guerre mondiale

Présentation de l’Activité T i C EL’activité proposée permet de prendre connaissance d’un des sites officiels dédié à la résistance française pen-dant la Seconde Guerre mondiale. Édité par La Fondation de La France Libre, il est reconnu d’utilité publique. Cette fondation a pour mission de participer au devoir de mémoire, en collectant les informations et les témoi-gnages sur le sujet afin d’en garantir la pérennité. Elle est issue de la volonté des anciens résistants de garantir leur expérience aux générations à venir lors de sa créa-tion en 1988. Les élèves sont invités à travailler la notion de « France libre » afin d’étudier l’acte fondateur : l’appel

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Histoire44

Doc. 9 : un tract présentant les différentes Unes des jour-naux clandestins résistants. Ils ont permis la diffusion de nombreuses informations en France, pendant la Seconde Guerre mondiale malgré le danger encouru de les imprimer et les distribuer.Doc. 10 : une photographie de maquisards en Haute-Loire. Des jeunes recrues observent ici l’un d’eux leur montrer le maniement d’une mitraillette anglaise.

Présentation de l’Activité T i C EL’étude est laissée au choix en fonction de la région habitée par l’élève. En utilisant un moteur de recherche afin de trouver le site institutionnel de sa région, l’élève est invité à prendre connaissance des actions, des lieux de la résistance ainsi que des acteurs clés. Ses recherches ont pour objet d’aider les élèves à s’appro-prier leur histoire et la mémoire locale en les rendant plus prégnantes car ils seront amenés à retrouver des lieux ou des personnages connus, à croiser grande et petite histoire, voir pourquoi pas l’histoire familiale.

Réponses aux questions

Le combat des résistants (doc. 6, 9 et 10)5. Les documents 6 et 10 illustrent une lutte armée contre la résistance nazie, des actions d’infiltrations, d’attentats ou de sabotages sont menées par les mouve-ments de résistants que ce soient les soldats organisés par leur hiérarchie ou des actions individuelles menées sur le sol français par de simples civils. Le document 9 illustre une autre forme de combat mené par le biais de la propagande en diffusant des tracts ou comme ici des journaux mis sous presse par des réseaux de résistants que ce soit dans la France libre ou occupée.6. Tous les moyens médiatiques disponibles sont mis en action que ce soient les affiches, les journaux, les pho-tographies ou encore les tracts. On peut également penser à la radio puisque la BBC prend l’habitude de diffuser des informations à destinations d la France.7. Les résistants encourent bien sûr la mort que ce soit lors des combats ou en action (sabotage, parachutage) mais ils risquent également l’emprisonnement, la torture et les exactions commises sur leurs proches par répression.

Unifier les résistances et construire l’avenir (doc. 5, 7 et 8)8. Non seulement, il existe une résistance intérieure basée sur le territoire français et une résistance extérieure exilée au Royaume-Uni, mais en plus les mouvements et réseaux de résistants de France ne sont pas unifiés au départ. Ils sont présents tant dans la France occupée au Nord que dans la France libre au Sud. Ils n’ont pas forcément les mêmes objectifs et ne défendent pas tou-jours les mêmes idées, ils peuvent même être opposés.9. Jean Moulin est envoyé en France pour unifier dans un premier temps les mouvements de résistants de la zone

de préserver sa clandestinité et endosser différents rôles. Il peut ainsi revenir incognito en France et, parachuté en zone libre, il se fait notamment passer pour un pro-priétaire de galerie, grand connaisseur d’art. Cela lui per-met de circuler librement et de ne pas attirer l’attention malgré ses nombreux contacts. Alors que ses premiers actes de résistance étaient individuels et se limitaient à refuser l’ennemi, il décide d’adhérer à une véritable organisation d’armée secrète afin de lutter contre l’occu-pation nazie. Il fera d’ailleurs le lien entre la résistance présente en France et la résistance exilée au Royaume-Uni.

aCTiViTÉ bilanJean Moulin a choisi de dédier sa vie à la République, endossant dans un premier temps les fonctions de préfet, puis celles d’homme politique présent dans plusieurs gouvernements des années 1930.Malgré l’invasion allemande, il s’acquitte avec courage de ses fonctions, par patriotisme, il reste le dernier présent dans sa ville de Chartres. Soucieux de préserver sa nation, il organise l’exode des populations civiles. Malgré la torture, il réaffirme l’égalité des hommes et refuse l’inculpation de soldats sur la simple accusation de leur couleur de peau. Par patriotisme toujours, il refuse l’humiliation de l’armée française quand bien même elle a été défaite et continue à proclamer sa liberté de parole malgré les conséquences terribles sur sa per-sonne. Après sa révocation officielle, il poursuit son enga-gement comme résistant, passant dans la clandestinité. Il se met au service du général de Gaulle, au Royaume-Uni, puisque désormais, il ne peut plus agir comme agent officiel de la République.

b Combattre pour la Résistance (p. 74-75)

Présentation des documentsDoc. 5 : une lettre du général De Gaulle à Jean Moulin, de Londres, le 22 octobre 1942, elle porte la mention « Très secrète ».Doc. 6 : une affiche de la Résistance publiée au Royaume-Uni, intitulée « Un seul combat pour une seule patrie », prônant l’union entre tous les Français : les soldats de la France libre engagés au Royaume-Uni auprès du géné-ral De Gaulle et les Français restés au pays, simple citoyens, dont l’ouvrier qui est ici représenté, et consti-tuant la résistance intérieure.Doc. 7 : un télégramme de Jean Moulin du 8 mai 1943, télégramme n°453, extrait des « Télégrammes » réunis par Jean-Louis Crémieux-Brilhac, in La France Libre, Gallimard, 1996.Doc. 8 : un organigramme présentant toutes les missions dont Jean Moulin a été chargé pendant la Seconde Guerre mondiale.

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452. Guerres et paix, 1914-1945

sur ses dernières heures. Il rend compte de la brutalité avec laquelle Jean Moulin a été torturé.Doc. 12 : un extrait du discours prononcé par André Malraux, ministre des Affaires culturelles du général de Gaulle, le 19 décembre 1964, à l’occasion du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. La photogra-phie montre André Malraux prononçant le discours sur les marches du Panthéon devant un cénotaphe revêtu du drapeau tricolore.

Retrouvez dans le manuel numérique enrichi la vidéo du discours d’André Malraux.

Doc. 13 : l’extrait d’un article d’historiens traitant de la construction politique du « héros » résistant et républi-cain Jean Moulin.Doc. 14 : un sondage réalisé en avril 2000 pour la revue Histoire par le CSA sur les personnalités historiques préfé-rées de français.Doc. 15 : une photographie du mémorial de Caluire, la maison du Dr Dugoujon où arrêté Jean Moulin a été arrêté en juin 1943.

Réponses aux questions

La mort d’un résistant (doc. 11 et 12)11. Arrêté le 21 juin, Jean Moulin est « interrogé » par le chef de la Gestapo lyonnaise Klaus Barbie au fort Montluc, puis transféré à la Gestapo parisienne où il est de nouveau torturé. Il décède le 8 juillet 1943 dans le train en gare de Metz durant son transfert vers Berlin où devait se poursuivre son interrogatoire. Inhumé en février 1944 au Père Lachaise, ce sont ses cendres présumées qui ont été transférées au Panthéon.12. La pratique de la torture à l’encontre des résistants s’est systématisée durant l’occupation. Elle n’est pas le fait unique de l’occupant nazi, de nombreuses organisations collaborationnistes comme la Milice y ont recours. Elle vise à faire parler à n’importe quel prix les résistants arrê-tés (comme le rappelle Malraux dans son discours de 1964), mais aussi à faire régner un climat « contre-terro-riste » préalable à la déportation.

La construction d’une figure héroïque (doc. 12 à 15)13. André Malraux, dont l’engagement personnel n’est pas sans rappeler celui de Moulin (brigadiste en Espagne en 1936, résistant de la première heure, Compagnon de la Libération, fidèle du général de Gaulle…), rend à tra-vers ce discours un hommage en tous points vibrant à Jean Moulin et au-delà aux Françaises et Français de l’ombre disparus ou non durant l’occupation. Cet extrait du discours met l’accent sur la torture et la déportation dont ils ont été victimes, sur leur courage et le sacrifice auquel ils ont consenti au nom des valeurs incarnées par la République.

libre, notamment les trois plus importants : Combat, Francs-Tireurs et Libération. Leurs organisations étant clandestines, il doit prendre contact avec les chefs de chaque groupe et les mettre en relation avec les autres. Il prend ensuite la direction de la zone occupée et, ayant fait le même travail d’unification, il coordonne tous les mouvements de la résistance intérieure et en prend la direction. Alors qu’ils étaient isolés et complètement clandestins au début de la guerre, les groupes de résis-tants s’unissent pour fonder le CNR (Conseil national de la résistance) en 1943. Ils bénéficient de plus du soutien de la résistance extérieure et des forces alliées.10. Jean Moulin agit comme un agent unificateur de toutes forces résistantes au service de la France. Il veille également à préserver l’unité de cette résistance malgré les différences en rappelant la nécessité d’un combat commun pour le bien de la nation. Il fait enfin le lien entre la résistance intérieure et extérieure, étant l’interlocuteur privilégié du général De Gaulle.

aCTiViTÉ bilanLes Français sont très peu nombreux au début de la guerre à entrer en résistance, le danger est très grand et la répression féroce en cas d’arrestation. Les mouvements et réseaux sont de petite taille et tellement clandestins qu’ils ignorent d’ordinaire l’existence des autres mouve-ments. Certains actes sont perpétrés individuellement pour gêner l’occupation nazie ou participer à l’évacuation de personnes en danger. Après la proclamation du STO, les rangs des clandestins grossissent. Ils utilisent tous les supports pour communiquer ou assurer la propagande anti nazie : les affiches, les tracts, les photos, la radio les journaux. Ils multiplient les actes d’insoumission : sabotage, attentats, désinformation, renseignement des alliés…Jean Moulin a été envoyé en France occupée par le géné-ral De Gaulle en janvier 1942 car il avait du mal à connaître les résistances de l’intérieur et il avait besoin de se faire reconnaître par elles afin de coordonner les efforts et préparer la reconquête de la France. Dans un premier temps, Jean Moulin identifie puis réunit les résistances de la zone Sud puis celles de la zone Nord. Il coordonne leurs actions et les réunit au sein d’un Conseil national de la résistance. Il garantit le contact avec le Royaume-Uni, tant auprès de De Gaulle que des alliés. Il appelle à l’union nationale et unifie au maximum les objectifs malgré les dissensions entre les différents groupes. Ensemble, ils construisent un projet d’avenir pour la France après la reconquête de cette dernière qui consti-tue les fondements d’une nouvelle constitution.

c Célébrer la mémoire de Jean Moulin (p. 76-77)

Présentation des documentsDoc. 11 : le témoignage d’un compagnon de Jean Moulin,

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été arrêtés par la Gestapo de Lyon le 21 juin 1943 Jean Moulin ainsi que les chefs de file des mouvements résistants (Émile Schwartzfeld, Raymond Aubrac, André Lassagne, Bruno Larat, Albert Lacaze, Henri Aubry et René Hardy).Outre une visite virtuelle du lieu réhabilitée pour lui rendre son aspect originel, le mémorial met à disposi-tion sur son site de nombreux documents, témoignages écrits et extraits vidéos.3. La maison du docteur Dugoujon permet de s’interro-ger sur la nature mémorielle ou commémorative d’un lieu. En effet, celui-ci n’est pas un lieu de combat, il ne garde pas de trace indélébile de l’événement qui y s’est déroulé, le héros ne l’a que très brièvement fréquenté. La maison de Caluire reste cependant une icône très symbolique de la « flamme de la résistance » qui n’a pas voulu s’éteindre, voire qui a su renaître, un lieu de catharsis d’où est né l’esprit de résistance et en ce sens, elle est devenue, par reconstruction mémorielle, un lieu d’identification au combat pour la mémoire collective. 4. Les portraits des neuf résistants présents lors de l’opé-ration de la Gestapo dont Moulin et le Dr Dugoujon sont accessibles sur le site, ils permettent de cerner quels mouvements composent la résistance au moment où il incombe à Jean Moulin de la réorganiser du fait de l’arrestation du général Delestraint, chef de l’Armée Secrète quelques jours plus tôt.5. Le choix du texte « La résistance après Caluire » dans la section Documents du site exclut toute analyse historique de fond. Il s’agit avant tout d’un exercice qui vise à faire authentifier par les élèves l’information utile à l’argumentation. Le professeur saura le cas échéant expliquer en quoi le programme du CNR est porteur des valeurs républicaines qu’incarnait Jean Moulin.6. Le texte de Stéphane Hessel fait à la fois écho et contrepoint au célèbre discours d’André Malraux.Écho dans le sens où il rend hommage à ceux qui se sont tus malgré la torture renvoyant à l’héroïsation de la Résistance ; contrepoint en ceci qu’il célèbre aussi ceux qui ont préféré le sacrifice ultime (Jean Moulin lors de sa première arrestation), voire ceux qui ont joué d’une parole truquée pour leurrer l’ennemi au risque de mettre leurs compagnons en danger. On notera toutefois que Hessel s’exprime en 1997, en référence au discours de Malraux.Activité 2Cette activité est principalement centrée sur le prélève-ment d’informations à partir d’un seul document. De façon autonome, les élèves doivent en effet relever de façon linéaire l’information, la difficulté résidant princi-palement dans le fait que celle-ci est ponctuelle. Seules les questions 4 et 5 obligent à un effort de synthèse.1. Les premières minutes de la vidéo sont constituées d’un montage d’images d’archives servant de fond au

14. Le Panthéon, situé sur la montagne Sainte-Geneviève à Paris, est un temple républicain et laïc dédié à la mémoire des héros de la République (« les Grands Hommes ») depuis 1791. Malraux fait référence aux autres combattants morts pour que vive la République : Carnot et les soldats de l’an II, mais aussi Victor Hugo le poète et Jean Jaurès le pacifiste. Le transfert des cendres de Moulin est voulu comme symbole de la cohésion de la nation autour de ses valeurs. 15. Bien que la jeunesse française soit explicitement désignée comme destinatrice de cette cérémonie, c’est bien plus largement la Nation toute entière que De Gaulle a convoqué devant le Panthéon pour ce moment de « communion civique ».16. Au traumatisme de la guerre d’Algérie qui a vu aussi le sacrifice d’une génération de jeunes appelés, il convient en 1964 de répondre par l’édification d’un héros qui a combattu jusqu’au sacrifice au nom des valeurs de la République.Le contexte d’une élection présidentielle voulue pour la première fois au suffrage universel direct par De Gaulle est sans doute également à considérer. Avec la panthéo-nisation, le Président De Gaulle impose l’image d’une résistance héroïque, unique et unie face à un PCF qui dès lors n’est plus le seul « parti des fusillés ».17. Bien que le sondage réalisé sur un large échantillon publié par le magazine L’Histoire soit maintenant un peu ancien, de nombreux articles et enquêtes d’opinion continuent de classer Jean Moulin aux premiers rangs des personnalités préférées des français. Au-delà des très nombreux établissements scolaires qui portent son nom, presque toutes les villes ont une une voie qui lui rend hommage.

aCTiViTÉ bilanL’activité peut être menée à plusieurs niveaux et consti-tuer au besoin un moment d’accompagnement person-nalisé. Il est intéressant de s’interroger en interdisciplina-rité sur la construction du sondage : quelle question retenir, combien de sondés constituent un échantillon « parlant », quelles catégories retenir pour le rendre représentatif, quel traitement accorder aux réponses ? Mais aussi quels personnages retenir en 2012, quelle analyse en faire… Les médias utilisés (application statistique, outils de recherche) peuvent faire la part belle aux TICE.

Recherche T i C E (p. 78)Activité 1Cette première activité permet de faire connaissance avec le Mémorial de Caluire et de réfléchir à la nature mémorielle ou commémorative d’un lieu.1. Le Mémorial de Caluire - Jean Moulin, inauguré le 21 juin 2010, est situé dans la proche banlieue lyonnaise à Caluire et Cuire.2. Il s’agit de la maison du docteur Dugoujon où ont

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472. Guerres et paix, 1914-1945

sujet d’étude 3 p. 80-85

Les espoirs d’un ordre mondial au lendemain des conflits : de la SDN à l’ONU

Les commentaires du programme« La création de la SDN en 1919 constitue la première ten-tative de mise en place effective d’un ordre international fondé sur le droit. Son échec éclaire la mise en place de l’ONU, son organisation, ses buts et ses moyens » (BO n° 9 du 1er mars 2012).

Place dans le thèmeDès le début de 1918, dans ses « 14 points » qui serviront de base au règlement du premier conflit mondial, le pré-sident américain Woodrow Wilson prévoyait qu’« une association générale des nations devra être formée […] dans le but de fournir des garanties mutuelles d’indépen-dance politique et d’intégrité territoriale aux grands comme aux petits États ». Il s’agit alors de garantir une paix durable à l’issue d’une guerre particulièrement traumatisante pour bien des peuples. Le 10 janvier 1920 est ainsi fondée la Société des Nations qui compte 45 membres. Cependant, malgré la volonté de Wilson et des ministres français et allemand Briand et Stresemann et après quelques réussites, notamment dans l’établisse-ment des nouvelles frontières, la SDN fait rapidement

commentaire d’une voix off décrivant l’offensive alle-mande de juin 1940 et ses conséquences. Il est donc question de l’invasion, de l’exode des civils, de l’armis-tice et de sa signature à Rethondes. Les conséquences sont rapidement rappelées sans souci chronologique : zone de démarcation, engagement sur la voie de la collaboration par le régime de Vichy, appel à résister par le général de Gaulle.2. L’historien Jean-Pierre Azéma décrit rapidement les premiers temps de la résistance comme une somme d’initiatives isolées (des « bricolages héroïques ») réali-sées par des gens qui se font confiance et partagent plus une idée qu’un but guerrier : le refus de la soumission à l’Allemagne et au régime du maréchal Pétain. Le graffiti et le « recto-verso » sont emblématiques de cette pre-mière phase.3. Jean-Pierre Azéma évoque le terme de « guerre de libération » pour qualifier le tournant pris à partir de 1942-1943 par les différents mouvements de résistance. On passe ainsi selon lui des opérations de propagande à l’armée secrète. Il s’agit de préparer des attentats, de réaliser de multiples sabotages (illustrés par des extraits de La Bataille du rail de René Clément) et de préparer le débarquement en réalisant notamment les plans des installations pour guider les forces alliées.4. Cette question demande de synthétiser les informa-tions relevées tout au long du visionnage de la vidéo. Il est question de façon explicite de la presse clandestine, du graffiti, du renseignement mais aussi du sabotage et de ce qu’il serait convenu d’appeler guérilla ou opéra-tions de harcèlement aujourd’hui.5. La vidéo est montée de telle sorte à montrer chrono-logiquement ces étapes depuis le refus d’abandonner les habitants de Chartres et la tentative de suicide de Jean Moulin jusqu’à son installation à Lyon et sa direc-tion du CNR.L’élève pourra avantageusement retrouver cette chro-nologie, simplifiée, tout au long des pages du sujet d’étude.

Jean Moulin, Premier combat, Éditions de Minuit, réédition, 1995.Raymond aubrac, Où la mémoire s’attarde, Odile Jacob, 1996.Daniel Cordier, Jean Moulin, l’inconnu du Panthéon : tome I, Une ambition pour une République, juin 1899-juin 1936, et tome II, Le choix d’un destin, juin 1936-novembre 1940, lattès, 1989 ; tome III, De Gaulle : capitale de la Résistance, novembre 1940-décembre 1941, lattès, 1993 ; La République des catacombes, Gallimard, 1999.Jean-Pierre azéma, Jean Moulin, le rebelle, le politique, le résistant, Perrin, 2003 ; Jean Moulin face à l’Histoire, actes du colloque, Flammarion, 2000.

le dossier Résistance sur le site curiosphère : http://www.curiosphere.tv/ressource/23976-resistance.

Pour AllEr loin

Guillaume Piketty, Pierre Brossolette, un héros de la Résistance, Odile Jacob, 1998.L’Histoire n°275 avril 2003, « le duel Jean Moulin-Henri Frenay ».

Une vidéo inédite de 1939 où apparaît le préfet Jean Moulin lors d’une cérémonie :http://www.youtube.com/watch?v=MVdzOi1q8bM

le discours d’andré Malraux sur le site de l’ina :www. ina . f r /po l i t ique/a l locut ions-d iscours/v ideo/CaF89027428/transfert-des-cendres-de-jean-moulin-au-pantheon.fr.htmll’enregistrement intégral du discours : http://www.wat.tv/audio/discours-malraux-pour-transfert-25kb1_mgnh_.html

Jean Moulin, film réalisé par Yves boisset en 2002.Lucie Aubrac, film réalisé par Claude berri en 1997.Jean Moulin : une affaire française, téléfilm réalisé par Pierre aknine en 2003.

le musée virtuel de la Résistance : museedelaresistanceenligne.org.Mémorial de Caen, un musée pour la paix, dans le Calvados : www.memorial-caen.fr.Mémorial leclerc et de la libération de Paris - Musée Jean Moulin, Paris : www.musee-resistance.com.Fondation de la Résistance : www.fondationresistance.org.Sur le site du CRDP de Reims : « Enseigner Histoire et mémoire de la Résistance » : http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/enseigner/memoire_resistance/menu.htm.

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Histoire48

décerné en 1926, ainsi qu’à son homologue allemand Gustav Stresemann, en reconnaissance de leurs efforts pour l’établissement d’une paix durable résultant de négociations librement consenties. Le document résume les prises de position de Briand à la SDN.

Doc. 4 : carte des États membres de la SDN. Au-delà de son caractère informatif (qui sont les fondateurs de la SDN ? quels sont les États membres ?), la carte illustre les difficultés en germe au sein même de l’organisation, notamment l’absence des États-Unis.

Doc. 5 : caricature « Camouflage », 1932. La caricature montre sous la forme traditionnelle de la charge ce qui peut apparaître comme l’impuissance majeure de la SDN : une organisation bureaucratique qui ne voit pas (ou feint de ne pas voir) les menaces contre la paix qui s’accumulent dans le monde des années 1930.

Doc. 6 : extraits de discours d’Hailé Sélassié et d’Anthony Eden, illustrant l’incapacité de la SDN à préserver la paix (ou empêcher la guerre). D’octobre 1935 à mai 1936, Mussolini entreprend une guerre de conquête coloniale contre l’Éthiopie, une guerre « victorieuse » d’un pays membre de la SDN contre un autre pays membre. Le déclenchement de cette guerre marque aussi le retrait de l’Italie de la Société des Nations et son rapprochement avec l’Allemagne nazie. Parallèlement l’incapacité de l’organisation internationale à avoir pu empêcher l’inva-sion fasciste discrédite la Société des Nations sur le plan international à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Réponses aux questions

La naissance d’un espoir (doc. 1, 2 et 3)1. La SDN voit le jour à l’issue de la Première Guerre mon-diale sur un continent européen traumatisé par les effroyables violences du conflit. Les traités ont façonné une nouvelle carte de l’Europe et mis en place un disposi-tif de sauvegarde de la paix. Tout cela dans un contexte dominant de pacifisme (« la der des ders »). Aristide Briand (doc. 3) illustre bien cet état d’esprit : il raille les détracteurs de la SDN, prône la réconciliation franco-allemande et entend que la négociation et le droit règlent désormais les relations internationales.2. Les buts de la SDN sont explicites : coopération entre Éats, paix, sûreté. Pour y parvenir, le droit (et non la force) est le moyen considéré comme le plus adapté.

Un échec prévisible ? (doc. 4 et 5)3. Dès sa naissance, la SDN perd de sa crédibilité : tous les États n’adhérent pas dès 1920. L’Allemagne n’en fait pas partie, pas plus que la future URSS ; de même, le Congrès américain, très isolationniste, s’oppose à l’adhésion, malgré la volonté ferme de Wilson.4. D’après la caricature, deux raisons principales expliquent l’échec de la SDN. D’abord une trop grande

la preuve de son impuissance. Dépourvue de réels moyens d’action, elle ne peut empêcher, dans les années 1930, les politiques expansionnistes de l’Allemagne, du Japon et de l’Italie. C’est en 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, à l’initiative de Roosevelt et Churchill, que naît l’idée d’un nouvel ordre international fondé sur la paix et la sécurité. Dès la fin de la guerre en Europe, le 26 juin 1945, 50 États signent ensemble à San Francisco la Charte des Nations Unies qui fonde l’ONU.

Présentation du planL’étude est composée très simplement de 2 parties consa-crées aux deux organisations : – la SDN : sa naissance : contexte et principes, ses difficul-

tés et ses échecs.– l’ONU : contexte de sa création, principes et modes de

fonctionnement, espoirs et doutes.NB : Le thème et le programme ayant comme borne chro-nologique finale l’année 1945, on s’interdira toute étude d’une situation concrète dans laquelle l’ONU est interve-nue après cette date. Le sujet d’étude doit donc, comme l’indiquent les commentaires du programme, se limiter à l’examen « théorique » des buts, de l’organisation et des moyens de l’ONU.

a La SDN : la paix dans le respect du droit (p. 80-81)

Présentation des documents

Doc. 1 : affiche de Steinlen, 1922. Steinlen (1859-1923), un des plus grands illustrateurs et affichistes du xxe siècle, montre bien ici le climat pacifiste qui règne au lendemain du premier conflit mondial qui a ensanglanté et affaibli tout un continent. La « violence » du slogan témoigne de la vigueur de ces idées pacifistes en Europe après 1918. On notera que Steinlen, artiste engagé, réalise cette affiche pour une organisation syndicale de gauche ; on notera aussi que le pacifisme était une valeur socia-liste avant 1914 (Jaurès).

Doc. 2 : extrait du Pacte de la SDN (1919). Des idées pacifistes émises par Wilson lui-même émerge rapide-ment la volonté partagée de supprimer les causes de la guerre en instaurant « la Paix par le Droit », en se fondant sur des règles juridiques élaborées par des institutions internationales. La SDN est l’artisan de cette volonté de paix. Le document en rappelle ses principes fondateurs.

Doc. 3 : extrait du discours d’Aristide Briand, 1926. Ce document illustre la place éminente occupée par Aristide Briand dans l’après-Première Guerre mondiale. Vingt fois ministre, il est partisan d’une politique de paix et de collaboration internationale (accords de Locarno, 1925), coauteur du pacte Briand-Kellogg en 1928 qui mettait « la guerre hors-la-loi ». Le prix Nobel de la paix lui est

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492. Guerres et paix, 1914-1945

Doc. 10 : affiche « L’arbre des Nations unies », 1947. Cette affiche est la lauréate d’un concours organisé par l’ONU en 1947 remporté par le graphiste américano-canadien Henry Eveleigh (1909-1999). Fortement symbolique, elle illustre les grands principes onusiens : égalité des États, liberté, sécurité, coopération et développement.

Doc. 11 : extrait des Mémoires de guerre de Charles de Gaulle, 1954. Cet extrait illustre les critiques que de Gaulle a parfois formulées contre l’ONU (cf. « le machin » dans un discours de 1960). Les réticences initiales de de Gaulle s’expliquent sans doute en partie par le fait que, pendant la guerre elle-même, quand l’idée d’une organisation est en germe, la France libre n’est pas associée aux discussions préliminaires. Cependant, en 1945, la France devient membre permanent du Conseil de sécurité (avec droit de veto). Il faut aussi observer que le sentiment exprimé ici est revisité par l’auteur lui-même qui rédige ses Mémoires environ dix ans après les événements qu’il rapporte.

Présentation de l’Activité T i C E Le site institutionnel de l’ONU est évidemment très riche. Les activités proposées sont simples : prendre connais-sance de la Charte, noter que les principes figurant dans le Préambule sont quasi-identiques à ceux de la SDN (paix, sûreté, refus de la guerre pour régler les conflits, primauté du droit sur la force). L’ONU met plus cependant clairement l’accent sur le nécessaire développement des droits sociaux humains plus que ne le faisait la SDN, surtout soucieuse de préserver la paix mondiale. La partie « Histoire des Nations Unies » est exhaustive et illustrée par de nombreux documents iconographiques.

Réponses aux questions

Une nouvelle institution de paix (doc. 7 à 10)6. Si les premières décisions concernant la création d’une nouvelle organisation internationale destinée à garantir la paix datent de 1942, l’ONU voit le jour dans le contexte particulièrement violent de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les derniers mois du conflit en Europe et dans le Pacifique sont extraordinairement brutaux et destructeurs. La découverte des camps nazis et l’usage de l’arme nucléaire amplifient l’horreur ressentie alors. C’est de cette horreur dont témoigne Camus dans son éditorial qui en tire argument pour « plaider plus énergi-quement encore en faveur d’une véritable société internationale ».7. Selon P.-H. Spaak, les échecs de la SDN sont essentiel-lement dus à l’esprit trop « nationaliste » des États membres. Selon lui, les « intérêts particuliers » de chacun des États auraient dû céder le pas aux intérêts collectifs et mon-diaux, ce qui n’a pas été le cas.8. Quelques principes de fonctionnement de l’ONU à lire dans le schéma :

bureaucratie, représentée par les volumineux dossiers portés par les représentants des États ; d’autre part une certaine naïveté qui empêcherait les membres de la SDN de voir grandir les menaces contre la paix (l’image du canon recouvert, en vain, de rameaux d’oliviers).

L’impuissance de la SDN (doc. 2 et 6)5. La SDN n’a pu empêcher l’invasion de l’Éthiopie par l’armée italienne car elle intervient trop tard (l’Éthiopie est déjà annexée) et parce que toute intervention militaire contre l’Italie pour protéger l’Éthiopie est impossible. On rappelle ici que la SDN, au contraire de l’ONU, ne dispose d’aucune organisation militaire capable de s’interposer et d’assurer la paix.

aCTiViTÉ bilanOn attend de l’élève un développement organisé autour de 2 idées qui peuvent être développées en 3 paragraphes :1. Les espoirs d’une paix durable après 1918 : Wilson, le pacifisme, la primauté du droit,…2. Les échecs de la SDN : absence des États-Unis, dysfonc-tionnements, absence de sanctions réelles, absence d’une force armée.3. Pour illustrer l’impuissance de la SDN, un exemple : la guerre d’Éthiopie.

b L’ONU : de nouveaux espoirs (p. 82-83)

Présentation des documents

Doc. 7 : extrait d’un article de Camus, 1945. Il s’agit ici du « classique » éditorial signé par Albert Camus dans le journal Combat au surlendemain d’Hiroshima. Avant d’être un journal clandestin, Combat était un mouvement de résistance. Il semble que Camus soit entré à Combat dès 1942, mais il est difficile d’évaluer sa participation au journal clandestin puisque les articles n’étaient pas signés, ou l’étaient de pseudonymes. Le 24 août 1944 paraît le premier numéro diffusé librement. De tous les journaux diffusés à cette époque, Combat est le seul qui développe des idées pacifistes. Éditorialiste, Albert Camus prend position sur l’épuration et l’attitude à adopter vis-à-vis du Parti communiste. Il est utile de remarquer que, de tous les quotidiens, Combat est le seul à avoir parlé d’Hiroshima le 8 août 1945.

Doc. 8 : extraits du discours de P.-H. Spaak, 1946. Paul-Henri Spaak, homme politique belge (1899-1972), a été, entre autres, le premier Président de l’Assemblée géné-rale de l’ONU en 1946. Il défend ici les principes fonda-teurs de l’ONU, tout en soulignant les faiblesses avérées de la SDN. Dans ce discours, il exhorte les pays membres à ne pas être seulement les défenseurs de leurs intérêts propres mais à œuvrer d’abord pour la sauvegarde de la paix mondiale.

Doc. 9 : schéma des institutions de l’ONU.

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Histoire50

– Assemblée générale fonctionnant selon le principe d’égalité entre les États (chacun dispose d’une voix, ce qui rend justice aux « petits » pays). L’Assemblée générale élit le Secrétaire général de l’organisation.

– Rôle éminent du Conseil de sécurité qui agit directe-ment pour le maintien de la paix et dispose d’une force militaire d’intervention (les « casques bleus »).

– Place prépondérante accordée aux vainqueurs de la guerre (5 membres permanents dotés d’un droit de veto).

– Mise en place d’institutions spécialisées (FAO, UNESCO, OMS, UNICEF, …).

9. L’affiche illustre un certain nombre d’idées-forces de l’ONU :– arbre symbole de liberté (cf. arbres de la liberté de 1789

ou 1848) ;– égalité entre les États : les feuilles sont de taille iden-

tique ;– sécurité et protection : le geste des mains ;– union des États : union des mains et des feuilles regrou-

pées sur le même arbre ;– idée de progrès : l’arbre va grandir, promesse d’un

avenir meilleur.

On remarquera que le drapeau américain figure au centre de l’arbre, à la verticale du tronc et de la main qui le sou-tient !

Espoirs et craintes (doc. 8 et 11)10. Spaak et De Gaulle formulent, sous des formes diffé-rentes, la même crainte : que les intérêts particuliers des États l’emportent sur l’intérêt collectif de l’humanité (voir aussi question 7). De Gaulle craint également que le nombre ne soit un handicap : il pense que l’ONU ne sera qu’un forum « tumultueux » ; il persiste à penser que bien des problèmes entre États doivent se régler par les voies diplomatiques traditionnelles. Il va de soi qu’écrivant cela dans les années 1950, il peut déjà tirer un bilan de l’action internationale de l’ONU et du fonction-nement de celle-ci !

aCTiViTÉ bilanLe travail demandé est peut-être complexe. Les élèves devraient s’attacher à montrer :1. Les similitudes existant entre SDN et ONU : contexte de leur naissance, état d’esprit, objectifs visés. Ces remarques prennent appui sur la comparaison entre les 2 chartes.2. Les différences liées à l’analyse des causes de l’échec de la SDN : création d’organismes spécialisés, surtout création du Conseil de Sécurité doté de larges pouvoirs en matière de maintien de la paix et dans lequel les « grands » pays ont un poids considérable.

agi Marc, René Cassin : prix Nobel de la paix, 1887-1976, père de la « Déclaration universelle des droits de l’homme », Paris, Perrin, 1998.bertrand Maurice, L’ONU, la Découverte, Collection Repères, n° 145, 1994.Chaumont Charles, L’Organisation des Nations Unies, « Que sais-je ? » n° 103, PUF, 1990.Defrasne Jean, Le Pacifisme, PUF, 1983.Gerbet Pierre, Ghebali Victor-Yves, Mouton Marie-Renée, Le rêve d’un ordre mondial de la SDN à l’ONU, imprimerie nationale, 1996.lewin andré, L’ONU, pour quoi faire ?, Gallimard, Collection Découvertes, 1995.Marbeau Michel, La Société des Nations, Paris, PUF, 2001.Milza Pierre, Les relations internationales de 1918 à 1939, armand Colin, 1995.Winock Michel, « le pacifisme à la française (1789-1991) », L’Histoire, n° 144, mai 1991, p. 34-45.

Pour AllEr loin

Recherche T i C E (p. 92)Il s’agit de faire découvrir aux élèves l’importance des idées pacifistes dans la période de l’entre-deux-guerres. L’étude comparative des affiches fait apparaître un certain nombre de points forts :– l’accent mis sur l’horreur de la guerre dans les affiches

de la SFIO et de Steinlen (doc. 1 p. 80) par l’image (tête sanglante et horrifiée, famille épouvantée) et par les slogans utilisés (« Tuons la guerre ! » et « Guerre à la guerre »). L’affiche de 1936 (Journée Nationale de la Paix) insiste davantage sur les menaces pesant sur la paix mondiale (à replacer dans le contexte interna-tional de 1936) ;

– en contrepoint, l’image de la femme et de l’enfant, symboles d’un avenir à protéger (la mère allaitant sur l’affiche de Lebasque p. 84 du manuel et affiche de Noël 1936). On remarquera également l’affiche incitant à ne pas acheter de jouets « militaires » aux enfants : il s’agit ici de les éduquer à la paix ;

– on notera aussi l’image de la femme nue et de la colombe comme allégories de la paix sur l’affiche de 1931 (Congrès International de Vienne).

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512. Guerres et paix, 1914-1945

oBjECTif BAC

capacités et métHodes p. 86-87

Cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire et le mettre en relation avec une situation historique

application 1 Le portrait d’un résistant « anonyme »

1. Analyser le documentCe document est une fiche biographique, réalisée par une association mémorielle qui s’attache à retracer le parcours de milliers de résistants français pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est très récent (site internet) et s’adresse aux personnes intéressées par cette période.

2. Cerner le sens général du documenta. Jean Chaubet (Jean Costes) a fabriqué de faux papiers puis rejoint un réseau de résistants. Il s’est « spécialisé » dans la collecte et la transmission de renseignements à Londres (de Gaulle). Il a diffusé la presse clandestine de la Résistance, a participé au Comité de Libération et a rejoint une unité combattante (maquis).b. Toutes ces actions sont des actes de résistance : lutte contre l’occupant allemand, lutte contre la désinforma-tion orchestrée par le gouvernement de Vichy, participa-tion et soutien à des actions militaires au moment de la Libération.

3. Mettre le document en relation avec une situation historique

Le patriotisme et l’esprit de résistance de Jean Chaubet se manifestent par les actions qu’il mène : collecter des informations sur l’armée allemande et les transmettre à Londres, diffuser des journaux appelant à la résistance, mener des actions de combat contre l’armée allemande. Il refuse la défaite, l’armistice de juin 1940.

4. Construire une synthèse ordonnéeLe plan à suivre est donnée dans l’intitulé du sujet :– les hommes : les hommes et les femmes participant à

la Résistance viennent de tous les horizons politiques (communistes, socialistes, chrétiens, démocrates, antifascistes, syndicalistes,…) et de toutes les catégo-ries sociales. À côté de figures célèbres (Jean Moulin, Raymond et Lucie Aubrac, Rol-Tanguy, Brossolette), une foule d’anonymes s’engagent dans des actions parfois peu spectaculaires mais essentielles ;

– leurs motivations : elles peuvent être variables mais ont au moins deux points en commun : lutter contre l’occupation allemande et s’opposer au gouvernement de collaboration de Pétain (y compris à sa politique d’extermination des Juifs) ;

– leurs actions : organisation de réseaux de résistance, fabrication de faux-papiers, diffusion de tracts et jour-naux clandestins, renseignement, sabotages, actions de guérilla urbaine, actions de guerre dans les maquis ;

– les résultats : les actions de la Résistance jouent un double rôle : idéologique en montrant aux populations des régions occupées que la lutte contre l’ennemi est toujours possible et militaire, en apportant son appui à la Libération du pays (sabotages, maquis – par ex. sabotage de ponts, de voies ferrées pour retarder les mouvements des troupes allemandes).

application 2 Hitler et la paix

1. Analyser les documentsLe document 1 est un extrait d’un discours prononcé par Hitler devant le Reichstag, le 21 mai 1935. À cette date, Hitler est chancelier depuis plus de 2 ans (janvier 1933) et l’Allemagne a quitté la SDN (octobre 1933). En mars 1935, en violation du traité de Versailles, il rétablit le service militaire et porte les effectifs de la Wehrmacht de 100 000 à 500 000 hommes.Le document 2 est une affiche célébrant la naissance de l’ONU. L’affiche date de mai 1945 (fin de la guerre en Europe). Au même moment, les discussions devant amener à la création de l’ONU sont très avancées : la Charte sera signée, en effet, le 26 juin 1945.

2. Cerner le sens des documentsa. Hitler prétend que son pays veut la paix car, dit-il, l’Allemagne s’emploie à se redresser (économiquement) et que, dans ces circonstances, « l’Allemagne a besoin de paix ».b. Le discours d’Hitler ne s’adresse pas directement au Reichstag qu’il n’a pas à convaincre (depuis la fin 1933, le NSDAP est parti unique en Allemagne). Il s’adresse donc principalement aux pays qui peuvent s’inquiéter du départ de l’Allemagne de la SDN et de la remilitarisation de 1935 : France, Royaume-Uni, URSS, États-Unis, même si aucun de ces pays n’a protesté contre le rétablissement du service militaire.

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Histoire52

vers le bac p. 88-91

question obligatoire

L’Europe, un espace marqué par deux conflits mondiaux (p. 88)

Questions à reponses courtes

1. a. Entrée en guerre des États-Unis : avril 1917.b. Signature de l’armistice franco-allemand : 11 novembre 1918.c. Bataille de Verdun : février-décembre 1916.d. Signature du traité de Versailles : 28 juin 1919.e. Mutineries dans l’armée française : mai-juin 1917.

2. On peut citer De Gaulle, Jean Moulin, Raymond ou Lucie Aubrac.

3. Guerre totale : guerre mobilisant la totalité des forces militaires, économiques, humaines, psychologiques des pays engagés dans un conflit.

4. La Première Guerre mondiale est un conflit d’un type nouveau car :– elle est beaucoup plus meurtrière (10 millions de morts)

que les guerres précédentes ;– elle utilise des armes et des techniques nouvelles :

chars, artillerie, mitrailleuses, grenades, gaz, aviation, sous-marins, etc. ;

– elle est la première « guerre totale » (question 3).

5. L’Europe en 1942 est totalement (ou presque) engagée dans le conflit ; de nombreux pays sont occupés par l’armée allemande (par ex. la France) ; le système concen-trationnaire et d’extermination est mis en place. Mais

des mouvements de résistance commencent aussi à se développer.6. Légende complétée : Colonne de gauche, de haut en bas Triple Entente et alliés Empire Centraux (Triple Alliance) et alliés États neutres Colonne de droite, de haut en bas Après août 1914 Après août 1914

sujet d’etude 1

Vivre dans l’Italie mussolinienne (p. 89)

1. Les principes de l’éducation fasciste reposent principa-lement sur l’obéissance aveugle aux lois, à Mussolini, à l’idéologie fasciste.2. L’éducation fasciste, par l’intermédiaire des organisa-tions de jeunesse, doit former des soldats disciplinés, obéissants, dévoués au Duce (Rappel d’une des devises mussoliniennes : « Croire-Obéir-Combattre »).3. Les Balillas (entre 9 et 13 ans) portent un uniforme de type militaire : chemise noire (comme les « squadristi », milices fascistes), short, calot ; on leur confie des armes (factices) adaptées à leur âge. Lors de ce rassemblement, ils semblent enthousiastes, brandissant leurs fusils.4. Ce rassemblement célèbre le 10e anniversaire de la victoire de l’Italie à l’issue de la Première Guerre mon-diale : le 4 novembre 1918 est signé l’armistice entre l’Italie et l’Autriche-Hongrie après la victoire italienne

c. L’affiche montre Hitler et Hiro-Hito, empereur du Japon, prisonniers d’une forêt de drapeaux symbolisant les Nations Unies et tenus pour responsables de la Seconde Guerre mondiale. L’affiche veut signifier que l’ONU pourra mettre les deux personnages (ou d’autres à venir) hors d’état de nuire.

3. Mettre le corpus documentaire en relation avec une situation historique

a. L’objectif d’Hitler est d’ « amadouer » les pays occiden-taux en promettant qu’il veut la paix, qu’il agit pour la paix, au même moment où il prépare la guerre. Il s’agit, pour lui, de gagner du temps pour reconstituer une armée forte. On sait que ce double langage est récurrent chez Hitler (voir la Conférence de Munich de septembre 1938).

b. La création de l’ONU est porteuse d’un espoir de paix, de prévention des conflits à venir.

Construire une synthèse ordonnéeLa synthèse peut s’organiser en 2 parties :– la SDN a, en partie, échoué car ne réunissant qu’une

partie des États du monde (absence des États-Unis, départ du Japon, de l’Allemagne,…) et parce qu’elle ne disposait que de très peu de moyens pour empêcher les conflits (sanctions le plus souvent symboliques) ou contraindre les pays totalitaires.

– l’ONU tente de corriger les défauts de la SDN mais elle est trop dépendante des relations entre les 5 membres permanents du Conseil de sécurité (le droit de veto peut bloquer le fonctionnement du Conseil).

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532. Guerres et paix, 1914-1945

de Vittorio Veneto.5. Le régime de Mussolini veut exalter le patriotisme, l’unité du pays derrière son chef en prônant l’obéissance, la discipline, l’unanimité de la population.6. Ces deux documents définissent un régime totalitaire, c’est-à-dire un système doté d’une idéologie officielle, avec un parti unique, un chef tout-puissant, utilisant tous les moyens de la propagande et de la terreur.7. Les documents mettent l’accent sur la volonté de Mussolini d’encadrer la jeunesse italienne, dans l’espoir d’en faire des « hommes nouveaux ».

sujet d’etude 2

Combattre pour la République : Jean Moulin (p. 90)

1. Jean Moulin devient résistant dès le mois de mai 1940 après les premières défaites de l’armée française. Il est alors préfet à Chartres et voit son pays envahi. Son devoir est, pour lui, patriotique (s’opposer à l’ennemi) et démo-cratique (lutter contre le nazisme).2. Les principes qui guident Jean Moulin sont les prin-cipes républicains : démocratie, sens de l’État, respect des individus (voir l’« affaire » des troupes coloniales, p. 73 dans le manuel) et de la légalité.3. Robert Chambeiron énonce les qualités qu’il reconnaît à Jean Moulin : écoute, attention aux autres, sincérité, conviction, foi dans les valeurs de la République.4. On appelle « armée des ombres » les résistants français de l’intérieur pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce nom vient évidemment de la clandestinité à laquelle les résistants devaient s’astreindre.5. Jean Moulin est, à partir de janvier 1942, le représen-tant de de Gaulle dans la France occupée ; sa mission consiste à unifier et coordonner les mouvements de résistance qui existent déjà. Il est à l’origine, en mai 1943, de la création du Conseil National de la Resistance (CNR).6. Jean Moulin est arrêté le 21 juin 1943 à Caluire (banlieue de Lyon) lors d’une réunion secrète de respon-sables de la Résistance. Torturé par Klaus Barbie, chef de la Gestapo lyonnaise, il meurt le 8 juillet 1943 dans le train qui le conduit en Allemagne.

7. L’auteur fait référence au transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, le 19 juin 1964, à l’initiative du général de Gaulle, alors président de la République. À cette occasion, André Malraux, ministre de la Culture et ancien résistant, prononce un discours qui a marqué les mémoires.

sujet d’etude 3

Les espoirs d’un ordre mondial au lendemain des conflits : de la SDN à l’ONU (p. 91)

1. La Charte des Nations Unies est adoptée en juin 1945, au moment où la Seconde Guerre mondiale s’achève en Europe (capitulation allemande du 8 mai), tout en se poursuivant en Asie.On peut rappeler que le terme de « Nations Unies » est employé pour la première fois en 1942, s’inspirant de la Charte de l’Atlantique signée en août 1941 par Roosevelt, président des États-Unis et Churchill, premier ministre britannique.2. L’ONU succède à la Société des Nations (SDN), créée elle-même en 1919, à l’issue de la Première Guerre mondiale, à l’initiative du président américain Wilson, dans le cadre du traité de Versailles.3. L’ONU se fixe pour buts :– d’empêcher les guerres, notamment par le respect

du droit international ;– de faire respecter universellement les droits de

l’homme ;- de favoriser le progrès économique et social.4. Les principes énoncés sont l’égalité des hommes et des nations, le respect du droit, l’union des États pour préserver la paix, le refus de la guerre pour régler les conflits.5. Ces principes sont appliqués dans le fonctionnement même de l’ONU :– l’Assemblée générale regroupe tous les États-membres

et dans cette instance chaque pays, grand ou petit, dispose d’une voix ;

– le Conseil de sécurité composé de 15 membres veille au maintien de la paix.

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Histoire54

Histoire

3THÈME Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

• l’utilisation de nouvelles matières premières ; • la réalisation d’une nouvelle organisation du travail.On parle d’innovations en grappes car des applications diverses et quasi simultanées découlent souvent d’une invention.

Propriété intellectuelle : cela désigne les créations de l’esprit, à savoir les inventions, les œuvres littéraires et artis-tiques et les symboles, noms, images et dessins et modèles utilisés dans le commerce. Elle se divise en deux : • la propriété industrielle, qui comprend les inventions

(brevets), les marques, les dessins et modèles industriels et les indications géographiques ;

• le droit d’auteur, qui se rapporte aux œuvres littéraires et artistiques telles que romans, poèmes et pièces de théâtre, œuvres cinématographiques et musicales ou encore aux œuvres relevant des arts plastiques comme les dessins, les peintures, les photographies et les sculp-tures ainsi que les dessins et modèles architecturaux. Les droits d’auteur se répartissent en trois groupes : ceux des artistes interprètes ou exécutants sur leurs interprétations et exécutions, ceux des producteurs de phonogrammes sur leurs enregistrements et ceux des radiodiffuseurs sur leurs programmes radiophoniques ou télévisuels.

Révolution industrielle : phase d’industrialisation, carac-térisée par l’utilisation de nouvelles techniques, le déve-loppement de nouvelles branches d’activité avec une forte croissance (processus d’accroissement régulier et durable de la production économique globale). Elle est liée au triomphe du capitalisme, système de production dont les fondements sont la propriété privée et la recherche du profit.

Système technique : ensemble d’innovations, notam-ment dans le domaine énergétique, qui se développent en interrelation et qui modifient à la fois l’organisation économique et sociale du monde mais aussi sa perception.

Les articulations possibles entre la Question obligatoire et les Sujets d’étude au choix

La Question obligatoire est assortie de trois Sujets d’étude qui peuvent être traités en amont, en aval ou au cours de la Question obligatoire. Le Sujet d’étude 1 s’intègre dans les Cours 2, 3, 4 et 5 ; le Sujet d’étude 2 dans les Cours 2, 3 et 5 et le Sujet d’étude 3 dans les Cours 3, 4 et 5.

Présentation du thème

La Question obligatoire conduit l’élève à étudier l’émer-gence d’un nouveau monde industriel fondé sur l’électri-cité, le moteur à explosion et la chimie organique. Son essor est intimement lié aux progrès des savoirs scienti-fiques et à la multiplication des innovations techniques qui s’enchaînent, transformant à la fois les produits et les procédés de production. Le processus est concrétisé par la présentation d’un choix limité d’innovations embléma-tiques afin d’en dégager quelques caractéristiques, comme la manière dont elles ont été inventées. La ques-tion de leur accueil par l’opinion est centrale comme celle de leur encadrement par une nouvelle législation concer-nant propriété intellectuelle et brevets.

Rappel des notions associées au thème

Fordisme : mode de production de masse et en série per-mis par le travail à la chaîne. Les ouvriers sont soumis à une cadence rapide de travail, mais en contrepartie ils bénéficient de salaires élevés. Henry Ford (1863-1947), imagine un mode de développement de son entreprise inspiré du taylorisme ou organisation scientifique du tra-vail (OST) qui a pour but d’accroître la productivité et la production de l’entreprise grâce à : • la division du travail en une division verticale (sépara-

tion entre conception et réalisation) et en une division horizontale (parcellisation des tâches), avec un moyen nouveau qui est la ligne de montage induisant donc le travail à la chaîne ;

• la standardisation qui permet de produire en grandes séries à l’aide de pièces interchangeables (Ford réduit par exemple le nombre de vis différentes servant à assembler la Ford T, dont il ne propose qu’un modèle unique, de couleur noire, sans options) ;

• l’augmentation du pouvoir d’achat des ouvriers afin de stimuler la demande de biens de consommation (Ford paie ses ouvriers 5 $/j contre 2 à 3 chez ses concurrents), l’ouvrier peut acheter ce qu’il contribue à produire. Cependant, cette augmentation des salaires doit per-mettre de lutter contre le turn-over qui augmente avec la généralisation du travail à la chaîne contesté par les organisations ouvrières.

Innovation : utilisation pratique et effective d’une inven-tion. Joseph Schumpeter en distingue cinq types : • la fabrication de biens nouveaux ; • des nouvelles méthodes de production ; • l’ouverture d’un nouveau débouché ;

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553. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

Présentation de la double page d’ouverture (p. 92-93)

Présentation des documents

Doc. 1 Le laboratoire de l’entreprise Bayer au début du xxe siècle (Photographie anonyme)

Bayer est une entreprise chimique et pharmaceutique fondée en 1863 à Barmen (Allemagne), par Friedrich Bayer Johann Friedrich Weskott. Elle produisait des colo-rants comme la Fuchsine et l’aniline. En 1881, l’entreprise prend la forme d’une société par actions. En 1883, le chimiste Carl Duisberg intègre l’entreprise, il y développe considérablement le département de la recherche. Bayer intègre le conglomérat d’industries chimiques IG Farben dans les années 1920.Quelques inventions de Bayer : l’aspirine en 1888 (ou acé-tyle salicylique) ; le gaz moutarde ou ypérite (composé chimique cytotoxique et vésicant), cette arme chimique a été utilisée pendant la Première Guerre mondiale, la pre-mière fois à Ypres le 11 juillet 1917 ; le Polyuréthane, et le Polycarbonate, matériaux polymère inventés respective-ment en 1937 et en 1953. Ces produits sont fabriqués dans des laboratoires desti-nés à la polymérisation comme celui représenté sur la photo. La polymérisation est une réaction chimique, transformant un monomère (bas poids moléculaire) en polymère (poids moléculaire élevé), cela conduit à la soli-dification d’une résine de façon irréversible. L’auteur anonyme prend cette photo qui montre l’inté-rieur du laboratoire et où l’absence de toute présence humaine renforce l’importance de la technicité dans l’in-dustrie chimique. Le laboratoire représenté allie un mobi-lier en bois plutôt traditionnel tel qu’on le trouvait dans des pharmacies par exemple, accompagné de tout un matériel en verre : bocaux posés sur les étagères du pre-mier comptoir ou sur la partie centrale du deuxième, bal-lons à fond plat ou rond enfilés sur les égouttoirs, béchers sur le hérisson du 3e comptoir en partant de l’avant et fioles Erlenmeyer comme celle que l’on voit emplie d’un liquide brun sur la droite du premier comptoir (celle-ci est à col étroit). Sur ce même comptoir, on voit un mortier, des pipettes, une série d’éprouvettes, des entonnoirs, peut-être un cristallisoir. Sur le 4e comptoir, on distingue une grosse ampoule à décanter en forme de poire. L’industrie chimique se dote de tout un matériel permet-tant l’expérimentation, le dosage. Le verre est un maté-riau facile à stériliser, ce qui est un tout majeur pour la recherche en chimie. Le cylindre métallique fixé sur le côté du premier comptoir est sans doute un extincteur qui rappelle les risques inhérents à l’expérimentation en chimie. Tout le système de tuyauterie fixé au plafond du laboratoire signale l’utilisation de la vapeur comme source d’énergie pour certaines des machines et sans doute aussi la circulation de l’eau indispensable aux

travaux des chimistes. Il évoque la modernité du labora-toire qui tranche avec l’aspect plus traditionnel des comptoirs. De même, le laboratoire dispose d’un éclai-rage électrique qui diffuse un bon éclairage renforcé par les grandes baies que l’on voit à l’arrière-plan. Les murs carrelés de blanc du sol au plafond confèrent au labora-toire un caractère net et utilitaire. Le sol semble être une simple dalle de béton. L’ensemble des matériaux présent est emblématique de l’architecture industrielle du début du xxe siècle.

Retrouvez dans le manuel numérique enrichi une lecture d’image de ce document.

Doc. 2 D’une révolution industrielle à l’autre : les nouveaux moyens de transport

(Ernest Montaut, lithographie en couleurs, 1905.) « Le pneu Michelin a vaincu le rail », « Heath bat de 30 minutes sur 600 kilomètres le train le plus rapide du monde ».Cette publicité pour la firme Michelin, lithographie en couleur réalisée en 1905 par Ernest Montaut, un des des-sinateurs des plus en vue de l’époque, évoque la victoire du coureur Georges Heath, sur une Panhard-Levassor équipée de pneumatiques Michelin. La publicité met en scène les nouveaux moyens de transport qui marquent le passage d’une révolution industrielle à l’autre, mais elle permet également de mesurer combien le nouveau modèle industriel contribue à transformer en profondeur les sociétés. Ce document apparaît ainsi comme un sym-bole polysémique de modernité reflétant des transforma-tions profondes, technologiques, économiques et cultu-relles induites par la diffusion du modèle industriel.

D’une révolution industrielle à l’autreL’affiche joue explicitement d’un double ressort, à la fois comique, avec le personnage à pied définitivement dis-qualifié (ébahissement d’un paysan au costume breton-nant à l’aspect très arriéré) et épique, l’automobile l’em-portant sur le train en vitesse pure (malgré une route tortueuse comparée à la rectitude de la voie ferrée).L’automobile représente l’irruption au cœur du système industriel des nouvelles technologies : métallurgie de précision (carrosserie), mécanique (moteur à explosion) et chimie (carburant, pneumatique). Sur ce plan, le succès de la firme de Clermont-Ferrand s’inscrit dans la série de découvertes qui ont entraîné la mise en place d’une filière dynamique autour de la chimie organique. D’abord entrepreneurs de peinture, les frères Michelin entrent dans le monde du transport et du caoutchouc avec des patins de freins pour vélo. À partir de 1891, ils déposent des brevets pour un pneumatique de bicyclette à démontage rapide et équipent les premières voitures à partir de 1895. Très vite, ils adoptent les méthodes de production rationnelle mises au point aux États-Unis.

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Histoire56

Cette illustration s’inscrit dans un mouvement plus vaste né au xixe siècle, d’une profusion d’images, élément clé de la culture populaire et de la communication de masse. La modernité technologique passe ainsi par une évolution des techniques de communication, artistiques autant que médiatiques, et par une évolution des habitudes cultu-relles. Ici, la promotion du pneu Michelin joue à la fois sur les ressources de l’illustration, traitée de manière explicite et dynamique, de la réclame (faire connaître un produit et ses qualités) et de la publicité (en renvoyant à un mode de vie idéalisée accessible via l’objet de consommation).

L’essor du sport, source de distinction et d’aventureDans les années 1900, il n’est pas rare de trouver dans le Bottin mondain à la mention « sport pratiqué », la réponse « automobile ». Objet de luxe et de prestige, élément d’une distinction sociale avide de modernité, l’automo-bile illustre le triomphe d’une nouvelle classe d’entrepre-neur dynamique, inventif et audacieux. Comme le cinéma ou l’aviation (tous domaines dans lesquels excelle la France, alors capable de rivaliser avec les États-Unis), éga-lement en plein essor, l’automobile incarne ainsi les valeurs des acteurs du nouveau système économique.La vitesse est de fait très tôt associée à la modernité, et l’automobile reste d’abord synonyme d’exploits sportifs, réservés à des êtres hors du commun, menant une vie d’aventures et de sensations fortes.Pendant la Belle Époque, des magazines spécialisés, comme La Vie au grand air, lui réserve, à côté des autres sports mécaniques, une large couverture. Leurs succès révèlent l’intérêt nouveau que suscite la pratique des sports, particulièrement mécaniques, chez les élites sociales d’abord, mais également dans les classes plus populaires, préfigurant l’engouement des Années folles. Une nouvelle grille de perception socio-culturelle est bien en train de se mettre en place dans la foulée des transformations technologiques et industrielles.

Au milieu des années 1900, avec le lancement du Guide et l’ouverture des premières usines à l’étranger, la société prend un nouvel essor, portée par l’ouverture de l’ère de l’automobile. Dès cette époque, la création du bon-homme Bibendum et d’intenses campagnes de publicité mêlant sport et records, caractérisent la stratégie de com-munication de la marque, très en pointe sur les tech-niques de promotion.

La nouvelle place de l’image et le renouvellement des techniques picturalesErnest Montaut (1879-1909) est le premier artiste à se spécialiser dans la représentation des moyens de trans-ports modernes. À côté de l’automobile, son sujet de pré-dilection, il illustre aussi les thèmes de l’aéronautique (avions et dirigeables), du rail et des motos. Il manifeste un art consommé de la mise en page, marquée à la fois par l’influence de la photographie (évocation du hors champ par des sujets tronqués) et par les codes des nou-velles images (affiche, bande dessinée).Ici, la composition privilégie le dynamise en guidant l’œil dans un parcours en zigzag : la lecture du texte lance la lecture de l’affiche qui se poursuit par la ligne de chemin de fer et la route, avant d’arriver à l’automobile. Repré-sentée en rouge au premier plan, elle aimante le regard. Son avant coupé par un cadrage serré accentue l‘impres-sion de vitesse en créant un effet de jaillissement. Le rendu de la vitesse, sujet central dans l’œuvre de Montaut, passe par une technique expressionniste : projection des cailloux et de la boue (qui permet de multiplier les traits, synonyme de vitesse dans le code graphique qui se met alors en place à travers l’illustration et la BD, en attendant le futurisme), ovalisation des roues, corps tordus et proje-tés en arrière des passagers. À noter enfin le mise en valeur du pneu, se détachant au premier plan en blanc sur un fond rouge.

Doc. 2 : le nombre d’années qui sépare l’invention de l’innovation est présenté sur un certain nombre de pro-duits que les élèves connaissent et auxquels ile ne prêtent pas attention car ils font partie de leur environnement quotidien, que ce soit l’éclairage fluorescent ou le crayon à bille. Cela permet de se poser la question des besoins d’une société : toute invention aussi géniale soit-elle ne devient une innovation que si elle répond à une demande sociale. L’écart entre le moment de l’invention et celui de l’innovation tend à se réduire quand on avance dans le xxe siècle. On se rend compte aussi que les périodes de guerre incitent à réactiver la recherche dans certains domaines comme l’illustrent le radar ou la pénicilline.

Doc. 3 : si l’Europe, déjà industrialisée, est aussi un foyer

Doc. 1 : la frise chronologique place un certain nombre d’inventions majeures dans les secteurs liés à la deuxième révolution industrielle en y associant les périodes de croissance et de récession, montrant ainsi que l’on se situe dans une période de croissance sur le temps long et que les crises ponctuelles affectent peu le mécanisme de l’innovation. Les éléments retenus montrent que ces inventions affectent l’ensemble de la société dans des dimensions collectives (automobile, avion, bombe ato-mique) comme strictement personnelles (réfrigérateur).

Retrouvez dans le manuel numérique enrichi une version interactive de la frise chronologique et de la carte des centres de la deuxième révolution industrielle.

repères p. 94-95

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573. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

souvent rempli d’argon et de vapeurs de mercure. Les électrodes en tungstène qui sont placées aux extrémités du tube chauffent et émettent des électrons qui se dépla-cent d’une électrode à l’autre et heurtent les atomes de mercure en leur communiquant une énergie. Les atomes de mercure libèrent ensuite cette énergie sous forme de rayonnement ultra-violet. Cette lumière est transformée en lumière visible proche du blanc, par la couche fluores-cente qui tapisse la surface interne du tube. Le terme transistor est l’acronyme de Transfert Resistor. Le transistor est un composant qui, comme la diode, fait partie de la famille des semi-conducteurs, et qui est considéré comme le successeur du tube électronique (lampe). Il existe plusieurs familles de transistors, chacune vouée à une tâche qui se résume souvent à deux fonc-tions : la commutation ou l’amplification. Les premiers transistors étaient au germanium. Appeler les récepteurs radios « transistors » constitue donc une métonymie.

3. Les changements de système technique s’accélère lors de la deuxième révolution industrielle, les nouveaux modes de production induisent de nouveaux besoins, on constate une accélération du passage de l’invention à l’innovation qui peut être liée à la capacité d’investisse-ment des groupes industriels, voire des États.

4. Le temps qui sépare l’invention de l’innovation dimi-nue essentiellement après la Première Guerre mondiale.

5. Les pays ayant obtenu plus de 5 prix Nobel sont situés dans les pays industrialisés, voir le tableau ci-dessous qui récapitule tous les prix Nobel distribués à partir de leur création dans les domaines scientifiques.

majeur de la deuxième révolution industrielle, les États-Unis prennent peu à peu un rôle majeur dans la recherche scientifique. Le nombre des prix Nobel obtenus par les principales nations industrialisées est révélateur de leur capacité à créer, investir et produire la nouveauté, et, dans ce domaine, les États-Unis restent largement en tête. Néanmoins, les plus grands laboratoires de recherche au niveau mondial se situent toujours en Europe à la fin des années 1950.

Réponses aux questions

1. Les inventions concernent des secteurs nouveaux, la chimie, l’automobile et l’électricité, elles conduisent à l’émergence d’un nouveau confort domestique, lié à l’électroménager qui change en particulier la vie des femmes. Ces inventions induisent un bouleversement du monde du travail (chaîne de production), de l’économie avec de nouveaux moyens de transports (automobile, avion) et culturels avec l’apparition de nouveaux arts en lien avec les changements technologiques (photogra-phie et cinéma) ou de nouvelles possibilités dans certains domaines artistiques (la fermeture à glissière ou le nylon pour la mode).

2. Durée la plus longue entre invention et innovation : 82 ans pour l’éclairage fluorescent. Durée la plus courte : seulement 10 ans pour le transistor. Le tube fluorescent (ou tube luminescent) très utilisé pour l’éclairage domestique ou industriel (garages, ate-liers, grandes surfaces, bureaux…) est souvent appelé à tort néon, du nom du gaz contenu à l’origine dans le tube (le néon produit une lumière rouge) ; à présent il est plus

Prix Nobel scientifiques de 1901 à 1960

Pays Médecine Physique Chimie

Jusqu’en 1918

De 1919 à 1944

À partir de 1945

Jusqu’en 1918

De 1919 à 1944

À partir de 1945

Jusqu’en 1918

De 1919 à 1944

À partir de 1945

Allemagne 4 4 1 6 6 2 7 8 4

R.-U. 1 5 3 5 5 4 2 4 6

France 3 1 1 4 2 4 2

Suisse 1 0 4 1 1 1

Suède 1 0 1 1 1 1 2 1

Pays-Bas 0 1 0 4 0 1 1 1

Belgique 2

Italie 1 1 1 1

Espagne 1 0 1

Portugal 1

Irlande 1

Danemark 1 3 0 1

Finlande 1

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Histoire58

Waksman ; 1953 : Fritz Albert Lipmann ; 1956 : Dickinson W. Richards ; 1958 : George Wells Beadle et Edward Lawrie Tatum ; 1959 : Arthur Kornberg). On constate que ces scientifiques reconnus sur la scène internationale ne sont pas connus du grand public contrairement aux prix Nobel du début du xxe siècle comme Fritz Haber, Max Planck, Ernest Rutherford, Antoine Becquerel ou Pierre et Marie Curie.

7. L’Afrique est alors globalement colonisée, elle ne compte ni grand laboratoire, même si le premier institut Pasteur en Afrique est fondé en 1896 à St Louis du Séné-gal, ni université prestigieuse ; le sous-développement culturel, le manque de fonds propres pour investir ne favorisent pas l’émergence de la recherche scientifique.

8. La bombe atomique est une invention décisive pour le dénouement de la Seconde Guerre mondiale (cf. projet Manhattan).

6. Les pays qui comptent le plus de prix Nobel de 1901 (année de leur création) à 1918 sont tous des pays d’Eu-rope de l’Ouest. Entre 1945 et 1960, ce sont les États-Unis qui totalisent le plus grand nombre de prix Nobel (en physique, 1946 : Percy Williams Bridgman ; 1952 : Felix Bloch et Edward Mills Purcell ; 1955 : Willis Eugene Lamb et Polykarp Kusch ; 1956 : William Bradford Schockley avec John Bardeen et Walter Hauser Brattain ; 1959 : Emilio Segrè et Owen Chamberlain ; 1960 : Donald Arthur Glaser ; en chimie, 1946 : James Batcheller Sumner avec John Howard Northrop et Wendell Meredith Stanley ; 1949 : William Francis Giauque ; 1951 : Edwin McMillan et Glenn Theodore Seaborg ; 1954 : Linus Carl Pauling ; 1955 : Vincent du Vigneaud ; 1960 : Willard Frank Libby ; en medecine, 1946 : Hermann Joseph Muller avec Carl Ferdinand Cori et Gerty Theresa Cori ; 1950 : Edward Calvin Kendall et Philip Showalter Hench ; 1952 : Selman

Hongrie 1 1

Autriche 1 2 2 1 1

Tchécoslovaquie 1

Russie /URSS 2 3 1

États-Unis 0 7 13 1 5 10 11

Canada 1

Argentine 1

Japon 1

Chine 1

Inde 1

Australie 2

Afrique du Sud 1

des stratégies d’un grand nombre d’acteurs ; elles peuvent être acclamées, mais aussi accueillies avec réti-cence, voire refusées ; elles sont de plus en plus encadrées (brevets, acceptation par la communauté scientifique). » (BO n° 9 du 1er mars 2012).

Présentation générale des pages de COURSLe plan adopté pour le cours suit l’articulation de la question obligatoire. Il définit tout d’abord la deuxième révolution industrielle (cours 1), montre comment se fait le passage de l’invention à l’innovation et comment les systèmes techniques se succèdent alors qu’émer-gent de nouveaux secteurs industriels (cours 2).

Présentation

« La question étudie l’émergence d’un nouveau monde industriel fondé sur l’électricité, le moteur à explosion et la chimie organique. Son essor est intimement lié aux progrès des savoirs scientifiques et à la multiplication des innovations techniques qui s’enchaînent, transformant à la fois les produits et les procédés de production : on concrétise ce processus par la présentation d’un choix limité d’innovations emblématiques.On dégage quelques-unes des caractéristiques des inno-vations étudiées : elles sont progressivement l’œuvre d’entreprises collectives – les laboratoires – plutôt que d’inventeurs isolés ; elles sont à l’interaction du travail et

question obligatoireAUn moment d’innovation : la deuxième révolution industrielle

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593. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

3. Les investissements se dirigent prioritairement vers les continents les plus dynamiques et les pays en train d’ac-complir leur décollage économique : l’Europe et les deux Amériques. On relève cependant des stratégies distinctes. Si la France et l’Allemagne privilégient l’Europe, la Grande-Bretagne délaisse le vieux continent au profit des États-Unis, de l’Amérique du Sud et de ses colonies. Les États-Unis investissent de leur côté massivement en Amérique du Sud ce qui en fait une chasse gardée anglo-saxonne.

4. Les télécommunications (téléphone, TSF puis télévi-sion) sont un secteur industriel particulièrement inno-vant. Nées au xixe siècle, elles utilisent l’énergie électrique et demandent des appareillages complexes produits par les industries de pointe de l’époque : électromécanique, réseaux câblés, acoustique, transmission par ondes, ima-gerie.

BilanLa deuxième révolution industrielle se caractérise par de nouvelles énergies (électricité, pétrole) et de nouvelles forces motrices (dynamo, moteur à explosion) qui entraînent une révolution des transports (automobile, aviation) et des communications (téléphone, radio, télévi-sion). L’industrie voit se développer de nouvelles activités de pointe (industries électriques, aéronautique, automo-bile, pharmacie) et transforme ses modes de production (rationalisation par le taylorisme, chaîne de montage du fordisme).En parallèle, l’essor de la productivité entraîne une hausse du niveau de vie et l’entrée dans la société de consomma-tion développée initialement aux États-Unis.Enfin, les progrès de la médecine, les communications, les loisirs favorisent l’amélioration des modes de vie.

cours 2 p. 98-99

Les progrès des savoirs scientifiques

Présentation des documents

Les trois documents mettent l’accent sur les nouveaux secteurs liés à la deuxième révolution industrielle : l’auto-mobile dont le développement est dépendant du moteur à explosion (doc. 1) ; l’électricité qui induit un nouveau changement de système technique (doc. 2) ; la chimie organique dont l’essor est essentiel, notamment pour les progrès de la médecine mais aussi pour la création d’ob-jets du quotidien (doc. 3).

Réponses aux questions

1. Le brevet est un système de protection des inventions qui stimule et récompense les inventeurs en leur offrant un monopole d’une durée limitée sur leur découverte en échange d’une divulgation complète qui permet au public d’en bénéficier sans restriction. Le brevet constitue

Le cours 3 évoque les produits nouveaux qui appa-raissent dans chacun de ces secteurs et leur impor-tance pour les sociétés humaines. Le cours 4 insiste sur les acteurs de cette deuxième révolution indus-trielle (inventeurs, universitaires, chercheurs) et sur l’évolution des structures dans lesquelles leur inventi-vité s’exprime. Néanmoins, le cours 5 montre que les hommes, à titre individuel, en tant que groupe social ou au niveau des États, peuvent avoir des perceptions variées de la nouveauté, que ce soit dans le domaine de la créativité artistique, des produits issus de l’in-dustrie ou des secteurs stratégiques.

cours 1 p. 96-97

La deuxième révolution industrielle

Présentation des documents

Les trois documents traitent de deux aspects de la deu-xième révolution industrielle : la diversité des innovations et leur diffusion à travers les investissements réalisés par les principales puissances industrielles de 1871 à 1914. On perçoit ainsi combien les transformations touchent tous les aspects de la vie des populations et gagnent tous les continents. Polysémie et diffusion mondiale caracté-risent ainsi la deuxième révolution industrielle.

Réponses aux questions

1. Les principales innovations concernent des domaines très divers qu’illustre le tableau du document 1. On peut proposer la répartition suivante : • l’agriculture (machines à moissonner et à battre) ;• la production industrielle que ce soit dans l’armement

(dynamite, fusil, canon à tir rapide, cuirassé), le textile (filature, tissage), les machines (machine à vapeur) ;

• les transports (chemin de fer, navire à vapeur, vélo, auto-mobile) et les communications (télégraphe, téléphone) ;

• l’énergie (machine à vapeur, gaz, électricité, ampoule et dynamo, acétylène) ;

• la médecine (antisepsie, rayon X) ;• les modes de vie (voyage, sport).Les grandes figures illustrent la volonté des auteurs de couvrir véritablement toues les aspects de la civilisation et pas seulement les techniques : sciences avec Berthelot et Pasteur, littérature avec Victor Hugo et Michelet.

2. Les Britanniques dominent le monde, non seulement par leur avance technologique et la place éminente qu’ils occupent en termes de production, mais également par leur richesse financière et les capitaux qu’ils placent dans le monde entier : avec un total de 95 milliards d’euros, ils investissent autant que la France, l’Allemagne et les États-Unis réunis. De première puissance industrielle, la Grande-Bretagne est devenue la première puissance financière.

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Histoire60

3. La photo de l’affiche de David Delleplane pour l’Expo-sition internationale d’électricité de Marseille de 1908 représente une fée qui symbolise l’électricité. L’expression « fée électricité » est reprise et consacrée par la peinture éponyme de Raoul Dufy exécutée pour le Pavillon de l’Électricité de l’Exposition Internationale de 1937. Cette nouvelle énergie est considérée comme miraculeuse car invisible puisqu’il s’agit de la mise en mouvement des charges électriques de la matière. De Volta (1799, la pile électrique) à Edison (1879, la première ampoule à incan-descence), de nombreux chercheurs ont travaillé à la compréhension du phénomène électrique et à ses appli-cations pratiques, Ampère (1820) découvre les lois du magnétisme et de l’électrodynamique, Gramme (1868) met au point la première dynamo. Le problème majeur reste le stockage et surtout le transport de l’électricité, ce qui est résolu par les travaux d’Aristide Bergès et la construction des premières lignes électriques à partir de 1883 (Lucien Gaulard). En 1908, l’électricité après avoir été utilisée dans l’industrie et le chemin de fer, sert à éclairer la ville comme le montre l’affiche de Delleplane : la fée étend en quelque sort ses bienfaits sur la ville, bril-lamment éclairée. L’éclairage public à l’électricité se subs-titue à celui au gaz, tendant par là-même à rendre la circu-lation urbaine plus sûre ; l’électricité entre aussi dans les foyers. L’affiche montre que les rues comme les bâtiments sont éclairés. Le choix des couleurs indique aussi que l’électricité produit de la chaleur ; la fée qui irradie apporte lumière et chaleur, donc confort accru pour la population. Le faisceau qui entoure sa tête peut faire penser à une auréole, comme les rayons qui émanent de ses mains font penser aux stigmates de Saint François ; ainsi, c’est le côté miraculeux de cette énergie qui est mis en avant.

4. Camille Flammarion est lui-même un scientifique, adepte de la modernité ; il fait ici l’éloge de Marcelin Berthelot. Chimiste, celui-ci se spécialise dans la fabrica-tion de substances organiques, réalisant ainsi la synthèse de l’éthanol (1855), de l’acide formique (1856), du méthane (1858), de l’acétylène (1859) et du benzène (1866). Le suc-cès de Berthelot dans ce domaine remet en cause la théorie, communément admise à l’époque, selon laquelle ces composés organiques ne pourraient être créés que par des organismes vivants. Lauréat de l’Académie des Sciences, professeur de chimie organique au Collège de France en 1865, membre de l’Académie de médecine, en 1863, de l’Académie des Sciences en 1873, inspecteur général de l’enseignement supérieur en 1876, sénateur inamovible en 1881, ministre de l’Instruction publique dans le cabinet Goblet en 1886, ministre des Affaires étrangères, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences en 1889, Marcelin Berthelot a été honoré des plus hautes récompenses. C’est une figure scientifique emblématique, inventeur, innovateur et enseignant qui

ainsi un moteur d’expansion économique. Le document 1 est une planche descriptive du brevet déposé par Édouard Delamare Deboutteville et Léon Malandin en 1884. Le 12 février 1884, le Français Édouard Delamare-Deboutteville, industriel de Seine-Maritime, dépose, sous le numéro 160 267 (sur ce document, est précisée la durée du monopole sur l’invention qui est de 15 ans), le premier brevet concernant une voiture automobile à moteur à explosion (quelques précurseurs ont imaginé un véhicule doté d’une machine à vapeur : Bollée, Serpollet, de Dion Bouton). Ce véhicule de transport, mis au point en 1883 avec l’aide de Léon Malandin, est pourvu d’une banquette avant et d’une plate-forme arrière, sa caisse est en bois, il est équipé de quatre roues, d’un moteur bicylindre horizontal fonctionnant au gaz de pétrole, d’une transmission aux roues arrière par chaîne, d’un arbre de transmission et d’un différentiel. La planche représente justement la transmission par vilebrequin dif-férentiel. Le vilebrequin permet de transformer le mouve-ment linéaire rectiligne alternatif des pistons en un mou-vement de rotation continu. Si l’histoire n’a pas retenu ce modèle, c’est que son inventeur ne concentre pas ses recherches sur l’automobile ; il s’intéresse davantage aux réalisations mécaniques capables de moderniser l’entre-prise familiale de filature de coton. À l’origine des ses recherches, l’étude sur le cycle à quatre temps d’Alphonse Beau de Rochas, publiée en 1862. Il analyse ce principe et met au point un premier moteur à quatre temps alimenté au gaz de ville. Il s’adjoint pour ses travaux Léon Malandin qui est l’un des chefs d’atelier de sa filature.

2. La leçon permet de repérer des innovations qui découlent de la deuxième révolution industrielle. Les trois parties abordent le moteur à explosion, base de l’essor de l’automobile, l’électricité et ses nombreuses applications, de l’éclairage à la transmission des informa-tions ou à la production de travail permettant de mouvoir des machines, et la chimie, qui crée de nouveaux produits de synthèse. Ce secteur est particulièrement novateur puisque désormais la synthèse chimique de produits naturels devient possible. Les colorants artificiels par exemple jouent un rôle majeur dans le textile, teinture des tissus ou encore dans la peinture. Elle permet aussi la production d’engrais ou la transformation de produits comme l’hévéa dont la résine est utilisée pour faire du caoutchouc. Sa vulcanisation permet de fixer le produit, sensible aux variations de température, et de développer un secteur essentiel pour les nouveaux modes de trans-port, le pneumatique. La recherche en chimie voit aussi de nombreuses applications dans le domaine médical : le bleu de méthylène par exemple a d’abord été utilisé pour son pouvoir antiseptique (action fongicide et bactéricide) mais il est surtout utilisé comme indica-teur coloré ou comme colorant histologique.

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613. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

elle bouleverse les conditions de fabrication de certains métaux et donne un nouvel élan à la chimie (production des chlorates et des explosifs, électrolyse pour l’alumi-nium avec les fours Siemens, fours à aciers spéciaux, etc.). L’électrochimie et l’électrométallurgie s’installent souvent au plus près de la production d’électricité, elles font entrer dans l’ère de l’industrialisation de nouveaux espaces comme les régions alpines qui en avaient été jusque-là écartées par manque de charbon, on qualifie l’électricité de « houille blanche » selon l’expression de Bergès. Le transfert à distance de l’électricité favorise des activités industrielles dans des grandes villes qui avaient un retard industriel. Les innovations associées à la nouvelle énergie qu’est l’électricité entrent en interrelation, ces innovations en grappe modifient à la fois l’organisation économique et sociale du monde mais aussi sa perception, cela constitue donc bien un changement de système technique.

cours 3 p. 100-101

La multiplication des nouveaux produits

Présentation des documents

Les documents proposés permettent de balayer large-ment les domaines concernés par l’apparition de nou-veaux produits, qu’ils touchent les populations à titre personnel (doc. 2) ou collectif (doc. 1) : la santé concerne chacun à titre de malade potentiel et tous au niveau de la santé publique ; (doc. 3) : l’aviation a le même double impact sur la défense nationale avec l’aviation militaire et sur le transport des hommes et des biens pour l’aviation civile.

Réponses aux questions

1. La radioactivité trouve des applications rapides dans le domaine de la santé, parce que Marie Curie a souhaité associer recherche fondamentale et application médi-cale. En effet, l’Institut du radium, dont la construction commence fin 1912, est constitué de deux sections indé-pendantes : le laboratoire Curie de la Faculté des Sciences consacré aux recherches de physique et de chimie sur la radioactivité, placé sous la direction de Marie Curie, et le laboratoire Pasteur consacré aux applications médicales et biologiques, placé sous la direction du Dr Claudius Regaud. En 1919, Curie et Regaud souhaitent « associer leurs deux départements de physique et de biologie aux progrès de l’emploi des radiations pour la guérison du cancer » (A. Lacassagne, 1971). Marie Curie ne prend pas personnellement part aux travaux de biologie et de médecine, mais encourage leurs progrès, qui dépendent de la préparation des sources de radium ou des ampoules de radon. Fin 1920, la Fondation Curie dédiée au traitement du cancer est créée, déclarée d’utilité publique en 1921 ; elle

symbolise la deuxième révolution industrielle. Dans ce texte, Camille Flammarion évoque le travail de Berthelot sur la synthèse de l’acide formique ; il se réfère à la mythologie pour montrer à quel point « l’énigme » était difficile à résoudre. L’opposition entre le choix d’une référence littéraire « sphinx de la force vitale » et l’expé-rimentation scientifique tend à renforcer le génie que Flammarion confère à Berthelot. Il considère ses avancées comme une victoire, perçue comme une sorte de croi-sade contre l’obscurantisme, et les freins des idées reçues. Le texte débute de façon assez lyrique par la célébration de la réussite de Berthelot, se poursuit par une descrip-tion assez technique de ses travaux et se conclut par un véritable plébiscite en faveur de ses découvertes (« nous applaudissons à deux mains »), car en cette fin de xixe siècle, la pensée positiviste considère que seuls les faits expérimentés ont une valeur universelle, ce qui accorde donc à la recherche une place majeure, l’homme est sur Terre « pour se rendre maître de la matière ».

BilanDes inventions exploratoires autour du phénomène élec-trique se succèdent à partir de la pile électrique mise au point par Volta au tournant du siècle. Puis dans les années 1820, Faraday et Ampère mettent en évidence ses carac-tères principaux et en 1871 Zenobe Gramme construit ce que l’on peut considérer comme le premier moteur élec-trique, fondé sur la réversibilité, c’est-à-dire un échange entre une impulsion mécanique en amont et le retour de l’électricité elle-même en aval. Une série d’innovations décisives voient le jour entre 1880 et 1890 et l’électricité peut alors commencer à remplacer le charbon comme source d’énergie pour mouvoir les machines. Ces innova-tions en grappe concernent le transport de l’électricité loin des lieux de production, grâce à l’apparition de la haute tension, mais aussi la distinction entre courant alternatif et courant continu, qui permet de nombreuses applications concrètes, la souplesse des usages, grâce au transformateur et aussi l’augmentation en puissance des turboalternateurs, les matériaux des lignes et les câbles de distribution. À partir d’Edison (1879, la lampe à incandescence), le sys-tème électrique est complet, il va de la production à la consommation et le succès personnel d’Edison en tant qu’entrepreneur est symbolique de l’âge de l’électricité. Elle se répand dans d’autres domaines au xxe siècle et notamment celui de l’électroménager, qui bouleverse la vie quotidienne et notamment celle des femmes. Elle devient le mode privilégié d’énergie de l’ensemble des secteurs industriels, et le faible volume des moteurs élec-triques transforme les conditions même du travail dans des usines où ont disparu les courroies de transmission ; il s’agit bien là d’une mise en interrelation entre une éner-gie nouvelle et l’organisation du travail ouvrier. Surtout,

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Histoire62

l’hôtel Windsor alors que les premières gazinières sont apparues dès les années 1820. James Sharp dépose un premier brevet pour une gazinière en Angleterre en 1826 et ouvre une usine de fabrication en 1836. Au Crystal Palace à l’Exposition universelle de Londres en 1851, une gazinière est exposée au public, mais ce n’est que dans les années 1880 qu’elle obtient un succès commercial, sans doute à cause de la lenteur du déve-loppement du réseau de gaz ; celle présentée ici, est typique des modèles des années 1950 ;

• (4) Le radiateur électrique présenté ici est un radiateur à eau chauffée par une résistance électrique. Son inven-tion date de 1932.

• (5) La première machine à laver le linge électrique voit aussi le jour aux États-Unis en 1901 ; le modèle présenté ici ressemble beaucoup à ceux que Siemens produit à partir de 1928 qui lavent, rincent et essorent ;

• (6) L’aspirateur motorisé est inventé par un ingénieur britannique en 1901 mais sa conception en rend l’usage peu pratique, aussi d’autres inventeurs améliorent l’idée, et finalement c’est Hoover qui le commercialise sur un brevet de 1908 ;

• (7) Les appareils de ce que l’on appelle le mini ménager, comme le fer à repasser, commencent à être commer-cialisés dès 1913, par Siemens par exemple. L’invention du fer à résistance électrique est attribuée à Henry W. Seely (1882, New York), cependant les modèles à ther-mostat comme celui présenté ici se diffusent à partir de 1920.

4. La photo présente dans la moitié droite et au premier plan un porte-avion ; dans la partie gauche et au deu-xième plan un biplan ; à l’arrière-plan des installations portuaires militaires. Alors même que l’on en est aux pré-misses de l’aviation (1910), la relation entre marine et aviation est déjà posée par les stratèges. L’aviation est par excellence un domaine lié à la deuxième révolution industrielle car c’est le 9 octobre 1890 que Clément Ader réussit à soulever son Eole 20 cm au-dessus du sol lors du premier vol motorisé non dirigé. Puis les tentatives et les progrès se multiplient, des frères Wright à Santos Dumont jusqu’à la première traversée de la Manche effectuée par Louis Blériot en 1909 ; les performances se succèdent alors à un rythme rapide, distance de plus en plus longue, augmentation du temps en vol. On note un élément caractéristique pour l’aviation : les précurseurs sont aussi des constructeurs, Farman, Blériot, Voisin, Wright, Curtiss par exemple. Dès cette année-là, l’aviation militaire com-mence à se constituer. En France, le premier établisse-ment d’aviation militaire est créé en décembre 1909 au polygone de Vincennes par l’artillerie. Le deuxième éta-blissement l’est début 1910, au camp d’aviation de Chalons, dirigé par le génie et destiné à l’instruction des aviateurs militaires. Le premier aéroplane livré à l’armée

est renforcée par la construction d’un dispensaire ouvert en 1922 grâce à un don d’Henri de Rothschild, industriel du radium. Ainsi, l’invention est dans ce cas le moteur de l’application médicale comme le montrent la photo et le schéma qui présentent la manière dont la « bombe au radium » agit pour réduire la tumeur cancéreuse.

2. La propriété intellectuelle protège les inventeurs puisque les brevets donnent, pour un temps limité, le monopole des découvertes industrielles, comme les droits d’auteur protègent les artistes.

3. L’électricité, dans sa dimension production d’un travail, permet la mise en mouvement d’un moteur et induit donc la création de nombreux appareils domestiques. Un domaine industriel nouveau émerge, celui de l’électro-ménager. C’est suffisamment important pour l’économie pour qu’en France un salon lui soit dédié à partir de 1923, appelé le Salon des Arts ménagers, disposant d’un sup-port médiatique avec la revue qui lui est associée. Le pre-mier « Salon des Appareils Ménagers » a lieu du 18 octobre au 4 novembre 1923, dans les baraquements de la Foire de Paris au Champs de Mars, il remporte un grand succès : 200 exposants, 100 000 visiteurs sur une surface de 5 000 m2. Il est dû à l’initiative de Jules-Louis Breton (ancien sous-secrétaire d’État aux interventions pendant la guerre de 1914-1918 et ancien ministre de l’Hygiène, de l’assistance et de la prévoyance sociales), créateur et premier direc-teur de l’Office national des recherches scientifiques et industrielles et des Inventions (ORNI, créé par la loi du 29 décembre 1922, supprimé par un décret-loi du 24 mai 1938, ancêtre du CNRS) qui finance le salon. Il est créé pour « récompenser les inventeurs des meilleurs appa-reils ménagers », sous le contrôle de la Recherche scienti-fique et du Ministère de l’Instruction publique. Un concours récompense les meilleurs appareils par des prix importants, et de nombreuses médailles sont distribuées. L’affiche du Salon de 1951 montre les produits phares de ce salon, des appareils domestiques destinés à la ména-gère : femme moderne des années 1950, elle est soulagée voire libérée des tâches ménagères grâce à ces différents appareils qui assurent aussi le confort et l’hygiène dans la maison. • (1) Le principe du réfrigérateur est inventé en 1876 (Carl

von Linde) mais son application pratique grâce à sa fabrication industrielle date de 1913 (Fred Wolff aux États-Unis) ;

• (2) L’affiche associe au robot mixeur, dont l’invention commercialisée se situe vers 1947, un moulin à légumes, le « Passe-Vite », dont le brevet a été déposé en 1928 par un belge et dont l’exploitation industrielle débute dès 1929 ;

• (3) La première cuisinière électrique est due à Thomas Ahearn, fondateur, en 1882, de la compagnie l’Ottawa Electric Company aussitôt installée dans les cuisines de

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633. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

dans différents types de laboratoires, laboratoires atta-chés à des universités et dont le financement peut être public ou privé, ou des fondations qui y sont associées, mais aussi dans des laboratoires d’entreprises.

2. Le doc. 2, daté de 1942, montre une laborantine qui recycle des chaussettes en nylon chez DuPont. Ce groupe industriel a synthétisé le nylon en 1935-1936 grâce à Wallace Hume Carothers, chimiste de l’université Harvard, embauché en 1928 par cette firme. Le nylon est un polymère de condensation, qui appartient bien à cette gamme de produits nés de l’essor de nouveaux secteurs industriels comme la chimie organique. Sa première commercialisation se fait sous forme de poils de brosse à dents en 1938 mais son succès tient aux bas nylons. Il per-met d’obtenir des fils à la fois élastiques et résistants bien adaptés au tissage. Ses principales utilisations sont donc le textile mais on peut aussi l’employer dans l’industrie automobile ; il peut être moulé à chaud et retenu pour ses qualités frottantes. Le Néoprène, caoutchouc artificiel particulièrement résistant, est aussi inventé dans le cadre des recherches sur le nylon. DuPont développe des appli-cations militaires de ce produit pendant la Seconde Guerre mondiale, en particulier pour remplacer la soie dans les parachutes.

3. Grâce à la standardisation et à la production en série, Ford réduit le nombre de pièces, notamment les vis. En ne proposant qu’un seul modèle, il uniformise la production. Il imagine la chaîne de montage qui réduit les déplace-ments des ouvriers et les spécialise sur une même tâche répétitive qu’ils effectuent de façon quasi mécanique. Ford fait ainsi des économies d’échelle. Toutes ces écono-mies contribuent à réduire le coût de production des véhicules.

4. Le fordisme est donc bien un mode de production de masse et en série rendu possible par le travail à la chaîne. Les ouvriers sont soumis à une cadence rapide de travail, mais leur travail est réduit en miettes puisqu’ils n’effec-tuent qu’une seule et même tâche totalement répétitive. Mais en contrepartie, ils bénéficient de salaires élevés.

BilanLes entreprises qui créent des départements de recherche et développement sont de plus en plus nombreuses. La concurrence internationale, les innovations incessantes les y obligent afin de rester compétitives. Les entreprises des secteurs industriels nés de la deuxième révolution industrielle sont bien souvent fondées pour commerciali-ser des produits nouveaux, elles intègrent donc tout naturellement ces données. Ainsi, les industries pharma-ceutiques naissent en quelque sorte des progrès de la chimie, en particulier organique. Le cinéma qui est un art nouveau, né des changements technologiques, se consti-tue dès son origine en industrie. Par exemple, Eastmann

est un biplan Wright. La France est la première à intro-duire dans ses dispositifs militaires des aéroplanes. Les grandes manœuvres de Picardie, en septembre 1910, confirment les capacités des aéroplanes. Cependant, la première utilisation de l’aviation lors d’opérations mili-taires se fait lors de la guerre italo-turque en Tripolitaine en 1911 (un avion italien effectue d’abord une reconnais-sance). Le vol qu’Ely effectue à partir du USS Birmingham nécessite l’aménagement d’une plate-forme sur le pont de ce croiseur. Deux mois plus tard, le 18 janvier 1911, il pose son avion sur le USS Pensylvannia, dans la baie de San Francisco, en employant pour la première fois une crosse d’appontage (système installé sur les avions qui sont embarqués sur des porte-avions : crochet fixé sous la partie arrière de l’avion, pour y accrocher un brin d’arrêt lors de l’appontage et permettre un arrêt sur une très courte distance). L’avion devient presque dès ses débuts une nouvelle arme, d’abord utilisée dans des missions d’observation, de repérage (des caméras sont embar-quées) puis pour larguer des bombes et enfin entamer des batailles aériennes. Lors de la Première Guerre mon-diale, le rôle de l’aviation s’amplifie, notamment avec une spécialisation des avions pour le transport de troupes, le développement des bombardiers de gros tonnage, les avions de chasse et de reconnaissance.

BilanLa vie des hommes change lorsque des innovations ont des conséquences majeures, ainsi en va-t-il de l’utilisation de la radiothérapie en médecine qui permet de guérir des tumeurs considérées jusque-là comme incurables, de même que de la pénicilline qui joue un rôle essentiel pour éviter la gangrène, donc les amputations.Les nouveaux moyens de transport, du chemin de fer de la première révolution industrielle à l’automobile et à l’avion de la deuxième, réduisent les espaces temps-dis-tances et rapprochent donc les hommes, tout en permet-tant aussi une augmentation des échanges comme une spécialisation plus grande des espaces.

cours 4 p. 102-103

Inventer, innover, produire : un processus

Présentation des documents

Le corpus documentaire retenu sur ce thème souligne la variété des conditions de travail des « découvreurs », de l’atelier du bricoleur de génie au laboratoire industriel des départements « recherche et développement » des grands groupes (doc. 2) en passant par les laboratoires universitaires (doc. 1).

Réponses aux questions

1. La recherche fondamentale ou appliquée peut se faire

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environ 250 ouvriers encadrés par des vétérans des mon-tages des grands viaducs qu’Eiffel avait précédemment construits. La tour Eiffel n’est pas démontée après l’Expo-sition universelle de 1889 car elle est aussi considérée comme une véritable œuvre architecturale et non pas comme un simple ouvrage d’art. Mais la tour, si elle suscite l’admiration, suscite aussi l’hostilité. Une « Protestation des artistes » contre son édification est signée des noms de Charles Gounod, Charles Garnier, Victorien Sardou, Alexandre Dumas fils, François Coppée, Sully Prudhomme, Leconte de Lisle, Guy de Maupassant, Huysmans… Dans la presse, on lit des commentaires inquiets : « À peine finie, la tour s’écroulera et tuera des milliers de Parisiens. » « Arrivés au sommet, les visiteurs seront asphyxiés. » « Le tout s’enfoncera sous terre créant un véritable cata-clysme. » Néanmoins, elle inspire de nombreux artistes comme Seurat ou Delaunay qui la peignent, Kertész, Brassaï, Krull qui la photographient, René Clair qui la filme, Ferré qui la chante, Cendrars qui la célèbre en poésie ou Mallarmé qui la condamne en littérature. La « réconciliation de l’ingénieur et de l’artiste » est effec-tive pour Vogüe car les changements technologiques du xixe siècle induisent de nouvelles possibilités créatrices en architecture. Ce point de vue n’est pas partagé par Mallarmé qui la qualifie de « haute et maigre pyramide d’échelles de fer, squelette disgracieux et géant ». Attrait pour la modernité, réaction conservatrice : un même objet nouveau peut provoquer des attitudes opposées au sein de la société.

2. Les inventions se succèdent à un rythme rapide à la fin du xixe siècle : les entrepreneurs qui veulent rester com-pétitifs dans leur domaine industriel ont tout intérêt à s’emparer de celles-ci et à introduire des procédés de fabrication innovants dans leurs usines. À défaut, ils risquent de perdre leurs marchés de commercialisation. Par exemple, l’Angleterre, en avance sur les autres États lors de la première révolution industrielle, domine le sec-teur de l’extraction minière et de la fabrication de l’acier, forte du puddlage mis au point par Darby au xviiie siècle, mais elle rate le tournant des innovations que sont le convertisseur Bessemer et le procédé Gilchrist-Thomas (permettant l’utilisation de la minette qui assure l’indus-trialisation de la Lorraine et de l’Allemagne). Les indus-triels n’investissent pas dans ces procédés nouveaux et perdent peu à peu leur prééminence mondiale au profit, notamment, des Français et des Allemands, désormais capables de produire plus d’acier, moins cher.

3. Les syndicats ouvriers dénoncent la répétitivité des tâches que les ouvriers spécialisés (OS) accomplissent, et la perte de qualification liée à la maîtrise du métier. L’introduction de la file de montage qui induit le travail à la chaîne conduit à une déqualification de l’ouvrier. Ce prolétariat ouvrier dénonce la déshumanisation du

est à la fois un découvreur et un industriel, il crée l’entre-prise Kodak pour commercialiser les plaques photogra-phiques qu’il a améliorées puis il invente un appareil photo simple chargé d’un rouleau de négatif papier : la pellicule photo est une autre de ses inventions.

cours 5 p. 104-105

Des attitudes différentes face au changement

Présentation des documents

Les documents présentés permettent de comprendre comment les sociétés réagissent aux nouveautés de la deuxième révolution industrielle ; les réactions peuvent s’exprimer à titre individuel, à titre de groupes sociale-ment organisés comme des syndicats, ou par le biais de l’opinion publique ; ou encore elles peuvent constituer une véritable politique menée par des États. L’adhésion, la résignation, la contestation voire le refus de ce nouvel âge industriel sont le fait des individus comme des groupes sociaux.

Réponses aux questions

1. Eugène de Vogüe (1848-1910), essayiste, historien, cri-tique littéraire, diplomate, a collaboré à la Revue des Deux Mondes. Élu à l’Académie française en 1888, il influence le rapprochement de Léon XIII avec la Troisième République et favorise le mouvement du catholicisme social et les ini-tiatives coloniales françaises. C’est dans cette revue qu’il publie l’article dont est extrait le texte qui fait l’éloge de la tour Eiffel. Les nouveaux matériaux permettent tout d’abord l’essor d’une architecture de verre et de fer puis, au tournant du xxe siècle, d’une architecture de béton. Les structures métalliques porteuses ouvrent des pers-pectives en ce qui concerne la forme et la taille des bâti-ments. La tour Eiffel est d’abord une prouesse technique, mais elle est bien plus que cela, car elle est aussi devenue le symbole d’une République triomphante après la crise boulangiste de 1889. Le projet de la tour date de 1884 ; Eiffel le monte avec ses deux collaborateurs, Émile Nouguier et Maurice Koechlin. La construction débute en 1885. La tour est inaugurée en mai 1889 et accueille près de 2 millions de visiteurs, ce qui rembourse pratiquement Eiffel de ses investissements personnels (il l’a financée lui-même à hauteur de 80 %, et a obtenu une subvention de 20 % de la Ville de Paris en contrepartie d’une concession d’exploitation). La prouesse est multiple : temps bref de la construction qui n’a duré que 26 mois ; précision des matériaux qui comprennent 12 000 pièces tracées au dixième de mm préparées à l’usine de Levallois ; moder-nité du travail, les pièces arrivées par chariot sont assem-blées sur place, hissées par des grues autotractées sur les rails des futurs ascenseurs ; qualification des travailleurs :

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653. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

BilanLes sociétés humaines réagissent de manière différente selon le type de changement : il est parfois perçu comme un progrès s’il concerne par exemple la santé humaine ou encore s’il améliore notablement la vie de la majorité de la population (automobile, électroménager), mais peut être considéré comme dangereux voire néfaste si certains groupes humains ont l’impression que la maîtrise de la science conduit les hommes à jouer aux apprentis sor-ciers. Un scientifique comme Pierre Curie a conscience que la radioactivité peut être pour l’humanité un bienfait ou un fléau selon l’utilisation qui en sera faite. Du reste, si les États-Unis conçoivent le projet Manhattan comme un moyen de gagner la guerre, des individus en dénoncent très vite les dangers, comme Oppenheimer lui-même. Lorsque le changement choque les goûts traditionnels de certains ou au contraire séduit les amateurs de nou-veauté, il suscite la controverse comme c’est le cas pour la tour Eiffel. De même, le changement peut favoriser cer-tains groupes sociaux et déboucher sur un aspect de lutte des classes à l’exemple des différentes organisations du travail, depuis le fayolisme (théorie du français André Fayol améliorant le management et la gestion) jusqu’au fordisme en passant par le taylorisme, qui opposent le prolétariat à la bourgeoisie.

travail, l’ouvrier est représenté comme un robot, un homme machine qui a des rouages à la place du cœur ; celui-ci lui est retiré par un « bourgeois », membre du patronat tandis que son comparse remonte les rouages afin de mettre en route la machine. Le robot humain est sans regard mais harassé par les tâches qu’il accomplit comme le montrent les rides de son front. Son fonction-nement est suggéré par les figures qui se croisent der-rière lui en évoquant des croquis techniques, éléments de machine, engrenages… qui remplaceraient la pensée humaine.

4. Truman souligne la supériorité scientifique des États-Unis rendue possible par le fait que de nombreux scienti-fiques ont quitté l’Allemagne nazie, renforçant ainsi la puissance créatrice des Alliés, mais aussi parce que les États-Unis ont une capacité à investir supérieure à d’autres nations. Dans le cadre d‘une guerre totale, la puissance économique est fondamentale. La victoire finale est liée à cette bataille des laboratoires. Déjà, dès le début de la guerre, les Britanniques ont en quelque sorte gagné la bataille de l’Atlantique grâce au radar qui leur donnait une supériorité technique sur l’Allemagne.

sujet d’étude 1 p. 108-113

Les Curie, une dynastie scientifique

Les commentaires du programme« L’aventure scientifique marque la vie personnelle, pro-fessionnelle et publique des hommes et des femmes qui s’y engagent. L’étude de la famille Curie sur deux généra-tions permet de le montrer. » (BO n° 9 du 1er mars 2012)

Place dans le thèmeCe sujet d’étude peut être abordé en amont de la ques-tion obligatoire. Il permet d’identifier, en s’appuyant sur le domaine de la radioactivité, les conditions des progrès des savoirs scientifiques et de la multiplication des inno-vations techniques qui résultent de l’interaction du travail et de la stratégie de nombreux acteurs. Marie Curie a par ailleurs beaucoup contribué à l’évolution du métier de scientifique : le chercheur remplace la figure tradition-nelle du savant au tournant des années 1930. En aval, ce sujet d’étude incarne et approfondit la question obli-gatoire. La dimension civique de ce sujet d’étude est forte, prolon-

sujet d’étude au cHoixB

gée par l’activité TICE. La dynastie Curie, notamment les femmes de cette dynastie, Marie et Irène, questionne la place des femmes dans la société. Le récit féministe les érige en pionnières. Leur parcours permet surtout d’écrire une histoire mixte qui n’exclut plus les femmes du récit historique, de comprendre les problèmes auxquelles elles ont été confrontées et de s’interroger sur diversité de l’action féministe, féminisme du quotidien ou politique-ment organisé. Il s’agit aussi de déconstruire l’image pieuse de « sainte vierge de la science », en travaillant de façon critique sur la représentation de la savante. En sui-vant les axes de travail de l’histoire du genre, on peut montrer comment se construit socialement et culturelle-ment la différence entre les hommes et les femmes, donc comment les normes de genre s’élaborent. Enfin, leur sens de l’engagement a valeur d’exemple et pose la ques-tion de la responsabilité collective des savants.

Présentation du planLe plan choisi est chronologique : d’abord centré sur le parcours de Marie et Pierre Curie, puis sur celui d’Irène et de Frédéric Joliot-Curie. Les documents se répondent (portraits, documents relatifs à leurs engagements). Le

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pour un siège à l’Académie des sciences. Alors même que la section de physique a voté pour elle, c’est Branly qui l’emporte par 30 voix contre 28, le 23 janvier 1911. La campagne menée par la presse est particulièrement vio-lente : l’enjeu est celui de l’élection des femmes à l’Insti-tut, mais est aussi plus politique après l’affaire Dreyfus. Branly, professeur à l’Institut catholique, apparaît en effet comme le candidat de la tendance conservatrice. Son élection est présentée comme « un devoir scientifique et patriotique ». L’Action française titre « Dreyfus contre Branly ». L’Excelsior déclare le 15 novembre 1910 : « les femmes comme le disait Napoléon ne doivent point s’oc-cuper d’autre chose que de la maternité » et présente le 9 janvier 1911 l’analyse graphologique et anthropomé-trique de Marie Curie.

Doc. 4 : ces extraits des Notes autobiographiques de Marie Curie, rédigées en 1921, permettent de comprendre sa conception de la science, puisqu’elle revient ici sur la question des brevets, mais aussi l’immense reconnais-sance dont elle bénéficie à l’étranger. Elle réalise en effet une tournée aux États-Unis, pour recevoir le gramme de radium que des Américaines veulent offrir à l’Institut du radium. Le voyage est organisé par une journaliste Mary Meloney Brown (Missy pour ses amis). Marie Curie est accueillie avec ferveur dans les colleges féminins et les universités et reçoit la clé du précieux coffret lors d’une cérémonie grandiose à la Maison-Blanche. Elle se prête à la campagne de presse orchestrée à son honneur sur le thème de la lutte contre le cancer et rédige, à la demande de Missy, une biographie de Pierre, ainsi qu’une autobio-graphie.

Doc. 5 : cette photographie prise au front pendant la Première Guerre mondiale montre la diversité des enga-gements de Marie Curie.

Présentation de l’Activité T i C E

Ce site du ministère de la Recherche présente la vie et les travaux de Marie Curie, ainsi que des explications claires et complètes sur le phénomène de la radioactivité. On comprend toute l’originalité de son parcours, ce qui l’a construite. Sa vie est par ailleurs bien connue par ses Notes autobiographiques, et la biographie que lui a consa-crée sa fille, Eve Curie, Madame Curie, publiée en 1938. Née à Varsovie en 1867, Marya Sklodowska est fille d’en-seignants. La Pologne est alors démembrée et subit une politique de russification et de répression intenses. Elle vient d’un milieu de la petite noblesse appauvrie, qui « incarne » la nation polonaise et dans lequel l’égalité des sexes va de soi (notamment dans l’héritage). Elle est ainsi l’héritière d’une tradition dans lequel les femmes sont éduquées et sont capables de se débrouiller seules.Sa mère meurt quand elle a 10 ans. Elle se réfugie dans les études et termine à 16 ans ses études secondaires, mais

but est de montrer les filiations, mais aussi l’évolution des conditions de recherche ou de la nature de leur engage-ment dans un contexte politique bien différent.

a Marie et Pierre Curie : « notre rêve scientifique et humanitaire » (p. 108-109)

Présentation des documents

Les documents retenus permettent de retracer le par-cours de Pierre et Marie Curie, leurs découvertes, mais aussi de comprendre la nature de leur couple et de leur engagement, dans le droit fil d’une conception de la science au « service de l’Humanité ». Ils visent aussi à com-prendre la place des femmes dans la société, la misogynie des milieux scientifiques et comment se construit alors une image de la femme scientifique.

Doc. 1 : Le Petit parisien est l’un des quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre, fondé par Louis Andrieux en 1876 (1 million d’exemplaires dès 1900). La Une du 10 janvier 1904 est consacrée à Pierre et Marie Curie, qui viennent de recevoir avec Becquerel le prix Nobel de physique le 10 décembre 1903, « en reconnais-sance de leurs services rendus, par leur recherche com-mune sur le phénomène des radiations découvert par le professeur Henri Becquerel ». Le couple devient alors célèbre, elle est la première femme à recevoir un prix Nobel. Leurs découvertes suscitent l’engouement du public et du pouvoir politique, comme le montre le docu-ment 2, extrait de l’interview donné par Pierre Curie au journal Le Petit Matin le 20 décembre 1903, alors qu’il vient de refuser la Légion d’honneur. Marie Curie obtient difficilement une reconnaissance : les archives du Comité Nobel montrent que la proposition transmise par l’Acadé-mie des sciences française ne contenait que les noms d’Henri Becquerel et de Pierre Curie : il aura fallu l’inter-vention de celui-ci, suite à l’indiscrétion d’un académicien suédois, pour que le nom de Marie soit ajouté, ce qui ne s’est pas produit pour la Légion d’honneur.

Doc. 2 : le deuxième extrait permet de comprendre le parcours scientifique de Marie Curie après la mort de Pierre en 1906. Ce sont ses travaux personnels qui sont récompensés en 1911 avec un deuxième prix Nobel, cette fois-ci en chimie. Cet hommage à la science est aussi un hommage à Pierre Curie, alors même que sa liaison avec Paul Langevin physicien, ami des Curie, qui a succédé à Pierre à son poste de professeur à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles à la ville de Paris, vient d’être révélée et qu’on la prie de renoncer à son prix, ce qu’elle refuse.

Doc. 3 : la reconnaissance de Marie Curie par la commu-nauté scientifique française ne va pas de soi : l’affiche est publiée en 1910, lorsqu’elle est opposée à Édouard Branly

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Elle est assise, Pierre Curie est debout. Elle est presque présentée comme une simple laborantine, passive, Pierre guidant l’expérience. On a d’ailleurs longtemps vanté ses qualités d’expérimentatrice, suggérant ainsi que les idées ne venaient pas d’elle.

2. Les textes permettent de mieux comprendre la réalité de leur travail en commun.Marie Curie est à l’origine des recherches : elle s’intéresse dès 1898 aux travaux de Becquerel au cours de sa thèse. Les rayons uraniques, nom donné par Henri Becquerel aux rayonnements qui provenaient d’un sel d’uranium et dont il ignorait encore la nature, sont liés à la désintégra-tion de certains noyaux qui libère de l’énergie sous la forme de rayonnement.Ils travaillent ensemble selon un modèle de mariage-compagnonnage, ou « de mariage-association », selon l’expression de Camille Marbo. Alors que Marie Curie entame son travail de thèse, elle ne dispose d’aucun local. Elle sollicite l’aide de son mari qui, en tant qu’enseignant à l’école de physique et de chimie, obtient un laboratoire. Il suit de près le travail de Marie et abandonne en 1898 ses propres recherches pour joindre ses efforts à ceux de sa femme. C’est un modèle de relation conjugale égali-taire. Dans les cahiers d’expériences se mêlent les deux écritures.Les documents illustrent le respect et l’amour réci-proques. Ils sont tous les deux insensibles aux préjugés sociaux. Pierre Curie n’hésite pas à refuser la légion d’hon-neur. Cet état d’esprit lui vient de son éducation, faite à la maison, sous la direction de son père, libre-penseur, lui-même fils d’un saint-Simonien.Pierre et Marie ont su établir des rapports très peu conventionnels pour l’époque. C’est l’ensemble de ces éléments qui ont permis aussi à Marie de faire une car-rière scientifique.

Des avancées majeures (doc. 1 à 5)3. Les conditions de recherche ont considérablement évolué.Dans le document 1, on voit le « hangar » de la rue Lhomond, le local obtenu par son mari. C’est un local au toit vitré, froid et humide l’hiver, très chaud l’été. Marie Curie dépend comme l’ensemble des chercheurs de la bienveillance des industriels pour l’essentiel des matières premières. Elle a été aidée dans ses premières recherches par le baron Henri de Rotschild. Elle a passé des contrats avec des industriels pour trouver les minerais dont elle avait besoin, par exemple Armet de Lisle qui est le fonda-teur de l’industrie du radium en France, même si elle cherche à garantir son indépendance. Elle reprend, à la mort de Pierre, le laboratoire rue Curvier. C’est ensuite la naissance de son « laboratoire », son grand rêve réalisé à partir de 1909, évoqué dans le document 4. La création va être conjointe à l’université de Paris et à

elle n‘envisage pas de se marier, idée naturelle pour les jeunes filles de sa classe sociale. Son avenir est longtemps incertain. Les portes des universités étant fermées aux femmes, Maria participe aux activités de l’« Université volante », une association illégale qui dispense des cours en appartement. Elle découvre les doctrines positivistes d’Auguste Comte qui confortent l’idée chez elle que les sciences sont le moyen naturel d’entrer dans le monde professionnel, de se montrer utile et que l’éducation est une des conditions essentielles de la libération de la Pologne. Sa sœur partie à Paris pour faire des études de médecine, elle se retrouve comme institutrice chez un agronome gérant une exploitation de betteraves et une sucrerie et donne des leçons aux enfants du voisinage en dehors de ses heures de service. Tombée amoureuse du fils de famille, elle est repoussée par cette dernière. C’est à ce moment qu’elle reçoit une invitation de sa sœur à venir à Paris.En 1891, Marya s’inscrit à la Faculté des Sciences de Paris avec vingt-deux autres femmes dont une moitié d’étran-gères (sur 1 825 étudiants). Elle suit à la Sorbonne, les cours de Brillouin, Painlevé, Lippmann et d’Appell. Elle atteint son but en 1893 quand elle obtient son diplôme de physique. Marie est admise au laboratoire de Lippmann et l’année suivante, elle se consacre à l’étude des mathématiques. En 1894, elle rencontre Pierre Curie qui tombe amoureux. Marie hésite une année entière, convaincue que son devoir est de vivre en Pologne avec sa famille, et d’y enseigner. Elle se décide néanmoins à revenir à Paris pour rejoindre Pierre. Le mariage a lieu le 26 juillet 1895, à Sceaux. Elle a vingt-sept ans, il en a trente-six. Irène naît en 1897, un bébé fille meurt à la naissance en 1902, Ève naît en 1904.Elle commence en 1897 ses travaux de thèse sur l’étude des rayonnements produits par l’uranium, à ce moment-là encore appelés rayons uraniques, car on les croit spéci-fiques à cet élément. En parallèle, elle est reçue en 1896 au premier rang de l’agrégation féminine. En 1900, elle devient professeure à l’Ecole normale supérieure de jeunes filles de Sèvres et est la première femme titulaire d’un doctorat de physique en 1903.

Réponses aux questions

Un couple de scientifiques (doc. 1 et 2)1. La Une du Petit journal nous montre comment on per-çoit Marie Curie ou en tout cas l’image qu’on veut en don-ner : elle est vêtue d’une simple robe, les cheveux rassem-blés en chignon strict, ce qui contribue à faire oublier qu’elle est une femme de chair et de sang. L’idée est que la science est une chose sérieuse et que si une femme a pu réussir, c’est qu’elle ne peut être que sérieuse et res-ponsable, par opposition à l’image qu’on peut alors avoir des femmes comme légères et frivoles.

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Histoire68

5. Le travail des Curie est reconnu, du fait de leur valeur scientifique et de leur utilisation médicale :• par les autorités scientifiques : deux prix Nobel en 1903

et 1911 ; présence de Marie Curie au congrès Solvay en 1911 ;

• par la médiatisation que les journaux donnent à leurs travaux : Une du Petit journal, interview dans Le Matin, photo prise par les journalistes lorsque Marie Curie est sur le front ;

• par l’organisation de deux tournées aux États-Unis, en 1921 et 1929. Sa vie se transforme en campagne de publicité permanente en faveur des recherches scienti-fiques et de leur application médicale. Elle utilise sa réputation pour toucher le grand public.

Marie Curie devient donc une figure de la scène publique et médiatique. Cependant, elle se heurte à la misogynie des milieux scientifiques, comme en témoigne son échec à l’Académie des sciences. En 1911, Harvard lui refuse une distinction au motif que depuis la mort de son mari, elle n’a « rien fait d’important ». Sa personnalité a soulevé de vifs débats, notamment lors de la révélation de sa liaison avec Paul Langevin, qui rompait avec son image de « sainte vierge de la science ».

Un engagement au service de l’humanité (doc. 3 à 5)6. Sa conception de la science est celle d’une science au service de l’humanité.Pour cela, ses recherches sont mises à disposition de tous. Elle fait don du gramme de radium qu’elle avait extrait de la roche – d’une valeur de plus de un million de francs. Elle ne dépose pas des brevets sur les secrets chimiques de la fabrication du radium qui auraient pu rapporter à leur couple d’inventeurs une immense fortune. L’État doit par-ticiper et prendre en charge la recherche fondamentale. La recherche physique n’est pas un but en soi, mais est mise au service de la médecine. Il s’agit de vaincre le can-cer grâce à « une alliance d’une science humaniste et d’une médecine scientifique » (Claudius Régaud). Claudius Regaud oriente son laboratoire vers le traitement des cancers par les rayonnements, disposant de l’aide scientifique et technique du laboratoire de Marie Curie. Son objectif est alors d’élaborer une « thérapeutique scientifique du cancer », fondée sur l’articulation de la recherche fonda-mentale, recherche appliquée et clinique. Dès 1919, le Dr Regaud dispose de deux lieux d’hospitalisation. Marie Curie collabore avec lui pour l’application médicale de ses découvertes scientifiques, notamment pour la radiothérapie. Cela porte par exemple sur l’unité de mesure dans laquelle doit être mesurée la quantité de rayonnement radioactif (le Curie). Puis, après l’expérience traumatisante de la guerre, ils mettent en place une fon-dation d’utilité publique, habilitée à recevoir les dons. La lutte de Marie Curie et de Claudius Regaud pour obtenir des moyens supplémentaires débouche sur la création de

l’institut Pasteur, qui a reçu un don très important d’un industriel (30 millions de franc-or) pour construire un centre de traitement du cancer associé à un laboratoire de recherche. Ainsi naît l’Institut du radium, dirigé par Marie Curie pour les recherches sur la radioactivité et par Claudius Régaud, pour les applications médicales. Marie Curie est considérée comme « un grand chef de laboratoire ». C’est un chef d’entreprise, un grand direc-teur de thèse qui met au point des séminaires, s’efforce de trouver des financements pour ses doctorants (système de bourse à l’américaine). Elle accueille beaucoup d’étran-gers et n’hésite pas à ouvrir son laboratoire aux filles, par exemple Irène en 1923. Une nouvelle génération de cher-cheurs émerge grâce à elle. De 1920 à 1940 sort du labo-ratoire Curie un cinquième des articles publiés pendant cette période par les laboratoires parisiens.

4. Le terme de radioactivité a été inventé par les Curie. Le travail de Marie Curie a d’abord consisté à mesurer l’inten-sité des rayons émis par l’uranium : elle trouve l’aide de Pierre, spécialiste de la mesure des faibles charges électri-ques et utilise un électromètre couplé avec une chambre d’ionisation et un piézomètre. Marie Curie observe que deux minéraux à base d’uranium, la pechblende et la chalcolite, apparaissent plus radioactifs que l’uranium et trouve le radium et le polonium. C’est elle qui émet l’hypo-thèse d’après laquelle « la radioactivité est une propriété atomique de la matière et peut fournir une méthode de recherche d’éléments nouveaux ». Aux yeux des chimistes un élément n’existant que s’il a été isolé, présenté à l’état pur et son poids atomique déterminé, elle va se consacrer à l’extraction du radium pur. Pierre se penche plutôt sur l’origine de la radioactivité. Ce sont ces travaux qui sont récompensés par le prix Nobel de 1903. La structure de l’atome vérifiée par la suite et l’explication du rayonnement n’est achevée qu’en 1928, grâce au tra-vail de Rutherford et Gamow (alors même qu’elle est théorisée dès 1905 par Einstein.)Elle obtient un second prix Nobel en chimie pour la déter-mination plus précise du poids atomique du Radium et la production du radium métallique.Les innovations qui en découlent sont importantes : c’est la radiothérapie. Certains rayonnements (rayon gamma) contribuant à détruire les tissus nocifs en les carbonisant. On met au point une bombe à radium pour traiter de la tumeur au cerveau. Depuis, des centaines de milliers de cancers ont été guéris par le radium et les radioéléments (iridium-192, césium-137) qui l’ont remplacé. Elle consiste à appliquer directement des sources radioactives au contact des cellules cancéreuses. Une variante moderne consiste à administrer un radioélément, au moyen d’un produit pharmaceutique, qui s’accumulera dans ces cel-lules. L’usage le plus répandu est celui de l’Iode 131 pour les cancers de la thyroïde.

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693. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

activité BilanMarie Curie contribue à construire une nouvelle vision de la science. Son discours, dans la droite ligne de la pensée positiviste, est assez classique. Elle affirme son amour de la science « avec le désir sans fin de repousser les fron-tières du savoir, de traquer les secrets de la matière et de la vie sans idée préconçue des conséquences éven-tuelles », le désintéressement du savant qui agit pour le bien de l’humanité et qui met ses recherches pour le pro-grès des hommes. Elle reste, par rapport à Pierre Curie qui dénonçait dès 1905 les risques d’utilisation criminel du radium, assez en retrait quant à la réflexion sur la ques-tion de la responsabilité collective des savants. Au-delà, Marie Curie contribue très largement à changer la place des sciences. La figure du chercheur, scientifique profes-sionnel travaillant en équipe supplante celle du savant, scientifique « amateur et individualiste ». Elle fonde un institut et se révèle être une directrice hors-pair. Elle s’est beaucoup intéressée à la question du financement de la recherche qui pour elle incombe aux pouvoirs publics. Le scientifique accède par ailleurs au plus haut rang de la société. Elle fait figure de pionnière et son exemple contribue à changer l’image de la femme dans la société. La légende dorée retient l’image de la « sainte vierge de la science », une femme d’exception, dont le caractère exceptionnel lui a permis de devenir scientifique. Ses détracteurs lors de l’élection à l’Académie des sciences reconnaissaient ainsi que « c’était une femme assez singulière pour avoir du génie dans les sciences ». Il faut faire attention à un modèle présenté comme presque inaccessible aux filles et décom-poser le discours en montrant que cette image répond à une interrogation formulée en termes essentialistes : Comment peut-on être à la fois femme et savante ? On peut donc, en suivant les axes de l’histoire du genre, mon-trer la construction sociale et culturelle de la différence hommes-femmes encore présente dans nos sociétés. Ainsi, au-delà du modèle et de la figure de pionnière, il faut insister sur le fait qu’elle a contribué à changer la place de femme dans la société, essentiellement par un féminisme du quotidien, permettant aux femmes d’em-brasser des carrières scientifiques ou par la modernité du couple qu’elle a formé avec Pierre Curie.

b Irène et Frédéric Joliot-Curie, des scientifiques militants (p. 110-111)

Présentation des documents

Doc. 6 : cette photo anonyme a été prise sans doute en 1934, après l’annonce de la découverte de la radioactivité artificielle, qui vaut au couple le prix Nobel en 1935. On les voit travailler à l’Institut du radium, photo qui peut être comparée au document 1 p 108.

la Fondation Curie en 1920, grâce à une donation du doc-teur Henri de Rothschild. La Fondation Curie est reconnue d’utilité publique l’année suivante : son but est de finan-cer les activités de l’Institut du radium et de contribuer au développement de sa composante thérapeutique. La construction d’un dispensaire, qui ouvre ses portes en novembre 1922 rue d’Ulm, à deux pas du Panthéon, est une de ses premières réalisations.

7. Ses engagements sont multiples, mais elle refuse les engagements partisans, pour privilégier des engage-ments humanitaires et concrets.Pendant la Première Guerre mondiale, elle monte un ser-vice ambulant de radiologie. En 1915, elle réussit avec l’aide la Croix-Rouge à équiper de générateurs de rayons X une vingtaine de voitures, généreusement prêtées par des femmes du monde. Elle obtient son permis de conduire et part régulièrement sur le front réaliser des radiographies. Elle est rejointe par sa fille Irène, âgée de dix-huit ans, qui fait de même dans plusieurs hôpitaux de campagne durant toute la guerre.Ses opinions politiques sont affirmées (indépendance de la Pologne, affaire Dreyfus, droit de vote des femmes), mais ses prises de position publiques sont rares. Sa vie de savante lui paraît plus utile qu’un engagement féministe. Elle cherche ainsi à obtenir les titres que l’Université com-mence à accorder aux femmes, engage des femmes dans son laboratoire. Elle accepte exceptionnellement en 1912 de signer, à la demande de la physicienne féministe Hertha Ayrton, une pétition demandant la libération de suffragistes en grève de la faim dans les prisons anglaises. Elle accepte d’être la présidente d’honneur de l’Associa-tion française des femmes diplômées des universités, créée en 1920, affiliée à la Fédération internationale des femmes universitaires née à Londres l’année précédente.Après-guerre, elle siège à la Commission internationale de Coopération intellectuelle de la SDN. Elle consacre jusqu’à sa mort une part importante de son temps à cette entreprise, contribuant notamment à l’élaboration de textes et de propositions sur le statut du chercheur, la propriété scientifique, les bourses internationales. Elle se fait donc une idée précise des responsabilités poli-tiques et sociales de l’intellectuel : il doit être l’aboutisse-ment d’une démarche rationnelle guidée par la méthode scientifique et non l’expression d’un point de vue privé au service duquel l’intellectuel met sa réputation profession-nelle et sa notoriété. L’esprit de justice n’est pas pour elle un attribut a priori du travailleur intellectuel et elle ne croit pas à l’efficacité de leurs pétitions. Elle utilise cepen-dant sa popularité pour faire avancer ses causes (par exemple celle de l’Institut du radium). C’est donc sa vie qui est une manifestation de ses engagements, plus que ses prises de positions publiques.

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dient les interactions entre des éléments radioactifs (polonium et radium) et des éléments légers comme l’aluminium et le Bore. En bombardant l’aluminium avec des rayons alpha, ils produisent du phosphore radioactif. Ils multiplient les expériences et produisent de l’azote radioactif à partir du bore, du silicium radioactif à partir du magnésium, etc. La découverte est de taille : c’est la radioactivité artificielle, c’est-à-dire qu’il est possible de synthétiser de nouveaux éléments radioactifs qui n’existent pas à l’état naturel, ce qui leur vaut le prix Nobel de chimie en 1935. Joliot-Curie en expose toutes les implications, dans le discours qu’il prononce lors de la remise de son prix Nobel : « Nous sommes en droit de pen-ser que des chercheurs construisant ou brisant les éléments à volonté sauront réaliser des transmutations à caractère explosif, véritables réactions chimiques en chaîne. Si de telles transmutations arrivent à se propager dans la matière, on peut concevoir l’énorme libération d’énergie… ».

11. Le principe de la fission (découvert par Otto Hahn, Lise Meitner et Fritz Strassmann en 1938) et de la réaction en chaîne en 1939 par Frédéric Joliot-Curie, Hans Halban et Lew Kowarsky, suivi par Fermi et Szilard ouvre la voie à deux grandes applications : • l’énergie nucléaire: Joliot-Curie est ainsi le créateur de la

première pile atomique française Zoe, en 1948 ; • la bombe atomique, mise au point par les Américains

avec le projet Manhattan. Les scientifiques comprennent assez rapidement l’impli-cation de leurs découvertes et mesurent leurs responsa-bilités de chercheur. Ainsi, ils cessent de faire publier leurs travaux afin qu’ils ne soient pas utilisés à des fins militaires. Joliot-Curie exprime ensuite son hostilité aux recherches conduites en vue d’acquérir la bombe atomique. Après l’appel de Stockholm en 1950, il est renvoyé du CECA.

12. L’État joue un rôle nouveau dans la recherche scienti-fique, ce que montre notamment le parcours des Joliot-Curie : • Création par Léon Blum en 1936 d’un sous-secrétariat à

la Recherche, à la tête duquel est nommé Irène. • Nomination, en 1937 de Frédéric comme professeur de

chimie nucléaire au Collège de France et directeur du laboratoire de synthèse atomique de la Caisse nationale de la recherche scientifique (à Ivry). C’est une agence fondée en 1934, dotée encore de moyens dérisoires.

• Création du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), en 1939 afin de « coordonner l’activité des laboratoires en vue de tirer un rendement plus élevé de la recherche scientifique ». Le CNRS est né de la fusion entre la Caisse nationale de la recherche scientifique et une grande institution de laboratoires et de chercheurs, le Centre national de la recherche scientifique appli-quée. Elle a été préparée par Jean Zay avec l’aide des sous-secrétaires d’État à la recherche, Irène Joliot-Curie

Doc. 7 et 8 : les deux documents datent de l’année 1936, alors qu’Irène vient d’être nommée sous-secrétaire d’État à la recherche. Le Petit journal lui consacre sa 4e de couver-ture. C’est un photomontage, qui intégrait originellement en arrière-plan Frédéric Joliot-Curie qui a ici disparu. Irène est photographiée à l’Institut du radium. En contrepoint, la journaliste Andrée Viollis dresse, dans le document 8, un portrait d’Irène. La confrontation des deux documents permet de comprendre là encore comment des normes de genre s’imposent.

Doc. 9 et 10 : les deux documents sont consacrés à Joliot-Curie et montrent l’importance de ses découvertes et la nature de son engagement : l’affiche du film, La Bataille de l’eau lourde, réalisé en 1948, rappelle son engagement dans la résistance et dans la lutte pour que les Allemands ne contrôlent pas les composants nécessaires à la bombe atomique. La photo prise lors de l’inauguration de la pile atomique Zoé (pour puissance Zéro, Oxyde d’uranium, Eau lourde) rappelle qu’il est le père de la première pile atomique française, destinée à la production d’énergie nucléaire. Pour l’anecdote, Lew Kowarski avait songé l’ap-peler “French Low Output Pile”, le nom ne fut pas retenu car les initiales ne laissaient rien présager de bon : FLOP !

Réponses aux questions

Un mariage-compagnonnage sur le modèle de Pierre et Marie Curie (Biographie, doc. 6 à 8)8. Irène et Frédéric Joliot-Curie se sont rencontrés en 1925, lorsque Joliot-Curie entre comme préparateur à l’Institut du radium. Il arrive de l’Ecole de physique et de chimie, recommandé par Langevin. Le mariage, unique-ment civil, est célébré en 1926.

9. Ils forment un couple égalitaire sur le même modèle que Pierre et Marie Curie : • Frédéric a trois ans de moins qu’Irène, ce qui renverse

l’écart d’âge traditionnel. • Il n’a qu’un diplôme d’ingénieur et un salaire de prépa-

rateur. Elle a déjà terminé sa thèse.• Irène n’abandonne pas le nom de ses parents. Fait

exceptionnel, la presse prend l’habitude d’appeler Irène « Joliot-Curie », ainsi que son mari à partir de 1930.

• C’est un couple fusionnel et moderne qui partage des activités, mais aussi les mêmes goûts, pour le sport, l’art et la politique.

• Le couple a deux enfants : Hélène, née en 1927, et Pierre, né en 1932. Frédéric est un père très présent et se charge parfois des enfants pendant de longs mois quand Irène doit partir à la montagne se soigner.

Des travaux dans le prolongement de ceux de Pierre et Marie Curie (doc. 6, 9 et 10)10. Irène et Frédéric Joliot-Curie mènent des recherches dans la suite de celles réalisées par Marie Curie. Ils étu-

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ments politiques. Leur engagement se traduit aussi par une série d’actions :• Les Joliot-Curie, membres de la SFIO, s’engagent,

comme beaucoup de scientifiques de leur entourage et soutiennent le combat antifasciste et celui des Républicains espagnols.

• Irène Joliot-Curie appuie la cause féministe et défend avant tout le droit au travail des femmes, comme élé-ment essentiel de leur émancipation. Elle défend un droit de vote par étape, car elle considère le droit de vote comme une « mesure de justice » qui a été « trop longtemps différée » mais craint un vote réactionnaire des électrices. En juin 1936, Irène Joliot-Curie est une des trois femmes appelées au gouvernement. Elle affirme que si elle a accepté « c’est surtout pour servir la cause du travail féminin, si menacée aujourd’hui dans tous les pays ». Affaiblie par ses problèmes de santé, impatiente de reprendre ses recherches, elle démis-sionne trois mois après sa nomination, cédant la place à son ami Jean Perrin.

• Ils dénoncent les accords de Munich. Dernier engage-ment d’avant-guerre, Irène Joliot-Curie préside l’Union des intellectuels français pour la justice, la liberté et la paix, qui veut rappeler aux « intellectuels égarés » que « la non-résistance tourne invariablement au profit de la force et de l’oppression ».

• Dès 1940, la résistance va de soi pour la physicienne et son entourage. Joliot-Curie envoie ses collaborateurs juifs en Angleterre, en même temps que les réserves d’eau lourde qu’il a réussi à obtenir de Norvège. Il reste à Paris dans son laboratoire et s’engage vers la résistance communiste à partir de 1941. Il prend part à l’insurrec-tion de Paris en août 1944.

• Après la guerre, leur engagement communiste est plus marqué. C’est aussi une action pacifiste contre la bombe nucléaire américaine.

activité BilanVoir tableau ci-dessous.

puis Jean Perrin. Joliot-Curie en est nommé directeur du 20 août 1944 au 3 février 1946.

• Fondation du CEA : le 18 octobre 1945, le général de Gaulle signe l’ordonnance de création du Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA). Le 3 janvier 1946, Raoul Dautry est nommé administrateur général, Frédéric Joliot-Curie Haut-commissaire. Irène Joliot-Curie est naturellement de la partie, ainsi que Francis Perrin, Lew Kowarski, Bertrand Goldschmidt, et autres scientifiques de haut niveau, dont un bon nombre revient d’exil. Faute de locaux, le CEA s’installe dans l’ancien fort mili-taire de Châtillon, à Fontenay-aux-Roses. Puis, ils vont installer le site à Saclay. Joliot lance la construction d’un accélérateur Van De Graaf (inauguré en 1952), d’une nouvelle pile (EL2, 1952) puis d’un cyclotron (1953). Irène participe à Orsay aux travaux d’installation d’un accélérateur de particules, le synchrocyclotron à pro-tons de 150 MeV. L’équipement sera commun à l’Institut du radium, au CNRS et à l’Ecole normale supérieure. Les fondements sont posés de ce qui deviendra 50 ans plus tard la « vallée des cerveaux », concentration de grandes écoles, d’instituts, de laboratoires universitaires et d’in-dustriels au nord de l’Essonne. En 1955, les plans du futur laboratoire de physique nucléaire d’Orsay sont ter-minés et les travaux démarrent en 1956.

L’implication publique des chercheurs (doc. 7 à 10)13. Les Joliot-Curie vivent dans un contexte politique très différent de celui de Pierre et Marie Curie, morte en 1934, ce qui favorise une prise de conscience et engage-ment plus militant. • Montée du fascisme et des tensions internationales,

notamment la guerre civile en Espagne, à partir de 1936. • Élection en juin 1936 du Front Populaire, avec à sa tête

Léon Blum. • Puis, Seconde Guerre mondiale.

14. Leur engagement est plus militant car ils n’hésitent pas à exprimer leur opinion politique, à soutenir certaines causes et à participer activement à différents mouve-

Le parcours des couples Pierre-Marie Curie et Irène- Frédéric Joliot-CurieContinuités Ruptures

• Des couples de scientifiques, dans le domaine de la radioactivité.• Des découvertes fondamentales dans ce domaine ce qui leur

valent une reconnaissance internationale (3 prix Nobel).• Des couples égalitaires, avec un mariage compagnonnage,

ou mariage-association. • Des couples médiatisés et médiatiques qui utilisent leur

popularité pour faire avancer leurs causes. • Une reconnaissance difficile du rôle des femmes dans le domaine

scientifique (Irène doit attendre 1937 pour devenir maître de conférences, 1945 pour devenir professeur) et construction de stéréotypes sur les femmes scientifiques.

• Nouvelles structures de recherche avec un rôle de l’État qui devient plus important : mise en place, avec les Joliot-Curie, des structures actuelles de la recherche fondamentale qui devient un enjeu politique depuis la Seconde Guerre mondiale.

• Dans un contexte différent, mais aussi du fait de la nature de leurs découvertes (principe de la radioactivité naturelle, de la fission et de la réaction en chaîne), les Joliot-Curie assument de nouvelles responsabilités politiques et sociales.

• La responsabilité du chercheur dans des innovations qui peuvent être destructrices est posée.

• L’intellectuel doit mettre en avant sa réputation professionnelle et sa notoriété au service d’une cause, avec l’expression claire de ses opinions politiques et un engagement plus militant.

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d’une Journée internationale des femmes lors de la deu-xième conférence internationales des femmes socia-listes à Copenhague en 1910. Elle commémore la lutte des femmes pour l’émancipation et l’égalité, à travers des figures marquantes de l’histoire des femmes, se veut une invitation à découvrir une histoire peu connue et contribue à la constitution d’une mémoire collective. En 1982, pour le premier 8 Mars officiel, soixante portraits géants de femmes « ayant marqué l’histoire du fémi-nisme » sont présentés dans la gare Saint Lazare à Paris et constituent une sorte de « féminisme d’État ». Ils sont repris en 2002, la mairie de Paris recyclant l’expo-sition de 1982 au Panthéon. La Journée de la femme de 2002 associe au portrait central de Marie Curie, alors entrée au Panthéon, ceux de femmes, considérées comme des figures marquantes du combat féministe ou « des pionnières » qui inaugurent une rupture dans l’ordre ordinaire de la répartition sexuée des choses. Elles incarnent souvent des valeurs ou un modèle. L’histoire des femmes avance aujourd’hui dans d’autres voies, en montrant la réalité d’une histoire mixte et la façon avec laquelle se construit socialement et culturel-lement la différence entre les hommes et les femmes. • Charlotte Delbo (1913-1985) : femme de lettres fran-

çaise et résistante qui a vécu la déportation. Elle tra-vaille après la guerre pour l’ONU et le CNRS.

• Solitude (1772-1802) : figure historique de la résistance des esclaves noirs en Guadeloupe. Solitude a existé, mais ce que l’on sait d’elle relève principalement de la légende.

• Colette (1873-1954) une romancière française, symbole de la femme émancipée.

• Maria Deraismes (1828-1894) féministe et femme de lettres française. Elle est la première femme à avoir été initiée à la franc-maçonnerie à la fin du xixe siècle.

• Olympe de Gouges (1748-1793) femme de lettres française, devenue femme politique : auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des Noirs.

• Simone de Beauvoir (1908-1986) : philosophe, elle est une théoricienne importante du féminisme, et a parti-cipé au mouvement de libération des femmes dans les années 1970.

• George Sand (1804-1876) : pseudonyme d’Amantine Aurore Lucile Dupin, romancière et femme de lettres françaises , au centre de la vie intellectuelle de son époque. Elle a fait scandale par sa vie amoureuse agi-tée et par sa tenue vestimentaire masculine dont elle a lancé la mode. Elle s’est aussi illustrée par un engage-ment politique actif à partir de 1848.

• Louise Michel (1830-1905) : préoccupée très tôt par l’éducation, elle enseigne quelques années avant de se

Recherche T i C E (p. 112)

La Recherche TICE est centrée sur une réflexion concer-nant Marie Curie et le féminisme et tente de comprendre le modèle de « sainte vierge de la science » qu’elle a pu représenter. Il s’agit donc à la fois de montrer ce qui constitue le modèle (la figure de pionnière qui constitue une rupture dans l’ordre ordinaire de la répartition sexuée des rôles) et comment le modèle se diffuse par un récit mémoriel postérieur aux faits qui met en scène le caractère pionnier des parcours, attitudes et opinions. En contrepoint, les écrits plus personnels, tels que la correspondance familiale et les journaux intimes, per-mettent de mieux comprendre la réalité de ce person-nage, en dehors du mythe.

Activité 11. Le discours de François Mitterrand a été prononcé en 1995 lors du transfert des cendres de Pierre et Marie Curie au Panthéon : http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_du_transfert_des_cendres_de_Pierre_et_Marie_Curie_au_Panth%C3%A9on2. Marie Curie est la première femme qui entre au Panthéon, à titre personnel (la première admise, par ordre chronologique, a été Sophie Berthelot, pour ne pas la séparer de son mari, le chimiste Marcellin Berthelot). Elle est reconnue pour ses mérites, qui font d’elle un « de ces grands noms qui donnent à la France sa part de grandeur », notamment pour : • « L’une des grandes aventures scientifiques du siècle » :

« l’œuvre de Pierre et Marie Curie est continue. Sa fécondité ne se dément pas. Elle édifie peu à peu le socle sur lequel la physique atomique et la biologie moléculaire prendront leur essor. »

• « Les vertus communes de ces deux êtres trop tôt sépa-rés : l’ardeur et l’enthousiasme, l’obstination dans l’ef-fort, la rigueur et la mesure en toute chose, le goût du recueillement et la force de la solitude. Un trait les rap-proche plus que tout autre : le désintéressement qui est, à leurs yeux, le fondement de toute éthique scien-tifique ».

• « Le courage, la générosité, l’esprit de solidarité de Marie Curie », « le combat exemplaire d’une femme qui a décidé d’imposer ses capacités dans une société qui réserve aux hommes les fonctions intellectuelles et les responsabilités publiques, enfin, qui les réserve trop souvent. »

Le discours se veut aussi une apologie de la science contre les « forces de l’obscurantisme et contre l’escla-vage de l’ignorance ». 3. La Journée du 8 mars a été instaurée en 1982, par un gouvernement de gauche, en lien avec la création d’un ministère du Droit des femmes, dirigé par Yvette Roudy. Son origine remonte à une grève faite par des ouvrières américaines en 1857 ou à la création par Clara Zetkin

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leurs amis bénéficient des cours dispensés dans la « coo-pérative d’enseignement » par les parents eux-mêmes : Marie Curie en physique, Jean Perrin en chimie, Paul Langevin en mathématiques, Henriette Perrin en fran-çais… Ils mettent en place une pédagogie innovante. C’est seulement deux ans avant le baccalauréat qu’Irène est inscrite dans un établissement qui y prépare, le col-lège Sévigné. Marie Curie a par ailleurs favorisé la car-rière scientifique en l’intégrant à l’Institut du radium.4. L’élève peut mettre en valeur les conceptions éduca-tives des Curie, la stimulation intellectuelle constante, le modèle qu’a pu représenter leur engagement, la force de caractère de ces femmes.

Des articles et des ouvrages d’histoirechristine Bard, « Marie curie et irène Joliot-curie. le fémi-nisme arcouestien », Revue de la Bibliothèque nationale de France, n° 32, juin 2009, pp. 31-41.christine Bard, « Marie et irène scientifiques et féministes », La Recherche, n° 423, oct. 2008, pp. 60-62.Françoise Balibar, Marie Curie : Femme savante ou Sainte Vierge de la science ?, Paris, Découvertes Gallimard, 2006.M. Bordry, Radvanyi, Œuvre et engagement de Frédéric Joliot-Curie, Paris, EDP, 2001.M. chouchan, Irène Joliot-Curie ou la science au Cœur, Paris, livre de Poche, 1998.F. Grard, E. cerisier, J.-c. Pomerol, Marie Curie, une femme de science, Paris, 2011.c. Kerner, n. casanova et G. anderson, Des femmes prix Nobel de Marie Curie à Aung San Suu Kyi, 1903-1991, 1992.M. Pinault, Frédéric Joliot-Curie, Paris, Odile Jacob, 2000.M. Pinault, Marie Curie, une intellectuelle engagée ?, clio, Histoire, femmes et société, 2006. R. Pflaum, Marie Curie et sa fille Irène, Paris, Belfond biogra-phie, 1996.P. Radvanyi, Les Curie : Pionniers de l’atome, Paris, Belin, coll. « les Génies de la science », 2005.R. Reid, Marie Curie derrière la légende, Paris, Seuil, Points Sciences, 1979.J. trotereau, Marie Curie, Gallimard, 2011.

À écouterhttp://www.franceculture.fr/player/reecouter?play= 4234001 : deux auteurs qui ont livré une biographie de Marie curie, la physicienne et historienne des sciences Françoise Balibar, professeur à l’Université Paris-Diderot, auteur du livre Marie Curie. Femme savante ou sainte vierge de la science ?, paru dans la collection Découvertes Gallimard, et la journaliste Jeanine trotereau, qui vient d’écrire le livre Marie Curie, paru chez Gallimard.

Des romans, des témoignages ou livres pour la jeunesseB. labbé, Marie Curie, Paris, Milan, 2011.M. chouchan, Irène Joliot-Curie ou la science au Cœur, Paris, livre de Poche, 1998.F. Giroud, Une femme honorable, Paris, Poche, 2003 (téléfilm de 1990).Eve curie, Madame Curie, Paris, Folio, 1981.P. Biquard, Frédéric Joliot-curie et l’énergie atomique, Paris, Seghers, 1961, réédition l’Harmattan, 2003.

Pour AllEr loin

rendre à Paris en 1856. À 26 ans, elle y développe une activité littéraire, pédagogique, politique et activiste importante. C’est une des figures majeures de la Commune de Paris, qui est déportée en Nouvelle-Calédonie. Elle devient une grande figure de l’anar-chisme.

4. Dans cette activité, l’élève est amené à rédiger un hommage à une de ces femmes. L’activité doit l’amener à prendre conscience de l’histoire des femmes, que les femmes ont une histoire et que les femmes ont fait l’his-toire, mais aussi « les biais masculinistes », expression de Christine Bard qui les en ont exclues (par exemple dans l’histoire de la Résistance), et enfin la construction de normes qui leur sont appliquées (exemple Marie Curie, « sainte Vierge de la science »).

À lireChristine Bard, Les usages politiques de l’histoire des femmes : http://www.archivesdufeminisme.fr/article.php3?id_article=79

Activité 2Cette émission de radio, réalisée en 2011 lors de l’année internationale de la Chimie proclamée par l’ONU et le centenaire du prix du prix Nobel de Chimie remis à Marie Curie, vise à s’emparer du personnage de Marie Curie dans sa globalité : la jeune femme, l’épouse, la mère, l’être humain derrière le masque de la chercheuse souvent représentée vêtue de noir, une icône de la science au regard dur, perçant, réputée austère, insen-sible et rigoureuse.Elle repose sur les lettres échangées entre la mère et ses filles Irène et Eve, rassemblées dans un livre, qui nous plongent dans leur intimité familiale et rapportent petits et grands événements de leur vie, jusqu’au décès de Marie Curie, en 1934. 1. Marie-Christine Barrault qui a incarné le personnage de Marie Curie dans un film en 1989 et Irène Jacob, fille du physicien Maurice Jacob, sont les actrices qui prêtent ici leur voix à ces deux femmes illustres, et avec les com-mentaires d’Hélène Langevin, physicienne, fille d’Irène Joliot-Curie. 2. Elles témoignent des liens harmonieux qui ne ces-sèrent de se développer entre elles, au fil des ans. Les lettres parfois très courtes ne correspondent qu’au besoin sentimental de suppléer à l’absence d’un être qui vous est cher (« ma douce mé », « ton Irène qui t’aime »). Parfois longues, elles témoignent de préoccupations variées. 3. Il y a une imbrication constante de la vie familiale et des sciences (des lettres sont consacrées à la résolution d’équations). La question de l’éducation est par ailleurs centrale chez les Curie : Irène et Eve bénéficient des conceptions libérales de ses parents en matière d’éduca-tion. En 1908 et 1909, les enfants des Curie et ceux de

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l’émergence d’un nouveau modèle de recherche, en s’in-téressant aux hommes qui ont conduit l’aventure et à leurs motivations. Une rupture s’opère lors du premier test sur le site d’Alamogordo en juillet 1945 : les scienti-fiques, jusque-là lancés dans une « aventure technico-industrielle » se rendent compte du pouvoir de destruc-tion de l’arme qu’ils ont conçue. Robert Oppenheimer dit alors : « Un texte de sanskrit que j’avais lu à Berkeley me revient brusquement à la mémoire « Maintenant, je suis devenu un compagnon de la mort, un destructeur des mondes ». La deuxième partie s’ouvre sur les interrogations nou-velles des scientifiques quant aux conditions d’utilisation de la bombe atomique. Après les explosions d’Hiroshima et Nagasaki, elle montre la remise en cause de toute l’orientation de leurs travaux. Ainsi, les « pères » de la bombe atomique, comme Einstein, Szilard, Oppenheimer, se prononcent contre son utilisation et participent à diffé-rents mouvements pour la paix, par hostilité fondamen-tale aux armes atomiques.

a L’entrée dans l’ère nucléaire (p. 114-115)

Présentation des documents

L’ensemble documentaire doit permettre de comprendre dans quel contexte le projet Manhattan prend naissance et comment on passe de la volonté de produire la bombe à sa construction, en analysant les étapes, acteurs et conditions scientifiques.

Doc. 1 : la lettre adressée par Albert Einstein au Président Roosevelt en 1939 l’informe des possibilités de fabriquer des bombes d’un type nouveau, grâce aux avancées de la recherche scientifique et l’inciter à constituer un groupe de recherche. Elle est jointe à un dossier constitué par Léo Szilard sur les recherches nucléaires. Le parcours de ces hommes permet de comprendre leurs motivations. Albert Einstein est d’abord un scientifique. Ses théories, notamment la loi de la relativité (E= MC²), encouragent la recherche fondamentale. C’est à l’origine un pacifiste qui dénonce dès 1914 tout nationalisme et échafaude avec d’autres pacifistes des projets de paix garantie par une organisation supranationale. Après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, il s’exile aux États-Unis et s’installe à l’université de Princeton où il est rejoint par deux scientifiques d’ori-gine hongroise, Edward Teller et Leo Szilard. Son antifas-cisme le conduit à soutenir la démarche de Léo Szilard. Ce dernier est un scientifique juif d’origine hongroise, qui a quitté la Hongrie pour Berlin, pour fuir le régime antisé-mite d’Horthy. Il travaille avec Einstein et s’enfuit en 1933 à Londres, puis à New York en 1935 pour fuir les persécu-tions nazies. Après la découverte de la fission nucléaire par Otto Han, Lise Meitner et Fritz Strassmann, il com-prend en même temps que l’équipe de Joliot-Curie les

Des BDian Graham, David antram, Magali Germinet, Marie Curie et la découverte de la radioactivité, 2009.chantal Montellier et Renaud Huynh, Marie Curie : La fée du radium, 2011.

À voirJean noël Fenwick, Les Palmes De M. Schutz, (théâtre, 1989), cinéma, adaptation claude Pinoteau, 1997. Mervyn le Roy, albert lewin, Madame Curie, 1943.

sujet d’étude 2 p. 114-119

Le projet Manhattan : la science en débat

Les commentaires du programme« On présente le projet Manhattan. On montre à cette occasion que l’utilisation de la science et de l’innovation technique soulève également la question de la responsa-bilité des scientifiques. » (BO n° 9 du 1er mars 2012)

Place dans le thèmeCe sujet d’étude peut être abordé en amont de la ques-tion obligatoire. Il permet d’identifier, dans le domaine de la physique nucléaire, les conditions des progrès des savoirs scientifiques et de la multiplication des innova-tions techniques qui résultent de l’interaction du travail et de la stratégie de nombreux acteurs. Il pose surtout la question de la responsabilité des scientifiques. Avec l’atome, les scientifiques ont ouvert une nouvelle ère pour l’humanité, en offrant à l’homme les moyens de son autodestruction, une nouvelle ère dans l’histoire des sciences avec le développement de la physique nucléaire qui connaît de multiples développements après 1945 (par exemple l’énergie), ainsi qu’une nouvelle ère dans les relations internationales (la guerre froide). L’ampleur de leur pouvoir provoque une crise de conscience et une remise en cause de l’idée de progrès continu de l’huma-nité, grâce aux progrès de la pensée scientifique, comme on le pensait depuis le xixe siècle. En aval, ce sujet d’étude incarne et approfondit la question obligatoire.La dimension civique de ce sujet d’étude est forte, prolon-gée par la Recherche TICE. L’étude du fait nucléaire est toujours d’actualité. Cette activité amène les élèves de cette filière ST2S à réfléchir aux enjeux actuels de la recherche scientifique (la génétique par exemple) et à réfléchir à leurs responsabilités de citoyen.

Présentation du planLa première partie est axée sur l’aventure scientifique, de l’impulsion donnée par Einstein pour inciter les États-Unis à se lancer dans la recherche nucléaire, à l’explosion de la première bombe nucléaire américaine, le 16 juillet 1945. Il s’agit de comprendre comment on est passé aussi rapide-ment de la découverte scientifique à l’application avec

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753. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

versité de Berkeley, c’est en effet un théoricien et un intel-lectuel (il a par exemple étudié le sanskrit et les philoso-phies orientales), qui n’a pas d’expérience pratique et qui est par ailleurs connu pour ses liens avec les commu-nistes. Ils choisissent d’installer un laboratoire de recherche à Los Alamos. On les voit après l’explosion de la première bombe nucléaire Gadget, équivalent à 20 000 tonnes de TNT, dans le désert du Nouveau-Mexique à 350 km de Los Alamos. On peut noter sur la photo leurs sur-chaussures blanches qui doivent empêcher la poussière radioactive de s’accrocher aux semelles. Le mouvement des corps et l’expression des visages permet-tent de s’inter-roger sur leurs relations et leurs réactions.

Réponses aux questions

Aux origines de la bombe atomique (Repères, doc. 1)1. Le contexte est marqué par la montée des tensions dans les relations internationales. Hitler arrive au pouvoir en 1933 en Allemagne, instaure une dictature et conduit une politique d’exclusion qui oblige la plupart des scien-tifiques juifs à s’exiler (Einstein, Szilard par exemple). Il multiplie les coups de force qui renforcent son pouvoir : avec l’annexion des Sudètes en 1938, puis la création du protectorat de Bohême-Moravie en mars 1939 et la créa-tion de la République Slovaque, État satellite de l’Alle-magne, il contrôle les mines d’uranium qui peuvent four-nir le matériel fissible. En août 1939, la tension monte d’un cran, avec les revendications d’Hitler sur le couloir de Dantzig. La signature d’un traité d’assistance entre la Pologne, la Grande-Bretagne et la France rend la guerre possible.

2. Einstein tient à informer le président des États-Unis des progrès scientifiques dans le domaine de la recherche nucléaire, notamment des travaux de Joliot-Curie, Fermi et Szilard qui permettent d’envisager la réaction en chaîne, et donc la possibilité de fabriquer des bombes d’une puissance sans équivalent. Les recherches conduites par les Allemands, leur contrôle des ressources d’uranium qui laisse entendre que l’Allemagne pourrait faire un usage militaire de leur connaissance dans le domaine de la fission, suscite alors la mobilisation des scientifiques. L’objectif d’Einstein est donc d’obtenir un financement supplémentaire pour les recherches dans le domaine du nucléaire, mais surtout de coordonner les travaux des scientifiques pour renforcer leur efficacité, avec l’impul-sion du pouvoir politique. L’objectif est en partie atteint (6 000 dollars pour les recherches, création d’un comité consultatif pour l’uranium qui est l’ancêtre du projet Manhattan). Les fonds sont cependant peu importants. L’implication de l’État américain est ensuite croissante, du fait des dangers grandissants (juin 1941 : invasion de l’URSS par l’Allemagne). Le projet de recherche est donc ensuite impulsé par l’Office of Scientific Research and

principes de la fission en chaîne et il est sans doute le premier à avoir eu le pressentiment d’une utilisation du nucléaire à des fins militaires. C’est pourquoi il cherche l’appui d’Einstein, scientifique reconnu, pour présenter sa requête au président des États-Unis. Il a dû cependant vaincre ses réticences. La lettre ne parvient à Roosevelt qu’en octobre, en raison de l’invasion de la Pologne par l’armée allemande.

Doc. 2 : cette peinture à l’huile, conservée au Chicago Historical Society, qui montre l’expérimentation de Fermi en décembre 1942, jugée à ce point importante qu’un tableau l’immortalise. Il s’agit en effet de la première réac-tion en chaîne. Enrico Fermi est un scientifique d’origine italienne, qui avec sa prestigieuse équipe de Rome, les « ragazzi de Panisperne », est la premier à produire des radioéléments artificiels en grande quantité, en utilisant, à partir de l’expérience des Joliot-Curie, des neutrons comme projectiles plutôt que des particules alpha. À la fin de l’année 1939, craignant pour sa femme de confes-sion juive, Fermi profite de son séjour en Suède où il reçoit son prix Nobel, pour émigrer aux États-Unis. Le document illustre aussi l’urgence dans laquelle le projet Manhattan a été réalisé. La première pile atomique du monde devait en effet être construite dans la forêt d’Ar-gonne, à 25 km de Chicago. Un montage expérimental avait été mis en place sous le stade de squash de l’univer-sité de Chicago, qu’on n’hésite pas à utiliser, malgré les risque de radioactivité, les travaux de l’Argonne ayant pris du retard.

Doc. 3 : cette carte montre l’importance du complexe militaro-industriel nécessaire à la réalisation de la bombe atomique. Elle peut être mise en relation avec le Doc. 4, une photo de l’usine d’Oak Ridge, construite à partir de 1943 afin de produire les quantités d’uranium 235, le matériel fissible nécessaire à la production de la bombe. Il s’agit de la seconde usine construite sur le site (la K 25) qui doit procéder à la séparation de l’uranium 235 par diffu-sion gazeuse. Une filiale de Kellogg fut chargée de ce pro-jet. Union Carbide and Carbon Corporation prit en charge le fonctionnement de l’usine. Un an après la fin de la guerre, 275 millions de dollars avaient été dépensés pour ce projet.

Doc. 5 : cette photo prise le 16 juillet 1945 est cadrée sur Robert Oppenheimer et du général Leslie Groves, deux acteurs majeurs du projet : Groves a été nommé en sep-tembre 1942 à la tête de la nouvelle organisation du Manhattan Engineering District. C’est un militaire, sorti de West Point, qui a une solide formation d’ingénieur et est alors commandant en second du service des construc-tions du génie militaire. Il obtient en octobre la nomina-tion d’Oppenheimer à la direction scientifique du projet, ce qui surprend beaucoup de monde. Professeur à l’uni-

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conduites par le Maud Committe britannique montrent dès 1941 que l’uranium 235 est la composante fissible de l’uranium naturel, qu’il est possible de la produire industriellement et à partir d’une dizaine de kilos de fabriquer une bombe de forte puissance. Par ailleurs, en mai 1941 à Berkeley, on isole le plutonium 239, qui se forme par une action des neutrons sur l’isotope 238 de l’uranium, plus favorable à la fission que le 235.

• Produire la réaction en chaîne (et non plus simplement l’observer), ainsi que des quantités suffisantes d’ura-nium 235 et de plutonium. Plusieurs méthodes sont définies par : séparer l’uranium 235 de l’uranium par centrifugation, par diffusion ou par procédé électroma-gnétique ; obtenir le plutonium soit dans une pile ura-nium plus graphite, soit dans une pile uranium plus eau lourde.

4. L’année 1942 correspond à un tournant dans la recher-che, avec la pile atomique de Fermi qui marque le début de l’ère nucléaire. Ce réacteur est constitué de l‘empile-ment de 50 000 briques de graphite pur à l’intérieur duquel sont placés des cylindres d’oxyde d’uranium 235. Le graphite est destiné à remplir la même fonction que l’eau lourde, ralentir le mouvement des neutrons émis par les atomes d’uranium sujets à fission, de façon à accroitre leur efficacité. Il a été prévu que lorsque l’édifice attein-drait la taille de 7 m la réaction s’amorcerait dès le retrait de la barre de contrôle en cadmium qui est un élément neutrophage. La masse critique est atteinte le 2 décembre. Celle-ci a permis de produire un demi-watt d’énergie et dégage de la radioactivité.L’autre enjeu est en effet la production du plutonium. L’expérience ayant réussie, le site de Hanford qui est choisi pour 3 grandes piles de production de plutonium, les réacteurs sont élaborés par le laboratoire de Chicago.

5. Le projet Manhattan montre différents aspects du tra-vail scientifique :• Les scientifiques travaillent dans des équipes pluridisci-

plinaires et internationales, animées souvent par plu-sieurs prix Nobel. Le laboratoire de Chicago qui a pour tâche de produire une réaction en chaîne et de montrer comment on peut séparer chimiquement le plutonium emploie 80 personnes en février 1942, sous la direction de Fermi et de Szilard. À Los Alamos, la concentration de savants est impressionnante, rassemblant un ou plu-sieurs prix Nobel. La réflexion est axée sur l’architecture de la bombe, c’est-à-dire la masse critique d’explosif nécessaire pour obtenir une réaction en chaîne et aux mécanismes déclenchant la fission nucléaire et la réac-tion en chaîne sans risque d’explosion prématurée.

• C’est d’abord une recherche fondamentale, avec un travail théorique poussé, observation et formulation d’hypothèses, expérimentation pour reproduire ce qui a été observé, par exemple pour obtenir la réaction en

Development (OSRD), créé le 28 juin 1941, pour « coor-donner, superviser et conduire la recherche scientifique sur les problèmes sous-jacents à la conception, à la pro-duction et à l’utilisation des mécanismes et dispositifs militaires », puis par le comité S1 (octobre 1941). Il a pour mission d’étudier l’utilisation de l’atome et de déterminer si la fission du noyau peut être utilisée par une arme explosive. L’entreprise est confiée à trois physiciens, tous prix Nobel : Arthur Compton, Harold Urey et Ernest Lawrence. Le projet de recherche est mené par les États-Unis avec la participation du Royaume-Uni et du Canada.

Une accélération des découvertes scientifiques(Repères, doc. 1 à 5)3. Les découvertes scientifiques découlent de la recher-che fondamentale et ont d’abord comme objectif la découverte d’une nouvelle source d’énergie• La radioactivité, notamment de l’uranium (1896, Henri

Becquerel, prix de Nobel de physique 1903 avec Pierre et Marie Curie), qui résulte de la désintégration de cer-tains noyaux qui libère de l’énergie sous la forme de rayonnement.

• L’équivalence masse-énergie (1905, Albert Einstein, prix Nobel de physique 1921) : une quantité de matière peut libérer une énorme quantité d’énergie, proportionnelle à la masse multipliée par le carré de la vitesse de la lumière (E= MC²).

• La structure de l’atome : le noyau de l’atome et les élec-trons, (1919, Ernest Rutherford, prix Nobel de chimie 1908), le neutron (1932, James Chadwick, prix Nobel de physique 1935).

• la radioactivité artificielle (1934, Fréderic Joliot et Irène Curie, prix Nobel de Chimie en 1935), en bombardant une feuille d’aluminium avec des rayons alpha émis par une source de polonium qui le transforme alors en une substance radioactive.

• la fission nucléaire (1939, Lise Meitner, Otto Hahn (prix Nobel de chimie 1944 et Fritz Strassmann) : bombardé par un neutron, le noyau d’uranium se brise, libérant une énergie cent millions de fois supérieure à celle que peut libérer une molécule de carburant.

• la réaction en chaîne (1939 : Joliot-Curie, Hans Halban, et Lew Kowarsky suivi par Fermi, prix Nobel de physique de 1938 et Szilard) : la fission libère des neutrons sup-plémentaires qui à leur tour heurtent des atomes d’ura-nium, provoquant leur fission et la libération d’une énergie nouvelle. La poursuite des recherches met en valeur que les effets radioactifs sont accrus si on utilise des neutrons ralentis, par exemple avec l’eau lourde (composé formé d’oxygène et de deutérium).

Cependant, la réalisation de la bombe nécessite d’autres éléments : • Trouver un matériel fissible plus adapté que l’uranium

qui garantisse la réaction en chaîne. Les recherches

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773. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

l’entreprise Ferguson Compagnie (S 50). • L’organisation des approvisionnements : les principales

mines d’uranium se situent alors dans le Congo belge alors que la production est faible en Amérique du Nord. Elles appartenaient à l’Union minière du Haut-Katanga. Un des directeurs de cette société, mis au courant par Joliot-Curie de l’importance de l’uranium, avait fait transférer à New York dès la fin 1940 les 1 250 tonnes déjà extraites de la mine. Elles sont achetées par Groves en septembre 1942. De la même façon, le stock d’eau lourde récupéré par les Français en Norvège est trans-féré aux États-Unis.

7. L’engagement des États-Unis est considérable : 100 000 scientifiques, ingénieurs, militaires, techniciens, ouvriers, administratifs, travaillent sur le projet, tous dans le secret. Groves introduit un fort compartimentage entre les diffé-rentes recherches. Chacun devait connaître le strict mini-mum de ce qui était nécessaire. Le site de Los Alamos est ainsi très isolé, les mesures de sécurité très strictes. Le président de la Chambre des représentants, les leaders de la majorité et de l’opposition, ainsi que les personnalités correspondantes du Sénat ne sont prévenues qu’en sep-tembre 1944 du projet. On estime le coût du projet à 2 milliards de dollars soit 25,8 milliards de dollars actuels.

activité BilanLa création de la bombe atomique découle des recherches de physique nucléaire conduites depuis le xixe siècle, mais la Seconde Guerre mondiale a fait que jamais une décou-verte scientifique n’a été aussi rapidement appliquée : • L’impulsion vient d’abord des chercheurs, la plupart exi-

lés qui cherchent à combattre par tous les moyens Hitler ou qui sont effrayés par la possibilité d’une bombe nucléaire allemande.

• Le pouvoir politique s’implique progressivement dans une guerre totale, ce qui le conduit à mettre en place le projet Manhattan, qui organise le travail des chercheurs et met en place l’infrastructure pour produire la bombe.

• La mise en place d’un complexe industrialo-militaire, associant institutions de défense, université et chercheurs et firmes privées permet la production rapide de la bombe.

La « Big Science » expression qui date de l’époque est née. Le chercheur n’est plus un penseur éloigné des réalités, travaillant dans un atelier artisanal comme Marie Curie ou Pasteur. Les chercheurs travaillent dans de grands labora-toires, financés par l’État et les entreprises privées, en associant recherche fondamentale et sciences appli-quées. Ce sont les technosciences.

b Les scientifiques et leurs responsabilités (p. 116-117)

Présentation des documents

Les documents de cette double-page répondent en par-

chaîne, produire l’uranium 235, le plutonium et travail-ler sur l’architecture de la bombe. C’est ensuite une recherche appliquée qui fait intervenir les sciences de l’ingénieur. Les scientifiques collaborent avec les ingé-nieurs, techniciens pour la mise en place des différents sites.

• Les travaux se font par contrat avec le Comité de l’ura-nium, mais la recherche connaît une nouvelle dimen-sion avec l’intervention de l’armée, qui organise le tra-vail des scientifiques en précisant la tâche de chaque laboratoire.

Un complexe militaro-industriel (Repères, doc. 3 à 5)6. La production de la bombe atomique résulte d’un engagement de l’État américain plus important, en rela-tion avec leur entrée dans le conflit (décembre 1941, Pearl Harbour), qui conduit à confier à l’armée l’organisation du projet. À partir de décembre 1941, le pouvoir constate qu’il ne suffit pas d’avoir des contrats avec des labora-toires, il faut envisager une nouvelle organisation qui per-mette d’étudier et de construire des unités de production industrielle. James Conan, président de l’université de Harvard, en s’appuyant sur l’état de la recherche définit 5 méthodes pour parvenir à la réalisation d’une bombe atomique. Vannevar Bush, président de l’OSRD recom-mande que des officiers de l’armée se joignent aux équipes de recherche. Le colonel James Marshall, du corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis, chargé par son chef direct, le général Styer d’organiser l’infras-tructure industrielle de la bombe, trouve en août 1942 un nom de code au projet. C’est la naissance du départe-ment d’ingénierie de Manhattan (Manhattan Engineering District). Il manque un homme fort pour conduire l’affaire à bien : le Général Leslie Groves est nommé.

Le projet change ainsi d’échelle, par différents aspects : • Le travail des scientifiques (cf. question précédente).• La mise en place des usines : pour chaque site, le

Manhattan District achète les terrains, expulse les habi-tants, entame la construction. Ainsi, à Oak Ridge, une zone d’environ 35 km² est achetée, une première usine est construite en février 1943, une seconde en septembre 1943. À Hanford, on achète un terrain de 200 000 hec-tares sur le fleuve Columbia qui va servir au refroidisse-ment des piles.

• La collaboration avec des entreprises privées : l’entre-prise DuPont de Nemours intervient dans la construc-tion des usines de plutonium. À Oak Ridge, pour la pre-mière usine Y12 fondée sur le principe de la séparation électromagnétique de l’uranium 235, la compagnie Westinhouse construit tout ce qui est mécanique, la General Electric l’équipement électrique et les contrôles, Allis Chalmers les électroaimants. La mise en œuvre de la troisième usine, qui utilise le principe de la séparation de l’uranium 235 par diffusion thermale, est confiée à

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tion du président des États-Unis sur la possibilité de créer des bombes d’une puissance sans équivalent, par le biais d’Einstein. C’est aussi un scientifique qui, par des recher-ches, a contribué à son élaboration. C’est avec Enrico Fermi, à Chicago, qu’il a réalisé la première réaction en chaîne. Il est cependant exclu du projet après de mul-tiples désaccords avec Leslie Groves.

9. Après avoir évoqué l’argument justifiant l’utilisation de la bombe pour accélérer la fin de la guerre avec le Japon, il le réfute en mettant en avant les dangers suivants : • la capacité de destruction de la bombe atomique : la

destruction d’une ville peut être liée à une seule bombe ;• les retombées médiatiques que pourrait engendrer son

utilisation et la dégradation de l’image des États-Unis. ;• le risque de course aux armements puisque chaque

nation, pour se protéger, cherchera à acquérir cette arme. Il faut, avant d’utiliser la bombe, rendre publics les termes de la reddition et clairement prévenir le Japon.

10. Szilard revendique donc de nouvelles responsabilités : la décision d’utiliser la bombe atomique ne peut être prise par le seul président des États-Unis. Il doit avoir l’ac-cord de principe de toutes les personnes moralement impliquées, donc celui des scientifiques. Cette démarche illustre la volonté de construire des organisations scienti-fiques capable de donner une expertise pour guider les choix politiques. Après l’échec de la pétition, Szilard crée avec Albert Einstein, le Comité d’urgence des scienti-fiques atomistes en 1946.

Le choc d’Hiroshima et de Nagasaki (Repères, doc. 7 à 9)

11. La première bombe atomique, Little Boy, est lancée le 6 août sur la ville d’Hiroshima, une ville de 350 000 habi-tants et l’un des principaux centres de production mili-taire du Japon. Un ultimatum a bien été envoyé au Japon, mais celui-ci ne faisait pas mention de la bombe ato-mique. Devant le refus de plier, une deuxième bombe est lancée sur Nagasaki le 9 août. Il semble que les États-Unis aient utilisé ses armes, pour contraindre le Japon à capituler et sauver la vie de soldats américains, 250 000 selon Truman qui justifie ainsi l’utili-sation de la bombe. Le but est surtout d’empêcher l’URSS, qu’on accuse déjà d’avoir des visées territoriales sur les pays européens libérés par l’Armée rouge, de progresser également en Asie. En précipitant le cours des choses, il s’agit donc aussi d’achever rapidement la guerre en Asie et d’enlever à l’URSS toute raison de déployer ses forces sur ce continent (alors que le 8 août, l’URSS vient d’enva-hir par exemple la Mandchourie, occupée par les Japonais). La possession de la bombe permet de contrôler l’URSS et de dicter les conditions de la fin de la guerre.. Il peut s’agir aussi d’expérimenter grandeur nature les effets de la

tie à ceux de la page 114-115 afin de montrer l’évolution du point de vue des scientifiques.

Doc. 6 : le texte témoigne de la réflexion nouvelle des scientifiques alors que l’Allemagne nazie contre laquelle ils luttent vient de capituler et que le recours à la bombe nucléaire contre le Japon est de plus en plus envisagé. Il s’agit ici d’une pétition rédigée par Szilard, qui témoigne de la réflexion nouvelle à l’origine même du projet Manhattan. Dès juin 1945, il rédige avec James Franck un rapport dans lequel il indique que l’utilisation de la bombe atomique ne doit pas être simplement le fait des militaires et développe l’idée d’une arme dissuasive (faire un test devant les autorités japonaises, pour les contraindre ensuite à capituler). En juillet 1945, Szilard demande à 150 scientifiques pourquoi et comment la bombe atomi-que devait être utilisée contre le Japon. 85 % s’opposent à ce que la bombe soit utilisée directement contre le Japon. Il rédige alors cette pétition, signée par 67 scientifiques. La position des scientifiques quant à l’utilisation de la bombe reste à ce moment encore partagée, Oppenheimer s’opposant par exemple à cette pétition.

Doc. 7 et 9 : les deux documents sont relatifs aux bom-bardements d’Hiroshima et Nagasaki. Le dessin réalisé par un témoin de l’explosion en 1975 montre à la fois les conséquences de l’utilisation de la bombe, mais aussi le choc durable dans les consciences que son utilisation a provoqué. L’ensemble des dessins faits par les témoins de la journée du 6 août 1945 à Hiroshima ont été réunis en août 1975, montrés à la télévision japonaise, exposés avant d’être publiés. Ils sont encore visibles dans une salle du Musée de la Paix à Hiroshima. Le document 9, une photo prise le 9 août 1945 lors de l’explosion de Fat Man montre la puissance de destruction de la bombe, avec le champignon atomique.

Doc. 8 : l’extrait de l’éditorial de Camus, publié dans le journal Combat, le 8 août 1945 montre le choc moral représenté par l’utilisation de la bombe. C’est à partir de là que les réactions des scientifiques changent vraiment : l’extrait du discours prononcé par Oppenheimer au moment de sa démission de son poste de directeur scien-tifique de Los Alamos le 16 octobre 1945 illustre bien ce changement.

Doc. 10 : une affiche de l’appel de Stockholm en 1950, au moment de la guerre de Corée. Il est initié par Frédéric Joliot-Curie qui, du côté français, travaille sur l’énergie nucléaire. Il témoigne de la nature de son engagement et des moyens utilisés pour se faire entendre.

Réponses aux questions

Un programme qui suscite des interrogations (doc. 6)8. Léo Szilard a joué un rôle essentiel dans la réalisation de la bombe atomique en attirant en août 1939 l’atten-

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ment politique, avec le Parti communiste. Lancé au moment de la guerre de Corée, l’appel rencontre un vif succès.

15. L’attitude des gouvernements américain, britannique et canadien est ambiguë : en novembre 1945, ils scellent un accord réaffirmant le maintien de la politique du secret sur les connaissances technologiques et décident de l’achat de tout l’uranium disponible sur le marché mondial. En même temps, ils préparent la création d’une commission des Nations Unies chargée d’examiner les moyens susceptibles d’éliminer entièrement l’utilisation de l’énergie atomique à des fins de destruction, tout en permettant des usages civils (création en janvier 1946 d’une commission à l’énergie atomique par l4Assemblée générale des Nations Unies, loi Mac Mahon aux États-Unis). Le plan Baruch présenté en juin 1946 propose la création d’une Autorité internationale du développe-ment atomique (IADA) à qui seraient confiées toutes les étapes du développement et des utilisations de l’énergie atomique, mais est rejeté par l’URSS.Ainsi, ces projets échouent en raison de la guerre froide qui relance la course aux armements pour obtenir la parité nucléaire. Les scientifiques participent à cette course en avant. En août 1949, l’Union soviétique réalise son premier essai. Du côté américain, Edward Teller joue alors un rôle de premier plan dans la mise au point de la bombe H, une bombe thermo-nucléaire capable de dégager des températures encore plus importantes grâce à la fusion de deux noyau légers, le deutérium et le tri-tium, deux isotopes de l’hydrogène. Oppenheimer la qualifie « d’arme du génocide ».En 1957 est créée l’AIEA une organisation internationale liée à l’ONU qui doit contrôler les activités nucléaires. Elle correspond aux souhaits de nombreux scientifiques, impliqués dans le projet Manhattan (Szilard, Oppenheimer, Bush, Conant) de mettre en place une instance internatio-nale dotée de pouvoirs de contrôle des activités de recherche dans ce domaine. Mais ses pouvoirs sont limi-tés et les tensions entre les deux grandes superpuis-sances rendent l’application de son statut difficile. Il faut attendre 1962 pour qu’elles commencent à vouloir contrôler leurs armements nucléaires.

activité BilanDès le début du projet, des interrogations éthiques naissent dans le milieu scientifique. Elles sont vite balayées par les nécessités de la guerre totale. Des savants hostiles en temps de paix au développement du nucléaire à des fins militaires modifient leur prise de position (cf. la lettre Einstein-Szilard-Wigner à Roosevelt, août 1939). Avant son achèvement, ce programme suscite à nouveau des interrogations. Faut-il avoir recours à cette arme de destruction massive alors que l’Allemagne a capitulé au printemps 1945 et que la victoire paraît proche ? Au cours

bombe atomique.

12. Ces bombes sont d’une grande capacité de destruc-tion (70 000 morts sur le coup à Hiroshima ; 40 000 à Nagasaki), autant de blessés et dans les deux cas des dizaines de milliers de personnes fortement irradiées, les Hibakusha. On peut aussi noter la destruction des infras-tructures.À Hiroshima, la bombe atomique explose dans le centre-ville, 600 m au-dessus des habitations. Il y a un triple effet, que le document 7 permet de comprendre : thermique, lié à l’énergie dégagée par l’explosion (50 millions de degré au cœur de l’explosion), mécanique lié à la pression et au souffle de l’explosion (440 m/seconde au niveau de l’hypocentre) et radioactif. Jusqu’à 500 m de l’hypocentre (ou ground zero), toutes les constructions à structure métallique sont détruites et les toits s’effondrent. Dans cette zone, il ne reste que quelques constructions en béton plus solides ; 98,4 % des personnes vivant à 500 m sont mortes (90,4 % le 6 août, 8 % jusqu’à la fin 1945) ; 90 % des personnes vivant entre 500 et 1000 m (59,4 %/30,6 %) ; 45,5 % de la population vivant entre 1 000 et 1 500 m (19,6 %/25,9 %) ; 23,1 % pour la population vivant entre 1 500-2 000 m (11,6 %/11,5 %). Les gens sont brûlés, aveuglés par la boule de feu, subis-sent ensuite les incendies, l’effondrement des immeubles, les ruptures de canalisation.À cela s’ajoute le traumatisme : le dessin du témoin retrans-crit encore la violence de l’événement. Personne ne savait à ce moment-là ce qui se passait. De nombreux témoins, après avoir raconté leur expérience, se sont suicidés.

13. Les deux documents témoignent de l’ambiguïté des réactions de contemporains : • L’utilisation de la bombe est souvent saluée comme une

découverte scientifique majeure, (Libération, 8 août 1945, « Charbon, essence et électricité ne seront bientôt plus que des souvenirs »). L’opinion publique se félicite de la fin de la guerre.

• D’autres soulignent la capacité de destruction de la bombe et la capacité d’autodestruction de l’homme. La bombe atomique n’est pas une arme comme les autres.

• Le père de la bombe atomique semble ainsi accablé par une certaine culpabilité.

Un engagement plus important

14. Les scientifiques changent donc de position : il faut interdire l’arme nucléaire et organiser un contrôle inter-national des armes nucléaires. L’utilisation de l’arme nucléaire est un crime contre l’humanité. Frédéric Joliot-Curie lance ainsi l’appel de Stockholm, directement à la population, puisque la pression sur les gouvernements a échoué. Il cherche ainsi à médiatiser le péril nucléaire et à développer un débat public quant à l’utilisation de l’arme nucléaire. C’est aussi un engage-

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une feuille de papier sur laquelle est écrit dans tous les sens « OPE », « Purety Or Essence », « Peace On Earth » et communique ce code au pentagone. Il s’avère en effet être le bon mais l’un des bombardiers, commandé par le major Kong, et dont le système CRM114 a été endom-magé par un missile n’est pas en mesure d’obtempérer à cet ordre.

La scène étudiée est celle qui suit l’explosion du missile lancé par le major Kong sur la base russe de Laputa.

1. Le docteur Folamour est un scientifique, présenté comme un ancien nazi passé au service des Américains. Le salut nazi qu’il ne peut empêcher de faire, son accent, son « mein Führer » sont autant de preuves de son atta-chement au IIIe Reich. Folamour porte des lunettes aux verres fumés, attribut du dictateur, du gangster, ou du personnage maléfique. Son corps agit de façon méca-nique, comme s’il était déshumanisé. Kubrick se serait inspiré de Teller, le physicien d’origine hongroise créa-teur de la Bombe H, et de Wernher Von Braun, ingénieur allemand, qui a joué un rôle majeur dans la mise au point du V2, récupéré par les américains après la guerre.2. Face au risque d’apocalypse nucléaire, il suggère de préserver un noyau de spécimens humains qui serait protégé des radiations dans les profondeurs de la Terre, une société polygamique d’individus « parfaits » sélec-tionnés par un ordinateur, un noyau de « surhommes » chargés de repeupler la terre par une activité sexuelle effrénée (10 femmes pour un homme).3. Son auditoire réagit positivement, sauf le Président qui semble avoir des scrupules qui ne tiennent pas long-temps. Ils semblent captivés par les propos du scientifique. 4. Le film s’achève sur un montage d’images d’explo-sions nucléaires. En accompagnement sonore, une vieille chanson de Vera Lynn « We’ll meet again », « nous nous reverrons un jour »… Cette association de la mort et de l’amour, à laquelle Folamour doit aussi son nom, ainsi que « l’esthétisation » de l’apocalypse, justifient le sous-titre du film : Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe.5. Le film est d’abord une satire antimilitariste de la course aux armements. Américains et Soviétiques sont tenus responsables du grand cauchemar atomique qui menace la planète. Il met en scène l’immense suspicion qui régit leurs rapports et se moque des moyens mis en œuvre pour empêcher une catastrophe nucléaire. Kubrick se fait ainsi l’écho des angoisses liées à la crise des mis-siles de Cuba. Ce film constitue une exception, car la guerre froide n’a été jusque-là représentée que de façon métaphorique. Il dénonce les dysfonctionnements techniques qui font que le destin des hommes leur échappe et illustre le rap-port paradoxal entre l’immense intelligence de l’homme et son acharnement à vouloir tout détruire ce qu’il pro-

de l’été 1945, les savants confrontés à la mort de 200 000 Japonais prennent conscience de leur responsabilité. Pour la première fois, la science menace l’existence de l’humanité. Des scientifiques américains, dont Oppen-heimer, un des chefs du projet Manhattan, font pression pour obtenir une autorité civile de régulation et récla-ment un contrôle international des armes nucléaires, en montrant que la guerre nucléaire est impossible ou suici-daire. Ils veulent imposer leur expertise pour éclairer les décisions du pouvoir politique. D’autres scientifiques ten-tent de mobiliser l’opinion publique (Appel de Stockholm en 1950). Les premiers mouvements d’opinion publique commencent donc à se constituer. Dans les années 1960 naissent les premiers mouvements écologistes.

Recherche T i C E (p. 118)La Recherche TICE est centrée sur une réflexion concer-nant la perception du monde scientifique après la mise au point de la première bombe atomique. On entre ainsi dans « l’ère du soupçon » où le travail des scientifiques n’est plus forcément perçu comme la garantie du pro-grès. On voit cependant qu’aujourd’hui, ces derniers revendiquent de nouvelles responsabilités, dans l’exper-tise qu’ils peuvent donner au pouvoir politique, mais aussi par l’information des citoyens qu’ils souhaitent partie prenante dans les choix opérés par le pouvoir.

Activité 1http://www.youtube.com/watch?v=qPBE-dp_88w

Synopsis du film : Le général Ripper, commandant de la base de Burpelson, convaincu de l’existence d’un com-plot communiste, donne l’ordre à tous ses B-52 alors en exercice de vol de larguer leurs bombes nucléaires sur leurs cibles russes. Le Général « Buck » Turgidson est mis au courant de la paranoïa manifeste de son confrère Ripper. Il se rend à une cellule de crise au Pentagone avec le Président et divers hauts-gradés. Toute commu-nication avec la base de Burpelson est impossible car le plan d’urgence « R », utilisé par Ripper pour court-circui-ter sa hiérarchie, contient un système de sécurité, appelé CRM 114, qui prévoit que l’ordre d’attaque ne pourra être annulé que si l’on fait précéder le contre-ordre d’un indicatif de trois lettres détenu par… le général Ripper. Les Russes, par l’intermédiaire de leur ambassadeur, convoqué par le président Murkin Muffley pour régler la crise, révèlent à l’état-major américain l’existence d’une « machine infernale », arme nucléaire qui se déclenche-rait lors d’une attaque nucléaire ennemie et dont la mise en route serait absolument irrémédiable. Cette explo-sion recouvrirait la terre d’un linceul radioactif pendant une centaine d’années. Mandrake, un officier britan-nique présent au côté de ce dernier, tente tant bien que mal de lui arracher le code, mais Ripper se suicide. Mandrake trouve alors sur le bureau du défunt Ripper

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813. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

Comprendre le projet ManhattanBarthélémy courmont, Pourquoi Hiroshima ? La décision d’uti-liser la Bombe atomique, l’Harmattan, collection « Raoul-Dandurand », 2007Pap ndiaye, La bombe et l’éprouvette, dans Les hommes et la guerre, héroïsme et barbarie, l’Histoire n° 267, juillet-août 2007.Pierre Grumberg, Projet Manhattan, le jour où naquit la bombe, dans Science et vie n° 1019, août 2002.P. Radvanyi et M. Bordry, Les multiples chemins d’un projet démesuré, Cahiers de Science et Vie, hors-série n° 7, 1992, disponible sur internet : http://www.dissident-media.org/info-nucleaire/multiples_chemins.pdf

une réflexion sur les scienceshttp://www.apsq.org/sautquantique/telechargement/sts.pdf

Des témoignagesBertrand Goldschmidt, l’Aventure atomique, Fayard 1962. Recruté à 20 ans par Marie curie, ce chimiste de formation fait partie pendant la guerre des quelques chercheurs qui ont réussi à maintenir la France libre dans la course atomique, grâce aux Britanniques et malgré les américains. après la guerre, il commence une longue carrière au commissariat à l’énergie atomique (cEa), où il assure différentes fonctions, en particulier à la Direction des relations internationales.

Pour AllEr loin

duit. Le plan sur le champignon atomique effraie par sa violence, mais aussi fascine, par son côté irréel renforcé par la musique. Les multiples allusions phalliques illus-trent ainsi le plaisir voire la jouissance que l’homme éprouve à anéantir la planète.

À lire Nadim EL GHEZAL, Docteur Folamour, Analyse filmique de la séquence finale : http://www2.cndp.fr/TICE/teledoc/mire/teledoc_folamour.pdf

Activité 2 Voir tableau ci-dessous.

www.sciences-et-democratie.net/ sciencescitoyennes.org

Fondateurs Association loi 1901, créée en 2005, dont les fondateurs sont Sophie Lepère, Yannick Beaupuis, Christian Mordini, Isabelle Bourlitio et Philippe Bourlitio.Elle est intégrée dans des réseaux (partenaires d’objectif ou de projet).

Une association intégrée dans plusieurs réseaux, soutenue par des acteurs publics ou privés (par exemple la Région Île-de-France, la Fondation de France…).Le conseil d’administration est composé de 24 personnes issues de la société civile (chercheurs, philosophe, étudiant, agriculteur…).

Objectifs 1. Un constat : la multiplication actuelle des crises sanitaires posant la question du progrès scientifique : est-il synonyme de progrès social ? 2. Un objectif : faciliter et développer la participation des citoyens aux choix scientifiques et technologiques, notamment lorsque ceux-ci comportent des risques sanitaires ou des enjeux éthiques.3. Mettre en place un processus participatif des citoyens, différent des consultations opérées par les pouvoirs publics.

Charte rédigée en 2002 1. Un constat : les dangers générés par les modes de production et consommation actuel, la marchandisation des savoirs et du vivant. 2. D’où la volonté de promouvoir l’élaboration démocratique des choix scientifiques et techniques, en favorisant la capacité d’expertise des citoyens et le débat dans le monde scientifique.3. Répondre aux besoins écologiques et sociaux croissants négligés par les technosciences.

Recherches Les nanotechnologies, les tests génétiques, les abeilles et les pesticides, l’environnement et la santé…

OGM, biotechnologie, nucléaire, TICE

Moyens de mobilisation

Site internet d’informations et de débats, avec une revue de presse. Élaboration collective de recommandations conduites par l’association.Organisation d’évènements publics « sciences-société ».Actions politiques pour faire de la science un enjeu électoral (par exemple, pendant la campagne présidentielle de 2012, collectif « Votons la science »).

Site Internet d’informations et de débatsOrganisation de conférences, rédaction de livres.Actions politiques (par exemple lors de la campagne présidentielle de 2012, mise en place d’un altergouvernement).Mise en place de projets : exemple, Le projet ReSoRIV, débuté en décembre 2011 (sur les semences paysannes).

sujet d’étude 3 p. 120-125

La pénicilline : du laboratoire à la société, naissance d’un médicament

Les commentaires du programme« L’étude de la découverte de ce médicament célèbre, depuis les premières observations scientifiques en 1870 jusqu’à son application thérapeutique au cours de la Seconde Guerre mondiale, permet de montrer le fonc-tionnement de la recherche pharmaceutique : travail en laboratoire, mobilité des scientifiques, rôle de l’État et des industriels. » (BO n° 9, 1er mars 2012).

Place dans le thèmeCertaines notions associées à ce thème (innovation, pro-priété intellectuelle) expliquent pourquoi un sujet d’étude concernant le traitement de plusieurs maladies qui font des ravages en Europe jusqu’après la Seconde Guerre mondiale est proposé.

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Histoire82

2. En septembre 1928, le microbiologiste Alexander Fleming, qui travaille au Saint Mary’s Hospital de Londres à la mise au point de nouveaux vaccins, signale les possi-bilités thérapeutiques d’un produit issu d’une moisissure qu’il appelle « pénicilline ». Mais il ne parvient pas à fabri-quer une forme stable de cette substance et occupé à d’autres projets, il ne poursuit pas ses recherches visant à transformer la pénicilline en médicament. Il semble qu’il ait attendu les travaux d’application et de vérification de sa « découverte » et soit passé à d’autres recherches. Quelques années plus tard, une équipe de chercheurs de l’université d’Oxford menée de Howard Florey et Ernst Chain reprennent les travaux de Fleming sur la pénicil-line. Elle cultive à grande échelle la moisissure de pénicil-line, réussit à extraire et à purifier la pénicilline pour la rendre utilisable comme médicament efficace, notam-ment sur les êtres humains. La révolution thérapeutique se fait donc à Oxford en 1940, où la pénicilline connaît une seconde naissance.

Une application thérapeutique (doc. 1 à 3)3. Pour faire de la pénicilline un médicament efficace, les scientifiques rencontrent des difficultés d’ordre technique (le document 3 signale un produit « difficile à purifier »), ce qui amène à des difficultés d’ordre financier.Pour faire de la pénicilline un médicament, il faut possé-der de la pénicilline maniable. Or, la pénicilline initiale de Fleming est instable et se décompose rapidement. L’équipe d’Oxford met au point des procédés permettant d’obtenir une pénicilline conservant longtemps une acti-vité antibactérienne. Il s’agit aussi de mettre au point des procédés de dosage et prévoir la posologie du médica-ment. Les quantités de pénicilline disponibles sont très faibles. C’est long, compliqué et cher d’en produire. Florey cherche donc à ce que les laboratoires pharmaceutiques britanniques participent à ce développement. Mais c’est la guerre en Europe et le travail de fabrication du médica-ment est très difficile. C’est pourquoi les chercheurs bri-tanniques partent aux États-Unis. Il faut traiter des quan-tités très importantes de moisissures pour fabriquer suffisamment de médicaments pour une personne : au début des années 1940, il faut 2 000 litres de filtrat de moisissure pour traiter un seul cas d’infection grave. À partir de 1942, le gouvernement américain et les entre-prises pharmaceutiques s’intéressent à la fabrication de pénicilline qui commence à être produite en grande série.

4. Fleming travaille dans un laboratoire de microbiologie – une sous-discipline de la biologie consacrée à l’étude des micro-organismes. Il travaille sur des bactéries et des moisissures conservées dans des boîtes de cultures, tra-vaillées dans des éprouvettes et observées au microscope.

5. La pénicilline est testée sur des animaux afin d’obser-ver les effets des substances antibiotiques introduites

Présentation du planLes deux parties cherchent à montrer les deux faces de l’élaboration d’un médicament, sa découverte en labora-toire puis la manière dont se fait sa diffusion et sa com-mercialisation.

a Du microscope à l’homme (p. 120-121)

Présentation des documents

Doc.1 : Il s’agit de l’extrait d’un livre du professeur Jean Bernard (1907-2006), résistant pendant la guerre, spécia-liste de la leucémie et professeur de cancérologie. Il est aussi, à partir de 1983, le premier président du Comité consultatif national d’éthique des sciences de la vie et de la santé. L’illustration qui l’accompagne est une photogra-phie d’Alexander Fleming (1881-1955) dans son labora-toire de Londres, en 1943.

Doc. 2 : La photographie, qui montre un vétérinaire fai-sant une injection de pénicilline à un dindon, a été prise aux États-Unis en juillet 1947. On trouve d’autres photo-graphies de ce type, montrant par exemple des lapins auxquels on a injecté de la pénicilline et dont on relève la température toutes les heures pour voir les effets théra-peutique de cette substance.

Doc. 3 : Stuart B. Levy, auteur du Paradoxe des antibio-tiques, est professeur de médecine et de biologie molécu-laire à l’université Tufts, aux États-Unis. Il est l’un des experts mondiaux en matière de résistance aux antibio-tiques. Son livre retrace l’histoire des antibiotiques, puis de l’apparition progressive de leur inefficacité thérapeu-tique.

Doc. 4 : C’est une carte postale publicitaire de 1945 pour l’Exposition de la pénicilline, au Palais de la Découverte à Paris, sur laquelle est écrit « Moisissure de Penicillium notatum qui secrète la pénicilline ».

Réponses aux questions

La découverte scientifique (Repères et doc. 1)1. Des savants (médecins, microbiologistes) d’origines différentes (britannique, française, italienne) travaillent de leur côté sur les substances antibactériennes depuis les années 1870. Plusieurs décennies séparent les recherches individuelles et le travail d’équipe qui aboutit à la mise au point de la pénicilline. On voit donc qu’à un moment donné, une même question peut occuper plu-sieurs personnes, qui peuvent ne pas se rencontrer et produire des travaux chacune de leur côté. Le hasard peut jouer un rôle dans ces découvertes, parfois oubliées, et que remettent en lumière de nouvelles découvertes. Le processus de découverte scientifique n’est ainsi pas linéaire et sans échec. Il dépend aussi d’un environne-ment intellectuel, technique et financier.

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833. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

rents domaines de la connaissance, par l’œuvre littéraire la plus impressionnante, ou par leur travail en faveur de la paix. Florey et Chain ont fait beaucoup pour le dévelop-pement de la pénicilline-médicament, mais, à partir de 1942, c’est Fleming qui commence à occuper le devant de la scène dans l’opinion publique et dans les campagnes de presse en faveur de la pénicilline. Fleming commence à apparaître comme un héros de la science. Un peu par-tout dans le monde, on lui décerne des diplômes, des médailles et des prix. On trouve même dans une église de Londres un vitrail à la gloire de Fleming.

activité BilanDepuis les découvertes de Louis Pasteur au milieu du xixe siècle, on comprend mieux comment agissent les maladies, mais on sait rarement les traiter. Depuis les années 1870, dans plusieurs pays, des médecins et des savants constatent les effets de certaines moisissures – penicillium – contre certaines bactéries. Ces recherches sont reprises en 1928 par le Britannique Alexander Fleming, qui n’arrive pas pour autant à fabriquer de médi-cament, puis à la fin des années 1930 par une équipe de chercheurs de l’université d’Oxford qui trouvent enfin comment utiliser la pénicilline en médicament. Des essais ont lieu sur des animaux, puis sur des hommes. Mais la fabrication coûte cher, la Grande-Bretagne est en guerre. Ces savants partent alors chercher des fonds aux États-Unis. L’armée s’intéresse aux possibilités nouvelles offertes par la pénicilline (le traitement des brûlures et de plu-sieurs maladies) et avec l’aide de laboratoire pharma- ceutique, commence à en fabriquer à grande échelle, utilisant les ressources de l’industrie pour en produire massivement et à un coût toujours plus bas. D’abord réservé aux soldats, ce qui apparaît comme un « médica-ment miracle » se diffuse dès la fin de la guerre dans le reste de la population.

b De l’usine pharmaceutique à la société (p. 122-123)

Présentation des documents

Doc. 5 : Ce tableau a été réalisé à partir des chiffres que précise dans son ouvrage Robert Gwyn Macfarnale (1907-1987), professeur de pathologie clinique à Oxford et spé-cialiste d’hématologie.

Doc. 6 : Ce document est un montage de deux photogra-phies. Celle de gauche est tirée d’une publicité du maga-zine Newsweek de décembre 1944 mentionnant la fabri-cation de la pénicilline par la méthode de fermentation submergée et montrant les tours de brassage et de stéri-lisation de l’air. Celle de droite a été prise en France en 1950 et montre le conditionnement – l’emballage – des doses de pénicilline.

dans des organismes vivants (ici un dindon mais on peut aussi inoculer des bactéries à des lapins) pour combattre des bactéries. On s’assure ainsi que l’organisme animal supporte le médicament avant de le tester sur l’homme. Les savants britanniques ont déjà remarqué que la péni-cilline inhibe le staphylocoque – agent par exemple de la gangrène – et qu’elle n’altère pas les globules blancs. On constate aussi que la pénicilline est détruite par les sucs de l’estomac et n’est donc pas à donner par la bouche. Une fois tout cela vérifié, on peut songer à l’employer méthodiquement au traitement des maladies de l’homme.

Le plus célèbre des médicaments (Repères, doc. 3 et 4)

6. La pénicilline soigne les maladies vénériennes (ou maladies sexuellement transmissibles, c’est-à-dire des maladies contagieuses qui se transmettent générale-ment lors de rapports sexuels ou par contact génital), mais ce sont surtout les blessures de guerre qui amènent à consommer la pénicilline par centaines de millions d’unité. La pénicilline permet en effet de combattre des bactéries porteuses de diverses infections, par exemple les infections consécutives aux brûlures par le feu, mais aussi plusieurs maladies infectieuses jusqu’alors souvent mortelles. Il s’agit par exemple de la tuberculose, une maladie infectieuse transmissible et non immunisante, provoquée par le bacille de Koch, très répandue sous la forme pulmonaire. Le tétanos est un autre exemple de maladie infectieuse due à la contamination d’une plaie par les spores d’un bacille qui vont ensuite germer et secréter une neurotoxine qui peut atteindre les nerfs moteurs entraînant des contractures musculaires, des convulsions et pouvant entraîner la mort.

7. L’efficacité de la pénicilline en cas de brûlure grave est déjà constatée dans la Royal Air Force en juin 1942 mais c’est avec l’incendie du night club Cocoanut Grove que le public découvre la pénicilline par les médias, qui mettent l’accent sur ce qu’ils appellent le « médicament miracle ». Des expositions – comme celle qu’organise le Palais de la découverte à Paris en 1946 – montrent également les bienfaits de ce remède. Les « inventeurs » de la pénicilline reçoivent également des prix, des honneurs, sont photo-graphiés dans leur laboratoire : c’est le triomphe de la science.

8. Le 7 décembre 1945, Alexander Fleming partage le prix Nobel de médecine avec Howard Florey et Ernst Boris Chain, pour leurs contributions à la mise au point du trai-tement antibiotique par la pénicilline et leurs apports au développement de la médecine moderne. Il s’agit d’une des récompenses internationales les plus prestigieuses, décernée depuis 1901 par la Fondation Nobel, à des per-sonnes « ayant apporté le plus grand bénéfice à l’huma-nité », par leurs découvertes et améliorations dans diffé-

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Histoire84

médicaments. La situation est cependant différente en France, où l’on reçoit par parachute quelques flacons, tan-dis que dans le même temps, des savants français, qui connaissent en partie les découvertes anglaises, tentent de mettre au point avec les moyens du bord une pénicil-line française. Les soldats français sont parfois traités, mais les populations civiles demeurent complètement privées de ce médicament qui devient une marchandise de marché noir. Puis, au milieu de l’année 1945, un pro-gramme d’importation de la pénicilline se met en place, des centres de pénicillinothérapie ouvrent et finalement, en octobre 1946, la pénicilline est en vente libre. Ainsi, à la fin de la guerre, les populations civiles européennes com-mencent également à recevoir de la pénicilline, qui per-met notamment d’envisager des opérations compliquées plus facilement qu’auparavant, car elle évite les septicé-mies. La pénicilline permet de guérir de diverses maladies (pneumonie, méningites), voire de supprimer certaines maladies, par exemple la tuberculose, dans certaines régions du monde.

13. Deux grands problèmes se posent avec les antibio-tiques à la fin du xxe siècle. Les populations n’y ont pas un accès égal et, pour reprendre l’exemple de la tuberculose, les décès dus à cette maladie restent importants en Afrique subsaharienne, tandis qu’en Amérique du Nord, en Europe, en Afrique du Nord et en Océanie, on ne meurt plus de cette maladie. L’autre problème, plus préoccupant peut-être, est celui de la résistance de plus en plus fré-quente des bactéries aux antibiotiques. Face à des « super-bactéries », qui se sont adaptées aux antibiotiques, ces derniers sont moins efficaces qu’auparavant et cet affai-blissement des défenses laisse présager un retour de plu-sieurs infections que l’on pensait définitivement disparues.

activité BilanC’est avec la Seconde Guerre mondiale que les antibio-tiques à base de pénicilline commencent à être produits en grande quantité et à être diffusés, d’abord dans les armées américaines, puis dans les populations civiles européennes. Dès 1942, la presse insiste sur ce qui appa-raît comme un « médicament miracle » arrivant à guérir des infections jusqu’alors mortelles. De plus en plus de maladies – septicémie, pneumonie, tuberculose, etc. – deviennent traitables. Pour autant, les hommes ne sont pas égaux devant le traitement et les antibiotiques sont surtout utilisés dans les pays riches. On estime que grâce à eux, l’espérance de vie a augmenté de dix ans. Cela dit, les bactéries résistent de plus en plus aux antibiotiques, s’adaptant et redevenant dangereuses. Malgré les dizaines d’antibiotiques disponibles, plusieurs maladies que l’on croyait vaincues peuvent de nouveau être dan-gereuses.

Doc. 7 : Le document 7 est composé de deux extraits de romans français, parus aux éditions Gallimard en 1953 et 1958. Simonne Fabien, née en 1919, est l’auteur de plu-sieurs romans. André Deslandes est un auteur de romans et de littérature pour la jeunesse.

Doc. 8 : Il s’agit d’un court extrait d’un long article consacré par Jacqueline Mattei, journaliste spécialisée dans les sujets scientifiques à L’Express, journal fondé par Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber en 1953.

Doc. 9 : Cette carte est faite à partir des données réalisées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2008.

Réponses aux questions

Une production industrielle (doc. 5 et 6)

9. La production de pénicilline connaît entre 1943 et 1945 un accroissement exponentiel, la fabrication de doses étant multipliée par 1 520 en deux ans. Cet accrois-sement permet un abaissement du coût : au cours de ces deux années, les coûts de production ont été divisés par 26,6.

10. Plusieurs éléments témoignent du passage à la fabri-cationindustrielle de la pénicilline : la fabrication de masse permet de réaliser des économies d’échelle et d’abaisser les coûts de production et donc de vente du produit. La production se fait dans de grandes usines, dans de vastes structures où les moisissures sont élevées puis traitées à grande échelle (la photo montre les colonnes où s’effectuent la fermentation et le brassage). Le médicament est ensuite conditionné et mis en flacons à la chaîne par des ouvrières. Comme le montre aussi le document 6, il s’agit d’un produit dont les journaux à grands tirages comme Newsweek font la publicité, publi-cité qui concerne un produit mais aussi la firme pharma-ceutique qui le fabrique, ici Commercial Solvents Corporation. C’est l’une des firmes qui, avec Squibb, Merck et Pfizer, truste la fabrication de la pénicilline.

Les impacts sur les sociétés (doc. 6 à 9)

11. La fabrication industrielle de la pénicilline commence lors du second conflit mondial et concerne d’abord les militaires : ce sont surtout les blessures de guerre qui amènent à consommer la pénicilline par centaines de millions d’unités. Le programme « pénicilline » est d’abord mené par l’Office for Scientific Research and Development, en charge des recherches de guerre. Cette administration américaine associe ensuite les firmes pharmaceutiques à la production de l’antibiotique.

12. Fin 1944 aux États-Unis, la fabrication est suffisante pour que la pénicilline puisse être distribuée aux mili-taires mais également aux malades civils. La Grande-Bretagne aussi reçoit à la fin de la guerre suffisamment de

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853. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

Afrique, dont un ver parasite est responsable, présent dans des crustacés microscopiques vivant dans l’eau sta-gnante. Le parasite se déplace à l’intérieur du corps et provoque en sortant des oedèmes pouvant s’infecter et s’accompagner du tétanos. Le syndrome de l’immuno-déficience acquise (SIDA) est le nom d’un ensemble de symptômes consécutifs à la destruction de plusieurs cellules du système immunitaire par le virus de l’immu-nodéficience humaine (VIH). Le SIDA est le dernier stade de l’infection par ce virus et finit par la mort de l’orga-nisme infecté, des suites de diverses maladies. S’il n’existe pas de vaccin, des traitements sont disponibles, mais ne font que retarder l’apparition du stade « sida », sans guérir.6. Le SIDA occupe particulièrement l’OMS depuis les années 1980. Un Programme mondial est créé en 1986 pour élaborer et coordonner une stratégie mondiale de lutte contre cette maladie, suivi, dix ans plus tard de la création d’ONUSIDA, qui rassemble les ressources de son Secrétariat et de dix organisations du système des Nations Unies pour mettre en place un accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui en matière de VIH.7. Les trois maladies les plus dévastatrices dans le monde sont le SIDA, la tuberculose et le paludisme.La tuberculose est une maladie infectieuse transmissible et non immunisante, provoquée par le bacille de Koch, très répandue sous la forme pulmonaire. Le paludisme, ou malaria, est une maladie infectieuse due à un para-site propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques anophèles. Le parasite infecte les cellules hépatiques de la victime puis circule dans le sang, détruisant les globules rouges. Certains paludismes sont mortels mais toutes les formes de paludisme ne sont pas aussi graves.8. Les pays concernés par les programmes de l’OMS sont avant tout les pays les plus pauvres de la planète dont les États n’ont pas les moyens de financer des program-mes sanitaires à grande échelle.

Activité 21. La tuberculose est une maladie infectieuse transmis-sible et non immunisante, provoquée par le bacille de Koch, très répandue sous la forme pulmonaire. La tuber-culose est une maladie contagieuse qui se propage par voie aérienne. En l’absence de traitement, une personne atteinte de tuberculose peut contaminer en moyenne 10 à 15 autres personnes en l’espace d’un an.2. Plus de deux milliards de personnes, soit un tiers de la population mondiale, sont contaminées par le bacille tuberculeux, à l’origine de la tuberculose. Cela ne signi-fie pas que toutes ces personnes sont ou seront malades de la tuberculose : un porteur du bacille sur dix dévelop-pera la maladie au cours de son existence.

Recherche T i C E (p. 124)Activité 11. C’est en 1945 que la Conférence des Nations Unies réunie à San Francisco (États-Unis) approuve à l’unani-mité la création d’une organisation internationale de santé. Sa constitution est approuvée l’année suivante et entre en vigueur en 1948. Il s’agit de surveiller les mala-dies à travers le monde et de lutter contre les principales d’entre elles, notamment celles transmissibles. La réali-sation de ces objectifs passe en partie par la centralisa-tion de l’information (le service d’information épidémio-logique est créé en 1947), par la sensibilisation de l’opinion (à partir de 1950, la Journée mondiale de la Santé a lieu le 7 avril de chaque année) et par le lance-ment de plusieurs programmes de vaccination et de lutte contre des maladies largement répandues comme le paludisme. On peut compléter cette réponse avec des informations trouvées dans les périodes suivantes en signalant, outre le lancement de différents programmes de lutte, la rédaction de rapports, la construction de centres de recherches comme celui sur le cancer, desti-nés à coordonner et mener des recherches sur les causes du cancer chez l’homme.2. Le programme élargi de vaccination lancé en 1974 permet aujourd’hui de sauver la vie de deux à trois mil-lions d’enfants par an.3. L’affiche montre que différents types d’insectes – moustiques – sont les vecteurs de transmission de plu-sieurs maladies tropicales. Ils ne sont cependant pas les seuls vecteurs, puisqu’on voit qu’un coquillage peut également en être un.4. Une commission mondiale certifie en 1979 l’éradica-tion mondiale de la variole. La variole est une maladie infectieuse d’origine virale, très contagieuse et épidé-mique qui a fait des ravages dans le monde, surtout à partir du xviie siècle. Elle représente alors en Europe 10 % de la mortalité générale. Sa létalité atteint 20 % (elle tue un malade sur cinq). Quand elle ne tue pas, elle laisse souvent un visage grêlé, défiguré à vie. C’est au xixe siècle que l’on tente les premières mesures de vaccina-tion. Ce fléau est finalement supprimé grâce à une cam-pagne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) combinant des campagnes de vaccination massive, dès 1958, avec une « stratégie de surveillance et d’endigue-ment », mise en œuvre à partir de 1967.5. Parmi les nombreuses maladies contre lesquelles lutte l’OMS, on peut par exemple mentionner la polio-myélite, la dracunculose (maladie du ver de Guinée) et le SIDA. La poliomyélite est une maladie infectieuse et contagieuse causée par trois virus. Elle provoque sou-vent la paralysie des membres inférieurs. Elle fait l’objet d’une campagne de vaccination massive depuis plu-sieurs décennies et a considérablement reculé. La dra-cunculose est une maladie parasitaire répandue en

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Histoire86

À lireRobert Bud, « les enjeux de la découverte de la pénicilline »,La Recherche, n° 304, décembre 1997.« les maladies infectieuses : un éternel retour ? », Textes etdocuments pour la classe, n° 804, 15 novembre 2000.Ça m’intéresse, n° 256, octobre 2005.Science et Vie Junior, n° 219, décembre 2007.

À consulterwww.who.int/fr/ : le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).www.futura-sciences.com/frwww.herodote.net

À voirPourquoi Fleming n’a pas inventé la pénicilline, François nineyet Bernard Bloch, documentaire français, 27’, 1997.Pénicilline, le médicament miracle, documentaire australien,52’, 2006.L’Aventure antibiotique. La revanche des microbes, Pierre Bressiant, documentaire français, 52’, 2008.

Pour AllEr loin3. En 2009, 1,7 millions de personnes sont mortes de la tuberculose. La très grande majorité des décès se pro-duisent dans le monde en développement, et plus de la moitié en Asie. On a dénombré 9,4 millions de nouveaux cas de tuberculose en 2009, dont 80 % dans seulement 22 pays.4. La tuberculose est une maladie liée à la pauvreté qui touche surtout les jeunes adultes. La tuberculose est également l’une des principales causes de mortalité chez les personnes VIH-positives, dont le système immu-nitaire est affaibli (22 % des décès par tuberculose concernent des personnes porteuses du VIH).Émerge également le problème des tuberculoses-multi-résistantes (résistantes aux médicaments), dont le nombre de cas est estimé à 440 000 en 2008 et trois pays enregistraient plus 50 % du total : la Chine, l’Inde et la Fédération de Russie.5. L’OMS vise à stopper la progression de l’incidence mondiale de la tuberculose et à réduire de moitié lesdécès par tuberculose par rapport à une année de réfé-rence (1990). 41 millions de malades de la tuberculose ont été traités avec succès dans le cadre de programmes DOTS et jusqu’à 6 millions de vies ont été sauvées depuis1995. Cinq millions de vies supplémentaires pourraient être sauvées d’ici 2015 si le Plan mondial « Halte à la tuberculose 2011-2015 » était pleinement financé et mis en œuvre.

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873. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

oBjECTif BAC

capacités et métHodes p. 126-127

Nommer et périodiser les continuités et ruptures chronologiques

application 1 Ford et le fordisme

1. Identifier une rupturea. C’est surtout à partir des années 1911-1914 que la pro-duction augmente fortement chez Ford.b. Le travail à la chaîne.

2. Identifier une continuitéa. Le prix des voitures Ford est en baisse continue. Cette baisse est très forte entre 1907 et 1909 ; elle est ensuite lente et régulière.b. La mise en place du taylorisme dans les usines Ford a pour effets :

• une augmentation importante de la productivité ;• un moindre coût de fabrication (rationalisation de la

production) ;• un prix de vente, par conséquent, moins élevé.Ce « mécanisme » s’auto-entretient.

3. PériodiserJusqu’en 1910, la production de voitures est faible et le prix de celles-ci est élevé. Après 1910, la production est en forte augmentation et le prix des voitures diminue.

application 2 L’explosion de la première bombe atomique

1. Identifier une continuitéa. Tout le deuxième paragraphe (lignes 5 à 10) permet de répondre à la question.b. Cette invention représente une « bataille comme les autres » car la Seconde Guerre mondiale est d’abord une guerre totale utilisant tous les moyens des technologies nouvelles. Pour Truman, l’arme atomique est une nou-velle étape dans cette course aux technologies qui per-mettront de gagner la guerre.

2. Identifier une rupturea. Le journal Le Monde présente l’événement de manière neutre et purement informative. La nouvelle est certes importante (gros titre de la une), mais le journal présente l’événement exclusivement comme une « révolution scien-tifique » sans évoquer la spécificité de cette nouvelle arme (puissance phénoménale, pouvoir de destruction immense, conséquences à long terme sur les populations).b. Truman considère la bombe atomique comme une étape de la guerre : les États-Unis ont investi du temps, de l’argent pour fabriquer une arme nouvelle et le risque de ne pas y parvenir existait.c. Il parle d’une « ère nouvelle » du point de vue scienti-fique (« compréhension de la nature ») et du point de vue

militaire puisqu’il pense que la bombe atomique pourra « devenir un instrument puissant du maintien de la paix mondiale ». Il comprend la force de dissuasion que pourra représenter la bombe atomique à l’avenir : il sera désor-mais difficile d’attaquer un pays possédant une telle arme.

3. Périodisera. Hiroshima et Nagasaki représentent des dates majeu-res dans l’histoire du xxe siècle car la bombe atomique est une arme nouvelle qui modifie totalement la notion de guerre. Cette arme nouvelle est instantanément, terrible-ment, destructrice et meurtrière. On ne peut la comparer aux armes traditionnelles qui nécessitent des moyens logistiques et humains considérables pour un résultat parfois incertain.b. Albert Camus a bien compris les enjeux liés à cette invention : la bombe atomique peut entraîner la dispari-tion de l’humanité si une nouvelle guerre à venir est une guerre nucléaire tant le pouvoir de destruction de cette arme est considérable. Mais il se rend compte également qu’il s’agit aussi d’un progrès scientifique très important qui peut (et qui doit, selon lui) être utilisé de façon « intel-ligente ».

Page 88: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Histoire88

vers le bac p. 128-131

question obligatoire

Un moment d’innovation : la deuxième révolution industrielle (p. 128)

1. On parle de « fée électricité » pour indiquer le caractère profondément novateur et quasi-magique de l’invention de l’électricité. Très vite, l’électricité trouve, en effet, de multiples applications, notamment domestiques (éclai-rage, chaleur…), bouleversant en profondeur le travail et la vie quotidienne.

2. Dans le domaine des transports, les années 1880-1910 apportent des changements techniques considérables : bateaux à vapeur, automobile, amélioration des chemins de fer, rendant les transports terrestres et maritimes plus sûrs et surtout beaucoup plus rapides.

3. On peut citer Graham Bell (téléphone) ; Thomas Edison (lampe à incandescence) ; John Dunlop (pneu) ; Pierre et Marie Curie (radioactivité) ; frères Lumière (cinéma) ; Gustave Eiffel (constructions métalliques) ; Alexander Fleming (pénicilline), etc.

4. On peut citer les secteurs industriels de la chimie, l’automobile, le pétrole, l’électricité, la santé…

5. Le taylorisme est une « invention » essentielle. Le tra-vail à la chaîne rationnalise la production, permettant des gains considérables de productivité. On produit beau-coup plus avec un nombre égal d’ouvriers, ce qui fait bais-ser le prix de revient et donc le prix de vente des objets fabriqués (automobile, par exemple). Ceci ouvre la voie à la consommation de masse. Grâce au crédit et à la publi-cité, cette consommation de masse va croître de façon exponentielle tout au long du xxe siècle, permettant le formidable essor économique que ce siècle a connu.

6. Compléter ainsi le schéma :

Découvertes scientifiquesInnovations techniques

Nouvelles formes d’énergie

PÉTROLE – ÉLECTRICITÉ

Nouveaux secteurs industriels

CHIMIE – AUTOMOBILE

Nouveaux modes de production industrielle FORDISME ou TAYLORISME ou TRAVAIL À LA CHAÎNE

(même si ces mots ne sont pas strictement synonymes)

Production et productivité EN FORTE AUGMENTATION

sujet d’etude 1

Les Curie, une dynastie scientifique (p. 129)

1. Pierre et Irène Joliot-Curie sont des scientifiques fran-çais qui ont découvert la radioactivité artificielle en 1934, ce qui a leur valu le prix Nobel de chimie en 1935. Cette découverte a permis deux inventions considérables : la bombe atomique et l’énergie d’origine nucléaire.

2. Les parents d’Irène Joliot-Curie sont Pierre et Marie Curie (Sklodowska, née en Pologne) scientifiques eux-mêmes. Ensemble, ils travaillent sur les radiations, ce qui leur fait obtenir le prix Nobel de physique en 1903. Après la mort de Pierre, Marie continue son travail scientifique et obtient le prix Nobel de chimie en 1911. NB : Obtenir 2 fois le prix Nobel est rarissime et Marie Curie est la seule femme à avoir eu cet honneur.

3. Les Joliot-Curie sont en couverture de ce magazine grand public parce qu’ils viennent d’obtenir le prix Nobel et que leur notoriété est considérable à ce moment.Vu est un hebdomadaire qui paraît de 1928 à 1940 et qui a la particularité d’être le premier magazine français à accorder une place très importante à la photographie. Assez clairement positionné à gauche, Vu publie des reportages sur les congés payés de 1936 ou les premiers camps de concentration en Allemagne. La proximité des Joliot-Curie avec le Parti communiste explique aussi leur présence à la « une » de ce magazine. Irène Joliot-Curie est d’ailleurs sous-secrétaire d’État à la Recherche scientifique dans le gouvernement de Front populaire dirigé par Léon Blum.

4. La photo donne l’image d’une famille ordinaire, mais d’un niveau social privilégié, sérieuse mais « moderne » (l’attitude décontractée du père et du plus jeune des enfants). Il faut surtout remarquer que la photo nous montre une famille où le rôle de chacun est tout à fait tra-ditionnel : la femme est assise, grave, et elle protège son jeune fils encore espiègle (il a 3 ans au moment de la photo); la jeune fille (elle a 8 ans) donne l’image d’une enfant sage, consciente de ses devoirs : elle a atteint « l’âge de raison », les jeux ne sont plus de mise. Le père, enfin, debout, est la figure tutélaire, protectrice, dominant le reste de la famille.

5. La photo ne montre pas deux aspects pourtant essen-tiels des Joliot-Curie :• leur travail scientifique ;• leur engagement militant proche du Parti communiste :

Irène participe au gouvernement Blum en 1936 ; Pierre

Page 89: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

893. Science, innovation technique, société, années 1850-années 1950

est un grand résistant en 1939-1945. On dirait aujour-d’hui qu’il s’agit ici d’une photo « people », somme toute peu informative.

sujet d’etude 2

Le projet Manhattan : la science en débat (p. 130)

1. Einstein apprend à Roosevelt que la découverte récente de la « réaction en chaîne » peut permettre la fabrication de bombes d’un type nouveau.

2. Roosevelt décide d’aider à la poursuite des travaux entrepris en les finançant et en créant le Comité consulta-tif de l’Uranium (S-1 Uranium Committee) qui préfigure le projet Manhattan.

3. Einstein utilise l’expression de « destinée tragique » en parlant de lui-même et des scientifiques qui, comme lui, ont vu leurs travaux ouvrir des perspectives effrayantes (ici, la bombe atomique).

4. En 1939, Einstein envisage – sans états d’âme – l’utili-sation possible des recherches sur l’énergie nucléaire pour fabriquer des bombes d’un type nouveau. En 1948, après Hiroshima et Nagasaki, son opinion s’est totale-ment transformée : il est devenu pacifiste militant, tout-à-fait hostile à l’arme nucléaire.

5. Pour Einstein, la responsabilité des scientifiques, après Hiroshima, est d’empêcher toute nouvelle utilisation de l’arme atomique. Il pense que seule une prise de conscience mondiale pourra permettre d’atteindre cet objectif qui sera le but de l’action militante d’Einstein jusqu’à sa mort en avril 1955.

sujet d’etude 3

La pénicilline : du laboratoire à la société, naissance d’un médicament (p. 131)

1. Les tréponématoses étaient endémiques sur tous les continents, essentiellement dans toute la zone intertropi-cale.

2. Dans les années 1950, ces maladies avaient disparu d’Europe (y compris d’URSS) et d’Amérique du Nord.

3. La carte met essentiellement en évidence un contraste entre les pays où certaines des tréponématoses existent encore à l’état endémique et les autres. Ce contraste recouvre assez exactement la répartition entre pays déve-loppés et pays en développement, telle qu’elle s’établis-sait à l’époque (début des années 1950). NB : La situation de la Chine, telle que cartographiée ici doit être considérée avec précaution, la période prise en compte étant peu propice à l’établissement de statistiques fiables en RPC.

4. La carte illustre essentiellement une question d’ordre sanitaire, économique et sociale à l’échelle de la planète :• Les pays « pauvres » n’ont pas les moyens (financiers,

technologiques) de produire et de diffuser des médica-ments efficaces contre certaines infections et l’état sani-taire de leur population ne s’améliore pas ; les pays développés, au contraire, le peuvent et voient leur état sanitaire s’améliorer.

• Les formes d’assistance technologique, d’aide humani-taire que nous connaissons aujourd’hui à destination des pays que l’on disait alors « sous-développés » étaient à l’époque tout-à-fait balbutiantes.

5. On demande ici simplement à l’élève de produire une synthèse organisée du Sujet d’étude 3 (p. 120-125 du manuel).

Page 90: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Géographie90

Géographie

4THÈME La France : dynamique de localisation des activités et des populations

ritoire porté par des acteurs spatiaux nombreux et son insertion dans la mondialisation.

Le sujet d’étude Un espace rural en déprise met en lumière les difficultés économiques de certains espaces ruraux et permet de montrer comment, à toutes les échelles, on cherche à les rendre attractifs en s’appuyant sur les atouts des territoires.

Présentation des pages d’ouverture (p. 132-133)

Présentation des documents

Doc. 1 L’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, un espace productif important

Cette photographie aérienne permet de montrer aux élèves un exemple d’espace productif important.Construit entre 1962 et 1974, l’aéroport Roissy-Charles-de Gaulle est à la fois une porte d’entrée et de sortie de la France sur le monde, mais aussi un nœud majeur entre les réseaux de communication français. La zone aéropor-tuaire connaît, depuis sa création en 1974, un développe-ment de son trafic et de son activité économique qui génère des milliers d’emplois (85 000 emplois) et qui a permis l’installation de firmes transnationales comme FedEX. Elle constitue donc un pôle économique particu-lièrement dynamique à l’échelle régionale avec 10 % du PIB régional et à l’échelle mondiale (1er aéroport euro-péen pour le fret).L’aéroport joue un rôle majeur dans l’intégration de la France et de la région Île-de-France dans la mondia- lisation avec les différents parcs d’activités comme Roissypôle. Par son hub et sa multimodalité, Roissy-CDG contribue à la fois à faire de Paris une ville mondiale et à relier les métropoles françaises au reste du monde.

Retrouvez une lecture d’image de la photographie dans le manuel numérique enrichi.

Doc. 2 Ville Déserte, un espace rural faiblement peuplé

Cette photographie prise en hiver montre le hameau de Ville Déserte, situé à Saint-Maurice-près-Crocq, village français situé dans la Creuse à proximité du Parc naturel régional de Millevaches et dans la région du Limousin. Dans cet espace rural, les routes ne sont pas déneigées et les maisons encore habitées sont reliées au bourg par la Poste.

Présentation du thème

Ce thème s’intègre dans une démarche d’analyse de l’espace français par une lecture des dynamiques territo-riales à partir de la répartition de la population et des espaces productifs. Cette analyse conduit à une différen-ciation territoriale en fonction de critères comme le sou-ligne le programme : « spécialisation des activités, origine des ressources principales des habitants, dynamisme démographique, accessibilité ou enclavement, etc. ».

Rappel des notions associées au thème

Bassin d’emploi : espace géographique qui présente une cohésion en termes de marché de travail et d’infrastruc-tures. Il est souvent déterminé par un pôle attractif.Métropole : ville concentrant des fonctions de comman-dement politique (un conseil régional et général), écono-mique (sièges sociaux d’entreprises, chambre de com-merce et d’industrie de région), culturel (théâtre, musée, opéra) sur un territoire donné.Population : ensemble d’individus. En géographie, l’étude de la population se fait en fonction d’un lieu ou d’un espace précis. Exemples : la population de Nantes, la population alsacienne ; la population urbaine.Peuplement : distribution des hommes sur un territoire. Pour l’étude du peuplement d’un espace, on observe et on explique l’inégale intensité de son occupation.Territoire : espace sur lequel vit un groupe humain qui le considère comme sa propriété collective. Le terme s’em-ploie à plusieurs échelles. À l’échelle nationale, il désigne l’espace sur lequel s’exerce la souveraineté de l’État. Mais il peut aussi s’analyser à grande échelle (région, départe-ment ou quartier).

Les articulations possibles entre la Question obligatoire et les Sujets d’étude au choix

Le sujet d’étude Soigner en France : disparités et maillage est centré sur un problème majeur de notre société à différentes échelles. Comme le souligne le programme, « on étudie les disparités de répartition de certaines pathologies, le vieillissement de la population, la répartition des professions médicales sur le territoire. On confronte ainsi la demande à l’offre de soins, puis on aborde le problème du maillage hospitalier et de son évolution. »

Le sujet d’étude Un territoire de l’innovation : la com-munauté urbaine du Grand Lyon : on souligne à la fois le dynamisme démographique et économique de ce ter-

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914. La France : dynamique de localisation des activités et des populations

La France : dynamique de localisation des activités et des populationsactuelles dans la dynamique de localisation des activités et de la répartition de la population.

Mise en relation des documents

L’idée est d’entrer dans le thème par une analyse croisée des deux documents afin de dégager les problématiques

2. La répartition de la population France est inégale.

3. En observant la carte, on observe des Pyrénées jusqu’aux Ardennes une diagonale où les densités de population sont moins élevées.

4. De multiples facteurs influencent la répartition de la population : on peut citer le relief, la présence d’un milieu contraignant comme la forêt tropicale humide en Guyane, les activités, l’histoire avec l’ancienneté du peu-plement, ainsi que la présence d’un couloir de circulation.

5. Réponse en fonction de la région de l’élève.

6. Les cinq régions recevant le plus d’investissements directs étrangers (IDE) sont :• La région Île-de-France : 30 %• La région Rhône-Alpes : 14 % • La région PACA : 9 %• La Région Midi-Pyrénées : 8 %• La région Nord-Pas-de-Calais : 6 %

7. Elles correspondent pour les quatre premières à des espaces tertiaires et industriels dynamiques et, pour la dernière, à une ancienne région industrielle à la reconver-sion plus ou moins réussie.

La carte 1 montre l’inégale répartition de la population en France. On repère les foyers de peuplement à l’échelle nationale et régionale et les espaces moins peuplés.

La carte 2 permet de faire le bilan des degrés d’intégra-tion des espaces productifs français dans la mondialisa-tion et de montrer les actuels facteurs de localisation et de dynamisme.

Retrouvez dans le manuel numérique enrichi ces deux cartes dans une version interactive.

Réponses aux questions1. Les plus fortes densités en France se situent autour des grandes villes, le long du littoral méditerranéen, dans les vallées fluviales du Rhône et de la Seine, à proximité des frontières (Alsace, Nord-Pas-de-Calais) et dans les dépar-tements et régions d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Mayotte et La Réunion).Les faibles densités se trouvent en Guyane, dans les régions montagneuses et dans ce qu’on appelle la « dia-gonale des faibles densités » depuis les Landes au sud-ouest jusqu’à la région Champagne-Ardenne au nord-est.

repères p. 134-135

Présentation

« On analyse les dynamiques territoriales contemporaines à partir de la répartition de la population (inégale densité, métropolisation, mobilités) et des espaces productifs. Cette analyse peut déboucher sur une typologie des ter-ritoires, construite à partir de critères majeurs : spécialisa-tion des activités, origine des ressources principales des habitants, dynamique démographique, accessibilité ou enclavement, etc. » (BO n° 9 du 1er mars 2012)

Présentation générale des pages de COURSOn présente d’abord les espaces du peuplement et ses dynamiques en soulignant le caractère de plus en plus urbain du peuplement et le phénomène de métropolisation. Puis on montre et on tente d’expli-quer les mutations des espaces du travail.

Ensuite, les dynamiques démographiques et les mutations des espaces productifs contribuent aux multiples mobilités qui animent le territoire. Enfin, la dynamique de localisation des populations et des activités conduit à dresser une typologie des terri-toires.

Le cours 1 développe les dynamiques de peuplement actuelles et leurs traductions sur le territoire.Le cours 2 permet de voir les mutations des espaces productifs français dans le cadre de la mondialisation.Le cours 3 identifie les différentes formes de la mobi-lité de la population à l’échelle nationale et locale.Le cours 4 établit une typologie des territoires en pre-nant en compte leur insertion dans la mondialisation et leur dynamisme démographique.

question obliGatoireAHabiter, travailler : les espaces du peuplement et du travail

Page 92: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Géographie92

cours 1 p. 136-137

Les espaces du peuplement et de l’urbanisation

Présentation des documents

Ce corpus de 3 documents, une photographie (grande échelle), une carte à l’échelle nationale et régionale et une plaquette d’information, permet de montrer pour cette entrée dans le thème les espaces de peuplement où habite la grande majorité des Français.

Réponses aux questions

1. Ce quartier de la Dame Blanche à Garges-Lès-Gonesse appartient à un espace densément peuplé.

2. Deux indices d’un espace densément peuplé : le nombre important de logements (collectifs et pavillon-naires) et la place des grands ensembles collectifs.

3. Les principales aires urbaines se trouvent en Île-de-France (Paris), en Rhône-Alpes (Lyon), en PACA (Aix-en-Provence-Marseille et Nice), en Midi-Pyrénées (Toulouse), en Aquitaine (Bordeaux) et en Pays de la Loire (Nantes).

4. Réponse en fonction de la région à laquelle l’élève appar-tient.

5. Cette photographie panoramique pour une plaquette d’information sur le projet de rénovation urbaine de la ville de Marseille Euroméditerranée illustre le phéno-mène de métropolisation des territoires.

BilanAu 1er janvier 2012, la population française a atteint les 65 millions d’habitants (2e pays européen le plus peuplé après l’Allemagne). La France poursuit, depuis les années 1990, sa croissance démographique grâce à un solde naturel et migratoire positif. Le dynamisme démogra-phique repose principalement sur un taux de natalité élevé (le taux de fécondité élevé est une des singularités française en Europe) et un taux de mortalité relativement faible. La France a terminé sa transition démographique et connaît donc comme l’ensemble des pays développés un vieillissement de sa population.

Aujourd’hui, les Français vivent à près de 82 % dans un espace à dominante urbaine. Le réseau urbain est hiérarchisé : on trouve toujours à sa tête Paris, ville mon-diale, puis des métropoles comme Lyon, Aix-Marseille, qui structurent l’espace régional. La ville s’est étalée par la construction de vastes banlieues et de zones pavillon-naires. Ce sont désormais les aires urbaines d’un arc compris entre la région Rhône-Alpes et la Bretagne qui connaissent les plus fortes croissances.

cours 2 p. 138-139

Les espaces du travail : les mutations des espaces productifs

Présentation des documents

Le corpus documentaire permet de montrer, à travers une photographie à grande échelle, un espace industriel urbain reconverti en un espace commercial ; avec une carte, les inégalités du chômage entre les bassins d’em-ploi ; à partir d’un exemple local, le nouvel enjeu de l’agri-culture : le développement durable.

Réponses aux questions

1. Les bassins d’emploi où le taux de chômage est le plus élevé sont la région Nord-Pas-de-Calais et le pourtour méditerranéen de Toulon à Perpignan. Le taux est moins élevé dans les régions Rhône-Alpes et les Pays de la Loire.

2. Ces différences peuvent s’expliquer à la fois par la pré-sence de pôles de compétitivité et d’une bonne accessi-bilité dans les régions à faible taux de chômage et par la disparition des activités traditionnelles (fermeture des mines de charbon et de fer et des usines métallurgiques) dans les régions à fort taux de chômage.

3. Le plan « banane durable » remet en cause une agricul-ture intensive et productiviste et encourage au contraire une agriculture durable plus respectueuse des environ-nements.

4. La photographie illustre le phénomène de tertiarisa-tion.

BilanCertains bassins d’emploi peuvent être plus performants que d’autres pour plusieurs raisons :• la présence d’un espace transfrontalier dynamique ;• un territoire de l’innovation bien inséré dans la mondia-

lisation (voir sujet d’étude 2) ;• une accessibilité optimale avec la présence de plate-

formes multimodales ou de hubs.

Page 93: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

934. La France : dynamique de localisation des activités et des populations

cours 3 p. 140-141

Une population mobile

Présentation des documents

Le corpus documentaire de cette double page permet de montrer les mobilités croissantes qui traversent notre territoire et les facteurs qui les animent.

Réponses aux questions

1. Les départements qui accueillent le plus de migrants sont situés dans un arc qui s’étend de la région Rhône-Alpes à la Bretagne. On peut citer par exemple le Var, le Gard, les Landes, le Morbihan, la Charente-Maritime. Cette attractivité peut s’expliquer par la recherche d’un cadre de vie agréable (héliotropisme) ou par la présence de bassins d’emplois dynamiques.

2. Réponse en fonction de la situation géographique de l’élève.

3. Les principaux motifs de déplacements quotidiens des Français sont les activités personnelles et/ou familiales (sorties, sport), le travail (migration pendulaire), les courses (centres commerciaux en périphérie des villes) et les études.

4. On peut remarquer que Paris se « vide » de ses habi-tants en août. En revanche, la station balnéaire des Sables-d’Olonne voit sa population fortement augmenter (multipliée par 5). À l’inverse, Paris attire presque 3 fois plus de touristes étrangers en août que la Vendée.

BilanQue ce soit pour les vacances ou pour des déplacements quotidiens, la population française est mobile.Les migrations internes au territoire se lisent à différentes échelles. À l’échelle locale, les navetteurs, environ 2/3 des actifs, utilisent tous les moyens de transport pour se rendre de leur domicile à leur lieu de travail. Le dévelop-pement de ces migrations est lié à l’étalement urbain. À l’échelle nationale, les mobilités sont aussi nombreuses et s’expliquent par la recherche d’un emploi et d’une meilleure qualité de vie. Ces migrations dessinent une carte de France coupée en deux qui oppose des régions attractives (ex. : Rhône-Alpes) à des régions répulsives (ex. : Lorraine).Les mobilités sont aussi liées aux loisirs et au tourisme. Ces dernières représentent près des ¾ des déplacements des Français. Les mobilités touristiques varient en fonc-tion des périodes, elles sont fortes lors des départs en vacances d’hiver en direction des stations de ski et en été vers les littoraux atlantique et méditerranéen.

cours 4 p. 142-143

Une organisation territoriale en mouvement

Présentation des documents

Les documents permettent de montrer comment les dynamiques démographiques et économiques différen-cient les territoires. Les documents 1 et 2 montrent des territoires attractifs et « gagnants » (à grande échelle) alors que la carte (doc. 3) présente les territoires « perdants » dévitalisés.

Réponses aux questions

1. Grenoble est une métropole régionale attractive : – par la présence du pôle européen d’innovation en

micro et nanotechnologies ; – par le cadre de vie agréable entre les massifs de la

Chartreuse au nord, du Vercors au sud-ouest et de Belledonne à l’est au confluent du Drac et de l’Isère ;

– par une grande accessibilité : on aperçoit au premier plan de la photographie une gare ainsi que des axes routiers.

2. La relocalisation de l’unité de production à Sallanches a permis de créer des emplois et de « gagner en flexibilité et en réactivité ».

3. Les régions Champagne-Ardenne, Lorraine et Franche-Comté sont les plus dépourvues d’équipements de proxi-mité. Ceci peut s’expliquer par la perte de la population qui entraîne la fermeture de services publics et de com-merces de proximité et par le caractère plutôt rural de ces régions qui sont assez mal desservies.

BilanL’organisation des territoires français montre des contras-tes importants entre des régions privilégiées parfaite-ment adaptées à la compétition mondiale et d’autres plus en marge et défavorisées subissant les effets de la mon-dialisation. Les dynamiques démographiques et écono-miques expliquent cette organisation. En effet, la présence d’un territoire de l’innovation avec des entreprises performantes ou d’un technopôle, de métropoles dynamiques, une accessibilité performante (plateforme multimodale et/ou hub) ou un programme de coopération transfrontalière sont autant de facteurs qui contribuent à l’attractivité et à la compétitivité des territoires. En revanche, les territoires industriels anciens touchés de plein fouet depuis les années 1970 par la concurrence étrangère sont toujours confrontés aux délocalisations et connaissent un lent déclin. Des politiques de reconver-sion menées par de multiples acteurs spatiaux en tenant compte des potentialités et des contraintes tentent de les redynamiser.

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Géographie94

sujet d’étude 1 p. 146-151

Soigner en France : disparités et maillage

Les commentaires du programme« On étudie les disparités de répartition de certaines pathologies, le vieillissement de la population, la réparti-tion des professions médicales sur le territoire. On confronte ainsi la demande à l’offre de soins puis on aborde le problème du maillage hospitalier et de son évolution. » (BO n° 9, 1er mars 2012)

Place dans le thèmeLe sujet d’étude Soigner en France : disparités et maillage permet de montrer à différentes échelles les dynamiques territoriales à l’œuvre dans notre pays à travers le prisme de la population. L’évolution de l’offre et de la demande de santé ainsi que la répartition des services de santé sont des enjeux majeurs pour les pouvoirs publics.

Présentation du planOn établit dans un premier temps le bilan sanitaire de notre pays qui présente à la fois des disparités par sexes mais aussi entre les territoires. On montre également qu’il existe des inégalités dans l’offre de soins et dans l’accès aux services médicaux. Pour les pouvoirs publics et les professionnels de santé, quelle que soit l’échelle, la néces-sité est aujourd’hui de trouver des solutions pour corriger ces inégalités.

a La demande et l’offre de soins (p. 146-147)

Présentation des documents

Le corpus est composé d’un ensemble de quatre cartes à l’échelle nationale de sources diverses (INSEE, Ordre des médecins), d’un texte publié sur le site du Conseil général de l’Allier illustré par une affiche et d’un article extrait du journal Le Parisien du 30 novembre 2011.Les documents de cette double page permettent de répondre à la problématique suivante : Quelle sont les caractéristiques de la demande et de l’offre de soins en France à l’échelle nationale et départementale ?

Présentation de l’Activité T i C EChaque élève peut voir de quelle offre de soins bénéficie sa région, la comparer avec celle des autres régions et déterminer en fonction des documents 1 et 3 si elle répond à la demande de soins.

sujet d’étude au choixB

Réponses aux questions

La demande de santé (doc. 1 et 3)1. Les régions où l’espérance de vie féminine est la plus élevée sont les Pays de la Loire, le Poitou-Charentes, l’Aquitaine, le Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, PACA et l’Île-de-France. À l’inverse, les régions où elles vivent moins longtemps sont la Haute-Normandie, la Picardie, le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardenne, la Lorraine, la Bourgogne et l’ensemble des DROM.

2. Le phénomène qui touche la population française depuis 1950 comme celle de l’ensemble des pays déve-loppés, est le vieillissement.

3. Pour les hommes comme pour les femmes, les régions les plus touchées par le cancer sont : la Picardie, la Haute-Normandie et le Nord-Pas-de-Calais.

L’offre de soins sur le territoire (doc. 1 à 3)4. Les régions où les médecins sont les plus nombreux : Île-de-France, PACA, Aquitaine, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Les régions où ils sont moins nombreux : Picardie, Centre et Haute-Normandie.

5. Ce sont dans les régions où la mortalité liée aux can-cers est la plus importante que l’on trouve le moins de médecins. De plus, on constate avec le doc. 1 que c’est dans les régions où l’espérance de vie féminine est la moins élevée que le nombre de médecins est plus faible.

Comment adapter l’offre à la demande ? (doc. 4 et 5)6. Les solutions envisagées sont : • de faire appel à des médecins étrangers ;• d’octroyer des bourses d’étude pour les étudiants en 3e

cycle de médecine contre l’obligation de s’installer dans une zone déficitaire.

aCTiViTÉ BilanLa demande et l’offre de soins varient d’un territoire à un autre (entre un département rural comme l’Allier et urbain comme l’Oise) et suivant les régions (Haute-Normandie et PACA). Au cours des dernières décennies, avec le vieillissement de la population, on constate que l’offre de santé ne répond pas toujours à la demande médicale. Par exemple, les régions les plus touchées par le cancer sont les moins bien dotées en médecins.

b Le maillage hospitalier et son évolution (p. 148-149)

Présentation des documentsLes documents permettent de présenter le maillage hos-pitalier en France et son évolution à différentes échelles

Page 95: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

954. La France : dynamique de localisation des activités et des populations

constate une forte baisse (division par deux du nombre de médecins) puis une stabilisation dans les années 1990 et une forte croissance depuis le début des années 2000. On peut l’expliquer par l’augmentation de l’âge moyen des médecins et par un besoin plus important de santé avec l’apparition de nouvelles pathologies et surtout avec le vieillissement de la population.

11. Pour ajuster la demande à l’offre, l’État a décidé d’augmenter le numerus clausus, de créer les Agences régionales de santé et d’encourager la création des mai-sons de santé. Elles semblent répondre aux problèmes en prenant davantage en compte les spécificités locales. Pour autant, les problèmes ne sont pas réglés.

12. Le dispositif Wanted est une réussite, on peut voir que la maison de santé rurale de Donjon accueille un médecin qui a bénéficié de cette bourse d’étude.

aCTiViTÉ Bilan

État

Augmentation du numerus

claususAgences régionales de santé

Collectivités territoriales : communes, communautés de communes, départements et régions

Hôpitaux

Maintien Fermeture

Maisons de santé

Recherche T i C E (p. 150)Pour chaque région, les onglets : présentation ou mis-sions de l’agence et projet régional de santé (PRS) per-mettent aux élèves de connaître l’ARS de leur région ainsi que leurs spécificités sanitaires.Un exemple : l’ARS de la région PACA L’ARS PACA ouverte en avril 2010 est dirigée par Dominique Deroubaix, nommé en conseil des minis-tres en 2009. Les locaux sont installés à Marseille dans le quartier d’Euroméditerranée, sur le boulevard de Paris.Le PRS Paca adopté pour la période 2012-2016 se traduit par un ensemble de documents qui définit, organise et programme la mise en œuvre des priorités de santé pour l’ensemble des professionnels de santé et de pré-vention. Il doit permettre de répondre au mieux aux principes suivants :• l’accessibilité au système de santé ;• l’approche globale de la santé ;• le travail en commun de tous les acteurs de la santé ;• la promotion de l’innovation ;• le bon fonctionnement du système de santé.

afin de corriger les inégalités dans la demande et dans l’offre de soins. Ils montrent aussi comment à l‘échelle locale on tente, dans les « territoires de santé », de trouver des solutions.

Présentation de l’Activité T i C ESur le site, les élèves trouveront les onglets nécessaires pour répondre aux questions de l’activité.La maison de santé est définie par l’article L. 6323-3 du code de Santé Publique. C’est un lieu dans lequel vont s’exercer des activités de soins médicaux et paramédi-caux (médecine, pharmacie, infirmiers…) mais aussi des actions de prévention sanitaires, des projets d’éducation pour la santé.Le pôle de santé est défini par la loi. Il est constitué « entre des professionnels de santé, le cas échéant de maisons de santé, de centres de santé, de réseaux de santé, d’établissements de santé, d’établissements et de services médico-sociaux, des groupements de coopéra-tion sanitaire, et des groupements de coopération sociale et médico-social » dont la vocation comme pour la mai-son de santé est d’assurer des soins médicaux et para-médicaux ainsi que des actions de prévention.Sur le site, les élèves peuvent trouver dans l’onglet Témoignage un exemple dans une zone rurale dans l’Ain (région Rhône-Alpes) : la maison de santé de Pont-de-l’Ain inaugurée en 2006 regroupe en un même lieu : 7 médecins généralistes, 2 infirmiers, 2 kinésithérapeutes, 3 orthophonistes, 1 pédicure-podologue, 1 diététicienne, 2 pharmaciens, 1 assistante sociale, 1 psychocogniticien, 1 neuropsychologue et 1 puéricultrice.Sur le site www.mamaisondesante.com, on peut trouver d’autres exemples.

Réponses aux questions

Un maillage inégal (doc. 6 à 8)7. Les régions où au moins deux fermetures d’hôpitaux sont décidées : la Bretagne, l’Auvergne, la Lorraine, la Bourgogne, le Midi-Pyrénées mais aussi PACA. On constate avec le doc. 2 que la plupart de ces régions sont celles où le nombre de médecins est le moins élevé.

8. Le temps de parcours est plus long en Bourgogne et dans une ligne horizontale qui s’étend du Lot avec Cahors jusqu’au département des Hautes-Alpes avec Gap. Par contre, le temps de parcours est plus court si l’on réside en Île-de-France ou dans le Nord-Pas-de-Calais.

9. Outre la perte d’emplois, la fermeture de cette mater-nité obligerait les patientes à se rendre dans une mater-nité plus éloignée. Cela augmenterait donc les risques pour l’enfant et la mère.

Des solutions (doc. 9 à 11)10. La courbe du numerus clausus connaît trois phases : à partir des années 1970 jusqu’aux années 1990, on

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Géographie96

immunosuppresseur utilisé afin de prévenir et de traiter le rejet de greffe en transplantation d’organes.

Réponses aux questions

Les caractéristiques d’un territoire de l’innovation (doc. 1 à 3)1. Lyonbiopôle s’est installé dans la communauté urbaine du Grand Lyon dans le quartier de Gerland.2. Depuis 2005, ce pôle de compétitivité mondial a déve-loppé ses activités autour des sciences du vivant, des bio-technologies et de la lutte contre les maladies infec-tieuses. Le pôle produit des vaccins, des médicaments.

Les facteurs de dynamisme (doc. 4 à 6)3. De nombreux atouts ont permis le développement de ce pôle. Tout d’abord, la Communauté urbaine du Grand Lyon offre un cadre de vie agréable entre Saône et Rhône et une accessibilité optimale. La présence de la plate-forme multimodale et du hub de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry et d’un réseau autoroutier très dense connecte la métropole aux réseaux locaux, nationaux et internationaux. Ensuite, elle dispose d’une population nombreuse et diplômée. Enfin, la situation géographique de la métropole lyonnaise, à proximité de la dorsale euro-péenne, est un atout supplémentaire.

4. Les acteurs impliqués dans le développement et la réussite de Lyonbiopôle sont :• l’Union européenne ;• l’État ;• la Région Rhône-Alpes ;• la Communauté urbaine du Grand Lyon ;• la Chambre de Commerce et d’Industrie ;• les entreprises ;• les laboratoires ; • les universités.

aCTiViTÉ BilanUn territoire de l’innovation regroupe sur un même terri-toire des entreprises (dans le Grand Lyon environ 2 000), des établissements d’enseignement supérieur (19 établis-sements pour 152 000 étudiants) et des organismes de recherche publics ou privés (550) avec la vocation d’éla-borer ensemble des projets majeurs d’innovation à l’échelle mondiale avec Lyonbiopôle (1er centre mondial de production biologique) mais aussi Axelera (chimie et écotechnologies).

b Un territoire inséré dans la compétition mondiale (p. 154-155)

Présentation des documentsLe corpus documentaire permet de montrer que, grâce à ses activités innovantes, la Communauté urbaine du Grand Lyon rayonne à l’échelle locale, nationale, euro-péenne et mondiale.

sujet d’étude 2 p. 152-157

Un territoire de l’innovation : la Communauté urbaine du Grand Lyon

Les commentaires du programme« On présente le dynamisme démographique et écono-mique d’un territoire spécialisé dans les fonctions de recherche et d’innovation, et fondé sur des activités pro-ductives de haute technologie.On souligne l’importance des politiques industrielles sec-torielles et l’impact de politiques d’aménagement du ter-ritoire dans ce décollage, et l’insertion des activités dans des échelles et des réseaux de coopération européens et mondiaux. » (BO n° 9, 1er mars 2012)

Place dans le thèmeÀ différentes échelles, les dynamiques territoriales pré-sentent des inégalités. Le territoire du Grand Lyon est un territoire de l’innovation qui présente un dynamisme démographique et économique et se caractérise par l’im-portance des activités de haute technologie. De nom-breux acteurs interviennent sur ce territoire inséré dans la mondialisation.

Présentation du planLe territoire du Grand Lyon se caractérise aux échelles nationale, européenne et mondiale par sa capacité à innover. Tirant profit de la situation géographique et de son accessibilité, de nombreux acteurs (État, collectivités territoriales, universités et écoles, laboratoires et entre-prises) travaillent en synergie pour en faire un territoire de l’innovation performant. Ces activités dans le domaine médical contribuent à la fois au dynamisme démogra-phique et économique du territoire mais également à son insertion dans la mondialisation.

a Un territoire dynamique (p. 152-153)

Présentation des documentsLes documents de cette double page permettent de situer le territoire concerné avec une carte à grande échelle et de présenter certains acteurs et certaines caractéristiques et activités de ce territoire de l’innovation.

Présentation de l’Activité T i C ECréée en 1981 aux États-Unis, l’entreprise Genzyme appartient au groupe Sanofi, un des leaders mondiaux de l’industrie pharmaceutique. Genzyme est aujourd’hui l’un des leaders de la biotechnologie médicale, il compte 10 000 salariés dans le monde.À Lyonbiopôle, l’entreprise fait des recherches sur les maladies infectieuses humaines et animales et sur les cancers. Le site de bioproduction de Lyon fabrique un

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974. La France : dynamique de localisation des activités et des populations

Recherche T i C E (p. 156)Sur le site www.competitivite.gouv.fr, chaque élève va trouver la liste des 71 pôles de compétitivité en France classés selon leur rayonnement :• pôle national ; • pôle à vocation mondiale ; • pôle mondial. Ils peuvent aussi choisir les pôles selon la région où ils habitent. Une fois leur pôle choisi, des onglets (Activités, Projets, Vie des pôles, Actualités, Agenda) permettent d’en établir une carte d’identité. Les élèves trouveront aussi pour chaque pôle des tableaux de bord regroupant les informations nécessaires en termes de localisation, d’emplois et de formation, ainsi qu’un lien vers le site Internet du pôle.

sujet d’étude 3 p. 158-163

Un espace rural en déprise : l’Auvergne

Les commentaires du programme« En utilisant un certain nombre d’indicateurs (baisse démographique, vieillissement, exode rural, recul agri-cole...), on présente le processus et les effets de la déprise d’un espace rural. On en souligne les contraintes et les atouts – effectifs ou potentiels – dans le cadre de l’évolu-tion des demandes sociales et des politiques d’aménage-ment du territoire. Ces atouts peuvent déboucher sur une nouvelle attractivité, à l’échelle nationale ou européenne. Le tout fonde la nécessaire création de nouvelles entités de gestion intercommunale adaptées aux zones rurales. » (BO n° 9 du 1er mars 2012)

Place dans le thèmeLa question obligatoire sur l’étude des dynamiques de localisation des activités et des populations a été consa-crée d’une part à la répartition de la population (densités, métropolisation, différentes mobilités) puis aux espaces productifs. Il s’agit ici de s’intéresser aux espaces les moins favorisés que l’on dit en déprise. La déprise rurale peut être ici rapprochée de la fameuse « diagonale du vide », terme inventé par la DATAR ou de la « diagonale des déprises » de Roger Brunet (1992). Des Ardennes aux Landes et aux Pyrénées, c’est une large bande à domi-nante rurale qui se caractérise par un déclin démogra-phique, un vieillissement de la population et une dimi-nution des activités, en particulier agricoles. L’exemple de l’Auvergne est pertinent à plus d’un titre, d’autant que cette région met aujourd’hui en avant des atouts qu’il conviendra de souligner…

Présentation du planLe professeur doit nécessairement traiter cette question

Présentation de l’Activité T i C ELes activités du pôle de compétitivité Imaginove, créé en 2005, sont axées sur les images en mouvement (jeux vidéos, animations). Le pôle regroupe près de 150 entre-prises, 23 laboratoires de recherche et 28 formations liées à l’image. Il est parfaitement inscrit dans la mondialisa-tion par sa participation à des manifestations internatio-nales et par les projets innovants qu’ils développent.

Réponses aux questions

Un territoire compétitif (doc. 6 à 10)5. Le Grand Lyon est inséré à toutes les échelles, du local au mondial.6. L’aéroport Lyon-Saint-Exupéry est une plateforme multimodale, c’est-à-dire qu’elle regroupe dans un même lieu plusieurs modes de transports. C’est aussi le second hub d’Air France après Roissy-Charles-de-Gaulle.7. L’attractivité de ce territoire se lit à travers les projets de partenariats européens et mondiaux, mais aussi par le nombre d’entreprises étrangères qui s’y installent (3e rang européen).

Des projets à différentes échelles (doc. 6 à 10)8. Le projet Biox4Clusters permet à la métropole de s’in-sérer à l’échelle européenne avec des partenariats avec l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, mais aussi à l’échelle mondiale par leur volonté de s’affirmer comme des lea-ders dans leur domaine. Ce territoire compte aussi à l’échelle mondiale car des entreprises, leader dans les biotechnologies, s’y sont ins-tallées. De plus, l’organisation de manifestations interna-tionales de premier plan confirme que le Grand Lyon est un territoire inséré dans la mondialisation.

Quel bilan ? (doc. 6 à 10)9. On peut parler de réussite pour ce territoire de l’inno-vation par le nombre important d’entreprises étrangères qui s’y installent, par l’organisation de manifestations internationales (Lyon capitale du Web en avril 2012), et par la réalisation de projets européens et mondiaux (l’ins-tallation dans le quartier de Confluence d’un réseau d’énergies intelligentes).

aCTiViTÉ BilanLyon une métropole européenne et mondiale

LaboratoiresUniversités

Des partenariats européens et internationaux

Pôles de compétitivité

Manifestations internationales Accessibilité

Lyon, une métropole

européenne et mondiale

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Géographie98

dominante rurale, on peut noter que le Cantal et la Haute-Loire sont des départements essentiellement ruraux : ainsi dans le Cantal, 62,3 % de la population du départe-ment vit dans un espace à dominante rurale (59,6 % en Haute-Loire).

4. Le document 1 nous montre que l’Allier et le Cantal possèdent un âge médian supérieur à 44 ans. Si l’on com-plète cette information par la lecture du document 2, on peut voir que c’est dans le Cantal que l’on trouve le plus de communes où l’âge médian dépasse 52 ans.

Un manque de dynamisme (Repères, doc. 2 à 4)5. En Auvergne, le département le plus rural est le Cantal (62,3 % des habitants vivent en espace à dominante rurale) puis la Haute-Loire (59,6 %), l’Allier (37,3 %). En revanche, le Puy-de-Dôme est plus urbain et aussi plus jeune (voir doc. 2).

6. Il y a un lien entre le pourcentage d’habitants vivant dans un espace à dominante rurale et le revenu par habi-tant. En effet dans le Cantal ou la Haute-Loire, les habi-tants qui sont 62,3 % et 59,6 % à vivre dans des com-munes rurales ont un revenu inférieur (19 530 euros et 19 547 euros) à l’Allier (21 595 euros) et le Puy-de-Dôme (25 938 euros) qui sont des départements moins ruraux (seulement 19,3 % des habitants vivent en espace rural dans le Puy-de-Dôme).

7. L’activité représentée sur la photographie est l’agricul-ture. Ici en Haute-Loire, on pratique l’élevage. À l’arrière-plan, un tracteur transporte des balles de foins destinées aux bêtes pendant l’hiver.

8. D’après le texte 4, le manque de dynamisme de la région est lié au déficit migratoire chez les jeunes : en effet, les 18-29 ans partent étudier dans les grands centres universitaires (Paris, Lyon, Toulouse), même si certains font leurs études à Clermont-Ferrand. Mais le déficit global des flux migratoires en Auvergne est également dû au départ des jeunes actifs (13 000 départs de plus que d’arrivées en 10 ans).

aCTiViTÉ BilanLa région Auvergne est composée de 4 départements dont la population totale atteint 1 339 000 personnes. Les densités de population sont moindres par rapport à la moyenne nationale. De même l’âge médian de la population auvergnate est assez élevé (entre 41 et 44 ans) et certaines communes dépassent 52 ans. Par ailleurs, l’Auvergne perd de la population : les départs touchent surtout les étudiants qui partent faire leurs études à Clermont-Ferrand, et surtout vers les grandes villes uni-versitaires (Paris, Lyon ou Toulouse). Mais il en est de même pour les jeunes actifs qui vont travailler dans d’autres régions. L’agriculture reste une activité impor-tante (l’élevage en particulier).

autour de deux entrées problématiques :• la première insiste sur le constat : l’Auvergne est-elle une

région en déprise et pourquoi ?• la seconde met en exergue un certain nombre de

facteurs qui militent pour une nouvelle attractivité de l’Auvergne.

a Une région en déprise ? (p. 158-159)

Présentation des documentsLe point de départ de la démonstration est le tableau Repères qui nous présente un certain nombre de don-nées chiffrées : population, densités, ville, population à dominante rurale et revenu par habitant. Le cadre géo-graphique est celui des quatre départements et, à titre de comparaison, de la région et de la France métropolitaine. Une comparaison montre des écarts importants. On retrouve ces écarts à l’échelle du territoire national pour l’âge médian (doc. 1) et à l’échelle régionale (doc. 2). Il s’agit donc de prendre en compte l’un des critères de la déprise rurale, à savoir le vieillissement de la population. Dans un second temps, on mettra l’accent sur les activités agricoles (doc. 3) et sur la baisse démographique et l’exode rural (doc. 4).

Présentation de l’Activité T i C EIl s’agit de mettre les élèves en activité sur un autre terri-toire régional : la Champagne-Ardenne. On reprendra les critères énoncés dans la définition de « déprise rurale » pour voir si la région Champagne-Ardenne est également une région en déprise rurale. Lorsqu’on navigue sur le site de l’INSEE, on peut identifier un certain nombre de fac-teurs qui affirment ou infirment l’idée de déprise rurale pour ce territoire de l’Est de la France.

Réponse aux questions

Une région en déprise démographique ? (Repères, doc. 1 et 2)1. La région Auvergne est peu peuplée : elle arrive au 19e rang des 22 régions métropolitaines, juste avant la Franche-Comté, le Limousin et la Corse. Au niveau des densités de population, les quatre départements qui constituent la région Auvergne sont bien en dessous de la moyenne de la France métropolitaine (par exemple, 26 habitants/km2 pour 117 au niveau national).

2. On peut parler de déprise démographique pour l’Au-vergne car tant pour la population totale que pour les densités, les 4 départements auvergnats sont bien en-deçà des moyennes nationales.

3. À part Clermont-Ferrand, capitale régionale de 150 000 habitants, les chefs-lieux de département sont des petites villes (Moulins : 24 000 habitants, le Puy : 21 000, Aurillac : 31 000). Si l’on examine le % d’habitants vivant dans un espace à

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994. La France : dynamique de localisation des activités et des populations

toire rural où les entreprises peuvent bénéficier d’avan-tages fiscaux importants pour dynamiser un territoire en difficulté (faible densité démographique, handicap éco-nomique).

12. Les avantages pour les communes concernées : elles sont financées par des aides de l’État, en particulier en matière d’impôts. La carte met ainsi en évidence les com-munes du Cantal classées en ZRR et les pôles d’excellence rurale qui développent activités et emplois dans des domaines très divers : tourisme, bioressources, services médicaux et accueil, technologies (télémédecine, desti-nés aux médecins de campagne).

13. Les points Visio-public permettent de pallier le manque de services publics dans les zones isolées. Il s’agit ainsi de mettre en relation les usagers avec les services par visio-conférence. La Région Auvergne a été pionnière en la matière et elle est soutenue dans sa démarche par les Fonds européens et ceux des conseils généraux des quatre départements.

14. Ces points Visio conférence sont particulièrement utiles dans les territoires où les services publics ne sont plus présents ou trop éloignés : c’est le cas, dans le texte (doc. 8) de l’ANPE, de la Mutuelle sociale agricole et Caisse d’allocation familiale.

15. Les arguments avancés par cette page d’accueil du site Internet www.auvergne-tourisme.info sont :• la variété des paysages : volcans, rivières, lacs, sommets

enneigés… ;• des séjours qui offrent une grande diversité d’activités

(randonnée, patrimoine, gastronomie, nature et bien-être, art de vivre, sports d’hiver…) ;

• des hébergements en hôtel, campings, gites ruraux, hébergement à la ferme…) ;

• de nombreuses activités (vélos, pêche, activités éques-tres, moto, golf…).

aCTiViTÉ BilanL’Auvergne est un territoire qui n’est pas dépourvu d’atouts intéressants : en premier lieu, la région n’est plus aussi enclavée qu’autrefois car les autoroutes qui la tra-versent d’Est en Ouest et du Nord au Sud permettent à un Clermontois de rallier Paris, Montpellier, Lyon ou Bordeaux par voies autoroutières. Cela facilite l’implanta-tion d’entreprises ou de zones d’activités proches des échangeurs. Par ailleurs, le territoire auvergnat valorise ses communes rurales qui profitent du label de Zone de revitalisation rurale (ZRR) : avantages fiscaux, aides des collectivités territoriales (Conseil Régional et conseils généraux). Par ailleurs, pour lutter contre l’isolement, les collectivités locales ont entrepris un plan d’équipement numérique pour les communes trop éloignées des services publics.

Ainsi, la région Auvergne connaît des difficultés démo-graphiques et économiques importantes : on peut donc dire que cette région est un espace rural en déprise.

b Vers une nouvelle attractivité (p. 160-161)

Présentation des documentsCette double page est construite sur l’idée que la région Auvergne, malgré ses difficultés, possède de sérieux atouts qui font qu’elle peut être aujourd’hui considérée comme une région attractive. Ce sont tout d’abord les voies de communication (doc. 5) qui permettent un désenclavement de la région et génèrent des activités (doc. 6). Même les zones les plus rurales comme le Cantal bénéficient d’une politique de revitalisation rurale (les ZRR, doc. 7). Les collectivités locales font beaucoup pour pallier certaines difficultés comme la disparition des ser-vices publics : par exemple, on implante des points Visio-public (doc. 8), des bornes de visio-conférence qui mettent le citoyen en relation, à distance, avec les ser-vices publics (ANPE, MSA, CAF). Le dernier document (doc. 9) est dédié à la promotion touristique avec divers atouts (la neige, les volcans, l’eau, la nature, le patrimoine etc.)

Présentation de l’Activité T i C EL’activité permet de compléter cette étude avec une recherche que peuvent mener les élèves sur le dévelop-pement du numérique pour revitaliser le territoire de l’Auvergne. On demandera par exemple à un groupe d’élèves de présenter les résultats de leurs recherches à la classe.

Réponse aux questions

Désenclaver l’Auvergne (doc. 5 et 6)9. Le réseau autoroutier qui avait longtemps délaissé le territoire de la région Auvergne est aujourd’hui composé de deux axes transversaux : l’A89 qui relie Lyon à Bordeaux et qui passe non loin de Clermont-Ferrand et l’axe Nord- Sud (A71 vers Paris et A75 vers Montpellier et la Méditerranée, ainsi on peut dire que l’Auvergne est réelle-ment désenclavée aujourd’hui.

10. Les autoroutes A71 et A75 sont importantes pour l’économie de l’Auvergne car, comme on peut le voir sur la photographie 6, elles génèrent des zones d’activités à proximité. Ainsi, on peut observer sur le cliché des bâti-ments sur la gauche, tout proches de l’échangeur auto-routier. Rappelons que l’Auvergne n’est qu’à trois heures de Paris par autoroute et cela peut intéresser des entre-prises qui souhaitent s’installer sur un territoire où les ter-rains sont sans doute moins chers que dans la région pari-sienne.

Revitaliser un territoire rural (doc. 7 à 9)11. Une zone de revitalisation rurale (ZRR) est un terri-

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Géographie100

À lire Vincent adoumié, Géographie de la France, Hachette supé-rieur, 2009 (chapitres 5 et 7) : une étude synthétique du modèle agricole français et de l’évolution des espaces ruraux F. Damette et J. Scheibling, Le territoire français, permanences et mutations, Hachette supérieur, 2011 (chapitre 3) : un large développement sur les mutations de l’espace rural.

À consulteragriculture.gouv.fr/ : le site du ministère de l’agriculture.www.insee.fr : le site de l’inSEE qui fournit des statistiques sur l’espace rural profond.www.amrf.fr : le site de l’association des maires ruraux de France (aMRF).

Pour AllEr loinLe dernier atout de l’Auvergne est incontestablement le tourisme (sports d’hiver, tourisme vert ou écotourisme).

Recherche T i C E (p. 162)Cette page offre deux activités distinctes relatives aux problèmes qui touchent les zones rurales en déprise. Dans la première, on se propose d’étudier l’accès aux commerces et services en milieu rural. Là encore le terri-toire concerné est le Massif Central. Le site de l’INSEE montre une série de cartes, de graphiques, de tableaux statistiques. On peut prévoir ainsi un travail en plusieurs groupes, chacun répondant à la suite de sa recherche aux quatre questions de l’activité. L’activité deux est un peu plus ludique, mais non moins intéressante : il s’agit de donner son avis sur un concours de photographie portant sur la ruralité.

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1014. La France : dynamique de localisation des activités et des populations

oBjECTif BAC

capacités et méthodes p. 164-165

Réaliser un croquis à partir d’une photographie

application 1 Un espace de haute technologie : le plateau de Saclay

1. Analyser la photographiea. Le plateau de Saclay est situé au nord de l’Essonne et au Sud-Est des Yvelines, à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris.

b. Ce cliché est une photographie aérienne oblique.

c. 1. Il s’agit du premier synchrotron français de troisième génération, le Synchrotron Soleil inauguré, à Saint-Aubin (Essonne) le 18 décembre 2006. Cet équipement d’excep-tion doit permettre de grandes avancées scientifiques dans les domaines de la recherche médicale, industrielle, mais aussi chimique.2. Commissariat à l’énergie atomique : centre de recherche sur l’atome.3. Habitat pavillonnaire appartenant au village de Saint-Aubin.4. Village de Saint-Aubin.5. Plaine agricole cultivée.

d. Il s’agit d’un espace dédié aux nouvelles technologies.

e. Recherche Internet : http://www.cea.fr/le_cea/les_centres_cea/saclay : « Le CEA Saclay, centre pluridiscipli-naire, compte près de 5 000 chercheurs. Un grand nombre d’entre eux contribuent à optimiser le fonctionnement, la compétitivité et la sûreté des centrales nucléaires, et à apporter des solutions concrètes à la gestion des déchets

nucléaires. D’autres équipes, des physiciens et des biolo-gistes, cherchent à percer les énigmes de la matière (des particules aux galaxies) et du vivant (génétique, biochimie, médecine). Toutes ces recherches s’appuient sur la simu-lation et sur le développement d’outils sophistiqués ».

f. Cette photographie est représentative du type d’es-pace productif consacré aux nouvelles technologies : proximité d’une grande métropole (Paris), environne-ment agréable (le terrain de golf est tout proche).

2. Réaliser le croquis

St-Aubin

Zonepavillonnairesur la communede St-Aubin

Synchrotron

CEA(Commissariatà l’Énergie Atomique)

Axe routier(N306)

Plaineagricole cultivée

Un espace de haute technologie : le plateau de Saclay(Île-de-France)

3. Présenter la photographie et le croquisa. et b. Reprendre les éléments cités dans le 1. et le 2.

application 2 Un espace touristique : la Pointe du Bout, sur la commune des Trois-Îlets (Martinique)

1. Analyser la photographiea. La Pointe du Bout est une station balnéaire située en Martinique, sur la côte sous le vent, au sud de la capitale Fort-de-France.

b. Ce cliché est une photographie aérienne oblique.

c. 1. Port de plaisance et marina des Trois-Îlets.2. Grand hôtel (Le Carayou).3. Plage privée (de l’hôtel Kalenda).4. Digue de protection de la plage, permettant l’accumu-lation du sable.5. Bateaux de plaisance mouillant au large.

d. Il s’agit d’un espace dédié au tourisme et aux loisirs.

e. Recherche Internet : http://jovanie0408.wordpress.com/category/martinique/ « Aujourd’hui, la Pointe-du-Bout est entièrement vouée au tourisme : elle héberge la plupart des hôtels de luxe. Ses atouts sont nombreux : une petite marina, deux pontons desservis par des navettes mari-times (connexion Anse-à-l’Ane et Fort-de-France), un golf de 18 trous et la présence de nombreux services regrou-pés autour des hôtels. »

f. Cette photographie est représentative de ce type d’es-pace touristique des pays tropicaux avec des hôtels de luxe, des plages de sable et une marina dédiées aux plai-sanciers.

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Géographie102

2. Réaliser le croquisVoir schéma ci-contre.

3. Présenter la photographie et le croquisa. et b. Reprendre les éléments cités dans le 1. et le 2.

vers le bac p. 166-169

Présentation des pages BAC

Ces pages permettent d’interroger la question obligatoire et les trois sujets d’étude. Pour chacune des parties, l’élève peut se référer continuellement à une démarche qui se rapporte à un (ou plusieurs type(s) de documents. Dans cet entraînement au Bac, il pourra ainsi construire un certain nombre de compétences : • Reporter des éléments dans la légende d’une carte.• Comparer deux cartes.• Commenter une carte.• Cerner le sens général d’un texte et le mettre en rapport

avec une situation géographique.Pour la question obligatoire, l’élève doit répondre à des questions à réponses courtes. En outre, la question 5 consiste à compléter une carte sur le tourisme. Pour les trois sujets d’étude, les exercices d’entraînement portent sur l’analyse de deux documents, de nature variée (cartes, tableau statistique, textes, photo).

question obliGatoire

Habiter, travailler : les espaces du peuplement et du travail (p. 166)

1. b. 82 %.

2. La « diagonale des faibles densités » regroupe un cer-tain nombre de régions, des Ardennes aux Landes en pas-sant par le Massif Central. Appelée parfois « diagonale du vide », elle prend également en compte la Bourgogne, l’Auvergne, une partie de Midi-Pyrénées et de l’Aquitaine.

3. Un pôle de compétitivité est le regroupement sur un même territoire d’un ensemble d’acteurs privés et institu-tionnels afin de favoriser l’innovation et la compétitivité.Deux exemples de pôles de compétitivité :

• la Cosmetic Valley localisée sur 8 départements à l’ouest et au sud-ouest de Paris (centre principal : Chartres), regroupant 550 entreprises spécialisées dans l’industrie de la cosmétique et du parfum, 47 000 emplois dont 7 700 chercheurs.

• Lyonbiopôle, labellisé pôle de compétitivité mondial en 2005, a pour but d’appréhender les maladies infec-tieuses humaines et animales de façon globale, du dia-gnostic et de la prévention jusqu’au traitement : plus de 6 500 chercheurs en sciences de la vie, 2 500 chercheurs en infectiologie, dont la moitié dans le secteur privé (Sanofi Pasteur, Mérieux…) et la moitié dans le secteur public (IFR Biosciences, Inserm, CNRS, Université Claude Bernard Lyon1, etc.).

4. Les migrations pendulaires sont les déplacements quotidiens et réguliers d’un individu ou d’un groupe d’in-dividus du lieu de domicile au lieu de travail, le matin et inversement le soir. En revanche, les migrations saison-nières sont des changements de lieu liés aux mobilités touristiques.

5. La carte complétée des espaces touristiques en France métropolitaine (voir page ci-contre).

6. La France a accueilli en 2011 plus de 82 millions de touristes. La variété de ses climats et de ses paysages induit une forte fréquentation toute l’année mais surtout durant les mois estivaux. Les zones touristiques les plus fréquentées sont le Sud du pays et Paris. Le tourisme balnéaire dispose de littoraux attractifs comme ceux de la Côte d’Azur, du Languedoc-Roussillon ou de la côte Atlantique alors que les Alpes, les Pyrénées, le Massif Central, les Vosges et le Jura sont propices aux sports d’hiver ou au tourisme vert. Le pays dispose également d’un patrimoine culturel et religieux très prisé des tou-

Bateaux de plaisance

Digue de protectionde la plage

Plage privée

Port de plaisanceet Marina des Trois-Îlets

Grand hôtel

Un espace touristique : la Pointe du Boutsur la commune des Trois-Îlets (Martinique)

Page 103: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1034. La France : dynamique de localisation des activités et des populations

ristes (Mont-St-Michel, Lourdes, Versailles…) et de parcs d’attractions (Disneyland Paris, Futuroscope…). Les grands

aéroports internationaux et le réseau autoroutier sont des infrastructures qui favorisent les flux touristiques.

sujet d’etude 1

Soigner en France : disparités et maillage (p. 167)

Exercice avec deux documents1. Le document 1 est une carte à l’échelle du territoire national issue du site internet de l’IRDES, Institut de Recherche et de Documentation de l’Économie de la Santé. Cette carte montre l’inégal accès à la médecine généraliste (en 15 minutes) sur le territoire français métropolitain.

2. D’après le document 1, les régions les plus défavori-sées en matière d’accessibilité au médecin généraliste sont d’une part les zones montagneuses (Pyrénées, Alpes du Sud, Massif Central, Corse) mais également des zones rurales isolées (Bourgogne, Lorraine, Champagne-Ardenne). La région qui est la plus mal lotie en la matière est la Corse.

3. C’est en effet dans les régions de montagne et en milieu rural profond que les médecins sont les moins nombreux. De plus la désertification de certaines régions entraîne souvent le départ des habitants et donc des ser-

Futuroscope

Disneyland

Vulcania

Chaîne des Puys

ParcAstérix

Versailles

Deauville

Mont Saint-Michel

Île de Ré

Biarritz

Lourdes

Saint-Tropez

Monaco

Bordeaux

Nantes

Rennes

Grenoble

Toulouse

Lyon

Marseille

Nice

Paris Strasbourg

MerMéditerranée

OcéanAtlantique

Manche

Corse

SUISSE

ALLEMAGNE

ITALIE

ESPAGNE

BELGIQUE

LUXEMBOURG

ROYAUME-UNI

100 km

NLes grands types d’espacestouristiques

Les facteurs d’organisation

Littoral ou île favorablesaux activités balnéaires

Espaces à très forte fréquentation

Espaces à forte fréquentation

Espaces pour les sports d’hiver

Tourisme vert

Paris, métropole mondiale

Grandes métropoles régionales

Hauts lieux du tourisme

Parc d’attractions

Grands aéroports internationaux

Grands axes autoroutiers

vices médicaux. On sait que certaines communes de montagne ou du rural profond aident à l’installation de médecins, parfois venus de l’étranger pour que les habi-tants puissent être soignés pas trop loin de chez eux.

4. La carte 2 est tirée des données de la Direction de la Sécurité Sociale et montre le nombre de kinésithéra-peutes pour 100 000 habitants par département.

5. On peut observer que c’est le Sud de la France qui est, de très loin, le mieux doté en kinésithérapeutes, alors que la Normandie, la Picardie, la région Centre et certains départements du Centre-Est et de l’Est (Haut-Rhin) le sont beaucoup moins.

6. On peut expliquer l’installation des kinésithérapeutes dans le Sud de la France, par l’attrait du climat (héliotro-pisme), mais aussi (c’est une hypothèse) par l’importance des populations retraitées qui peuvent avoir besoin de soins.

7. Ces deux cartes montrent bien que le territoire natio-nal est inégalement desservi en matière de soins médi-caux. En effet, dans les régions de montagne et les zones du rural profond, les médecins généralistes ne sont pas

Page 104: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Géographie104

toujours accessibles en 15 minutes. La montagne corse est, de ce point de vue, particulièrement défavorisée, à cause d’un milieu géographique difficile. Pour ce qui concerne les kinésithérapeutes, le territoire national est très inégalement doté : dans les départe-ments du Sud, on trouve plus de 92 kinésithérapeutes pour 100 000 habitants, mais de 39 à 52 en Normandie, en Lorraine, en Picardie, en région Centre. Du point de vue de la géographie de la santé, on trouve donc d’impor-tantes disparités sur le territoire national.

sujet d’etude 2

Un territoire de l’innovation : la Cosmetic Valley (p. 168)

Exercice avec deux documents

1. Le document 1 est une carte à l’échelle régionale mon-trant les territoires de la Cosmetic Valley qui regroupe 8 départements à l’ouest et au sud de Paris. Le document 2, issu du site Internet de la Cosmetic Valley, présente les principaux chiffres de ce pôle de compétitivité de niveau mondial. Les informations ont été recueillies en février 2012.

2. Un pôle de compétitivité est le regroupement sur un même territoire d’entreprises, d’établissements d’ensei-gnement supérieur et d’organismes de recherche privés et publics qui favorisent l’innovation et la compétitivité dans un secteur économique particulier : ici la cosmétolo-gie et la parfumerie.

3. Les trois régions d’implantation de la Cosmetic Valley sont l’Île-de-France, le Centre et la Haute Normandie. La ville « capitale » de cette Cosmetic Valley est Chartres, en Eure-et-Loir.

4. La proximité de Paris est favorable à la Cosmetic Valley pour plusieurs raisons : c’est tout d’abord la capitale mon-diale de la mode où sont présentes toutes les plus grandes marques de la cosmétique et des parfums. Par ailleurs, c’est un grand centre de consommation avec une clientèle aisée. Paris est enfin doté d’un aéroport interna-tional (Roissy-Charles-De-Gaulle) qui relie la capitale fran-çaise au monde entier.

5. L’association avec les universités est essentielle dans le secteur de la cosmétologie car elles abritent des labora-toires de recherche et des spécialistes qui sont à l’origine des produits fabriqués par les grandes entreprises du secteur.

6. Les secteurs économiques concernés par ce pôle de compétitivité sont l’agriculture (matières premières natu-relles), l’industrie chimique (matières premières chimi-ques), l’emballage (verre, carton, plastique), l’industrie des machines-outils et le tertiaire (recherche, contrôle qualité).

7. La Cosmetic Valley est incontestablement un territoire économique très performant : il regroupe 550 entreprises dont de nombreuses PME, 47 000 emplois dont 7 700 chercheurs. Ce pôle de compétitivité représente 60 % de l’industrie française de la beauté, associant 6 universités (Le Havre, Cergy-Pontoise, Versailles, Rouen, Orléans et Tours), 200 laboratoires de recherche et 136 établisse-ments de formation.

sujet d’etude 3

Un espace rural en déprise (p. 169)

Exercice avec deux documents

1. Le document 1 est un article du Monde paru en novembre 2009 dans lequel le journaliste explique que dans le village de Douelle (Lot), le nombre de naissances a été divisé par deux entre 1975 et aujourd’hui. Et pour-tant la population totale a augmenté entre ces deux dates car elle est passée de 670 habitants à 750 de nos jours. On peut expliquer cet apparent paradoxe par des flux migratoires positifs, c’est-à-dire l’afflux de nouveaux rési-dents, en particulier des Anglais qui viennent s’installer à Douelle et qui en apprécient le charme et le mode de vie.

2. Depuis 1945, les exploitations agricoles ont nettement diminué : on est passé de 92 à la fin de la guerre à 39 en 1970. Aujourd’hui, nous dit le texte, elles ont quasiment toutes disparu.

3. La principale production agricole est aujourd’hui la monoculture du vin de Cahors (vin d’appellation contrô-lée) car cette production se vend bien sur le marché fran-çais et à l’étranger. Le texte évoque aussi, de manière un peu anecdotique, les noix.

4. Les activités qui expliquent l’attractivité de Douelle en été sont la base de loisirs, le club de parapente et la base fluviale qui attire des Australiens, des Russes ou des Américains qui louent un bateau pour faire de la croisière fluviale.

5. Les nouveaux résidents sont donc des populations étrangères (principalement des Anglais) qui restaurent les maisons et recherchent un environnement agréable ainsi qu’une bonne qualité de vie.

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1054. La France : dynamique de localisation des activités et des populations

6. Les habitants de Decize (Nièvre) demandent que l’on ne ferme pas la maternité de leur ville. En effet, la rationa-lisation des dépenses de santé conduit souvent les auto-rités ou les responsables locaux à fermer des unités de soins dans les petites villes (Decize est un chef-lieu de

canton de moins de 6 000 habitants dans le département de la Nièvre). On regroupe souvent les services des hôpi-taux dans des villes plus grandes (Nevers, Moulins), ce qui n’est pas sans poser des problèmes pour les usagers, en particulier en cas d’urgence médicale.

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Géographie106

Géographie

5THÈME Les territoires de proximité en France

coopération entre les communes au sein d’établisse-ments publics de coopération intercommunale (EPCI).Région : circonscription administrative créée en 1955 et devenue en 1986 une collectivité territoriale, gérée par le président du conseil régional. La Région agit notamment en matière d’aménagement, de développement écono-mique, de formation professionnelle, de construction et d’entretien des lycées et de transport ferroviaire.

Les articulations possibles entre la Question obligatoire et les Sujets d’étude au choix

Les sujets d’étude sont liés directement à la question obli-gatoire Acteurs et enjeux de l’aménagement et du développement des territoires puisqu’il s’agit d’étudier une des trois formes de structures intercommunales qui gèrent, par définition, des territoires de proximité ; la gestion de l’eau par une grande agence de l’eau ce qui concerne directement les usagers ; la région de l’établis-sement, forcément un élément du territoire de proximité des élèves.

Une communauté urbaine, d’agglomération ou de communesActuellement, la plupart des communes font partie d’une intercommunalité ou sont fortement incitées à y entrer. L’idée est la mutualisation des moyens, ce qui permet aux acteurs (élus, habitants, partenaires publics et privés) de mieux satisfaire les besoins des administrés dans les choix d’aménagement et d’équipement. Nous sommes là au cœur du thème et de la question obligatoire. Choisir ce sujet, c’est traiter de la question obligatoire à une grande échelle, un niveau d’analyse local.La gestion de l’eau par une grande agence de l’eauCe sujet d’étude relève bien des acteurs et des enjeux de l’aménagement d’un territoire, car l’eau est évidemment vitale, au cœur des préoccupations des élus et des adminis-trés, tant pour sa quantité que pour sa qualité. La dimension environnementale est essentielle. Les grandes agences de l’eau sont à une échelle régionale, mais les installations de production, la consommation, le retraitement des eaux usées sont forcément liés aux territoires de proxi-mité. C’est un enjeu essentiel d’aujourd’hui et de demain.La région de l’établissementCe sujet d’étude présente trois volets liés entre eux, les compétences des conseils régionaux, qui se sont considérablement accrues depuis les premières lois de décentralisation, les choix d’aménagement pour satisfaire les besoins des populations et donc pour déve-lopper les territoires, et la construction des identités

Présentation du thème

Cette question du programme porte sur les territoires de proximité, c’est-à-dire des territoires construits par la vie quotidienne des habitants, par leurs déplacements, leurs activités, leurs pratiques sociales ; des espaces aménagés pour répondre aux besoins des citoyens, des territoires qui contribuent à donner aux habitants une partie de leur identité. Ces territoires de proximité sont multiples, car organisés, administrés, aménagés par de multiples acteurs qui interviennent parfois ensemble sur tel ou tel projet. Outre les citoyens qui peuvent avoir leur avis à donner, ce sont les collectivités dites locales qui sont les principaux acteurs des aménagements, tout en pouvant être soutenues par l’État, voire l’Union européenne.C’est dire que ce thème de Géographie a d’évidents liens avec la dimension civique de la géographie scolaire, tant dans la relation entre les citoyens comme acteurs respon-sables et leurs territoires, que dans le lien entre les citoyens comme administrés et l’organisation des pou-voirs en France.Les élèves pourront également développer les compé-tences prévues par les programmes en exploitant des documents de nature variée : identifier et localiser, chan-ger d’échelles pour une analyse géographique, prélever des informations, critiquer les documents, argumenter, élaborer des croquis et des schémas. Ce thème est aussi l’occasion de faire utiliser les TIC, pour des recherches documentaires, la création de documents ou la prépara-tion d’écrits et d’oraux.

Rappel des notions associées au thème

Décentralisation : processus par lequel l’État transfère aux collectivités territoriales des compétences et des ressources nécessaires pour les exercer. Ce processus a débuté en 1982 et s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui.Développement durable : développement qui doit prendre en compte les aspects économiques, sociaux et environnementaux de l’avenir des sociétés. Il s’agit de répondre aux besoins des populations actuelles sans compromettre ceux des générations futures.Collectivité territoriale : circonscription administrative, distincte de l’État, qui s’occupe des intérêts d’une popu-lation d’un territoire précis. D’après la Constitution, il s’agit des communes, des départements, des régions et des collectivités d’outre-mer. Elles ont une autonomie, des compétences propres et un pouvoir de décision, mais n’ont pas de souveraineté, contrairement à l’État.Intercommunalité : désigne les différentes formes de

Page 107: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1075. Les territoires de proximité en France

Doc. 2 « Lille Métropole 2030 » : l’aménagement et le développement d’un territoire de proximité

Ce document, extrait d’une plaquette de présentation des travaux de prospective sur Lille dans une vingtaine d’années, permet de souligner le travail réalisé par une communauté urbaine en termes d’aménagement et de développement de son territoire, dans le cadre d’un document précis, le SCoT (voir déf. p. 180). Le deuxième intérêt du document est de présenter divers types de supports utilisés dans un travail géographique : image satellite, cartes, croquis, photographies aériennes.Enfin, ce document permet d’illustrer quelques notions comme le carrefour, les différenciations socio-spatiales, le périurbain, le centre et la périphérie.

Retrouvez dans le manuel numérique enrichi une lecture d’image de ce document.

Mise en relation des documents

La mise en relation relève de l’énoncé du thème du pro-gramme : la photo de la médiathèque montre une réalisa-tion concrète de l’intercommunalité tandis que le docu-ment lillois met l’accent sur l’aménagement et le développement, dans sa dimension prospective. En outre, le choix a été fait de présenter des éléments rele-vant de deux formes différentes de l’intercommunalité.

régionales qui ont plusieurs objectifs dont la création d’une cohésion de la population et l’affirmation d’une image à l’extérieur, vecteur d’attractivité.

Présentation de la double page d’ouverture (p. 170-171)

Présentation des documents

Doc. 1 La médiathèque de la Communauté de communes du Piémont Oloronais (Oloron-Sainte-Marie, Pyrénées-Atlantiques)

Cette photographie d’une médiathèque intercommunale montre bien les enjeux de l’intercommunalité et de l’aménagement des territoires de proximité. C’est le résul-tat d’initiatives et de financements partagés par plusieurs communes pour un équipement qu’une seule commune aurait difficilement financé. Il s’agit bien ici d’une mutua-lisation, dont on aurait pu prendre d’autres exemples. En outre, cette médiathèque, pour laquelle l’architecte Pascale Guédot a reçu en 2010 le prix de L’Équerre d’argent, contribue à valoriser auprès des habitants et des visiteurs l’image de la communauté de communes. Quatre acteurs ont contribué au financement de la médiathèque (coût global : 7 800 000 €) : 1. L’État : 2 290 000 €.2. La Conseil régional d’Aquitaine : 760 000 €.3. Le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques : 760 000 €.4. La Communauté de communes du Piémont Oloronais :

3 390 000 €.En 2011, la médiathèque compte 6 145 abonnés.

en France, nouveau type administratif créé par la loi de 2010. On compte donc 1 métropole, 15 communautés urbaines, 202 communautés d’agglomération, 2 358 communautés de communes et 5 syndicats d’aggloméra-tion nouvelle en février 2012 (source : www.dgcl.interieur.gouv.fr/, mars 2012). Au total, en mars 2012, plus de 96 % des communes et plus de 90 % de la population sont concernés par l’intercommunalité à fiscalité propre.

Réponses aux questions1. et 2. Les logos renvoient généralement à des codes connus de tout le monde : le bleu pour la mer ou l’eau, le vert pour les espaces ruraux. Certaines régions utilisent leur initiale plus ou moins stylisée ou un objet de réfé-rence. Enfin, plusieurs régions font référence aux pro-vinces historiques, comme Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon qui s’inspirent de la croix occitane ou la Lorraine.Le sens des logos est généralement expliqué sur les sites des conseils régionaux, par exemple :

La carte 1 des régions françaises : la France compte 22 régions métropolitaines, y compris la collectivité territoriale de Corse, auxquelles il faut ajouter quatre départements-régions d’outre-mer (DROM), La Réunion, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, et un nouveau département d’outre-mer (DOM), Mayotte, créé en 2011.Les régions ont été créées par l’État sans lien avec des réalités historiques ou socio-économiques. Mais depuis 1982, elles sont devenues des collectivités territoriales décentralisées, dotées d’assemblées élues au suffrage universel, les conseils régionaux, et d’un exécutif incarné par les présidents de région. Dès lors, les régions n’ont cessé de promouvoir leurs nouvelles identités spéci-fiques, notamment à travers des logos représentés sur la carte.

La carte 2 de la France intercommunale en 2012 permet de distinguer les 4 ou 5 types d’intercommunalités exis-tant en France actuellement, puisque Nice Côte d’Azur est devenu le 1er janvier 2012 la première « métropole »

repères p. 172-173

Page 108: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Géographie108

www.bretagne.fr/internet/jcms/preprod_123928/logo-et-chartewww.region-alsace.eu/region-alsace/telecharger-le-logo-de-la-region-alsace/www.regionpaca.fr/nos-services-en-ligne/le-logo-de-la-region.htmlIl existe également des sites plus généralistes : http://suite101.fr/article/les-regions-franaises-1-a9186.

les régions. Doc. 1 : les deux photos du collège et du lycée, cas bien connus des lycéens, leur permettent de faire la transposi-tion avec leur propre lycée. Doc. 2 : la couverture de la DREAL Nord-Pas-de-Calais montre un exemple des services déconcentrés de l’État avec une tonalité liée aux nouvelles orientations vers la protection de l’environnement. Doc. 3 : un graphique circulaire montre les ressources d’une région et donc des financeurs de l’action régionale (habitants, État, Union européenne).

Réponses aux questions

1. Les collectivités territoriales chargées de la gestion d’un collège sont l’État, par l’intermédiaire des Rectorats et des Inspections académiques, et les conseils généraux (plus particulièrement les présidents des conseils géné-raux) ; celles responsables des lycées sont l’État et les pré-sidents des conseil régionaux avec les élus des conseils régionaux.2. La DREAL Nord-Pas-de-Calais est un service adminis-tratif déconcentré de l’État qui définit ses missions en fonction des politiques de l’État impulsées par le gouver-nement. Cette image, extraite d’une plaquette d’informa-tion, met en avant quelques-unes de ces missions : pré-server l’environnement, mener des politiques de développement durable, réduire la pollution, se préoccu-per de la qualité de l’eau. 3. L’État a un rôle important dans le financement des actions des régions puisque, dans le cas de la Région Midi-Pyrénées, il fournit un tiers du budget (soit près de 375 millions d’euros). L’État intervient également en transférant une partie de la fiscalité vers la région (carte grise, taxe d’habitation, etc.).4. Les acteurs intervenant dans la décentralisation en France sont l’État et ses services déconcentrés, les collec-tivités territoriales (ici le Conseil régional et son président, le Conseil général et son président) et les citoyens.

bilanLes pouvoirs de l’État et les collectivités territoriales ont été rééquilibrés depuis les premières lois de décentralisa-tion de 1982, même si l’État reste le seul à déterminer la loi au nom de la souveraineté nationale. L’État a octroyé

Présentation

« On montre que la décentralisation administrative et politique transforme les modes d’organisation et de gestion des collectivités territoriales et l’aménagement des territoires. Cette dynamique s’inscrit plus largement dans un rééquilibrage des pouvoirs entre État et collecti-vités territoriales.Ce changement d’échelle et les nécessaires coopérations entre collectivités aboutissent à la définition progressive de « nouveaux territoires » : communauté de communes, communauté d’agglomération et région. On présente leurs grandes compétences – en évolution – et le rôle des acteurs politiques, économiques et associatifs, aux logiques terri-toriales parfois divergentes. » (BO n° 9 du 1er mars 2012).

Présentation générale des pages de COURSLes pages de cours ont été construites, en conformité avec les commentaires du programme, en partant des politiques d’aménagement et de développement des territoires de proximité, en insistant sur la distinc-tion entre collectivités territoriales et État et sur leur coopération (Cours 1). On insiste d’abord sur la trans-formation des collectivités territoriales (Cours 2) avant d’étudier les nouveaux territoires issus des pro-grès de l’intercommunalité (Cours 3). La participation de nouveaux acteurs est ensuite abordée en mon-trant leur diversité et les actions impliquant les citoyens administrés (Cours 4). Enfin, la recension des enjeux permet d’aborder les débats importants (rôle de l’État, nécessaire collaboration entre les collectivi-tés), notamment celui du développement dans le res-pect de l’environnement (Cours 5).

cours 1 p. 174-175

Des politiques d’aménagement du territoire décentralisées

Présentation des documents

Les documents ont été choisis pour montrer concrète-ment la décentralisation, en particulier celle qui a affecté

question obliGatoireAActeurs et enjeux de l’aménagement et du développement des territoires

Page 109: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1095. Les territoires de proximité en France

des pouvoirs importants et une autonomie financière, en matière d’aménagement et de développement (dont la gestion des collèges et des lycées). Le rééquilibrage se poursuit toujours actuellement. Il se traduit également par une modification de ses administrations qui ont été déconcentrées pour s’adapter à la nouvelle donne.

cours 2 p. 176-177

Les transformations des collectivités territoriales

Présentation des documents

Les trois documents cherchent à illustrer trois aspects des transformations des collectivités territoriales, notam-ment de la région. Doc. 1 : la photographie montre une séance du Conseil régional de la Région Rhône-Alpes et présente en même temps le nouveau site construit dans un lieu embléma-tique de la modernisation de la métropole lyonnaise, le nouveau quartier Confluence. Doc. 2 : la carte met en avant le rôle prospectif de l’action régionale pour préparer les politiques d’aménagement et de développement. Son explication peut renvoyer à l’image p. 171. Comme le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie se veut elle aussi une région carrefour entre Paris et Lille. Doc. 3 : le texte extrait du site officiel de la région Nord-Pas-de-Calais montre l’implication des acteurs privés dans le développement régional.

Réponses aux questions

1. Une région est une collectivité territoriale (voir déf. p. 174) incarnée par son Conseil qui discute de la poli-tique régionale et prend des décisions exécutées par le Président. Pour ce faire la Région est dotée de services administratifs et techniques. Les Régions se sont dotées de sièges prestigieux pour affirmer leur identité et leur image de marque auprès des citoyens afin d’être attrac-tives.2. L’intérêt d’un document comme le SRADDT (souvent consultable sur les sites Internet des Régions) est d’affir-mer des directions d’aménagement et de développe-ment à moyen et long terme afin de posséder une cohé-rence pour les actions présentes et futures. Ces directions sont prospectives et non contraignantes puisqu’elles peuvent être adaptées.3. La carte du document 2 permet de repérer l’impor-tance, pour la région picarde, de l’axe Paris-Lille, qui est aussi un axe d’importance nationale et internationale (est imaginé aussi un hypothétique axe Amiens-Londres). L’idée est aussi de développer un axe privilégiée avec Le Havre, principal port français dans la Manche. Enfin, en l’absence d’une métropole de rang national, il est

envisagé un développement en réseau, l’union faisant la force.4. Les acteurs du développement régional sont les insti-tutions régionales ainsi que la CCI, représentant les entre-preneurs régionaux.

bilanLa décentralisation a renforcé considérablement le rôle des régions qui se préoccupent du développement des territoires de proximité, qui cherchent à se donner une unité notamment au travers d’une identité régionale (voir les logos p. 172). Les régions détiennent des compé-tences propres, confiées par l’État, et même un pouvoir réglementaire (réforme constitutionnelle de 2003). Elles ne sont plus des simples instruments aux mains de l’État.

cours 3 p. 178-179

Des nouveaux territoires de proximité : l’intercommunalité

Présentation des documents

Les documents cherchent à refléter la diversité des actions des intercommunalités en donnant des exemples variés. Doc. 1 et 3 : les deux photos renvoient à des réalités concrètes pour les élèves : une piscine communautaire et le financement - avec d’autres acteurs - de nouveaux bâtiments dans un éco-quartier pour souligner l’impor-tance d’un développement durable. Doc. 2 : cette carte doit être rapprochée de celle de la p. 173 pour comprendre la dynamique de l’intercommu-nalité en France depuis une vingtaine d’années.

Réponses aux questions

1. L’exemple de la piscine montre que l’intercommunalité permet le financement d’équipements collectifs impor-tants et coûteux, qui n’aurait pas été possible dans le cadre de communes isolées, surtout pour les plus petites.2. Il s’agit de faire appel aux connaissances qu’ont les élèves de leur environnement local. On peut citer les piscines, les salles culturelles, les patinoires (grandes agglomérations), les réseaux de transport en commun, etc.3. L’évolution est rapide et concerne toutes les régions. Moins de 250 en 1992, elles sont plus de 2 600 actuelle-ment et concernent plus de 35 000 communes. La loi de 2010 prévoit l’achèvement rapide du processus.4. La communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole a participé au projet d’éco-quartier dans le cadre de l’aménagement de la ville avec la volonté d’envisager un développement durable. En même temps, cela ajoute à son image de marque et à sa notoriété

Page 110: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Géographie110

bilanOn peut compléter ce qui a été déjà perçu dans les pages précédentes en citant : l’État, les régions, les municipali-tés, les syndicats intercommunaux, les intercommuna-lités comme la communauté urbaine de Nice Côte d’Azur [devenue une métropole depuis 2012] et les citoyens, voire les futurs citoyens comme à Vannes.

cours 5 p. 182-183

De nombreux enjeux de développement

Présentation des documents

Les documents de cette page mettent en avant des pro-jets de développement ayant des enjeux forts. Doc. 1 : la photo illustre un débat, devenu national, quant à la pertinence de la construction d’un nouvel aéroport au nord de Nantes. Ici ce sont des élus, représentants du peuple, qui manifestent contre ; ils sont soutenus par une grande partie des habitants, des associations et des partis politiques. Doc. 2 : la carte à l’échelle nationale montre un projet qui unit l’État et des territoires divers ainsi que la popula-tion concernée. C’est l’illustration d’un projet de portée nationale puisqu’il cherche à lutter contre les inégalités d’accès à l’information entre les territoires ruraux et urbains. Le Haut débit Internet permet d’envisager un développement économique et social dans des régions relativement enclavées. Doc. 3 : la carte à l’échelle régionale montre un exemple des projets liés au développement durable. Ici la Région Auvergne participe à la protection de son environnement en organisant les zones de développement de l’habitat, le développement des transports collectifs et la protec-tion des zones de pompage de l’eau.

Réponses aux questions

1. Les collectivités locales cherchent à impliquer les citoyens par le biais des conseils d’habitants, conseils de jeunes ou conseils de seniors ; elles peuvent aussi enca-drer des actions de protestations et de revendication contre des décisions qui ne les satisfont pas. Dans ce cas, le citoyen manifeste, expose son mécontentement.2. L’État conserve la direction de certains projets et détient l’action législative, au nom de la souveraineté nationale, pour, entre autres, maintenir une cohésion du territoire et corriger les injustices socio-spatiales. Le haut débit Internet est l’une des conditions de l’égalité de développement de tous les territoires.3. Les collectivités locales doivent faire des projets pour prévoir le développement à venir et les opérations de transformation de leurs territoires. Sur ce document, les élèves doivent percevoir la prévision de densification

nationale voire internationale, ce qui peut être source de développement.

bilanL’intercommunalité permet de rapprocher les politiques de développement des citoyens car elle a permis la multi-plication des projets et leur a donné une plus grande ampleur, susceptible de modifier la vie quotidienne et l’environnement des habitants. C’est le cas quand l’inter-communalité réalise un réaménagement des centres-villes, des conditions de circulation ou la création de ser-vices de transport en commun (il y a d’autres exemples dans le manuel).

cours 4 p. 180-181

Des acteurs nombreux et variés

Présentation des documents

L’idée des documents est de montrer différents acteurs de l’aménagement et du développement des territoires. Doc. 1 : la carte met l’accent sur la recherche et l’ensei-gnement supérieur ; les acteurs en sont la Région Basse-Normandie, l’État et les établissements concernés par les financements. Doc. 2 : l’affiche renvoie à la promotion de l’action citoyenne faite auprès des jeunes. Ici, c’est un conseil municipal, mais les mêmes modalités existent pour les départements, les régions, l’Assemblée nationale et le Sénat, voire l’Europe. L’idée est d’impliquer les jeunes dans les processus de décision. Doc. 3 : le texte extrait du site officiel de la commune de Tourettes-sur-Loup montre un acteur privé qui agit par délégation de service public (on peut relier ce document au sujet d’étude 2).

Réponses aux questions

1. Le CPER Recherche passé entre l’État et la Région vise à développer l’enseignement supérieur (Vire, Flers, Lisieux) et la recherche (Caen), à améliorer les conditions de vie des étudiants (Caen, Alençon) et faciliter les regroupe-ments d’institutions (Caen).2. Les collectivités locales cherchent à impliquer davan-tage les citoyens dans les projets intercommunaux, en créant les conditions d’une « démocratie participative ». Les citoyens ne font plus que bénéficier ou subir les trans-formations, mais participent aux processus de décision.3. Des acteurs privés sont associés au fonctionnement des collectivités locales depuis très longtemps par le biais des délégations de service public, notamment pour la fourniture d’eau. L’entreprise privée remplit une mission de service public après avoir passé contrat avec la ou les collectivités locales qui organisent les marchés.

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1115. Les territoires de proximité en France

des informations par les revues d’information (que les élèves connaissent ou peuvent connaître). La notion d’utilité publique peut aussi être un argument.

Bibliographie, sitographie, etc.les sites proposés renvoient à des acteurs nationaux, mais on peut aussi y trouver des liens avec des acteurs locaux, notamment par le biais du site adcf.org et les sites des régions. les acteurs locaux possèdent tous leurs sites offi-ciels. le numéro de La Documentation photographique cité, bien qu’un peu ancien, permettra de trouver des idées géné-rales intéressantes.

Pour AllEr loin

des zones d’habitat existantes, la protection des zones de captage de l’eau destinée à la consommation, la promo-tion des transports collectifs et l’aménagement de parcs régionaux protégés.

bilanLes intercommunalités peuvent essayer de concilier leurs projets de développement et les exigences des citoyens en associant ces derniers aux prises de décision. D’abord en rappelant que les responsables sont des élus des citoyens. Elles peuvent réunir les citoyens en les infor-mant des projets et en prenant en compte certaines critiques constructives. Elles peuvent communiquer aussi

sujet d’étude 1 p. 186-193

Une communauté urbaine, d’agglomération ou de communes

Les commentaires du programme« On étudie une communauté urbaine, d’agglomération ou de communes, en montrant que les lois de décentrali-sation et les progrès de l’intercommunalité ont débouché sur ce nouveau territoire de gestion.On insiste sur le jeu des acteurs et les choix opérés en étu-diant son périmètre géographique, son mode d’organisa-tion, ses compétences et ses modes de financement. On souligne l’importance progressive acquise par cette communauté face au pavage communal ancien. » (BO n° 9 du 1er mars 2012)

Place dans le thèmeCe sujet d’étude cherche à faire étudier un acteur princi-pal de l’aménagement du territoire, les territoires de proximité, les « nouvelles » collectivités territoriales, que sont la communauté de communes, la communauté d’agglomération et la communauté urbaine. Nous sommes alors dans une interaction entre la géographie et l’éduca-tion civique. Bien sûr, ce sujet d’étude est relié au thème, puisqu’il s’agit de prendre en compte les habitants et l’aménagement du territoire, et plus particulièrement les acteurs du développement.

Présentation du planDans ce sujet d’étude, il a été prévu d’étudier les trois types de communautés existant actuellement (sachant qu’un quatrième type, la métropole, est envisagé par la loi depuis fin 2010 mais débute à peine : la Métropole Nice Côte d’Azur est la première de ce type ; elle existe depuis janvier 2012).

sujet d’étude au choixB

Il s’agit de fournir des exemples d’études qui peuvent être personnalisées en fonction des lieux d’implantation du lycée concerné : un outil est fourni p. 192.

a Une communauté de communes : la Communauté de communes du Nord Martinique (CCNM) (p. 186-187)

Présentation des documentsLes documents permettent d’envisager de nombreux aspects de la vie d’une communauté de communes, tant du point de vue de son statut, de son fonctionnement, des réalités humaines et sociales, que des réalisations concrètes pour le développement des activités.

Réponses aux questions

Une intercommunalité (Repères et doc. 1)1. La Martinique fait partie des îles des Antilles dans l’archipel des Caraïbes, situé dans la mer du même nom. La CCNM regroupe toutes les communes du nord de la Martinique, soit 18 communes dont la plupart (14) ont un littoral. Elle compte plus de 110 000 habitants.2. On constate une forte densité de peuplement, sauf dans les communes littorales au nord (Le Prêcheur, Grand’Rivière, Macouba) et une commune du centre (Fonds-Saint-Denis). Le revenu médian (soit le salaire à la limite entre les 50 % les plus élevés et les 50 % les plus bas) est plus faible que sur l’ensemble de l’île. On note une différence : les communes proches de la métropole, Fort-de-France, située au milieu de l’île, bénéficient d’un salaire médian plus important.

Un nouveau territoire de gestion (doc. 2 à 5)3. La CCNM a des compétences similaires aux autres communautés de communes pour l’aménagement du territoire et le développement économique. Il s’agit d’un regroupement de communes qui a vocation à mener

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Géographie112

rels et d’en appréhender les acteurs.

Présentation de l’Activité T i C ED’une manière originale, le site retenu permet de repérer certains objectifs de développement de cette région tou-ristique bretonne. Il montre aussi l’utilisation de compé-tences locales en informatique, une des spécialités indus-trielles de LTA.

Réponses aux questions

Une association de communes (Repères, doc. 1 à 3)1. LTA regroupe 20 communes, dont la principale est Lannion, et plus de 50 000 habitants. LTA était déjà une communauté de communes, elle a pris ce nouveau statut en raison de sa croissance démographique et écono-mique et le choix de certaines communes de la rejoindre.2. L’intérêt principal est de deux ordres : assurer les ser-vices quotidiens à la population (habitat, enseignement, loisirs, gestion des déchets, assainissement) et promou-voir un développement économique fondé sur deux res-sources : la mer et la spécialisation depuis les années 1960 dans l’informatique et les télécommunications.

Un territoire de gestion (doc. 1 à 5)3. Les compétences de la communauté d’agglomération sont très variées : développement économique, aména-gement de l’espace (économique, social et culturel) ; aide sociale et équilibre social de l’habitat. À quoi s’ajoutent dans le cas de LTA la gestion des services d’intérêt collectif (voirie, eau, déchets, équipements sportifs et culturels) et la protection de l’environnement. Bien sûr, LTA doit ainsi développer des services adminis-tratifs et techniques.4. Les acteurs sont de tous ordres : les élus, les adminis-tratifs et techniciens, les habitants-usagers, les représen-tants des entreprises, des établissements scolaires, de la santé, des commerçants et des artisans.

Des choix et des projets (doc. 1 à 5)5. LTA a développé des zones d’activités économiques, industrielles et commerciales, des lieux de loisirs pour les habitants (piscines, salle de spectacles) et pour les tou-ristes (doc. 3). Elle promeut aussi des actions ponctuelles pour développer son image de marque (Zoom’eo, Startup Weekend).6. Comme pour tous les regroupements de communes, les objectifs principaux sont les services aux habitants et, en particulier, le développement économique pour fournir du travail et des activités aux habitants et aux futurs habitants. L’idée est de développer l’attractivité du territoire.

aCTiViTÉ bilanUne union de communes, en l’occurrence une commu-nauté d’agglomération, permet de joindre des moyens financiers, techniques et économiques. Ainsi les habi-

des opérations hors de portée d’une commune isolée. Elle a des compétences spécifiques : collecte et gestion des déchets, politique culturelle (doc. 4), politique du logement (doc. 3) et certains aspects des transports.4. Les doc. 3, 4 et 5 évoquent différents types d’acteurs : les élus, les habitants évidemment, des institutionnels de la région et de l’État (voir logos doc. 4) et des acteurs privés, notamment des chefs d’entreprise (doc. 5).

Des choix et des projets (doc. 2 à 5)5. La CCNM a réalisé une zone d’activités (pépinière d’en-treprises), l’informatisation des mairies des communes. Elle envisage la création d’un parc culturel consacré au passé amérindien (en fonction de découvertes archéolo-giques) susceptible d’attirer des touristes (même dimen-sion de la mémoire dans le doc. 3). De même elle envi-sage la création d’un pôle touristique (doc. 3) sur la côte ; c’est pour cela qu’elle a relogé les habitants d’un hameau précaire à Macouba.6. La CCNM a pour objectif son développement écono-mique pour rattraper les niveaux de développement du centre et du sud de l’île et lutter contre l’exode vers la métro-pole. Ses choix se sont portés principalement sur le déve-loppement touristique, en s’appuyant sur deux atouts, le littoral et l’intérieur, la Montagne Pelée et ses forêts, les traces archéologiques d’un passé précolombien.

aCTiViTÉ bilanL’existence d’une communauté de communes dans le nord de la Martinique s’explique par la nécessité d’unir les forces des communes afin de développer des projets de développement. La CCNM succède d’ailleurs à un syn-dicat intercommunal qui unissait déjà les compétences. Sans ce regroupement, les communes n’auraient pas les moyens de gérer les déchets, d’informatiser leur gestion ou de gérer des équipements qui bénéficient à tous (ser-vice de cars, ports, aéroport). La communauté de com-munes renforce les capacités d’action et permet d’envisa-ger des projets de grande ampleur comme la pépinière d’entreprises, le parc archéologique ou des installations touristiques. C’est une solution face à des maux, évoqués dans le doc. 5, le retard de développement, la plus grande pauvreté des habitants obligés de quitter leur région par manque d’activité.

b Une communauté d’agglomération : Lannion-Trégor Agglomération (LTA) (p. 188-189)

Présentation des documentsÀ un autre niveau d’analyse, une communauté d’agglo-mération est un regroupement de communes qui gère la vie des habitants et se préoccupe du développement économique. Les documents réunis permettent d’en envisager de nombreux aspects, économiques et cultu-

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1135. Les territoires de proximité en France

Des choix et des projets (doc. 2 à 5)5. Sont cités : le métro, les bus, les TCSP, le dossier pour faire de Toulouse la capitale européenne de la culture (échec puisque c’est Marseille qui a été choisie) (doc. 4). Le Grand Toulouse se préoccupe aussi de l’environne-ment (doc. 5).6. Le Grand Toulouse, comme de plus en plus de com-munes, d’intercommunalités et de collectivités territo-riales, s’efforce de mettre en place des mécanismes de participation des habitants, forcément concernés par les projets, dans le cadre d’une forme de démocratie par-ticipative. Il s’agit de recueillir des avis, créer des événe-ments pour impliquer davantage les citoyens.

aCTiViTÉ bilanUne union de communes, en l’occurrence une commu-nauté urbaine, permet de joindre des moyens financiers, techniques et économiques. Ainsi les habitants du Grand Toulouse bénéficient d’un ensemble d’équipements que toutes les communes autour de Toulouse ne pourraient envisager. C’est le même principe que les autres inter-communalités : plusieurs communes unies peuvent envisager un développement économique et une qualité de vie meilleurs que des communes prises isolément, parce que l’utilisation de ces services concerne un nombre suffisant d’usagers pour en rationaliser la ges-tion. Et les moyens mis à disposition de ce développe-ment permettent d’envisager de nouvelles activités et des travaux pour les faciliter.

Recherche T i C E (p. 192)Cette page permet d’organiser une étude de cas person-nalisée en utilisant les outils TICE. Le schéma est calqué sur ceux des sujets d’étude envisagés dans le manuel et utilise les ressources numériques. La démarche proposée consiste d’abord à identifier la forme de l’intercommunalité étudiée et les spécificités originales. La deuxième étape consiste à repérer les acteurs et leurs compétences ; elle a aussi une dimen-sion d’éducation civique. La dernière étape permet de présenter un ou quelques projets phares que les élèves doivent connaître puisqu’ils font partie des personnes concernées, sinon le recours aux sites Internet des inter-communalités les renseignera facilement.

les sites recommandés sont à l’échelle nationale, mais ils sont tous des passerelles vers d’autres intercommunalités en France. le site de l’aDCF (www.adcf.org) est spécialisé dans l’inter-communalité. À partir de ce site, il est possible de recueillir des informations sur toutes les communautés (onglet Annuaire des communautés) et d’accéder à leurs sites officiels. les sites nationaux peuvent aussi envisager la politique de décentralisation et le point de vue de l’État.

Pour AllEr loin

tants de LTA bénéficient d’une piscine, d’une salle de spectacle, de services de transport ou de gestion des déchets, qui ne sont envisageables que parce que plu-sieurs communes se sont unies et parce que l’utilisation des ces services concerne un nombre suffisant d’usagers pour en rationaliser la gestion. Les moyens mis à disposi-tion de ce développement permettent d’envisager de nouvelles activités et des travaux pour les faciliter.

c Une communauté urbaine : le Grand Toulouse (p. 190-191)

Présentation des documentsLes documents permettent d’envisager les activités et les projets d’un ensemble de communes et d’un nombre important d’habitants (plus de 700 000). Ils sont centrés sur le mode de fonctionnement de la communauté urbaine et mettent en avant les préoccupations écono-miques et environnementales.

Présentation de l’Activité T i C EC’est une activité qui renvoie aux trois études de cas de ce sujet d’étude. Il s’agit de faire faire aux élèves le même travail pour la communauté qui les concerne directe-ment, sachant que l’intercommunalité concerne mainte-nant quasiment tous les habitants. Le recours au journal met en avant la diversité des situations traitées ; souvent leurs unes font référence à des grands projets qui préoc-cupent les élus et leurs administrés.

Réponses aux questions

Réunir 36 communes autour de Toulouse (Repères, doc. 1 et 2)1. Le Grand Toulouse est l’une des principales intercom-munalités de France. Elle existait déjà sous la forme d’une communauté d’agglomération et s’est transformée parce que la population a augmenté, du fait de son attractivité pour les particuliers et les communes environnantes qui ont souhaité en faire partie.2. Le regroupement de ces 37 communes vient de l’inté-rêt qu’elles voient à mutualiser les moyens pour faciliter la vie des habitants, améliorer leur cadre de vie, et favori-ser le développement économique capable de fournir des emplois et de nouvelles capacités de financement.

Un nouveau territoire de gestion (doc. 2 à 4)3. La communauté urbaine du Grand Toulouse exerce des compétences en matière de développement écono-mique et d’aménagement de l’espace communautaire (habitat, politique de la ville), de gestion de services d’intérêt collectif (eau, assainissement, déchets, voiries transports) et de services d’aide sociale (voir doc. 1 et 2).4. Les acteurs sont les élus, les habitants (doc. 3), les ser-vices administratifs et techniques (doc. 2), les entrepre-neurs (doc. 4) et l’État, la région, les départements.

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Géographie114

soit dans les cours d’eau, sous forme de forage et de pom-page. D’où la nécessité de préserver le plus possible ces zones de captage à l’abri de sources de pollution (doc. 2 : points 2 et 4).2. La préservation de la qualité de l’eau est une nécessité pour distribuer à la population de l’eau effectivement potable. Cela suppose une lutte contre « toute pollution par déversements, écoulements, rejets, dépôts… » (doc. 2). Les nappes souterraines sont menacées par la pollu-tion des sols, principalement par l’agriculture et l’indus-trie. Les cours d’eau connaissent les mêmes menaces et les risques de déversements de déchets.

Les objectifs de l’Agence de l’eau Seine-Normandie (doc. 3 à 5)3. La mission d’une agence de l’eau est d’abord d’appli-quer la loi sur l’eau en vue de fournir une eau de bonne qualité aux usagers. L’Agence Seine-Normandie cherche à préserver les ressources en eau (d’où la notion de « cap-tage prioritaire » du programme AAC) et à restaurer les milieux aquatiques, à traiter et retraiter les eaux polluées par les usages domestiques, industriels et agricoles et à informer les usagers et les enfants scolarisés pour limiter les pratiques polluantes. 4. Les acteurs de l’eau, l’État comme les agences de l’eau, communiquent avec les usagers pour améliorer les pra-tiques des usagers dans un but de préservation de la ressource et donc de développement durable (doc. 2 : 6° point ; doc. 5 : incitation à ne plus utiliser de produits chimiques pour désherber dans les communes).

aCTiViTÉ bilanLa société française, l’État et les collectivités locales doivent nécessairement contribuer à une gestion durable de l’eau parce que la qualité de l’eau est parfois menacée par les activités humaines polluantes, parce que la ges-tion de l’eau coûte de plus en plus cher et parce que des changements climatiques semblent s’esquisser depuis quelques années (problème de renouvellement de l’eau des nappes souterraines par exemple). La gestion durable passe par la protection de la ressource plus que par la multiplication des traitements après pompage. La ges-tion durable passe aussi par la limitation de la consom-mation de l’eau.

b Satisfaire les besoins en eau de qualité et maîtriser l’assainissement (p. 196-197)

Présentation des documentsLes documents portent tous sur des actions dans le cadre de l’Agence de l’eau Seine-Normandie (voir carte p. 195). Le doc. 6 est une étude du SDAGE pour les années actuelles et futures qui présente les orientations générales, en application de la loi sur l’eau de 2010 et de la directive cadre sur l’eau de l’Union européenne de 2000.

sujet d’étude 2 p. 194-199

La gestion de l’eau par une grande agence de l’eau : l’Agence Seine-Normandie

Les commentaires du programme« Ce sujet est étudié dans une perspective d’éducation au développement durable. La recherche toujours plus loin et de façon toujours plus différenciée (captages, pompages, interconnexions) de l’eau dont les popula-tions et les activités ont besoin explique l’importance des grandes agences de l’eau. L’approvisionnement, la gestion de la distribution, la sur-veillance sanitaire, la collecte et le traitement des eaux usées sont étudiés à l’intérieur d’un système qui s’exprime à la fois par des réseaux d’approvisionnement et des modes de gestion étendus à tout un bassin hydrogra-phique. » (BO n° 9 du 1er mars 2012)

Place du dans le thèmeCe sujet d’étude se réfère bien aux territoires de proximité puisque la gestion de l’eau se fait à plusieurs échelles, et principalement à celle des territoires de proximité (prise de l’eau, traitement, distribution, consommation, traitement). Cependant le sujet d’étude permet d’aborder aussi l’échelle nationale et un autre découpage du terri-toire, les agences de bassins. Autrement dit, les territoires de proximité, les acteurs et les actions d’aménagement et de développement sont étudiés sous l’angle d’un seul objet, l’eau que nous consommons.

Présentation du plan adopté Le plan adopté traite du sujet aux différentes échelles à partir de la politique générale, puis des agences de bassins pour présenter les éléments du problème et les enjeux. Dans un deuxième temps, les actions et les acteurs sont étudiés à l’échelle d’une agence et des inter-communalités.

a Gérer et préserver les ressources en eau (p. 194-195)

Présentation des documentsLes docs 1 et 2 présentent les données générales de la gestion de l’eau : le cycle de l’eau avec le point de vue technique pour en faire comprendre les différentes opérations et un extrait de la loi sur l’eau en vigueur (voir aussi la carte des agences de l’eau page 198). Les docs 3, 4 et 5 renvoient au cas particulier d’une Agence de l’eau avec sa définition géographique et ses actions.

Réponses aux questions

Des contraintes fortes (doc. 1, 2 et 5)

1. Le captage de l’eau se fait soit en nappe souterraine,

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1155. Les territoires de proximité en France

Le doc. 7 montre comment est prise en compte la popu-lation, comme c’est souvent le cas dans les territoires de proximité (voir cours n° 4). Les doc. 8 et 9 suivants sont orientés particulièrement sur les acteurs et leurs réalisations essentiellement tech-niques.

Présentation de l’Activité T i C EL’idée est de faire transposer ces exemples portant sur l’Agence Seine-Normandie à l’agence de l’eau dont dépend le lycée ou les domiciles des élèves. Toutes les agences de l’eau ont des sites qui cherchent à informer les populations. Ici la question porte sur les acteurs. Une démarche plus générale est présentée page 198.

Réponses aux questions

Le SDAGE 2010-2015 de l’Agence de l’eau Seine-Normandie (doc. 6 et 7)

5. D’après le SDAGE (doc. 6), l’Agence est confrontée à des problèmes de pollution de toutes natures et des problèmes dus aux aléas climatiques (inondation, séche-resse). Les obstacles identifiés sont donc la concentration importante de population dans la région avec surtout l’agglomération parisienne, les activités industrielles et portuaires dans la vallée de la Seine, notamment la multi-plication des déchets des zones aquatiques en littoral ou non.6. Les acteurs intervenant dans la politique de l’eau de l’Agence sont les élus chargés de l’administration de l’Agence, les responsables de collectivités locales (le doc. 7 cite les maires par exemple), les entreprises agricoles et industrielles, les usagers-consommateurs-clients et les techniciens chargés du captage, des traitements et de la distribution de l’eau.

Une politique d’actions locales (doc. 7 à 9)7. Le réseau d’approvisionnement en eau de la région de Bray-sur-Seine est constitué d’une zone de captage par forage de l’eau (donc à partir de nappes d’eau liées à la Seine), puis d’un réseau de canalisation qui doit franchir la Seine pour alimenter des zones de stockage (château d’eau, réservoir enterré). L’eau circule grâce à la présence d’une station de reprise (voir déf. p. 196), elle est destinée aux communes de la région.8. Outre ce qui peut être décrit avec le document 8, le texte (doc. 9) permet de montrer que l’eau circule vers une station de traitement qui doit la rendre potable (aération, filtration, désinfection et adjonction de chlore). On peut aussi s’appuyer sur le schéma p. 194 sur le « Cycle technique de l’eau ».9. Il s’agit de mettre à nouveau l’accent sur les acteurs. On trouve les communes, donc les conseils municipaux et les maires, les divers syndicats intercommunaux, l’Agence de l’eau et l’État, les intercommunalités (ici une

communauté de communes CCFA), les techniciens et l’entreprise privée spécialisée dans la gestion et la distri-bution de l’eau comme mandataire du service public.

aCTiViTÉ bilan

Recherche T i C E (p. 198)La recherche TICE présente une possibilité d’adopter la démarche du sujet d’étude à n’importe autre agence de l’eau en France (y compris les DOM). Les élèves pour-ront ainsi, à partir d’Internet ou en fonction de leurs connaissances locales (magazines divers distribués par les communes et intercommunalités), étudier un pro-blème ou une situation en rapport avec eux. Ils peuvent travailler à l’échelle de l’agence de l’eau (étape 1) en la décrivant et en analysant ses actions, puis isoler une action locale dont ils identifieront les acteurs et les poli-tiques menées (étape 2). Il est également possible de faire l’inverse : dans le cas où les élèves auraient connais-sance d’une situation locale, ils peuvent commencer par l’étudier (étape 2) avant d’élargir la perspective en s’intéressant au pilote, l’agence de l’eau (étape 1).

Nappes souterraines

Prélèvement

Traitement

Consommation

Traitement des eaux

rejet

Cours d’eau

Agences de l’eau

Syndicats intercommunaux

Intercommunalités (éventuellement)

Entreprises privées délégataires de

service public

Usagers (population entreprises,

agriculteurs)

Syndicats intercommunaux

Intercommunalités (éventuellement)

Entreprises privées délégataires de

service public

Bibliographie, sitographie, etc.Outre le numéro de La Documentation photographique, assez récent (2010), les sites indiqués permettent de travailler à l’échelle internationale, nationale avec le site www.lesagencesdeleau.fr qui donne les liens vers chaque agence régionale. À partir de ces liens, il est possible de consulter des sites d’intercommunalités, de SiVU et de SiVOM.

Pour AllEr loin

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Géographie116

Les docs 2, 3, 4 et 5 donnent divers exemples concrets de ces choix (transports, numérique, industriel, recherche et culturel).

Retrouvez dans le manuel numérique enrichi une carte interactive qui présente les caractéristiques démo-graphiques et économiques de la région Limousin.

Présentation de l’Activité T i C EL’idée est d’appliquer ce travail sur le Limousin à n’im-porte quelle région, donc à rechercher à partir du site officiel de la région des élèves et/ou du lycée, des infor-mations sur les choix économiques effectués et des exemples concrets.

Réponses aux questions

L’extension des compétences régionales (doc. 1)1. Il est possible de repérer les compétences régionales, par ailleurs esquissées dans la définition de la région (page 174) et dans les pages Cours : – économie et emploi, soit le développement économique ;– aménagement du territoire ; – formation, culture et sport.2. Le Conseil régional agit d’abord en tant que représen-tant des électeurs-citoyens-administrés, mais ses ressources proviennent également de l’État et de l’Union européenne. Il faut ajouter les entreprises qui participent financière-ment à l’apprentissage et à la formation professionnelle.

Les choix de développement et d’aménagement (doc. 2 à 5)3. À l’examen des documents 2 et 3, on peut relever parmi les préoccupations principales du Conseil régional du Limousin l’accessibilité de l’espace régional, et l’effort à mener contre l’enclavement. La Région mise sur les axes routiers rapides et surtout sur une future LGV qui la rappro-cherait, en distance-temps, de Paris et donc de l’interna-tional. Comme toutes les régions françaises, le Limousin est aussi soucieux de fournir des emplois à la population, elle investit donc dans les nouvelles technologies d’ave-nir, comme le montre le technopôle Ester à Limoges.4. La participation au DORSAL relève du même problème d’enclavement, particulièrment exacerbé dans les espaces ruraux. Des liaisons haut-débit Internet pourraient favori-ser une revitalisation des communes rurales (voir aussi doc. 2 page 183).5. La Lettre du Limousin illustre la volonté des régions de développer la vie culturelle en province pour distraire les habitants, susciter peut-être du tourisme et améliorer l’identité régionale. C’est aussi, plus généralement, un ins-trument de communication de la Région Limousin.

aCTiViTÉ bilanLe Limousin est un territoire nettement moins peuplé que

sujet d’étude 3 p. 200-205

La région de l’établissement

Les commentaires du programme« On présente cette région. À cette échelle, on rend concrets l’extension des compétences régionales depuis les différentes lois de décentralisation, les principaux choix de développement et d’aménagement, les efforts de construction d’une identité régionale. » (BO n° 9 du 1er

mars 2012)

Place du dans le thèmeCe sujet d’étude est au centre du thème sur les territoires de proximité puisque la région est l’un des acteurs qui exerce des compétences en lien direct avec la vie quoti-dienne des habitants donc des élèves. À commencer par le cadre de leurs études, puisque ce sont les régions qui gèrent les lycées. Le sujet d’étude, après une présentation générale de la région, s’oriente dans deux directions, les choix de déve-loppement et d’aménagement et la construction d’iden-tités régionales. Pour l’aspect institutionnel, on peut se reporter aux pages de Cours.

Présentation du plan Le choix a été fait de prendre le cas de deux régions. Pour chacune, une direction d’étude a été choisie : – le Limousin et les choix de développement et d’aména-

gement ; – la Bretagne et la politique de renforcement de l’identité

régionale.

La page Recherche TICE donne une proposition pour l’étude de n’importe quelle région dans les deux dimen-sions.

le dossier régionRetrouvez en téléchargement gratuit sur www.enseignants.hachette-education.com un dossier sur la région de votre établissement comprenant une carte interactive, une carte statique, trois cartes thématiques, un fond de carte et des repères statistiques actualisés.

a Les choix de développement et d’aménagement : la Région Limousin (p. 200-201)

Présentation des documentsUne première série de documents (Repères et doc. 1) permet de travailler sur la présentation de la région (à compléter par les cartes Repères, p. 172-173) et sur les choix financiers et économiques, dont ceux de dévelop-pement et d’aménagement.

Page 117: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1175. Les territoires de proximité en France

activités économiques en attirant des entreprises et des entrepreneurs.3. L’une des spécificités bretonne est l’existence de deux langues, reconnues comme telles, le breton à l’ouest de la région et le gallo à l’est. On pourrait aussi évoquer la juxtaposition d’un littoral important et des espaces ruraux, mais ce caractère est moins spécifique.

Des politiques utilisant l’identité culturelle (doc. 1 à 5)4. Le Conseil régional de Bretagne a fondé sa propre marque pour profiter de l’image de marque de la Bretagne en France et dans le monde et faire produire en Bretagne davantage pour créer plus d’emplois.5. La préservation du patrimoine naturel entre dans la politique culturelle de la Région car ce patrimoine fait partie de la culture bretonne et de l’image que s’en font les Bretons et ceux qui connaissent la Bretagne : côtes rocheuses, plages, îles, pêches et produits de la mer. Ce patrimoine peut être en danger du fait de la littoralisation des activités et des habitants, d’un tourisme excessif et des activités de l’agriculture intensive.

aCTiViTÉ bilanLe développement des identités régionales est fonda-mental et perçu comme tel par les conseils régionaux parce qu’il inscrit l’action des régions, en matière de déve-loppement et d’aménagement, dans l’esprit des habi-tants-administrés et qu’il peut être un vecteur de déve-loppement auprès des Français et de l’international.Quelques idées pour construire un exposé à l’oral (avec les éléments tirés de la double page sur la Bretagne) :• des identités comme des signes de reconnaissance

des habitants autour d’un patrimoine commun (noir et blanc, langue, costumes bretons bigoudens relookés) ;

• des identités qui valorisent l’action des conseils régio-naux (site Internet bilingue, financement de fêtes et festivals, protection du patrimoine culturel et naturel) ;

• des identités qui peuvent être des agents pour le déve-loppement économique (création d’une marque, déve-loppement d’activités industrielles liées à l’agriculture, à la mer et au tourisme) ;

• des identités qui peuvent être des motifs pour une orientation de l’aménagement des espaces régionaux (marque Bretagne, schéma régional du patrimoine naturel et de la bioderdiversité).

Recherche T i C E (p. 204)L’idée est de fournir une grille d’étude de n’importe quelle région dans le cadre du programme. Cette grille reprend les trois points fondamentaux du sujet d’étude, même si le travail peut ne concerner qu’un seul point selon les besoins de l’enseignant. La grille peut être utili-sée directement par les élèves qui pourront exploiter dans le cadre de séance(s) TICE les ressources numé-riques ou web indiquées dans la colonne Outils.

la moyenne française (43,7 hab./km² contre 115 hab./km² en moyenne nationale). La ville principale est Limoges. Face à ce constat, le Conseil régional du Limousin cherche à développer l’économie régionale et à l’aménager en conséquence. Son principal problème est l’enclavement qu’il lui importe de rompre en favorisant le développe-ment d’un réseau de communications rapides (4 voies, autoroute, LGV) renforcé par l’extension d’un réseau Internet à haut débit à destination des zones les plus rurales et les plus isolées. À ces conditions, la Région favorise le déve-loppement d’activités de pointe, notamment la céra-mique, tradition régionale, en partenariat avec les autres collectivités locales, l’université et les entreprises privées.

b L’affirmation d’une identité régionale : la Région Bretagne (p. 202-203)

Présentation des documentsTous les documents visent à montrer les stratégies de la Région Bretagne pour affirmer son identité culturelle, sachant que celle-ci existait déjà bien avant la transfor-mation des régions en collectivités territoriales. La Région s’appuie sur son histoire, les langues bretonne et gallèse, son rayonnement touristique fondé essentiellement sur la mer. Elle développe des actions culturelles et écono-miques en s’appuyant sur son image.

Retrouvez dans le manuel numérique enrichi une carte interactive qui présente les caractéristiques démo-graphiques et économiques de la région Bretagne.

Présentation de l’Activité T i C EIl s’agit de transposer les stratégies de la Région Bretagne à la région des élèves, sachant qu’il existe, de ce point de vue, deux types de régions, celles qui s’appuient sur une identité préexistante qu’il s’agit de renforcer et celles qui doivent se construire ex nihilo une image pour exister auprès des habitants et de l’extérieur (les logos en sont un reflet, voir carte p. 172).

Réponses aux questions

L’affirmation d’une identité régionale (doc. 1 à 5)1. La Région Bretagne affirme son identité culturelle en s’appuyant sur les couleurs du drapeau breton, le gwen ha du (noir et blanc), qu’elle n’utilise pas directement parce qu’une partie de la Bretagne culturelle est dans la Région Pays de Loire. L’affirmation se manifeste dans de nombreux domaines : le territoire maritime et agricole (doc. 2 et 3), le tourisme (doc. 2 et 3), la culture (doc. 1 et 6) et la marque Bretagne à visée économique (doc. 5).2. La motivation est d’ordre identitaire : renforcer l’image de la région sur les habitants (Fête de la Bretagne, Yaouank, langues bretonnes) et d’ordre économique (doc. 5), utiliser l’image de la Bretagne pour renforcer les

Page 118: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Géographie118

oBjECTif BAC

capacités et méthodes p. 206-207

Utiliser des cartes et des photographies aériennes du site Géoportail

application 1 Étudier sur Géoportail les formes d’intercommunalité autour de Strasbourg

1. Rechercher sur le site Géoportail

2. Sélectionner des cartes et des photographies

3. Illustrer le thème étudié

a. Les communes appartenant à la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) sont par exemple : Schiltigheim, Bischheim et Lingolsheim. Ce sont des communes moyennement peuplées, entre 15 000 et 30 000 habi-

tants, qui constituent des banlieues résidentielles (immeubles ou résidences pavillonnaires) pour la capitale alsacienne.

b. Les communautés de communes autour de Strasbourg sont par exemple : la Communauté de Communes Les Châteaux (à l’ouest) ; la Communauté de Communes du Kochersberg (au nord) ; la Communauté de Communes de Molsheim-Mutzig (à l’ouest).

application 2 Étudier les formes de l’intercommunalité dans votre région

Les consignes à suivre dépendent de la région où se situe la ville du lycée de l’élève. Une lecture attentive des consignes permet de répondre facilement au questionnaire. Ce travail pourrait être réalisé en salle informatique, par recherche individuelle et confrontation des résultats obtenus.

Page 119: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1195. Les territoires de proximité en France

oBjECTif BAC

vers le bac p. 208-211

Présentation des pages BAC

Ces pages permettent d’interroger la question obliga-toire et les trois sujets d’étude associés. Précisions encore une fois que le professeur choisira en cours l’un des 3 sujets d’étude, mais que nous offrons dans cette prépara-tion au BAC un exemple pour chacun des 3 sujets d’étude possibles.

Pour chacune des parties, l’élève peut se référer conti-nuellement à une démarche qui se rapporte à un ou plu-sieurs types de documents. Pour la question obligatoire, l’élève doit répondre à des questions à réponse courte. La question 6 consiste à compléter trois cartes simples. Pour les trois sujets d’étude, les exercices d’entraînement portent sur l’analyse de deux documents, de nature variée (texte + photo ; deux textes, une carte + un texte).

question obliGatoire

Acteurs et enjeux de l’aménagement et du développement des territoires (p. 208)

1. Le territoire français est composé de 36 680 com-munes.2. L’intercommunalité se définit comme les différentes formes de coopération entre les communes d’un même territoire au sein d’Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). 3. Le tableau complété

Nombre de régions en France métro- politaine

Nombre de régions d’outre-mer

Nombre de départements métropolitains

Nombre de départements d’outre-mer

22 5 96 5

4. Une communauté urbaine est un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) regroupant plu-sieurs communes d’un seul tenant et sans enclave qui forment, à la date de sa création, un ensemble de plus de 450 000 habitants et qui s’associent au sein d’un espace de solidarité, pour élaborer et conduire ensemble un pro-jet commun de développement urbain et d’aménage-ment de leur territoire.Une communauté d’agglomération est un EPCI regrou-pant plusieurs communes formant un ensemble de plus de 50 000 habitants d’un seul tenant et sans enclave, autour d’une ou plusieurs communes centre de plus de 15 000 habitants. Elle exerce des compétences en matière de développement économique, d’aménagement du ter-ritoire et d’équilibre social de l’habitat. Une communauté de communes est un EPCI regroupant plusieurs communes d’un seul tenant et sans enclave. Elle a pour objet d’associer des communes au sein d’un espace de solidarité, en vue de l’élaboration d’un projet commun de développement et d’aménagement de l’espace. Elle assure certaines compétences : aména-gement du territoire, développement économique, ser-vices collectifs, logement, action sociale…5. Deux communautés urbaines en France métropoli-taine : à choisir parmi Grand Lyon, Lille Métropole, Marseille Provence Métropole, Communauté urbaine de Bordeaux, Communauté urbaine de Strasbourg, Grand Toulouse, Nantes Métropole, Communauté urbaine du Grand Nancy, Brest Métropole Océane, Dunkerque Grand littoral, Le Mans Métropole, Communauté urbaine d’Arras, Métropole Nice Côte d’Azur, Communauté urbaine Le Creusot-Montceau, Communauté urbaine de Cherbourg, Communauté urbaine d’Alençon.6. Les différents types de territoires de proximité :

100 km 50 km 25 km 60 000 habitants

12 500 habitants

Communautéde communes

Communauté urbaineDépartement

Région

Communautéd’agglomération

719 489 habitants

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Géographie120

sujet d’etude 1

Un territoire de proximité : la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole (p. 209)

Exercice avec deux documents

1. Le document 1 est un texte extrait du site Internet de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole. Le document 2 est une maquette montrant le projet de réaménagement du Vieux-Port de Marseille. Il s’agit d’une image de synthèse, car les travaux ne commencent qu’en 2013.2. Marseille Provence Métropole est une communauté urbaine de premier plan : en effet la métropole mar-seillaise compte 2 millions d’habitants, dont 1 million pour la Communauté urbaine. Celle-ci regroupe 18 communes, 83 000 entreprises et 380 000 emplois.3. La principale ambition de la Communauté urbaine de Marseille Provence Métropole est de devenir à l’hori-zon 2020 un pôle scientifique, technologique et environ-nemental. Elle envisage également de devenir un centre universitaire, culturel et architectural de renom. Sur le plan économique, Marseille affiche une volonté d’être un pôle d’affaires international, s’appuyant sur le projet Marseille Euroméditerranée. Enfin, la Communauté urbaine veut devenir un pôle d’échanges de marchan-dises de dimension mondiale au cœur de l’Europe du Sud mais aussi une grande destination touristique (premier port français et de la Méditerranée).4. La Communauté urbaine Marseille Provence Métropole veut se développer dans le domaine scientifique, techno-logique, dans le secteur des affaires internationales, pour les échanges et la logistique, et enfin dans le tourisme.5. Dans le projet de réaménagement du Vieux-Port de Marseille, il s’agit de réaliser une zone piétonnière et de privilégier les transports collectifs. Ainsi, ce grand projet est conforme à la volonté de la Communauté urbaine de devenir une référence en matière environnementale et architecturale.6. Ce projet peut favoriser des activités culturelles et tou-ristiques.7. La Communauté urbaine Marseille Provence Métropole doit permettre de renforcer le poids de la cité phocéenne en France et dans l’Europe méditerranéenne (développe-ment d’un pôle logistique, prenant appui sur le port, concurrençant encore davantage le port italien de Gênes et le port espagnol de Barcelone). Le projet vise égale-ment à promouvoir un pôle d’affaire de rang internatio-nal en Méditerranée

sujet d’etude 2

La gestion de l’eau par une grande agence de l’eau : l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse (p. 210)

Exercice avec deux documents

1. L’engagement du maire d’Agde vise à mette en œuvre un plan de développement durable pour sa ville. Celui-ci touche en particulier aux problèmes de l’eau puisqu’un accord cadre a été passé avec l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée.2. La ville d’Agde se situe sur le littoral méditerranéen, dans un environnement où l’eau est très présente (canal du Midi, Hérault, étangs de Thau et de Bagnas), ce qui entraîne des activités économiques nombreuses : conchyliculture, pêche et tourisme balnéaire.3. L’accord-cadre passé entre la municipalité d’Agde et l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée a pour objectifs la protection de la flore aquatique, l’amélioration des eaux de baignade, la valorisation de la biodiversité aqua-tique, le développement des activités dans le domaine de l’écotourisme (tourisme vert), la création d’une ferme aquacole, la réalisation d’une station d’épuration high tech qui permettra d’utiliser l’eau pour l’arrosage. L’ensemble de ce dispositif s’intègre dans une volonté affirmée par le maire de mettre en œuvre une politique de protection de l’environnement.4. La station d’épuration de la Feyssine qui vient d’être construite dans la banlieue de Lyon est également conforme aux objectifs de développement durable : en effet, elle prévoit de respecter l’environnement : respect des promeneurs, de la faune et de la flore des berges du Rhône, du paysage naturel environnant. Les ouvrages de traitement des eaux ou des boues seront fermés ou couverts, les installations bruyantes insonorisées pour éviter tout désagrément. Au niveau de l’architecture, tout est fait pour respecter l’environnement : matériaux natu-rels (bois et galets), forte présence végétale, parking paysagé et même une aire de pique-nique.5. Ces deux exemples montrent bien comment les agences de l’eau participent aux politiques de respect de l’environnement et affichent des objectifs compatibles avec le développement durable. Pour la mairie d’Agde, l’accord passé avec l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée est une garantie pour permettre un développement harmonieux de la ville d’Agde, dans le respect des normes environnementales. Par ailleurs, la station d’épuration de la Feyssine qui dépend de la même agence de l’eau est construite dans une perspective affirmée de dévelop-pement durable.

Page 121: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1215. Les territoires de proximité en France

sujet d’etude 3

La région de l’établissement (p. 211)

Exercice avec deux documents

1. Le document 1 est une carte, tirée du journal Les Échos, qui montre l’évolution des dépenses des régions fran-çaises (métropolitaines et ultramarines) pour les lycées entre la période 1998-2003 et la période 2005-2009. Cette carte est donc à l’échelle nationale.Le document 2 est un texte extrait d’une brochure intitu-lée « La région aux côtés des lycéens », publiée par le Conseil régional de Bourgogne en 2011. L’échelle choisie est régionale.2. Les dépenses concernant les lycées de l’ensemble des régions françaises sont en hausse pour la quasi-totalité des territoires régionaux. Seule la Corse fait exception car les dépenses sont passées de 71 euros/an/habitant sur la période 1998-2003 à 50 euros/an/habitant pour la période 2005-2009. Partout ailleurs, ces dépenses sont en hausse, parfois importante, comme en Languedoc-Roussillon ou en Limousin, où elles ont plus que doublé. Avec les lois de décentralisation, les régions ont pris en charge la construction et l’entretien des lycées. Les dépenses supportées par la collectivité territoriale sont donc devenues plus importantes au fil des ans.

3. La réponse est liée à la région où réside l’élève.4. Le Conseil régional de Bourgogne consacre 72 euros/an/habitant pour les lycées. Ces dépenses couvrent la construction, l’entretien, l’équipement et le fonctionne-ment de ces établissements scolaires, ainsi que l’achat des manuels scolaires pour les élèves des filières géné-rales, technologiques et professionnelles (soit 2,3 millions d’euros en 2010-2011). Par ailleurs, le financement régional touche également les transports pour la carte « Bourgogne-Liberté-26 » et la restauration scolaire. 5. Le conseil régional exerce aussi ses compétences :• dans le domaine de l’économie où il aide les entreprises ;• dans l’aménagement du territoire dans le cadre d’un

contrat de projet État-région ;• dans le secteur de l’environnement (entretien des parcs

naturels régionaux et des réserves naturelles régio-nales) ;

• en matière de transports, le Conseil régional a en charge l’organisation des transports ferroviaires régionaux (TER) et l’entretien des routes nationales ;

• au niveau de l’enseignement, le conseil régional paie les personnels techniques et ouvriers de service des lycées et a en charge toute la formation professionnelle (AFPA, professions paramédicales).

Page 122: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Géographie122

Géographie

6THÈME La France dans la dynamique européenne

et sur les conséquences directes sur le territoire français du report d’une partie des contrôles migratoires sur les frontières extérieures de l’UE.

L’agriculture française face aux mutations de la Poli-tique agricole commune : première puissance agricole de l’UE, la France est en grande partie à l’origine des mécanismes de la PAC mise en place en 1962. Si elle a permis à l’Europe d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, cette politique commune a néanmoins révélé au fil du temps des limites économiques et environnementales. Sa remise en cause nécessite des adaptations en profon-deur de l’agriculture française.

Présentation des pages d’ouverture (p. 212-213)

Présentation des documents

La double page d’ouverture veut illustrer deux axes majeurs pour l’étude du chapitre : la place de la France dans l’UE, et la poursuite de l’élargissement de ce regrou-pement économique et politique.

Doc. 1 La France au cœur de l’Union européenne : le quartier de l’Europe à Strasbourg

La photographie montre le « quartier de l’Europe » à Strasbourg. Ce quartier accueille plusieurs institutions européennes et peut être considéré comme l’une des manifestations concrètes de l’implication de la France dans la dynamique de construction européenne.

Retrouvez une lecture d’image de la photographie dans le manuel numérique enrichi.

Doc. 2 « La Croatie a choisi l’Union européenne » : la dynamique européenne

La Une de ce journal croate illustre le dernier élargisse-ment en date de l’UE, qui sera effectif en juillet 2013 sous réserve d’acceptation des autres États-membres.

Présentation du thème

L’Union européenne est le fruit d’une dynamique de regroupement des pays européens enclenchée au début des années 1950. D’une union à six on est passé à une union à 27, et bientôt 28 membres. Ces élargissements se sont opérés selon des logiques différentes, et se sont accompagnés d’un approfondissement dont la marque la plus visible est la mise en place de politiques communes. De par sa position géographique sur le continent euro-péen, la France est au cœur des dynamiques territoriales européennes. La construction européenne a donc des conséquences majeures sur son espace et son économie.

Rappel des notions associées au thème

Aménagement et développement territorial : ensem-ble des actions menées sur un territoire dans le but d’augmenter son attractivité et de favoriser la mise en place d’une croissance économique durable et équilibrée.Frontière : limite du territoire d’un État au-delà de laquelle il n’est plus souverain. Les frontières sont quali-fiées de « naturelles » lorsqu’elles suivent le tracé d’une chaîne de montagne ou la rive d’un fleuve.Intégration : processus économique visant à permettre à tous les territoires d’un espace d’atteindre progressive-ment le niveau de développement des territoires les plus développés de cet espace.

Les articulations possibles entre la Question obligatoire et les Sujets d’étude au choix

Circuler en France et en Europe : le réseau TGV : l’espace français est largement ouvert sur l’Union euro-péenne et les Lignes à grandes vitesse jouent un rôle de plus en plus important pour relier les grandes capitales européennes. C’est pourquoi le TGV est un facteur d’inté-gration majeur du territoire français à l’espace européen.

L’espace Schengen : de nouvelles frontières pour la France ? : le sujet d’étude permet de s’interroger sur le fonctionnement de l’espace de libre circulation européen

Retrouvez dans le manuel numérique enrichi cette carte dans une version interactive.

La double page est centrée sur un document unique, une carte qui illustre la place du territoire français dans l’UE. Il s’agit ici de montrer à l’élève, dès l’entrée de chapitre, que la position de la France la place au cœur des problé-matiques de la construction européenne.

repères p. 214-215

Page 123: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1236. La France dans la dynamique européenne

La France dans la dynamique européenne

Présentation

« On présente la dynamique d’élargissement de l’UE –avec ses logiques successives – et sa dynamique d’inté-gration : politique agricole commune, politique régio-nale, marché unique, euro. Ces processus aboutissent à d’importantes mutations du territoire français ; ils recon-figurent progressivement ses modes d’articulation aux territoires européens. » (BO n° 9 du 1er mars 2012).

Présentation générale des pages de COURSLe programme invite à emboîter les échelles d’analyse : le territoire français doit être pensé et analysé dans la perspective de la dynamique d’élargissement et d’ap-profondissement de l’UE. On commencera pour cela par rappeler les principaux enjeux passés, présents et futurs des élargissements (Cours 1) ainsi que la pro-blématique des liens entre élargissement et appro-fondissement (Cours 2). On étudie ensuite les consé-quences spatiales de ces différentes évolutions sur le territoire français en n’oubliant pas d’analyser tout d’abord ses modalités d’articulation à l’espace euro-péen (Cours 3 et 4).

Réponses aux questions

1. La France occupe une position de périphérie proche par rapport à la mégalopole européenne. En effet, seules les régions Alsace et Nord-Pas-de-Calais sont pour partie intégrées à la Dorsale européenne. La région Alsace apparaît par exemple comme une région transfrontalière, en position d’interface entre la France, l’Allemagne et la Suisse, au cœur de l’Europe.

2. Les régions les plus influencées par l’appartenance à l’UE peuvent être mises en évidence grâce à plusieurs facteurs :• l’importance des IDE reçus (la France est en 2010 le pays

de l’UE qui a reçu le plus d’IDE et 65 % proviennent d’un pays membre de l’UE) ;

• la position régionale par rapport aux grands axes de transport européens.

Plusieurs régions sont particulièrement concernées, souvent en position frontalière comme Rhône-Alpes et PACA ou la région capitale de l’IDF.

3. L’appartenance aux politiques communes les plus importantes, et notamment à la zone euro, ainsi que la présence sur le territoire français de sièges d’insti-

tutions de l’UE, sont la preuve du dynamisme fran-çais dans la construction européenne.

4. L’importance des flux d’IDE dans les régions françaises en est un indice, tout comme la bonne insertion dans les flux commerciaux internationaux.Pour compléter : en 2010, 65 % des investissements étrangers en France ont une origine européenne, 22 % viennent d’Amérique du Nord, et 11 % d’Asie. Quatre pays (Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni, Italie) sont à l’ori-gine de 50 % des projets d’investissement créateurs d’emplois annoncés en 2010. Les quatre premières régions, l’Île-de-France (31 % du total national), Rhône-Alpes (18 %), Provence-Alpes-Côte d’Azur (6 %) et Midi-Pyrénées (5 %) accueillent 61 % des nouveaux projets, et les sept premières 73 % du total. En termes de création ou de maintien d’emplois, les principales régions sont : l’Île-de-France (26 % du total national), Rhône-Alpes (14 %), Nord-Pas-de-Calais (8 %) et Midi-Pyrénées (7 %), qui comptent ensemble pour 54 % du total national.L’autre indice d’attractivité est le nombre important d’in-frastructures de transport de taille européenne. Enfin, le dynamisme des régions frontalières et littorales est aussi une marque d’attractivité territoriale.

cours 1 p. 216-217

Les élargissements successifs de l’Union européenne

Présentation des documents

Doc. 1 : il s’agit de discerner grâce à cette carte les logiques de l’élargissement de l’UE. Le projet ancien d’union entre les pays européens renaît après 1945. Il s’agit avant tout de trouver le moyen d’assurer les condi-tions nécessaires au maintien durable de la paix. Le projet est soutenu par les États-Unis qui offrent d’ailleurs le pre-mier cadre unitaire (OECE pour répartir les fonds du plan Marshall entre les pays bénéficiaires) puis proposent l’OTAN, mais le projet d’union acquiert peu à peu une autonomie vis-à-vis de l’allié américain. La question de l’élargissement est implicitement présente depuis le traité de Rome : pour réaliser une « union sans cesse plus étroite entre les peuples de l’Europe » , il prévoit la possi-bilité pour tout État européen d’y adhérer. À l’origine, la seule condition posée par le Traité pour pouvoir adhérer à la CEE est d’être un « État européen » . Progressivement les critères se sont durcis. Le Conseil européen de

question obliGatoireALa France, un territoire dans l’Union européenne

Page 124: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Géographie124

Copenhague de 1978 affirme que le respect des droits de l’homme est un élément essentiel de l’appartenance à la Communauté. Tout pays candidat doit adhérer aux stan-dards démocratiques de l’Europe occidentale : État de droit, protection des droits fondamentaux, régime poli-tique fondé sur les valeurs démocratiques. Cette condi-tion existait déjà implicitement avant cette date : l’adhé-sion de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal a été refusée dans les années 1970 car ces pays étaient alors gouvernés par des régimes autoritaires. Lors des Conseils européens de Copenhague (1993) et de Madrid (1995), les États ont ajouté aux conditions juridiques posées par le Traité trois types d’exigences :• politiques : respect et protection des minorités ;• économiques : nécessité de disposer d’une économie

de marché viable capable de faire face à la pression concurrentielle ;

• juridiques : tout pays candidat doit être en mesure d’assumer les obligations découlant de l’adhésion. Autrement dit, tout pays candidat doit respecter l’acquis communautaire.

Ces exigences nouvelles ont été développées dans la perspective de l’élargissement aux pays de l’Europe centrale et orientale. À ce jour, un seul État a vu son acte de candidature refusé, n’étant pas un État européen, le Maroc en 1987.

Doc. 2 : ce texte vise à montrer les fluctuations euro-péennes face à la Turquie, tout en soulignant que la Turquie n’est pas le seul État pour lequel la perspective d’adhésion peut faire débat. En 1957, la question de l’élar-gissement était abordée sans qu’aucune précision géo-graphique ne soit apportée à la définition de l’expression « État européen ». Si la candidature du Maroc a été refusée en 1987 sans aucun débat du fait de son appartenance claire au continent africain, la candidature de la Turquie fait davantage débat. La Turquie est depuis longtemps favorable à un rapprochement avec l’UE : dès 1959, le pays avait demandé à devenir membre associé de la CEE, débouchant sur la mise en place d’un protocole d’union douanière qui entre en vigueur en 1995. En 1987, la Turquie demande à adhérer à l’UE. Le conseil européen d’Helsinki reconnaît officiellement la Turquie comme pays candidat à l’adhésion : « La Turquie est un pays can-didat, qui a vocation à rejoindre l’Union sur la base des mêmes critères que ceux qui s’appliquent aux autres pays candidats. Dans le cadre de la stratégie européenne actuelle, la Turquie, comme les autres pays candidats, bénéficiera d’une stratégie de pré-adhésion visant à encourager et à appuyer ses réformes » . Cette décision divise les Européens. En 2002, le président de la Convention sur l’avenir de l’Europe, Valéry Giscard d’Es-taing, estime que la Turquie « n’est pas un pays européen » et n’a donc pas sa place dans l’Union européenne élargie.

Pour l’ancien président de la République française, l’ad-hésion de la Turquie signifierait « la fin de l’Union euro-péenne » . Il prend ainsi à contre-pied la position officielle de l’UE. « La Turquie est un pays proche de l’Europe, un pays important, qui a une véritable élite mais ce n’est pas un pays européen » , a-t-il déclaré dans un entretien accordé à des journalistes. « Sa capitale n’est pas en Europe, elle a 95 % de sa population hors d’Europe. »

Doc. 3 : l’élargissement progressif de l’Union et surtout, au sein de celle-ci, de l’espace Schengen explique que les frontières de l’UE soient fluctuantes. Depuis l’élargisse-ment de 2004, la frontière a basculé vers l’Est, effaçant les dernières traces du rideau de fer. La Slovaquie a rejoint l’espace Schengen en 2007. Sa frontière avec l’Ukraine représente donc à la fois la frontière orientale de l’UE, mais aussi celle de l’espace de libre circulation, à l’inté-rieur duquel les contrôles aux frontières des États-membres sont supprimés. La pression migratoire est forte, ce qui explique le soutien logistique de l’agence Frontex pour la surveillance de la frontière.

Réponses aux questions

1. On peut trouver des points communs à plusieurs « vagues » d’adhésion :• 1973 : des pays d’Europe du Nord, de culture anglo-

saxonne.• 1981 et 1986 : de toutes jeunes démocraties à l’écono-

mie encore fortement rurale et au niveau de développe-ment fortement inférieur à la moyenne communautaire.

• 1995 : 2 pays nordiques + l’Autriche.• 2004 : 8 pays de l’ancien bloc de l’Est et deux États insu-

laires (dont l’un, Chypre, pose la question des relations avec la Turquie).

2. Il y a deux thématiques essentielles au débat concer-nant la poursuite de l’élargissement : • l’État-candidat fait-il partie de l’Europe ?• l’État-candidat partage-t-il la culture commune euro-

péenne ?

3. La question de l’appartenance d’un État à l’Europe va donc plus loin que la simple géographie. On parle de l’existence d’un fond culturel commun qui serait néces-saire à la poursuite d’une construction homogène de l’UE.Cette idée s’inscrit dans la lignée de l’analyse de plusieurs auteurs. Selon Paul Valéry, l’histoire a légué aux Européens de nombreux héritages communs. Il note en particulier trois influences culturelles communes :• la Grèce a donné aux peuples européens une méthode

de pensée par le biais de la philosophie, de la démocra-tie et de la science ;

• les Romains ont légué aux peuples européens le modèle d’une puissance organisée ;

• le christianisme a pris le relais de l’État impérial romain

Page 125: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1256. La France dans la dynamique européenne

et a accompagné la croissance et l’expansion de l’espace européen (jusqu’en 1492, la chrétienté comme territoire et peuple chrétien s’est confondue avec l’Europe).

Jacques Levy, dans son ouvrage Europe, une géographie présente quant à lui quatre sources culturelles de l’euro-péanité : grecque et romaine ; juive et chétienne. Toujours selon le même auteur, il existe un cinquième bloc « Renais-sance - Réforme - Lumières », qui regroupe les innovations de la pensée européenne.

4. La dimension stratégique de cette frontière se voit dans le paysage : rares sont aujourd’hui les frontières sur-veillées par un mirador, hormis quand les pays limi-trophes sont en conflit. La photographie pourrait presque avoir été prise du temps du rideau de fer et de la guerre froide. La présence des quads, pilotés par des soldats sans doute armés, marque la volonté de surveillance et d’ac-tion éventuellement rapide pour parer à toute entrée illé-gale sur le territoire. On peut souligner aussi le coût d’une telle surveillance pour la Slovaquie, qui est d’ailleurs aidée dans le cadre de l’agence Frontex.

BilanOn attend ici de l’élève qu’il synthétise l’ensemble des informations de la double page et construise un raison-nement s’appuyant sur plusieurs aspects :• Le défi de la cohésion interne.• Le défi de la poursuite de l’approfondissement.• Le défi de la surveillance des frontières extérieures.

cours 2 p. 218-219

La dynamique d’intégration de l’Union européenne

Présentation des documents

Doc. 1 : la politique régionale de l’Union européenne, également appelée « politique de cohésion », cherche à réduire les écarts de développement entre les 271 régions de l’Union (définies à l’échelon NUTS2, et comptant entre 800 000 et 3 millions d’habitants). Elle vise à réduire les écarts de développement entre ces régions par un trans-fert de ressources des régions les plus riches vers celles les plus démunies. C’est en 1975 qu’elle est véritablement mise en place à partir de la création du Fonds européen de développement régional (Feder) dont les dotations sont alors très modestes. En 1992, le traité de Maastricht fait de la cohésion un des objectifs essentiels de l’Union. Il met en place un nouvel instrument, le Fonds de cohésion, ainsi qu’une nouvelle institution, le Comité des régions. Il introduit aussi le principe de subsidiarité, qui définit les règles relatives à l’intervention des pouvoirs publics entre l’Union européenne, les États membres et les échelons décentralisés (régions, départements, etc.), avec le souci

de veiller à ne pas faire à un échelon plus élevé ce qui peut l’être avec autant d’efficacité à un échelon inférieur. C’est ce que l’on appelle « chercher le niveau pertinent d’action publique » . L’élargissement à 10 nouveaux États membres en 2004 a profondément modifié l’équilibre entre les régions euro-péennes. Les disparités s’intensifiant, le budget de la poli-tique de cohésion a été renforcé. La Commission a pro-posé une nouvelle politique dite « de cohésion » (2007-2013) avec pour principes une simplification des procédures et une concentration des aides sur les régions les plus démunies. L’aide financière vient en complément des aides nationales, régionales et locales. Elle est pro-grammée pour une période de sept années et les fonds doivent se concentrer sur des objectifs prioritaires. Pour la période 2007-2013, l’enveloppe globale s’élève à plus de 300 milliards d’euros. La ventilation de la contri-bution par État membre se fait en fonction de critères de population et de niveau de développement.La politique de cohésion repose sur 3 objectifs :• Convergence : aider les régions en retard de dévelop-

pement (dont le PIB est inférieur à 75 % de la moyenne communautaire) ;

• Compétitivité régionale et emploi : renforcer la com-pétitivité et l’attractivité des régions ainsi que l’emploi ;

• Coopération territoriale européenne : promouvoir un développement harmonieux et équilibré de l’Union.

Doc. 2 : ce texte récent permet de mettre en perspective les aspects économiques de la crise (gestion de la dette, crise financière) avec ses conséquences sur l’unité de l’UE. En effet, les États-membres n’ont pas tardé à se diviser quant à la politique à privilégier pour sortir de la crise (politique de relance ou d’austérité) et à la solidarité à apporter aux pays de la zone les plus touchés. La crise financière puis économique s’est transformée en Europe en crise politique.

Doc. 3 : le SDEC (Schéma de Développement de l’Espace Communautaire) prévoit l’aménagement du territoire de l’UE de façon globale. Son élaboration part du constat que l’action des États membres se complète mieux si elle se base sur des objectifs de développement spatial défi-nis en commun. Il s’agit d’un document de nature inter-gouvernementale, indicatif et non contraignant. En accord avec le principe de subsidiarité, son application s’effectue au niveau d’intervention le plus approprié et selon la volonté des différents acteurs du développement spatial. Le SDEC se base sur l’idée que la croissance éco-nomique et la convergence de certains indicateurs éco-nomiques ne suffisent pas pour atteindre l’objectif de cohésion économique et sociale. Une intervention concertée en matière de développement spatial est donc souhaitable afin de corriger les disparités relevées. Le SDEC retient quatre domaines importants qui intera-

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Géographie126

Allemagne de l’Est, en Autriche, en Hongrie, en Grèce, et dans les régions de l’Italie centrale et méridionale. En termes de changement de position relative, les régions gagnantes ont généralement été des régions non-métro-politaines de la périphérie ou localisées à l’intérieur ou à proximité du pentagone central. Les zones métropoli-taines ont été moins favorisées, à la fois en Europe occi-dentale et orientale. Ceci ne signifie pas, cependant, qu’elles n’ont pas progressé en termes absolus. Un sou-tien plus fort des nouveaux pays membres a engendré des flux de trafic plus intenses entre l’est et l’ouest, accompagnant l’émergence d’une Europe orientée vers la cohésion. Le scénario orienté vers la cohésion a consa-cré davantage de ressources au développement et à la modernisation des chemins de fer que le scénario ten-danciel. Les principaux bénéficiaires en ont été la Péninsule ibérique, la France, l’Italie du nord et la Slovénie, la République Tchèque, la Slovaquie, la Norvège méridio-nale et les régions suédoises limitrophes, le nord de la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, bien que des investis-sements notables aient été également réalisés en Italie méridionale, dans le nord de la Grèce et dans diverses régions des pays du Benelux et d’Allemagne.

Compétitivité : Dans le scénario orienté vers la compéti-tivité, les changements sont motivés par les résultats décevants de la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne depuis le début des années 2000. Le budget de l’UE a été réduit et les dépenses ont été ciblées vers la R&D, la for-mation, et les TIC. Ce changement est reflété dans l’appli-cation des politiques structurelles de l’UE. La PAC est sujette à une libéralisation rapide et radicale, avec une réduction significative à la fois des aides, des taxes aux importations et des subventions à l’exportation. Le bud-get des politiques structurelles a également été réduit, une partie des anciennes interventions de l’UE étant renationalisées et les soutiens de l’UE étant concentrés sur les zones les plus compétitives des régions moins développées. Les services publics ont été libéralisés et privatisés, les marchés du travail ont fait l’objet d’une régulation plus flexible et le troisième pilier des politiques de l’UE (politique étrangère, justice, sécurité, etc.) a été renforcé. L’agrandissement du marché par le biais d’autres élargissements de l’UE fait partie de la stratégie d’une compétitivité accrue. Les généreux régimes de retraite ont été abandonnés alors que l’espérance de vie dans de nombreux groupes professionnels a continué à s’ac-croître. Les restrictions à la libre circulation des travail-leurs suivant l’accession de nouveaux pays membres à l’UE ont été supprimées. En outre, des mesures spéci-fiques ont été prises pour dynamiser les taux de fertilité (politique de la famille) et pour augmenter l’âge des départs en retraite. Afin de combler le fossé provoqué par l’accroissement des taux de dépendance, une vigoureuse

gissent sur le développement spatial de l’UE : • L’évolution des zones urbaines : près de 80 % de la

population européenne est aujourd’hui citadine. Des centres urbains se restructurent ou émergent, des réseaux de villes se créent et coopèrent au-delà des frontières. En outre, une nouvelle relation ville/cam-pagne est nécessaire pour répondre aux défis auxquels les territoires sont confrontés.

• L’évolution des zones rurales : les zones rurales de l’UE sont souvent confrontées à la marginalisation due notamment à la possible addition de contraintes telles que l’éloignement des grandes métropoles, les rigueurs climatiques, un faible taux de population et d’équipe-ment en infrastructures ou un manque de diversifica-tion économique en raison du poids excessif de l’agri-culture.

• Les transports : dans le cadre de la réalisation du marché intérieur, l’accroissement constant du trafic routier et aérien entraîne encombrements et pressions sur l’envi-ronnement. L’UE est un des principaux responsables des émissions de dioxyde de carbone dans le monde. De plus, l’inégale répartition des infrastructures sur le territoire européen peut entraîner des déséquilibres importants en termes d’investissements économiques et remettre en cause les principes de la cohésion territo-riale.

• Le patrimoine naturel et culturel : la diversité du patri-moine naturel et culturel est une grande richesse pour l’Europe. Or, certains processus de modernisation éco-nomique et sociale menacent un tel patrimoine. La faune, la flore, l’eau, les sols, les paysages traditionnels font face aux déséquilibres nés d’une surexploitation de l’environnement par l’homme. Dans le cadre d’un déve-loppement durable, la politique d’aménagement du territoire en Europe vise à freiner de telles pratiques et à promouvoir une utilisation raisonnable des ressources.

Deux scénarios ont été envisagés pour l’avenir : Cohésion : Vers 2030, on observe les signes d’une struc-ture démographique régionalement plus équilibrée et de croissance de la population dans de nombreuses régions, même celles qui avaient été précédemment menacées de grave dépeuplement. Cela résulte de la nouvelle reprise des taux de natalité, mais également de politiques régio-nales fortement interventionnistes favorisant l’économie des régions périphériques. Les difficultés démogra-phiques structurelles de l’Europe n’ont cependant pas été totalement effacées par ces nouvelles tendances et actions. Le vieillissement de la population a continué à affecter diverses parties du continent. Les taux de crois-sance ont été plus forts dans les nouveaux pays membres qu’en Europe occidentale, mais le centre de gravité de la croissance s’est déplacé vers l’Europe du Sud-est, une tendance confirmée par de meilleures performances en

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1276. La France dans la dynamique européenne

leur compétitivité et le nombre d’emplois. • Objectif « Coopération territoriale européenne » : il

concerne toutes les régions de l’UE et soutient la coopé-ration entre elles.

Les crédits affectés à la politique de cohésion s’élèvent à 308 milliards d’euros pour la période 2007-2013. Ils sont répartis de la façon suivante : • Objectif « Convergence » : 251 milliards d’euros (81,5 %).• Objectif « Compétitivité régionale & Emploi » : 49 mil-

liards d’euros (16 %).• Objectif « Coopération territoriale européenne » : 7,75

milliards d’euros (2,5 %).

BilanPistes de réponsesLes objectifs de l’UE en matière d’intégration visent à per-mettre aux territoires les moins favorisés de rattraper la moyenne communautaire et à consolider la solidarité entre les pays membres.Les moyens proviennent essentiellement des politiques communes qui couvrent plusieurs domaines d’activités et permettent d’améliorer la cohésion de l’espace tout en transférant directement des ressources aux États ou aux Régions pour atteindre les objectifs de ces politiques communes.Les limites sont à la fois économiques et politiques. Économiques car le niveau de développement de cer-taines régions ne décolle pas malgré les transferts impor-tants consentis au titre des politiques communes et sur-tout de la politique régionale. Cela pose la question de l’efficacité des transferts. D’autre part, tous les pays ne participent pas à l’ensemble des politiques communes. Politiques car la solidarité entre les États-membres a sou-vent été prise en défaut ces dernières années, et la crise actuelle n’a fait que renforcer ces interrogations.

cours 3 p. 220-221

L’espace français dans l’Union européenne

Présentation des documents

Doc. 1 : la France métropolitaine partage ses frontières avec six pays européens : la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et l’Espagne. Sa position géographique par rapport aux autres pays européens lui confère un rôle de carrefour. Ses ouvertures maritimes, ses multiples axes de transports routiers et aériens et la construction de tunnels sous la Manche et dans les Alpes renforcent sa place au centre d’un trafic européen impor-tant.

Doc. 2 : en mars 2010, la Commission européenne a pré-senté sa nouvelle stratégie sur dix ans, destinée à relancer l’économie européenne. Intitulée « Europe 2020 » , celle-ci

politique d’immigration de main-d’œuvre de substitution est coordonnée à travers l’UE, ciblant l’attraction de jeunes actifs et/ou de main-d’œuvre hautement qualifiée originaire du monde entier. La politique est strictement régulée, l’immigration de nature politique et celle de nature économique étant séparées.

Réponses aux questions

1. Les manifestations les plus concrètes sont les subven-tions que certains acteurs économiques et territoriaux des États-membres peuvent recevoir pour faciliter et accélérer leur intégration dans l’UE. Les fonds européens sont distribués selon des règles précises fixées par la commission européenne :• Les subventions sont un complément de financement,

l’UE ne finance pas de projets à 100 %.• Elles ne visent qu’à équilibrer financièrement une opé-

ration donnée, sans pouvoir conduire à un profit pour leurs bénéficiaires.

• Elles ne peuvent pas être accordées rétroactivement pour des actions déjà terminées.

2. Le document 2 distingue deux éléments qui pour-raient être pointés comme une responsabilité des pays-membres dans l’aggravation de la crise actuelle :• Le manque de rapidité de réaction au début de la crise,

qui aurait empêché la mise en place d’une réponse coordonnée et efficace.

• Le manque de solidarité entre les États-membres.

3. Scénario orienté vers la cohésion : les espaces les plus favorisés sont les régions centrales et littorales, mais aucune partie de l’espace communautaire n’est laissé de côté, avec un souci particulier pour les espaces les plus périphériques.Scénario orienté vers la compétitivité : ce scénario opère une logique centre/périphérie beaucoup plus marquée sur les espaces européens. La puissance s’accumule dans les espaces les plus favorisés, c’est-à-dire la dorsale et les grandes métropoles européennes. Les régions rurales et périphériques sont marginalisées, à l’exception des pôles urbains qui concentrent le dynamisme local.

4. La politique régionale telle qu’elle est menée actuelle-ment correspond davantage à la première hypothèse, celle de la cohésion. Elle repose en effet sur 3 objectifs qui essaient de hisser les niveaux de développement des ter-ritoires défavorisés vers la moyenne communautaire tout en encourageant la coopération transfrontalière.

Rappel des objectifs de la politique régionale : • Objectif « Convergence » : il doit permettre d’aider les

régions en retard de développement.• Objectif « Compétitivité régionale & Emploi » : il vise

les régions de l’UE non concernées par l’Objectif « Convergence » , afin de leur permettre d’augmenter

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Géographie128

à l’échelle locale ou régionale.

BilanLes instruments d’action sur le territoire français sont, comme dans tous les autres pays européens, les fonds européens de la politique régionale (FEDER : Fonds euro-péen de développement régional ; FSE : Fonds social européen ; FEADER : Fonds européen agricole pour le développement rural ; FEP : Fonds européen pour la pêche). Par contre, la France ne bénéficie pas du Fonds de cohésion qui est réservé aux États membres dont le revenu national brut (RNB) par habitant est inférieur à 90 % de la moyenne communautaire. Les domaines d’action sont ceux des politiques communes : transport, agriculture, pêche, construction d’infrastructures favori-sant le développement régional.

cours 4 p. 222-223

La connexion du territoire français à l’espace européen

Présentation des documents

Doc. 1 : les premiers projets de tunnel reliant la France au Royaume-Uni datent du début du xixe siècle. Il s’agissait alors d’un tunnel réservé aux malles-postes (diligence tirée par des chevaux et réservée au transport du cour-rier). C’est après 1830, avec l’avènement des trains à vapeur et la construction du réseau ferré britannique, que surgissent les premières idées d’un tunnel ferroviaire. En 1855, la Reine Victoria et Napoléon III approuvent le pro-jet d’un tunnel sous-marin. Ce projet sera présenté ensuite à l’Exposition universelle de Paris de 1867. Il trouve une application concrète en 1880 lorsqu’une per-foratrice creuse des tunnels sous la mer des deux côtés de la Manche. Mais le projet est arrêté pour des raisons poli-tiques, le gouvernement anglais craignant qu’un tunnel rende le pays plus vulnérable aux invasions, notamment de la Prusse. Ce veto militaire n’est levé qu’en 1955, et de nouveaux projets sont présentés de part et d’autre de la Manche dans les années 1960. Mais le projet officiel de construction et d’exploitation d’un tunnel ferroviaire n’est finalement relancé qu’en 1973 (année de l’adhésion du Royaume-Uni à l’UE) par Georges Pompidou, président de la République française et par Edward Heath, Premier ministre britannique. Il est stoppé en 1975 en raison de la crise économique. En 1984, la France et le Royaume-Uni se mettent d’accord pour confier la réalisation du tunnel à une entreprise privée, sans soutien financier public. Le projet Eurotunnel est retenu en 1986. Il repose sur 2 tun-nels ferroviaires pour la circulation de trains navettes (transportant voitures et poids lourds) et de trains rapides ainsi qu’une galerie de service reliée aux 2 tunnels princi-paux. Les travaux débutent le 15 décembre 1987, et la

réforme et prolonge la précédente stratégie de Lisbonne. La rubrique Repères p. 220 en énumère les principaux objectifs. Cet extrait de l’article du Monde s’insère dans le deuxième objectif de la stratégie qui vise à améliorer la puissance technique et scientifique de l’UE.

Doc. 3 : l’idée est de montrer aux élèves une réalisation concrète de l’UE sur un territoire français. Ici on a choisi un exemple métropolitain, qui s’insère dans l’objectif 2 de la politique régionale, c’est-à-dire le soutien à des territoires dont le niveau de développement est supérieur à la moyenne communautaire, mais qui sont confrontés à des difficultés structurelles, comme le chômage ou le vieillis-sement de certaines infrastructures.

Réponses aux questions

1. La France est un carrefour européen pour plusieurs raisons : c’est un point de passage obligé entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud. De plus, un axe maritime majeur (le Nothern Range) passe à proximité de ses côtes. Les flux de marchandises et de voyageurs de la Dorsale européenne peuvent emprunter ses axes de communi-cation.Les axes de transports français sont nombreux et variés. Ils combinent les autoroutes et les trains à grande vitesse. De plus Paris est un hub majeur au niveau mondial grâce à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.

2. La stratégie « Europe 2020 » est originale sur plusieurs points : elle laisse de côté la seule dimension de la perfor-mance économique pour privilégier des objectifs qui s’insèrent dans la problématique du développement durable. Elle met l’accent sur la concertation entre les États-membres en privilégiant les projets qui font interve-nir plusieurs pays de l’UE.

3. Pour les dirigeants européens, cette stratégie peut constituer un atout, car elle vise à valoriser les atouts déjà existants de l’Europe : modèle social performant, indus-trie à haut niveau de qualification. Il ne s’agit plus ici d’es-sayer de lutter sur tous les terrains de la compétition éco-nomique, mais de jouer sur les points forts de l’Europe. Il n’est par exemple pas possible de rivaliser dans le domaine du coût de la main-d’œuvre avec les économies émergentes d’Asie : on va donc essayer de valoriser encore la qualification de cette main-d’œuvre afin qu’elle souffre moins de la concurrence internationale.

4. Dans le cadre de l’objectif 2 de la politique régionale (compétitivité régionale et emploi, c’est-à-dire l’aide au règlement des difficultés structurelles), l’UE finance des infrastructures de transport qui sont au cœur de la pro-blématique de l’aménagement du territoire. Souvent ces équipements sont des équipements de proximité qui, comme dans l’exemple évoqué ici, permettent d’amélio-rer la compétitivité économique des territoires concernés

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1296. La France dans la dynamique européenne

2. On peut trouver plusieurs arguments permettant de justifier cette affirmation : À l’échelle française : le passage de l’A16 et le tunnel sous la Manche ont permis de dynamiser le port voisin de Dunkerque, et de rajouter un pôle de développement économique au nord-ouest de Paris. De même le TGV qui arrive à Coquelles permet de desservir ensuite la France entière.À l’échelle européenne : le terminal de Coquelles est le seul accès au tunnel sous la Manche qui constitue le seul moyen de rejoindre le Royaume-Uni par voie terrestre. De plus, la taille des infrastructures de transport comparée à celle de la commune visible sur la photographie contri-bue à montrer la distorsion entre la dimension locale de la commune-site et la dimension européenne du terminal.

3. Le réseau de transport français (autoroutes, TGV) reste centré sur Paris. La ville est également à la tête d’un réseau planétaire grâce à son hub aéroportuaire (Roissy et Orly concentrent 60 % du trafic de passagers) qui redis-tribue le trafic international sur des lignes nationales. D’autre part, on note une forte inégalité est/ouest dans la densité du réseau de transport. Les régions frontalières sont très bien équipées, tandis que le Massif central reste encore très à l’écart des grands axes de transport.

4. Les zones congestionnées se situent sur l’axe Lille-Paris-Lyon-Marseille, principal axe de transport à l’échelle française et européenne, et autour des grandes métro-poles. Cette congestion des axes de transport a des conséquences environnementales (bruit, augmentation de la pollution), sociales (augmentation du nombre d’ac-cidents, du nombre de maladies pulmonaires liées à la pollution de l’air) et économiques (perte de temps et d’argent, problème des commandes et des livraisons).

5. Le ferroutage permet d’apporter une solution à ces trois problèmes en retirant une part de la circulation rou-tière sur les grands axes. Mais en plus de cet intérêt prin-cipal de lutter contre les inconvénients du « tout routier », le ferroutage a des qualités propres :• Il permet de bénéficier des avantages des deux modes,

puisqu’il allie la capacité de la route à desservir l’en-semble du territoire et l’aptitude du fer à effectuer des transports de longue distance de façon économique. Il réunit la fiabilité du rail et la souplesse de la route.

• Dans la perspective du développement économique des États situés à la périphérie de l’Europe, le transport combiné rail-route accroît la mobilité et donne une pos-sibilité sûre de transport vers les marchés d’Europe Centrale et de l’Est au réseau routier encore en dévelop-pement.

BilanÀ l’échelle nationale : la majorité du trafic se concentre sur certains axes importants, tous localisés à l’est de la

jonction entre les deux équipes française et britannique a lieu en 1990. Le tunnel est inauguré officiellement par la Reine Elisabeth II et le Président François Mitterrand en 1994.Le tunnel sous la Manche a transporté depuis sa mise en service plus de 250 millions de voyageurs et 15 millions de camions de marchandises. C’est donc devenu un axe majeur du réseau de transport connectant la France à l’Europe. Le terminal de Coquelles est quant à lui devenu un véritable pôle multimodal.

Doc. 2 : L’axe Lille-Paris-Lyon-Marseille est l’axe majeur de connexion de la France au reste de l’Union européenne. Les régions transfrontalières du nord et de l’est de la France sont au cœur des flux vers le nord mais aussi vers l’ouest de l’Europe (Alsace-Lorraine ; Alpes). Les régions frontalières du sud permettent également une ouverture vers la péninsule ibérique. Les grandes façades maritimes françaises, qui assurent au pays une ouverture vers un vaste avant-pays (le reste du monde) sont aussi pleine-ment intégrées à l’Europe et au monde. Le Havre et Marseille-Fos font partie des cinq premiers ports euro-péens en termes de volume total de marchandises, mais sont moins bien placés que leurs concurrents de la Northern Range.Paris est l’un des pôles les plus importants du réseau de transport français, grâce à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, hub de niveau mondial et importante plateforme multimodale. Les régions du centre de la France, jusqu’aux Pyrénées centrales, sont moins bien connectées au réseau de transport français et européen.

Doc. 3 : La route réalise 90 % du tonnage transporté en France. Mais la saturation progressive des itinéraires rou-tiers et autoroutiers, associée à la difficulté d’accroître la capacité du réseau et aux problématiques de pollution de l’environnement, ont développé la réflexion sur le ferrou-tage, qui comprend deux techniques : • le chargement des camions sur des trains spéciaux ;• le transport et le transfert des containers d’un mode de

transport à l’autre.

Réponses aux questions

1. Le terminal du tunnel sous la Manche à Coquelles pré-sente plusieurs catégories d’équipements :• équipements de transport : voie ferrée, autoroutes, ter-

minal fret et terminal voyageurs ;• équipements commerciaux : grands centres commer-

ciaux ;• équipements touristiques d’hébergement : des zones

hôtelières sont implantées à proximité des centres com-merciaux et des terminaux d’embarquement.

Le terminal a donc donné naissance à tout un ensemble d’activités qui permettent d’augmenter le dynamisme économique local.

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Géographie130

À l’échelle européenne : l’axe Nord-Sud est plus déve-loppé que l’axe Ouest-Est. Des aménagements sont nécessaires pour franchir les barrières montagneuses, et actuellement les plus grands projets se concentrent dans cette direction.

ligne Le Havre-Marseille : Le Havre-Paris, Dunkerque-Lille-Paris-Lyon-Marseille, l’Alsace et l’axe mosellan.Certaines régions, comme le Massif central, sont à l’in-verse très mal desservies. Dans l’ensemble, la plupart des régions sont traversées par des axes de communication importants mais n’en bénéficient pas : les points d’arrêt se concentrent dans les grandes villes.

sujet d’étude 1 p. 226-231

Circuler en France et en Europe : le réseau TGV

Les commentaires du programme« Le réseau des trains à grande vitesse a profondément modifié la relation espace/temps sur le territoire de la France et de l’Europe. Appelé à s’étendre dans sa dimen-sion nationale et européenne, il est générateur de nou-velles dynamiques d’organisation du territoire à diffé-rentes échelles. » (BO n° 9 du 1er mars 2012)

Place dans le thèmeLa question obligatoire La France, un territoire dans l’Union européenne a pour objet de réfléchir en aux moteurs et aux limites qui président aux élargissements successifs de l’UE. Il s’agit ainsi de réfléchir à la dynamique d’intégration en lien avec ces élargissements. Ce sujet d’étude est consacré au réseau des lignes à grande vitesse à l’échelle nationale et européenne : il s’agit de montrer en quoi les trains à grande vitesse modifient la relation espace/temps et comment le réseau TGV contribue à créer de nouvelles dynamiques d’organisation du terri-toire français et européen.

Présentation du planPour traiter ce sujet d’étude, le professeur doit nécessaire-ment faire réfléchir sa classe autour de deux entrées pro-blématiques :• Comment les lignes à grandes vitesse rétrécissent-elles

les territoires ?• En quoi les TGV sont-ils des moyens pour valoriser

certains territoires ?

a Le rétrécissement du territoire national et européen (p. 226-227)

Présentation des documentsCette double page est construite à partir d’une carte du réseau européen des Lignes à Grande Vitesse (doc. 1). Cela doit permettre d’observer la nécessité de bien connecter le réseau français aux grandes capitales euro-

sujet d’étude au choixB

péennes. Il est désormais possible de circuler rapidement en Europe (doc. 2), les capitales européennes se rap-prochent et, grâce aux LGV, la relation espace/temps se modifie considérablement, en France et en Europe. Pourtant, les connexions entre la France et le réseau euro-péen à grande vitesse ne vont pas de soi. À travers deux exemples, le projet de la LGV Sud Europe Atlantique (doc. 3) et la liaison Lyon-Turin (doc. 4 et 5), on peut mesurer l’intérêt de tels investissements, mais aussi les difficultés ou les oppositions auxquelles ils se heurtent.

Présentation de l’Activité T i C E

Cette activité permet de faire le point au moment où le professeur traite ce sujet d’étude sur l’avancement des deux projets abordés. On mettra particulièrement l’accent sur l’échéancier prévu, sur les éventuels problèmes tech-niques et sur les manifestations qui, ici ou là, cristallisent souvent le mécontentement des riverains.

Réponses aux questions

Le réseau des TGV en France et en Europe (doc. 1 et 2)1. Les grandes villes françaises reliées par des LGV sont Paris, Lyon, Marseille, Lille, Tours, Strasbourg. D’autres villes sont également accessibles, mais les TGV roulent à des vitesses moins grandes sur une partie du tronçon. Quant aux grandes villes européennes, on peut depuis Paris joindre facilement Londres, Bruxelles, Amsterdam. Pour les autres métropoles (Francfort, Cologne, Turin, Milan, Rome, Madrid ou Barcelone), certains tronçons ne sont pas encore achevés.

2. L’intérêt pour la France et pour l’Europe de l’extension de ce réseau est que les voyageurs empruntant les LGV bénéficient d’importants gains de temps dans leurs déplacements. L’espace/temps se modifie aujourd’hui considérablement grâce aux TGV.

3. Comme le montre le document 2, le TGV est égale-ment utilisé par des touristes (ici japonaises) qui circulent très vite à travers l’Europe.

Des projets à l’échelle européenne (doc. 3 à 5)4. L’objectif de ce projet est de relier par LGV Paris à

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1316. La France dans la dynamique européenne

la gare Eurostar de Saint-Pancras (doc. 8) et celle, nouvel-lement inaugurée, de Liège-Guillemins (doc. 10). Le doc. 9 explique les conséquences de ces nouvelles dynamiques des quartiers urbains situés à proximité des gares TGV. Enfin, avec la plate-forme multimodale de Roissy-Charles-de-Gaulle (doc. 7), on aborde la complé-mentarité des moyens de transports qui permet aux pas-sagers de l’aérien de compléter leur parcours par TGV, par autoroute (proximité de l’A1) ou de rejoindre Paris et la banlieue par le RER.

Présentation de l’Activité T i C ECette activité doit inciter les élèves à rechercher sur le site de la SNCF ou sur les sites des grandes villes françaises les impacts du TGV sur les activités locales et régionales. On pourra aussi s’intéresser aux publicités invitant des entre-prises à s’installer, en prenant pour argument la desserte du TGV. On n’oubliera pas de traiter également des villes européennes, comme Bruxelles, Londres ou Barcelone.

Réponse aux questions

Des territoires mieux desservis et plus attractifs (doc. 6 à 8)9. Les fonctions urbaines de Lille repérables sur cette photographie aérienne verticale appartiennent pour l’es-sentiel au secteur tertiaire :• les fonctions liées aux transports avec la gare Lille-

Europe où arrivent et d’où partent les TGV et la gare Lille-Flandres, qui accueillent les trains nationaux (autres que les TGV) et les trains régionaux ;

• la fonction commerciale avec le centre commercial ;• la fonction d’accueil avec le centre de congrès ;• la fonction politique avec le siège du conseil régional.

10. Roissy est une plateforme multimodale, c’est-à-dire un lieu qui met en connexion plusieurs moyens de trans-ports sur un même site. Les modes de transports connec-tés à Roissy sont l’avion (voir le Boeing 747 d’Air France derrière les vitres), le TGV à quai, au premier plan, et le RER (Réseau Express Régional) sur un autre quai. En plus des éléments repérables sur la photo, Roissy se trouve à proxi-mité de l’autoroute A1 Paris-Lille et connecté à l’ensemble du réseau autoroutier français.

11. Le TGV a permis à la métropole lilloise de créer un cer-tain nombre d’activités tertiaires car les LGV placent Lille à moins d’une heure de Paris et deux heures de Londres. Les hommes d’affaires peuvent ainsi rejoindre facilement les grandes capitales européennes en TGV.

Une valorisation des territoires par le TGV (doc. 8 à 10)12. Les LGV nécessitent de nouveaux équipements : en plus des lignes spécialement construites pour faire circuler les TGV, de nouvelles gares ont été construites, plus modernes, comme celle de Saint-Pancras capable d’accueillir des millions de visiteurs pendant les Jeux

Bordeaux et au-delà à l’Espagne par la façade atlantique.5. Le projet de la LGV Sud Europe Atlantique, selon le site Internet officiel, doit permettre, à l’échelle nationale, un aménagement et un développement des territoires du Sud-Ouest français. À l’échelle européenne, on met l’ac-cent également sur l’ouverture vers l’Europe du Sud.

6. Le projet est de relier par une LGV Lyon à Turin, via Chambéry. Ce projet qui est l’une des 14 réalisations prio-ritaires de l’Union européenne nécessite le percement d’un tunnel passant sous les Alpes.

7. C’est un maillon très important du réseau ferroviaire européen car il doit permettre à terme de relier Lisbonne au Portugal à Kiev en Ukraine, via Ljubljana en Slovénie, Turin et Trieste. Outre le transport à grande vitesse des voyageurs, cette ligne doit aussi servir au ferroutage et donc diminuer la circulation des camions dans les Alpes.

8. De nombreux riverains (côté italien) militent contre ce projet de LGV Lyon-Turin. Les agriculteurs et les écolo-gistes s’insurgent contre la défiguration de leur environ-nement : le Val de Suse.

aCTiViTÉ BilanLe réseau TGV modifie la relation espace/temps, aussi bien sur le territoire français qu’en Europe. En effet, les lignes à grande vitesse raccourcissent le territoire en rap-prochant les principales métropoles de province de Paris. Grâce au TGV, les temps de parcours ont été divisés par 2 voire 3 depuis 1950. Lille est aujourd’hui à moins d’une heure de Paris alors qu’il fallait 2h40 en 1950. Toutefois, le réseau dessert de manière inégal le territoire. Si les principaux axes de circulation relient facilement la capi-tale au Nord, au Sud-Est et à l’Est du pays, le Sud-Ouest, la Bretagne, la Normandie et le Massif central restent à l’écart. La nouvelle LGV Rhin-Rhône ouverte depuis décembre 2011 est la première ligne à vocation inter-régionale (donc ne passant pas par Paris). Il en va de même à l’échelle de l’Europe : les grandes capitales euro-péennes sont de mieux en mieux reliées entre elles. Le TGV permet de rejoindre aujourd’hui facilement depuis Paris, Londres, Bruxelles, Amsterdam (à une vitesse qui dépasse les 250 km/h voire 320 km/h sur certaines lignes).

b Les dynamiques d’organisation du territoire liées au réseau TGV (p. 228-229)

Présentation des documentsCette double page a pour objectif de montrer que les Lignes à Grande Vitesse et leurs terminaux (les gares TGV) jouent un rôle de plus en plus prégnant dans les espaces urbains. Avec l’exemple d’Euralille (doc. 6), on assiste, pour la capitale nordiste, à un développement d’un quar-tier d’affaires, le second de province après Lyon-La-Part-Dieu. On retrouve ces mêmes dynamiques à Londres avec

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Géographie132

olympiques de Londres ou celle de Liège-Guillemins, à l’architecture futuriste, dessinée par l’architecte espagnol Santiago Calatrava.

13. Le développement des LGV en Europe conduit sou-vent à restructurer les quartiers urbains proches des gares. En effet, les quartiers qui étaient souvent dégradés ou occupés par des friches ferroviaires ont été réhabilités pour accueillir aujourd’hui des services tertiaires, des centres d’affaires (Euralille) et des commerces. Les villes desservies par le TGV peuvent ainsi valoriser leur image face à la concurrence d’autres villes européennes.

aCTiViTÉ Bilan Le réseau TGV est incontestablement un « outil » primor-dial d’aménagement du territoire. Autour des gares TGV des grandes villes, les activités économiques (com-merces) et tertiaires se développent (Lyon-Part-Dieu, Euralille). Le TGV peut également être connecté à d’autres moyens de transport dans le cadre de plate-forme multi-modale (comme Roissy-Charles-de-Gaulle). On assiste également à la rénovation des quartiers urbains proches de gares autrefois occupés par des zones à l’abandon ou des friches ferroviaires. Les nouvelles gares, qui sont par-fois de véritables œuvres architecturales (Liège-Guillemins), permettent de valoriser l’image de la ville.

Recherche T i C E (p. 230)Cette page offre deux activités de recherche sur Internet.La première est une mise en situation des élèves : ceux-ci doivent (à l’aide du site choisi) projeter un voyage reliant les différentes capitales européennes. Il s’agit de retrouver des informations sur la durée des trajets et, à partir de calculs succincts, de retrouver les lignes les plus rapides (en prenant en compte la durée et la distance).La seconde activité demande d’identifier sur le site choisi les TGV (Thalys, Eurostar, TGV, ICE, AVE…) et les autres types de trains (Intercity, Eurocity). Les élèves chargés de la recherche doivent présenter de manière synthétique leur résultat à l’ensemble de la classe.

À lire Vincent lalu, Le Livre d’or du TGV, Éditions la Vie du Rail, décembre 2011. l’histoire du TGV à l’occasion du 30e anniver-saire de l’ouverture de la première ligne. Jean-François Guiot, TGV, une aventure humaine, ETai, 2011. l’épopée du transport ferroviaire à grande vitesse avec des photos originales de l’auteur.

À consulterest.lgvrhinrhone.com : tout savoir sur le tronçon Dijon-Mulhouse mis en service le 11 décembre 2011.www.lgvsudeuropeatlantique.org : suivre en direct l’avance-ment du projet Tours-Bordeaux-Toulouse puis l’Espagne, qui est le projet phare des années 2012-2015.

Pour AllEr loin

www.lgvpaca.fr : rejoindre la Côte d’azur par une nouvelle lGV, un projet difficile à mettre en œuvre. Suivre l’avancement du projet prévu pour 2023.

À voirSur le site www.lgvrhinrhone.tv : huit vidéos disponibles pour comprendre les travaux d’infrastructures (viaducs, tunnels, gares) et les enjeux techniques d’une telle réalisation.

sujet d’étude 2 p. 232-237

L’espace Schengen : de nouvelles frontières pour la France ?

Les commentaires du programme« L’espace Schengen est organisé autour du principe de libre circulation des hommes dans les États adhérents. Le corollaire est la régulation des flux migratoires, en repor-tant les contrôles dans les zones frontalières externes et au sein même de cet espace. L’espace Schengen illustre le fait que l’Union européenne est une construction com-plexe, qui relève d’emboîtements territoriaux. » (BO n° 9 du 1er mars 2012)

Place dans le thèmeCe sujet d’étude s’intègre à deux échelles dans la problé-matique du thème La France dans la dynamique euro-péenne. Tout d’abord parce que l’espace Schengen fait apparaître ses propres logiques d’élargissement et d’approfondisse-ment, qui correspondent souvent à celles de l’UE, mais qui sont parfois plus originales (la Suisse est par exemple associée à l’espace Schengen alors qu’elle ne fait pas par-tie de l’UE).Ensuite parce que, comme l’UE, l’espace Schengen fait lar-gement apparaître le principe de solidarité entre ses membres, notamment en ce qui concerne le problème de la surveillance des frontières extérieures.Enfin, la France par sa place de carrefour dans l’UE est confrontée à des problématiques spatiales originales en lien avec le fonctionnement de l’espace Schengen.

Présentation du plan Le plan adopté pour traiter ce sujet d’étude essaie de prendre en compte toutes ces problématiques. On voit tout d’abord en quoi l’espace Schengen est un regroupe-ment original en Europe et ses principes de fonctionne-ment, avant de réfléchir à la question de la gestion des frontières extérieures de l’UE et d’analyser les facteurs de tension qui traversent cet espace, tout en réfléchissant à la place de la France dans ce dispositif.

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1336. La France dans la dynamique européenne

L’Islande, la Suisse et la Norvège en bénéficient. Sans dis-poser d’un droit de vote au sein du comité exécutif de Schengen, ces pays ont la possibilité d’exprimer des avis et de formuler des propositions. Par ailleurs certains pays membres de l’UE n’ont pas souhaité faire partie de l’es-pace Schengen : c’est le cas du Royaume-Uni et de l’Ir-lande. Les deux pays coopèrent cependant à certaines dispositions de l’acquis Schengen : la coopération poli-cière et judiciaire en matière pénale, la lutte contre les stupéfiants par exemple.

3. Les buts de l’espace Schengen sont :• la mise en place un territoire où les personnes peuvent

circuler librement ;• l’émergence d’une véritable citoyenneté européenne

sans les contraintes de l’existence des frontières inté-rieures.

Pour y parvenir, les États signataires ont aboli toutes leurs frontières internes pour une frontière extérieure unique. Des règles et des procédures communes sont appliquées dans le domaine des visas pour séjours de courte durée, des demandes d’asile et des contrôles aux frontières. Par ailleurs, afin de garantir la sécurité au sein de l’espace Schengen, la coopération et la coordination entre les services de police et les autorités judiciaires ont été ren-forcées. Les procédures relatives au droit de séjour et à la partici-pation aux scrutins locaux ont par ailleurs été adaptées pour faciliter l’intégration dans un pays signataire des ressortissants d’un autre pays signataire.

Le fonctionnement d’un espace sans frontières intérieures (doc. 3 à 5)

4. Le signe le plus évident de l’appartenance d’un État à l’espace Schengen est la suppression des frontières inté-rieures. Les barrières frontalières sont démantelées, et comme le dit le document 4, « la profession de garde-frontière a disparu » . Cette suppression s’accompagne de la simplification des procédures à l’entrée d’un autre pays de l’espace Schengen, avec par exemple des couloirs réservées dans les aéroports qui permettent d’éviter le passage en douane.

5. Un individu circulant dans l’espace Schengen et origi-naire d’un pays signataire ou associé n’a d’autre obliga-tion que d’être en possession de papiers d’identité. Toute politique de visa est abolie. Les procédures de prolonga-tion de séjour sont simplifiées, et le droit de séjour per-manent dans un autre pays de la zone plus facile à obte-nir. Cela peut poser problème aux pays-membres en cas d’immigration illégale d’un ressortissant extérieur à l’es-pace Schengen. Une fois sur le territoire, les probabilités de contrôles sont moins importantes, et la possibilité d’obtenir des faux papiers plus simple dans la mesure où seuls des documents d’identité sont demandés.

a L’effacement des frontières dans un espace en évolution (p. 232-233)

Présentation des documents

Doc. 1 : Il s’agit ici de donner aux élèves les éléments essentiels à la compréhension des règles de fonction-nement de l’espace Schengen. Pour les élèves, c’est la 1re règle qui est la plus facilement « visible » : Schengen est un espace sans frontières permettant à plus de 400 millions d’Européens de voyager sans passeport. Chaque année, plus de 1,25 milliard de voyages sont effectués par les Européens. La 2e règle est illustrée plus bas avec le document 5. La 3e règle peut être illustrée par deux exemples récents. Les contrôles aux frontières intérieures ont été réintroduits à deux reprises : par la France le long de sa frontière avec l’Italie (pour le sommet du G20 des 3 et 4 novembre 2011) et par l’Espagne le long de sa fron-tière avec la France et aux aéroports de Barcelone et de Gérone (pour la réunion de la Banque centrale euro-péenne du 2 au 4 mai 2012). La 4e règle concerne des frontières extérieures dont on parlera plus précisément plus tard.

Doc. 2 : L’intérêt majeur de cette carte de l’espace Schengen est de montrer aux élèves son originalité : il ne recouvre pas exactement les limites de l’UE et les dépasse parfois avec le statut de « pays associé » donné à certains États non membres de l’UE.

Doc. 3 : L’élément le plus emblématique de l’entrée d’un État dans l’espace Schengen est la fin des contrôles doua-niers avec les États limitrophes eux aussi membres de l’espace Schengen. L’élargissement de 2007 que montre la photographie est aussi symbolique car il se fait vers les pays d’Europe de l’Est anciennement socialistes, et on ne peut s’empêcher de penser à l’existence du rideau de fer pendant quatre décennies.

Doc. 4 : Ce texte liste les possibilités et les obligations des citoyens membres de l’espace Schengen lorsqu’ils se rendent dans un autre pays de la zone.

Doc. 5 : L’appartenance à l’espace Schengen ne signifie pas la fin des contrôles douaniers sur le territoire. Des opérations ciblées ont lieu avec des équipes nationales ou binationales, utilisant des moyens techniques de plus en plus évolués, à l’image du camion-scanner mobile représenté sur la phoographie.

Réponses aux questions

Un regroupement original en Europe (doc. 1 et 2)1. La plupart des membres de l’espace Schengen sont membres de l’UE.2. Non, l’appartenance à l’UE n’est pas obligatoire. Il existe un statut, celui de « pays associé », qui permet d’intégrer l’espace Schengen sans faire partie de l’UE.

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Géographie134

pénétration espagnole au Maroc qui se veut d’abord pacifique mais qui débouche bien vite sur une guerre coloniale qui ne s’achève qu’en 1927. L’armée coloniale espagnole de l’époque sert, une décennie plus tard, de vivier à la rébellion franquiste contre le gouvernement légal de la République en 1936, puisque c’est de Ceuta et de Melilla que partent les troupes rebelles du général Franco. Aujourd’hui, la principale originalité des deux villes africaines réside dans la composition de leur popu-lation. Elle se compose de quatre groupes culturels diffé-rents que l’on désigne par leur origine religieuse. Les pre-miers arrivés, les chrétiens, sont issus d’une première vague d’immigration espagnole au moment où les deux villes cessent d’être des garnisons militaires pour se trans-former en véritables villes, bases arrière de la pénétration coloniale espagnole du début du xxe siècle. À cette époque viennent également s’installer à Ceuta et à Melilla des Juifs du nord du Maroc quand les deux villes sont déclarées ports francs et ouvertes aux populations civiles : ils constituent le deuxième groupe ethnico-culturel de la population des deux villes. Des hindous en provenance de Gibraltar s’installent également bientôt pour consti-tuer un autre groupe ethnique original bien que plus réduit. Au cours des années de Protectorat [1912-1956], c’est le tour des musulmans, en provenance des régions du sud. Progressivement, ces enclaves ont été soumises à une intense pression migratoire, encore accrue depuis la mise en place de l’espace Schengen. Pénétrer à Ceuta ou Melilla assure au candidat à l’immigration un examen administratif de son dossier, selon les critères européens. En 2005 par exemple, plusieurs groupes d’immigrants se sont jetés contre les barrières pour essayer de pénétrer dans les enceintes (bilan : au moins 5 morts).

Doc. 8 : ce graphique illustre le principe de solidarité qui existe au sein de l’espace Schengen. Chaque pays reçoit au titre de sa participation à l’espace Schengen un certain montant de la part de quatre fonds en fonction des problématiques auxquelles il est confronté. Ces fonds financent des initiatives dans plusieurs domaines : • Fonds pour la surveillance des frontières extérieures :

mise en place de systèmes d’échange d’informations, de collecte de statistiques, de coordination entre les garde-frontières et des contrôles, de missions de surveillance et des mécanismes d’enregistrement des personnes qui franchissent les frontières extérieures ; gestion du flux des personnes et collaboration dans le domaine de la fraude documentaire; mise en œuvre uniforme de la législation de l’Union européenne (UE) ; ouverture de bureaux consulaires communs.

• Fonds de retour des ressortissants de pays tiers en situation irrégulière : aider à une meilleure réintégra-tion dans leur pays d’origine des clandestins. Cela sup-pose la signature d’accords avec les pays concernés.

6. Tous les contrôles ne sont pas abolis dans l’espace Schengen, car la lutte contre la délinquance y est impor-tante. La contrebande reste un problème et les équipes de douaniers mobiles sont à l’œuvre sur l’ensemble du terri-toire. Ces contrôles sont éventuellement conjoints (et mis en scène avec humour par le film de Dany Boon Rien à déclarer). Ils sont considérés comme plus efficaces car résul-tent d’une collaboration étroite avec les services de police.

aCTiViTÉ Bilan L’espace Schengen désigne un espace de libre circulation des personnes entre les États signataires des accords de Schengen en 1985. Il repose sur le principe de la liberté de circulation des personnes : tout individu (ressortissant de l’UE ou d’un pays tiers), une fois entré sur le territoire de l’un des pays membres, peut franchir les frontières des autres pays sans subir de contrôles. Un État ne peut réta-blir les contrôles qu’en cas d’atteinte à l’ordre public ou à la sécurité nationale et après consultation des autres États du groupe Schengen. En revanche, les contrôles aux frontières extérieures de l’espace Schengen sont renforcés.

b Des défis d’avenir pour la France, l’Europe et le reste du monde (p. 234-235)

Présentation des documents

Doc. 6 : cette carte à petite échelle permet de souligner les principaux points de pression migratoire sur l’espace Schengen. On peut faire remarquer aux élèves que la plu-part de ces points de pression migratoire se situent aux frontières de pays parmi les moins développés de l’UE.

Doc. 7 : les deux enclaves de Ceuta et Melilla constituent des territoires exceptionnels, puisqu’il s’agit d’une petite partie de l’UE enclavée au Maroc dans le continent afri-cain. La pression migratoire y est donc très forte. Ceuta et Melilla sont deux villes espagnoles, d’environ 70 000 habitants, dont la principale originalité est de se situer sur le continent africain, sur la côte méditerra-néenne du Maroc. Ce sont donc deux petites enclaves – de 19 et 12,3 km2 respectivement – qui sont officielle-ment revendiquées par le Maroc depuis 1956, date de l’indépendance de ce pays, et souvent qualifiées par les autorités marocaines de « derniers territoires coloniaux d’Afrique ». Ceuta se situe face au port d’Algésiras, de l’autre côté du détroit de Gibraltar, à seulement 14 km des côtes andalouses, Melilla, quant à elle, est beaucoup plus éloignée de l’Espagne, à 400 km à l’est de Ceuta, tout près de la frontière algérienne. La présence espagnole sur ces côtes africaines remonte au xve siècle. Pendant quatre siècles elle reste limitée à une présence militaire et, à par-tir du xviiie siècle, on utilise aussi ces petits territoires comme bagnes. Puis, avec l’expansion coloniale du xixe siècle, Ceuta et Melilla servent de « têtes de pont » d’une

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1356. La France dans la dynamique européenne

dirige alors vers la France, celle-ci annonce le 8 avril 2011 par la voix de son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, la réintroduction de contrôles à ses frontières avec l’Italie. Lors du Conseil Justice et affaires intérieures du 11 avril 2011, le ministre de l’Intérieur italien, Roberto Maroni, a vertement critiqué l’attitude de ses partenaires, qui lui ont opposé l’incapacité de son pays à contrôler ses fron-tières extérieures et ont qualifié son comportement de chantage. Pour calmer les tensions entre la France et l’Ita-lie, un sommet s’est tenu à Milan le 26 avril 2011 entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, qui sont parvenus à un accord et ont adressé une lettre commune au prési-dent de la Commission européenne. Paris et Rome demandent une amélioration de la collaboration des États européens, un renforcement des mécanismes de solidarité financière avec les États accueillant des migrants, un affermissement de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, Frontex.

Réponses aux questions

La forteresse Europe ? (doc. 6 et 7)7. Lorsqu’une personne arrive à pénétrer dans l’espace Schengen, cela signifie qu’elle accède à un espace de libre circulation dans lequel les contrôles aux frontières sont très réduits, voire absents. De ce fait les contrôles à l’en-trée dans l’espace Schengen se substituent aux contrôles auparavant opérées aux frontières des États-membres. En ce sens, les frontières extérieures deviennent les fron-tières des États-membres.

8. Les frontières extérieures sont sécurisées tout d’abord pour répondre aux enjeux évoqués dans la question pré-cédente. À partir du moment où les contrôles effectués aux frontières extérieures viennent se substituer en grande partie aux contrôles effectués aux frontières des pays membres, il est essentiel de contrôler la totalité des passages, et donc de sécuriser au maximum les frontières afin d’éviter l’immigration illégale. Les frontières sont surveillées grâce à l’alliance des fonds nationaux et des fonds consentis par l’UE au titre de la « surveillance des frontières extérieures ». L’agence Frontex, évoquée p. 217 du manuel dans le cadre de la surveillance de la frontière entre la Slovaquie et l’Ukraine, est un acteur majeur de la sécurisation des frontières extérieures de l’UE.

La solidarité et les désaccords entre les pays membres (doc. 8 à 10)9. Il poursuit plusieurs objectifs à travers les quatre fonds qui le composent :• la sécurisation des frontières extérieures déjà évoquée

précédemment ;• la mise en place de procédures de retour pour les immi-

grés en situation irrégulière qui leur permettent de se

• Fonds d’intégration des ressortissants de pays tiers en situation régulière : organisation de cours de langue, formation des fonctionnaires à l’interculturalité, forma-tions spécifiquement destinées aux femmes étrangères…

• Fonds européen pour les réfugiés : amélioration des conditions d’accueil et des procédures d’asile ; mesures relatives à l’éducation, à la participation à la vie civique et culturelle, à l’accès au marché du travail, la formation linguistique et à l’aide au logement des réfugiés.

Doc. 9 : d’après le « Bilan de Santé » de l’espace Schengen réalisé en mai 2012, la pression aux frontières extérieures de Schengen se concentre sur un nombre limité de points sensibles, en particulier l’axe de la Méditerranée orientale qui passe par la Turquie et la Grèce. Au cours du dernier trimestre de 2011, près de 30 000 franchissements irrégu-liers des frontières ont été repérés aux frontières exté-rieures, dont environ 75 % sur cet axe. La photographie illustre cette pression migratoire.

Doc. 10 : cet article du journal Le Monde permet d’abor-der les différents types de tensions qui peuvent appa-raitre entre les États-membres au sujet des accords de Schengen. Ces tensions se cristallisent autour de deux problématiques : • L’accueil en grand nombre de réfugiés par un État-

membre qui impacte directement les autres.• Les faiblesses de certains États-membres en ce qui

concerne la surveillance des frontières extérieures.

Complément : les tensions entre la France et l’Italie au sujet des immigrants tunisiens (source : Ceri).

Le débarquement de quelque 20 000 Tunisiens et 8 000 Libyens sur les côtes italiennes depuis janvier 2011 a ravivé les peurs et les tensions. L’Italie, s’estimant submer-gée par une immigration clandestine massive, a proclamé l’état d’urgence humanitaire le 12 février 2011. Elle s’est tournée vers l’Union et ses partenaires européens, sollici-tant leur solidarité et demandant un partage effectif du « fardeau » de l’accueil des migrants, ce que les États méri-dionaux (au premier chef Malte et la Grèce) appellent de leurs vœux depuis des années. En vain. Les partenaires de l’Italie estiment en effet l’afflux de migrants trop modeste pour que l’octroi d’une aide puisse être envisagé. Et de rappeler au passage que l’Allemagne avait su gérer seule les centaines de milliers de migrants de l’ex-Yougoslavie qui ont rejoint son territoire durant les années 1990. Dans ce contexte, le président du Conseil Silvio Berlusconi a adopté le 5 avril 2011 un décret : des titres de séjour ont vocation à être délivrés « pour d’évidentes raisons huma-nitaires » aux migrants nord-africains (essentiellement tunisiens) arrivés sur le territoire italien entre le 1er janvier et le 5 avril 2011, qui permettront à leurs détenteurs de circuler librement dans l’espace Schengen. Dans la mesure où la grande majorité des migrants concernés se

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Géographie136

le cadre des problématiques liées à l’immigration : Fonds européen d’intégration, Fonds européen pour les réfu-giés, Fonds européen pour le retour, Fonds européen pour les frontières extérieures (qui constituent les fonds communs aux membres de l’espace Schengen).

4. Le Fonds européen d’intégration doit servir à faciliter l’intégration des étrangers en situation régulière dans la société française. Le Fonds européen pour les réfugiés sert à augmenter la qualité de l’accueil des réfugiés dur le territoire, tandis que le Fonds européen de retour doit aider au retour des immigrés en situation irrégulière dans leur pays d’origine. Enfin le Fonds pour les fron-tières extérieures permet d’aider à la lutte contre l’immi-gration clandestine.

5. Avec l’intégration de la France dans l’espace Schengen et l’ouverture des frontières de l’espace intérieur qui en découle, le pays ne peut plus gérer lui-même l’ouverture ou la fermeture de ses frontières (hors cas exceptionnel). Cette gestion des flux migratoires se fait donc désormais à l’échelle européenne. Par contre, la politique de déli-vrance des cartes de séjour, les modalités d’obtention de la nationalité française restent des prérogatives de l’État français. La question de l’immigration est donc aussi au centre de débats franco-français.

sujet d’étude 3 p. 238-243

L’agriculture française face aux mutations de la Politique agricole commune

Les commentaires du programme« Les défis de la Politique agricole commune (coût, problèmes environnementaux, attentes des consomma-teurs…), dans un contexte mondial de spéculation sur les denrées agricoles, conduisent à de nouvelles stratégies en termes d’aménagement et de productions. La pro-fonde réforme de la PAC oblige l’agriculture française – qui en est la principale bénéficiaire – à des remises en cause et à des initiatives : politique de labels de qualité, diversification des activités, approches agroenvironne-mentales. » (BO n°9 du 1er mars 2012)

Place dans le thèmeCe sujet d’étude s’intègre essentiellement dans la problé-matique de l’intégration dans l’UE grâce à l’outil des politiques communes. La PAC est la plus ancienne des politiques communes, elle a été mise en place en 1962, en grande partie en suivant les recommandations du ministre français de l’Agriculture de l’époque, Edgard Pisani. Elle a rempli ses objectifs, puisqu’elle a permis de rendre l’Europe auto-suffisante sur le plan agricole. Mais de plus en plus de reproches s’élèvent : concernant son coût élevé, sa défense d’un modèle productiviste

réinsérer au mieux dans leur pays d’origine ;• la mise en place de programmes facilitant l’intégration

des étrangers en situation régulière ;• la mise en place de programmes facilitant l’intégration

des réfugiés.

Finalement, il s’agit à la fois de continuer à lutter contre l’immigration clandestine et de favoriser l’intégration des étrangers autorisés à séjourner ou à s’installer dans l’es-pace Schengen.

10. La France reçoit un peu moins de 10 % des fonds consacrés au programme de solidarité et de gestion des flux migratoires. L’espace Schengen comptant 25 pays membres ou associés, cela signifie que la France est plutôt bien dotée par ces fonds européens. À une échelle plus fine, on constate que l’enveloppe la plus importante en proportion est celle du Fonds européen pour les réfugiés. La France arrive en tête des pays d’accueil euro-péens loin devant l’Allemagne. En 2009, 47 686 deman-des d’asile ont été déposées, soit une croissance de 12 % par rapport à 2008. C’est sans doute cet élément (lié aussi à la vision extérieure de la France comme « patrie des droits de l’homme ») qui explique que la France soit parti-culièrement bien dotée dans ce domaine.

11. Les tensions s’expliquent par deux raisons princi-pales, comme mentionné dans la présentation des docu-ments : • L’accueil en grand nombre de réfugiés par un État-

membre qui impacte directement les autres ;• Les faiblesses de certains États-membres en ce qui

concerne la surveillance des frontières extérieures.

aCTiViTÉ Bilan Répartir la parole entre deux groupes qui auront chacun un rapporteur.

Recherche T i C E (p. 236)1. Les objectifs du Pacte européen sur l’immigration sont doubles :• Faire diminuer l’immigration clandestine grâce à une

meilleure surveillance des frontières extérieures et à une nouvelle politique de visas biométriques.

• Assurer le retour dans leur pays d’origine des étrangers en situation irrégulière sur le territoire grâce à l’établis-sement d’accords avec leur pays d’origine.

2. Ces objectifs sont représentatifs des problématiques de l’espace Schengen car ils illustrent le fait que les fron-tières de la France sont désormais en grande partie repoussées au niveau des frontières extérieures de l’es-pace Schengen. Ils sont cependant plus vastes car ils sont conçus comme un volet de la politique d’aide au développement des pays de départ des immigrés.

3. La France dispose de plusieurs fonds européens dans

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1376. La France dans la dynamique européenne

PAC a essentiellement été une politique visant à garantir l’application des prix de soutien à des niveaux très supé-rieurs aux prix mondiaux. À partir de 1992, la PAC a été réformée. Le mécanisme de soutien des prix a été rem-placé par un système d’aides directes à la surface condi-tionné par la mise en jachère d’un certain pourcentage de terres cultivables. Les prix d’intervention des céréales baissent de 35 %, et des aides spécifiques, plus élevées pour les oléagineux (dont le colza) que pour les céréales, compensent la baisse de prix jusqu’en 1999. Pour conte-nir l’offre, la jachère devient obligatoire sauf pour les petits producteurs (moins de 92 tonnes). L’accord de Berlin de mars 1999 (Agenda 2000), qui entre en application entre 2000 et 2006 a fixé de nouvelles baisses des prix de soutien européens qui, de façon géné-rale, ne sont plus intégralement compensées par les hausses des aides directes. Le prix d’intervention pour les céréales baisse à nouveau de 15 % en deux ans. Le sou-tien des cultures d’oléagineux est aligné sur celui, moins favorable, des céréales à partir de 2002-2003. Les der-nières réformes s’appliquent progressivement de 2005 à 2007. Elles vont plus loin que les réformes précédentes en instaurant le principe de découplage des aides : le verse-ment des aides devient indépendant des choix de pro-duction de l’agriculteur et des quantités produites, il est soumis au respect de normes agro-environnementales. Les aides directes (premier pilier de la PAC) sont réduites à partir de 2005 au profit du second pilier consacré au développement durable.

Doc. 4 : ce graphique permet de constater la place de la France au 1er rang des bénéficiaires des subventions de la PAC. Il peut permettre d’alimenter une réflexion sur la hié-rarchie des différentes puissances agricoles de l’UE en lien avec les élargissements progressifs par exemple.

Doc. 5 : l’ONG britannique World Development Movement a publié en 2011 un rapport accusant les banques d’in-vestissement de spéculer sur le marché des matières pre-mières agricoles. La banque britannique Barclays a par exemple encaissé 383 millions d’euros en 2010 en se contentant de parier sur la hausse des prix des denrées alimentaires. Seules les banques américaines Goldman Sachs et Morgan Stanley font plus fort. Ainsi, selon WDM, Goldman Sachs a récolté depuis 2008 un milliard de dollars (684 millions d’euros) sur ces marchés. L’appétit des banques d’investissement pour les denrées alimen-taires s’est développé après l’éclatement de la bulle spé-culative des subprimes. Des produits financiers ont per-mis à des acteurs qui n’ont aucun rapport avec l’achat et la vente de maïs, de blé et d’autres céréales – comme les fonds de pensions – de placer leur argent sur ces mar-chés. L’ONG estime qu’il faudrait limiter les montants que les banques peuvent investir sur les marchés des produits alimentaires et mieux encadrer la nature des transactions.

essentiellement. La France, première bénéficiaire de cette politique commune depuis sa mise en œuvre, est donc confrontée à un défi d’adaptation. C’est ici que l’échelle européenne rejoint l’échelle française.

Présentation du planLe plan adopté permet tout d’abord de présenter aux élèves les particularités de la PAC et la place de la France dans cette politique commune. On essaie ensuite de pointer les limites de la PAC et les principales critiques qu’elle suscite. Dans un second temps, on s’intéresse aux pistes envisagées pour réformer la PAC en étudiant ensuite la façon dont les acteurs français de l’agriculture essaient de s’y adapter.

a L’agriculture française et la PAC (p. 238-239)

Présentation des documents

Doc. 1 : l’essentiel de la surface agricole est occupé par les prairies d’élevage peu productif. C’est le cas notamment des massifs montagneux. Les vignobles sont présents dans les principales vallées fluviales (Rhône, Saône, Gironde, Loire, Rhin) et sur certaines côtes de Champagne. L’essentiel des cultures de céréales et des cultures indus-trielles (betteraves, pommes de terre…) est localisé dans le Bassin Parisien et le Nord de la France. L’ouest de la France (Bretagne, Normandie) est le domaine de l’élevage intensif hors-sol de porcs et de volailles. L’agriculture la plus rentable correspond aux espaces de cultures de céréales et de cultures industrielles, aux vignobles. Le ter-ritoire français dispose aussi de pôles puissants de redis-tribution des productions agricoles vers l’espace national et l’ensemble de l’UE.

Doc. 2 : les deux graphiques permettent de constater la puissance de l’agriculture française.

Doc. 3 : la photographie présente un paysage typique de l’agriculture industrielle de champ ouvert, qui a le plus bénéficié des subventions de la PAC depuis sa mise en place… et qui en a révélé les limites. Les céréales et les oléagineux sont en effet les productions les mieux adap-tées à la production industrielle et ont permis à l’Europe de devenir auto-suffisante. En 1961, la production de céréales de l’Europe est de 91 millions de tonnes. Dès la fin des années1960, la Communauté européenne doit faire face à des excédents. L’Europe commence à aug-menter ses stocks. Aucune mesure n’étant prise, en 1980, le système mis en vigueur par la PAC, fondé sur un soutien des prix et un système de prélèvements et de restitutions, ne se trouve plus adapté à la nouvelle situation. La Communauté, devenue exportateur net, le coût des poli-tiques de soutien est de plus en plus supporté par les États-membres. Il importe donc de contrôler l’offre si l’on veut éviter une explosion budgétaire. Jusqu’en 1992, la

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Géographie138

part, à faire prendre conscience aux principaux concernés que l’octroi d’une aide européenne est possible dès lors qu’ils prennent la peine de constituer un dossier.

5. La conséquence principale de la spéculation sur les prix des matières premières agricoles est l’augmentation des prix pour le consommateur final. Dans les pays déve-loppés, cela se traduit par une baisse relative du pouvoir d’achat, mais dans les pays en développement, cela peut prendre une forme beaucoup plus tragique, celle de l’ex-plosion d’émeutes de la faim. En 2008, de telles émeutes ont secoué l’Égypte, le Maroc, l’Indonésie, les Philippines, Haïti, ainsi que plusieurs pays africains : Nigeria, Came-roun, Côte d’Ivoire, Mozambique, Mauritanie, Sénégal, Burkina Faso… Les États d’Afrique sont particulièrement vulnérables en raison du peu d’importance des cultures vivrières et donc de la forte dépendance aux produits agricoles étrangers.

aCTiViTÉ BilanPlusieurs facteurs peuvent expliquer la puissance de l’agriculture française :• Des facteurs naturels : des sols et un climat propices à

une agriculture variée et efficace.• Des facteurs géographiques : située en position de car-

refour européen, la France est devenue le « grenier » de l’Europe, et de puissants pôles de redistribution assurent la connexion aux espaces de consommation européens.

• Des facteurs économiques et politiques : la France a beaucoup profité de la PAC qui a été mise en place sur les propositions de son ministre de l’Agriculture de l’époque et qui correspondait aux caractéristiques du secteur français.

b Les défis de l’agriculture française face à la réforme de la PAC (p. 240-241)

Présentation des documents

Doc. 6 : ce document poursuit un double objectif : pré-senter les pistes de réforme de la PAC et, en filigrane, faire apparaître les principales critiques apportées au fonc-tionnement de la PAC actuelle.

Doc. 7 : l’INAO (Institut national de l’origine et de la qua-lité), établissement public sous tutelle du Ministère de l’agriculture et de la pêche, est chargé de la mise en œuvre de la politique française relative aux produits labellisés sur les critères de l’origine et de la qualité : appellation d’origine contrôlée, IGP, label rouge et agri-culture biologique. D’après le recensement agricole, une exploitation agricole sur quatre est inscrite dans ces démarches en 2010.

Doc. 8 : actuellement, 61 sites remarquables du goût sont identifiés en France. Ce label crée en 1995 allie

Des recommandations déjà faites par la Commission européenne en 2008. Il faut souligner cependant que la spéculation n’est pas le seul facteur qui explique la hausse du prix des matières premières agricoles : l’OCDE estime ainsi que les conditions météorologiques, le développe-ment des biocarburants et l’instabilité actuelle des pays arabes ont un impact plus important.

Réponses aux questions

La puissance agricole française en Europe et dans le monde (doc. 1 à 3)1. Ces activités sont très variées et présentes sur l’en-semble du territoire. Les régions de grande culture et de polyculture sont les plus répandues dans les plaines, tan-dis que les régions montagneuses restent dévolues à l’élevage extensif. Quelques régions sont spécialisées dans la viticulture ou la production d’alcools de qualité, ou bien encore dans le maraîchage ou l’horticulture. Elles sont surtout situées le long des fleuves et sur les littoraux.

2. On peut choisir deux arguments dans la liste suivante :• Le territoire dispose de pôles de redistribution et d’ex-

pédition de produits agricoles puissants (Rungis, Reims, Rouen, Lille, Lyon…).

• La France est en tête de la production végétale et ani-male en 2009.

• La France est également au premier rang mondial pour de nombreuses productions, dont le blé.

La PAC actuelle dans le contexte mondial (Repères, doc. 4 et 5)3. Les objectifs de la PAC actuelle peuvent être regroupés en trois grands groupes :• accroître le niveau technique et la production de l’agri-

culture européenne ;• assurer un niveau de vie convenable aux agriculteurs ;• stabiliser les marchés agricoles en termes de prix et de

sécurité des approvisionnements pour les consomma-teurs.

4. La France est au premier rang des bénéficiaires des subventions versées par l’UE au titre de la PAC. Cela peut paraître paradoxal dans la mesure où le pays est aussi la première puissance agricole de l’UE. Dans le cadre d’une politique commune, on pourrait s’attendre à ce que les subventions les plus importantes soient versées aux pays les plus en difficulté dans le secteur. Depuis 2009, le site Telepac, site de téléservices des aides de la PAC (politique agricole commune) administré par le ministère de l’Agri-culture, permet de connaître le montant et la liste de l’ensemble des bénéficiaires en France, du Fonds euro-péen agricole pour le développement rural (FEADER). L’objectif de cette transparence d’information vise d’une part à justifier la destination des sommes allouées par l’Union européenne aux agriculteurs français, et d’autre

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1396. La France dans la dynamique européenne

• Les filières dites « nouvelles » :– activités lucratives de loisirs : visites d’exploitation, acti-

vités sportives ou récréatives, fermes pédagogiques, fermes équestres, journées ou séjours de chasse ou de pêche, location de matériels ou d’animaux de prome-nade…

– productions liées aux bioénergies ou environnemen-tales : production d’énergie renouvelable pour la vente assurée par mini-barrages et microcentrales, éoliennes, biogaz et méthanisation, panneaux photovoltaïques, taillis de bois ;

– artisanat : fabrication d’objets à partir de produits de l’exploitation (vannerie, tannerie, vêtements en laine, sculpture sur bois, fabrication de meubles…).

Le graphique du taux de diversification permet de classer les régions françaises.

Réponses aux questions

Les propositions de réforme de la PAC et la recherche de qualité (doc. 6 à 8)6. L’UE avance trois grands types d’arguments pour réfor-mer la PAC :• économiques : c’est une politique commune qui coûte

encore trop cher (55 millions d’euros, soit 45 % du bud-get de la PAC) ;

• environnementaux : remplacer un modèle producti-viste qui poussait à la consommation d’engrais et donc à la pollution par un modèle qui s’intègre dans le déve-loppement durable ;

• sociaux : rendre la PAC plus équitable en « lissant » le montant des primes versées aux agriculteurs dans toute l’Europe.

7. Les labels de qualités reconnus par le ministère de l’Agriculture concernent plusieurs domaines :• un terroir : on reconnaît l’originalité d’un milieu naturel,

d’un savoir-faire local grâce au label rouge, à l’AOC ou à l’IGP ;

• une méthode d’agriculture : le cahier des charges impose des normes très strictes pour la culture ou l’éle-vage biologiques.

8. On peut considérer que la politique des labels se rap-proche des buts de la réforme de la PAC car on retrouve la même volonté de valoriser les pratiques respectueuses de l’environnement, de valoriser l’activité agricole (la labellisation permet aux agriculteurs d’augmenter les prix de vente de leurs produits) et les identités régionales et locales.

Les nouvelles directions agro-environnementales(doc. 9 et 10)9. La solution proposée par l’initiative agro-environne-mentale du document 9 repose essentiellement sur une utilisation « raisonnée » des produits phytosanitaires et

tourisme, agriculture, écologie et culture. Il illustre la pro-blématique du développement durable appliqué aux territoires et à leur population (dynamisme économique, volonté de progrès social et de respect de l’environne-ment) tout en valorisant les identités locales. Le pro-gramme a été relancé en 2011 par le PNA (Programme national pour l’alimentation) sous tutelle du ministère de l’Agriculture avec l’objectif de mieux les valoriser auprès du public. Le 15e salon des sites remarquables du goût s’est déroulé à Salers en mai 2012.

Doc. 9 : la certification environnementale des exploita-tions agricoles répond à la concrétisation d’un projet évo-qué lors du Grenelle de l’environnement : identifier les exploitations engagées dans des démarches respec-tueuses de l’environnement. Chaque agriculteur voulant faire certifier son exploitation doit respecter un cahier des charges strict comportant 16 exigences. Par exemple : identifier et protéger sur l’exploitation les zones les plus importantes pour le maintien de la biodiversité, apporter la bonne dose d’engrais à la plante et au moment dont elle en a besoin, ni plus, ni moins, afin d’éviter que les excès n’aillent vers la nappe phréatique. Concernant la stratégie phytosanitaire, la lutte contre les maladies et parasites doit être « raisonnée » et l’agriculteur doit adap-ter l’utilisation des produits phytopharmaceutiques en fonction des besoins réels des plantes. Le but est aussi de se préparer aux nouvelles exigences environnementales de la PAC.

Doc. 10 : la diversification n’a pas pour finalité l’arrêt pur et simple de l’activité de base, raison d’être de l’exploita-tion, mais la création d’une activité permettant de com-pléter l’exploitation sur un plan économique et donc d’assurer la pérennité de celle-ci et des emplois liés. De nombreux exploitants agricoles se sont engagés dans des actions de diversification, que ce soit dans le cadre direct de leur exploitation ou hors de celle-ci.

Quelles sont les voies de la diversification ?

• Les filières dites « classiques » :– la vente directe au consommateur de produits agri-

coles, transformés ou non (à la ferme, en bord de route, sur les marchés, aux restaurants, par correspondance ou par l’intermédiaire d’un GIE) ;

– le tourisme à la ferme : activités d’hébergement seul (camping à la ferme, gite rural, chambre d’hôte, gite d’étape ou de groupe,…), de restauration seule (table d’hôtes, ferme auberge, dégustation de produits locaux,…), ou d’hébergement – restauration ;

– les travaux à façon : prestations de service effectuées hors de l’exploitation mais rémunérées au bénéfice de l’exploitation et réalisées avec les moyens humains et/ou matériels de l’exploitation (travaux d’exploitation forestière, travaux agricoles, scierie).

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Géographie140

2. Comparaison avec l’Espagne, dont l’adhésion a beau-coup inquiété la France en raison de sa forte activité agricole. La part de l’agriculture dans le PIB est plus élevée (2,2 %), tout comme la proportion d’agriculteurs dans la population active (4,3 %) et le nombre d’exploitations (plus d’un million). Par contre la production totale est moindre (43,1 milliards d’euros) ainsi que la superficie agricole. Le revenu des agriculteurs dépend beaucoup moins de la PAC (28 %). On peut en conclure que l’agri-culture française est plus productive, mais que l’agricul-ture française dépend plus de la PAC que l’espagnole.

3. La PAC a été mise en place pour répondre à trois objectifs : tout d’abord atteindre l’autosuffisance ali-mentaire dans une Europe ravagée par la seconde guerre mondiale. C’est l’objectif quantitatif. Ensuite se sont rajoutés deux objectifs qualitatifs : assurer une nourriture de qualité à prix raisonnable, et protéger l’environnement et savoir-faire ruraux.

4. Les agriculteurs doivent prendre des engagements auprès de l’UE : produire en quantité tout en respectant au maximum l’environnement et les animaux s’il s’agit d’une activité d’élevage. Le montant des aides dépend de la surface des exploitations, mais pas de la quantité produite (depuis la dernière réforme en 2003). Les aides financières directes sont complétées par des subven-tions aidant au développement rural (aide à l’installation des jeunes, soutien pour activité dans des zones en déprise ou investissements productifs).

5. Les enjeux de la réforme de la PAC de 2013-2014 sont triples : • financiers : question de la place de la PAC dans le bud-

get de l’UE ;• sociaux : conserver les savoir-faire agricoles dans des

campagnes vivantes ; • environnementaux : mettre en place les conditions pro-

pices à une agriculture respectueuse de l’environnement.

des engrais afin de minimiser les rejets polluants pour l’environnement.

10. La diversification des activités agricoles concerne plusieurs secteurs, tous en rapport avec l’accueil du public et la valorisation des produits agricoles : la restau-ration, l’hébergement à la ferme, l’organisation d’activités de loisirs.

11. La diversification n’est pas encore très répandue en France, puisqu’elle concerne moins d’une exploitation sur cinq dans les régions les plus « avancées » dans le proces-sus. Elle représente cependant une piste d’avenir pour augmenter les revenus des agriculteurs.

aCTiViTÉ BilanL’agriculture française évolue en se préparant aux muta-tions futures de la PAC par l’intermédiaire de plusieurs initiatives soutenues par l’État et les collectivités locales :• dans le cadre du respect de l’environnement ;• dans le cadre des savoir-faire locaux pour éviter l’unifor-

misation que l’on reprochait au modèle de la grande culture productiviste ;

• dans le cadre de la diversification des activités et du rap-prochement entre les producteurs et les consomma-teurs.

Recherche T i C E (p. 242)1. L’agriculture représente 1,4 % du PIB français. Les sub-ventions européennes représentent 41 % des revenus des agriculteurs, ce qui montre la dépendance du pays face à la PAC. La production agricole se monte à 62 mil-liards d’euros sur une surface agricole de 29,4 millions d’hectares, ce qui la place au premier rang des pays européens pour ces deux données. Ce score est obtenu alors que la population active agricole représente 3,1% de la population active totale, et que le nombre d’exploitations agricoles se monte à 0,5 millions, soit moins que dans plusieurs autres pays européens.

Page 141: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1416. La France dans la dynamique européenne

oBjECTif BAC

capacités et méthodes p. 244-245

Utiliser de manière critique les moteurs de recherche et les ressources en ligne

application 1 L’euro, une monnaie pour 17 États-membres

1. Utiliser les moteurs de recherche

2. Effectuer votre recherchea. À ce jour, 17 des 27 États-membres de l’Union euro-péenne ont adopté l’euro comme monnaie commune : Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Grèce, Espagne, Estonie, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Portugal, Slovénie et Slovaquie.b. Les 4 avantages de l’euro :

• la transparence des pour les consommateurs dans toute la zone euro ;

• l’élimination des coûts de transaction ;• la disparition des fluctuations de cours de change ;• des taux d’intérêt tirés vers le bas.

3. Exercer votre esprit critiqueLes réponses aux questions dépendront des choix de recherche des élèves.

application 2 Les politiques régionales de l’Union européenne : les principaux choix de développement et d’aménagement de la région du lycée

Les questions donneront lieu à des réponses différentes selon la région où se trouve le lycée. L’élève doit mettre en évidence les convergences et les écarts entre les informa-tions recueillies à propos d’un aménagement sur le site offi-

ciel de la région et sur d’autres sites (presse quotidienne, blogs d’usagers ou d’opposants).La démarche proposée est la même que pour l’application 1.

vers le bac p. 246-249

Présentation des pages BAC

Ces pages permettent d’interroger la question obliga-toire et les trois sujets d’étude associés. Pour chacune des parties, l’élève peut se référer continuellement à une démarche qui se rapporte à un type de document. Pour la question obligatoire, l’élève doit répondre à des ques-tions à réponse courte. La question 6 demande de com-pléter une carte de l’Europe. Pour les trois sujets d’étude, les exercices d’entraînement portent sur l’analyse de deux documents, de nature variée (affiche + texte, texte + photographie, carte + texte).

question obliGatoire

La France, un territoire dans l’Union européenne (p. 246)

1. b. un accord sur la libre circulation des personnes à l’intérieur des frontières de l’UE.2. a. Une eurorégion est un espace de coopération trans-frontalière fondé sur l’association de collectivités territo-riales voisines. Il en existe plus de 70 dans l’UE qui ont des objectifs différents (reconversion, échanges culturels…) et bénéficient du soutien de l’Union.b. Le FEDER (Fonds européen de développement régio-

nal) vise à renforcer la cohésion économique et sociale au sein de l’Union européenne en corrigeant les déséqui-libres régionaux. Il finance :• des aides directes aux investissements des entreprises

(en particulier les PME) afin de créer des emplois durables ;• des infrastructures liées notamment à la recherche et

l’innovation, aux télécommunications, à l’environnement, à l’énergie et aux transports ;

• le développement régional et local qui favorise la coo-pération entre les villes et les régions.

Le FEDER peut intervenir au titre des 3 objectifs de la poli-tique régionale : convergence, compétitivité régionale et emploi, et coopération territoriale européenne.

3. Le territoire français a une situation privilégiée dans l’espace européen, interface majeure entre le Nord et le Sud du continent. C’est un territoire attractif situé au cœur d’un marché européen (500 millions d’habitants) et de la zone euro (320 millions de personnes). Le territoire français est le premier pays européen d’accueil des Investissements directs à l’étranger (IDE).

4. Les 10 pays qui ne font pas partie de la zone euro : Royaume-Uni, Danemark, Suède, Pologne, Lettonie, Litua-nie, République Tchèque, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie.

Page 142: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

Géographie142

Le Royaume-Uni a souhaité garder la souveraineté de sa monnaie, la livre sterling ; d’autres comme la Roumanie ou la Bulgarie (récemment admises dans l’UE) n’offrent pas encore toutes les garanties financières nécessaires.

5. Six pays sont candidats officiels pour entrer dans l’UE. Ce sont la Croatie (qui doit être intégrée en juillet 2013), la

sujet d’etude 1

Circuler en France et en Europe : le réseau TGV (p. 247)

1. Le document 1 est une affiche publicitaire publiée par la SNCF à l’occasion de la mise en service du TGV Rhin-Rhône, le 11 décembre 2011. Le document 2 est une dépêche de l’Agence France Presse à propos du même événement. Ce texte nous décrit les conditions du « démarrage » de cette nouvelle Ligne à Grande Vitesse.

2. L’affiche est composée d’un slogan placé en haut et de la représentation d’un trajet en TGV allant de Marseille au Sud ou de Paris au Nord, à destination de l’Est de la France (Mulhouse et Strasbourg) puis de l’Allemagne (Francfort) mais aussi de la Suisse (Bâle, Berne et Zurich). À chacune des étapes ou arrêts possibles du nouveau TGV corres-pondent des photographies qui sont autant d’« amis » que l’on peut aller voir par le train.

Macédoine, le Monténégro, la Turquie, l’Islande et la Serbie. L’Albanie a établi une demande pour être candi-date. La Bosnie et le Kosovo ne se sont pas manifestés auprès de l’Union, mais sont considérés comme des can-didats potentiels.

6. Les pays membres de l’UE : voir carte ci-dessous.

3. Le message que veut faire passer cette publicité est la facilité de déplacement accrue grâce au TGV Rhin-Rhône. Cette nouvelle ligne TGV permet de joindre les régions du sud du pays à l’est de la France (Bourgogne, Franche-Comté, Alsace) et au-delà à l’Allemagne et à la Suisse.

4. Cette nouvelle ligne TGV va permettre de renforcer les liaisons entre la capitale parisienne vers Dijon, la Franche-Comté, Mulhouse et la Suisse. De plus, ce nouveau tron-çon permet de relier plus rapidement Strasbourg à la Méditerranée via Lyon. Les avantages de ce TGV Rhin-Rhône pour les voyageurs sont un appréciable gain de temps sur les principaux trajets : les passagers gagnent 20 minutes de Paris à Mulhouse (2 h 40 de trajet aujourd’hui), mais surtout 1 h 30 entre Paris et Belfort-Montbéliard (2 h 15 de trajet). La liaison Strasbourg-Lyon ne dure plus que 3 h 40 aujourd’hui contre 4 h 45 auparavant.

5. Ce projet est inédit car le TGV Rhin-Rhône est « le pre-mier train de l’Europe des régions », qui permet de gagner

FRANCE

LUXEMBOURG

BELGIQUE

IRLANDE

ROYAUME-UNI

PAYS-BAS

ALLEMAGNE

AUTRICHE

POLOGNE

RÉP. TCHÈQUE

SLOVAQUIE

HONGRIESLOVÉNIE

ESPAGNEPORTUGAL

ITALIE

GRÈCE

MALTE

DANEMARK

SUÈDE

FINLANDE

ESTONIE

LETTONIE

LITUANIE

ROUMANIE

BULGARIE

CHYPRE500 km

N

Page 143: Histoire - Géographie 1re ST2S - Livre Professeur - Ed. 2012

1436. La France dans la dynamique européenne

du temps sur les trajets entre les régions de l’Est de la France et celles au sud du pays.

6. Il est prévu d’ajouter à ce tronçon du TGV Rhin-Rhône une branche Sud qui relierait Dijon à Lyon, mais égale-ment une branche Ouest, de Genlis à Dijon, qui doit per-mettre de connecter la ligne nouvellement créée à la LGV Paris-Lyon, en traversant l’agglomération dijonnaise.

sujet d’etude 2

L’espace Schengen : de nouvelles frontières pour la France ? (p. 248)

1. La Commission européenne propose que le rétablisse-ment des contrôles aux frontières nationales ne soit plus que du seul ressort des États-membres de l’espace Schengen, et donc de réformer la règlementation concer-nant le zone de libre circulation des personnes.

2. De telles mesures ont été décidées suite aux tensions nées entre l’Italie et la France concernant l’arrivée mas-sive d’immigrants d’Afrique du Nord (été 2011) et de la réintroduction des contrôles aux frontières par le Danemark sous la pression de l’extrême droite.

3. La commissaire européenne s’oppose à certains gou-vernements européens (France, Espagne, Allemagne) en prétendant que la position de la Commission n’aboutit pas à enlever des pouvoirs aux États-membres, mais qu’il s’agit essentiellement de protéger les 400 millions de citoyens de la zone Schengen.

4. Les gouvernements français, espagnols et allemands refusent la mainmise de la Commission européenne sur des problèmes qui touchent à la sécurité intérieure des pays concernés.

5. Les écologistes européens pensent que cette décision va « stigmatiser » les migrants, qui seront accusés de menacer la sécurité des pays qui veulent recourir à une fermeture temporaire des frontières.

6. Cette frontière est une limite extérieure à l’UE car elle sépare la Roumanie, membre de l’Union, et la Moldavie qui n’en fait pas partie. C’est pourquoi les douaniers sur-veillent cette frontière avec un scanner thermique pour éviter d’éventuels illégaux de la traverser.

7. Cette frontière est particulièrement sensible car la franchir permet aux migrants d’entrer illégalement dans l’espace de l’Union européenne.

sujet d’etude 3

L’agriculture française face aux mutations de la Politique agricole commune (p. 249)

1. Les pays qui touchent plus de fonds de la PAC qu’ils n’en versent sont :• La France qui touche 17,38 % des aides (1re place) et

ne contribue que pour 16,7 % du budget européen (2e place).

• L’Espagne qui touche 12,78 % des aides (2e place) et ne contribue que pour 9,5 % du budget européen (5e place).

2. Les pays qui contribuent plus qu’ils ne touchent sont :• L’Allemagne, premier contributeur avec 19,5 % du bud-

get européen, qui n’est que le 3e bénéficiaire avec 12,16 % des aides.

• L’Italie, 3e contributeur (13,5 % du budget européen) et 4e bénéficiaire (10,7 % des aides).

• Le Royaume-Uni, 4e contributeur (10,9 % du budget européen) et 5e bénéficiaire (7,1 % des aides).

3. La part de la PAC dans le budget de l’Union euro-péenne a fortement diminué depuis 1970 : elle est passée de 87 % en 1970 à 40 % en 2009 (estimation pour 2013 : 39 %).

4. Les pays de l’UE qui possèdent surtout des petites exploitations (plus de 50 % de moins de 5 hectares) sont Malte (97 %), la Bulgarie (95 %), la Roumanie (90 %), la Hongrie (89 %), la Slovaquie (87 %), la Grèce (76 %), le Portugal (73 %), l’Italie (73 %), la Pologne (68 %), la Lituanie (61 %), la Slovénie (59 %), et l’Espagne (53 %).

5. Les objectifs de la réforme de la PAC pour la période 2014-2020 sont de renforcer la compétitivité, la durabilité et l’ancrage de l’agriculture sur l’ensemble des territoires européens. Pour cela, les responsables misent sur la production d’une alimentation saine et de qualité, la pré-servation de l’environnement et le développement des zones rurales.

6. Ces objectifs pour la PAC sont en complète cohérence avec une volonté de promouvoir le développement dura-ble, c’est-à-dire une agriculture relevant les défis de la sécurité alimentaire pour tous et l’utilisation durable des ressources naturelles, tout en garantissant la croissance.